PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES 2005: LA CROISSANCE MONDIALE DÉPENDRA LARGEMENT DU COMPORTEMENT DU DOLLAR ET D’UNE RÉDUCTION GRADUELLE DES DÉSEQUILIBRES COMMERCIAUX
Communiqué de presse ECO/77 |
PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES 2005: LA CROISSANCE MONDIALE DÉPENDRA LARGEMENT DU COMPORTEMENT DU DOLLAR ET D’UNE RÉDUCTION GRADUELLE DES DÉSEQUILIBRES COMMERCIAUX
(Publié tel que reçu)
NEW YORK, 25 janvier (Département de l’information des Nations Unies) -– Contrairement à bien des attentes, ni les déséquilibres caractérisant le commerce mondial, ni même le déficit commercial américain, ne pourront être corrigés par un dollar américain à la baisse et ce, en dépit de prévisions plutôt optimistes de croissance économique prévalant en ce début de l’année 2005. C’est ce que concluent les auteurs du rapport des Nations Unies sur la situation et les perspectives de l’économie mondiale en 2005, -lancé aujourd’hui à New York, et publié en anglais seulement-, sous le titre World Economic Situation and Prospects 2005.
Les experts de l’ONU estiment que le cycle de reprise économique a atteint un sommet après avoir connu une année 2004 favorable, surtout dans les pays en développement.
L’éventualité d’un mouvement correctif abrupt et dommageable pour l’ensemble de l’économie mondiale n’est toutefois pas à écarter, avertissent ces experts, en notant que la dépréciation du dollar ne sera probablement pas suffisante pour réduire les déséquilibres commerciaux au plan mondial et les ramener à un niveau acceptable, sans à-coup. C’est le message que fait passer l’ONU en publiant ce rapport annuel peu après la publication, en novembre dernier, de statistiques prévisionnelles annonçant que le déficit commercial américain continuait de se creuser de manière accélérée.
La baisse du dollar est incapable de générer une correction de la croissance mondiale en raison de la position unique de l’économie américaine, dont la dette se situe notamment dans sa propre devise, celle-là même qui représente la principale devise utilisée dans les échanges mondiaux. Certains des effets négatifs généralement associés à une telle baisse sont généralement ressentis chez les créditeurs des États-Unis, qui subissent des pertes suite à la chute de la valeur de leurs réserves de devises. Cette dévaluation a elle-même un impact sur la demande mondiale, ce qui atténue les avantages que pourraient tirer les exportateurs des États-Unis du fait de l’augmentation de la compétitivité accompagnant un dollar faible.
En définitive, les déséquilibres au plan mondial sont patents si l’on observe le niveau de la consommation américaine, le niveau de la dette des États-Unis et le rythme marqué d’augmentation des surplus commerciaux de leurs partenaires. Dans ce contexte, les experts estiment que les variations sur les marchés monétaires, y compris les manipulations des devises orchestrées au plan bilatéral, ne permettront pas, toutes choses égales par ailleurs, de résoudre le problème de ces déséquilibres. Il semble indispensable que les autorités de Washington apportent des corrections, au plan fiscal, et s’efforcent d’améliorer le taux de l’épargne privée, tout en contrebalançant les effets de telles mesures par l’adoption de mesures expansionnistes dans d’autres domaines, affirment en substance les experts des Nations Unies dans le rapport WESP 2005.
Au plan mondial, il serait possible de pallier à ces inégalités en stimulant la demande nationale, par le biais d’investissements nationaux, dans les pays disposant d’importants surplus, comme le Japon, les pays d’Europe de l’Ouest et quelques autres pays asiatiques en développement. À ce titre, les experts soulignent que l’ampleur des besoins de reconstruction engendrés par l’impact du tsunami, qui a frappé la région de l’Océan Indien le 26 décembre dernier, représente une bonne occasion pour investir à grande échelle dans les pays de la zone.
Parmi les conclusions des auteurs du rapport sur la situation de l’économie mondiale à la fin de l’année 2004 et sur les perspectives en ce début de l’année 2005, on notera:
-- La croissance du produit mondial brut en 2004 est estimée à 4% et une croissance de trois quarts de points est prévue pour 2005, advenant l’absence d’une dérive des marchés face à la baisse du dollar et à l’augmentation des déficits commerciaux.
-- Les économies chinoise et américaine jouent conjointement un rôle prépondérant comme soutiens de l’économie mondiale – la demande américaine stimule le secteur de la production industrielle, tandis que l’émergence de la demande chinoise sur les marchés des produits de base, influence favorablement les exportations des pays en développement, y compris en Amérique latine et en Afrique.
-- La demande chinoise et une reprise de l’économie mondiale ont permis d’inverser la tendance persistante à la baisse des prix des produits de base. Les prix des produits de base non pétroliers ont connu une augmentation de l’ordre de 10% en 2004, après s’être accrus de 11% en 2003 et de presque 12% en 2003 – et ce, bien qu’échangés en fonction d’un dollar toujours plus faible. En dépit de cette relance, les prix moyens en dollars des produits de base non pétroliers ont baissé de 25% en valeur entre 1980 et 2004.
-- Dynamisée en partie par la bonne santé du marché des produits de base, la croissance des pays en développement s’élevait en moyenne à 5,5% en 2004, soit le niveau le plus haut de ces 20 dernières années. La production dans les autres pays en transition vers l’économie de marché a atteint son niveau le plus élevé depuis l’amorce de cette transition, au début des années 1990.
-- La croissance du continent africain s’élevait à 4,5% en 2004. Elle a bénéficié de l’augmentation de la production agricole, d’une plus grande stabilité politique ainsi que d’un soutien important des donateurs et de la bonne santé du marché des produits de base. La bonne nouvelle est que ces mêmes facteurs devraient avoir les mêmes effets au cours de l’année 2005, soulignent les experts, qui signalent toutefois que seuls six pays ont connu une croissance supérieure aux 7% reconnus comme le seuil minimal de croissance nécessaire, dans cette région du monde, pour réaliser les créer Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Quarante-trois pays demeurent en deçà de ce seuil.
-- Le prix du pétrole a augmenté de 50% au cours du premier semestre de 2004, pour diminuer par la suite tout au long du second semestre. Cette tendance à la modération dans les prix du pétrole devrait se poursuivre cette année. Cette évolution s’explique par une augmentation de la demande l’an dernier, et non pas par une baisse de la production, comme cela avait été le cas lors des précédents chocs pétroliers mondiaux. Dans ce contexte, le marché est a priori davantage en mesure de procéder à des ajustements en douceur.
Le rapport sur la situation et les perspectives de l’économie mondiale (WESP) est publié au début de chaque année par le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (DESA) et par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), en collaboration avec les Commissions régionales des Nations Unies. Ce rapport est complété, en milieu d’année, par les projections économiques et les données statistiques compilées dans le rapport sur la situation économique et sociale dans le monde, publié par les Nations Unies, en anglais seulement, sous le titre UN World Economic and Social Survey.
Pour de plus amples informations, veuillez contacter: à New York, Tim Wall, T: +1 (212) 963-5851, E: wallt@un.org ou Ellen McGuffie, T: +1 (212) 963-0499, E:mcguffie@un.org
, de la Section du développement du Département de l’information de l’ONU.