L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ET L’ECOSOC DOIVENT ÊTRE PLUS EFFICACES ET PLUS ACTIFS ET PRENDRE EN COMPTE LES INTÉRÊTS DU MONDE EN DÉVELOPPEMENT, DÉCLARE KOFI ANNAN
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L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ET L’ECOSOC DOIVENT ÊTRE PLUS EFFICACES ET PLUS ACTIFS ET PRENDRE EN COMPTE LES INTÉRÊTS DU MONDE EN DÉVELOPPEMENT, DÉCLARE KOFI ANNAN
On trouvera ci-après le texte intégral de l’allocution prononcée par le Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, à la vingt-neuvième réunion ministérielle des ministres des affaires étrangères du Groupe des 77, à New York le 22 septembre:
Je suis ravi de me joindre à vous à l’occasion de cette réunion ministérielle des ministres des affaires étrangères du Groupe des 77 au lendemain des accords conclus lors du Sommet mondial.
Permettez-moi tout d’abord de féliciter le Groupe des 77 pour le rôle très important qu’il a joué en défendant les intérêts des pays en développement au cours des négociations sur le document final. Nous savons tous que le Sommet n’a pas réalisé tout ce que nous avions espéré. Il a toutefois réalisé d’importantes avancées sur un large front, notamment en matière de développement. Il s’agit maintenant de mettre en œuvre ce qui a été décidé et je compte bien que le Groupe des 77 jouera là aussi un rôle actif et constructif.
Si tous les États Membres font effectivement tout ce qu’ils ont promis, nous réduirons la pauvreté et la maladie, nous libérerons notre monde de toute une série de menaces, nous ferons progresser les droits de l’homme dans le monde entier et nous améliorerons l’efficacité de l’Organisation des Nations Unies. Nous mettrons également en place une tribune pour nous attaquer à d’autres importantes questions qui continuent de diviser les États Membres.
C’est sans doute en matière de développement que la mise en œuvre est la plus importante. Le document final réaffirme et met en avant le cadre de développement élaboré au cours des 10 dernières années. Et il souligne que les progrès sont fonction de la responsabilité mutuelle, exercée dans un véritable partenariat mondial pour le développement. À chaque partie d’honorer ses propres engagements.
Chaque pays en développement s’est engagé à adopter l’année prochaine et à commencer à mettre en œuvre une stratégie nationale suffisamment vigoureuse pour réaliser les objectifs de développement convenus sur la plan international, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement, d’ici à 2015. Les pays en développement ont également promis de favoriser la bonne gouvernance, de lutter contre la corruption, de mener des politiques macroéconomiques saines et d’utiliser les deniers publics de manière transparente et efficace.
Ces engagements sont très importants. Mais ceux que les pays développés ont pris sont tout aussi importants. Le Sommet a de toute évidence renforcé l’appui à l’objectif de 0,7% et a suscité des engagements portant sur des dizaines de milliards de dollars supplémentaires pour la lutte en faveur du développement. Des sources de financement novatrices devraient aussi commencer à fonctionner l’année prochaine. Et nous avons désormais un appui résolu concernant des initiatives à impact rapide, telles que la distribution gratuite de moustiquaires, le développement de programmes de repas scolaires, et l’élimination des frais de scolarité pour l’enseignement primaire et de la facturation des services de santé. Toutes ces promesses, il s’agit de les tenir effectivement et sans tarder.
Il a fallu du temps –trop de temps, à mon sens– pour que l’on apprécie pleinement l’importance de l’allégement de la dette. Mais après le Sommet du G-8, je crois que les choses sont en train de changer. Le moment est venu d’insister pour que l’on aille plus loin dans l’allégement de la dette, notamment en annulant 100% de la dette publique multilatérale et bilatérale de tous les pays pauvres très endettés et en allégeant considérablement la dette des autres pays dont le fardeau de la dette est insupportable.
Un autre domaine vital dans lequel nous n’avons pas suffisamment progressé est le commerce. Nous savons tous que les effets positifs des stratégies nationales, de l’aide et de l’allégement de la dette sont bien souvent réduits à néant par les subventions, quotas et tarifs ayant des effets de distorsion sur les échanges. C’est là bien entendu le domaine de l’Organisation mondiale du commerce. Les dirigeants réunis lors du Sommet ont effectivement promis de s’attacher sans retard à mettre en œuvre les éléments de développement du programme de travail de Doha. Ces dimensions ne doivent pas rester de simples paroles. Soyez assurés de mon appui sans réserve lorsque vous insisterez pour réaliser des progrès concernant le cycle de négociations commerciales de Doha lors de la réunion de l’OMC à Hong Kong et au-delà.
Pour ma part, je me réjouis à la perspective de travailler avec vous à la recherche de profondes améliorations de la gestion de l’Organisation des Nations Unies. Je sais que certains d’entre vous pensent que la réforme des institutions intergouvernementales est ce qu’il y a de plus urgent, si bien que nous tenons pleinement compte de la voix de la grande majorité des États Membres. Comme vous le savez, je conviens que ces changements sont indispensables au renforcement de l’Organisation des Nations Unies et c’est pourquoi je crois que la réforme du Conseil de sécurité est indispensable. C’est aussi pourquoi nous devons poursuivre nos efforts pour faire de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social –et en fait des institutions de Bretton Woods– des éléments plus efficaces et plus actifs du système des Nations Unies, qui prennent pleinement en compte les vues et les intérêts du monde en développement.
Mais je crois aussi que la légitimité de l’ONU tient à l’intégrité et l’efficacité du Secrétariat. Et nous devons nous attaquer aux faiblesses en matière de gestion qui ont été mises au jour, dans l’intérêt de notre personnel dévoué et dans l’intérêt des peuples les plus vulnérables de la planète, qui ont le plus à perdre si l’Organisation est affaiblie ou inefficace. C’est pourquoi je suis particulièrement heureux que, dans le document final, les dirigeants de la planète aient donné le feu vert à de profondes réformes de gestion qui rendront le Secrétariat plus efficient, plus efficace et plus responsable. Je demande la participation et l’appui sans réserve du Groupe des 77 touchant ce programme.
La liste des tâches à accomplir pour opérer ces réformes au cours de l’année à venir est longue: examiner les mandats en cours depuis plus de cinq ans; aménager les règlements en matière de budget et de ressources humaines; exécuter un programme ponctuel d’encouragement au départ de façon que nous disposions du personnel le mieux adapté aux priorités des États Membres; prendre des mesures propres à renforcer le contrôle indépendant des audits; et créer un bureau chargé des affaires éthiques afin de défendre ceux qui tirent la sonnette d’alarme et d’assurer une plus grande transparence financière.
Je tiens à travailler avec tous les États Membres au sujet de ces changements ainsi qu’à réaménager les responsabilités du Secrétaire général, de façon qu’il puisse gérer efficacement l’Organisation, et des États Membres, de façon qu’ils puissent lui demander clairement des comptes. Si les États Membres vont jusqu’au bout sur tous ces points, ils redonneront à tout le monde confiance dans l’Organisation et dans sa capacité de transformer de bonnes intentions en actes. Tous ceux qui croient en une Organisation des Nations Unies forte y gagneront.
J’ai porté aujourd’hui mon attention sur le développement et la réforme de la gestion mais, comme je l’ai dit samedi dernier à l’Assemblée générale, nous devons progresser sur de nombreux fronts au cours de l’année à venir. Nous devons mettre en route la Commission de consolidation de la paix cette année même. Nous devons mener à bien les négociations sur le Conseil des droits de l’homme. Il nous faut travailler ensemble pour nous mettre d’accord sur une convention globale sur le terrorisme et préciser les détails d’une stratégie mondiale de lutte antiterrorisme. Et, bien entendu, maintenant que nous sommes convenus que nous avons effectivement la responsabilité collective de défendre les populations civiles contre le génocide et autres crimes odieux, nous devons faire en sorte d’assumer cette responsabilité lorsqu’elle est mise à l’épreuve.
Je n’ai pas caché ma déception devant l’absence de progrès au sujet du désarmement nucléaire, de la non-prolifération et des utilisations pacifiques de la technologie nucléaire. C’est à la fois un problème de sécurité et un problème de développement. Je crois que nous devons soutenir les efforts conduits par la Norvège pour trouver le moyen d’aller de l’avant.
Nous devons aussi rechercher des progrès dans d’autres domaines: besoins particuliers des pays les moins avancés, des pays en développement sans littoral, des petits États insulaires en développement, et de l’Afrique, changements climatiques mondiaux, migrations, médiation, maintien de la paix, interventions humanitaires et démocratisation. Le Sommet a examiné toutes ces questions, avec une efficacité inégale. Il faudra qu’elles deviennent toutes prioritaires.
Une tâche immense nous attend si nous voulons que le document final du Sommet ait un sens dans la vie des populations du monde entier. Et c’est ce qui compte. Je me réjouis à l’avance de travailler avec vous pour traduire nos engagements en résultats, surtout en faveur des faibles et des pauvres, pour la plupart citoyens de vos pays, qui, ne l’oublions jamais, représentent la majorité des Membres de l’Organisation des Nations Unies. Ils doivent pouvoir se tourner vers l’Organisation des Nations Unies avec espoir et confiance. Faisons en sorte qu’il en soit ainsi.
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