En cours au Siège de l'ONU

FEM/1495

CÉLÉBRATION DE LA JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA FEMME: LES ACQUIS DE MEXICO, NAIROBI ET BEIJING SONT RÉAFFIRMÉS

04/03/2005
Communiqué de presse
FEM/1495

Commission de la condition de la femme

Quarante-neuvième session

9e séance – matin


CÉLÉBRATION DE LA JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA FEMME: LES ACQUIS DE MEXICO, NAIROBI ET BEIJING SONT RÉAFFIRMÉS


La célébration de la Journée internationale de la femme, qui est fixée au 8 mars, s’est tenue aujourd’hui au Siège des Nations Unies à New York.  Deux récipiendaires du prix Nobel de la paix et les Secrétaires générales ayant présidé les quatre conférences mondiales sur les femmes se sont succédé au podium ou par message vidéo pour réaffirmer la validité des gains acquis et de la lutte pour l’égalité des sexes dont le point de départ fut la première Conférence pour les femmes de Mexico en 1975.


De la première Conférence en 1975 à celle de Beijing en 1995 en passant par Nairobi en 1985, les « objectifs fondamentaux de la parité, de développement et de paix conservent cependant aujourd’hui la même valeur », a déclaré Mme Helvi Sipila.  Celle-ci, adressant un message vidéo, a été la Secrétaire générale de la première Conférence.  Pour Gertrude Mongella, Secrétaire générale de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes de Beijing, qui s’exprimait également dans un message vidéo, cette commémoration doit permettre de lever les derniers obstacles à la parité, tirer les leçons de l’expérience, accélérer la recherche de solutions et réaffirmer les engagements pris.  « Nous ne sommes pas ici pour renégocier mais pour accélérer la mise en œuvre de nos engagements », a-t-elle insisté.  « Cependant, nous sommes sur la bonne voie et il n’y a pas de retour en arrière possible. »


La Conseillère spéciale pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme, Rachel Mayanja, a expliqué que le chemin parcouru depuis la Conférence de Mexico a permis aux femmes de devenir des agents du changement.  « Nous sommes parties d’une perspective de développement des femmes et sommes passées à une approche basée sur les droits et l’autonomisation ce qui signifient qu’elles ne sont plus des bénéficiaires passives du développement mais en sont des agents actifs ».  Mme Mayanja a souligné l’importance de ces conférences qui ont permis de stimuler l’établissement de normes internationales et de mécanismes institutionnels, de nouvelles méthodologies et de réseaux d’experts.  De son côté, l’ancienne Sous-Secrétaire générale des Nations Unies et Conseillère spéciale pour la parité des sexes et la promotion de la femme, Angela King, s’est félicitée des gains obtenus tout en attirant l’attention sur les défis posés par l’impact de la mondialisation, la pandémie du VIH/sida, les violences fondées sur le sexe.


La Présidente du Comité des ONG sur la condition de la femme, Bani Dugal, a évoqué un changement conceptuel qui s’est traduit par la nomination d’un Rapporteur spécial sur les violences et la traite des femmes ainsi que par l’adoption de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes et la paix.  De même, les États assument désormais une responsabilité accrue en faveur des femmes.  Ils doivent maintenant respecter leurs responsabilités sans invoquer leur souveraineté nationale ou le relativisme culturel.  Pour Rigoberta Menchu Tum, prix Nobel de la paix 1992, il faut progresser dans l’établissement de normes juridiques permettant de donner aux femmes une vie digne tout en soulignant la nécessité pour les femmes de récupérer les valeurs et les cultures ancestrales.  Wangari Maathai, prix Nobel de la paix 2004, a identifié comme question urgente les changements climatiques qui auront des effets très graves pour la vie des femmes, lesquelles doivent s’inquiéter de la perte de la biodiversité.


Dans ce cadre, sont également intervenues Glenda Simms, Directeur exécutif de Bureau pour les affaires féminines de la Jamaïque, lisant un message de Lucille Mair, Secrétaire générale de la Conférence mondiale sur les femmes de 1980 et Leticia Shahani, Secrétaire générale de la Conférence mondiale sur les femmes de 1985.


Les artistes et ensemble vocaux et musicaux suivants se sont produits pour marquer cet évènement: Young People’s Chorus de New York City; International Sejong Soloists; Andrea Rost; Jean-Paul Samputu; Angelique Kidjo; Tehreema Mitha; Yerba Buena.


CÉLÉBRATION DE LA JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA FEMME


Déclarations


      M. SHASHI THAROOR, Secrétaire général adjoint à l’information et la communication et modérateur de la réunion, a déclaré que cette commémoration marque un véritable changement pour ce qui est de l’égalité entre les sexes.  La parité est désormais au centre des préoccupations mondiales.  Au cours des décennies, la communauté internationale s’est intéressée au développement des femmes, puis à leur contribution au développement et maintenant à leur participation sur un pied d’égalité à toute la gamme des activités humaines.


      Mme HELVI SIPILA, Secrétaire générale de la Conférence mondiale de l’Année internationale de la femme de Mexico et première femme aux Nations Unies à avoir occupé un poste de Secrétaire général adjoint, dans un message vidéo a rendu hommage à toutes les femmes et les hommes dans le monde qui ont travaillé durement pour que les objectifs de Beijing se concrétisent.  Nous avons parcouru un long chemin ces 30 dernières années et le monde a changé à bien des égards.  Maintenant se posent de nouveaux défis que nous n’aurions pu imaginer en 1975 ni même en 1995.  Les objectifs fondamentaux de la parité, de développement et de paix conservent cependant aujourd’hui la même valeur qu’à cette époque là.  Nous avons avancé à pas de géant vers l’égalité entre les sexes et nous commençons à prendre conscience de ce que les femmes sont des citoyennes importantes et actives et dont la place est clef dans la société.  La parité n’est pas une fin en soi mais s’accompagne d’obligations et de responsabilités.  Nous devons nous demander ce que nous pouvons faire pour aider les femmes qui sont les principales responsables des enfants du monde entier et de leur avenir.  Chaque journée constitue une occasion d’agir.  À Beijing, a ajouté Mme Sipila, j’avais estimé que nous n’avions pas assez œuvré à la promotion de la paix.  Ce défi est toujours d’actualité aujourd’hui.  Il s’agit d’une obligation que nous partageons tous en tant que membres de l’humanité. 


Mme RIGOBERTA MENCHÚ TÚM, récipiendaire du prix Nobel de la paix, a rendu hommage à toutes les femmes décédées au cours des 30 dernières années à cause de la torture ou de la violence.  Elle a également rendu hommage à toutes les femmes qui ont lutté et qui continuent de lutter dans tous les pays.  Malgré les problèmes, les défis, les désespoirs, les femmes se sont toujours occupées des enfants, qui entretiennent l’espoir et qui se sont chargées des valeurs les plus sacrées, a-t-elle estimé.  La lutte des femmes est une lutte qui dure toute la vie.  Beijing + 10 constitue une grande attente et, ce, dans tous les recoins de la planète, a-t-elle ajouté.  Il y a des millions de femmes et d’adolescentes, dans les rues des pays pauvres qui sont mères, et qui pourront, à l’avenir, rêver d’une humanité meilleure, a-t-elle poursuivi, notant que la tâche ne se terminait pas ici, aujourd’hui.  Nous devons aller au-delà et progresser dans l’établissement de normes juridiques permettant de donner aux femmes une vie digne, a-t-elle déclaré, soulignant la nécessité pour les femmes de récupérer les valeurs et les cultures ancestrales.  La nouvelle génération doit lutter et aller de l’avant, a-t-elle considéré, en concluant: « Nous devons montrer l’exemple, être inclusives, lutter contre l’exclusion et le racisme.  Il n’y a que nous qui pouvons donner espoir à nos peuples, et nous pouvons le faire tous les jours de notre vie ».


Mme GLENDA P. SIMMS, Directrice exécutive du Bureau des affaires féminines du Bureau du Premier Ministre de la Jamaïque, qui s’exprimait au nom de Mme LUCILLE MAIR, Secrétaire générale de la Deuxième Conférence mondiale de la Décennie des Nations Unies pour la femme, a lu des extraits du discours de Mme Mair prononcé en 1980, lors de cette conférence.  Les femmes, déclarait alors Mme Mair, sont toujours dans une situation d’inégalité patente.  Deux analphabètes sur trois sont des femmes, ajoutait-elle notamment, tandis que le nombre des garçons continue d’être supérieur dans les écoles et que le nombre des filles qui abandonnent l’école est toujours important.  Les femmes, a-t-elle rappelé, participent toujours dans les marchés de l’emploi, mais à un taux qui progresse plus lentement que celui des hommes, leurs emplois étant les plus mal rémunérés et les moins sûrs.  Mme Simms a estimé qu’il ressortait que la vision exprimée par Mme Mair, qu’elle a qualifiée comme l’une des femmes les plus courageuses du siècle, conservait toute sa valeur aujourd’hui, en 2005, 25 ans plus tard.


Mme BANI DUGAL, Présidente du Comité des ONG sur la condition de la femme, a déclaré que la plupart des batailles livrées l’ont été par des groupes de femmes et des ONG visionnaires.  La force croissante des ONG féminines est devenue une véritable force motrice pour le changement.  Nous assistons encore à des violations flagrantes des droits de la femme dans les domaines publics et privés.  Il faut reconnaître l’impact de la mondialisation, du VIH/sida et des mutilations génitales.  Parler et sensibiliser ne suffit pas.  Les conférences mondiales constituent une enceinte unique d’un point de vue politique et conceptuel qui permettent la prise d’engagements historiques comme le Programme d’action de Beijing qui a fourni une assise ferme dans la mesure où il énonce des principes clairs réaffirmant notamment que les droits de femmes sont des droits humains.


La nomination d’un Rapporteur spécial sur les violences et la traite des femmes ainsi que l’adoption de la résolution 1325 sur les femmes et la paix témoignent de changements conceptuels.  Le lien entre la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, le Programme d’action de Beijing et des Objectifs du Millénaire pour le développement reflète ce changement.  Une autre évolution a vu les États assumer une responsabilité accrue.  Les États se doivent maintenant de respecter leurs responsabilités sans pouvoir invoquer leur juridiction nationale ou le relativisme culturel.  Les discriminations à l’égard des femmes nient les droits de l’homme les plus fondamentaux que sont la liberté d’expression.  La question de l’égalité doit devenir un principe inviolable qui doit reposer sur un changement d’attitude.  Dans ce cadre, le rôle des garçons et des hommes qui doivent refuser des législations et pratiques discriminatoires à l’égard de leurs femmes, sœurs, mères et filles.


Mme LETICIA SHAHANI, Secrétaire générale de la Conférence mondiale chargée d’examiner et d’évaluer les résultats de la Décennie des Nations Unies pour la femme (1985), a estimé que le consensus dégagé lors de la Conférence de Nairobi a été notamment rendu possible grâce à la volonté politique dont ont fait preuve les différents gouvernements appuyés par des femmes.  La stratégie de Nairobi a permis le fait que le Programme d’action de Beijing ait vu le jour, a-t-elle dit.  Le consensus obtenu à Nairobi a signifié que des femmes du monde entier se sont unies dans un esprit de solidarité, a-t-elle souligné, espérant que cet esprit sera renforcé après Beijing + 10.  Les programmes d’action doivent être mis en œuvre au niveau communautaire dans le monde entier, a-t-elle affirmé, cette mise en œuvre allant de pair avec la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Les pays et les femmes doivent œuvrer pour une croissance à visage humain, a-t-elle également considéré.  Si un monde mondialisé comprend plus de risques que celui qui était à l’époque de Beijing, il peut offrir également plus de chances, a-t-elle noté, soulignant la nécessité de travailler ensemble. 


Mme GERTRUDE MONGELLA, Secrétaire générale de la quatrième Conférence mondiale pour les femmes, dans un message vidéo, a déclaré que le programme d’action de Beijing est appliqué de manière variée en Afrique, là où il a été reconnu que la parité est un agent du développement.  Mme Mongella a cité ce qu’elle avait déclaré lors de l’adoption de la Déclaration finale à Beijing: « Notre révolution a commencé et il n’y a pas de retour en arrière possible ».  Cette révolution a été possible grâce à mes prédécesseurs qui ont lancé les bases du Programme d’action de Beijing.  La parité est désormais un concept bien intégré mais il faut désormais promouvoir davantage les 12 domaines d’action prioritaire.  La Secrétaire générale s’est dite inspirée par ce qui a été accompli en faveur des femmes en insistant sur les réalisations positives des 30 dernières années comme la reconnaissance formelle des 12 domaines d’action et de la contribution essentielle de la femme au développement.  Les huit Objectifs du Millénaire pour le développement ont également à voir avec les femmes.  Nous sommes réunis ici pour lever les derniers obstacles et tirer les leçons de notre expérience, accélérer la recherche de solutions et réaffirmer nos engagements.  Nous ne sommes pas ici pour renégocier mais pour accélérer la mise en œuvre de nos engagements,  Nous sommes sur la bonne voie et il n’y a pas de retour en arrière possible, a-t-elle assuré.


Mme ANGELA E.V. KING, ancienne Sous-Secrétaire générale des Nations Unies et Conseillère spéciale pour la parité des sexes et la promotion de la femme, est revenue sur le bilan de la 23e session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies, laquelle a notamment réitéré les objectifs de Beijing afin qu’ils constituent une assise.  Elle s’est félicitée de tous les gains obtenus, notamment en matière de santé et d’autonomisation économique.  Mais pour tout gain, il y a un revers de la médaille, a-t-elle constaté, citant par exemple le taux d’alphabétisation des filles, lequel a été revu à la baisse.  L’impact de la mondialisation, la pandémie du VIH/sida, les violences à l’égard des femmes, tous ces défis persistent, a-t-elle ajouté, précisant les questions de 1995 restaient encore d’actualité.  On n’a pas beaucoup parlé des obstacles et des problèmes qu’il reste à résoudre, a-t-elle également remarqué, lançant plusieurs questions.  Pourquoi, par exemple, l’Assemblée générale des Nations Unies n’a eu que deux femmes présidents en 60 ans?  Pourquoi des pays n’ont-ils pas signé la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes?  Pourquoi des pays n’ont-ils toujours pas transmis leurs rapports au CEDAW?  Pourquoi les soldats de la paix des Nations Unies exploitent la vulnérabilité des femmes et des filles?  Nous ne devons pas faire preuve de lassitude et sombrer dans l’insatisfaction, a-t-elle néanmoins considéré, plaidant pour un travail en commun.  Nous devons nous engager pour que la liberté et l’égalité deviennent des phares qui s’éclairent, a-t-elle conclu.


Mme RACHEL MAYANJA, Conseillère spéciale pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme, a expliqué que lors du Sommet de Copenhague pour le développement social, les priorités étaient l’emploi des femmes et leur accès à la propriété.  La stratégie de Nairobi a ensuite élargi la porté de ces questions en s’attaquant aux problèmes d’ordre politique et juridique.  À Beijing, nous avons travaillé à l’élimination des discriminations et à l’intégration des femmes au processus de prise de décisions.  Pour la première fois, les gouvernements se sont engagés à intégrer la dimension sexospécifique dans toutes leurs activités.  Les conférences sur le racisme ou le développement durable ont tenu compte des résultats de Beijing.  Nous sommes partis d’une perspective de développement des femmes et sommes passés à une approche basée sur les droits et l’autonomisation, ce qui signifie qu’elles ne sont plus des bénéficiaires passives du développement mais en sont des agents actifs.  Le concept de parité reconnaît que pour mettre un terme à la discrimination, il faut faire participer les hommes et les garçons.  Le chemin parcouru depuis la Conférence de Nairobi en 1985 a bénéficié de la mobilisation de la société civile qui ont été des forces motrices du changement.  Ces conférences ont stimulé l’établissement de normes internationales et de mécanismes institutionnels, de nouvelles méthodologies et de réseaux d’experts.  Il nous faut maintenant établir davantage d’alliances stratégiques avec les hommes.  Si nous ne le faisons pas, les réseaux criminels parviendront aux femmes les plus vulnérables avant nous.


Mme WANGARI MAATHAI, récipiendaire du prix Nobel de la paix, a rappelé qu’en 1975, quand les femmes se préparaient à Mexico, des Kenyanes avaient jugé nécessaire qu’il y ait de l’eau potable, de l’énergie, des vivres et des revenus.  Telles sont les quatre grandes questions que la délégation kenyane a apportées à Mexico, a-t-elle précisé.  Si l’environnement n’est pas sain, si nous ne le gérons pas de manière durable, il est inévitable qu’il y aura des conflits et des guerres, a-t-elle souligné.  Une route très longue a été parcourue depuis Mexico, a-t-elle estimé, constatant que certaines idées ayant émané de cette première conférence ont permis à son mouvement, Green Belt, de remporter des succès.  Au bout du compte, ce sont nous qui, individuellement et collectivement, changerons les choses, devons convaincre nos gouvernements de donner le même espace aux femmes, a-t-elle déclaré.  Ce n’est pas un cadeau que l’on ferait aux femmes, mais un droit, a-t-elle assuré.  Elle a par ailleurs affirmé que les changements climatiques auront des effets très graves pour la vie des femmes, lesquelles doivent s’inquiéter de la perte de la biodiversité.  Nous vivons dans un monde où les ressources ne sont pas indéfinies, a-t-elle conclu, indiquant que la plupart des guerres ayant pour origine le problème des ressources.


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