LA COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DÉVELOPPEMENT ENTAME SA SESSION ANNUELLE CONSACRÉE À L’IMPACT DU VIH/SIDA SUR LE DÉVELOPPEMENT
Communiqué de presse POP/922 |
Commission de la population et du développement
Trente-huitième session
1re & 2e séances - matin & après-midi
LA COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DÉVELOPPEMENT ENTAME SA SESSION ANNUELLE
CONSACRÉE À L’IMPACT DU VIH/SIDA SUR LE DÉVELOPPEMENT
L’accès universel aux services de santé génésique présenté comme
le meilleur moyen de briser le cercle vicieux de la maladie et de la pauvreté
La Commission de la population et du développement (CPD) a ouvert aujourd’hui sa session annuelle qui se poursuivra jusqu’au 8 avril, sur le thème « Population, développement et VIH/sida, et leur rapport avec la pauvreté ». Une journée qui a été l’occasion de mesurer l’impact du fléau du VIH/sida dans le contexte de la mise en œuvre du Programme d’action adopté par la Conférence internationale du Caire en 1994 sur la population et le développement (CIPD) qui s’était tenue au Caire en 1994.
Rappelant les ravages causés par le VIH/sida, la plupart des intervenants ont présenté l’accès universel aux services de santé génésique et reproductive d’ici à 2015, qui est l’un des objectifs identifiés par la CIPD, comme le meilleur moyen de lutter contre le VIH/sida et de briser le cercle vicieux de la maladie et de la pauvreté et comme une condition essentielle pour parvenir aux Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). La Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), Thoraya Obaid, a indiqué que les 250 experts du Projet du Millénaire avaient souligné le caractère essentiel de l’accès à la santé génésique pour l’égalité entre les sexes, la réduction de la mortalité infantile et maternelle, la lutte contre le VIH/sida et celle contre la pauvreté. Elle a estimé que l’accès à la planification familiale permettrait de réduire la mortalité maternelle de 25% et la mortalité infantile de 20%. Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales a indiqué qu’un demi million de femmes mourraient chaque année de causes liées à la grossesse alors que de meilleurs soins génésiques pourraient éviter ces décès.
Les intervenants sont revenus sur l’impact du VIH/sida sur la dynamique démographique des pays en développement et sur la réalisation des OMD. Une maladie qui a tué 20 millions de personnes depuis le diagnostic du premier cas de VIH/sida en 1981, alors que le monde comptait, fin 2004, 40 millions de personnes touchées, dont cinq millions nouvellement infectées durant l’année.
En ce qui concerne les ressources allouées à la lutte contre la pandémie, cette séance a permis de mesurer des progrès mais aussi le chemin à parcourir. L’aide des donateurs au titre de la population est passée de 2,6 milliards de dollars en 2000 à près de 4,5 milliards en 2004, alors que les dépenses intérieures sont passées de sept à 11 milliards entre 2000 et 2003. Pas très loin, a-t-il été noté, de l’objectif de 18,5 milliards de dollars à atteindre en 2005 pour réaliser les objectifs de la CIPD. Les estimations pour 2004 et les
projections pour 2005 sont encourageantes et l’aide des donateurs devrait passer à près de 6,4 milliards de dollars en 2005. Le montant total des ressources mobilisées les pays en développement, dont la Chine, passerait à 12,7 milliards de dollars en 2005. Une certaine satisfaction, même s’il a été regretté que la grande partie des ressources soit affectée à la lutte contre le VIH/sida au détriment des objectifs de santé génésique et de planification, alors que plusieurs intervenants ont souligné la nécessité de lier ces deux objectifs.
Ces données sont contenues dans trois rapports du Secrétaire général présentés respectivement par MM. Larry Heligam, Directeur adjoint de la Division de la population des Nations Unies; Steven Kraus, Chef de la Branche VIH/sida du FNUAP; et François Farah, Chef de la Branche population et développement du FNUAP.
Avant de conclure, la Commission a entamé l’examen du point « Contribution de l’application du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement, sous tous ses aspects, à la réalisation des objectifs de développement convenus au plan international, y compris ceux énoncés dans la Déclaration du Millénaire» en entendant la présentation du rapport correspondant par la Directrice de la Division de la population de l’ONU.
Outre le Ministre de la planification et du développement du Kenya sont aussi intervenus les représentants des pays suivants: Jamaïque au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Luxembourg au nom de l’Union européenne, Égypte, Japon, Chine, Afrique du Sud, Inde, Pérou, États-Unis, Suisse, El Salvador, Ghana et Maroc.
La Commission reprendra ses travaux mardi 5 avril à 10 heures.
SUITE DONNÉE AUX RECOMMANDATIONS DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT
Déclarations
M. JOSÉ ANTONIO OCAMPO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a déclaré que le Département des affaires économiques et sociales (DESA) qu’il dirige participera activement au mois de septembre prochain à l’évaluation que fera l’Assemblée générale de la mise en œuvre des programmes relatifs à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). L’évaluation de la mise en œuvre des recommandations de la Conférence internationale sur la population et le développement (Conférence du Caire) que la Commission de la population et du développement (CPD) a conduite l’an dernier fournira des données importantes au Segment de haut niveau de l’ECOSOC sur la manière d’atteindre les objectifs internationalement agréés, a indiqué M. Ocampo.
Les objectifs énoncés lors de la Conférence du Caire, notamment la réduction de la mortalité infantile et de celle liée à la maternité, l’accès universel des filles et des garçons à l’éducation primaire et l’égalité des hommes et des femmes en assurant l’autonomisation des femmes, sont tous inclus dans la Déclaration du Millénaire et reflètent les OMD et les cibles qu’ils doivent atteindre. Le bien-être des populations étant le premier objectif de tout développement, les tendances démographiques y jouent un rôle important. Le Programme d’action du Caire reconnaît que dans les pays en développement, où la croissance démographique reste forte, un ralentissement de cette tendance améliorerait la capacité des pays à combattre la pauvreté, protéger et maintenir l’environnement et favoriserait donc le développement durable, a dit M. Ocampo. L’application des recommandations du Caire contribuerait au ralentissement de la croissance démographique en réduisant la fertilité, notamment dans les régions où les femmes déclarent avoir plus d’enfants qu’elles ne le souhaitent.
Abordant la question de la mortalité infantile, M. Ocampo a dit que chaque année, 11 millions d’enfants meurent avant l’âge de cinq ans. Chaque année, environ un demi million de femmes meurent de causes liées à la grossesse ou à l’accouchement alors que de meilleurs soins génésiques pourraient éviter ces décès, a dit M. Ocampo. Dernièrement, a-t-il ajouté, le VIH/sida s’est ajouté aux causes de mortalité et tue aujourd’hui trois millions de personnes chaque année. Depuis l’adoption par l’ONU de la Déclaration d’engagement contre le VIH/sida en 2001, la pandémie n’a cessé de progresser. Bien que tous les pays soient touchés, les pays les plus pauvres sont ceux qui paient le prix le plus élevé à la maladie. Le monde en développement perd neuf fois plus de personnes que le monde riche. Actuellement, 40 millions de personnes vivent avec le virus du VIH. 25 millions de ces patients vivent en Afrique subsaharienne. En touchant les classes actives et productives de la population, le sida aggrave la pauvreté, a indiqué José Ocampo. Vu le grand nombre d’hommes et de femmes touchés par la maladie aujourd’hui, la sécurité alimentaire est menacée dans certains pays, les activités agricoles manquant de bras. L’Objectif du Millénaire pour le développement visant la réduction du taux d’infection par le VIH doit donc absolument être atteint, a estimé le Secrétaire général adjoint. Si la communauté internationale ne les aide pas sur ce point, de nombreux pays ne pourront pas réaliser les autres OMD. L’expérience a montré qu’en matière de prévention et de soins, les meilleures stratégies sont celles qui sont conçues en tenant compte des spécificités de chaque pays, a dit M. Ocampo. À cet égard, il a cité les expériences conduites avec succès par le Brésil, la Thaïlande et l’Ouganda, tout en notant que les bons résultats obtenus ne pouvaient être maintenus que si les efforts ne se relâchaient pas.
Mme THORAYA OBAID, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a rappelé le succès de la Conférence internationale du Caire et de son Programme d’action, en insistant notamment sur l’objectif lié à l’accès à la santé génétique pour tous d’ici à 2015. Elle a déclaré que les questions liées à la population constituaient une part considérable des questions plus larges du développement, de la paix et de la sécurité. Elle a indiqué que la collecte de données et leur exploitation était la première phase de la mise en œuvre de politiques et programmes de développement. Elle a insisté sur le caractère essentiel de données vérifiables, pour la bonne gouvernance, la transparence et la responsabilisation. Parmi les éléments à mesurer, elle a cité le degré de respect des droits de l’homme, le statut de la femme, le niveau de pauvreté et l’accès à la santé et à l’éducation, les mouvements migratoires, la densité des populations, l’urbanisation, le rapport entre les populations actives et celles à charge, la structure des âges, les taux de fertilité et de mortalité. En matière de lutte contre la pauvreté, elle a indiqué que les meilleurs résultats avaient été réalisés dans l’est et le sud asiatique où 200 millions de personnes sont sortis de la pauvreté depuis 1990.
Elle a ajouté que les 250 experts du Projet du Millénaire avaient souligné le caractère essentiel de l’accès à la santé génésique pour l’égalité entre les sexes, la réduction de la mortalité infantile et maternelle, combattre le VIH/sida et combattre la pauvreté. Il s’agit d’assurer un financement adéquat et la logistique. Il faut que les gouvernements intègrent les objectifs de la santé génésique dans les programmes de lutte contre le VIH/sida. La Directrice du FNUAP a estimé que l’accès à la planification familiale pouvait permettre de réduire la mortalité maternelle de 25% et la mortalité infantile de 20% alors que la présence d’une personne compétente pour l’accouchement pourrait réduire la mort à la naissance de 74%. Elle a rappelé l’importance du préservatif pour lutter contre la propagation du VIH/sida. Dans son rapport, a-t-elle ajouté, le Secrétaire général a rappelé que les investissements dans la santé génésique et la parité entre les sexes étaient cruciaux pour atteindre les OMD.
Il faut veiller à ce que les objectifs de lutte contre le VIH/sida, la santé génésique et la planification familiale soient étroitement liés. Le coût des programmes liés à la mise en œuvre de la Conférence internationale de la population et du développement, notamment en matière de santé reproductive et de collecte de données coûteraient 18,5 milliards de dollars en 2005 dont les deux tiers devraient être pris en charge par les pays en développement et le dernier tiers par des donations des pays développés. La Directrice exécutive du FNUAP s’est félicitée que les pays développés aient contribué à hauteur de 4,5 milliards de dollars pour la réalisation de ces objectifs en 2004, contre 2,6 milliards seulement en 2000, en ajoutant que les projections pour 2005 étaient encourageantes. Par ailleurs, elle a encouragé les États Membres à contribuer au fonds du FNUAP pour la santé génésique.
Mme HANIA ZLOTNIK, Directrice de la Division de la population et du développement, a déclaré que la population mondiale s’est énormément accrue au cours des dernières décennies. L’essentiel de l’accroissement de la population est concentré dans les pays en développement qui enregistrent 97 naissances sur 100 dans le monde. Les Pays les moins avancés (PMA), qui représentent actuellement 12% de la population mondiale, devraient voir ce taux passer à 25% à la fin de la prochaine décennie. Ces pays seraient les premiers à bénéficier d’une mise en œuvre complète du Programme d’action du Caire. Ils auraient alors de meilleures chances économiques alors qu’ils sont pour le moment les plus pauvres du monde. Réduire les différences qui existent à l’intérieur même des pays pauvres permettrait de venir en aide aux classes les plus défavorisées dont le taux de fécondité est le plus élevé.
Dans les pays en développement, un jeune de 15 ans a aujourd’hui un fort risque d’être contaminé par le VIH/sida. Touchant les tranches jeunes et productives de la population, la pandémie est un facteur d’aggravation de la pauvreté, a ajouté l’intervenante. À cause du manque d’éducation, la grande majorité des populations ne comprend pas le mode de propagation de la maladie, a-t-elle dit. De nombreuses femmes sont en effet contaminées par leur compagnon ou leur mari entretenant plusieurs relations, a dit Mme Zlotnik. Même si on arrivait à arrêter aujourd’hui la propagation de la contamination, le nombre de décès continuerait cependant à croître. En effet, la majorité des personnes actuellement infectées, qui n’ont pas accès aux soins, continuerait certainement de mourir des suites du sida.
M. OM PRADHAN, Bureau du Haut Représentant pour les pays les moins avancés(PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID), a attiré l’attention sur la situation des 50 pays les moins avancés (PMA) dont les statistiques démographiques sont alarmantes. Il a indiqué que la population des PMA devrait doubler d’ici à 2045 pour passer de 800 millions à entre 1,5 et 1,7 milliard d’individus. Dans 11 de ces pays, s’est il inquiété, il y aura même un triplement de la population. Dans les pays développés la fécondité s’élève à 1,5 enfant par femme, un chiffre qui pourrait évoluer vers 1,84. Parallèlement le taux de fécondité des femmes des PMA est de cinq enfants par femme, même s’il est amené à baisser à 2,57 d’ici à 2045-2050. Parallèlement, les PMA vont connaître des bouleversements liés à l’augmentation de la durée de vie qui passera de 50 à 66 ans. La persistance du fléau du VIH/sida et d’autres maladies contagieuses risquera d’entamer sérieusement les objectifs de développement économique, a poursuivi l’intervenant. Illustrant son propos, il a indiqué qu’en Afrique australe, la région qui connaît la prévalence la plus élevé au VIH/sida, l’espérance de vie est passé de 62 ans à 48 ans entre 2000 et 2005 et pourrait encore baisser jusqu’à 43 ans au cours de la prochaine décennie. Au Lesotho, Botswana et Swaziland la population devrait décroître.
Le VIH/sida et les autres maladies contagieuses rendent la tâche des PMA de plus en plus complexes s’agissant de réaliser les Objectifs du Millénaire. Il a souligné le caractère indispensable d’un accès pour les PMA à des méthodes de planification familiale et de santé génésique, notamment dans le souci de réduire le rythme démographique. Il a ajouté que les PMA pourraient atteindre leurs objectifs à condition qu’ils puissent bénéficier des mesures promises, comme le transfert de technologies, l’annulation de dettes, l’élimination des subventions commerciales injustes, l’ouverture des marchés des pays développés aux produits des PMA. Toutes ces étapes, a-t-il insisté, doivent être prises par la communauté internationale pour aider les PMA à atteindre les OMD et réaliser le Programme d’action de Bruxelles pour les PMA.
M. ALFREDO CHUQUIHUARA, Président de la 37e session de la Commission de la population et du développement a présenté le rapport sur la réunion d’intersession qui s’est tenue à Lima, au Pérou, du 16 au 19 octobre 2004. Il a à cet égard déclaré que la réunion de Lima avait pour but d’examiner les questions restées en suspens au cours de la 37e session de la Commission. Les délégations ont effectué des visites sur le terrain pour se rendre compte de l’avancement des projets menés au Pérou sur la mise en œuvre des recommandations du Caire, a indiqué M. Chuquihuara en notant que les infrastructures destinées à la prestation de soins de santé de santé génésique dans la ville de Lima étaient mises en place grâce à la coopération japonaise.
Présentant le rapport du Secrétaire général sur le Suivi de la situation mondiale en matière de population, consacré à la population, au développement et au VIH/sida et leur rapport avec la pauvreté, M. LARRY HELIGMAN, Directeur adjoint de la Division de la population des Nations Unies, a indiqué que l’Afrique subsaharienne avait subi jusqu’ici les pires ravages causés par le sida, et connaît toujours des taux élevés de séropositivité. Près de trois millions de personnes ont été infectées sur le continent, en 2004 seulement. Sur les 39 millions de personnes frappées par le VIH/sida fin 2004, 25 millions vivaient en Afrique subsaharienne, 7,1 millions en Asie du Sud et du Sud-Est et plus de deux millions en Amérique latine et dans les Caraïbes. Ainsi, plus de 64% des séropositifs se trouvaient dans les pays de l’Afrique subsaharienne, alors que la région n’abrite que 11 % de la population mondiale. 15 millions d’enfants ont perdu un ou leurs deux parents à cause du VIH/sida. S’il est vrai que le sida touche aussi bien les riches que les pauvres, il n’en demeure pas moins que les pays qui en pâtissent le plus figurent parmi les plus pauvres du monde. L’incidence du VIH est neuf fois plus élevée dans les pays les moins avancés que dans les pays développés. L’intervenant a présenté la prévention comme la clef de voûte de la lutte contre la pandémie.
Présentant le rapport du Secrétaire général sur le Suivi des programmes de population portant en particulier sur la population, le développement et le VIH/sida et leur rapport avec la pauvreté, M. STEVEN KRAUS, Chef de la Branche VIH/sida du FNUAP, a rappelé que 20 années se sont déjà écoulées depuis l’identification du VIH/sida. Même si ce fléau a des conséquences terribles sur le continent africain, la maladie progresse aussi en Europe orientale et en Asie centrale. Le rapport, a-t-il indiqué, met en lumière les effets du VIH/sida sur la dynamique démographique, notamment les pertes en vies humaines, la diminution de l’espérance de vie, le ralentissement de la croissance économique et l’aggravation de l’extrême pauvreté. Il constate que l’épidémie de sida fait peser un énorme fardeau sur divers éléments du développement –santé et éducation en particulier. Ilfaut intensifier les efforts de prévention, par l’adoption de stratégies permettant également de résoudre les problèmes relatifs à l’égalité et à la justice sociale. L’accès à l’information et aux services de santé en matière de sexualité et de procréation est un objectif convenu sur le plan international et une fin en soi; c’est aussi un facteur indispensable à la réussite des programmes de prévention du VIH. Le représentant a notamment insisté sur l’information des jeunes. Moins d’une personne sur cinq dans le monde a accès à un programme de prévention du VIH/sida.
Présentant le rapport du Secrétaire général sur les flux de ressources financières devant concourir à l’application du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement, M. FRANÇOIS FARAH, Chef de la Branche population et développement du FNUAP, a indiqué que ce rapport examine le niveau des contributions des donateurs et celui des dépenses intérieures consacrées aux activités de population dans les pays en développement en 2003 et en donne des estimations pour 2004 et des projections pour 2005. Il a souligné l’importance d’affecter des ressources suffisantes à tous les éléments chiffrés de la Conférence, à savoir les services de planification familiale, les services de santé génésique, la lutte contre les maladies sexuellement transmissibles, notamment le VIH/sida, la recherche fondamentale et l’analyse des données et des politiques de population et de développement. Il a rappelé que l’objectif de la Conférence qui était d’être parvenu à mobiliser 17 milliards de dollars en 2000 pour mettre en œuvre des programmes de santé génésique n’avait pas été atteint.
Les ressources consacrées à la mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence ont certes augmenté depuis 1994 mais sans atteindre les buts fixés au Caire. Ni les donateurs ni les pays en développement n’ont atteint les objectifs convenus. En 2003, les ressources fournies par les donateurs s’établissaient à 4,2 milliards de dollars, les ressources intérieures étant estimées à 11 milliards de dollars. Pour atteindre l’objectif de 18,5 milliards de dollars en 2005, il faudrait que la communauté internationale continue d’accroître cette aide et que les pays en développement continuent de mobiliser des ressources intérieures supplémentaires. Les estimations pour 2004 et les projections pour 2005 sont encourageantes. L’aide des donateurs aurait atteint 4,5 milliards de dollars en 2004 et devrait passer à près de 6,4 milliards de dollars en 2005. Le montant total des ressources mobilisées par le groupe des pays en développement, dont la Chine, serait de l’ordre de 12,5 milliards de dollars en 2004 et passerait à 12,7 milliards de dollars en 2005. Néanmoins, l’intervenant a regretté que les ressources consacrées à la planification de la famille et à la santé génésique marquent le pas.
Mme NORMA TAYLOR ROBERTS (Jamaïque), au nom des États membres du Groupe des 77 et de la Chine, a déclaré que les objectifs fixés dans le Programme d’action du Caire et ceux arrêtés par les grandes conférences et sommets tenus par l’ONU au cours de la dernière décennie constituent un cadre général d’action efficace en faveur du développement. La mise en œuvre du Programme du Caire est indispensable si l’on veut parvenir à l’éradication de la pauvreté et à la réalisation des OMD, a dit la représentante. L’évaluation de la mise en œuvre des recommandations de la Conférence de Beijing sur la promotion de la femme et de sa Plate-forme, qui a eu lieu le mois dernier au Siège, a été une contribution importante au processus qui nous mènera au Sommet prévu au mois de septembre à New York, a estimé la représentante. Le Groupe des 77 et la Chine soutiennent la promotion de la femme comme un principe incontournable du développement, car protéger les droits des femmes et assurer leur autonomisation et celle des filles à travers l’éducation, la santé et les soins génésiques sont une des clefs du développement économique et social. Le G-77 et la Chine sont favorables, dans les meilleurs délais, à une plus grande participation des femmes à la prise de décisions.
Le G-77 et la Chine sont d’autre part d’avis que les questions de population doivent être abordées de manière globale et intégrée comme le recommande le Programme d’action du Caire, a poursuivi Mme Taylor Roberts. Notant que 95% de la croissance démographique mondiale se produit dans les pays en développement, elle a indiqué que ce taux était un sévère handicap à la prestation de services sociaux de base dans la majorité de ces États, et notamment dans ceux les plus pauvres. Tout en reconnaissant la responsabilité de chaque État d’assurer le bien-être de ses citoyens, les pays du Groupe des 77 et de la Chine constatent que leur capacité à faire face à la pauvreté et aux souffrances de leurs populations est fortement handicapée par l’environnement mondial actuel. Elle a appuyé l’appel lancé par le Secrétaire général en faveur de la réduction de la dette, du respect du niveau de l’aide publique au développement, et de l’amélioration des termes du commercial international.
Concernant la question du VIH/sida, a dit la représentante, le G-77 et la Chine soulignent l’importance qu’il y a à développer les systèmes et programmes qui ont été mis en place pour fournir aux populations l’aide et les soins dont ils ont besoin. Le G-77 est d’avis que des liens plus forts devraient être établis entre les soins de santé génésique et les politiques de lutte contre la pandémie. Il faut en effet faire face à la montée de la contamination des femmes et des filles. Promouvoir les droits des femmes, c’est les aider à se protéger du VIH/sida et le G-77 et la Chine continueront de se battre et de coopérer avec ses partenaires en faveur de l’accès universel aux soins de santé génésique en l’an 2015, a dit la représentante. À cet égard, a-t-elle indiqué, le Groupe des 77 et la Chine apportent leur plein soutien à l’inclusion de cet objectif dans le 5e OMD qui concerne l’amélioration de la santé maternelle. Enfin, a-t-elle indiqué, le G-77 et la Chine sont d’avis que la Commission devrait adopter un programme de travail pluriannuel afin d’améliorer ses travaux et de pouvoir mener tous les cinq ans une évaluation du programme d’action du Caire.
Intervenant au nom de l’Union européenne et des pays associés, Mme ELISABETH COLOTTE (Luxembourg) s’est félicitée que la Commission ait décidé d’aborder la question du VIH/sida et de ses liens avec la santé sexuelle et génésique et les droits qui s’y rapportent ainsi qu’avec la pauvreté. Nous sommes conscients de mener une action d’envergure exceptionnelle contre ce fléau. Cette lutte doit être intensifiée dans le cadre global que constitue la réalisation des OMD et devra nécessairement s’appuyer sur la réalisation des objectifs et buts définis au Caire. En dépit d’un engagement politique plus résolu l’épidémie continue de se propager. Il est nécessaire de favoriser l’intégration des actions de lutte contre le VIH/sida dans les stratégies nationales de lutte contre la pauvreté compte tenu des liens très étroits entre la maladie et le développement. La progression de VIH/sida dans les PMA et les pays de l’Afrique subsaharienne nous préoccupe au premier plan. Elle grève les ressources des secteurs de la santé et de l’éducation. Le succès dans la lutte contre le VIH/sida passe par le lien que nous saurons établir avec un soutien à la santé génésique et au droit quoi s’y rattache et l’accès universel à ces soins. On ne peut aborder la prévention du VIH/sida sans aborder l’accès universel à la santé génésique et sexuelle.
L’aide internationale ne peut être efficace que si elle s’intègre dans un cadre d’action national multisectoriel cohérent faisant lui-même partie d’une stratégie nationale dont le pays concerné conserve la maîtrise, qui vise à lutter contre le VIH/sida selon une approche intégrée articulée autour de la prévention, des traitements, des soins et de la recherche, a poursuivi l’intervenante. La lutte contre le VIH/sida sera veine, a-t-elle affirmé, si les droits des femmes ne sont pas reconnus et respectés.
Elle a rappelé qu’il avait été convenu au Caire que les gouvernements devaient veiller à ce que la prévention et les services pour les maladies sexuellement transmissibles et le VIH/sida fassent partie intégrante des programmes de santé en matière de sexualité et de reproduction au niveau des soins de santé primaires. L’accès aux traitements et aux soins, qui va plus loin que l’accès aux médicaments, est essentiel pour mettre fin au VIH/sida. Nous ne pouvons accepter que soient menacés la plupart des efforts que nous menons conjointement en faveur du développement. L’UE qui a pris une part active à la création et au financement du Fonds mondial de lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme, a-t-elle ajouté, soutient pleinement l’initiative « Trois millions d’ici à 2005 » (3 by 5) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a montré qu’il était possible d’offrir un traitement à un plus grand nombre de personnes et de réduire la mortalité liée au VIH/sida. Parmi les autres mesures, elle a notamment souligné la nécessité de promouvoir la coordination et de l’harmonisation de l’action internationale. Dans ce contexte, elle a réaffirmé son soutien aux activités de l’ONUSIDA et des institutions spécialisées des Nations Unies qui participent à ce programme et a confirmé l’attachement de l’UE au principe « Trois fois un » (Three ones), promu par ONUSIDA.
M. PETER ANYANG’ NYONG’O, Ministre de la planification et du développement national du Kenya, a déclaré que les actions menées par le Gouvernement du Kenya visaient notamment l’accès universel des filles et des garçons à l’éducation, avec un accent particulier mis sur la réduction du fossé qui existe actuellement aux niveaux primaire et secondaire, et l’accès universel aux soins de santé primaires. Comme il a été souligné par la Réunion d’évaluation ministérielle du Programme d’action du Caire, tenue à Dakar en juin 2004, a poursuivi le Ministre, un certain nombre de défis et d’obstacles continuent à se poser aux pays africains. Ces obstacles et difficultés ont notamment trait à la lenteur du processus de mise en œuvre des programmes, notamment ceux visant à réduire la pauvreté. Ensuite, le Ministre kenyan a cité l’échec de nombreux pays à intégrer pleinement les questions de population, de parité entre les sexes et de protection de l’environnement, dans la planification du développement. À cela s’ajoute la faiblesse des capacités des pays, qui ne peuvent efficacement appliquer ou formuler des politiques et des règlements visant à promouvoir l’égalité des sexes, l’équité, et l’autonomisation des femmes. Ensuite, a dit le Ministre, les pays en développement rencontrent des difficultés matérielles et structurelles à établir un lien entre les actions de prévention du VIH/sida et les soins à fournir aux malades du sida. Il en est de même en ce qui concerne les politiques à mettre en place pour combattre les mauvaises habitudes culturelles qui favorisent la propagation du virus VIH.
M. V. NABENZIA (Fédération de Russie) a tout d’abord regretté qu’un membre de sa délégation, n’ait pu, à l’instar de l’année dernière, obtenir un visa pour venir à New York. Il a estimé que la tenue de cette session de la Commission de la population et du développement était l’occasion de rappeler que les enjeux du développement économique et social allaient bien au-delà des seuls Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Il a souligné l’importance d’une coopération entre les pays donateurs, les pays en développement et la société civile et a fait siennes les recommandations du Secrétaire général selon lesquelles le participation du secteur privé était primordiale pour renforcer la mobilisation des ressources aux fins des OMD. Il a rappelé que le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement insistait sur le respect du droit universel à l’éducation en tenant compte des droits culturels. À cet égard, il a notamment défendu le droit des populations russophones hors de Russie à avoir accès à une éducation en russe. Il a insisté sur la nécessité d’une analyse multilatérale des migrations internationales, en souhaitant des normes uniques internationales pour ce faire. Il a précisé que la semaine dernière à Moscou, avait eu lieu la Conférence des co-parrains des programmes unifiés de l’ONU concernant la lutte contre le VIH/sida. Il a estimé que des programmes ciblés jouaient un grand rôle. Des programmes qui selon lui doivent être axés sur des populations sensibles comme les professionnels du sexe ou les toxicomanes.
M. MOHAMED ABDELSATTAR ELBADRI (Égypte) a déclaré que sa délégation partageait avec le reste de la communauté internationale de nombreuses craintes face à la propagation du VIH/sida, qui devrait être combattu de la manière la plus efficace possible. L’Afrique est actuellement le continent le plus touché et voit son taux de croissance lourdement diminué à cause des répercussions de la maladie sur ses classes d’âge les plus productives. D’autre part, le sida a fait de nombreux orphelins dans un certain nombre de pays africains. Les pays d’Afrique ont déclaré lors d’un sommet à Abuja que la pandémie du sida constituait une crise extraordinaire à laquelle il fallait faire face ensemble par tous les moyens. Les pays africains se sont lancés dans la lutte contre le sida en appliquant les directives arrêtées lors de la rencontre de Maputo en 2003, a indiqué le représentant. Les États africains soutiennent les initiatives lancées par l’ONUSIDA au niveau international, et appuient aussi le Fonds mondial contre le VIH/sida, la tuberculose, le paludisme et les autres maladies infectieuses, lancé par le Secrétaire général il y a quelques années, a ensuite indiqué le représentant égyptien. En Égypte, le taux de prévalence du VIH/sida est relativement bas, a-t-il poursuivi en déclarant que cette situation était due à la manière dont le Gouvernement avait mis en place, avec le soutien de l’OMS, une campagne d’information et de prévention contre la pandémie. L’Égypte a aussi créé très tôt des mesures de contrôle de la qualité du sang transfusé aux malades dans les hôpitaux, et pour assurer un certain anonymat aux personnes infectées, a créé un système de centres d’appels que les malades peuvent appeler de manière anonyme en vue de recevoir des soins sans être stigmatisé par leur environnement immédiat, déclaré le représentant.
M. KAZUO SUNAGA (Japon) a insisté sur la nécessité d’un enseignement primaire universel, de la réduction de la mortalité infantile et maternelle, de l’amélioration de la santé maternelle et de la lutte contre le VIH/sida et les autres maladies contagieuses. Nous pensons que le VIH/sida constitue l’un des fléaux les plus graves qui accablent l’humanité. Il sape la force de travail, empêche les jeunes d’entreprendre des activités économiques et sociales et fait de nombreux orphelins. En février 2005, le Japon a annoncé ses priorités pour l’aide publique au développement. Elles se concentrent sur l’individu, la sécurité humaine et la lutte contre le VIH/sida dans le souci de briser le cycle vicieux du sida et de la pauvreté. Il a défini trois priorités: la prévention et le traitement médical, le soutien aux personnes qui vivent avec le VIH/sida, et le renforcement des systèmes de santé de base dans les pays en développement. Il a souhaité que la prévention aille avant tout vers la femme et en se concentrant sur l’éducation de la jeune fille. Il a présenté l’initiative japonaise contre les maladies infectieuses par laquelle, le Japon s’est engagé à débloquer trois milliards de dollars sur une période de cinq ans. Le Japon, a-t-il ajouté, s’est engagé à soutenir des activités de lutte contre le VIH/sida et de promotion de la population et du développement.
Mme RU XIAOMEI (Chine) a déclaré que son pays s’inquiète du fait que la maladie touche surtout les pays les plus pauvres, ce qui aggrave encore plus la situation déjà très précaire des populations de ces derniers, a-t-elle relevé. La pauvreté, la discrimination et l’exclusion, qui règnent à la fois au niveau international et dans certains pays, aggravent l’impact de la maladie sur certaines catégories de population, a fait remarquer la représentante. Il est temps que soit mise en œuvre la Déclaration du Millénaire, adoptée par plus d’une centaine de chefs d’État à New York en l’an 2000. Pour sa part, la délégation chinoise réaffirme son attachement au plan d’action du Caire, et considère que la prévention doit être prioritaire dans la lutte contre le sida, sans toutefois mettre de coté la promotion des services de planification familiale et de santé génésique. Il s’agit là d’une condition sine qua non de la réalisation des OMD, a estimé la représentante. La Chine est prête à coopérer avec les autres pays pour faciliter la mise en œuvre du Programme d’action du Caire, a-t-elle assuré.
M. JACQUES VAN ZUYDAM (Afrique du Sud) a indiqué que le fléau du VIH/sida avait changé la démographie de nombreux pays d’une manière sans précédent. Cette épidémie alimente les inégalités sociale et économique dans les pays et entre les pays et aggrave la vulnérabilité des femmes et des enfants. Il a demandé que les activités en matière de population et développement tiennent pleinement compte des répercussions démographiques de l’épidémie. Il est essentiel d’intégrer les réponses à la crise du VIH/sida dans tous les programmes sectoriels. Il a rappelé l’importance de trouver des réponses à des questions comme la recherche et la collecte de données, l’appui aux personnes âgées et aux enfants, l’égalité entre les sexes, l’éducation, les questions socioculturelles et les médias. Nous exhortons les membres à parvenir à un accord quant à la manière de renforcer notre réactivité à la propagation du VIH/sida dans le contexte de la réalisation des OMD. Il a notamment souligné la nécessité de faire face à la pauvreté et aux inégalités qui accompagnent la propagation de la maladie, de respecter les droits humains des personnes touchées, de développer les services de santé génésique, de promouvoir la qualité de vie des femmes et filles en invitant les scientifiques et les démographes à intégrer les éléments du VIH/sida dans leurs recherches.
M. A. GOPINATHAN (Inde) a déclaré que l’évaluation de la mise en œuvre des engagements et des recommandations pris au Caire devait passer par le maintien du caractère global et intégré du Programme d’action issu de la Conférence. De plus, il est indispensable de s’assurer que des ressources additionnelles sont disponibles, afin de pouvoir atteindre les objectifs fixés au Caire, a indiqué le représentant en notant qu’il fallait renforcer les prestations de services sociaux, de santé et d’éducation aux populations. Relevant que les données financières mentionnées dans le rapport sur le VIH/sida se basaient sur un cours du dollar fort, le représentant a indiqué à la Commission qu’il fallait revoir certains de ces chiffres et prévisions en tenant compte de l’évolution actuelle des taux de change. Il faut augmenter les ressources en vue de soutenir la planification familiale, a dit l’intervenant, afin d’aider certains pays à faire diminuer la mortalité maternelle et infantile et leurs taux de fécondité.
M. ALFREDO CHUQUIHUARA (Pérou) a déclaré que le VIH/sida constituait la principale entrave à la réalisation des OMD. Il a estimé que les droits de l’homme et la santé étaient des éléments complémentaires et interdépendants. Il a souligné le caractère essentiel de l’accès pour tous aux services de la santé génésique et a souhaité la mise en place d’une politique contre le VIH/sida, de programmes en faveur des femmes, notamment de ceux visant à enrayer la violence à l’encontre de celles-ci. Les efforts de lutte contre l’épidémie doivent accorder une large place à la santé génésique, a-t-il ajouté. Il a estimé que le Programme d’action du Caire et les OMD étaient complémentaires. Il a défini l’accès universel aux services de santé génésique comme le meilleur moyen de briser le cercle vicieux de la maladie et de la pauvreté qui prend à la gorge tant de femmes et de filles. Il faut que la communauté internationale mobilise plus de moyens pour lutter contre la propagation du VIH/sida et autres maladies contagieuses.
M. SICHAN SIV (États-Unis) a déclaré que les États-Unis jouaient un rôle de premier plan dans la lutte contre le VIH/sida au niveau mondial. Le Plan d’urgence présenté par le Président Bush s’appuie sur une politique de réduction de la dette des pays les plus lourdement affectés. Les États-Unis ont sélectionné 15 de ces pays, qu’ils soutiendront au cours des prochaines années, afin d’y appuyer la prise en charge de millions de personnes touchées par la maladie. Les États-Unis souhaitent que les femmes et les filles reçoivent une attention particulière dans le cadre de ce Plan d’urgence qu’ils proposent à la communauté internationale et dans les actions qu’ils mènent de manière bilatérale dans certains pays, a dit le représentant. Les femmes étant particulièrement touchées par le VIH en Afrique subsaharienne, les États-Unis entendent y mener des programmes en leur faveur. Notre Gouvernement met aussi l’accent sur la prévention, a indiqué le représentant en annonçant que les États-Unis comptaient soutenir des programmes de prévention élaborés avec les gouvernements en tenant compte des particularités de chaque pays. D’autre part, les États-Unis estiment que la lutte ne peut être menée sans la participation active des hommes et des garçons. Aussi sommes-nous en train de préparer des stratégies les faisant participer activement à la promotion d’une société plus saine fondée sur des familles stables et harmonieuses, a indiqué le représentant. Rien ne peut cependant se faire si les dirigeants des pays concernés ne s’impliquent pas eux-mêmes profondément dans les actions que nous voulons soutenir dans leurs sociétés, a-t-il indiqué. D’autre part, au vu de l’étendue des besoins, les Etats-Unis, qui soutiennent le Fonds mondial contre le VIH/sida et les autres maladies infectieuses, invitent les autres pays donateurs et le secteur privé à augmenter leur contribution et participation à cette initiative et aux actions qui sont menées contre la pandémie, a dit le représentant.
M. JEAN-ROBERT MORET (Suisse) a rappelé toute la pertinence du programme d’action de la Conférence internationale du Caire sur la population et le développement qui a placé la personne humaine au centre de la problématique du développement. Il a présenté l’accès universel à la santé génésique comme le meilleur moyen de briser le cercle vicieux qui lie VIH/sida et développement en ajoutant que le sida était à la fois une cause et une conséquence de la pauvreté. Parmi les victimes figurent notamment les femmes et les enfants qui payent un tribut de plus en plus lourd. Une pandémie qui a un impact très important sur la démographie, mais aussi sur les secteurs de l’éducation et de la santé des pays touchés. Il a souhaité que soient liés les objectifs de lutte contre le VIH/sida et ceux concernant l’accès universel à la santé génésique. Il a estimé que les OMD ne pourront être atteints si l’on ne garantit pas un accès universel aux soins et programmes de santé reproductive et sexuelle. Il est crucial de comprendre pourquoi de plus en plus de femmes mariées sont contaminées par leur époux. Il a prévenu contre le risque d’approches trop simplistes comme les recommandations de l’abstinence et de la fidélité qui n’ont pas empêché de trop nombreuses femmes mariées d’être contaminées. Il est aussi de la plus haute importance que les facteurs ayant un impact positif sur le statut des femmes et des enfants soient intégrés de manière adéquate dans les stratégies nationales de lutte contre la pauvreté et dans les stratégies nationales pour les Objectifs du Millénaire. Il est essentiel que les approches les plus participatives soient mises en œuvre, de la conception des approches à leur exécution, et que les savoirs et les compétences des femmes et des jeunes soient pleinement valorisés.
Mme ANA MARIA LIEVANO DE SOL (El Salvador) a déclaré que El Salvador réitère son engagement à tout faire pour mettre en œuvre le Programme d’action du Caire. « Notre pays met l’accent sur l’éducation, la protection de la femme et la promotion de l’accès universel aux soins de santé », a-t-elle indiqué. El Salvador considère que la Déclaration et le Programme d’action du Caire sont étroitement liés aux OMD, notamment en ce qui concerne la lutte contre le VIH/sida et la protection à fournir aux femmes et aux filles à cet égard, a dit la représentante. D’autre part, a-t-elle poursuivi, El Salvador aimerait rappeler que la question des migrations internationales et les répercussions de celles-ci sur les familles et le développement, sont traitées dans le Programme d’action du Caire et souhaite que la Commission lui accorde une certaine attention.
M. SAI (Ghana) a expliqué que 13 des indicateurs OMD figuraient dans la Stratégie nationale ghanéenne de réduction de la pauvreté. Il a ajouté que son pays faisait tout pour atteindre l’accès universel à la santé génésique d’ici à 2015. Même si le Ghana a réalisé des progrès en matière de lutte contre la pauvreté, 40% des Ghanéens vivent toujours en dessous du seuil de pauvreté, a-t-il ajouté. En matière de lutte contre la faim, le pourcentage des enfants mal nourris est passé de 26% à 30% entre 1990 et 1998. C’est pourquoi, le Gouvernement du Ghana a été amené à diffuser un document de travail intitulé « Imaginez le Ghana sans malnutrition ». Notre désir d’arriver à une éducation généralisée d’ici à 2015 est une de nos grandes priorités. Il y a de grands déséquilibres entre les sexes et entre les régions. Et si nous avons fait des progrès en matière de parité, les différences restent fermement enracinées dans des traditions séculaires. Le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans a baissé de 155 à 105 pour 1 000 entre 1990 et 1998. Il est essentiel de concentrer nos efforts sur la planification familiale et les services de santé reproductive et sexuelle qui sont devenus des priorités absolues dans nos problèmes de développement. Notre cadre stratégique en matière de lutte contre le VIH/sida insiste sur la prévention, l’information et le traitement dans un pays où 20% des tuberculeux sont aussi séropositifs. Nous avons besoin du soutien de la communauté internationale, a dit le représentant, si nous voulons améliorer les conditions de vie de nos concitoyens.
M. MOHAMED BIJAAD, Secrétaire général du Haut Commissariat au plan du Maroc, a déclaré que les politiques conduites par le Maroc étaient en parfaite harmonie avec les recommandations énoncées lors des grandes conférences internationales. Parmi les réformes menées, il a cité l’adoption d’un Code de la famille améliorant le statut de la femme et a indiqué que l’émergence de la société civile dans le développement humain et social a d’autre part été renforcée, a dit le représentant. Le taux de fécondité des femmes marocaines a diminué, a indiqué le représentant en notant qu’il en était de même de la mortalité infantile. Le secteur dans lequel le Maroc se fait encore quelques soucis est celui de la mortalité maternelle, a-t-il relevé. Le taux de prévalence du VIH/sida est de 0,06%, a-t-il annoncé en déclarant cependant que le Gouvernement restait vigilant et mettait en place des mesures pour surveiller l’évolution. Revenant au Code de la famille qui accorde des mesures de protection à la femme et à l’enfant, il a dit que la Maroc avait signé et ratifié la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes de même que la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant. Le Maroc entretient d’excellentes relations de partenariats avec les institutions spécialisées des Nations, a dit le représentant en se félicitant des fruits de cette collaboration dans le domaine économique et social.
Mme JANE COTTINGHAM, Département de la santé reproductive de l’Organisation mondiale de la santé, a souligné le poids du fléau du VIH/sida sur la santé alors que l’on compte en 2004, 40 millions de séropositifs. Les femmes et les filles sont les premières victimes et représentent 57% des personnes atteintes dans l’Afrique subsaharienne. 76% des jeunes qui ont le VIH/sida sont des filles dans cette région. Elle a estimé que nous ne serons pas en mesure d’atteindre les OMD sans un accès universel aux programmes de santé génésique. Les services d’information sur la santé procréative et sur l’hygiène sexuelle sont essentiels. Elle a fait valoir l’action commune de l’OMS et ONUSIDA intitulée « 3 by 5 » dont l’objectif est de dispenser des médicaments anti-rétroviraux à trois millions de personnes d’ici à 2005. L’OMS fait sienne la déclaration d’engagement sur le VIH/sida de l'Assemblée générale d’août 2001. L’intervenante a insisté sur l’importance de la prévention, des soins, de l’aide et du traitement afin de réduire la vulnérabilité et les discriminations sociales et autres qui l’accompagnent.
Mme ADRIENNE GERMAIN, de l’ONG « Coalition mondiale pour la santé des femmes », a déclaré que l’accès aux soins de santé génésique devait devenir universel d’ici à 2015. Comme l’a rappelé le Secrétaire général dans ses rapports, les victimes de contamination par le VIH/sida sont de plus en plus des femmes, a dit la représentante. Les méthodes de prévention fondées sur la méthode ABC, qui mettent essentiellement en avant l’abstinence et la fidélité dans le couple, ne sont pas suffisantes, a-t-elle dit en reprenant les mots de Peter Piot, l’Administrateur du Programme ONUSIDA. Il faut assurer aux jeunes l’accès à l’éducation sur la sexualité, a dit la représentante en relevant que la féminisation de la pandémie démontre largement l’insuffisance des programmes préconisés à ce jour pour protéger les femmes et les filles. Il est nécessaire que la prévention touche désormais tous les sexes, a-t-elle estimé. Les programmes de sensibilisation devraient donc aller au-delà du seul VIH/sida et donner aux filles et aux garçons les informations dont ils ont besoin pour comprendre l’importance et les conséquences de leur sexualité. Il est nécessaire, a-t-elle poursuivi, que la communauté internationale accorde donc plus de ressources en faveur de la prévention et des soins du VIH/sida et de toutes les maladies sexuellement transmissibles.
M. TIMOTHEE GANDAHO, Directeur exécutif de l’organisation intergouvernementale « Partenaires pour la population et le développement », créée en 1994 lors de la Conférence internationale de la population et du développement, qui rassemble 21 pays en développement et qui se concentre sur la coopération Sud-Sud en matière de développement. Il a estimé que la planification familiale et les services de santé génésique, de même que la lutte contre la mortalité infantile et maternelle, l’accès universel à l’éducation contribuent à la lutte contre la pauvreté et à l’amélioration de la qualité de vie. Il a insisté sur les problèmes particuliers des PMA qui ne représentent que 753 millions d’habitants, soit 11% de la population mondiale, mais où sera concentré le quart de la croissance démographique mondiale entre 2005 et 2015. C’est pourquoi, il a souhaité que la communauté internationale accorde une assistance particulière à ces pays. Par ailleurs, il a également indiqué que son organisation tiendra une réunion sur le renouvellement des engagements de la Conférence internationale sur la population et le développement afin de réaliser les OMD, mercredi 6 avril de 13 h 15 à 14 h 45 en salle de conférence 7.
Contribution de l’application du programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement sous tous ses aspects à la réalisation des Objectifs de développement convenus au plan internationale,y compris ceux énoncés dans la déclaration du Millénaire
Présentant cette question, Mme HANIA ZLOTNIK, Directrice de la Division de la population, a déclaré que la Commission devrait adopter, au cours de cette session, un document qui sera soumis à la Réunion de haut niveau du mois de septembre, et qui portera sur la dimension des questions relatives à la population dans la réalisation des OMD. Selon les plus récentes études, la dimension démographique est un élément essentiel de la réalisation des programmes qui permettraient d’atteindre les OMD, a dit Mme Zlotnik.
Mme MARY BETH WEINBERGER, Chef de la Section de la population et du développement à la Division du même nom (DESA), a présenté le rapport relatif à la « Contribution de l’application du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement, sous tous ses aspects, à la réalisation des objectifs de développement convenus au plan international, y compris ceux énoncés dans la Déclaration du Millénaire ». Elle a relevé que le Programme d’action du Caire mettait l’accent sur les besoins des groupes les plus vulnérables de la population dans chaque pays dans les domaines liés à la reproduction, à la santé et au développement. Le Programme promeut d’autre part la participation égale des femmes et des hommes au développement et le partage des responsabilités entre les deux sexes dans tous les aspects de la vie familiale et communautaire, a-t-elle relevé. Le Programme d’action du Caire apporte d’autre part des recommandations concrètes concernant les processus et les partenariats à mettre en place pour atteindre ces objectifs, a ajouté Mme Weinberger. En conclusion, a-t-elle estimé, le Programme d’action ouvre des perspectives sur la manière dont devraient être relevés les défis au développement, aujourd’hui et dans l’avenir.
Composition du Bureau
En début de séance, la Commission avait procédé au renouvellement de son Bureau, dont la composition sera la suivante pour la 38e session: Président: M. Crispin Grey-Johnson (Gambie); Vice-Présidents: Mme Ewa Fratczack (Pologne) et MM. Oliver Chave (Suisse), Majdi Ramadan (Liban) et Alfredo Chuquihuara (Pérou). Il devait ensuite adopté trois documents portant sur l’ordre du jour provisoire et l’organisation des travaux de cette session.
Intervenants
Outre les représentants d’organismes cités ont également pris la parole les représentants des organismes suivants: Bureau du Haut Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), et l’organisation intergouvernementale « Partenaires pour la population et le développement », et la Coalition mondiale pour les femmes.
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* Les rapports et autres documents de cette session de la Commission de la population et du développement sont publiés sous les cotes E/CN.9/2005/1 à 9 et sont disponibles sur le site Web créé à cet effet par le Département des affaires économiques et sociales à l’adresse http://www.un.org/esa/population/unpop.htm.