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DSG/SM/270

LA VICE-SECRETAIRE GENERALE DE L’ONU DECLARE A L’AUSTRALIAN INSTITUTE FOR INTERNATIONAL AFFAIRS QUE LE DOCUMENT FINAL DU SOMMET MONDIAL CONSTITUE « UN VERITABLE PROGRES »

13/10/2005
Vice-Secrétaire généraleDSG/SM/270
Department of Public Information • News and Media Division • New York

LA VICE-SECRÉTAIRE GÉNÉRALE DE L’ONU DÉCLARE À L’AUSTRALIAN INSTITUTE FOR INTERNATIONAL AFFAIRS QUE LE DOCUMENT FINAL DU SOMMET MONDIAL CONSTITUE « UN VÉRITABLE PROGRÈS »


(Publié le 14 décembre – retardé à la traduction)


NEW YORK, 13 octobre – On trouvera ci-après le texte de l’allocution prononcée aujourd’hui à Sidney par Louise Fréchette, Vice-Secrétaire générale, à l’Australian Institute for International Affairs:


Je dois dire que je suis très contente d’être ici.  Depuis une semaine, j’ai eu l’occasion de recueillir les vues de nombreux Australiens sur des questions de portée régionale et mondiale.  Et j’ai trouvé cela très intéressant.


L’ONU est l’une de ces institutions qui a l’art de se trouver prise « sous les tirs croisés et implacables de sympathisants peu critiques et de critiques ayant peu de sympathie », pourrait-on dire pour inventer une nouvelle expression.  Mais les Australiens auxquels j’ai parlé ont été à la fois très aimables et très francs dans leurs opinions, et ce que j’ai entendu m’a encouragée.


Il m’apparaît clairement que les Australiens croient fermement en l’ONU.  Même les détracteurs avec lesquels je me suis entretenue se montrent critiques parce qu’ils croient en l’ONU et non parce qu’ils n’y croient pas.  J’ai été heureuse d’apprendre que, à en juger par l’étude d’opinion la plus vaste jamais menée en Australie sur des questions internationales – le sondage de l’Institut Lowy effectué en début d’année – plus des deux tiers des personnes interrogées ont déclaré avoir une attitude positive à l’égard de l’ONU.


Les Australiens savent que l’ONU ne peut faire de miracles ni résoudre tous les problèmes du monde, et ils n’ont pas peur de montrer du doigt les lacunes de l’Organisation.  Mais ils souhaitent que l’ONU fonctionne efficacement parce qu’ils sont favorables au renforcement du droit international, qu’ils valorisent la coopération internationale et qu’ils soutiennent l’action que l’Organisation mène sur le terrain dans des pays touchés par la guerre, la pauvreté ou les catastrophes naturelles, comme le tsunami dévastateur de décembre dernier, à la suite duquel l’ancien Président Clinton mène les efforts de reconstruction de l’ONU.


Ont-ils raison de penser ainsi? Je le crois.  Car les forces à l’œuvre dans le monde actuel font que, pour le meilleur ou pour le pire, nous sommes tous dépendants les uns des autres.  Prenez quasiment n’importe laquelle des questions d’actualité: le terrorisme, la prolifération nucléaire, le sida, la grippe aviaire, les interventions en cas de catastrophe, le réchauffement mondial, la pauvreté, les échanges commerciaux.  Ces questions nous concernent tous, et nous ne pouvons agir sans convenir de normes et de stratégies communes et en assumer ensemble les difficultés.

Si l’ONU est aujourd’hui sur la sellette, c’est, entre autres, précisément parce que, dans notre monde interdépendant, les gens attendent beaucoup de l’Organisation.  Ils apprécient que l’ONU soit un lieu de dialogue, mais ils ne sont pas contents lorsqu’on n’y fait que parler.  Ils veulent des résultats, et à juste titre.


Pourtant, alors même que les habitants de nombreuses régions du monde comprennent aujourd’hui l’importance cruciale de solutions collectives, l’ONU ploie sous les coups.  Aux dissensions profondes que suscitent entre les États Membres certaines questions, comme l’Iraq, se sont greffés de graves problèmes qui sont apparus dans le programme « pétrole contre nourriture » et les missions de maintien de la paix des Nations Unies, faisant planer de lourds doutes sur l’efficacité, la responsabilité et l’intégrité de l’Organisation.  Il est impossible d’ignorer la nécessité de réformes véritables et substantielles – des normes, des politiques et des structures.


C’est à cette fin que le Secrétaire général, Kofi Annan, a présenté aux États Membres un programme de changement ambitieux il y a sept mois et a demandé le mois dernier au Sommet mondial de New York que des décisions soient prises.  Vous avez peut-être lu que le Sommet mondial a été un échec. Ce n’en a pas été un.  Certes, le Sommet n’a pas abouti à la transformation généralisée que le Secrétaire général souhaitait.  Mais il a cependant permis d’obtenir des résultats. Permettez-moi d’en dire plus à ce sujet.

Les propositions du Secrétaire général étaient de vaste portée, car il est convaincu que le développement, la sécurité et les droits fondamentaux ne sont pas seulement des objectifs essentiels en eux-mêmes, mais sont également interdépendants.  Nous ne pouvons espérer faire régner la sécurité lorsque des milliards de personnes se débattent dans la misère, ni réduire la pauvreté lorsque le terrorisme et les conflits prolifèrent, ni combattre le terrorisme ou la pauvreté à partir d’autres fondements que le respect des droits de l’homme. Nous devons progresser sur tous ces fronts à la fois.


Le Secrétaire général a également reconnu que les États ont des priorités différentes et sont plus à même de vaincre leurs réserves sur certaines questions lorsqu’ils voient qu’une véritable attention est accordée à d’autres questions plus importantes à leurs yeux.  Des pays comme l’Australie, qui privilégient par exemple les droits de l’homme, la lutte contre le terrorisme et la réforme de la gestion, ont le plus de chances d’obtenir d’importants progrès dans ces domaines si – mais seulement si – ils tiennent compte des vues des nombreux gouvernements pour qui le développement est la plus grande priorité – et vice versa.


Le Secrétaire général fixe ainsi la barre très haut.  Lors des préparatifs du Sommet, certains ont annoncé que le programme de négociation allait ployer sous son propre poids, sur fond d’acrimonie et de dissensions entre les Membres.  Ce risque a en effet toujours existé.  Lors des négociations, il n’a pas été possible de parvenir à un consensus sur des points importants – la réforme du Conseil de sécurité a été celui dont on a le plus parlé, mais il y en a eu d’autres.


Pourtant, en fin de compte, les États Membres sont convenus d’un document qui constitue un véritable progrès pour l’ONU, en ce qui concerne la façon dont l’Organisation est gérée et ce qu’elle peut accomplir en tant que cadre de discussion et vecteur du développement, de la sécurité et des droits de l’homme.  Votre Ambassadeur à New York, John Dauth, a contribué pour beaucoup à l’adoption de ce texte.


Le Secrétaire général s’emploie depuis près de neuf ans à promouvoir la réforme de la gestion à l’ONU.  Je suis la première Vice-Secrétaire générale de l’Organisation et c’est notamment pour l’aider à mettre en œuvre cette réforme que mon poste a été créé.  Ce qui a été accompli pendant ces neuf années est beaucoup plus important que ce que beaucoup croient – notamment en ce qui concerne l’intégration de diverses composantes du système des Nations Unies en des flux cohérents d’élaboration et de mise en œuvre de politiques, l’accroissement de l’efficacité de l’ONU sur le terrain et la participation plus grande de la société civile et du secteur privé.


Mais beaucoup reste à faire.  Le Secrétariat de l’ONU a été créé essentiellement pour assurer le fonctionnement d’organes intergouvernementaux et non pour répondre aux impératifs du monde actuel.  Le nombre de nouvelles activités a cru de façon exponentielle au cours des 15 dernières années.  Mais le budget de base n’a quasiment pas augmenté et le Secrétaire général ne dispose que d’une marge de manœuvre restreinte pour affecter des ressources à de nouvelles priorités.  À l’inverse, au fil des ans, les contraintes administratives se sont multipliées, souvent du fait des États Membres, ce qui nuit à une gestion et un fonctionnement efficaces.  Les États Membres n’ont pas non plus toujours examiné et harmonisé systématiquement toutes les activités dont ils ont chargé le Secrétaire général, ce qui signifie que de nouvelles tâches lui sont sans cesse confiées sans que les anciennes prennent fin.


Les conclusions de l’enquête de M. Volcker sur le programme « pétrole contre nourriture » ont bien fait comprendre la nécessité d’une réforme importante.  Pour reprendre les termes de M. Volcker lui-même: « Ces problèmes sont les symptômes de questions profondes et systémiques.  Ces questions se posent dans une Organisation créée il y a 60 ans dans un contexte plus simple, une Organisation qui n’avait pas alors à relever d’importants et complexes défis opérationnels, parallèlement à ses responsabilités politiques et diplomatiques […]  Dans un monde instable, l’ONU sera de nouveau chargée – elle est aujourd’hui de nouveau chargée – de remédier à de complexes problèmes opérationnels qui ne s’arrêtent pas aux frontières nationales et ne se limitent pas à tel ou tel secteur.  Les compétences administratives et les moyens techniques du Secrétariat et des organismes seront mis à l’épreuve à maintes et maintes reprises. »


Lorsque ces épreuves se présenteront, nous devrons être à la hauteur, ce qui n’a pas toujours été le cas.  C’est l’une des raisons pour lesquelles, dans ses propositions de réforme, le Secrétaire général a demandé aux États Membres d’accepter de mettre fin à un mode de gestion tatillon et à un manque de responsabilités hiérarchiques clairement définies et d’adopter à la place une structure de responsabilité administrative et de véritables obligations de compte rendu. Les États Membres n’ont pas accepté d’aller aussi loin – pas encore.  Mais ils ont fait trois choses importantes.


Premièrement, ils ont soutenu un certain nombre de mesures que le Secrétaire général est déjà en train d’adopter, en vue de renforcer la déontologie, de protéger les personnes signalant des manquements, d’améliorer les achats et d’accroître la transparence.


Deuxièmement, ils ont donné au Secrétaire général l’autorisation de mettre en œuvre un ensemble de nouveaux projets de réforme, y compris un examen de toutes les règles relatives à la gestion des ressources budgétaires, financières et humaines; une analyse de tous les mandats qui remontent à plus de cinq ans; une proposition d’une opération ponctuelle de départs négociés; une évaluation externe indépendante de l’ensemble du système de contrôle; et des propositions concernant la création d’un comité consultatif de contrôle indépendant.

Troisièmement, ils ont demandé au Secrétaire général de présenter à l’Assemblée générale des propositions concernant les conditions qui doivent être réunies et les mesures qui devraient être prises pour qu’il puisse s’acquitter efficacement de ses responsabilités en matière de gestion.


Dans l’année à venir, le défi – et c’est un défi commun au Secrétaire général et aux États Membres et dont l’issue dépendra en fin de compte de ces derniers – consistera à concrétiser ces importantes procédures de réforme. Si l’on y parvient, cela ne voudra pas dire pour autant que tous les problèmes de gestion de l’ONU seront réglés. Nous aurons encore du pain sur la planche.  Mais nous aurons ainsi franchi une étape importante vers une Organisation que le Secrétaire général aurait la liberté de gérer dans les limites de son budget et d’un mandat politique clair défini par les États Membres et dans laquelle ces derniers le tiendraient véritablement responsable des résultats à obtenir.  Cela doit rester l’objectif et nous compterons sur des États Membres comme l’Australie pour nous aider à y parvenir.


Bien sûr, la réforme de la gestion n’est pas une fin en soi.  Les questions de fond inscrites à l’ordre du jour de l’ONU ne doivent et ne peuvent être reléguées à l’arrière-plan pendant que nous réformons l’institution.  Au contraire, la revitalisation de ce programme d’action – en ce qui concerne les droits de l’homme, la sécurité et les questions de développement – est partie intégrante d’une réforme véritable.


Il y a vingt ans, le monde était divisé en différents camps correspondant à différentes idéologies.  Mais aujourd’hui, les États Membres de l’ONU reconnaissent officiellement que la démocratie est un principe désirable et universel, bien que certains d’entre eux ne l’aient pas encore traduit dans les faits.  Notre action vise en grande partie à aider les États Membres à progresser sur la voie ardue de la démocratisation.  Le système des Nations Unies fournit une assistance à un parlement sur trois dans les pays en développement; il ne se passe pas deux semaines sans que des élections aient lieu avec notre soutien dans un pays ou un autre; et dans les 12 dernières années, nous avons apporté notre appui à la tenue d’élections démocratiques dans la moitié des pays du monde.


Le Sommet a donné à cette action un nouveau dynamisme.  En début d’année, un Fonds pour la démocratie a été établi à l’ONU afin de financer des projets menés en faveur de la démocratisation – un fonds qui a été accueilli très favorablement au Sommet et a suscité des annonces de contribution, dont 10 millions de dollars de l’Australie.


Des mesures importantes ont été prises en faveur des droits de l’homme également. Les chefs d’État et de gouvernement sont convenus de renforcer le Haut Commissariat aux droits de l’homme et d’en doubler le budget.  Ils ont également décidé d’établir, conformément à ce qu’avait proposé le Secrétaire général, un Conseil des droits de l’homme pour remplacer la Commission des droits de l’homme, qui a perdu de son crédit.  Ils n’ont malheureusement pas réussi à se mettre d’accord sur toutes les modalités du nouveau Conseil, ce qui signifie que les pays pour lesquels les droits de l’homme sont importants doivent maintenant participer activement à des négociations pour mener à bien ce projet.


La plus grande réforme issue du Sommet a peut-être été que, pour la première fois, tous les Membres de l’ONU ont accepté, sans équivoque et aux plus hauts niveaux, leur devoir collectif de protéger les populations des atteintes aux droits de l’homme les plus graves – génocide, crimes de guerre, nettoyage ethnique et crimes contre l’humanité.  C’est un changement que le Secrétaire général préconise depuis des années.  Pour formuler la notion de « devoir de protéger » et la faire accepter, il a fallu l’engagement de nombreux pays, dont le mien, le Canada – et l’exemple de nombreux individus, dont l’un des vôtres, Gareth Evans.


Il s’agit là d’une avancée remarquable dans l’élaboration de normes internationales, qui pourra nous aider à intervenir plus rapidement et plus efficacement lorsque des situations comparables à la Bosnie et au Rwanda, et à vrai dire au Darfour, se produiront à l’avenir.  Bien sûr, il s’agit d’une décision de principe.  Un énorme effort politique restera à fournir afin que nous mettions en pratique ce principe dans des situations données.  Mais il n’est plus possible d’affirmer aujourd’hui que des crimes aussi atroces relèvent des affaires internes, qui ne concernent que le peuple et le gouvernement du pays dans lesquels ils se produisent.  À cet égard, au moins, nous sommes entrés dans une nouvelle et meilleure époque.


Ceux qui voient le monde à la lumière de crises comme l’Iraq ont tendance à penser que l’ONU n’a plus aucun poids face aux grandes questions de paix et de sécurité internationale, soit parce qu’elle n’a pas pu empêcher une guerre qu’ils jugeaient injustifiée soit parce qu’elle n’a pas soutenu une guerre qu’ils jugeaient fondée.  Dans un cas comme dans l’autre, ils considèrent que l’Organisation est d’une utilité très restreinte.  Ils se trompent.


Prenons le cas de l’Iraq. La participation de l’ONU à la transition en Iraq n’est peut-être pas très importante par sa taille.  Mais, comme la levure présente dans le pain, le rôle que l’Organisation joue en appuyant l’élaboration d’une constitution et d’autres aspects de la transition difficile que connaît l’Iraq est essentiel à l’ensemble du processus.


En Afghanistan, toute la transition s’est opérée dans le cadre de l’ONU.  Le Processus de Bonn, adopté sous l’égide de l’ONU, a mis en place le Gouvernement intérimaire. La Loya Jirga constituée par l’ONU a donné lieu à une Constitution afghane.  Et lors des élections organisées par l’ONU à la fin de l’an dernier, les Afghans ont librement élu pour la toute première fois leur Président.


Si nous prenons l’exemple du Liban, un Conseil de sécurité uni a contribué à obtenir le retrait de la Syrie. Une enquête est actuellement menée sur l’assassinat de l’ancien Président M. Hariri et un appui est apporté à la transition vers un pays véritablement indépendant et stable.


L’ONU joue également un rôle important dans la poursuite d’une paix juste et durable au Moyen-Orient, en coopérant avec les États-Unis, l’Union européenne et la Russie dans le cadre du Quatuor.  Je suis heureuse de dire que, tout en poursuivant l’action vitale que nous menons pour aider les Palestiniens, nous avons également bâti de meilleures relations avec Israël.


C’est dans le domaine du maintien et de la consolidation de la paix, dont le succès dépend en grande partie de l’appui des États Membres, que la contribution de l’ONU à la paix et à la sécurité internationales est le plus manifeste. L’Australie a apporté un tel appui – et a, à vrai dire, joué un rôle de premier plan – au Timor-Leste et à Bougainville, et l’engagement durable de l’Australie en ces deux lieux est très important.  Aux Îles Salomon, l’Australie mène une mission d’assistance régionale dans le cadre du Forum des îles du Pacifique, qui a été approuvée par le Conseil de sécurité.  Le succès de cette mission est vital pour la population des Îles Salomon et de la région. Les défis que relève l’Australie dans cette région existent ailleurs dans le monde.  L’ONU compte environ 70 000 casques bleus déployés dans le cadre de 16 missions de maintien de la paix sur quatre continents, qu’elle gère à un coût bien inférieur à celui de la plupart des opérations nationales ou régionales.


Dans ces conditions, qu’est-ce que le Sommet a changé?  Beaucoup de choses, en vérité. Tout d’abord, les États Membres sont convenus de constituer une force de police civile permanente des Nations Unies de façon à pouvoir intervenir plus tôt, au moins en ce qui concerne la composante civile, lorsque des situations de crise se présentent.  Ils ont également décidé de créer une Commission de consolidation de la paix.  Il s’agira d’un organe chargé de définir des stratégies, de coordonner les politiques adoptées et de répartir les charges – une instance à laquelle les États et institutions participant au processus complexe du redressement faisant suite aux conflits pourront recourir pour optimiser l’efficacité de l’action menée et minimiser les activités faisant double emploi. Des pays comme l’Australie auront un rôle important à jouer à cet égard et constateront, je l’espère, que la Commission les aidera dans leurs propres efforts de maintien de la paix.  Je remercie l’Australie d’avoir annoncé qu’elle contribuerait au Fonds permanent de la Commission.


Le Sommet a également permis de réaliser des progrès en ce qui concerne le terrorisme international, qui constitue une menace pour tous les pays et a malheureusement coûté la vie à de nombreux Australiens, notamment lors de deux attentats à Bali.  Les États Membres de l’ONU ne sont toujours pas parvenus, contrairement à ce qu’avait souhaité le Secrétaire général, à une définition unanime du terrorisme.  Mais le Sommet a abouti – pour la première fois dans l’histoire de l’ONU – à une condamnation claire et inconditionnelle par tous les États Membres du terrorisme « sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, quels qu’en soient les auteurs, les lieux et les buts ».  Cela a redynamisé les efforts visant à parvenir à une convention globale sur le terrorisme, que tous les États Membres se sont désormais engagés à conclure dans l’année qui vient.  Il a également été décidé au Sommet qu’une stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme était absolument nécessaire, sur la base des éléments présentés par le Secrétaire général, Kofi Annan, lors de la Conférence de Madrid sur le terrorisme et la démocratie, qui s’est tenue en mars.


Le plus grand échec du Sommet concerne la non-prolifération et le désarmement nucléaires.  Certains États n’étaient pas prêts à débattre de certaines questions.  Ils n’ont pas pu convenir d’affirmer des engagements actuels et n’ont pas non plus réussi à progresser, même au niveau des principes.  En conséquence, nous risquons de laisser se vider de sa substance l’accord qui sous-tend le Traité de non-prolifération nucléaire – un accord qui vise à permettre aux nations de se doter d’énergie nucléaire civile tout en donnant aux autres pays l’assurance qu’elles n’acquièrent pas d’armes nucléaires, et à donner aux États ne disposant pas d’armes nucléaires l’assurance que ceux qui en ont sont bien déterminés à procéder au désarmement nucléaire.


Le TNP est l’un des accords les plus importants qu’ait jamais conclu la communauté internationale, et tous les États regretteront amèrement le jour où nous laisserons cet accord péricliter – compte tenu en particulier du risque accru de terrorisme.  Le prix Nobel de la paix tout à fait mérité qu’ont reçu cette année l’Agence internationale de l’énergie atomique et son Directeur général, Mohamed El Baradei, a souligné la nécessité d’agir de toute urgence dans ce domaine.  Je suis heureuse que l’Australie s’emploie, avec un groupe d’autres pays, à définir la voie que devrait suivre la communauté internationale pour progresser.


Enfin, permettez-moi de parler du développement, qui consiste à sauver des vies de la pauvreté et de maladies pouvant être facilement évitées et à réduire la vulnérabilité de la population face aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles.  Sous l’égide de l’ONU, un vaste consensus a été obtenu sur ce que les pays riches aussi bien que les pays pauvres doivent faire pour développer des économies, atténuer la pauvreté et protéger le milieu naturel, en vue de réaliser d’ici à 2015 les objectifs du Millénaire pour le développement. Nous nous trouvons ainsi dans une situation très différente d’il y a 15 ans, lorsque les pays étaient profondément divisés sur des questions de base.  Aujourd’hui, nous savons parfaitement ce que nous devons faire, quand nous devons le faire et de quels moyens nous devons disposer.  Le défi consiste, simplement, à le faire.


Le Sommet a donné à ce programme d’action un nouveau souffle.  Tous les pays en développement se sont engagés à mettre en place, d’ici à l’an prochain, une stratégie complète de développement suffisamment ambitieuse pour parvenir aux objectifs du Millénaire pour le développement, fondés sur la gouvernance et des politiques économiques judicieuses.  Et les pays industrialisés se sont engagés à leur apporter un soutien à cet effet, en renforçant l’aide au développement et en diversifiant et en accentuant l’allégement de la dette.  De fait, l’un des progrès durables réalisés en 2005 a été d’obtenir l’engagement ambitieux d’augmenter, dans les cinq années à venir, de dizaines de milliards de dollars par an pour l’action menée en faveur du développement, un plus grand nombre de pays ayant pour projet de parvenir à l’objectif qui consiste à fournir une aide au développement équivalente à 0,7 % de leur revenu national brut, de nouveaux accords sur la réduction de la dette étant adoptés et les derniers doutes dissipés quant à l’appui apporté aux OMD.


Nous sommes reconnaissants que le budget australien de l’aide au développement double dans les années à venir, comme l’a annoncé, à New York, le Premier Ministre M. Howard.  Celui-ci a également souligné à quel point il était important de réaliser des progrès en ce qui concerne les échanges commerciaux, qui constituent le deuxième élément vital de la réduction de la pauvreté.  Lorsque les négociations de l’Organisation mondiale du commerce s’ouvriront à Hong Kong en décembre, l’Australie devra prendre parti – et je sais qu’elle le fera – pour l’ouverture des marchés des pays riches aux pays les plus pauvres de la planète et l’élimination des subventions injustes avec lesquels les pays en développement doivent rivaliser.  Je prie vivement l’Australie de coopérer avec ses partenaires afin que les négociations commerciales de Doha trouvent une issue axée sur le développement dans l’année à venir.


Il y a beaucoup d’autres thèmes que j’aurais pu aborder aujourd’hui.  Mais j’espère en avoir dit assez pour bien faire comprendre trois points élémentaires. Premièrement, l’ONU s’emploie sans relâche à obtenir des résultats pour ses États Membres et leur population dans le monde entier, et il est tout à fait exagéré d’annoncer la fin prochaine de l’Organisation.  Deuxièmement, au terme du Sommet, nous disposons de bases à partir desquelles l’ONU deviendra nettement plus efficace et productive.  Il est tout aussi exagéré de prétendre que le Sommet s’est soldé par un échec.


Mais permettez-moi surtout d’insister sur le troisième point: la valeur du Document final du Sommet se jugera à l’aune des performances et des résultats obtenus.


D’énormes efforts sont à fournir pour amener les pays à faire adopter ces décisions détaillées.  Si vous voulez savoir dans quelle direction l’ONU s’oriente, n’oubliez pas que la réponse tient autant à vous qu’à moi.  Les critiques émanant d’observateurs passifs n’amélioreront pas l’ONU.  Bien au contraire, le succès dépendra de la coopération de pays comme l’Australie avec la coalition de nations qui sont résolues à faire évoluer les choses et disposées à prendre de véritables mesures à cette fin, ainsi que de l’élargissement de cette coalition.


L’Australie est bien placée non seulement pour participer à des coalitions de la sorte, mais également pour contribuer à les constituer, les diriger et les faire durer.  L’Australie est une bonne citoyenne internationale, une démocratie resplendissante, un partenaire proche des États-Unis, un pays actif dans la région de l’Asie Pacifique – autant de facteurs qui lui donnent l’occasion de jouer un rôle de premier plan à l’ONU.  Je ne peux qu’espérer que l’Australie saisira cette occasion pour œuvrer en faveur d’une Organisation des Nations Unies stable et efficace, qui puisse faire rayonner la paix, le développement et les droits de l’homme dans le monde entier.  Ou qui, comme diraient les Australiens, puisse donner à chacun les mêmes chances au départ.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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