DSG/SM/269

LES PARTENARIATS INNOVANTS SONT INDISPENSABLES POUR RÉALISER LES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT, DÉCLARE LA VICE-SECRÉTAIRE GÉNÉRALE À LA CONFÉRENCE DE MELBOURNE POUR LA PHILANTHROPIE

11/11/2005
Vice-Secrétaire généraleDSG/SM/269
Department of Public Information • News and Media Division • New York

LES PARTENARIATS INNOVANTS SONT INDISPENSABLES POUR RÉALISER LES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT, DÉCLARE LA VICE-SECRÉTAIRE GÉNÉRALE À LA CONFÉRENCE DE MELBOURNE POUR LA PHILANTHROPIE


(Publié en retard pour raisons techniques)


On trouvera ci-après le texte de l’allocution de la Vice-Secrétaire générale, Mme Louise Fréchette, prononcée le 10 octobre à Melbourne à la deuxième Conférence internationale pour la philanthropie.


Je suis très heureuse d’être parmi vous aujourd’hui et de faire mon premier voyage en Australie en qualité de Vice-Secrétaire générale de l’ONU.  Je découvre avec plaisir la ville de Melbourne, où je n’étais jamais venue.


Permettez-moi pour commencer de rendre hommage aux nombreuses contributions que l’Australie, Membre fondateur de l’Organisation des Nations Unies, continue de faire à nos travaux.  Lorsque des violences ont éclaté au Timor oriental il y a quelques années, l’opération sous commandement militaire australien – solidement appuyée par le Conseil de sécurité – a sauvé maintes vies humaines et a ouvert la voie à l’indépendance timoraise.  Lorsque l’effroyable tsunami que l’on sait a frappé l’océan Indien l’année dernière, les Australiens – dont certains d’entre vous ici même – ont ouvert leur porte et leur portefeuille, démontrant une fois de plus leur solidarité spontanée face à la misère.  Et le mois dernier, le Premier Ministre Howard a annoncé l’intention de son gouvernement de doubler le budget national de l’aide au développement d’ici à 2010.


Nous apprécions également l’extrême importance que vous accordez à notre mission.  Depuis quelques années, nous nous efforçons véritablement d’ouvrir nos portes à des partenaires plus nombreux et de nouer des partenariats plus innovants.  Je me félicite donc de pouvoir m’adresser à vous si peu de temps après le Sommet mondial de New York, et sur un thème qui nous tient tous à cœur: les objectifs du Millénaire pour le développement.


Comme vous le savez, les huit objectifs nous donnent une feuille de route pour accélérer l’amélioration des conditions de vie des pauvres de la planète.  Ils ont été adoptés par les donateurs, la société civile et les grandes institutions d’aide au développement, ainsi que par les pays en développement eux-mêmes.  Et ils ont suscité une mobilisation générale dans le monde entier, de Manille à Maputo et de Montevideo à Melbourne justement, comme le prouve votre présence si nombreuse à cette conférence.


Les objectifs peuvent parfois sembler bien abstraits.  Mais en définitive, leur substance même est la communauté humaine – la paysanne cultivant son champ, le réfugié jeté sur les routes de l’exil, l’ouvrier travaillant dans des conditions indignes et pour un salaire de misère, l’enfant sans-abri exposé aux attraits douteux et aux dangers de la rue.  C’est pour eux que nous devons réussir.


Les promesses de développement n’ont pas manqué dans les 50 dernières années.  L’Assemblée générale des Nations Unies a proclamé quatre décennies pour le développement, et nous sommes aujourd’hui à mi-parcours de la première décennie pour l’élimination de la pauvreté.  Les conférences de l’ONU ont donné lieu à de nombreux plans d’action.  En quoi les objectifs sont-ils si différents d’autres promesses ambitieuses, mais jamais tenues?


Premièrement, ils sont mesurables et assortis de délais.  L’une des critiques qui revient le plus souvent au sujet de l’aide au développement, c’est que des ressources sont gaspillées pour cause de corruption et d’incurie, et qu’il n’existe aucun moyen de suivre les progrès accomplis.  Mais nous disposons désormais d’une série d’indicateurs et de points de repère clairs pour mesurer le chemin parcouru, à la fois à l’échelle internationale et dans les différents pays.


Deuxièmement, ils bénéficient d’un soutien politique sans précédent: ils ont été adoptés par les dirigeants mondiaux en personne à l’occasion de deux sommets, et par les gouvernements aux grandes conférences de Monterrey et de Johannesburg.


Troisièmement et surtout, ils sont réalisables.  Ils semblent peut-être utopiques, mais n’ont rien de simples vœux pieux.  Les défis à relever sont certes difficiles, mais, du début à la fin de la liste, les cas de réussite sont nombreux et encourageants.  Prenons par exemple l’objectif no 1, qui est de réduire de moitié l’extrême pauvreté et la faim d’ici à 2015.  En Asie, le nombre de personnes vivant dans la l’extrême pauvreté a diminué de plus de 250 millions depuis 1990; ce recul impressionnant est sans précédent.


Passons à l’objectif no 2, à savoir assurer l’éducation primaire pour tous.  En 2001, le Gouvernement tanzanien a augmenté massivement le budget de l’éducation et supprimé les droits d’inscription dans le primaire.  Résultat: en quatre petites années, les taux d’inscription sont passés de 60% à 90%, pour les filles comme pour les garçons.


Je pourrais aussi citer l’objectif no 6, combattre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies.  Le Gouvernement vietnamien a distribué des moustiquaires gratuites, donné des traitements préventifs aux femmes enceintes, mis au point et distribué des antipaludéens et pris d’autres mesures qui ont fait baisser la mortalité liée au paludisme de 97% en à peine plus de 10 ans.  Grâce à son programme national de lutte contre le sida, énergiquement soutenu par les autorités religieuses du pays, le Sénégal a réussi à maintenir le taux d’infection sous la barre des 2%.  En Ouganda, la campagne menée tambour battant par les autorités signifie que pratiquement chaque homme, femme et enfant sait ce qu’il faut faire pour éviter la contamination.  Sur un plan plus général, l’administration des traitements antirétroviraux a considérablement progressé dans les pays en développement.


Ces exemples encourageants ne doivent pas nous faire oublier le revers de la médaille.  Trente mille enfants meurent chaque jour de maladies évitables, et chaque minute une femme meurt de causes liées aux complications d’une grossesse ou d’un accouchement.  Dans les années 90, une soixantaine de pays de par le monde se sont en fait appauvris.  Avec la dégradation de l’environnement, plus d’un milliard de nos contemporains n’ont toujours pas accès à l’eau potable, et les terres autrefois fertiles ne peuvent plus subvenir aux besoins les plus élémentaires des familles.


Les pays en développement devront faire des efforts encore plus concertés pour appliquer des politiques économiques saines, pratiquer la bonne gouvernance, lutter contre la corruption et définir des stratégies nationales en vue de la réalisation des OMD.  Mais ils ne se contentent pas d’attendre passivement.  Comme le montrent des initiatives telles que le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique, beaucoup ont engagé avec courage des réformes sociales, politiques et économiques, au prix parfois de lourds sacrifices économiques et politiques, du moins à court terme.


Les pays riches ont promis de soutenir ces initiatives.  Ces derniers mois, les donateurs ont fait des efforts considérables pour accroître les aides publiques au développement et accentuer l’allègement de la dette.  Ils seront appelés à traduire leurs paroles en actes lors de la réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce qui se tiendra à Hong Kong en décembre, où le grand défi sera de mettre fin à un système injuste de subventions et de droits de douane afin que le système des échanges serve véritablement le développement.


C’est l’objectif no 8 – mettre en place un partenariat mondial pour le développement – qui va nous propulser vers l’avenir.  Nous devons faire en sorte qu’il devienne réalité.  Tous les pays, développés ou en développement, doivent honorer leurs engagements.


Mais les objectifs ne sont pas l’affaire des seuls gouvernements.  Ils ont besoin de la participation de tous – entreprises du secteur privé, associations, simples citoyens – faute de quoi ils resteront hors d’atteinte.


J’ai dit auparavant que la substance des OMD était la communauté humaine.  Je ne désignais pas seulement par là les gens dans le besoin.  Je voulais aussi parler des hommes et des femmes qui peuvent agir pour répondre à ce besoin.  Des stars du rock comme Bono ou Youssou N’Dour, qui ont mis leur talent et leur célébrité au service de la cause du développement.  Des PDG éclairés qui défendent les technologies vertes ou qui démontrent que, loin d’être incompatible avec le progrès social, le motif du profit lui est indispensable.  Des personnalités politiques, tel Nelson Mandela qui fait encore entendre la voix de la sagesse alors qu’il aurait pu prendre une retraite bien méritée.  Des hommes et des femmes qui vivent avec le sida et qui, bravant l’opprobre, les préjugés et le terrible fardeau de la maladie, militent haut et fort pour la généralisation des traitements et des soins.  Telles sont les forces vives qui portent les objectifs.


Votre communauté philanthropique en fait évidemment partie, et là encore je pourrais citer maints exemples.  Nous assistons depuis 10 ans à une augmentation exponentielle des partenariats entre acteurs locaux et acteurs internationaux.  Aucun acteur isolé ne peut avoir l’impact de ces nouvelles alliances.  Ces dernières années, nous avons travaillé avec des acteurs non étatiques à une échelle que nous n’aurions pas imaginée il y a seulement quelques décennies.


Le Fonds des Nations Unies pour les partenariats internationaux, créé en 1997 pour administrer le don d’un milliard de dollars fait par Ted Turner, travaille de concert avec les différents organismes des Nations Unies pour encourager les synergies avec un éventail toujours plus large de partenaires philanthropiques, à l’heure où d’autres fondations et philanthropes se joignent à nous pour relever des défis allant de l’éducation à la santé maternelle et à la biodiversité.


Aujourd’hui, il est plus facile que jamais de nous rejoindre.  Nous sommes prêts à vous accueillir et à travailler avec vous.  Le monde a besoin de vos idées et de vos compétences.  Vous pouvez aussi, grâce au respect que vous inspirez autour de vous, avoir un rôle moteur et mobilisateur. Nous avons besoin de votre solide expérience de l’action sur le terrain pour réaliser avec vous des projets précis.


Nous vivons une époque charnière pour l’ONU et le grand dessein de la coopération internationale au développement.  Il y a moins d’un mois, les dirigeants de la planète prenaient d’importantes décisions au Sommet mondial.  Sur certains points, ils n’ont pas été aussi audacieux que nous l’avions espéré – je pense en particulier à la menace de la prolifération nucléaire – mais ils ont pris des initiatives encourageantes en faveur des Objectifs du Millénaire pour le développement.


Le Sommet a transformé les objectifs en autant de cibles opérationnelles – il ne s’agit donc pas de vagues aspirations.  Il a suscité l’élan que nous attendions depuis des années, y compris l’engagement de porter le montant annuel des aides à 50 milliards de dollars d’ici à 2010 et d’alléger la dette de 18 pays lourdement endettés.  De nombreux donateurs ont adopté des plans spécifiques pour consacrer 0,7 % de leur produit annuel brut à l’aide au développement à l’horizon 2015.  Et le Sommet a décidé de créer une Commission de consolidation de la paix, un Conseil des droits de l’homme pour remplacer la commission actuelle, et un Fonds pour la démocratie, auquel l’Australie a annoncé une contribution initiale de 10 millions de dollars.  Ce sont là autant de dispositifs qui devraient contribuer directement et indirectement à la réalisation des objectifs.  Les réformes de l’ONU proposées par le Secrétaire général et approuvées par les États Membres iront dans le même sens.


Nous avons beaucoup de travail à faire.  Et nous pouvons accomplir tellement, mais tellement de choses si nous travaillons ensemble.  Je vous invite à investir toute votre créativité et votre expérience dans cet effort commun.  Merci de m’avoir écoutée aujourd’hui.  J’espère revoir beaucoup d’entre vous très bientôt, et je m’en réjouis d’avance.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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