SG/SM/10161

LE SOMMET MONDIAL A ENREGISTRÉ D’IMPORTANTS RÉSULTATS CONCRETS EN MATIÈRE DE DROITS DE L’HOMME ET DE RESPECT DE LA LÉGALITÉ DIT KOFI ANNAN À L’UNIVERSIDADE NOVA DE LISBOA

12/10/2005
Secrétaire généralSG/SM/10161
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LE SOMMET MONDIAL A ENREGISTRÉ D’IMPORTANTS RÉSULTATS CONCRETS EN MATIÈRE DE DROITS DE L’HOMME ET DE RESPECT DE LA LÉGALITÉ DIT KOFI ANNAN À L’UNIVERSIDADE NOVA DE LISBOA


(Publié le 23 décembre – retardé à la traduction)


On trouvera ci-après le texte de l’allocution prononcée ce jour par le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, Kofi Annan, à l’Universidade Nova de Lisboa (l’Université nouvelle de Lisbonne):


Bom dia! Je suis profondément sensible à l’honneur que me fait votre université aujourd’hui.  Par dessus tout, je me réjouis de l’occasion de m’adresser aux étudiants et aux professeurs de cet important institut de diffusion du savoir.  Le Portugal a été l’un des premiers pays européens à se doter d’une université.  Vous avez, en tant que nation, apporté une contribution non négligeable au monde universitaire.  Les universités jouent un rôle primordial en donnant aux jeunes une certaine vision du monde.  Vous explorez de nouvelles idées susceptibles d’assurer le progrès de l’humanité et d’inspirer les activités de l’Organisation des Nations Unies.  Vous êtes des catalyseurs de changement et des dépositaires de l’avenir.


Je suis sûr que votre université, grâce à son vaste programme et à ses multiples partenariats avec d’autres universités du monde préparent bien ses étudiants à relever les défis à venir.


Dans deux semaines, l’Organisation des Nations Unies aura 60 ans.


Tout au long de ces 60 ans, sa mission est demeurée constante: servir la cause de la paix, promouvoir le développement et défendre la dignité de chaque être humain.


Or le monde a évolué.


Pour accomplir sa mission en ce XXIe siècle, l’ONU doit refléter ces changements.  Elle doit s’adapter à de nouvelles réalités et se donner les moyens d’y faire face.


Tel est le cas, qu’il s’agisse de lutter contre la maladie et la faim comme de renforcer la démocratie; de promouvoir les droits de l’homme et le respect de la légalité ou de combattre le terrorisme; de consolider la paix ou de rendre l’Organisation des Nations Unies plus efficace et plus comptable de ses actes vis-à-vis des peuples qu’elle est censée servir.


Le mois dernier, les dirigeants de la planète se sont réunis à New York à l’occasion du Sommet mondial, pour convenir d’une manière coordonnée de relever ces défis.


Comme vous ne l’ignorez pas, certains ont qualifié ses résultats de décevants.  Avant même que l’encre du document final n’ait séchée et que les responsables gouvernementaux n’aient quitté New York, des commentateurs de tout poil ont commencé à dresser ce qu’ils considéraient en être les échecs et les succès.  Ceux qui nous voulaient du bien l’ont déploré et ceux dont le soutien nous était moins acquis s’en sont réjouis.


Il est vrai que les gouvernements ne sont pas arrivés à s’entendre sur des domaines essentiels.  L’échec le plus retentissant a été enregistré dans le domaine de la non-prolifération et du désarmement nucléaire.  C’était inadmissible.  Les armes de destruction massive présentent un véritable danger pour nous tous, surtout dans un monde qui vit sous la menace de terroristes aux ambitions planétaires et ne reculant devant rien.


Nous devons sauver ce qui peut l’être et reprendre les négociations sur ce problème capital.  La semaine dernière, le Comité Nobel en décidant dans sa grande sagesse de décerner son prix de la paix à l’Agence internationale de l’énergie atomique a rappelé avec fracas au monde l’importance insigne de la non-prolifération et du désarmement nucléaire.


Cela dit, à propos de nombre de questions inscrites à l’ordre du jour du Sommet, il ne faut pas oublier que dans le monde de la diplomatie multilatérale, les progrès se font rarement par bonds successifs, mais plutôt par paliers, de manière graduelle et par voie de négociation.  Le plus souvent – et à juste titre du reste – cela se mesure à petits pas prudents.


N’oublions pas non plus que le Sommet n’était qu’une étape d’un long processus de réforme et de restructuration qui se poursuit au moment même où je vous parle.  Réalistement, nous avons fait un important pas en avant, même si nous l’avons franchi prudemment.  Pas avec autant d’audace que je l’aurais souhaité, mais très important tout de même.


Reconnaissons également que les gouvernements ont fait preuve d’une remarquable unité autour de questions essentielles, comme nous l’avons entendu auparavant, de la bouche du Ministre des affaires étrangères.


Ils sont convenus que le développement, la sécurité et les droits de l’homme étaient non seulement très importants en soi, mais se complétaient voire dépendaient les uns des autres.


Le Sommet aura, ne serait-ce que dans le seul domaine des droits de l’homme et du respect de la légalité, enregistré même des résultats concrets fort significatifs, voire dans certains cas, historiques.


Puisque vous avez choisi aujourd’hui de me décerner un diplôme honorifique de droit, permettez-moi de m’appesantir momentanément sur ces aspects.


Premièrement, pour remplacer la Commission des droits de l’homme largement défaillante, le Sommet a demandé qu’un nouveau Conseil des droits de l’homme soit créé.  Cet organe aura la responsabilité globale de « promouvoir le respect universel et la défense de tous les droits de l’homme et libertés fondamentales pour tous, sans distinction aucune. »


Le Conseil des droits de l’homme assumera des fonctions allant de l’examen des violations flagrantes et systématiques des droits de l’homme à l’intégration des droits de l’homme dans toutes les activités du système des Nations Unies.  Des détails très importants restent encore à préciser et les États Membres ont déjà commencé à essayer d’harmoniser leurs vues sur sa composition et ses méthodes de travail.  J’espère que le monde pourra bientôt saluer la naissance d’une structure intergouvernementale des droits de l’homme, plus dynamique, plus crédible et plus efficace.


Deuxièmement, le Sommet a marqué des progrès dans le domaine des modalités de fonctionnement des mécanismes de droits de l’homme.  En demandant que le budget du Haut Commissariat aux droits de l’homme soit doublé, les gouvernements ont reconnu qu’il était grand temps de redresser ce déséquilibre historique car les droits de l’homme ont toujours été considérés comme l’un des objectifs fondamentaux des dispositions de la Charte sans pour autant que même 2 % du budget ordinaire de l’Organisation y ait été jamais consacré.


Troisièmement, le Sommet a préconisé un resserrement des relations entre le Haut Commissariat aux droits de l’homme et le Conseil de sécurité dépassant ainsi la controverse qui avait pendant longtemps empêché tout progrès à cet égard.  Les gouvernements ont ainsi tiré les pénibles leçons du Rwanda, ce qui est tout à leur honneur: en effet les mécanismes du programme des droits de l’homme de l’ONU avaient annoncé la tempête, mais dans un système où les droits de l’homme sont séparés de la sécurité par des cloisons, l’alerte n’a pas pu être entendue dans les couloirs du Conseil de sécurité.


Quatrièmement, le Sommet s’est félicité des importantes annonces de contributions que le Fonds pour la démocratie, créé par l’ONU, au début de cette année a pu recueillir pour financer des projets de démocratisation.  Le montant des contributions annoncées et versées est déjà de 40 millions de dollars, ce qui est un bon début.


Tout programme de droits de l’homme digne de ce nom doit avoir pour pierre angulaire la promotion de la démocratie.  Après tout, la Déclaration universelle des droits de l’homme ne dispose-t-elle pas que la volonté du peuple est le fondement de l’autorité des pouvoirs publics et que le peuple doit pouvoir participer à l’exercice du pouvoir directement ou par le biais de représentants librement choisis.  En appuyant le Fonds, le Sommet a imprimé un nouvel élan à ces efforts.  Je suis heureux de constater que le Portugal figure parmi les pays qui se sont engagés à prêter leur concours financier au Fonds.


Cinquièmement, fait le plus important, le Sommet a marqué un progrès historique surtout dans le domaine dit de la « responsabilité de protéger ».


Pour la première fois, tous les États Membres se sont déclarés disposés à agir collectivement, par l’intermédiaire du Conseil de sécurité, lorsqu’une population est menacée de génocide, de crimes de guerre, d’épuration ethnique ou de crimes contre l’humanité.


Pour la première fois, un consensus intergouvernemental mondial a été enregistré, au niveau des chefs d’État et de gouvernement au sujet de la responsabilité qui incombe à chaque État de protéger ses populations.


Pour la première fois, les gouvernements ont clairement stipulé qu’en cas de défaillance manifeste des autorités nationales, la communauté internationale, agissant par le biais de l’Organisation des Nations Unies, était tenue d’intervenir et avait mandat pour le faire.


Le Sommet n’a pas laissé cette « responsabilité de protéger », ni dans le vague, ni dans le flou.  Elle a plutôt clairement défini qu’elle comportait une série de devoirs : prévention, mesures contre l’incitation; création de mécanismes d’alerte rapide et toutes autres mesures jugées « adéquates et nécessaires ». 


Il est même allé remarquablement plus loin, en précisant les moyens d’action de la communauté internationale, par l’intermédiaire de l’Organisation des Nations Unies, en cas de défaillance des États, notamment diplomatiques, humanitaires et autres moyens pacifiques ainsi que l’action collective à engager en vertu du Chapitre VII de la Charte, autrement dit, l’emploi de la force en dernier recours.


Réfléchissez un peu à cela.  La vie humaine, la dignité humaine, les droits de l’homme placés au-dessus de la notion profondément ancrée de souveraineté de l’État.  La reconnaissance globale qu’au XXIe siècle, qui dit souveraineté, dit responsabilité de mettre les populations à l’abri de la peur et du besoin.  Une déclaration mondiale qui renforce la primauté du respect de la légalité.


Manifestement, pour tous ceux qui considèrent que le régime de droit est la meilleure garantie contre la loi de la guerre, ce sommet ne s’est pas soldé par un échec mais a plutôt marqué une étape décisive dans la longue marche de l’humanité vers un monde fondé sur la prééminence du droit sur la force.


Mesdames, Messieurs, tout au long du Document final du Sommet, les gouvernements ont matérialisé le principe faisant du respect de la légalité et des droits de l’homme l’un des trois piliers de l’Organisation des Nations Unies.  Le Sommet aura permis, à mon sens, de débloquer les idées, en faisant comprendre aux gouvernements qu’il ne saurait y avoir de développement sans sécurité et inversement et ni l’un ni l’autre sans respect des droits de l’homme.  Je pense qu’il s’agissait là d’un pas important et décisif. 


En s’engageant à améliorer l’efficacité des organes créés en vertu des instruments relatifs aux droits de l’homme; et en préconisant l’éducation des droits de l’homme à tous les niveaux; en s’engageant à éliminer la traite des êtres humains et la violence sexiste; en préconisant de redoubler d’efforts pour éliminer la discrimination à l’égard des femmes; en s’engageant à protéger les droits des migrants, des minorités, des personnes déplacées et des réfugiés; en exhortant tous les États à veiller à ce que leurs mesures de lutte contre le terrorisme soient conformes aux obligations qu’ils ont contractées en vertu du droit international, le Sommet a en réalité marqué d’importants progrès et renforcé le respect de la légalité et des droits de l’homme.


Chaque génération a son rôle à jouer dans l’éternel combat pour le raffermissement des droits de l’homme et le respect de la légalité pour tous, seul garant de la liberté de tous.


J’ose espérer pouvoir compter sur tous les jeunes ici présents aujourd’hui pour qu’ils s’acquittent de leur part dans cette mission.


Je vous souhaite à tous bonne chance sur le chemin de la vie.


Muito obrigado.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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