FEM/1517

LES EXPERTS REGRETTENT LE MANQUE DE VISION POLITIQUE ET DE PROGRÈS DE LA GAMBIE EN MATIÈRE DE PROMOTION DE LA FEMME

15/07/2005
Communiqué de presse
FEM/1517


Comité pour l’élimination de la

discrimination à l’égard des femmes

697e & 698e séances – matin & après-midi


LES EXPERTS REGRETTENT LE MANQUE DE VISION POLITIQUE ET DE PROGRÈS DE LA GAMBIE EN MATIÈRE DE PROMOTION DE LA FEMME


La Présidente du Comité souligne l’urgence

d’un plan d’action assorti de statistiques et de données chiffrées


Examinant la situation de la femme en Gambie, qui a ratifié la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes en 1992, les experts du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes ont déploré le peu d’avancées réalisées dans le pays en vue d’atteindre l’égalité entre hommes et femmes.  Le problème de la prédominance de la religion sur la politique a été souligné pendant les débats, la charia étant souvent invoquée par la délégation gambienne pour expliquer le manque de progrès en matière de promotion de la femme.


Récapitulant les échanges de la journée, la Présidente du Comité et experte des Philippines, Mme Rosario G. Manolo, a regretté l’absence de vision politique du Gouvernement gambien pour assurer l’égalité entre les hommes et les femmes.  Notant l’absence de mesures pour lutter contre les stéréotypes et pour corriger les discriminations, elle a souhaité que le prochain rapport de la Gambie soit l’occasion de présenter un véritable plan d’action assorti de données chiffrées sur l’ensemble des domaines de la vie publique et privée.


Le Chef de la délégation de la Gambie, M. Bai Mass Taal, Secrétaire d’état à la pêche et à l’eau, a estimé qu’il y avait deux Gambie, celle que juge le Comité, et celle que lui-même connaît.  Il a invité le Comité à envoyer un groupe de chercheurs en Gambie pour constater que la violence domestique et le harcèlement sexuel n’existent pas.  Il a estimé que la polygamie ne signifiait pas que les femmes étaient malheureuses.  Il s’est félicité de la mise en place du Bureau et du Conseil National des Femmes ainsi que d’un réseau de points focaux sur l’égalité réunissant des représentants des ministères et des organismes de la société civile.  Avant la clôture de la réunion, il a assuré le Comité que les commentaires des experts serviraient de plan de route pour améliorer la promotion de la femme en Gambie.  Il s’est engagé à ce que la présentation du prochain rapport de mise en œuvre de la Convention soit l’occasion de constater 100% de progrès en Gambie.


Si l’article 33 de la Constitution de 1997 interdit la discrimination fondée sur le sexe, plusieurs experts ont regretté que cette assurance ne s’applique pas aux lois régissant l’adoption, le mariage, le divorce, les funérailles, la succession ou autres droits des personnes.  Si l’experte de la Croatie a demandé des mesures pour assurer l’égalité entre les hommes et les femmes en matière de mariage, celle de Singapour, s’est inquiétée de la persistance de la polygamie en rappelant au Gouvernement ses responsabilités visant à abolir toutes les pratiques traditionnelles discriminatoires.  D’autres encore se sont interrogés sur la pertinence de quatre formes de mariages officiels : chrétien, musulman, civil et coutumier.


En outre, l’experte de la Jamaïque a souligné l’urgence d’une loi sur la violence au foyer, alors que celle du Bénin a regretté l’absence de loi permettant à la femme de signer un contrat, de gérer ses biens, de choisir son domicile.  Notant l’enracinement de la discrimination dans les coutumes, les traditions et les mentalités, elle a regretté l’absence de mesure dans le domaine des articles 15 et 16 de la Convention relatifs respectivement à la capacité juridique de la femme en matière civile et à sa place dans les rapports familiaux.


A cet égard, l’experte de la France a estimé que la loi était un élément décisif du changement des mentalités.  Elle a jugé urgente l’adoption de lois et d’actions favorisant l’éducation des filles dans un pays où le taux d’analphabétisme des femmes est des plus élevés.


Le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes et ses 23 experts poursuivront leurs travaux lundi 18 juillet à 10 heures avec l’examen du rapport initial de la République Populaire Démocratique de Corée (CEDAW/C/PRK/1).


EXAMEN DES RAPPORTS PRÉSENTÉS PAR LES ÉTATS PARTIES EN APPLICATION DE L’ARTICLE 18 DE LA CONVENTION SUR L’ÉLIMINATION DE TOUTES LES FORMES DE DISCRIMINATION À L’ÉGARD DES FEMMES


Rapport initial de la Gambie, deuxième et troisième rapports périodiques combinés (CEDAW/C/GMB/1-3)


La République de Gambie a ratifié la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes le 1er décembre 1992.  Aux termes de la Convention, le rapport initial de la Gambie devait être terminé le 16 mai 1994.  En 1993, la Gambie comptait remettre un premier rapport mais s’est heurtée à des difficultés administratives.  Le présent rapport combine donc le rapport initial et les deuxième et troisième rapports qui, selon la Convention, sont tous dus.


L’analyse de la position socioéconomique des femmes doit être envisagée à travers le filtre du sous développement général du pays, la Gambie occupant la 148e place dans l’indicateur du développement humain établi pour 162 pays par le Programme des Nations Unies pour le développement en 2001.  La Gambie a ratifié la Convention en 1992 mais la reconnaissance des problèmes spécifiques de la femme remonte à 1980, lorsque les autorités du pays ont créé le Conseil national des femmes et son Bureau (loi No 9 de 1980, portant création du Conseil national des femmes).


Aujourd’hui, malgré des avancées notables, les droits des femmes demeurent non respectés dans plusieurs domaines.  La société reste dominée par les hommes et les femmes sont toujours les plus pauvres et les moins éduquées.


-        La participation des femmes à la vie publique et politique reste limitée par leur structure sociale traditionnelle.


-        Les femmes rurales, notamment, ont un accès limité à l’éducation et l’économie.  L’impossibilité pour la femme rurale d’acquérir des terres limite son accès au crédit dans les institutions financières classiques. Elles ont pour seule marge d’action les secteurs à faible revenu, tels que les cultures ou le commerce à petite échelle, en raison du faible accès à l’éducation.


-        Dans le domaine du droit de la famille, les femmes sont encore forcées à se marier, malgré la protection de la Constitution et les mariages précoces restent monnaie courante.  Des filles en âge de scolarité sont ainsi forcées à se marier, grossissant ainsi le nombre des filles analphabètes ou partiellement éduquées.

-        L’accès aux services de planification de la famille dépend encore du consentement des partenaires masculins car la plupart des femmes ne sont pas assez émancipées pour choisir librement une contraception.


-        Pour les femmes d’un niveau scolaire supérieur, il n’existe pas de système de prise en charge des petits enfants qui leur permettrait d’assumer une véritable carrière professionnelle.  Cette lacune limite dans la pratique leur présence dans le monde professionnel car elles finissent par abandonner leur emploi pour se consacrer à leur famille.  Le congé de maternité reste très court et très mal conçu.


Les défis sont énormes et pour alléger le sort des femmes conformément aux termes de la Convention, les actions positives suivantes seront entreprises:


1. Les femmes seront encouragées à unir leurs efforts au sein de groupes de pression et de sensibilisation afin d’influencer toutes les politiques au plus haut niveau.


2. Les femmes seront sensibilisées au contenu du plan de politique nationale pour la promotion des femmes, afin d’assurer que cette politique soit appliquée le plus rapidement possible.  Le Conseil national de la Femme et son Bureau veilleront à ce que les stratégies dégagées par cette politique soient effectivement appliquées.  Il s’agit là de traiter tous les problèmes concernant la femme dans le cadre de la Convention.  La politique nationale constitue une mesure positive déterminante, entreprise à l’échelon du pays, en application des engagements pris dans le cadre de la Convention.


Présentation par l’Etat partie


M. BAI MASS TAAL, Secrétaire d’Etat à la pêche et à l’eau, a affirmé que des progrès importants avaient été effectués par la Gambie quant à l’application de la Convention mais il a reconnu qu’il restait encore beaucoup à faire pour améliorer le statut des femmes en Gambie.  Pour la première fois de l’histoire de la constitution du pays, la définition de la discrimination a été élargie à la discrimination envers les femmes en 1997.  Il a rappelé que des structures comme le Bureau National des Femmes et le Conseil National des Femmes avaient été mises en place avant même la ratification de la Convention en 1992.  Un réseau de point focaux sur l’égalité réunissant des représentants des ministères et des organismes de la société civile a également été mis en place.


Il a cité les différents domaines dans lesquels la Gambie a fait des efforts en vue d’améliorer la condition des femmes, parmi lesquels l’éducation.  En effet, le Gouvernement a créé des écoles où l’on encourage la scolarisation des filles.  Des écoles publiques gratuites ont également été ouvertes pour que les familles pauvres puissent y envoyer leurs fillettes.  L’objectif est d’améliorer l’éducation des filles afin de leur permettre d’accéder à l’emploi.


Dans le domaine de la santé, la politique nationale lancée en 2001 et destinée à réduire la mortalité des mères et des bébés a été élargie à de nombreuses communautés, et des spécialistes de la naissance traditionnelle ont été formés pour être plus attentifs à la santé de la mère.  La mortalité maternelle est passée de 1 050 pour 100 000 naissances en 1990 à 730 pour 100 000 naissances en 2001.  La mortalité infantile est passée de 92 pour 1000 naissances en 1990 à 84 pour 1000 en 2001.  L’utilisation de moyens de contraception modernes a augmenté et est passé de 6,7% en 1990 à 13,4% en 2001.


Dans le secteur économique, il a rappelé que les femmes représentent aujourd’hui la moitié de la population active et qu’elles sont les principales productrices de riz.  Le Secrétaire d’état a affirmé qu’aujourd’hui, les femmes occupent le quart des postes de direction dans le pays et a rappelé que le Vice Président de la République de Gambie est une femme.


Tout en admettant que des avancées sont encore nécessaires envers les femmes rurales, le chef de la délégation gambienne a affirmé que dans la structure administrative rurale, des femmes ont, pour la première fois, été élues chefs de village au cours de ces 5 dernières années.


En ce qui concerne la législation, la Gambie a inclus dans ses lois les textes de loi internationaux qu’elle a ratifiés.  La Constitution stipule notamment le droit des femmes à être sur un pied d’égalité avec les hommes dans les domaines politique, économique et social.


Enfin, il a signalé au Comité que cette année, l’Assemblée nationale de la Gambie a ratifié Le Children’s Act, qui punit le trafic d’enfants et définit pour la première fois ce qu’est un enfant et prévient les mariages d’enfants et l’abus des enfants.  Il interdit aussi les pratiques traditionnelles qui affectent la santé, la dignité, la croissance et le développement d’un enfant.


Il a conclu en admettant qu’il fallait notamment que la Gambie avance pour intégrer l’article 5 de la Convention dans ses textes de loi.  Si le pays ne le fait pas, cela signifiera que les femmes resteront dominées par les hommes.


Questions des experts et dialogue du Comité


Mme DUBRAVKA ŠIMONOVIC, experte de la Croatie, a regretté que l’article 33.4 qui interdit la discrimination relative au sexe ne s’étende pas à des domaines comme l’adoption, le mariage, le divorce, la succession et d’autres domaines relatif au droit des personnes.  Elle a demandé quels organismes assuraient le suivi des commentaires et des conclusions de la Convention.


Tout en se félicitant que la Gambie ait ratifié le Protocole des femmes africaines de la Charte africaine des droits de l’homme, M. CORNELIS FLINTERMAN, expert des Pays-Bas, a regretté que cette ratification soit intervenue avec trois réserves portant respectivement sur les pratiques nuisibles, la séparation relative au divorce et le droit de succession.


Mme NAELA MOHAMED GABR, experte de l’Égypte, a contesté l’argumentation selon laquelle l’islam pouvait être un frein ou un obstacle à la réalisation des droits de la femme en citant l’exemple de nombreux pays islamique qui avaient très bien su mettre en œuvre la Convention.  Elle a souligné la nécessité pour la Gambie d’adapter sa législation aux impératifs, buts et objectifs de la Convention.  Elle a demandé des précisions sur les actions que le Gouvernement souhaitait entreprendre pour lutter contre le phénomène de la mutilation génitale.


Mme FRANÇOISE GASPARD, experte de la France, s’est interrogée sur les raisons de la persistance de fortes contradictions en Gambie en matière de parité entre les sexes plus de 10 ans après ratification de la Convention.  Tout en saluant l’introduction dans la Constitution de l’interdiction de la discrimination fondée sur le sexe, elle a estimé contradictoire la tolérance de pratiques discriminatoires d’essence coutumière ou religieuse dans le domaine civil.  Rappelant que l’égalité entre les hommes et les femmes était un facteur de développement, elle a demandé quels obstacles s’opposaient encore aujourd’hui à l’introduction de législations permettant d’avancer en matière d’égalité.


Mme FUMIKO SAIGA, experte du Japon, a exhorté le Gouvernement de la Gambie à faire des propositions concrètes en matière de révision des lois, pour en supprimer les dispositions les plus discriminatoires.


Mme HEISOO SHIN, experte de la République de Corée, a invité la Gambie à commencer à relever toutes les pratiques discriminatoires existantes.  Elle a demandé des précisions sur le fonctionnement de la Commission de révisions de la loi, en insistant sur l’urgence de mettre un terme à des pratiques comme les mutilations génitales.


Notant que plus de 70% des femmes gambiennes étaient rurales, Mme SALMA KHAN, experte du Bangladesh, a demandé de quel plan à long terme le Gouvernement disposait pour lutter contre la pauvreté, et de réduire de moitié la pauvreté d’ici 2015.  Elle a souligné l’importance de toute une palette d’initiatives passant par l’alphabétisation, la construction d’infrastructure ou encore le microcrédit.


Mme KRISZTINA MORVAI, experte de la Hongrie, asouhaité connaître le rôle des ONG en Gambie en matière de promotion de la femme et de lutte contre les discriminations.  Elle a demandé comment ces ONG étaient financées et comment les réseaux de femmes travaillaient et communiquaient entre elles et de quels outils d’information elles disposaient pour être entendues.  Elle a demandé des précisions sur la loi 2005 s’attaquant à certaines pratiques dont sont victimes les enfants.


Répondant à cette série de questions, le Chef de la délégation gambienne, a souligné les progrès réalisés par son pays pour coordonner toutes les initiatives liées au programme de lutte contre la pauvreté.  Il a reconnu que de nombreuses lacunes subsistaient dans la législation, qui contenait encore des dispositions discriminatoires et en tout cas contraire aux buts et objectifs de la Convention.  Il a rappelé l’importance de l’analphabétisme en Gambie qui ne facilite pas l’évolution des mentalités.  S’agissant des mutilations génitales, le Gouvernement a établi un dialogue avec la société civile et les chefs religieux dans l’espoir de faire évoluer les mentalités avec le temps et de mettre un terme à ces pratiques.  Il a indiqué que son pays avait sollicité une aide auprès du Royaume-Uni et des Etats-Unis pour permettre la révision de l’ensemble de sa législation, afin qu’elle puisse être conforme aux buts et objectifs d’une centaine de conventions internationales ratifiées par la Gambie.


Une représentantea admis que la charia constituait parfois un obstacle pour appliquer toutes les recommandations de la Convention.  Certaines lois de la charia vont à l’encontre des droits des femmes.  Elle a donc estimé qu’il fallait plus d’information et de sensibilisation vers les responsables religieux.  Elle a rappelé qu’une loi interdisant les mutilations génitales est entrée en vigueur il y a deux semaines.


Une autre représentantea répondu aux questions sur l’accès des femmes au crédit.  Elle a informé le Comité que 11 projets gouvernementaux sont en cours.  Ils stipulent que 80% des bénéficiaires doivent être des femmes.  Le Gouvernement travaille également en accord avec les ONG sur le microcrédit et son accès pour les femmes.  Le Gouvernement a également travaillé avec les ONG pour sensibiliser les populations à travers tout le pays sur la Charte africaine des femmes mais elle a admis que les réserves émises par le Parlement gambien au sujet de la Charte étaient préoccupantes.

Toujours au sujet du microcrédit, une représentante a félicité qu’il s’agit de prêts tournants avec des taux d’intérêts allant de 18 à 30%.  Concernant l’accès des femmes à l’information, elle a affirmé que la radio demeurait un moyen essentiel de communication dans tous les coins et recoins du pays, les radios communautaires étant très développées.  Il existe aussi les « communicateurs traditionnels », ce sont des femmes qui ont été formées pour informer leur communauté sur des sujets précis: grossesse, contraception, etc.


Concernant les articles 3 à 5, l’experte de la Chine, Mme ZOU XIAOQIAO a regretté la confusion qui règne parmi les mécanismes nationaux pour les femmes et a voulu connaître les relations entre les différentes structures en place pour les femmes.  Elle a également demandé si une évaluation de la politique envers les femmes était en place.


L’experte de la République de Corée a demandé quelle était la distinction que fait la Gambie entre équité et égalité.  Elle a également demandé comment le développement de la femme était en relation avec le développement national.


L’experte du Bénin, MmeHUGUETTE BOKPE GNACADJA, a estimé que les gouvernements devaient trouver des solutions aux obstacles rencontrés à l’application de la Convention, comme par exemple aux réserves émises par le Parlement au sujet de l’application de la Charte africaine des femmes.  Pourquoi y’a-t-il eu si peu de progrès?  Elle a reconnu que la Gambie avait ratifié des textes internationaux mais a estimé que sur le plan national, il restait encore à les appliquer.  Elle a demandé quelles étaient les mesures prises par le Conseil national des femmes pour faciliter l’accès des femmes à la justice.


Répondant à cette série de questions, le Chef de la délégation gambienne, a déclaré que toutes les personnes du pays étaient égales sur le plan du développement économique et social.  Même s’il a reconnu que le système n’était pas parfait, notant que la discrimination à l’égard des femmes n’était pas sanctionnée, il a assuré que le Gouvernement voulait mettre un terme à toutes les formes de discrimination qui subsistent.  Il a fait part de l’existence des groupes socioculturels qui luttent contre les efforts du Gouvernement visant à favoriser l’autonomisation des femmes.  Nous avons des intégristes et des normes culturelles à combattre, a-t-il insisté.


S’agissant de la structure administrative, une représentante de la délégation a apporté des précisions sur les contributions du Bureau des femmes qui exécutent les initiatives gouvernementales en évitant les doubles emplois et du Conseil national des femmes qui se compose de 50 membres dont 44 sont élus.  Concernant l’accès des femmes à la justice, des dispositions de la Constitution prévoient une aide juridique uniquement dans le cadre d’infractions entraînant la peine capitale ou la prison à vie.  Elle a néanmoins mentionné la contribution d’ONG fournissant une aide juridique aux populations dans le besoin.


Concernant l’article 4 de la Convention, Mme HANNA BEATE SCHÖPP-SCHILLING, experte de l’Allemagne, a rappelé que la mise en œuvre de la Convention n’impliquait pas seulement la réalisation d’une égalité formelle et juridique, mais portait aussi sur une égalité de fond.  Elle a regretté le manque d’exemples concrets en matière de mesures spéciales temporaires.  Ces mesures temporaires pourraient être l’augmentation des budgets consacrés à l’alphabétisation des filles, ou la place de la femme dans les objectifs de développement durable.


Elle a demandé quelles dispositions novatrices étaient contenues dans la nouvelle loi sur les enfants en ce qui concerne les mutilations génitales.


Concernant l’article 5 de la Convention, l’experte de Cuba, Mme MAGALYS AROCHA DOMINGUEZ, a souligné l’importance de campagnes de sensibilisation des chefs de communautés en notant qu’il était plus difficile de changer les mentalités héritées des coutumes, que les lois.  Elle a demandé quelle action systématique intégrée a été entreprise au niveau local auprès de la population et notamment des chefs religieux, pour changer la mentalité des hommes et des femmes.


Mme MARY SHANTHI DAIRIAM, experte de la Malaisie, s’est étonnée que le Gouvernement ne soit pas plus actif, malgré la volonté clairement exprimée de corriger les déséquilibres dans la vie publique entre hommes et femmes.  Elle a invité le Gouvernement à traduire en mesures concrètes ses ambitions en matière de promotion de la femme.


L’experte du Portugal, Mme MARIA REGINA TAVARES DA SILVA, a voulu savoir si la religion interdisait la représentation politique des femmes ou leur refusait l’acquisition de l’état civil.  Quant à l’excision, il est dit dans le rapport qu’il s’agit d’une pratique coutumière. Elle a donc demandé au Gouvernement s’il comptait aller plus loin en la matière afin d’arriver à un arrêt de ces pratiques.


L’experte de la France a estimé que des lois étaient nécessaires, mais des actions également, et notamment de vastes campagnes de sensibilisation.  Elle a demandé des informations supplémentaires sur la nouvelle loi qui vient d’être votée et qui réprime les actes néfastes envers les enfants.


L’experte du Ghana, Mme DORCAS COKER-APPIAH a voulu savoir si le Gouvernement prenait des mesures pour que des lois soient adoptées pour défendre les droits des femmes.  Elle a également demandé des précisions sur la définition des pratiques et coutumes néfastes envers les enfants qui font l’objet de la nouvelle loi.


En réponse à cette série de questions, le Secrétaire d’étata affirmé que son Gouvernement s’était informé auprès d’autres pays africains pour voir comment les changements pouvaient intervenir, notamment en matière de pratiques coutumières comme les mutilations génitales et il a affirmé que son pays prendrait modèle sur d’autres pour avancer.


      Une représentantea admis qu’il existait une disparité entre les différentes régions du pays sur la manière de voir les femmes et les enfants.  Elle a affirmé que le Gouvernement demandait aux responsables religieux des différentes régions comment ils appréciaient les lois en vigueur, notamment celle interdisant les actes néfastes envers les enfants.  Concernant les mutilations génitales, la nouvelle loi parle en réalité de pratiques néfastes envers les enfants, a-t-elle rappelé, insistant sur le fait que cette loi n’avait que deux semaines et qu’il faudrait attendre de voir comment elle serait appliquée.  Elle a également affirmé que les députés représentaient une population d’électeurs dont la majorité est musulmane, et dont la moitié est analphabète, donc même si les députés voulaient adopter des lois telle que l’interdiction des mutilations génitales, ce serait très difficile car la population ne suivrait pas.  Reconnaissant que l’excision n’apparaissait pas clairement dans les actes réprimés dans la nouvelle loi, elle a affirmé que le progrès dans le domaine ne pouvait être que graduel.


Elle a souligné la nécessité d’activités quotidiennes et de campagnes d’information et de sensibilisation des membres du Parlement.  Le Chef de la délégation a mentionné le cas d’une fille de douze ans ayant fui sa famille pour ne pas subir de mutilations génitales.


Concernant les articles 6, 7 et 8, l’expert des Pays-Bas, a estimé que la prostitution des jeunes filles était un problème qui méritait une plus grande attention de la part du Gouvernement.  Il a demandé si la Gambie coopérait avec les pays d’origine des touristes pour entreprendre des poursuites pénales contre les hommes ayant eu des relations sexuelles avec des mineurs.


Mme GLENDA P. SIMMS, experte de la Jamaïque, a demandé des précisions sur le phénomène de la traite des femmes et des filles.  Elle a souligné qu’il fallait comprendre pourquoi les hommes allaient voir les prostitués et tout mettre en oeuvre pour qu’ils soient criminalisés.  Il faut déconstruire le sexisme comme d’autres ont déconstruit le ségrégationnisme, a-t-elle ajouté.


Répondant à cette série de question, le Chef de la délégation gambienne, a reconnu le développement d’un tourisme sexuel dans son pays.  Il a précisé que la Gambie contactait les pays d’origine des personnes qui le pratiquent.  Parmi les mesures prises, il a cité l’interdiction de la présence de filles de moins de 18 ans dans les zones touristiques.  Ces mesures ne peuvent empêcher des contacts avec des touristes qui ont loué des appartements hors des zones touristiques, ou par le biais d’internet.  Il a estimé que la traite des enfants était plutôt à des fins de travail et de service, et que les cas d’exploitation sexuelle étaient très rares.


Une représentante a mentionné l’existence de dispositions juridiques pénalisant les relations sexuelles avec des personnes de 16 ans, la sanction suggérée étant sept ans de prison.  Elle a regretté que certains pays aident leurs citoyens coupables d’abus sexuels à quitter la Gambie et à fuir la justice.


      Concernant les articles 7 et 8, l’experte de la Roumanie, Mme VICTORIA POPESCU, a constaté des contradictions dans les chiffres donnés dans le rapport sur la participation des femmes à la vie politique.  En tant qu’électeurs, les femmes semblent particulièrement motivées, en revanche les femmes ne sont pas encouragées à se présenter comme candidates.  Elle a souhaité des précisions à ce sujet et a suggéré la prise de mesures temporaires spéciales afin d’améliorer la participation des femmes à la vie politique.


L’experte de l’Algérie et Vice Présidente du Comité, Mme MERIEM BELMIHOUB-ZERDANI, a rappelé que l’Islam n’était pas contre la présence des femmes en politique et a suggéré d’appliquer un système de quotas pour que plus de femmes puissent siéger au Parlement, comme par exemple au Maroc.  Elle a rappelé que la charia n’était qu’une interprétation du Coran faite par des docteurs en religion et a estimé que maintenant, le pays devait avancer et ne pas se fier uniquement à la charia, car cette pratique vient de personnes rétrogrades.


Répondant aux questions des experts, le Secrétaire d’état gambiena confirmé que la radio était utilisée pour justement encourager les femmes à entrer en politique et pour promouvoir les carrières politiques.  Quant à l’Islam, on ne peut pas se cacher derrière la religion pour justifier des atteintes à la dignité des personnes, a-t-il admis.


      Concernant l’article 10, l’experte de Cuba a voulu savoir si le Gouvernement mettait en place des mesures spécifiques pour encourager l’alphabétisation des jeunes femmes adultes.


L’experte du Japon a demandé plus de détails sur les écoles qui tiennent compte de la spécificité féminine.  En quoi tiennent-elles compte de cette spécificité ?  Elle a voulu connaître la politique du Gouvernement en matière d’éducation et quels en étaient les résultats.  Elle a également demandé si l’enseignement était obligatoire et gratuit.


L’experte du Brésil et Vice Présidente du Comité, Mme SILVIA PIMENTEL, s’est attachée aux violences faites aux femmes au sein du foyer car à la lecture du rapport, elle a l’impression que cette question ne bénéficie pas de suffisamment d’attention de la part du Gouvernement.  Employez-vous les recommandations de la Convention pour mettre en place des mesures d’éducation afin de surmonter ce problème? A-t-elle demandé.


En réponse, le Secrétaire d’étata affirmé que la Gambie faisait partie des pays en bonne voie pour réaliser l’OMD en matière d’accès à l’éducation.


Puis une représentantea affirmé que des institutions gouvernementales et des ONG comptent organiser des programmes d’alphabétisation des adultes, particulièrement des femmes de 15 à 35 ans et ces programmes sont dispensés en langues locales.  Quant aux écoles qui tiennent compte de la spécificité féminine, il s’agit d’écoles dans les zones rurales où les frais d’inscriptions et d’uniformes des fillettes sont pris en charge financièrement par la communauté et où des clubs de mères dispensent des cours d’alphabétisation aux mères pendant que leurs filles sont à l’école.


Quant à la violence faite aux femmes, une représentantea reconnu qu’aucune loi n’était en vigueur à ce sujet mais que le Tribunal pénal prévoyait de punir toute attaque envers une personne: cette question pouvait donc aussi entrer dans ce cadre là, selon elle.


A propos del’article 11 relatif à l’emploi, l’experte de Maurice, Mme PRAMILA PATTEN, a posé de nombreuses questions en s’interrogeant d’abord sur la nature des mécanismes mis en place pour assurer le respect des dispositions relatives au droit du travail, en particulier par le secteur privé.  Quel est le nombre des plaintes déposées par les femmes auprès de l’Inspection du travail ? A-t-elle demandé avant de s’interroger sur la nature des mesures de lutte contre le harcèlement sexuel sur le lieu de travail.  Comment fonctionne la Commission de la fonction publique et quelles sont les dispositions prises pour favoriser la participation des groupes vulnérables, telles que les femmes handicapées, sur le marché du travail, a encore demandé l’experte.


Mme DORCAS COKER-APPIAH, expert du Ghana, a conseillé au Gouvernement gambien de prendre plus au sérieux la question de la participation des femmes à l’économie. Elle lui a suggéré de commencer par collecter des données, en particulier dans le secteur informel.


La Gambie, a affirmé le Secrétaire d’Etat, n’a jamais eu besoin d’adopter de lois particulières en faveur des femmes parce que l’égalité des sexes devant l’emploi est parfaitement intégré dans les mentalités. « C’est une des choses positives que nous avons hérité de la colonisation anglaises » a-t-il dit en mettant plutôt l’accent sur une tendance à une « discrimination inverse » qui veut que dans les postes de direction, les femmes soient plus représentées que les hommes.  Il a cité en exemple la composition des membres de la Présidence gambienne.  La loi du travail est, en effet, générale et non sexospécifique, a confirmé un membre féminin de la délégation gambienne qui a, quant à elle, reconnu la nécessité de la réexaminer.


S’agissant de l’article 12 relatif à la santé, l’experte de la Malaisie a voulu en savoir davantage sur les résultats des services mis en place, en particulier en ce qui concerne les groupes vulnérables. En matière d’accès à la santé, elle s’est déclarée inquiète des disparités entre les zones urbaines et rurales et les classes sociales.  Les indicateurs sont assez mauvais, a-t-elle souligné en citant, en particulier, les chiffres de la santé génésique. Elle a pris note des efforts déployés jusqu’ici tout en demandant au Gouvernement de mieux étudier l’impact de l’Islam et du Christianisme sur l’accès de la femme à la santé reproductive.


Appuyant ces propos, l’experte de l’Égypte s’est interrogée sur les efforts déployés pour sensibiliser les femmes à leur droit à la santé et sur le rôle des médias, dans ce domaine.  Quelles sont les mesures prises pour faire baisser le taux de croissance démographique et de mortalité maternelle, qui va jusqu’à 16% dans les zones rurales, a renchéri l’experte du Bangladesh.


Des campagnes de publicité ont été menées, a affirmé le Secrétaire d’Etatavant d’expliquer la difficulté qu’il y a à changer les mentalités.  La Gambie a été pionnier de l’accès des femmes à la santé génésique en Afrique, a-t-il aussi affirmé en vantant un programme qui, dans les années 80, a donné de très bons résultats.  Il a imputé la situation actuelle à la « culture de la pauvreté » mais aussi aux politiques d‘ajustement structurel imposées par le Fonds monétaires international (FMI) qui exige une réduction drastique des dépenses sociales.


Une représentante de la délégationa admis que le taux de mortalité maternelle demeurait très élevé en Gambie, et a déclaré que le Gouvernement avait lancé un programme de marketing social, c'est-à-dire un programme de promotion de contraceptifs.  Quant au paludisme, nous essayons de voir comment nous pouvons travailler avec les groupes de femmes pour qu’elles prennent en charge leur santé.  Quant au taux de fécondité, elle a admis qu’il demeurait très élevé et a promis qu’une politique plus appropriée allait être mise en place prochainement.


Une autre représentantea reconnu qu’il fallait améliorer les conditions de santé des femmes et qu’il fallait s’assurer qu’il y ait suffisamment de matériel, en zone rurales notamment.  Ce qu’il faut c’est relever le niveau d’information des femmes en matière de santé, a-t-elle estimé.  Concernant le VIH/sida, il faut s’occuper d’autres problèmes plus pressants, a-t-elle estimé, à savoir le paludisme qui tue quelqu’un toutes les 10 secondes en Gambie.  A ce sujet, le Gouvernement tente de sensibiliser les communautés pour que les femmes sachent ensuite prendre soin d’elles-mêmes et de leurs enfants. Elle a estimé également qu’il fallait plus de femmes accoucheuses plutôt que des hommes.


Concernant l’article 13, l’experte de l’Égypte a voulu connaître la position du Gouvernement sur le rôle des femmes dans les médias et les activités culturelles et sportives et a également souhaité avoir des données sur le rôle des femmes dans les services publics et dans les entreprises privées.


En réponse, le Secrétaire d’étata affirmé que des femmes avaient un rôle dans les activités culturelles et sportives et dans les médias mais il a reconnu que le rapport restait muet sur le sujet.


Concernant l’article 14, l’experte de Singapour, Mme ANAMAH TAN, a voulu savoir pourquoi, dans son rapport, le Gouvernement ne semblait pas apprécier la contribution économique des femmes rurales et pourquoi il n’y avait pas de croissance économique dans ces zones rurales, alors qu’une grande partie de la production y était réalisée.  Elle a suggéré de prendre plus de mesures pour que les femmes accèdent aux crédits.


L’experte de la Chine a regretté que le Gouvernement n’ait pas établi le rapport conformément aux recommandations de la Convention et a déploré le manque de données sur les femmes vivant en zones rurales.  Elle a conclu en demandant à la délégation quels étaient les obstacles auxquels les filles et les femmes devaient faire face.  Elle a voulu savoir quelle était la priorité du Gouvernement dans sa politique de 1999, qui dure 10 ans et qui est sensée améliorer le sort des femmes dans les campagnes.


      Au sujet de la décentralisation, l’experte de l’Allemagne et Vice Présidente du Comité, a demandé comment le Gouvernement allait s’assurer que les gouvernements locaux identifient bien les principaux problèmes des femmes et comment ces gouvernements locaux allaient obtenir du financement.


L’experte de Maurice, Mme PRAMILA PATTEN, s’est associée à la déception des autres experts sur le peu de données chiffrées fournies dans le rapport, concernant notamment les femmes rurales.  Elle a souhaité connaître le montant des budgets alloués au développement dans les zones rurales.  Enfin, elle s’est intéressée à l’accès des femmes aux marchés économiques et a voulu savoir si le Gouvernement avait une politique en la matière.


Répondant à cette série de questions, le Secrétaire d’Etat a admis que son Gouvernement devait faire « beaucoup plus » pour les femmes gambiennes.  Depuis les années 70, a-t-il dit, des programmes de développement rural ont été mis en place, qu’il a été difficile à mettre en œuvre en raison du manque d’engagement des donateurs.  Après un réel effondrement, a-t-il ajouté, la Gambie a pris les choses en main et s’achemine lentement mais sûrement vers le développement durable.  Il a souligné la nécessité de développer davantage d’efforts et de moyens en direction des femmes rurales qui représentent la force de travail.  Il a souligné la nécessité d’une coordination des politiques.  Au niveau local, les autorités mettent en place un système d’impôts pour que les choses deviennent durables.


Présentant les mesures concrètes sur le terrain, une représentante de la délégation a évoqué neuf projets en cours se concentrant sur le développement du monde rurale qui a davantage besoin d’intervention que le monde urbain.  Les plans de développement des villages, comprennent la construction d’infrastructures de transport, l’accès au microcrédit pour les femmes et leur alphabétisation.  Elle a souligné la nécessité d’infrastructures de transports pour que les femmes puissent avoir accès à la santé et au marché.  Parmi les autres projets, elle a mentionné la mise en place d’un réseau de femmes entrepreneurs, sur la base d’un budget de 3 millions de dollars, visant à promouvoir leur place dans le commerce.


Concernant les articles 15 et 16 de la Convention, l’experte de la Croatie et rapporteur du Comité a demandé de précisions sur les droits des femmes en matière de divorce et d’héritage.  Relevant l’existence de quatre formes de mariages, elle a demandé ce que le Gouvernement gambien comptait entreprendre pour assurer l’égalité entre les hommes et les femmes dans ce domaine.


L’experte de Singapour s’est inquiétée de la persistance de la polygamie en rappelant au Gouvernement ses responsabilités visant à abolir toutes les pratiques traditionnelles discriminatoires.


L’experte de la Jamaïque a relevé que les femmes chrétiennes étaient encore plus désavantagées que les femmes musulmanes en matière de testament.  Elle a souhaité des mesures pour lutter contre la violence à l’égard des femmes, mentionnant particulièrement la nécessité d’une loi sur la violence au foyer.


L’experte du Bénin a regretté l’absence de loi permettant à la femme de signer un contrat, de gérer ses biens, de choisir son domicile et même de voyager.  Notant l’enracinement de la discrimination dans les coutumes, les traditions et les mentalités, elle a regretté que le Gouvernement gambien n’ait pas mentionné la moindre mesure dans le domaine des articles 15 et 16 relatifs respectivement à l’égalité devant la loi et la capacité juridique de la femme et à la place de la femme dans les rapports familiaux.


L’experte de l’Algérie et Vice Présidente du Comité a demandé des précisions sur le nombre de comptes ayant recours respectivement aux quatre formes de mariage gambien, chrétien, musulman, civil et coutumier.  Elle a aussi demandé si les mariages étaient inscrits au registre de l’état civil et si les deux époux pouvaient demander le divorce.  Elle a souhaité des précisions sur le droit de garde des enfants au regard de la loi coranique.


L’experte de la Hongrie a regretté le manque de données sur les violences faites aux femmes à l’intérieur de la famille et sur le harcèlement sexuel au travail.  Elle a reproché à la délégation de ne pas prendre ces sujets suffisamment au sérieux.  Elle lui a suggéré de faire des recherches et d’organiser des dialogues avec les ONG afin de mieux connaître la situation.  Elle a estimé qu’il fallait effectivement légiférer en la matière mais avoir aussi une approche plus globale, en aidant les victimes à se rétablir.


En réponse, le chef de la délégation a estimé qu’il y avait deux Gambie, celle que juge le Comité, et celle que lui-même connaît.  Concernant la violence domestique et le harcèlement sexuel, il a invité le Comité à envoyer un groupe de chercheurs en Gambie pour vérifier que de tels faits n’existent pas, car sinon, selon lui, cela se saurait.  Partant du principe que la Gambie est un petit pays, il a affirmé que tout le monde sait ce qui se passe chez son voisin.  Si un classement mondial existait, il s’est dit persuadé que la Gambie ferait partie des 5 pays en bas de la liste.  Il a ensuite justifié la polygamie en expliquant que cela ne signifiait pas que les femmes étaient malheureuses et que souvent c’était les femmes elles-mêmes qui suggéraient à leur époux de prendre une autre femme.


Une représentante a expliqué ensuite qu’il n’y avait pas d’âge minimum pour le mariage mais que la nouvelle loi de 2005 définissait que toute personne de moins de 18 ans était considérée comme un enfant.  Par conséquent, les enfants ne peuvent être mariés de force, a-t-elle précisé.  Elle a également reconnu qu’il n’y avait pas de loi sur les violences faites aux femmes à l’intérieur du foyer mais qu’une loi interdisait tout type de violence envers toute personne donc elle ne juge pas utile d’adopter une loi sexospécifique.  Quant à inclure la Convention dans les lois nationales, elle a estimé que le Gouvernement l’avait ratifiée mais que, les pouvoirs étant séparés, cela ne signifiait pas automatiquement que le Parlement devait l’inclure dans les lois.


Conclusions


Dans ses remarques de conclusion, l’experte des Philippines et Présidente du Comité, MmeROSARIO G. MANALO, a déploré que la Gambie n’ait pas ratifié le Protocole facultatif.  Elle s’est félicitée de la création en Gambie d’un Bureau national et d’un Conseil national des femmes, tout en encourageant le Gouvernement à leur consacrer davantage de ressources.  La Présidente a également estimé que les progrès étaient minces, déplorant que la Gambie n’applique pas pleinement la Convention qu’elle a pourtant ratifiée sans réserve.  Elle a jugé que la Constitution devrait être amendée sur de nombreux points discriminants envers les femmes.


Elle a regretté qu’à ce jour, rien n’ait été fait pour lutter contre la traite des femmes et des enfants, contre les violences faites aux femmes ou encore contre le harcèlement sexuel.  Elle a demandé que dans le prochain rapport, un plan d’action sur les différents secteurs soit présenté et que tout soit assorti de statistiques et de mesures prises.  Mme MANALO a déploré qu’il n’existe pas de mesures spéciales temporaires afin de faciliter l’accès des femmes à la vie politique et à la vie publique.  Etonné des propos du Ministre selon lesquels les communautés religieuses décident de la vie personnelle des femmes, elle a déclaré « vous êtes, n’est-ce pas, un état laïc?  Ce sont donc les autorités publiques qui priment sur les autorités  religieuses dans un état laïc !».  Elle a également regretté le manque de politique de développement rural à destination des femmes.  Elle a conclu en affirmant que le pays devait se mettre en conformité avec la Convention afin que les femmes jouissent de facto de l’égalité en droit.


Dans son discours de clôture, le Chef de la délégation gambienne a assuré avoir pris note avec humilité des remarques des membres du Comité.  Il a déclaré que les commentaires des experts serviront de plan de route pour améliorer la promotion de la femme en Gambie en promettant que la présentation du prochain rapport de mise en œuvre de la Convention par la Gambie sera l’occasion de constater 100% de progrès.


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