ENV/DEV/826

L’AFRIQUE RÉALISERAIT LES OBJECTIFS DE L’EAU, DE L’ASSAINISSEMENT ET DE L’HABITAT DANS UN COMMERCE MONDIAL JUSTE, DÉCLARE L’AFRIQUE DU SUD AUX PRÉPARATIFS DE LA CDD-13

03/03/2005
Communiqué de presse
ENV/DEV/826


Commission du développement durable

Réunion préparatoire intergouvernementale

8e & 9e séances – matin & après-midi


L’AFRIQUE RÉALISERAIT LES OBJECTIFS DE L’EAU, DE L’ASSAINISSEMENT ET DE L’HABITAT DANS UN COMMERCE MONDIAL JUSTE, DÉCLARE L’AFRIQUE DU SUD AUX PRÉPARATIFS DE LA CDD-13


La Réunion préparatoire intergouvernementale de la 13ème session de la Commission du développement durable (CDD-13) a encouragé aujourd’hui les États et les institutions multilatérales à mettre un accent particulier sur le développement d’institutions et de produits financiers adaptés aux besoins financiers des pauvres vivant en milieu urbain et sur la gestion intégrée de l’eau et de l’assainissement, qui doivent être examinés et traités de manière concomitante et parallèle quand on recherche des financements pour l’amélioration du cadre de vie urbain et rural et la promotion d’un développement durable.


Intervenant cet après-midi, la délégation de l’Afrique du Sud a indiqué que tous les problèmes débattus par la Réunion préparatoire pourraient être résolus en Afrique si la communauté internationale donnait à ce continent une vraie chance dans le commerce mondial.  En effet, a dit le représentant, si elles étaient adoptées, des règles commerciales plus équitables permettraient à l’Afrique de rapidement augmenter de 1% sa part d’exportations dans les échanges mondiaux, ce qui générerait 70 milliards de dollars supplémentaires au profit des pays de ce continent, qui pourraient ainsi réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Étayant le bien-fondé de cette proposition, le représentant a rappelé que l’impact de l’aide publique au développement (APD), qui s’est élevée cette année à 27 milliards de dollars, était réduit à néant par le poids du service de la dette des pays africains.  Ces derniers ont versé, pour l’honorer, 39 milliards de dollars à leurs créditeurs bilatéraux et multilatéraux.  


L’Union européenne a exprimé son soutien à une approche intégrée pouvant définir les politiques et programmes qui permettraient de faire face aux défis en matière d’eau, d’assainissement et d’établissements humains.  Ce type d’approche serait préférable à une démarche traitant séparément les trois questions, car elle serait plus propice à un examen multisectoriel incluant différents thèmes et facteurs, dont ceux de la sexospécifité, de l’éducation des populations, des transferts de technologies, des modes de gestion des programmes, et des différents moyens de financements nécessaires à la réalisation des projets.   


Concernant les financements des programmes d’exploitation, de distribution et de conservation de l’eau; de renforcement des infrastructures d’assainissement et de réduction; et de réhabilitation des zones de bidonvilles, les intervenants ont estimé que de nouvelles formes de financements étaient nécessaires.  S’agissant des établissements humains, un grand nombre de délégations ont préconisé la création d’organismes d’épargne et d’emprunt communautaires pouvant soutenir les initiatives locales d’amélioration des conditions de vie dans les bidonvilles urbains et les zones rurales d’habitat insalubre.  Toutefois, bien qu’approuvant le bien-fondé de ces propositions, les pays en développement ont majoritairement estimé qu’il était nécessaire que la mobilisation de capitaux locaux soit soutenue par la création de fonds de lancement et de roulement alimentés par l’APD, et par des contributions en provenance des institutions financières internationales, afin de soutenir les projets de rénovation urbaine et d’assainissement des bidonvilles.


Le concept de « bonne gouvernance » ayant été évoqué par certains pays industrialisés comme conditionnalité à des contributions financières internationales, des délégations de pays du Sud ont tenu à rappeler que leurs gouvernements avaient généralement tenu leurs engagements en la matière et que leurs partenaires au développement devaient de leur côté tenir les engagements qu’ils avaient pris dans un cadre multilatéral consensuel.  La délégation de la Suède a rappelé que son pays, qui est l’un des rares pays développés à verser 0,7% de son PNB à l’APD, comme convenu, allait relever ce taux à 1% dans les années à venir.  ONU-Habitat a rappelé qu’il a créé le « Fonds de relèvement des bidonvilles », destiné à mobiliser les capitaux nationaux et locaux afin de donner aux municipalités et aux collectivités locales les ressources qui leur font défaut.  D’un capital de départ de 30 millions de dollars, ce Fonds devrait permettre à la Fondation des Nations Unies pour l’habitat de servir d’outil de mobilisation de ressources et d’investissements en pour combattre l’expansion des bidonvilles urbains, a indiqué le représentant.


La Réunion préparatoire intergouvernementale à la CDD-13 poursuivra ses travaux demain, vendredi 4 mars, à 10 heures.


ORIENTATIONS POSSIBLES ET MESURES ENVISAGÉES POUR ACCÉLÉRER LES PROGRÈS DANS LE CADRE DU MODULE THÉMATIQUE


Débat interactif sur la gestion intégrée de l’eau et de l’assainissement 


Ouvrant ce débat interactif, la Vice-Présidente de la Commission du développement durable, Mme DAGMARA BERBALK (Allemagne), a souhaité que l’on se penche sur les questions d’intégration et les domaines où l’eau et l’assainissement doivent être examinés ensemble pour établir des politiques et rechercher les financements nécessaires.  Beaucoup de délégations ont estimé que ces deux questions étaient liées en rappelant que celle de la gestion intégrée des ressources en eau comprenait incontestablement l’assainissement, étape incontournable du traitement des eaux usées.  Aussi, a-t-elle invité les gouvernements à veiller à cette gestion intégrée dans la lutte contre la pauvreté.


Les intervenants ont souligné les difficultés particulières des PEID et des zones arides, et celles découlant de l’urbanisation rapide, avec une accumulation exponentielle d’eaux usées.  Ils ont également souligné l’éducation en matière d’assainissement et les liens entre l’assainissement et les maladies véhiculées par l’eau.  Le rôle des femmes dans le processus de prise de décisions est essentiel, ont-ils dit, rappelant qu’elles étaient souvent les premières victimes des conséquences du manque d’assainissement.  


Certaines délégations ont estimé que les communautés locales doivent jouer un rôle important pour assurer les services d’eau et d’assainissement, en appelant à souscrire à une démarche transparente de participation à tous les niveaux.  D’autres questions traitées concernent la préparation aux catastrophes et les liens de cette préparation intégrée avec la CDD.  Il a été regretté l’insuffisance de connaissances.


Enfin, la nécessité d’un transfert de technologies à faible coût a été revendiquée par de nombreuses délégations de pays en développement, à condition de tenir compte de l’environnement local et de ne pas sous-estimer le pouvoir d’initiatives au niveau local.  Dans leur ensemble, les pays en développement ont appelé à l’augmentation de l’APD et de l’intervention du secteur pour leur permettre d’atteindre leurs objectifs.  Ces mêmes délégations ont fait remarquer que la gestion de l’eau ne doit pas cependant relever uniquement du secteur privé.


Concernant tout particulièrement les spécificités des zones arides, les représentants de la Mauritanie, de la Jamaïque, de Trinité-et-Tobago et de l’Algérie ont souligné l’importance de préserver leurs sources d’eau souterraines qui constituent souvent l’essentiel de leurs réserves d’eau.  Le représentant de la Mauritanie a regretté que le secteur de l’assainissement fût très en retard dans les pays en développement par rapport à la distribution de l’eau.  Il a souhaité que la prochaine session de la Commission du développement durable (CDD-13) soit l’occasion de lancer un appel à des efforts financiers pour que ces pays aient les moyens d’atteindre leurs objectifs.  Le représentant de la Jamaïque a présenté une nouvelle loi sur les ressources en eau établissant que l’eau ne peut pas être affectée au développement sans un système de compensation.


Le représentant de l’Algérie a cité l’exemple particulier de son pays dont 80% des eaux souterraines se trouvent loin au Sud du Sahara alors que 80% de la population peuplaient le nord sur la zone côtière.  L’alimentation de ces populations sous-entend la mise en place d’infrastructures lourdes qui ne pourra se faire sans une aide internationale.  Celui du Burkina Faso s’est inquiété des conséquences de la pollution d’origine domestique, agricole, animale et  industrielle sur les disponibilités en eau.  Il a indiqué que 40 000 puits et forages et 232 postes d’adduction d’eau assuraient l’approvisionnement de la population burkinabè sur la base des critères suivants: 40 à 60 litres par jour par habitant dans les zones urbaines, 30 litres dans les zones semi-urbaines et 20 litres pour les zones rurales.


Le représentant de l’Italie a souligné l’importance d’une bonne gestion des eaux souterraines qui sont souvent les seules sources d’eau dans les régions les plus arides.  La pollution des eaux souterraines peut être catastrophiques pour l’agriculture de pays.  Dans ce domaine,  il faut des connaissances techniques et un système de gestion qui s’appuie sur les connaissances traditionnelles.  Il a annoncé que l’Algérie, l’Égypte, l’Érythrée et le Yémen bénéficieront prochainement d’un programme italien de gestion et de surveillance d’eaux souterraines.  Par ailleurs, le représentant de ONU-Habitat a précisé que le système d’égout était étroitement lié à l’assainissement mais n’était qu’une partie de la situation.  Il a regretté que des égouts étaient parfois mis en place sans tenir compte des véritables exigences de traitements des eaux usées. 


De nombreuses délégations ont souhaité une aide internationale croissante.  Ainsi,le représentant du Sénégal a rappelé que les difficultés d’accès à l’eau et à l’assainissement touchaient d’abord les populations les plus pauvres comme résultats de la non-structuration des habitats spontanés.  Il a souligné l’importance d’un renforcement de l’APD doublé d’un transfert de technologies. Dans le même ordre d’idées, la représentante des Îles Marshall, qui a présenté un projet de traitement des eaux usées visant à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement dans le domaine de l’eau et de l’assainissement, a indiqué que son pays ne pourrait atteindre ces objectifs sans un cofinancement et une intervention décisive de la communauté internationale.  Dans le même ordre d’idées, le représentant égyptien a noté l’importance d’un concours financier et technique à toutes les étapes de l’eau de la distribution, au traitement des eaux usées en mariant les avantages des technologies modernes et ceux des techniques traditionnelles qui restent efficaces. 


De son côté le représentant du Luxembourg, s’exprimant au nom de l’Union européenne, a insisté sur le rôle des partenariats internationaux comme un moyen d’atteindre des objectifs communs.  Il a invité la CDD à se concentrer sur les partenariats internationaux et à devenir un véritable centre d’échange d’expériences.  Les partenariats public-public et public-privé ainsi que l’APD devraient être utilisés pour les investissements privés et la réduction de certains risques.  Le financement à long terme est fondamental, a-t-il conclu, en notant qu’il fallait 6 à 8 ans pour arriver à des résultats durables.


S’agissant du secteur privé, le représentant du Groupe des affaires et de l’industrie a noté qu’une eau desservie dans les bidonvilles sans collecte et traitement des eaux usées n’avait que des apports limités en matière de santé.  C’est pourquoi, il a souligné l’importance d’un prestataire de service unique de la distribution de l’eau à sa collecte et à son traitement en souhaitant que les infrastructures de l’eau et de l’assainissement puissent rester publiques.  Relevant que 99% des services d’eau et d’assainissement des pays en développement étaient gérés par les services publics, il a souligné l’importance de favoriser l’intervention du secteur privé comme un moyen d’améliorer les compétences du service public.  


Si le représentant de la Fédération de Russie a insisté sur le rôle primordial à jouer par le gouvernement en matière de réglementation, celuide l’Afrique du Sud a indiqué que la Banque mondiale avait révisé sa position en laissant la liberté aux gouvernements de juger ou non du recours à ce secteur.  De son côté, le représentant de la Suisse a estimé que l’important n’était pas de faire un choix entre public et privé mais d’adopter un système efficace, en privilégiant les pauvres par des coûts réduits de connections. 


L’intervention du secteur privé ne signifie pas la privatisation de l’eau, a déclaré le représentant de l’agriculture, qui a insisté que le rôle de décision reste entre les mains des gouvernements nationaux, régionaux et locaux.  Le représentant des syndicats et des travailleurs a estimé que le service privé avait sa place même dans les services publics les plus efficaces.  Il a appelé à la prudence dans la participation de l’intervention d’un secteur privé qu’il a défini de capricieux, en insistant sur la nécessité de respecter les impératifs et avantages du service public.  Il a suggéré que l’on diversifie les sources d’approvisionnement d’eau en citant des expériences malheureuses de sociétés privées britanniques coupant l’approvisionnement d’une école en raison de retards de paiements. 


La représentante de Samoa a indiqué que le Gouvernement avait mis en place un système de microcrédit pour l’entretien des systèmes d’assainissement.  Mais si nous comptons faire appel au service privé, a-t-elle ajouté, il faut savoir que la plupart de PEID du Pacifique disposait d’un secteur privé peu développé.  Plutôt que de favoriser la participation du secteur privé, le représentant du Kenya a souhaité que l’on privilégie des solutions techniques bon marché favorisant le recyclage des déchets.  Celui de l’Égypte a déclaré que l’eau était un bien public et qu’il ne pouvait pas être considéré comme un bien monnayable.  Reprenant la parole, le représentant du monde des affaires a indiqué que la reprise des investissements privés en faveur de l’eau et de l’assainissement était tributaire de la mise en place, notamment de marchés financiers locaux et de garanties contre le risque de change.  Il a regretté une baisse de l’investissement depuis 5 ou 6 ans due, selon lui, à des accidents comme des dévaluations ou des décisions unilatérales malheureuses.


Concernant le développement des connaissances et compétences, la représentante de la Turquie a souhaité la diffusion de connaissances en déclarant que les liens entre l’eau et l’assainissement étaient bien plus complexes que ce que l’on pouvait penser.  Les représentants de la Norvège et du Sénégal ont insisté sur l’éducation des familles et notamment des enfants en matière d’environnement et de l’hygiène.  Ils ont présenté cette éducation, comme une étape incontournable de la réalisation des objectifs d’assainissement et de gestion de l’eau.


Le représentant de la communauté scientifique et technique a dit que nous ne disposions pas de bases de connaissances suffisantes pour mener des projets d’eau et d’assainissement sans remettre en cause les principes de la gestion intégrée.  Il faut lancer une initiative ambitieuse d’éducation destinée notamment à l’Afrique pour combler cette lacune en connaissance et en compétence.  Pour ce faire, il faut des ingénieurs en assainissement et vulgariser le rôle que joue l’assainissement pour l’amélioration de la santé et de la qualité de vie en général.  Le représentant de l’Inde a, quant à lui, évoqué l’expérience de son pays qui, dans le cadre d’une réforme de 1999, a établi des missions d’État pour l’eau et l’assainissement regroupant éducateurs et responsables de la santé. 


Une attention particulière a été demandée en direction des populations les plus défavorisées.  La représentante du Groupe des femmes a exhorté les gouvernements à prendre des décisions reflétant les besoins des pauvres dont beaucoup sont des femmes.  Elle a cité des initiatives en Ukraine, Roumanie et Ouganda utilisant peu d’eau, dans le souci de préserver les ressources.  Les femmes sont souvent plus sensibles aux maladies transmises par l’eau et ce sont encore elles qui s’occupent généralement des malades.  Elle a souligné les conséquences de la maladie du VIH/sida en notant qu’il fallait 24 seaux d’eau par jour pour s’occuper d’un adulte victime de cette pandémie.


Le représentant des ONG a relevé que 1,4 milliard de personnes pauvres en eau et en assainissement vivent dans les zones défavorisées.  Il faut atteindre les pauvres là où ils se trouvent en renforçant les capacités locales des ONG, en demandant que tous les acteurs soient tenus de rendre des comptes. 


Le représentant de la République islamique d’Iran s’est dit déçu par l’insuffisance de ressources autonomes pour répondre aux besoins des populations les plus pauvres, notamment en ce qui concerne la gestion des déchets et le traitement des eaux usées.  Si la représentante turque a présenté l’assèchement des zones humides comme un moyen de lutter contre le paludisme, le représentant iranien a souligné la nécessité de préserver ces zones humides compte tenu de leur contribution dans la purification de l’eau, l’équilibre de l’écosystème et le développement du tourisme.  Le représentant du Gabon a pour sa part souligné les efforts de son gouvernement pour fournir à ses populations les plus défavorisées des ressources en eau.  Comment faire en sorte, s’est-il interrogé, que ces populations deviennent des partenaires en développement


Est également intervenue au cours de ce débat, la représentante de la Stratégie internationale de prévention des catastrophes qui a rappelé que les délégations réunies à Kyoto en janvier dernier dans le cadre de la Conférence internationale sur la prévention des catastrophes, avaient souhaité inclure la préparation aux catastrophes à la gestion de l’eau et de l’assainissement et des établissements humains.  Elle a souligné la nécessité d’établir un lien plus ferme entre le développement durable et la préparation aux catastrophes en demandant l’intégration de la gestion des ressources incluant la gestion intégrée des inondations et écosystèmes fragiles.  Il doit y avoir des liens, a-t-elle insisté, entre les processus de la CDD et le processus de Kyoto. 


Développement d’institutions et de produits financiers adaptés aux besoins financiers des pauvres vivant en milieu urbain


Débat interactif


Sur cette question, les participants au débat interactif organisé par la Commission sont partis d’un certain nombre de postulats dont le premier est que de nouvelles formes d’organismes d’épargne et d’emprunt communautaires sont devenues essentielles pour la satisfaction des objectifs visés par les initiatives locales destinées à améliorer les conditions de vie dans les bidonvilles urbains et les zones rurales d’habitat insalubre.  À cet égard, dans un certain nombre de pays, des institutions de microfinancement sont devenues la source la plus importante d’accès aux ressources nécessaires à l’amélioration de l’habitat urbain dans les zones périphériques.  Des instruments et des organes financiers fonctionnant sur une logique de marché ont également occupé une place non négligeable dans les efforts d’assainissement menés en matière d’établissements humains.  Les banques de développement municipales sont l’illustration la plus visible en la matière, a noté le Coordonnateur du débat.  Dans certains pays, a-t-il ajouté, les municipalités, ayant une base financière saine et transparente leur permettant de disposer de possibilités de crédit, essaient de satisfaire leurs besoins financiers en faisant appel aux marchés de capitaux locaux et nationaux.


Tout en approuvant le bien-fondé de ces postulats, les pays en développement ont, par l’intermédiaire de la Jamaïque, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, estimé qu’il était nécessaire que la mobilisation de capitaux locaux soit soutenus par la création de fonds de lancement et de roulement destinés à la mise en œuvre de projets, qui seraient alimentés par des ressources provenant de l’aide publique au développement (APD) et des institutions financières internationales.  À cela devrait s’ajouter des programmes de renforcement des capacités humaines afin d’améliorer la gestion des opérations visant à améliorer le cadre de vie des bidonvilles.  Sur la question des fonds de lancement et de roulement, Mme SYLVIA MARTINEZ, une des expertes participant au débat, a dit qu’au Mexique les ressources nécessaires à la création de ces fonds avaient été mobilisées à travers la création de taxes foncières.  Intervenant sur la question de l’aide publique au développement, la représentante de la Suède a indiqué que tout en étant conscient que l’APD à elle seule ne pouvait suffire à l’élimination de tous les taudis dans les pays en développement, son pays, qui lui consacre déjà 0,7% de son PNB, comptait augmenter sa contribution à l’APD et allait s’efforcer d’y contribuer en y versant 1% de son PNB dans les années à venir. 


Quelques délégations ayant évoqué le concept de « bonne gouvernance », compris sous l’angle de conditionnalités qui seraient posées au versement de tout financement extérieur en faveur de la lutte contre les bidonvilles, la représentante du Bénin a indiqué que les engagements pris à cet égard devaient être mutuels.  La bonne gouvernance n’est pas un concept qui devrait être sélectivement utilisé par certains États ou partenaires au développement quand ils veulent simplement éviter de tenir des engagements mutuellement agréés au niveau multilatéral, a fait remarquer la représentante béninoise, en souhaitant que chaque partie s’acquitte de ses devoirs afin que les problèmes qui ont été identifiés de manière impartiale soient résolus à la satisfaction de toutes les parties. 


En voulant partager l’expérience de son pays dans le domaine de l’amélioration du cadre de vie urbaine, le représentant de la Chine a indiqué que les efforts qui y sont déployés répondent aux besoins spécifiques des populations chinoises et à leur pouvoir d’achat.  Des efforts sont menés pour réhabiliter les vieux quartiers des villes, et par l’accroissement des investissements, les autorités ont fait de la construction de logements et de la planification urbaine un secteur catalyseur du développement de la Chine.


Le représentant du Royaume-Uni a indiqué que son pays soutenait le fonds créé par ONU-Habitat pour faciliter l’amélioration des conditions de vie dans les taudis.  Selon ONU-Habitat, ce fonds appelé « Fonds de relèvement des bidonvilles » est destiné à mobiliser les capitaux nationaux et locaux afin de donner aux municipalités et aux collectivités locales les ressources qui leur font défaut. Le capital de départ du Fonds doit être de 30 millions de dollars.  Après une phase de démarrage de trois ans qui devrait permettre aux agences et institutions de coopération économique bilatérale d’y augmenter leur participation, ce Fonds devrait permettre à la Fondation des Nations Unies pour l’Habitat de servir d’outil de mobilisation de ressources et d’investissements pour combattre l’expansion des bidonvilles urbains, a indiqué le représentant.


Débat interactif visant à faire la synthèse des orientations possibles et des mesures envisagées pour accélérer les progrès dans le cadre du module thématique comportant l’eau, l’assainissement et les établissements humains


Le débat de cet après-midi a porté sur les aspects transversaux liés aux orientations envisagées pour accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement en matière d’eau, d’assainissement et d’établissements humains.  Engageant ce débat, le modérateur, M. JOHN ASHE (Antigua-et-Barbuda), a souhaité que les interventions tiennent compte des quatre points suivants: l’intégration des questions de parité; l’intégration des préoccupations relatives à l’eau, l’assainissement et les établissements humains dans les stratégies nationales de développement durable et de lutte contre la pauvreté; la mise en place d’un  environnement favorable à la gestion de ces questions par les communautés locales;  et l’intégration de la gestion de l’eau, de l’assainissement et des établissements humains dans la planification urbaine. 


Résumant les précédents débats interactifs, il a noté le problème des facteurs socioculturels qui empêchent les femmes d’avoir à ces questions sur un pied d’égalité en soulignant que la fourniture intégrée d’une infrastructure de logement et d’assainissement exige la ferme volonté des pouvoirs publics.  Il a souligné la nécessité d’associer les pauvres aux projets, car ils sont des agents importants du changement et de voir comment les services d’eau et d’assainissement sont accessibles au plus grand nombre tout en assurant la viabilité des entreprises concernées.  Il a formé le vœux que les interventions des délégations puissent répondre à un certain nombre de questions, à savoir: quels moyens d’améliorer la participation des femmes au processus de gestion de ces questions? Quelles sont les mesures spécifiques à mettre en place en matière de renforcement des capacités et les ressources nécessaires dans le contexte général de la décentralisation?  Quelles mesures doivent être prises par le gouvernement et les autorités locales, afin de permettre aux participants à tous les niveaux d’être des agents du changement?  Quels sont les instruments juridiques et réglementaires qui ont fait des preuves en matière de mobilisation des ressources privées ou publiques?  Quels sont les renforcements nécessaires pour les institutions financières?


Le représentant de la Jamaïque, au nom du Groupe des 77, a souligné l’importance d’une planification intégrée dans le domaine de la parité entre les sexes.  Il a souligné la nécessité de se concentrer spécifiquement sur le problème de la dette et l’augmentation et la meilleure répartition de l’APD.  Il serait bon que soient augmentés les fonds internes de mobilisation de ressources et donner des priorités accrues à ces questions dans les budgets nationaux.  Il faut avoir des consultations répétées avec les gouvernements, les organisations internationales, les organisations non gouvernementales et tous les acteurs potentiels du changement dont le but est la mise en place de partenariats.  En travaillant ensemble, nous donnerons une meilleure visibilité à l’eau, à l’assainissement et à leur gestion.  C’est aussi le moyen de mieux déceler les besoins spécifiques de chaque pays.


La représentante du Luxembourg, au nom de l’Union européenne, a souligné la nécessité d’assurer une gestion intégrée de l’eau, de l’assainissement des établissements humains.  Dans ces domaines, les pouvoirs des acteurs locaux doivent être renforcés.  La bonne gouvernance, le renforcement des capacités et le transfert des technologies sont des questions clefs de l’orientation d’une action intégrée à tous les niveaux.  Enfin, il est nécessaire d’intégrer les planifications rurale et urbaine et au niveau régional, les pays doivent être assistés pour développer leurs capacités de suivi.


Intervenant au nom du Groupe de Rio, le représentant de l’Argentine a estimé qu’il fallait tenir compte des caractéristiques particulières.  Il a invité la CDD à mettre l’accent sur la participation du gouvernement qui doit définir les objectifs et cibles en ce qui concerne ces trois domaines.  Comme il s’agit de secteurs qui présentent un intérêt public évident, a-t-il ajouté, l’État ne peut renoncer à son principal rôle de promoteur.  Il faut examiner les tendances non viables de production d’eau qui vont à l’encontre de la durabilité.  Outre deux réunions régionales qui se sont tenues respectivement au Nicaragua et en Argentine, il a indiqué que le 8ème séminaire régional sur la production et consommation durables d’eau aura lieu prochainement au Mexique. 


Intervenant dans le débat sur les liens et les aspects intersectoriels qui existent dans les différentes options politiques et les actions envisageables sur les questions de l’eau, de l’assainissement et des établissements humains, la représentante du Groupe des femmes a estimé que l’autonomisation des femmes et leur intégration à toutes les activités concernant les actions à mener devaient s’inscrire dans les objectifs de la Déclaration du Millénaire.  Les femmes demandent qu’une question spécifique intitulée « les femmes et l’eau » soit inscrite à l’ordre du jour de la CDD-13, a-t-elle dit.  Cette proposition a reçu le soutien des délégations de la Suisse, et du Luxembourg, qui avait pris auparavant la parole au nom de l’Union européenne et avait insisté sur l’inclusion d’une dimension sexospécifique dans les travaux de la CDD-13.  Dans la majorité des pays africains sahéliens le problème de la parité entre les hommes et les femmes dans la gestion des terres et de l’eau ne se pose pas sous l’angle débattu par certaines délégations, a estimé pour sa part le représentant de la Mauritanie.  Dans ces régions, la majorité des hommes quittent les zones rurales pour aller chercher un emploi dans les villes, ou deviennent des travailleurs migrants, a-t-il indiqué, en souhaitant que la question de la sexospécifité et de l’inclusion soit donc abordée de manière plus réaliste et mieux informée par la CDD-13.


La représentante du Canada a estimé que la privatisation de l’exploitation et de la distribution de l’eau allait à l’encontre des intérêts des populations autochtones et a regretté les nombreux conflits entre gouvernements et populations autochtones auxquels on assiste en ce moment dans les régions du monde où on a, sous certaines contraintes, libéralisé le secteur de l’eau.  L’eau étant une ressource fondamentale faisant partie du patrimoine commun de l’humanité, la CDD-13 devrait lui accorder une attention particulière, de manière à prôner le respect du droit à l’accès à ce bien.  La notion de bien public et de sécurité humaine devrait être appliquée à l’eau, a dit la représentante du Canada, en recommandant que tous les gouvernements s’engagent à distribuer gratuitement l’eau à leurs populations.  La vie des résidents des quartiers insalubres pourrait être améliorée si la planification et la gestion budgétaire des villes se faisaient de manière participative, a estimé le représentant d’ONU-Habitat.  Ce genre de mode de fonctionnement permettrait l’inclusion des femmes, des jeunes et des pauvres à la prise de décision sur les problèmes essentiels de l’eau, de l’habitat, des services et des questions foncières.


La représentante des autorités locales a souhaité que la prochaine session de la CDD soit l’occasion d’obtenir des engagements sur « qui fera quoi, combien et quand?».  À l’instar du Nigéria, elle a mis l’accent sur la responsabilité première des gouvernements en matière de réalisation des OMD et de mise en place d’un cadre favorable à la participation de tous les acteurs concernés.  Comme le Nigéria, elle a souligné l’importance d’un cadre institutionnel encourageant la décentralisation et la participation populaire, en estimant que le meilleur moyen de mieux utiliser l’APD était de cibler des programmes visant des initiatives locales.  Le représentant nigérian a appuyé la proposition italienne de réduire la dette en échange d’initiatives pour le développement durable et celui du Lesotho a précisé que des sièges étaient réservés aux femmes dans les gouvernements locaux de son pays pour favoriser leur participation aux prises de décision. 


Si la représentante de l’ONG « WASH » a souligné l’importance de la feuille de route de Dakar sur l’eau, l’assainissement et l’hygiène, celui de l’Inde a souhaité que l’on vérifie que les engagements de coopération internationale soient respectés.  Ce dernier a souhaité que l’on prenne des décisions sur les voies de consommation non durables.  Par ailleurs, le représentant de Maurice a souligné les difficultés particulières des PEID du fait de la montée du niveau de mer qui vient contaminer les sources d’eau potable.  Il a souhaité que l’on examine les questions liées à l’eau dans le contexte de l’aménagement des zones côtières.


Le représentant du Lesotho a indiqué que son pays avait créé un plan national et une feuille de route sur l’eau et l’assainissement dont la mise en œuvre devrait commencer cette année.  Les autorités du Lesotho souhaitent accroître la participation de tous les groupes sociaux à ces programmes, a dit le représentant.  Concernant les prestations de services, il a indiqué que le Lesotho souhaitait bénéficier de l’expérience de l’Afrique du Sud dans les domaines de la gestion de l’eau, de l’amélioration des infrastructures sanitaires, et de la réhabilitation des zones d’habitation insalubres.  La Fédération de Russie voit l’amélioration du cadre de vie dans les bidonvilles et la rationalisation de la gestion de l’eau comme faisant partie des efforts normaux de développement économique et social, a dit le représentant de ce pays.  Concernant la méthodologie à apporter à la résolution des questions qui existent dans ses secteurs, la Fédération de Russie pense que la définition des politiques et des actions y afférentes incombe d’abord aux gouvernements nationaux qui connaissent mieux que personne les besoins et les réalités de leurs populations.  La CCD-13 devrait donc mettre l’accent sur la promotion des droits d’accès des populations à un logement décent, à l’eau, et à des services d’assainissement, a estimé le représentant.


Selon le représentant du Groupe des entreprises, la restauration de la confiance est le principal défi à relever par les autorités nationales et locales en ce qui concerne l’eau, l’assainissement et les établissements humains.  Des pays comme la France et la Suisse ont mis en place des cadres institutionnels, réglementaires et législatifs qui pourraient inspirer d’autres pays, a dit le représentant.  La CDD-13 pourrait inscrire la question de la confiance entre les secteurs public et privé à son ordre du jour.  Le souhait des entreprises, qui ne soutiennent pas forcément la privatisation du secteur de l’eau, est d’apporter une expertise de gestion aux pays qui en manquent, a-t-il dit. 


Les Îles Marshall accordent beaucoup d’importance à la préservation de l’environnement et de l’eau, a indiqué leur représentante.  Cependant, a-t-elle ajouté, bien que la culture nationale soit favorable à la présence des femmes dans les processus de décision, il a fallu que le Gouvernement formalise ce fait en créant un ministère d’inclusion de la femme dans la gestion de l’eau, de l’habitat et de l’environnement.  La CCD-13 devrait donc faire des recommandations allant dans le même sens, a dit la représentante.


Le représentant de l’Afrique du Sud a souhaité que les logements soient fournis avec l’eau et l’assainissement.  Il a jugé essentiel que les stratégies nationales d’emploi prennent en compte les besoins en emplois sociaux en donnant la priorité aux femmes et aux jeunes.  Il a également souligné l’importance d’une bonne collecte des données aux niveaux régional et national.  Il a invité la CDD-13 à demander aux organismes internationaux d’aligner leurs programmes de travail sur les objectifs de développement durable de Johannesburg.  Il a souhaité que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) fassent rapport auprès des instances de développement durable sur leurs contributions effectives à ces objectifs.  À l’instar des délégations africaines, il a relevé deux impératifs pour la mobilisation de ressources: la réduction de la dette et l’ouverture des marchés à l’exportation des pays africains.  À titre d’illustration, il a indiqué qui si les pays les plus pauvres avaient obtenu 27 milliards de dollars d’aide l’année dernière, ils consacraient en même temps 39 milliards au remboursement de la dette, soit un déficit de 12 milliards de dollars.  Une augmentation de 1% des exportations totales africaines entraînerait des ressources supplémentaires de 70 milliards de dollars, soit bien plus que les sommes encore requises pour atteindre les OMD. 


Dans d’autres domaines, le représentant du Royaume-Uni a cité la contribution bénévole de retraités comme un moyen de renforcer les capacités des pays en développement, alors que celui de la Syrie a insisté sur le respect de la souveraineté nationale sur les ressources en eau potable.  Le représentant de Madagascar a demandé une politique pour favoriser le développement des petites et moyennes entreprises (PME) et une augmentation de l’APD qui puisse permettre aux villes africaines de faire face à une démographie exponentielle.  Enfin, il a présenté la protection du droit à la propriété comme un moyen incontournable d’atteindre les objectifs d’établissements humains.  Il s’est particulièrement inquiété de la lenteur du développement de l’assainissement dans les zones rurales de l’Afrique subsaharienne.  


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