IL FAUT COOPÉRER DAVANTAGE ET PLUS EFFICACEMENT DANS L’INTÉRÊT DE NOS ORGANISATIONS, DE LEURS ÉTATS RESPECTIFS ET DES PEUPLES DE TOUTES LES RÉGIONS DU MONDE, SOULIGNE KOFI ANNAN
Communiqué de presse SG/SM/10014 |
IL FAUT COOPÉRER DAVANTAGE ET PLUS EFFICACEMENT DANS L’INTÉRÊT DE NOS ORGANISATIONS, DE LEURS ÉTATS RESPECTIFS ET DES PEUPLES DE TOUTES LES RÉGIONS DU MONDE, SOULIGNE KOFI ANNAN
Vous trouverez ci-après le texte de l’allocution du Secrétaire général à l’occasion de la sixième Réunion de haut niveau avec les responsables des organisations régionales et des autres organisations intergouvernementales, à New York, le 25 juillet:
Je suis heureux de vous souhaiter la bienvenue à l’ONU, à l’occasion de la sixième Réunion de haut niveau entre l’ONU, les organisations régionales et les autres organisations intergouvernementales.
Nous nous réunissons à un moment très particulier dans la vie du système multilatéral des Nations Unies. Les évènements qui ont si profondément ébranlé la communauté internationale ces dernières années ont suscité une crise de confiance vis-à-vis de la capacité de nos institutions multilatérales de faire face aux défis de notre temps.
Les moments de crise portent cependant en eux les germes de l’espoir, dans la mesure où ils nous donnent l’occasion de réagir en faisant preuve de dynamisme, d’imagination et de détermination. C’est que, ce faisant, nous nous donnerons les moyens d’amorcer un renouveau dont nos institutions multilatérales ont grand besoin.
En septembre, les dirigeants de la planète se retrouveront ici à l’ONU, à l’occasion de ce qui devrait être le plus grand rassemblement de chefs d’État et de gouvernement que le monde ait connu. Nous disposerons alors d’une occasion unique d’aborder quelques-uns des problèmes les plus pressants de notre époque.
Cette rencontre mettra à l’épreuve notre aptitude à fonder notre action sur les principes suivants : le développement, la sécurité et les droits de l’homme ne constituent pas uniquement des fins en soi mais aussi des éléments qui se renforcement mutuellement et sont tributaires l’un de l’autre; dans le monde interdépendant qui est le nôtre, la famille humaine ne peut jouir du développement sans sécurité, de la sécurité sans développement et de l’un ou l’autre sans respect des droits de l’homme; pour progresser dans ces trois domaines, nous devons également redynamiser nos institutions multilatérales.
Pour ce faire, nous disposons d’une très bonne base. En m’inspirant des propositions de très grande portée du Groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement, ainsi que du Projet du Millénaire, j’ai proposé aux États Membres de l’ONU un programme pour le Sommet de septembre, dans mon rapport intitulé « Dans une liberté plus grande: développement, sécurité et respect des droits de l’homme pour tous ».
Les débats qui se déroulent actuellement sous la conduite du Président de l’Assemblée générale contribuent à rapprocher les points de vue sur différentes questions: le financement du développement, les stratégies globales de développement; les questions relatives à la santé et à l’environnement; le terrorisme et la non-prolifération; la reconstruction après les conflits; les droits de l’homme; et la réforme de l’Organisation des Nations Unies elle-même.
La relation entre l’ONU et les organisations régionales constitue un des grands axes du débat en cours.
Cette réunion vient donc à point nommé, puisqu’elle nous permet de contribuer, de manière concertée, au processus engagé.
Un certain nombre de propositions intéressantes ont été formulées. L’objectif visé est clair: nous devons instituer, entre l’ONU et les organisations régionales, des mécanismes de coopération mieux structurés et plus efficaces. Nous devons conclure, entre l’ONU et les différentes organisations, des accords qui régissent le partage des informations, des compétences et des ressources. Nous devons instaurer entre nous des relations souples qui prennent en compte la diversité des mandats et des moyens des organisations régionales et des autres organisations intergouvernementales, en évitant des formules uniformes.
C’est pourquoi je me propose d’inviter plus régulièrement les organisations régionales à participer aux réunions des organes de coordination des Nations Unies consacrées à des questions qui présentent un intérêt commun. Je suis également convaincu qu’à partir de maintenant, nous devrions appliquer ce qui a été suggéré auparavant et tenir chaque année une réunion comme celle-ci. Si possible, nous pourrions faire en sorte que notre réunion annuelle coïncide avec les réunions tenues par les organisations régionales avec le Conseil de sécurité.
Vous le savez, l’un des points essentiels de mes propositions de réforme porte sur la création d’une commission de consolidation de la paix, dont les efforts pourraient contribuer à éviter que les accords de paix échouent et que les violences reprennent.
La commission rassemblerait tous les acteurs internationaux et régionaux intéressés, qu’ils appartiennent ou non au système des Nations Unies. Elle offrirait aux organisations régionales la possibilité de prendre part au débat et d’avoir voix au chapitre lors de l’étape décisive de la reconstruction des pays qui sortent d’un conflit. Elle permettrait de mener la planification axée sur les résultats de manière plus cohérente, en tirant parti des précieuses compétences spécialisées disponibles à l’échelon régional et en répartissant les tâches compte tenu des avantages comparatifs. Au cours des débats que nous tiendrons aujourd’hui, nous devrions étudier les options qui se présentent en ce qui concerne votre participation et les formes qu’elle prendrait.
Sur le plan international, les besoins en matière de maintien de la paix restent considérables. Les besoins des pays frappés par la guerre dépassent souvent les possibilités de l’Organisation des Nations Unies. Par ailleurs, d’autres organisations sont parfois plus aptes à répondre à certaines situations. Ainsi, l’Union africaine assume pour la première fois le rôle de chef de file au Darfour.
Nous prenons note, avec une satisfaction sans réserve, de l’accroissement global des capacités mondiales en matière de maintien de la paix et sommes résolument favorables à une augmentation des capacités régionales et sous-régionales, notamment dans le cadre du plan de renforcement des capacités sur 10 ans proposé pour l’Union africaine.
Le défi que nous devons relever maintenant consiste à énoncer clairement notre conception commune d’une architecture mondiale dans laquelle ces capacités se relaieraient en fonction des avantages comparatifs d’une répartition claire des tâches. Nous devons intensifier notre concertation sur la forme à donner à ce système au cours des décennies à venir, tout en reconnaissant le rôle central du Conseil de sécurité dans ce processus, conformément au Chapitre VIII de la Charte.
Nous devons également nous pencher sur la question des modalités qui permettraient aux organisations régionales de participer davantage aux opérations de paix à composantes multiples, sous la tutelle de l’ONU.
La mise en œuvre de toutes ces propositions renforcerait la complémentarité entre les organisations régionales, dans leur rôle de partenaires à part entière de l’ONU en matière de paix, de sécurité et au-delà.
Il existe de nombreux domaines de coopération dans lesquels nous pouvons intensifier nos échanges afin d’améliorer nos résultats: le renforcement des institutions démocratiques, la gouvernance et l’état de droit; l’assistance électorale; la promotion des droits de l’homme; les réponses aux situations d’urgence humanitaire, notamment à la suite de catastrophes naturelles; la lutte contre le terrorisme, la criminalité organisée et la corruption; l’appui aux efforts nationaux de développement.
Efforçons-nous, dans toute la mesure de nos possibilités, de coopérer davantage et plus efficacement, dans l’intérêt de nos organisations et de leurs États membres respectifs et, surtout, des peuples de toutes les régions du monde.
Avant que nous poursuivions nos débats, permettez-moi de me tourner vers les présidents de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité et du Conseil économique et social.
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