SG/SM/10006

LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DÉCLARE QUE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE DOIT RÉSOLUMENT S’ENGAGER SUR LA VOIE DE LA COOPÉRATION ET DE LA SOLIDARITÉ

18/07/2005
Secrétaire généralSG/SM/10006
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LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DÉCLARE QUE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE DOIT RÉSOLUMENT S’ENGAGER SUR LA VOIE DE LA COOPÉRATION ET DE LA SOLIDARITÉ


On trouvera ci-après le texte du message du Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, dont a donné lecture Edward Mortimer, Directeur de la communication du Cabinet du Secrétaire général, lors de la Conférence internationale sur la réforme de l’ONU, organisée à Téhéran les 17 et 18 juillet :


J’adresse mes vœux à tous les participants à cette conférence qui tombe à point nommé, et je remercie tout particulièrement l’Institut d’études politiques et internationales qui en est l’organisateur. Vous vous réunissez à un moment important pour l’Organisation des Nations Unies, et à vrai dire pour la communauté internationale. Nous venons tout juste de célébrer le mois dernier le soixantième anniversaire de la signature de la Charte des Nations Unies. Nos esprits sont néanmoins tournés vers l’avenir et non vers le passé. Nous débattons actuellement de la façon d’adapter nos actions collectives et nos institutions communes aux besoins d’un monde en rapide évolution.


Je reviendrai sur ces questions cruciales dans un instant – mais tout d’abord, permettez-moi de souligner qu’aucune proposition de réforme, pour importante qu’elle fût, ne doit nous détourner de certaines tâches urgentes, en particulier la nécessité de régler les conflits qui n’ont que trop duré et de faire en sorte que les pays qui connaissent des transitions difficiles bénéficient de l’appui nécessaire. C’est pourquoi l’Organisation continuera d’œuvrer en faveur de la paix et de la stabilité en s’appuyant sur l’administration autonome en Afghanistan et en Iraq, ainsi que dans nombre d’autres pays, et en faveur d’une paix juste et durable entre les Palestiniens et les Israéliens. L’Iran a un rôle important à jouer dans le règlement de nombre de ces problèmes et dans notre action collective face à des problèmes d’ordre mondial. J’entends continuer de coopérer avec les autorités de la République islamique d’Iran et son Président nouvellement élu, S. E. M. Mahmoud Ahmadinejad, comme je l’ai fait avec le Gouvernement sortant, et j’espère avoir le plaisir de le rencontrer au Sommet mondial de 2005, qui se tiendra à New York en septembre.


Nous sommes désormais engagés dans un projet ambitieux de réforme des notions, structures et processus sur lesquels repose l’action de la communauté internationale, afin d’être mieux à même de réagir collectivement face aux besoins des États et de chacun de par le monde. Le Sommet sera une occasion privilégiée pour atteindre précisément cet objectif. C’est pourquoi, le 21 mars, le jour du Nouvel An iranien, j’ai présenté un ensemble détaillé de propositions en faveur du renouveau dans mon rapport intitulé « Dans une liberté plus grande : développement, sécurité et respect des droits de l’homme pour tous ».


Le mois dernier, le Président de l’Assemblée générale a présenté un projet de document exposant les conclusions d’ordre politique auxquelles selon lui les chefs d’État et de gouvernement devraient être à même de parvenir lors du Sommet. Ce document aborde toutes les questions importantes et tient compte des points soulevés par les États Membres au cours de plusieurs mois de délibérations. D’autres consultations ont actuellement lieu sur la base de ce projet de document, et je crois savoir qu’une nouvelle version devrait être disponible à la fin de cette semaine.


Le programme de réforme revêt un intérêt crucial pour l’Iran et pour d’autres pays de cette région, et il me semble que vous avez un rôle essentiel à jouer à ce sujet.


En premier lieu, permettez-moi de rappeler l’importance que revêtent la culture de la paix et la nécessité de la renforcer sur les plans national et international. Nous devons sensibiliser nos sociétés et nous-mêmes pour dépasser les stéréotypes vis-à-vis de chacun, et nous garder des explications simplistes qui aggravent les malentendus et empêchent de résoudre les vrais problèmes. C’est pourquoi, depuis que l’Iran en a fait la proposition la première fois en 1998, j’ai appuyé énergiquement les efforts visant à promouvoir le dialogue entre les civilisations, grâce à l’Organisation des Nations Unies, et je continue à le faire.


Toute culture de paix est menacée par le recours au terrorisme, dont l’Iran – comme beaucoup d’autres pays – a été directement victime. Le terrorisme ne résulte pas d’une religion ou d’une idéologie en particulier, pas plus qu’il ne vise certains pays ou certaines populations. Nous sommes tous des cibles en puissance et nous devons réellement lutter contre ce phénomène à l’échelle de la communauté internationale. À cet effet, nous devons convenir d’une définition du terrorisme et adopter une convention globale le proscrivant sous toutes ses formes. Si je suis pleinement conscient des complexités et des préoccupations associées à ce problème, j’ai le sentiment que nous devons être à même de convenir que le droit légitime d’un peuple de résister à l’occupation étrangère ne recouvre pas et ne doit pas recouvrir le droit de tuer ou de viser délibérément des civils et des non-combattants.


Nous devons également bâtir une culture dans laquelle les droits de l’homme sont pleinement respectés. Si nous voulons redonner aux droits de l’homme la place qui leur a été réservée par la Charte des Nations Unies, il nous faut prendre un nouveau départ. La création d’un conseil des droits de l’homme, qui bénéficie d’un large soutien de par le monde, contribuerait largement à rétablir la crédibilité des mécanismes internationaux de défense des droits de l’homme.


À mon sens, une culture de respect des droits de l’homme doit recouvrir la notion de la responsabilité de protéger les populations civiles du génocide, de la purification ethnique et d’autres formes de crimes abominables. C’est principalement à chaque État souverain qu’incombe cette responsabilité. Le cas échéant, la communauté internationale doit, par des voies diplomatiques, des moyens humanitaires et d’autres moyens pacifiques, inciter et aider les États à exercer cette responsabilité. Si, et seulement si, ces moyens échouent, et un État semble parfaitement incapable ou non désireux d’assumer ses responsabilités, la communauté internationale doit, en dernier recours, admettre qu’elle doit intervenir collectivement, par l’intermédiaire du Conseil de sécurité. J’ai la conviction que le Sommet mondial est l’occasion d’adopter cette notion de responsabilité de protéger, et la stratégie progressive qu’elle implique. Ceci servirait les intérêts de tous les États en précisant les principes sur lesquels la communauté internationale se propose d’agir. L’intervention humanitaire unilatérale par un État ou groupe d’États n’aurait également plus de fondement, et la possibilité d’une telle intervention en serait réduite.


Il est un domaine connexe dans lequel une plus grande clarté est nécessaire : il s’agit des règles régissant le recours à la force par les États. Permettez-moi de souligner que nul ne propose de modifier l’article 51 de la Charte, qui protège le droit naturel de légitime défense, individuelle ou collective, dans le cas où un Membre des Nations Unies est l’objet d’une agression armée, jusqu’à ce que le Conseil de sécurité ait pris les mesures nécessaires pour maintenir la paix et la sécurité internationales. Je sais qu’il s’agit d’un point très délicat pour les Iraniens, en ce que le Conseil de sécurité a échoué à prendre de telles mesures lorsque l’Iran a été attaquée en 1980 et s’est retrouvée seule à exercer son droit de légitime défense.


Mais lorsqu’il est proposé de recourir à la force, non pas dans le cadre de la légitime défense contre une attaque réelle ou imminente, mais pour contrer une menace latente ou non imminente, alors j’estime que la décision doit être prise non pas par les États mais collectivement par le Conseil de sécurité, conformément à l’un des buts des Nations Unies énoncés dans l’article premier de la Charte, à savoir « prendre des mesures collectives efficaces en vue de prévenir et d’écarter les menaces à la paix ». J’ai proposé que le Conseil de sécurité adopte une résolution arrêtant les principes sur lesquels reposeraient de telles décisions. Mais il convient peut-être de poursuivre les consultations à ce sujet dans d’autres forums, avant qu’il soit examiné par le Conseil.


Pour l’heure, le récent échec des États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires qui n’ont pas réussi à parvenir à un accord lors de la Conférence d’examen de 2005 est évidemment une source de préoccupation. Néanmoins, les obligations et droits énoncés par le Traité continuent de bénéficier d’un large appui. Le Traité reste la pierre angulaire du régime mondial de contrôle des armes et de désarmement, et il a également des répercussions importantes sur le développement. J’ai la conviction que le Sommet mondial nous offre une occasion décisive de réaffirmer ces principes et de renouveler l’engagement de tous les États en faveur du désarmement et de la non-prolifération. Nous devons axer nos efforts sur la question à long terme du désarmement, en particulier au moment où nous commémorons le soixantième anniversaire de l’emploi d’armes nucléaires à Hiroshima et à Nagasaki. Ce sommet est également l’occasion de rechercher un large consensus sur d’autres questions importantes telles que l’accès au cycle du combustible nucléaire conformément aux droits et obligations des États parties au Traité, et l’adoption du Protocole additionnel de l’AIEA en tant que nouvelle norme internationale de vérification. Je sais que ces questions et d’autres préoccupent grandement l’Iran. À ce stade en particulier, tous les États parties doivent faire preuve de grande modération dans l’exercice de leurs droits dans le cadre du Traité. Il convient, à mon sens, de privilégier un dialogue constructif qui est le moyen le plus sûr de parvenir à un accord.


Ces propositions et d’autres concernant la sécurité et les droits de l’homme doivent être envisagées dans le cadre plus large de la réforme, cadre dans lequel le développement a une place de choix. Des mesures importantes ont récemment été annoncées dans le domaine du développement par l’Union européenne et le G-8. Tous les pays, développés et en développement, doivent jouer un rôle pour faire en sorte de porter, d’ici à 2015, la lutte contre la pauvreté et la maladie à un niveau supérieur. Nous devons déployer des efforts généralisés à l’échelon mondial pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement au cours des 10 prochaines années, et faire en sorte de partager les avantages de la mondialisation de manière plus équitable.


Mes amis, nous nous sommes lancés dans un ambitieux projet de réforme et de renouveau. Il y a énormément de choses en jeu. Tout ce que nous faisons nous renvoie à la Déclaration du Millénaire, qui a consacré les aspirations de l’humanité à un monde plus sûr, plus juste et plus prospère. Comme je l’ai déjà déclaré, la communauté internationale se trouve à la croisée des chemins. L’un mène vers un monde plus anarchique, ravagé par les conflits où règne la pauvreté; l’autre vers davantage de coopération et de solidarité à l’échelon mondial. J’invite instamment tous les participants à cette conférence à faire en sorte par tous les moyens de se servir du Sommet mondial de septembre pour nous engager résolument sur le deuxième chemin.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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