POP/923

POPULATION ET DÉVELOPPEMENT: FACE À L’AMPLEUR DE LA PANDÉMIE DU VIH/SIDA, LES EFFORTS DEMEURENT INSUFFISANTS, EN DÉPIT D’UNE SOLIDARITÉ SANS PRÉCÉDENT

05/04/2005
Communiqué de presse
POP/923

Commission de la population et du développement

Trente-huitième session

3e & 4e séances - matin & après-midi


POPULATION ET DÉVELOPPEMENT: FACE À L’AMPLEUR DE LA PANDÉMIE DU VIH/SIDA, LES EFFORTS DEMEURENT INSUFFISANTS, EN DÉPIT D’UNE SOLIDARITÉ SANS PRÉCÉDENT


Les délégations s’alarment de l’état de l’épidémie

en Afrique et alertent au danger qui guette les Caraïbes et l’Asie


« À ce jour, plus de 60 millions de personnes ont été infectées par le VIH/sida à travers le monde, tandis que 20 millions en sont mortes, et que 40 millions vivent avec la maladie.  À cela il faut ajouter les 15 millions d’orphelins, dont 12,5 millions vivent en Afrique, qui ont perdu leurs parents des suites de la propagation de la pandémie », a déclaré ce matin à la Commission de la population et du développement la Directrice du Programme mondial contre le VIH/sida de la Banque mondiale, Mme Debrework Zewdie.


Dans sa présentation, qui s’inscrivait dans le cadre d’un échange interactif organisé par la Commission de la population et du développement à sa 38e session, la spécialiste a fait remarquer que la féminisation croissante de la pandémie en faisait aujourd’hui non plus un simple problème de santé, mais un véritable obstacle au développement.  Dans les pays en développement les plus affectés, notamment en Afrique, les femmes sont en effet la principale force de production agricole et de soutien familial et communautaire dans les zones rurales où vivent la majorité des populations.  Évoquant la réponse apportée à la crise du VIH/sida, Mme Zewdie l’a qualifiée de « très largement insuffisante aussi bien en ce qui concerne les ressources que la conception des stratégies et le niveau de l’engagement politique ».  Le fait que l’on ait dénombré 4,9 millions de nouveaux cas d’infections en 2004, montre clairement que le monde n’a pas encore pris la véritable mesure du mal auquel il fait face, a-t-elle estimé en notant que les annonces de contributions au Fonds mondial contre le VIH/sida, la malaria et la tuberculose ne s’élevaient qu’à 1,74 milliard de dollars, ce qui ne permet de prendre en charge que 1,6 million de personnes atteintes pendant cinq ans.


Après avoir indiqué que la Banque mondiale avait mis un milliard de dollars de financements à la disposition des pays d’Afrique subsaharienne, la représentante a expliquait que si elle finançait les programmes de lutte contre le VIH/sida, la Banque ne dictait pas cependant aux pays le contenu de ces programmes.  Répondant aux questions de certaines délégations, elle a ainsi précisé que la Banque mondiale ne soutenait ni ne désapprouvait la distribution de préservatifs, mais se souciait avant tout de sauver des vies humaines et soutenait les meilleures pratiques de prévention et de réduction du taux d’infection par le VIH.  À cet égard, le Brésil a été cité comme un exemple de pays qui a réussi à mettre en place une stratégie efficace basée sur une coordination des efforts du Gouvernement avec ceux des donateurs, de la société civile, des milieux médicaux et des autres parties prenantes.


Le Guyana (qui s’exprimait au nom de la Communauté des Caraïbes), la Chine et la Bolivie, s’étant inquiétés de la progression de la pandémie du VIH/sida dans les Caraïbes, en Amérique latine et dans plusieurs provinces chinoises, Mme Zewdie a indiqué que la Banque mondiale travaillait activement en Asie et dans l’hémisphère sud-américain afin que ne se répète pas le genre de situation à laquelle la communauté internationale fait face en Afrique. 


Les délégations qui sont intervenues dans l’après-midi ont exposé à la Commission les politiques que mènent leurs gouvernements pour arrêter l’expansion de la pandémie du VIH/sida.  Dans sa déclaration, le représentant de la France a fait part de la contribution de son pays aux efforts internationaux et a, à cet égard, indiqué que la France, qui s’est prononcée en 1997 en faveur de l’accès aux médicaments pour les malades des pays du Sud, avait à ce jour versé au Fonds mondial contre le VIH/sida 12% de ses ressources.  L’effort financier de la France s’élève à 130 millions d’euros, a précisé le représentant en indiquant que l’UNICEF, l’ONUSIDA et l’OMS recevaient également le soutien de son pays. 


Les délégations dont la liste suit se sont également exprimées aujourd’hui: Luxembourg (au nom de l’Union européenne), Canada, Kenya, Australie, Indonésie, Argentine, El Salvador, Fédération de Russie, Pologne, Algérie, Portugal, Afrique du Sud, Philippines, Éthiopie, Malaisie, Brésil, Mexique, Irlande et Ghana. 


La Commission a aussi entendu des déclarations du Groupe interparlementaire interaméricain sur la population et le développement.  Des hauts fonctionnaires du système des Nations Unies ont répondu aux commentaires des délégations.


La Commission poursuivra ses travaux demain, mercredi 6 avril, à 10 heures.


SUITE DONNÉE AUX RECOMMANDATIONS DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT – APPLICATION DE SON PROGRAMME D’ACTION


Déclarations


M. GEORGE TALBOT (Guyana), qui s’exprimait au nom des pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a déclaré que le thème central des travaux de la Commission, relatif à la population, au développement et à l’impact du VIH/sida, revêt une importance particulière pour les pays de la CARICOM.  Bien que l’Afrique soit pour le moment la région la plus touchée, la pandémie du VIH/sida s’étend de plus en plus en Asie, en Europe de l’Est et dans les Caraïbes, a indiqué M. Talbot en soulignant que les tendances actuelles montraient un accroissement constant du nombre d’infections par le VIH dans différentes régions du monde.  Dans les pays ayant les taux de prévalence les plus élevés, l’avancée de l’épidémie se traduit par une augmentation de la mortalité et une réduction de l’espérance de vie, a-t-il dit.  La CARICOM soutient les conclusions du rapport du Secrétaire général selon lesquelles la prévention doit être le principal outil de lutte contre le VIH/sida.  Il faut faire plus pour éduquer et équiper les populations de manière à leur permettre de se protéger et de protéger les autres, a estimé M. Talbot.  Au niveau national, les pays de la CARICOM ont lancé des campagnes agressives pour tenter de réduire les répercussions de la maladie.  Cependant, a-t-il noté, ces efforts ont épuisé les maigres ressources financières des petits États de la CARICOM qui, aujourd’hui, comptent 400 000 personnes vivant avec le VIH/sida.  Le principal instrument régional de lutte contre la pandémie est le « Partenariat pan-caribéen », créé en 2001 entre les pays des Caraïbes membres de la CARICOM, Cuba, la République dominicaine, et plusieurs agences régionales et internationales.  Le Partenariat compte 70 partenaires.  La CARICOM se félicite de l’assistance fournie au Partenariat par la communauté internationale qui a été, d’autre part, reconnu comme « meilleure pratique contre la propagation de la pandémie » à travers une évaluation de l’ONUSIDA. 


M. RENÉ PEREIRA MORATO (Bolivie) a déclaré que la Bolivie considère que les droits sexuels et reproductifs constituent un élément central du développement humain, une position confirmée en Bolivie où nous avons lancé le 28 mai 2004 un programme national de santé reproductive, alors qu’une loi sur la question adoptée par le Congrès est en cours de promulgation, a poursuivi le représentant.  Il a estimé que le problème du VIH/sida plaçait les comportements sexuels et la santé reproductive au centre du débat et des objectifs liés à la population et au développement.  Il a noté avec préoccupation qu’il demeurait dans certaines sociétés des tabous qui empêchent de modifier des comportements sexuels pouvant avoir de graves conséquences.  L’épidémie du VIH/sida montre que la prévalence de la maladie est relativement faible en Bolivie, de l’ordre de 1% dans les zones rurales et inférieur à 5% pour les populations à risque comme les travailleurs sexuels.  Mais le taux a dépassé les 5% chez les homosexuels.  Nous joignons notre voie à ceux qui ont insisté sur la mise en place de systèmes de prévention, quels qu’en soient les moyens.  Cela passe par une meilleure information et un accès généralisé aux préservatifs pour les hommes et les femmes.  La Bolivie juge indispensable que l’objectif de l’accès universel à la santé génésique soit ajouté aux OMD pour améliorer la santé des femmes qui est un pilier du développement.  


Mme MARIA ANTONIETY SAA, du Groupe interparlementaire interaméricain sur la population et le développement, a déclaré que la mise en œuvre des recommandations et des engagements du Programme d’action du Caire était indispensable à la réalisation des OMD.  Il y a un lien évident entre les droits sexuels, l’accès aux soins génésiques, et les perspectives de développement, a estimé la représentante.  La déclaration politique qui sera adoptée par la Réunion au sommet prévue à New York au mois de septembre devra reconnaître le droit à un accès universel aux soins de santé génésique, a-t-elle affirmé.  D’après ONUSIDA, plus d’un million de personnes ont été infectées par le VIH dans les pays d’Amérique latine et plus de 400 000 dans les Caraïbes ces dernières années.  Il appartient aux structures législatives de chaque pays de mettre en place un cadre juridique qui permettrait à ces personnes de recevoir les soins dont elles ont besoins sans être stigmatisées, a dit la représentante.


Interventions de représentants du Secrétariat


Répondant aux commentaires des délégations, MM. LARRY HELIGAM, Directeur adjoint de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies, et STEVE KRAUS, Chef de la Branche VIH/sida du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), ont noté avec satisfaction que les États Membres étaient prêts à prendre les mesures nécessaires pour enrayer la pandémie du VIH/sida aussi vite que possible.  M. Heligam s’est fait l’écho de nombreuses délégations qui ont souligné la nécessité de prévoir des soins pour ceux déjà infectés et aider les familles à faire face aux répercussions de l’épidémie.  D’une manière générale, il a insisté sur l’importance de faire face aux conséquences négatives sur la réalisation des OMD.  M. Kraus a indiqué que cette première journée de débats avait été l’occasion pour les 21 États membres et organisations internationales intervenus de rappeler toute la pertinence des déclarations d’Abuja, de Dublin, de Strasbourg ou des conclusions de réunions régionales.  Résumant ces débats, il a réaffirmé les liens entre le VIH/sida et la santé génésique et les liens entre la santé publique, le développement et les droits de l’homme.  À ce titre, il a insisté sur la complémentarité des déclarations du Caire, de Beijing et du Millénaire et les engagements en matière de lutte contre le VIH/sida.  Beaucoup ont souligné la nécessité de transformer nos politiques en matière de santé génésique de manière à mieux capter la créativité, la capacité et le soutien de la société civile et du secteur privé.


Intervenant au nom de l’Union européenne, Mme ELISABETH COLOTTE (Luxembourg) a insisté sur l’importance des travaux du FNUAP, qui en tant que principal organisme chargé de la mise en œuvre du Programme du Caire, a besoin de ressources prévisibles.  Elle a estimé que la mise en œuvre de la CIPD pouvait permettre de limiter sensiblement la propagation du VIH/sida.  Alors que l’Afrique subsaharienne compte à peine plus de 10% de la population mondiale, presque deux tiers des personnes atteintes par cette maladie vivent dans cette région.  En 2003, sur les trois millions de personnes mortes du sida dans le monde, 75% étaient des Africains, un chiffre qui explique le lien entre population, VIH/sida et pauvreté.  Le fait que les femmes soient plus durement touchées par cette maladie montre qu’il est peu probable que des progrès soient réalisés dans le domaine de la prévention si les droits génésiques des femmes ne sont pas respectés.  Elle a estimé que la disponibilité des produits de première nécessité en matière de santé génésique était une condition essentielle de la lutte efficace contre la mortalité maternelle et infantile et la propagation du VIH/sida.  Elle a rappelé que 200 millions de femmes pauvres n’avaient pas accès à une contraception efficace, accessible et à prix abordable dans les pays en développement.  Avec un financement adéquat s’appuyant sur un partenariat efficace avec le secteur privé et la société civile, a-t-elle estimé, il est possible de répondre aux besoins de ces femmes.  Illustrant les problèmes particuliers des femmes, elle a indiqué qu’une femme mourait chaque minute de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement pour des causes qu’il serait facile de prévenir. 


Par ailleurs, la représentante a fait siennes les recommandations du Secrétaire général des Nations Unies dans son rapport intitulé « Dans une liberté plus grande », sur la nécessité de solides systèmes de santé pour garantir l’accès universel aux services de santé de base, notamment ceux de la promotion de la santé en matière de procréation, ainsi que de la santé infantile et maternelle et de lutte contre les maladies qui font ravages comme le sida, la tuberculose et le paludisme.  Des progrès au niveau des pays seront réalisés grâce à l’intégration du programme d’action de la CIPD dans des cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté s’inspirant des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Ces progrès permettront de rendre les ressources financières requises plus visibles dans les instruments de financement nationaux tels que les cadres de dépenses à moyen terme.  Elle a regretté le manque de ressources pour la mise en œuvre du Programme d’action du Caire et a donc souhaité un accroissement substantiel de l’aide publique au développement (APD) pour atteindre les objectifs de la CIPD et ceux du Millénaire pour le développement.  L’Union européenne, qui accomplit des efforts importants en matière d’APD, a annoncé lors de la Conférence internationale sur le financement du développement que ceux de ses États membres qui n’avaient pas atteint l’objectif fixé par les Nations Unies de porter leur APD à 0,7% de leur PNB, s’engagent individuellement à augmenter le volume de leur APD dans les quatre années à venir et, ce, dans le cadre de leurs processus respectifs de dotation budgétaire. 


Par ailleurs, elle a déclaré que les OMD ne pouvaient être atteints sans des progrès réels dans la réalisation des objectifs du Caire relatif à l’accès universel à la santé et aux droits en matière de sexualité et de reproduction.  Il convient de veiller, a-t-elle insisté, que les questions relatives à la santé sexuelle et génésique et aux droits connexes soient dûment prises en compte dans les résultats de la réunion de haut niveau de 2005, y compris ses objectifs et indicateurs de suivi.   


M. GILBERT LAURIN (Canada) a déclaré que la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), qui avait eu lieu au Caire en 1994, avait réussi à apporter plus d’attention que dans le passé aux nombreux aspects de la population humaine et du développement.  Avant la Conférence sur les femmes de Beijing et le Sommet du Millénaire, le Programme d’action de la CIPD a placé l’égalité des sexes et le renforcement du pouvoir des femmes au cœur du développement.  Ce Programme d’action touche des questions comme les changements dans les structures d’âge, l’avantage démographique potentiel que consiste une population active importante par rapport à la population non active, les tendances urbaines-rurales et de migration internationale, l’environnement, la santé génésique et sexuelle, l’accès à des services de planification familiale, et les liens entre la croissance démographique et le développement économique. 


Il s’est particulièrement inquiété des fardeaux supplémentaires qu’impose la pandémie du VIH/sida aux sociétés, car elle fait sans cesse augmenter le nombre d’orphelins et de familles monoparentales, elle dérobe les économies de certains de leurs membres les plus productifs, et elle affecte aussi les professeurs qui enseignent aux jeunes, ainsi que les travailleurs de la santé qui soignent les malades.  C’est pourquoi, il a jugé indispensable que la communauté internationale s’implique plus pour enrayer cette pandémie internationale et renverse la tendance dévastatrice, de manière à l’empêcher d’exacerber davantage la pauvreté.  Le Canada est fier, a-t-il souligné, de sa contribution à la réalisation des Objectifs du Millénaire et de ceux de la CIPD.  À l’occasion de la Journée mondiale du sida en décembre 2004, le Canada avait annoncé son engagement sur plusieurs années et une augmentation importante de sa contribution au Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) de même qu’au Fonds du FNUAP pour la sécurité d’approvisionnement en produits de santé génésique.  Il a souhaité que le Sommet de septembre prochain soit l’occasion de se rappeler des ambitions et des engagements définis au Caire, sur la population et le développement, et à Beijing sur les femmes. 


Mme RU XIAOMEI (Chine) a déclaré que le développement durable, basé sur un développement humain harmonieux, était l’un des soucis majeurs du Gouvernement de la Chine, pour qui le principe « l’être humain d’abord » est au centre de la croissance économique et sociale.  Le Président Hu Jintao s’est lui-même impliqué dans la mise en œuvre de cette stratégie, a dit Mme Ru Xiaomei.  Il a préconisé des efforts soutenus pour améliorer les compétences et les capacités de la population, tout en maintenant le taux de natalité du pays à un niveau bas.  La Chine a inventé une nouvelle approche de prestation des services destinés à la population en mettant en place des structures et des programmes accessibles à tous.  En 2004, le taux de croissance naturelle de la population de la Chine a été de 0,587% et le nombre de naissances s’est élevé à 15,93 millions.  Parlant du VIH/sida, elle a dit que la propagation de la pandémie était devenue critique dans les provinces de Yunnan, de Hennan, et de Xinjiang, où les décès dus à la maladie sont en augmentation.  Le VIH se propage surtout dans les groupes à risque, le nombre de femmes qui sont affectées étant aussi à la hausse, a indiqué la représentante.  Le Gouvernement chinois a pris des mesures spéciales pour faire face à ce phénomène, a-t-elle poursuivi.  Il a ainsi créé un mécanisme de coordination de la lutte contre la pandémie,  qui est placé sous la tutelle du Conseil d’État, et a formulé un plan de prévention à moyen et long terme.  Le Gouvernement a d’autre part mis en place en 2001 un plan d’action fondé sur la prévention et le contrôle, et il a renforcé les engagements politiques qu’il a pris pour combattre la maladie.  Le Président Hu Jintao et le Premier Ministre Wen Jiabao se sont ainsi eux-mêmes engagés dans ces actions en rencontrant les groupes travaillant à la base contre la propagation de la pandémie, a indiqué la représentante.


Répondant à son tour aux remarques des délégations, Mme WEINBERGER, de la Division de la Population, a salué le ferme appui exprimé au programme d’action de la CIPD.  Elle a noté tout particulièrement que l’on a fermement souscrit à l’importance des droits en matière de santé génésique du point de vue de la réalisation des OMD, alors que de nombreux orateurs ont parlé de la façon dont les différents objectifs étaient liés les uns aux autres.  Elle a relevé aussi que de nombreuses délégations avaient appelé l’attention sur les liens entre les objectifs de la CIPD en matière de santé génésique et les objectifs de santé liés à la lutte contre le VIH/sida et la lutte contre la mortalité infantile et maternelle.  Enfin, elle s’est fait l’écho des inquiétudes de certaines délégations sur les conséquences d’une croissance démographique exponentielle et des migrations internationales sur les questions de population et développement. 


Discours liminaire de la Directrice du Programme mondial VIH/sida de la Banque mondiale


Mme DEBREWORK ZEWDIE, Réseau du développement humain de la Banque mondiale, a présenté les actions que mène auprès des gouvernements la Banque mondiale pour faire face à la pandémie du VIH/sida.  À ce jour, plus de 60 millions de personnes ont été infectées, 20 millions en sont mortes, et plus de 40 millions vivent avec le virus ou la maladie, a-t-elle relevé.  Notant que la pandémie a fait plus de 15 millions d’orphelins à travers le monde, elle a fait remarquer que 12,5 millions de ces orphelins vivaient en Afrique subsaharienne qui, bien qu’elle représente seulement environ 10% de la population mondiale, compte les deux tiers des morts du sida.


La pandémie se féminise de plus en plus, a fait remarquer Mme Zewdie.  Cette tendance fait qu’aujourd’hui le VIH/sida n’est plus seulement une crise de santé, mais est devenu un véritable problème de développement, a-t-elle dit.  L’impact de la maladie est tel que 40 années d’efforts de développement ont été réduites à néant dans les pays d’Afrique australe les plus affectés, dont notamment le Botswana.  Concernant l’Afrique du Sud, on prévoit qu’au cours des décennies à venir, la force de travail de ce pays sera extrêmement diminuée, ce qui devrait avoir des répercussions sur les performances économiques du pays.  La situation, qui s’aggrave, amène à se poser des questions sur les réactions actuelles de la communauté internationale face à la montée des périls, a dit Mme Zewdie.  Une des premières fautes identifiée tient à l’attitude des gouvernements des pays touchés qui n’ont pas pris la mesure des dangers et des dégâts que la pandémie allait dans le long terme infliger à leurs populations, a dit l’experte.  À cet égard elle a cité les cas du Swaziland et du Sénégal, où les gouvernements ont adopté des attitudes différentes face au VIH/sida.  Le Sénégal a pu maîtriser la propagation de la maladie alors que le Swaziland, dont le Gouvernement s’est moins impliqué, a vu une explosion du nombre de personnes infectées, a constaté Mme Zewdie.  L’observation de terrain dans les différentes grandes sous-régions d’Afrique montre que certains facteurs culturels semblent modifier l’allure à laquelle se propage la pandémie.  Ainsi, on observe que dans les régions où les hommes sont traditionnellement circoncis, la maladie se répand moins vite.  Les hommes circoncis ont un taux d’infection de 50% à 70% inférieur à celui des autres, a indiqué Mme Zewdie en faisant remarquer que la contamination homme/femme pouvait de ce fait être aussi moins élevée.  Parlant ensuite de la réponse internationale à la maladie, elle a dit que les programmes proposés par la communauté internationale étaient sous-financés, manquaient d’objectifs précis, et ne couvraient pas de périodes suffisamment longues pour être efficaces.  Le fait que l’on ait dénombré 4,9 millions nouveaux cas d’infection en 2004 montre que les efforts actuels sont très insuffisants, a estimé Mme Zewdie. 


La Banque mondiale a débloqué un milliard de dollars de crédit pour faire face au sida en Afrique, a-t-elle ensuite annoncé, en précisant que depuis l’année 2000, 29 pays africains avaient reçu des fonds d’un montant total de 1,1 milliard de dollars pour financer des programmes anti-sida.  La création du Fonds mondial contre le VIH/sida, lancé par l’ONU, et l’engagement pris par le Gouvernement des États-Unis, à travers le Plan d’urgence du Président Bush, ont apporté des ressources supplémentaires à la lutte contre le VIH/sida, a noté Mme Zewdie en déclarant que ces ressources restaient cependant insuffisantes.  Les engagements en faveur du Fonds mondial s’élèvent à 1,74 milliard de dollars qui permettraient de prendre en charge 1,6 million de personnes pendant cinq ans, tout en menant des actions de prévention auprès de 52 millions de personnes, et en apportant un soutien à un million d’orphelins, a indiqué l’experte.  Quant au Plan d’urgence du Président Bush pour soulager les souffrances dues au VIH/sida, il dispose aujourd’hui de 10 millions de dollars de ressources additionnelles pour venir en aide 15 pays, a dit Mme Zewdie.

Le VIH/sida et la pauvreté sont inextricablement liés, a-t-elle dit en relevant que le sida exacerbait la pauvreté qui elle-même créait des conditions facilitant la propagation de la pandémie.  De ce fait, et à cause de son impact multisectoriel, le VIH/sida met en danger tous les efforts que les pays africains déploient pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement.  La communauté internationale doit donc faire face à ce problème, qui ne s’arrêtera pas de lui-même, en adoptant d’urgence des mesures exceptionnelles, a recommandé Mme Zewdie.


Questions/réponses


Répondant aux questions de délégations, Mme Zewdie a regretté qu’on ne tienne pas compte, dans de nombreux pays, des services génésiques de base pour lutter contre le VIH/sida.  C’est pourquoi, on constate une contamination croissante des jeunes filles.  Il faut aussi que les adolescents fassent preuve de responsabilité et respectent les mesures de prévention.  Nous voyons que les pays qui ne stigmatisent pas certains groupes et ne criminalisent pas les comportements sont plus efficaces contre le VIH/sida.  Il n’est pas important de savoir pourquoi quelqu’un a contracté le VIH/sida, a-t-elle estimé, mais plus urgent de veiller à ce que ceci ne se reproduise pas, plutôt que de stigmatiser les malades.  Elle a insisté sur la nécessité d’une meilleure coordination entre les organismes de développement et de lutte conte la maladie.    


Elle s’est félicitée de la coopération de certains pays en matière de renforcement des capacités, en citant un exemple de coopération triangulaire qui voit un pays former des médecins, un deuxième des infirmiers et un troisième des laborantins, mis à dispositions des uns et des autres.  Elle a souligné l’importance d’un engament à long terme en notant que des pays africains étaient réticents à l’idée d’utiliser des médicaments anti-rétroviraux arguant qu’ils devaient s’engager sur un programme à long terme sans avoir la garantie des financements.


S’agissant de l’utilisation du préservatif, elle a déclaré que la Banque mondiale ne dicte pas au pays concerné le programme à mettre en œuvre, elle finance effectivement des plans stratégiques qu’elle estime intéressants.  Si nous avions agi il y a longtemps de cette manière, nous n’aurions pas 20 à 30% de prévalence dans certains pays africains, a-t-elle ajouté.  Elle a indiqué que le problème de cette lutte était lié au cycle de financement.  Qu’il s’agisse de parlements ou d’organes gouvernementaux, les fonds arrivent pour des cycles de trois à cinq ans alors qu’il faut un engagement à long terme.  Il serait utopique de demander aux pays africains de tout financer en matière de lutte contre le VIH/sida.  L’intervention de la communauté internationale est essentielle et indispensable. 


Elle s’est félicitée de l’exemple que constitue le Brésil en matière de lutte contre le VIH/sida.  Un succès dû à un engagement coordonné du Gouvernement et des donateurs autour d’une stratégie nationale mise en œuvre avec la participation de toutes les parties prenantes.  Même si nous prêtons une attention à la situation de l’Asie pour éviter le développement de cette maladie, nous sommes présents de manière prioritaire en Afrique et dans les Caraïbes.  Elle a fait part de la volonté indéfectible de la Banque mondiale de trouver les moyens de répondre aux besoins spécifiques des pays en conflit ou sortant d’un conflit.  Elle a expliqué que même si son intervention se concentrait sur la situation en Afrique, dans le contexte du développement, de nombreux programmes étaient destinés à la lutte contre le VIH/sida en Europe orientale.  S’agissant du mariage et de la transmission du VIH/sida, nous ne pourrons rien faire contre l’épidémie, a-t-elle ajouté, si les hommes ne sont pas plus responsables.  En absence de remède, nous devons redoubler d’efforts en matière de prévention, a-t-elle conclu.  


EXPÉRIENCE DES PAYS


Déclarations


M. PETER ANYANG’ NYONG’O, Ministre de la planification et du développement national du Kenya, a déclaré que peu de gens avaient imaginé les conséquences économiques et sociales du VIH/sida lorsqu’on a diagnostiqué le premier cas au Kenya en 1984. La pandémie nous a fait perdre les gains économiques et sociaux acquis au cours des 20 dernières années.  Depuis, le Kenya a créé différents organismes et mis en place des stratégies pour lutter contre la maladie.  Le représentant a ainsi fait état d’un plan à moyen terme pour la période 1992-1996 dans lequel sont impliqués des représentants des ONG, des organisations religieuses, d’organisations internationales et le secteur privé dans le souci de rassembler des fonds nécessaires à la lutte contre le VIH/sida.  Il y a eu aussi la parution d’un document officiel en 1997 mettant l’accent sur la politique de développement en coordination avec les activités relatives à la lutte contre le VIH/sida.  Enfin, plus récemment a été mis en place un plan national stratégique pour 2002-2005 pour encourager une stratégie multisectorielle, impliquant les institutions, et englobant des réformes juridiques et programmatiques.  Ce plan a été depuis revu dans l’optique d’un nouveau projet de plan pour la période 2005-2010.  Le Ministre a indiqué que le taux de prévalence du VIH/sida avait baissé de 13% en 2001 à 10,2% en 2002 puis à 7% en 2003.  Néanmoins, il a relevé que le taux de prévalence des femmes de 15 à 49 ans était 1,9 fois supérieur à celui des hommes.  Dans cette catégorie d’âge on compte 1,4 million de femmes touchées contre 900 000 hommes.  Il a indiqué que le nombre de décès dus à des maladies liées au VIH/sida avait baissé de 500 à 700 par jour, il y a deux ans à 300 actuellement.   


Mme NATASHA SMITH (Australie) a déclaré que son pays concentre son assistance en matière de lutte contre le sida dans les pays d’Asie-Pacifique.  Elle s’est inquiétée des tendances que l’on observe dans la propagation du VIH dans certains pays de cette zone géographique.  Si des efforts ne sont pas immédiatement déployés, plus de 40% des infections mondiales se produiront dans les pays d’Asie, a-t-elle estimé.  Les actions de l’Australie aident ses voisins à mettre en œuvre des programmes qui touchent aux domaines de l’éducation, de la prévention, et de la réduction des comportements à risque, notamment l’abus des drogues prises par voie intraveineuse.  L’Australie a versé 250 millions de dollars au Fonds mondial contre le VIH/sida et les maladies infectieuses, a précisé la représentante.  Au plan national le Gouvernement australien a mis en place une stratégie basée sur des partenariats avec la société civile, les malades et les groupes et organisations communautaires, a-t-elle ajouté.


M. SISWANTO AGUS WILIPO (Indonésie) a déclaré que les services de planification familiale et de santé génésique étaient essentiels à la réalisation des OMD mais aussi pour la lutte contre le VIH/sida et celle contre la pauvreté, ces deux dernières étant liées.  S’agissant de l’épidémie, il a indiqué que l’Indonésie avait connu son premier cas en 1987.  En décembre 2004 étaient signalés 3 368 séropositifs et 2 682 sidéens.  Le nombre estimé de personnes séropositives en 2005 est de 120 000.  En 2010, il pourrait y avoir plus d’un million de séropositifs et 110 000 sidéens.  Dans un pays de 40 millions d’adolescents, il a estimé crucial d’atteindre les jeunes afin de les protéger face au VIH/sida et aux grossesses non désirées.  Le Gouvernement a promulgué une stratégie nationale contre la maladie en 1994, dans le souci de mobiliser un effort national unifié.  Il est conforme au cadre « trois fois un » (Three Ones).  Nous promouvons une stratégie nommée « le préservatif pour une double protection », l’objectif étant d’arriver à une utilisation du préservatif à 100%.  En ce qui concerne notamment la lutte contre la pauvreté, il a déclaré qu’il fallait parvenir à une augmentation des revenus dont dispose la population, notamment  par une amélioration de la productivité et par le biais d’une réduction des coûts des services de base quotidiens comme les transports.  L’Indonésie est peu à peu parvenue à réduire le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté à moins de 36 millions de personnes.  Pour la période 2002-2004, 14 ministères et organismes gouvernementaux ont participé à la mise en place de 16 programmes de réduction de la pauvreté.  Il a jugé indispensable de coordonner les efforts nationaux et internationaux afin de venir à bout du VIH/sida.


M. CESAR MAYORAL(Argentine) a déclaré, au nom des États du Groupe de Rio, que dans ces pays, les populations les plus vulnérables étaient les plus exposées au VIH/sida.  Aussi les États du Groupe de Rio ont-ils reconnu dans la Déclaration de Cuzco que la pandémie du sida était une menace à leur sécurité nationale.  Lors d’une autre réunion, tenue cette fois en Bolivie, le Groupe de Rio a déclaré que l’accès aux médicaments et aux soins devait devenir universel pour les personnes atteintes par la maladie.  Le VIH/sida est un défi qu’il faut à tout prix relever avec succès.  C’est pourquoi le Groupe de Rio soutient l’ordre du jour adopté par la CPD cette année, a dit le représentant.  L’éradication de la pauvreté ne sera pas possible sans un contrôle de la pandémie et la communauté internationale doit fournir plus de ressources au Fonds mondial contre le VIH/sida afin de le rendre réellement opérationnel.  Tout en acceptant le triptyque prévention/soins/médicaments, le Groupe de Rio espère que la communauté internationale optera pour des stratégies de lutte plus intégrées, en acceptant une meilleure éducation des jeunes, des filles, et des couples et en leur assurant un accès universel à la santé génésique.  Il est en faveur de politiques tenant compte de la problématique hommes/femmes et appuie les initiatives répondant aux besoins des femmes qui sont les principales victimes de la pandémie.  Les préservatifs doivent être reconnus comme le moyen de protection le plus efficace contre la transmission du VIH/sida.  Le respect des droits humains, et notamment des droits des femmes, est essentiel si on veut vaincre la pandémie, a conclu le représentant.


Mme ANNA ELISABETH CUBIAS (El Salvador) a déclaré que son pays avait mis au point un programme en quatre points de lutte contre le VIH/sida  adapté aux réalités économiques et sociales du pays.  La première caractéristique de ce plan se traduit par un ensemble de politiques publiques de santé adoptées par l’État qui prévoit la fourniture de services au plan local durant toute la vie.  Le deuxième aspect se caractérise par l’adoption de nouvelles lois et règles qui permettent d’adapter, de contrôler et de réglementer les soins en matière de VIH/sida et d’assumer la responsabilité définissant une politique d’action nationale.  Le troisième élément est la promotion et l’accès de l’information à tous les niveaux pour les femmes et les jeunes dans le souci notamment d’éliminer la stigmatisation.  Le quatrième élément concerne l’accès universel aux thérapies anti-rétrovirales.  Cet objectif a été rendu possible, parce qu’El Salvador a su réduire de plus de 50% le coût de ces médicaments grâce aux négociations entreprises à son initiative par les ministres de la santé de l’Amérique centrale et les grandes compagnies pharmaceutiques internationales.  Cela a permis de faire baisser le coût d’un traitement annuel de 9 500 à 1 000 dollars. 


M. NIKOLAY CHULKOV (Fédération de Russie) a déclaré que le VIH/sida posait un danger majeur à la réalisation des OMD dans un certain nombre de régions en développement dont notamment l’Afrique.  En Fédération de Russie la pandémie progresse rapidement et le nombre de séropositifs a franchi le cap des 300 000 en 2004.  La contamination se fait surtout par voie intraveineuse parmi les jeunes abusant des drogues.  La transmission sexuelle vient au deuxième rang et celle de la mère à l’enfant vient en troisième, a dit le représentant.  Pour faire face à ces menaces, la Russie avait adopté en 1995 une loi fédérale définissant les objectifs et les stratégies de lutte contre la propagation de la pandémie sur son territoire national.  La Fédération de Russie est d’avis qu’il faut assurer à toutes les couches de la population un accès à la prévention, et si nécessaire aux soins, a dit le représentant.  Indiquant que son pays soutenait le Fonds mondial contre le VIH/sida, il a souhaité que les donateurs en accroissent le niveau de ressources.  La Fédération de Russie a versé une contribution de 20 millions de dollars au Fonds, et elle est prête à fournir du matériel médical aux pays en développement ou en transition affectés et à former leurs personnels.


Mme ANA MARZEC-BOGUSLAWSKA (Pologne) a présenté les réalisations d’un pays de 38 millions d’habitants dont la population a baissé pour la sixième année consécutive.  L’espérance de vie, qui augmente doucement mais sûrement, est de 70,5 ans pour les homme et 78 ans pour les femmes.  Elle a indiqué que l’adoption de la dernière édition du Programme national pour les femmes pour 2003-2005 a marqué une nouvelle étape dans la mise en œuvre des dispositions de la Déclaration de Beijing.  Elle a précisé que la propagation du VIH/sida depuis les années 80 avait amené la Gouvernement polonais à prendre des mesures urgentes.  Ces mesures se sont traduites par l’adoption par le Conseil des ministres d’un Programme national de prévention du VIH/sida et de soins des personnes vivant avec le VIH/sida.  La troisième édition de ce programme est en cous pour la période 2004-2006.  Il a indiqué que le Centre national sur le VIH/sida jouait un rôle déterminant dans sa mise en œuvre, notamment par le biais du renforcement des partenariats entre le Gouvernement, la société civile et le secteur privé.  Elle a ajouté que la politique polonaise de lutte contre la maladie avait été mise en œuvre avec la participation de personnes vivant avec le VIH/sida. 


Bien qu’il n’y ait eu que 9 500 cas de la maladie relevés en Pologne on estime à entre 20 000 et 30 000 le nombre de personnes séropositives.  Le problème demeure d’assurer la disponibilité de médicaments anti-rétroviraux.  Actuellement, 2 300 malades ont accès gratuitement à ces traitements alors que des tests diagnostics spéciaux sont proposés aux détenus, aux personnes sans assurance aux sans-abri ou catégories de personnes à risque.  Elle a indiqué que le Ministère de la santé avait accordé 27 millions de dollars aux thérapies anti-rétrovirales pour 2005.  Selon les indications de l’OMS, le taux d’accès aux médicaments anti-rétroviraux en Pologne atteint le niveau moyen européen à savoir 77%.  La baisse du taux de prévalence chez les femmes de 23% dans les années 90 à 1% aujourd’hui est une autre raison de satisfaction, alors que le nombre de personnes demandant un dépistage de manière volontaire ne cesse d’augmenter.  La représentante a précisé que 40 ONG travaillaient dans le domaine du VIH/sida en Pologne et qu’elles étaient prêtent à faire profiter de leurs expériences les pays en développement les plus durement touchés par ce fléau. 


M. DJIHED-EDDINE BELKAS (Algérie) a déclaré que l’Algérie ayant pris part à toutes les conférences internationales organisées par les Nations Unies sur les questions de population, a toujours accordé un intérêt particulier aux problèmes population et de développement.  En vue de faire face aux exigences de la mondialisation et se conformer aux conventions, traités et engagements pris par l’État sur le plan international, des réformes ont été décidées et mises en place pour relever le niveau de vie de la population algérienne, a indiqué le représentant.  Ces réformes portent notamment sur les domaines de la justice, des systèmes éducatifs et de santé, de la lutte contre le chômage, de l’amélioration des conditions de vie, de l’accès au logement et de l’épanouissement de la jeunesse.  Concernant le VIH/sida, le représentant a dit que le taux de prévalence était bas en Algérie, se situant aux alentours de 0,01%.  Cependant, l’État, loin de relâcher sa vigilance, a pris en charge ce phénomène depuis 1995.  Entre 1985 et 2004, 635 cas de sida étaient recensés en Algérie, tandis que l’on dénombrait 1 657 séropositifs.  En 2004, 21 nouveaux cas de sida et 202 cas de séropositivité se sont ajoutés à ces chiffres, a indiqué le représentant.


M. JOAO SALGUEIRO (Portugal) a indiqué que le plan national de son pays combinait 10 objectifs à atteindre pour 2006.  Ces objectifs concernent la mise en œuvre de la deuxième génération du système de surveillance épidémiologique; l’augmentation de 30% du nombre de personnes au fait des impératifs de prévention du VIH/sida ; la réduction de 50% de la transmission de la maladie de la mère à l’enfant; l’accès universel aux traitements; l’augmentation de 70% du nombre de centres de santé ayant des équipes multidisciplinaires spécialisées dans les questions de VIH; la création de centres de thérapies combinées; la participation à la mise au point d’un programme commun de lutte contre le VIH/sida et la tuberculose; la participation à la mise en œuvre d’un programme de prévention dans les prisons; l’intégration de tous les services sociaux; la collaboration à l’élaboration d’une législation garantissant et promouvant les droits des personnes vivant avec le VIH/sida.  Il s’est inquiété du fait que près de deux tiers de tous les séropositifs de la planète vivent en Afrique qui n’abrite pourtant que 10% de la population mondiale.  


Soulignant les efforts de son pays, il a indiqué que le Portugal avait accordé 150 000 dollars à un programme du PNUD visant à aider le Cap-Vert à définir sa propre stratégie nationale contre le VIH/sida.  Le Portugal a également développé une campagne de sensibilisation impliquant les présidents de tous les pays lusophones.  La réduction de la pauvreté ne peut être obtenue, a-t-il prévenu, que par le biais d’un investissement dans la santé et l’éducation.  Il a souligné l’importance d’atteindre l’accès universel à la santé génésique dans l’intérêt de la lutte contre la mortalité infantile et maternelle.  Gardant à l’esprit que la lutte contre les maladies contagieuses était indispensable à la réalisation des OMD, le Portugal a contribué au Fonds mondial de lutte contre le sida à hauteur d’un million de dollars et accordé 200 0000 euros en 2004 au fonds du FNUAP sur la santé génésique. 


Mme GAIL STOCKLEY (Canada) a déclaré que le lien entre VIH/sida et pauvreté était évident.  Une étude menée récemment au Canada a montré que le logement est un facteur qui influe sur la vulnérabilité à l’infection par le VIH, a dit la représentante.  Les toxicomanes sans abri ont 29% plus de risque de contracter le VIH que les toxicomanes ayant un domicile, a dit la représentante.  Le Canada est aussi parvenu à la conclusion que la vulnérabilité des femmes est aggravée par l’absence de services de santé sexuelle et génésique.  Nous jugeons donc essentiel de promouvoir l’intégration de la question du VIH/sida dans les programmes de santé sexuelle et génésique, de manière à faire valoir les droits sexuels et génésiques de tous les adultes, a dit la représentante.


M. JACQUES VAN ZUYDAM (Afrique du Sud) a indiqué que la population de son pays aujourd’hui de 46 millions de personnes devrait se stabiliser à 48 millions.  Même si la proportion des moins de 15 ans a reculé systématiquement depuis 1995, les jeunes de 15 à 25 ans seront les plus nombreux en 2006.  Il a indiqué que l’épidémie avait réduit l’espérance de vie à 50 ans.  Il a précisé que les dernières statistiques montraient que 27% des femmes enceintes étaient séropositives.  Même si le taux de prévalence a baissé pour les moins de 20 ans, il ne cesse d’augmenter pour les autres catégories, alors que cinq millions de Sud-africaines vivent avec la maladie.  Il a noté que les femmes étaient plus vulnérables à la maladie, mais aussi aux conséquences économiques et sociales de ce fléau.  Il a présenté un programme national de lutte contre le VIH/sida combinant prévention et traitement.  Il a précisé que le budget du programme national de lutte conte le VIH/sida était passé de 50 millions en 1994 à 600 millions pour 2005-2006.  Il a également insisté sur la nécessité de prendre en compte la situation économique qui détermine la vulnérabilité de la population.  Il a venté les mérites d’un programme de lutte contre la pauvreté concernant l’augmentation de revenus par le biais de lancement de chantiers publics, mais aussi la promotion du capital humain, et le développement du niveau santé et de services primaires comme l’accès à l’eau, l’assainissement, l’électrification, la redistribution de logements et de terres.  


M. PIERRE ALAIN AUDIRAC (France) a déclaré que le Gouvernement français faisait chaque année procéder à l’état des lieux de la situation qui prévaut en France sur le thème du VIH/sida.  Concernant le VIH/sida en France, la part des différents groupes de population affectés par le virus évolue constamment, a indiqué le représentant.  Aujourd’hui, les immigrés sont les plus atteints et sont aussi la classe la plus défavorisée, économiquement et socialement.  Cependant, la France a rendu publics les soins apportés aux personnes touchées par la maladie.  Mais du fait que le dépistage de la pandémie se fait plus tard chez eux, les migrants et notamment ceux en situation irrégulière, continuent à en souffrir plus que les autres composantes de la population vivant en France.  Du fait de sa nature, le sida crée aussi des stigmates qui provoquent l’isolement des personnes atteintes.  Cet isolement à son tour les prive de soins et d’alimentation régulière et équilibrée, accélérant ainsi leur décès.


Au plan international, dans les années 1980, la France a soutenu et financé des actions concrètes dans plus de 30 pays, a poursuivi le représentant.  En 1997, elle s’est prononcée en faveur de l’accès aux médicaments pour les malades des pays du Sud et a œuvré pour la reconnaissance au niveau mondial de la nécessité d’apporter une réponse globale à la pandémie dans le cadre de l’Assemblée générale de l’ONU et dans celui de l’OMS.  En 2004, la contribution de la France au Fonds mondial contre le VIH/sida s’est élevée à 130 millions d’euros.  Le Ministère des affaires étrangères utilise trois canaux d’intervention, a indiqué le représentant: le Fonds de solidarité prioritaire engage 6,5 millions d’euros chaque année pour des projets d’aide à la lutte contre le VIH/sida dans plus de 20 pays; tandis qu’une coopération avec l’UNICEF est ciblée sur les orphelins dans trois pays d’Afrique particulièrement touchés.  L’assistance technique résidentielle quant à elle, mobilise plus de 120 personnes, et la France a versé 2,7 millions d’euros à ONUSIDA et à l’OMS.


M. TOMAS OSIAS (Philippines) a indiqué que son pays connaissait l’un des taux les plus faibles de prévalence au VIH/sida en Asie avec 0,3% parmi le groupe des 15 à 49 ans.  Le Gouvernement a su contenir la propagation du VIH/sida en coopération avec les divers groupes de la société civile.  Nous demeurons vigilants dans notre lutte car nous sommes convaincus de l’existence de cas non dépistés.  Avec le taux élevé de maladies sexuellement transmises nous devons adopter d’urgence des mesures vigoureuses.  Un nombre considérable de travailleurs philippins rentrent de l’étranger en étant contaminés par le VIH.  Il s’agit d’aider les travailleurs qui vont à l’étranger à prendre conscience du danger du VIH/sida car ils représentent 33% des séropositifs aux Philippines.  Nous devons aujourd’hui trouver des ressources appropriées pour enrayer cette prolifération.  Présentant les initiatives de son pays en matière de population et développement, il a indiqué que les Philippines s’apprêtaient à publier un document sur les progrès réalisés en matière de parité ente les sexes, d’accès à la santé génésique, à l’éducation et à l’emploi pour les filles.  Les Philippines doivent encore s’occuper des populations défavorisées rurales ou les plus pauvres.  Il a présenté une campagne d’information destinée à deux millions de couples qui vivent dans les taudis urbains ou ruraux, et les encourageant à adopter une attitude plus raisonnable en ce qui concerne la taille de la famille.  En 2003, le taux de fécondité s’élevait encore à 3,5% alors que l’objectif du Gouvernement est de le réduire à 2,5%.


M. TERUNEH ZENNA (Éthiopie) a déclaré que pour l’Éthiopie et de nombreux pays en développement, il fallait que la communauté internationale aide les régions les plus affectées, notamment l’Afrique subsaharienne à ralentir la progression des infections au VIH.  Cette lutte doit être menée comme un programme d’extrême urgence, a estimé le représentant.  Si des actions énergiques ne sont pas entreprises, a-t-il mis en garde, la majorité des pays en développement ne pourront réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement.  En Éthiopie, on pourrait réduire de 25% de nombre d’infections d’ici à 2025 si on met en place une stratégie globale, a-t-il estimé en indiquant que son Gouvernement avait conçu à cet égard un plan intégré.  Il a demandé aux donateurs de soutenir cette initiative.


Mme FATIMAH SAAD (Malaisie) a indiqué que le nombre de ménages pauvres était passé de 619 400 en 1990 à 267 900 en 2002.  L’incidence de la pauvreté est passée de 17,1% à 5% durant cette période, a-t-elle ajouté, alors que la pauvreté rurale a diminué de 14,9% à 11,4% entre 1995 et 2002.  La pauvreté urbaine est tombée de 3,6% à 2%.  Bien que nous ayons obtenu certains succès, a-t-elle reconnu, nous sommes conscients qu’il faille accorder une importance égale à la lutte contre le VIH/sida qui risque de compromettre les progrès de la Malaisie en matière de réduction de la pauvreté.  Le Gouvernement sollicite la participation active des ONG et autres acteurs de la société civile pour faire face à ce fléau qui affecte la dynamique démographique.  La qualité et la quantité de la main-d’œuvre vont diminuer tout comme les revenus liés à l’emploi productif.  Le cercle vicieux doit être brisé.  Depuis que le premier cas a été signalé en 1987, la Malaisie a répertorié un nombre cumulé de 60 621 séropositifs, 8 840 sidéens et 6 523 décès.  Des signes montrent que c’est la population dans son ensemble qui est aujourd’hui touchée et non plus seulement des groupes à risque.  Le Gouvernement continue de négocier avec les industries pharmaceutiques pour avoir accès aux médicaments anti-rétroviraux à des prix raisonnables.  Des programmes qui portent sur la santé, le logement et l’éducation sont destinés aux populations les plus pauvres et menés de pair avec des programmes de lutte contre le VIH/sida.  La Malaisie va continuer, a-t-elle insisté, à jouer un rôle actif dans la coopération régionale aux fins de la lutte contre le VIH/sida.


M. FREDERICO DUQUE ESTRADA MEYER (Brésil) a déclaré que sa délégation regrettait le manque de véritable soutien international à la lutte contre le VIH/sida.  Les efforts actuels sont insuffisants, a-t-il estimé.  Le Brésil a mis les droits de l’homme au centre de sa stratégie nationale de prévention du VIH/sida, d’accès universel aux préservatifs, et de prévention de la transmission mère-enfant.  À partir de l’année prochaine toutes les écoles secondaires et universités du Brésil fourniront des préservatifs gratuits à leurs étudiants, et les centres créés par le gouvernement distribueront des seringues neuves aux toxicomanes de manière régulière, a indiqué le représentant.  Le Brésil a mis en place un système qui met fin aux discriminations dans la prestation des soins dont on besoin les personnes infectées, a-t-il poursuivi.  Le Brésil est l’un ces précurseurs de la gratuité des médicaments, qui sont fournis aux malades par les programmes mis en place par le Gouvernement et les collectivités locales.  Le Gouvernement brésilien, qui s’inquiète de la situation qui prévaut en Afrique, travaille en ce moment avec certains pays de ce continent, notamment avec ceux qui sont lusophones, a indiqué M. Meyer.  Le Gouvernement et la société civile du Brésil sont prêts à mettre leur expertise au service de l’Afrique, a-t-il annoncé.


Mme ELENA ZUNIGA HERRERA (Mexique) a exhorté la communauté internationale à réagir face aux modifications démographiques liées au vieillissement de la population, qui se traduit par une augmentation des personnes dépendantes.  D’autre part, grâce à une bonne politique de prévention, le Mexique a pu limiter le taux de prévalence du VIH/sida à un niveau parmi les plus faibles du continent américain.  Une réforme structurelle profonde a été adoptée par le Congrès introduisant une couverture médicale universelle et assurant une prise en charge totale des soins des personnes touchées.  Actuellement 28 600 personnes ont accès aux médicaments anti-rétroviraux, parmi lesquelles 12 341 qui ne pouvaient se procurer ces traitements, il y a quelques années seulement.  L’objectif était de permettre à tous les séropositifs d’avoir accès à ces médicaments d’ici à 2006, et il a été atteint dès 2003, permettant ainsi d’augmenter la durée de vie des personnes vivant avec la maladie, d’améliorer leur qualité de vie et de parvenir à une diminution du taux de mortalité lié aux maladies connexes.  


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