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DSG/SM/271

À L’OCCASION D’UN COLLOQUE DE L’OCCIDENTAL COLLEGE, LOUISE FRÉCHETTE INSISTE SUR L’IMPORTANCE DE DONNER SUITE À TOUTES LES DÉCISIONS DU SOMMET MONDIAL

20/10/2005
Vice-Secrétaire généraleDSG/SM/271
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

À L’OCCASION D’UN COLLOQUE DE L’OCCIDENTAL COLLEGE, LOUISE FRÉCHETTE INSISTE SUR L’IMPORTANCE DE DONNER SUITE À TOUTES LES DÉCISIONS DU SOMMET MONDIAL


(Publié le 14 février – retardé à la traduction)


On trouvera ci-après le texte de l’allocution prononcée par la Vice-Secrétaire générale de l'ONU, Mme Louise Fréchette, lors du colloque tenu hier 19 octobre à New York par l’Occidental College:


Merci, Monsieur le Président, pour cette présentation très obligeante.  John [Hirsch], je voudrais également vous remercier pour vos propos d’accueil.


Permettez-moi d’abord de féliciter l’Occidental College à l’occasion du vingtième anniversaire de son programme relatif à l’Organisation des Nations Unies et de vous dire à quel point je suis heureuse de me trouver parmi vous pour parler de la situation actuelle de l’ONU et de la voie qu’elle va suivre.  Je me réjouis particulièrement de voir ici tant d’étudiants ainsi que des personnes qui jouent un rôle de premier plan dans les efforts menés pour réformer l’Organisation.


Où en sommes-nous après le Sommet mondial du mois dernier? Pour le Secrétaire général, le résultat s’apparente à « un verre à moitié plein » – autrement dit à moitié vide.  Le Sommet n’a certes pas répondu à tous les espoirs, et je parlerai de chances que nous avons malheureusement laissé passer.  Toutefois, je tiens à souligner dès à présent que le Document final reflète des progrès considérables, surtout lorsqu’on sait que ce type de document nécessite le consensus de 191 États Membres. 


En effet, peu de gens seraient allés jusqu’à prédire il y a un an, et peut-être encore moins quelques jours avant le Sommet, que nous pourrions obtenir tous les résultats suivants à la fois:


–     Un accord détaillé sur le principe de la responsabilité de protéger les populations du génocide et d’autres crimes odieux;


–     Une forte hausse du financement du développement et de réels progrès vers l’allégement de la dette, auxquels répondent des engagements envers des stratégies nationales pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement;


–     La décision de mettre en place d’ici à décembre une commission de consolidation de la paix, après en avoir réglé les principaux détails;


–     La décision d’instituer sous peu un conseil des droits de l’homme et l’engagement de poursuivre les négociations sur ses principales caractéristiques;


–     Le doublement du budget du Haut Commissariat aux droits de l’homme;


–     La déclaration catégorique de l’inadmissibilité du terrorisme sous toutes ses formes;


–     Un appui à une série importante d’initiatives pour réformer la gestion. 


Lorsqu’on considère ces résultats dans leur ensemble, on peut dire à juste titre, comme l’a dit le Secrétaire général à l’ouverture du débat général, le lendemain du Sommet, que des progrès ont été accomplis sur un plus grand nombre de questions qu’en toute autre occasion au cours des 60 ans de l’Organisation des Nations Unies. 


La tâche à laquelle l’Organisation doit s’atteler sans plus attendre est tout à fait claire.  Nous devons nous assurer que toutes les décisions prises seront suivies d’effets.  Les progrès dont témoigne le Document final ne pourront pas se matérialiser si nous ne traduisons pas un certain nombre de déclarations générales en améliorations tangibles dans les résultats des activités de l’Organisation et, par conséquent, dans la vie des humains de par le monde.  La priorité numéro un du Secrétaire général dans les semaines et les mois à venir sera ainsi de collaborer très étroitement avec les États Membres afin que chaque point sur lequel l’accord s’est fait reçoive un suivi prompt et complet.


L’un des résultats majeurs de 2005 a été d’obtenir l’engagement ambitieux d’investir chaque année, durant cinq ans, des dizaines de milliards de dollars dans la lutte pour le développement, plus de pays proposant des plans pour consacrer 0,7 % du revenu national brut à l’aide au développement, de nouveaux accords conclus pour alléger la dette et les doutes qui subsistaient, quant à l’appui aux Objectifs du Millénaire pour le développement, dissipés.


Nombre de ces résultats ont été précipités par l’ordre du jour et le calendrier du Sommet, même si les premiers pas ont été faits dans d’autres forums tels que le Groupe des Huit, l’Union européenne et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).  De même, ce que l’on attend maintenant doit principalement se produire à l’extérieur de l’ONU.  Il appartient aux gouvernements nationaux de mettre en œuvre d’ici à l’an prochain des stratégies globales de développement de leur pays qui soient suffisamment audacieuses pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement en s’appuyant sur les principes d’une bonne gouvernance et d’une politique économique saine.  Les pays développés doivent quant à eux tenir les promesses qu’ils ont faites d’accroître l’aide au développement et d’annuler la dette.


Le troisième pilier de l’appui international au développement, à savoir un système d’échanges libre et équitable, compte autant que l’aide et l’allégement de la dette.  Dans le Document final, il est question d’achever les négociations de Doha sur le commerce d’ici à la fin de l’an prochain.  Pour ce faire, celles que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) tiendra en décembre à Hong Kong doivent aboutir à de véritables progrès.  Tous ses membres doivent notamment oser sortir de l’impasse sur l’agriculture et s’attacher à mettre au point à Hong Kong un document permettant d’aborder la phase finale des négociations en 2006.


Si l’on veut donner suite aux conclusions du Sommet sur la sécurité et les droits de l’homme, il y a fort à faire au sein même de l’ONU, aussi bien à l’Assemblée générale qu’au Secrétariat.  Les États Membres doivent régler les points en suspens en ce qui concerne la Commission de consolidation de la paix et se mettre d’accord sur des points importants en vue d’instituer le Conseil des droits de l’homme.  Ils doivent poursuivre les efforts menés pour élaborer une convention globale sur le terrorisme, et mettre au point une stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme fondée sur les éléments suggérés par le Secrétaire général.  Ils doivent aussi tenir l’engagement qu’ils ont pris de doubler le budget du Haut Commissariat aux droits de l’homme, et fournir l’appui nécessaire à la mise en place d’une force de police permanente pour le maintien de la paix.  Enfin, le Conseil de sécurité doit naturellement être en mesure d’assumer sa responsabilité de protection par une action rapide et efficace.


Le Secrétariat doit pour sa part mettre en place et en service le Bureau d’appui à la consolidation de la paix, le Fonds permanent pour la consolidation de la paix, le Fonds pour la démocratie et le Groupe du renforcement de l’état de droit.  Nous devons travailler avec l’Union africaine à un plan décennal de renforcement de ses capacités de maintien de la paix, et avec tous nos partenaires régionaux pour conclure des accords officiels visant à renforcer la coopération.  Nous devons aussi formuler des propositions détaillées visant à renforcer les capacités de médiation et à déployer rapidement les soldats de la paix, ainsi qu’à renforcer la cohésion du système des Nations Unies par une gestion plus rigoureuse des entités chargées du développement, de l’aide humanitaire et de l’environnement, puis soumettre ces propositions aux États Membres afin qu’ils les examinent et décident.


Le Sommet a également débouché sur un appui à une série d’initiatives pour réformer la gestion, à savoir:


–     La révision de toutes les règles de gestion des ressources budgétaires, financières et humaines;


–     La révision de tous les mandats datant de plus de cinq ans;


–     Les modalités d’une opération isolée de départs anticipés;


–     Une évaluation externe, indépendante et complète du système de contrôle et de gestion;


–     Des propositions sur un nouveau comité consultatif indépendant pour les questions de contrôle. 


Ces mesures viennent compléter les réformes déjà engagées par le Secrétaire général dans le sens d’une plus grande responsabilité, de meilleurs résultats et d’un strict respect des codes de déontologie au Secrétariat. 


La possibilité nous est ainsi offerte aujourd’hui de faire de l’ONU un instrument beaucoup plus efficace et transparent entre les mains de ses membres.  Les mesures ne vont toutefois pas s’appliquer d’elles-mêmes.  Il faut que l’Assemblée générale prenne d’autres décisions.  Pour cela, nous devons convaincre une grande majorité des États Membres qu’une ONU plus efficace sera pour tous ses Membres, et non pas pour un seul ou pour quelques-uns, plus utile et plus responsable.


Nous devons en outre continuer d’examiner les questions encore en litige.  Lorsqu’on considère par exemple que la réforme du Conseil de sécurité a échappé aux États Membres, que le Document final ne comporte pas une seule ligne sur le désarmement et la non-prolifération nucléaires et qu’on a à peine progressé sur les principes directeurs régissant le recours à la force, il ne fait pas de doute que nous avons encore beaucoup à faire pour mettre en place un système de sécurité collective qui réponde de façon équitable, rationnelle et efficace à l’ensemble des menaces et des problèmes de l’heure.  En ce qui concerne ces questions, nous n’avons pas encore pris les décisions que le Secrétaire général estime nécessaires.


Cependant, le fait même d’avoir tout un programme de travail à accomplir pour mettre en œuvre les conclusions du Sommet montre bien qu’il a été fructueux.  Si cette mise en œuvre a lieu, il se peut que le Sommet soit un jour considéré comme un tournant dans l’histoire des Nations Unies; mais si elle traîne ou échoue, ceux qu’il a gravement déçus auront raison.


Le Premier Ministre britannique, M. Tony Blair, a dit ceci au sujet du défi que nous devons relever : « D’aucuns qualifient de modestes les résultats du présent sommet.  Un sommet exigeant l’unanimité de 191 pays ne peut être que modeste.  Mais si nous accomplissions ce dont nous sommes convenus […] notre modestie surprendrait.  Il y aurait plus de démocratie et moins d’oppression; plus de liberté et moins de terrorisme; plus de croissance et moins de pauvreté.  Des millions de personnes qui n’auront jamais l’occasion d’entendre nos discours ou de lire nos déclarations en ressentiraient les effets au quotidien.  Or, ce serait là la véritable raison d’être des dirigeants politiques et l’ONU se montrerait ainsi digne de son nom.  Au travail donc.  »


Je ne puis que souscrire en tout à ces propos.  Les fonctionnaires du Secrétariat se mettent au travail et espèrent que les États Membres en font autant.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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