LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN ET LA SÉCURITÉ COLLECTIVE AU MENU DES DEUX TABLES RONDES DE LA DEUXIÈME JOURNÉE DE LA 58ÈME CONFÉRENCE DPI/ONG
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Conférence annuelle DPI/ONG
matin et après-midi
LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN ET LA SÉCURITÉ COLLECTIVE AU MENU DES DEUX TABLES RONDES DE LA DEUXIÈME JOURNÉE DE LA 58ÈME CONFÉRENCE DPI/ONG
La priorité à accorder au développement humain et la sécurité collective étaient les thèmes des deux tables rondes de cette deuxième journée de la 58ème conférence annuelle du Département de l’information pour les organisations non gouvernementales (DPI/ONG).
Ce matin, la table ronde intitulée « Priorité au développement humain: la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement », était animée par Anwarul Chowdhury, Haut représentant des Nations Unies pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement. Des exposés ont été faits par: Diana Medman, Présidente du Russian Women’s Microfinance Network et Directrice d’AO Bioprocess (Russie); Liu Mingzu, Président de l’Agriculture and Rural Affairs Committee, Congrès national de la République populaire de Chine; Mamphela Ramphele, Coprésidente de la Commission mondiale sur les migrations internationales; et Salil Shetty, Directeur de la Campagne Objectifs du Millénaire, Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD, qui a présenté les grands axes de la campagne de sensibilisation à la réalisation des OMD. Il a notamment insisté sur le rôle de la société civile pour rappeler aux gouvernements leurs promesses et responsabilités. Regrettant que la communauté internationale consacre ces dernières années l’essentiel de ses efforts à la lutte contre le terrorisme, il a estimé urgent que l’on remette l’accent sur la lutte contre la pauvreté.
Cette table ronde a notamment été l’occasion de mettre en évidence le travail accompli par les ONG pour donner corps à l’appel de l’ONU en faveur du renforcement des campagnes nationales et internationales de mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement. Si Mme Medman a particulièrement évoqué le rôle du microcrédit pour lutter contre la pauvreté, promouvoir la création d’une classe moyenne et l’intégration de la femme à tous les niveaux en Russie, M. Mingzu a illustré les succès de la Chine en matière de réduction de la pauvreté.
Animée par la Procureur adjoint à la Cour pénale internationale, Fatou Bensouda, la table ronde de l’après-midi s’est notamment attachée à examiner le respect des droits de l’homme en tant que moteur de la paix, de la sécurité et du développement. Antonio Maria Costa, Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime; Gareth Evans, Président-Directeur général du International Crisis Group; Daniel Opande, ancien Général de corps d’armée du Kenya, ancien Commandant de la Force de la Mission des Nations Unies au Libéria et Hazuki Yasuhara, Coordonnateur international de Peaceboat ont fait part de leur point de vue sur le rôle du droit international et la mesure dans laquelle les gouvernements parviennent à dépasser leurs intérêts nationaux étroits pour coopérer en vue de renforcer le cadre mondial relatif aux droits de l’homme.
Mme Bensouda a estimé que seule une action aux niveaux international et local, combinée aux efforts de la société civile permettra de rassembler les ressources et d’obtenir les réformes institutionnelles nécessaires pour empêcher les violations des droits de l’homme. De son côté, M. Costa a souhaité que le Conseil de sécurité intègre les vues des ONG dans ses réflexions.
Enfin, M. Evans a dressé un sombre tableau des négociations en cours entre les États Membres sur la réforme des Nations Unies. Il a souhaité que le Secrétaire général prenne les choses en mains dans la petite période qui reste d’ici la semaine prochaine pour nous sauver du naufrage. Ancien Ministre des affaires étrangères de l’Australie, ce dernier a, par ailleurs, estimé que nous étions abandonnés par les diplomates et leur gouvernement, une situation dont nous ne pouvions pas nous satisfaire alors qu’une grande partie de la population mondiale vivait dans l’insécurité.
Demain, dans le cadre de la troisième et dernière journée de cette Conférence, sera organisé le matin de 10 à 11 heures en salle 4 un dialogue sur l’avenir de l’Organisation des Nations Unies, suivi de 11 heures à 12 h 45 de trois tables rondes se tenant respectivement dans les salles 4, 1, 5, et 6 sur les thèmes: « Comment bâtir un monde plus sûr », « Éliminer la pauvreté: de dates à respecter, des vies à sauver » et enfin « L’ONU et la société civile ». Après une table ronde à 15 heures en salle 4 sur le thème « Aucun répit jusqu'à 2015 », se tiendra la séance de clôture à 17 heures en présence du Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan.
PRIORITÉ AU DÉVELOPPEMENT HUMAIN: LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT
Déclarations
ANWARUL CHOWDHURY, Haut représentant des Nations Unies pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, a souhaité que la Conférence DPI/ONG devienne de plus en plus participative. Soulignant que la recherche d'une vie meilleure est une quête éternelle, il a rappelé qu'Aristote avait affirmé que toute organisation sociale doit être perçue au travers du bien qu'elle apporte à l'homme. Le développement humain doit permettre de sortir de la pauvreté et du dénuement. Il s'agit d'un développement axé sur l'homme, qui se concentre sur l'épanouissement des être humains, que ce soit dans les pays développés ou en développement, car des revenus élevés ne protègent pas contre des fléaux tels que la drogue ni la violence. Le développement humain doit écouter les voix des personnes qui ne sont habituellement pas entendues car elles doivent y participer et effectuer les choix qui les concernent, et non subir ceux imposés par d'autres.
La croissance économique ne doit pas constituer l'unique objectif, car c'est l'être humain qui doit bénéficier de toutes les activités de développement, a estimé M. Chowdhury. Les plus faibles doivent être réhabilités; le développement humain doit aussi faire participer les femmes; la participation démocratique doit dépasser la simple règle de la majorité afin de ne pas marginaliser les minorités; des normes minimales sociales doivent être garanties. L'effort est donc colossal, et il est très bien présenté à travers les Objectifs du Millénaire pour le développement. Le huitième Objectif concernant la mise en place d’un vaste partenariat pour le développement au niveau de la planète montre qu'il ne s'agit pas d'un effort national mais mondial. Ces Objectifs sont désormais connus universellement et ils encouragent les acteurs à s'engager à participer au développement de façon plus ciblée. Il s'agit donc d'un partenariat entre tous les acteurs à l'échelon international, national, avec une appropriation par les dirigeants locaux. Les organisations non gouvernementales (ONG) ont un rôle très important à jouer en matière de participation. M. Chowdhury a rappelé que le développement était un processus très long, mais que cela ne devait pas décourager les ONG d'y participer car elles jouent un rôle incontournable. Il a suggéré qu'elles mettent en place des réseaux et des bases de données, et qu'elles deviennent partie intégrante du processus intergouvernemental, évoquant le Comité de coordination. Le développement humain constitue le cœur de tous les efforts de développement, a-t-il conclu, évoquant notamment les pays les moins avancés.
Présentant la contribution du microcrédit au développement humain et à la lutte contre la pauvreté, DIANA MEDMAN, Fondatrice et Présidente du Réseau des femmes russes pour le microfinancement (RWMN) et Directrice de AO Bioprocess, a notamment mis l’accent sur la responsabilité sociale des entreprises. Elle a indiqué que AO Bioprocess était une des premières initiatives privées développées en Russie en visant à commercialiser le potentiel de recherche des scientifiques russes. Une société qui a eu ses premiers succès dans le domaine chimique au milieu des années quatre-vingt-dix. Elle a déclaré que la perestroïka s’était faite aux dépens des femmes qui étaient les premières victimes de la fermeture des grandes entreprises d’État et de l’affaiblissement du système social. Une situation qui l’a amenée à créer un réseau de femmes russes. Même si la mondialisation a eu des conséquences fâcheuses, a-t-elle ajouté, elle a permis à la Russie de s’intégrer à l’économie mondiale.
Elle a fustigé les démarches caritatives qui créent une mentalité de parasites parmi les bénéficiaires, alors que le microcrédit développe une attitude de responsabilisation. Elle a vanté les avantages du microcrédit, en rappelant que son organisation, RWMN, avait déjà octroyé 36 800 prêts depuis huit ans pour un montant de 44 millions de dollars. Avec un portefeuille de créance de 6,4 millions de dollars, le risque n’est que de 1%. Elle a précisé que RWMN était la deuxième institution de microfinancement en Russie, un pays où le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté était passé de 60% à 40% au cours des six dernières années. Elle a insisté sur la nécessité d’un microfinancement respectueux de la préservation de l’environnement en souhaitant le développement d’un cadre législatif plus propice au développement du microcrédit en Russie dans l’intérêt de la lutte contre la pauvreté. Elle a indiqué que le 1er décembre 2005, verra à Saint-Pétersbourg une cérémonie de récompense des initiateurs et promoteurs du microcrédit en Russie. En conclusion elle a insisté sur la contribution du microcrédit à l’économie russe dans son ensemble en améliorant la lutte contre la pauvreté, la promotion des classes moyennes mais aussi l’intégration des femmes dans toutes les sphères de la vie publique et privée.
LIU MINGZU, Président du Comité de l'agriculture et des affaires rurales du Congrès national de la République populaire de Chine, a indiqué que la République populaire de Chine avait progressé vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), et que le Gouvernement chinois respectait le principe de primauté de l'être humain. Toutes les couches de la société chinoise se sont mobilisées autour de ces objectifs, donnant un nouvel élan à leur réalisation. M. Mingzu a notamment évoqué le rôle joué par le secteur privé et par les ONG chinoises, ces dernières s'étant réunies en forum pour préparer la 58e Conférence annuelle entre les Nations Unies et les ONG. Les efforts menés en vue d'atteindre les Objectifs se sont déroulés sans heurts, a affirmé M. Mingzu, qui a notamment indiqué que la Chine a déjà atteint l'Objectif consistant à réduire de plus de moitié le nombre de pauvres. Il a également évoqué l'amélioration de la condition des femmes, la réduction de la mortalité infantile, le VIH/sida et l'environnement. Il a affirmé que la population chinoise vivait désormais mieux, même si des déséquilibres géographiques persistants n'avaient pas encore permis d'atteindre tous les Objectifs.
Le déséquilibre Nord-Sud et le terrorisme font obstacle au développement international, a-t-il encore affirmé. Tous les pays du monde doivent déployer davantage d'efforts pour parvenir au succès dans l'initiative historique que représentent les OMD, a-t-il souligné. Les pays en développement doivent davantage se réformer, tandis que les pays développés doivent créer des conditions économiques internationales plus favorables et verser 0,7% de leur PNB à l'aide publique au développement. M. Mingzu a appelé les Nations Unies à aider les États Membres à mettre en œuvre les OMD. Elles doivent guider les autres acteurs pour que tous fournissent des efforts conjoints. Les Nations Unies se situent à un carrefour crucial de leur histoire, et encourager la réalisation des OMD leur permettra de renforcer leur rôle à l'avenir. Les OMD influent directement sur la paix, la sécurité et l'environnement, a-t-il rappelé, et ils relèvent de la responsabilité de notre génération.
Dialogue avec l’auditoire
Répondant à une question sur les moyens d’encourager les États-Unis à réaliser les OMD, M. Mingzu a estimé que des dialogues tel que celui qui prenait place aujourd’hui dans le cadre de cette Conférence DPI/ONG était le meilleur moyen de sensibiliser tous les partenaires au développement à leurs responsabilités. S’agissant d’une question sur la santé en Chine, il a précisé que son pays accordait une grande attention à la santé publique. Tout en se félicitant de la qualité des infrastructures de santé dans les zones urbaines, il a reconnu des retards dans les zones rurales. Il a insisté sur les efforts de coopération de son pays avec tous les pays de la région asiatique dans le souci de mieux réaliser les Objectifs de développement notamment en matière de santé, d’éducation et de protection de l’environnement. Répondant à une question sur le développement des ONG en Chine, et notamment des organisations représentatives des femmes, il a indiqué que celles-ci existaient aux niveaux national et local et que les politiques mises en place tenaient le plus grand compte de leurs revendications.
Déclarations
MAMPHELA RAMPHELE, Coprésidente de la Commission mondiale sur les migrations internationales, a évoqué la cohérence politique dans le domaine du développement humain. Elle a rappelé que les migrations constituaient un lien dans la cohérence politique au sein d'un monde interconnecté. Chaque représentant d'ONG a un rôle à jouer pour que son gouvernement mette en œuvre la cohérence politique, laquelle constitue le lien qui fait défaut au développement durable. Les résultats du développement ne doivent plus être déconnectés d'autres tendances telles que les migrations, a-t-elle affirmé, citant également l'importance du capital humain, qui fait pourtant l'objet d'investissements insuffisants dans les pays développés comme en développement. Elle a rappelé que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) constituaient des objectifs minimalistes et sur une période très longue de quinze ans, et qu'ils ne seraient pourtant pas atteints faute d'efforts suffisants. Une plus grande cohérence politique est nécessaire aux niveaux international, national et local pour permettre une meilleure répartition de la mondialisation.
Mme RAMPHELE a ensuite déploré que les migrations ne figurent pas de façon satisfaisante dans les OMD, alors qu'elles peuvent avoir par exemple un impact sur la réduction de la pauvreté grâce aux transferts de fonds d'une partie du monde à l'autre. De même, les migrants ramènent leurs compétences dans leur pays, les migrations permettent aux femmes de sortir de leurs sociétés patriarcales et les pertes de personnel qualifié, parti travailler à l'étranger, sapent les efforts de développement de certains pays. Tout cela dénote un manque de cohérence politique et une incapacité à comprendre les corrélations entre l'immigration et d'autres domaines clefs. Mme Ramphele a donc jugé que les gouvernements devaient inclure les migrations dans les plans de développement. Prenant l'exemple de l'Afrique, elle a déploré que les pays donateurs fassent appel à leurs propres ressortissants pour mettre en œuvre les projets de développement. Elle a ensuite souligné le rôle des migrations dans la formation du capital humain, jugeant que les politiques devaient être plus cohérentes en vue de la réalisation des OMD. Aucun pays ne peut réussir si ses voisins ne réussissent pas, a-t-elle conclu, ajoutant que la réalisation de ces objectifs ne constituait qu'une première étape avant que tous puissent devenir citoyens du monde.
SALIL SHETTY, Directeur de la campagne des Objectifs du Millénaire (OMD), a insisté sur le rôle de la société civile de rappeler aux gouvernements leurs promesses et responsabilités. Il a cité des campagnes exemplaires de la société civile au Royaume-Uni, au Japon, au Brésil, ou en Inde ou encore en Italie, en insistant notamment sur la campagne de la société civile américaine intitulée « One Voice, One Goal » et dont l’Objectif est d’obtenir auprès du Gouvernement américain de décider d’accorder 1% du PNB des États-Unis à l’aide au développement. Il ne faut pas seulement parler entre nous mais sensibiliser l’opinion publique pour que l’objectif des 0,7% soit atteint, tout le reste étant complémentaire. À titre d’illustration des inégalités qui frappent les plus pauvres il a indiqué qu’un parcmètre gagnait plus d’argent en une heure que 70% de la population en une journée.
Par ailleurs, notant que la communauté internationale avait essentiellement consacré ses efforts à la lutte contre le terrorisme, il a estimé urgent que l’on remette l’accent sur la lutte cotre la pauvreté. Parmi les campagnes internationales de la société civile, il a cité la semaine du bracelet blanc ou encore la deuxième marche de la paix prévue le 11 septembre, des campagnes qui sont toutes présentées sur le site www.whiteband.org. Il a déclaré que la paix et le développement allaient main dans la main et a défini comme scandaleuses les subventions à l’agriculture des pays développés. Enfin, il a présenté des clips vidéo de sensibilisation à la réalisation des Objectifs du Millénaire rappelant la responsabilité des États Membres.
Dialogue
Mme Ramphele a estimé que les migrations forcées étaient le résultat de l'incohérence des migrations politiques. La plupart des gouvernements se sont engagés à respecter la Déclaration universelle des droits de l'homme, qui prohibe ce type de gouvernement, mais leurs politiques s'écartent de leurs engagements. En raison de l'interdépendance du monde, une coopération interétatique est nécessaire. Or, celle-ci ne fonctionne pas de façon satisfaisante. Mme Ramphele a notamment évoqué la traite des être humains et notamment des femmes. Un renforcement de la capacité des gouvernements est nécessaire afin qu'ils puissent agir et respecter les engagements pris dans le cadre des conventions internationales.
Répondant à une question sur la force de la voix des Nations Unies et à une autre sur les budgets militaires, M. Shetty a indiqué que de nombreux citoyens ne connaissaient pas le montant des dépenses militaires engagées par leurs propres gouvernements. Si ces citoyens sont informés, ils réagiront, a-t-il affirmé, ajoutant que les OMD appartiennent aux peuples et non à leurs gouvernements.
Répondant à une question portant sur le micro crédit en faveur des femmes, Mme Medman a indiqué avoir constaté que les petites entreprises font preuve d'un plus grand souci humaniste envers les femmes et qu'elles se comportent comme une famille.
Après avoir été interrogée sur l'impact des migrations, Mme Ramphele a expliqué que le monde étant interdépendant, les être humains migraient de plus en plus. Plus de 200 millions de personnes quittent chaque année leur pays pour plus d'un an. Il sera toujours impossible d'empêcher les personnes de quitter leur lieu de résidence si elles estiment y bénéficier de moins de chances. La « fuite des cerveaux » concerne tous les pays du monde, et il ne sera possible d'y remédier qu'en rendant les pays d'origine plus attractifs. Les citoyens doivent migrer par choix et non par contrainte. Mme Ramphele a cependant précisé que les migrations nourrissaient la diversité du monde. L'impact économique des migrations est évident car ce sont par exemple les migrations qui ont enrichi les États-Unis. Elle a rappelé que la pauvreté extrême n'existait pas que dans les pays les moins avancés, mais aussi dans les pays développés. Les mesures politiques ne manquent pas, mais leur mise en œuvre fait défaut. Il revient donc à la société civile d'exiger des gouvernements qu'ils respectent les engagements qu'ils ont souscrits au nom de tous leurs citoyens. Répondant ensuite à une question sur le tabac, elle a appelé les gouvernements à prendre leurs responsabilités et à agir. Même si le secteur privé promeut le tabac avec des moyens financiers très importants, la société civile peut vaincre en unissant toutes ses voix.
Un participant ayant demandé comment faire connaître les OMD aux jeunes, notamment américains, M. Shetty a indiqué que des vidéos intégrant des personnalités célèbres avaient été envoyées aux médias qui les diffusaient. Il a évoqué un partenariat avec une chaîne pour enfants qui enseigne les OMD dans les écoles et les lycées. Les OMD commencent également à être évoqués sur des campus universitaires. Il revient aux représentants des ONG d'agir en ce sens une fois de retour dans leur pays. Répondant ensuite à une question demandant comment établir un lien entre les OMD et les handicapés, il a relevé que les résultats du Bengladesh en matière d'OMD étaient meilleurs que ceux de l'Inde, alors même qu'il s'agit d'un pays plus pauvre. La richesse est donc moins importante qu'une politique bien ciblée, a-t-il conclu.
SECURITÉ COLLECTIVE: LES PRIORITÉS DE LA SOCIÉTÉ CIVILE
Déclarations
FATOU BENSOUDA, Procureur adjoint à la Cour pénale internationale, a rappelé que l’Organisation des Nations Unies avait été créée en 1945 pour protéger les générations futures du fléau de la guerre, en partant de l'hypothèse que celle-ci opposait des nations. Or aujourd'hui, les plus grandes menaces qui pèsent sur la sécurité collective ne proviennent pas des États car la nature des conflits a évolué vers une nature interne, ces nouvelles manifestations ont pris les formes de guerres civiles, génocides, terrorisme, etc. Des phénomènes tels que la pauvreté ou le VIH/sida entrent désormais aussi en jeu et représentent des menaces pour la paix et la sécurité collectives. Un consensus doit se dégager sur la nature des menaces et la façon de les combattre. Nous partageons tous la même responsabilité en ce qui concerne les menaces, a-t-elle affirmé, et nous devons faire progresser le développement et les droits de l'homme de façon parallèle à la sécurité. L'accent doit être mis sur les individus.
L’intervenante a ensuite évoqué les conflits qui ont appauvri plusieurs pays africains, fait de nombreuses victimes parmi les civils, et été le cadre d’enlèvements d'enfants. La communauté internationale doit réagir à ces violations massives des droits de l'homme, notamment en s’y attaquant par le biais de la prévention. Des réformes institutionnelles sont donc nécessaires et la prévention doit être intégrée dans les politiques de tous les gouvernements. De plus, ceux-ci doivent comprendre qu'ils ne peuvent agir seuls. Une action concertée est donc nécessaire, et elle doit associer les organisations non gouvernementales et la société civile, dont les gouvernements doivent reconnaître le rôle. Lorsque la prévention échoue et que des violations sont commises, la justice joue un rôle très important pour garantir la paix. Les États doivent donc juger les auteurs de crimes, avec l'appui des ONG.
Le caractère officiel de l'auteur d'un crime ne le protège nullement, a rappelé Mme Bensouda, avant d'expliquer que la Cour pénale internationale a compétence si les institutions d’un État n'en sont pas capables. Elle intervient notamment dans le cadre des génocides, contribuant ainsi à ce que de tels crimes ne se reproduisent pas. Cependant, la Cour ne peut agir seule et elle a donc besoin du soutien de tous les États Membres, ainsi que de la coopération des États où elle intervient. En effet, la Cour présente l'originalité d'être une instance pénale qui n'est associée à aucune nation particulière. Elle doit donc coopérer avec l'État où elle intervient et s'appuyer sur la société civile. Toutes les parties prenantes doivent donc continuer à travailler ensemble.
GARETH EVANS, Président-Directeur général de l’ONG International Crisis Group, a déclaré que le Sommet du 60ème anniversaire représentait notre plus grande chance de changer les choses. Celui qui a également été Ministre des affaires étrangères de l’Australie a reconnu le risque que ce Sommet se traduise uniquement par des déclarations générales des États n’engageant rien ni personne. Il a noté une certaine opposition à toute directive qui pourrait limiter la liberté de mouvement du Conseil de sécurité et des États-Unis en ce qui concerne la possibilité de recours à la force. En outre, il a souligné l’importance de parvenir à une définition du terrorisme dans le souci de protéger les civils sans défense. Il s’est inquiété du fait qu’aucun accord n’est perceptible en ce qui concerne les questions relatives à la production des armes nucléaires ni aux essais de ce type d’armes. Après les problèmes rencontrés par le Traité de non-prolifération (TNP), a-t-il ajouté, on s’approche d’un risque de véritable cascade de prolifération d’armes nucléaires.
Le seul texte agréé est très général et très positif mais sans aucun engagement, a-t-il déclaré en précisant que même si l’idée de la création d’une commission de consolidation de la paix avait été acceptée, aucun accord n’était intervenu sur la structure et le modus operandi de cet organe. Par ailleurs, il y a une lutte féroce d’une quinzaine de pays qui bloquent toute tentative de s’entendre sur un nouveau conseil des droits de l’homme. L’intervenant a également regretté l’état des négociations relatives au changement du système de veto en raison de la politique intra-africaine. Il a dressé un sombre tableau du processus de négociations en cours pour réformer les Nations Unies en regrettant que comme d’habitude aucun interlocuteur ne paraisse préparé à traiter ce projet dans son ensemble et que tous se limitent à défendre des intérêts étroits.
Tout en saluant la volonté des États-Unis de rendre l’ONU plus efficace notamment en réformant l’aspect droits de l’homme, il a regretté que ce pays reste hostile à de nombreux principes en matière de développement. À cet égard, il a fustigé les 450 à 750 amendements déposés par le nouvel Ambassadeur des États Unis au projet de document final, entraînant selon lui une situation ou nous avons très peu de chance aujourd’hui que ce projet de texte actuellement de 45 pages, soit adopté.
C’est pourquoi, il a souhaité que le Secrétaire général, qu’il sait très occupé par le rapport Volcker, prenne les choses en mains dans la petite période qui reste d’ici la semaine prochaine pour « nous sauver du naufrage ». Nous sommes abandonnés par les diplomates et leurs gouvernements, a conclu l’ancien Ministre des affaires étrangères, en estimant que nous ne pouvions pas nous satisfaire de cette situation alors qu’une grande partie de la population mondiale vit dans l’insécurité.
DANIEL OPANDE, Général de corps d’armée du Kenya, ancien Commandant de la Force de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL), a souhaité rendre hommage à John Garang, Vice-Président et Chef de l'opposition du Soudan, décédé en août dernier. Il a insisté sur la dualité des troubles internes au Soudan: troubles au Darfour et maintien du processus de paix entre nord et sud du pays. Les intérêts sécuritaires et de garanties humanitaires doivent être traités par la communauté internationale, a-t-il affirmé, soulignant le potentiel de violence réapparu depuis la mort de John Garang. Le Soudan souffre de l'approche fragmentée et partielle des partenaires internationaux, a-t-il ajouté, soulignant que sécurité internationale et aide humanitaire sont liées. Pendant longtemps, en matière d’aide humanitaire, les préoccupations se sont concentrées sur l'accès des populations à des ressources adéquates. Cependant, la possibilité subsiste que les intérêts stratégiques du pays contribuent à l'instabilité actuelle au lieu d'aider à résoudre les problèmes. Ces intérêts peuvent contribuer à la poursuite du conflit dans le cadre d'un processus de paix assez fragile. L’intervenant a souligné que les pays voisins jouaient aussi un rôle dans la situation, affirmant que la communauté internationale ne s'attaquait pas de façon adéquate au problème.
Il a ensuite estimé que certains efforts internationaux compromettaient les possibilités de stabilité. Il ne faut pas persister dans la voie de volets multiples, mais traiter en même temps le Darfour et le conflit entre nord et sud du Soudan, a-t-il déclaré, le pays doit être conçu comme un ensemble et non divisé en régions. Une démarche globale pourrait s'appuyer sur une série d'objectifs définis à partir des besoins du Soudan, et non du prestige international auquel fait référence le Nouveau plan d'action pour le Soudan. Les civils doivent être protégés au Darfour, un processus de paix doit être lancé et tout nouveau conflit doit être prévenu. Un Soudan stable permettrait de compenser les influences négatives émanant d'autres lieux dans la région.
ANTONIO MARIA COSTA, Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, a indiqué que son exposé était structuré en trois parties: tout d’abord des observations générales sur les ONG; ensuite, pourquoi nous avons besoin de la société civile; et enfin; la question générale de la sécurité collective. Il a notamment mis l’accent sur l’importance de la contribution de la société civile aux actions de prévention en matière de lutte contre la drogue et le crime, ceci alors que les États ont tendance à mettre l’accent sur la répression. Faisant sienne une intervention de Paul Volcker hier au Conseil de sécurité, il a noté qu’aucune nation ou groupe de nations n’avait la légitimité de l’Organisation des Nations Unies en matière de sécurité collective. C’est pourquoi, il a souhaité que le Conseil de sécurité intègre les ONG dans ses réflexions compte tenu de leur compétence en matière de prévention et de lutte contre la criminalité. Il a insisté sur l’importance de la contribution des ONG dans tous les domaines de la lutte contre la criminalité regrettant notamment le manque de dynamisme de la lutte contre la traite des êtres humains. Il a illustré ses propos par la projection de plusieurs vidéocassettes réalisées pour sensibiliser à la lutte contre la traite des êtres humains grâce à la contribution des ONG. Notant que le crime et la drogue tuaient plus que les armes de destruction massive, il a déclaré que les activités de l’ONUDC répondaient à des problèmes au centre des préoccupations de l’homme de la rue.
HAZUKI YASUHARA, Coordonnatrice internationale de Peaceboat, a indiqué que cette ONG japonaise organise des voyages éducatifs pour promouvoir la paix, les droits de l'homme, la protection de l'environnement et le développement durable. En tant que jeune activiste, elle a souligné l'importance de créer une unité et une puissance qui soient à même de changer le monde de façon positive. Elle a expliqué avoir assisté à la Conférence des parties au Traité de non-prolifération nucléaire cette année, aux côtés de nombreux autres jeunes. Nous étions préoccupés par la vie de chacun et non par des considérations politiques ou des luttes de pouvoir, a-t-elle souligné. La forte présence des jeunes à cette conférence était encourageante et leur prise de conscience est cruciale car ils sont la dernière génération qui est en mesure de recueillir le témoignage des survivants des attaques nucléaires contre Hiroshima et Nagasaki. L'abolition de l'arme nucléaire est possible si les politiques s'en donnent l'occasion. Cependant, a-t-elle poursuivi, nous avons été frustrés en raison de la lenteur des actions et des procédures ainsi que des progrès peu encourageants. Certains pays considéraient la question comme relevant d'une lutte pour le pouvoir et de leurs intérêts nationaux, tandis que les ONG envisageaient la question sous un angle moral, éthique et humanitaire, liant les enjeux à la vie humaine. Cette division entre deux camps m'a frappée non seulement en ce qui concerne la question nucléaire, mais aussi concernant toutes les autres questions que nous allons devoir résoudre, a dit l’intervenante. La poursuite des intérêts nationaux de pouvoir et de sécurité prend le pas sur les besoins humains et la sécurité. La voix des peuples n'est pas entendue correctement et les décisions sont prises sans réelle considération de leurs besoins.
Mme YASUHARA a ensuite évoqué une croisière éducative organisée par Peaceboat en Corée du Sud, en Chine et au Japon, pour rappeler les ravages de la guerre entre ces nations. Les échanges entre peuples peuvent aboutir à la compréhension, voire même à la réconciliation, a-t-elle constaté, et contribuer à réduire les tensions nées de l'interaction au niveau uniquement politique. Je pense que l'avenir de l'espèce humaine dépend de la manière dont nous apprécions les problèmes sur le plan humanitaire. Les intérêts nationaux échouent souvent à prendre en compte les besoins réels des êtres humains. Si nous disons que nous faisons de notre mieux, a-t-elle lancé, comment pouvons-nous laisser mourir de faim des milliers de réfugiés en Afrique alors que nous avons à manger et à boire en abondance? Comment pouvons-nous laisser des gens mourir de maladies alors que ceux qui en ont les moyens peuvent se faire soigner? L'injustice existe et nous devons maintenant y remédier et introduire le concept de sécurité centrée sur l'être humain. La sécurité doit être promue selon une perspective humanitaire, le droit international doit être respecté et la notion de sécurité humaine développée. La sécurité collective doit être basée sur une perspective humanitaire, a-t-elle insisté, et ce changement doit constituer une priorité lors du Sommet qui débute la semaine prochaine.
Mme YASUHARA a conclu en rappelant que le Japon avait une constitution de paix, dont l'article 9 renonce à la guerre et à l'utilisation de la force comme moyen de résoudre les conflits internationaux. L'usage de la force ne nous protège pas, il ne peut que miner le bien-être de l'humanité, a-t-elle prévenu. Les armes peuvent être utilisées par un agresseur pour légitimer faussement son action au nom de la liberté. Elle a ensuite évoqué les souffrances subies par les habitants d'Okinawa à cause de la base militaire américaine locale, prouvant que la sécurité miliaire porte atteinte aux droits de l'homme avant même d'être utilisée. Citant enfin le prix Nobel japonais Kenzaburo Oe, elle a estimé que la constitution japonaise constitue un appel émanant de ceux qui ont assisté à la destruction dévastatrice, et que la philosophie de cet article devrait être adoptée pour la conduite de la société internationale.
Dialogue avec l’auditoire
Répondant à une question sur les moyens de faire entendre la voix de la société civile afin d’éviter un échec des négociations en cours, M. Evans, Président-Directeur général du International Crisis Group et ancien Ministre des affaires étrangères de l’Australie, a suggéré la rédaction d’une résolution par les ONG disant leur mécontentement par rapport à l’inefficacité des diplomates. Il a également suggéré aux représentants de la société civile de s’adresser aux représentants de leurs gouvernements.
Répondant à une question sur l’insuffisance des ressources octroyées au continent africain, Daniel Opande, a expliqué que les problèmes constatés sur le terrain n’étaient liés qu’à une absence de volonté politique de la communauté internationale.
En ce qui concerne les moyens de faire face à la traite des êtres humains, M. Costa a indiqué qu’un Protocole à la Convention sur la lutte contre la criminalité organisée avait été ouvert à la signature concernant particulièrement la lutte contre ce fléau. Néanmoins, il a regretté que ce Protocole souffrait d’un manque d’adhésions et d’une traduction insuffisante dans les législations nationales. Il a indiqué à titre d’illustration que certains pays ne prévoyaient que de faibles sanctions contre les trafiquants.
Par ailleurs, M. Evans a expliqué les difficultés de parvenir à une définition du terrorisme du fait des difficultés liées au fait que certains avancent la légitimité de la lutte de libération nationale tandis que d’autres mettent l’accent sur le terrorisme exercé par les États. Il a souhaité que l’on ne fasse pas porter aux Nations Unies la responsabilité de l’échec possible des négociations en cours, qui n’est le fait que d’une minorité de pays.
Répondant à une question sur les procédures judiciaires relatives au trafic d'êtres humains, M. Costa a expliqué que le Protocole n'abordait pas cet aspect mais qu'il était envisagé de mettre au point une procédure. La procédure commence avec la communication d'un cas et sa dénonciation, et rarement avec une procédure policière. Il a expliqué que les victimes potentielles regardaient souvent des feuilletons, notamment en Amérique latine. Ces téléspectateurs rêvent d'une vie meilleure ailleurs. Les feuilletons peuvent être un vecteur efficace pour avertir ces victimes potentielles des dangers qui les guettent.
Interrogée au sujet d’une capacité nucléaire d’Israël, qui n'est pas partie au Traité de non-prolifération nucléaire, Mme Yasuhara a estimé qu'il existait une politique de « deux poids deux mesures » en matière de prolifération, menée notamment par les États-Unis, et qu'il fallait y mettre un terme. Les négociations semblent ne pas avancer mais elles produiront leurs fruits à long terme, et nous pouvons envisager de créer une zone sans armes nucléaires au Moyen-Orient. Répondant ensuite à une question sur la possibilité d'un monde libéré du péril nucléaire, elle a estimé qu'il fallait adopter des mesures, ce qui n'était possible que dans un cadre pacifique. Elle a indiqué qu'une interaction régionale et à la base lui semblait indispensable.
Sollicité pour évoquer le blocage des négociations relatives au Sommet de septembre, M. Evans a jugé qu'une personnalité telle que le Secrétaire général des Nations Unies devait réunir tous les États Membres pour mettre au point un projet de document final faisant l'objet d'un consensus. Dans le cas où aucun consensus ne se dégagerait, il devrait élaborer, en accord avec le Président de l'Assemblée générale, un document reflétant le sentiment général et le mettre aux voix, voire le déclarer comme faisant l'objet d'un consensus en laissant à certains États le soin d'exprimer leur désaccord. Le Président de l'Assemblée générale n'a pas fait preuve de beaucoup d'audace jusqu'à présent, a affirmé M. Evans, mais un tel document doit être mis au point car dans le cas contraire, nous assisterons à une débâcle. Une de ces solutions sera adoptée car une certaine panique a commencé à s'emparer des personnes responsables de ce document, ce qui va les forcer à agir enfin.
Interrogé sur la destruction des armes qui existent déjà, Daniel Opande a indiqué que de telles opérations avaient déjà été mises en œuvre. Par ailleurs, il a affirmé que les jeunes devaient prendre conscience que les armes détruisent leur propre avenir.
Sollicité sur le sujet du trafic de drogue, M. Costa a reconnu que certaines personnes se demandaient si la répression des drogues ne faisait pas qu'augmenter leur prix. Rappelant que la consommation de drogue ne concernait que 1 % de l'humanité, il a fait remarquer que son incidence était donc très limitée et concernait très peu l'Afrique et l'Amérique latine, pour toucher essentiellement les pays développés, ce qui montre que la répression a son utilité. Le tabac tue 5 millions de personnes chaque année dans le monde, l'alcool en tue 2,5 millions et les drogues en tuent moins puisque seulement 1% des êtres humains en consomment. Si elles étaient disponibles librement, les drogues développeraient une proportion de toxicomanie identique à celles du tabac et de l'alcool. Il a ensuite expliqué que les gouvernements essayaient de rendre impossible la vie aux fumeurs, car il n'est pas possible d'interdire complètement le tabac. Ce produit représente un grave problème de santé, dont la nocivité est connue depuis deux cent ans. Il est donc curieux que certains se demandent s'il ne faudrait pas autoriser les drogues, a remarqué M. Costa. Il a précisé que si la répression du crime lié à la drogue coûte cher, la prise en charge des soins de santé qui seraient nécessaires si la drogue était en vente libre serait également très coûteuse. Il a ensuite évoqué le rôle des chanteurs, craignant que la tendance de certains à vanter les mérites de la drogue depuis peu pousse la consommation à la hausse.
Interrogée sur le rôle des femmes dans le processus de paix au Soudan, Daniel Opande a affirmé qu'elles avaient fait entendre leur voix en faveur de la paix. Il a notamment évoqué le rôle des femmes au Darfour, qui ont besoin du soutien de la communauté internationale.
À une question demandant si à son avis les États-Unis veulent démanteler les Nations Unies, M. Evans a répondu qu'il pensait que ce n'était pas le cas. Mais le Gouvernement américain souhaite que les Nations Unies fassent ce qu'il veut, a-t-il affirmé. Il a cependant relevé un certain changement dans l'attitude de ce pays, y compris chez les néo-conservateurs, depuis quelques mois. L'Ambassadeur américain auprès des Nations Unies, M. John Bolton, a demandé tellement de choses qu'il va bien devoir reculer au cours du Sommet, a-t-il déclaré. Citant Bill Clinton, M. Evans a estimé qu'un monde meilleur pouvait être créé si les États-Unis utilisaient leur force en ce sens et non uniquement dans le but d'être les plus forts.
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