DSG/SM/259-SC/8396

DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ LA VICE-SECRÉTAIRE GÉNÉRALE DE L’ONU INSISTE SUR LE FINANCEMENT DE LA RÉINTÉGRATION DES COMBATTANTS POUR ÉVITER LA REPRISE DES CONFLITS

26/05/2005
Communiqué de presse
DSG/SM/259
SC/8396


DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ LA VICE-SECRÉTAIRE GÉNÉRALE DE L’ONU INSISTE SUR LE FINANCEMENT DE LA RÉINTÉGRATION DES COMBATTANTS POUR ÉVITER LA REPRISE DES CONFLITS


Vous trouverez ci-après le texte de l’allocution de la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Louise Fréchette, prononcée aujourd’hui devant la réunion du Conseil de sécurité sur la consolidation de la paix après un conflit:


Cela fait presque un an que les troupes des Nations Unies sont arrivées en Haïti.  Le Conseil les y a envoyées pour créer un environnement sûr après que la violence civile eut embrasé le pays.  Des bandes armées parcouraient les rues.  Les policiers avaient déserté leurs postes.  Les civils, craignant pour leurs vies, avaient fui.  La combinaison de violence et d’inondations avaient conduit au bord de l’effondrement les systèmes sanitaire et éducatif haïtiens, déjà très affaiblis.  Trois personnes sur cinq n’avaient plus accès aux soins de santé de base.


La tragédie qui s’est déroulée l’an dernier en Haïti suffisait déjà.  Mais elle a été aggravée du fait que nous assistions à une répétition de l’histoire.  C’est en effet la deuxième fois en 10 ans que les contingents des Nations Unies ont été envoyés en Haïti pour assurer la sécurité dans le pays.


La triste vérité est que Haïti n’est pas une anomalie.  Au contraire, la moitié environ de toutes les guerres qui s’achèvent connaissent un retour à la violence.  Une Organisation comme la nôtre, créée pour préserver les générations futures du fléau de la guerre, se doit d’améliorer ce bilan.


Il convient de souligner, comme le rapport du Groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement (A/59/565 et Corr.1) l’a noté, que la multiplication des efforts de médiation et des opérations humanitaires et de maintien de la paix après la fin de la guerre froide a contribué à réduire de 40% le nombre de guerres dans le monde.  De fait, au cours des 14 dernières années, un plus grand nombre de guerres a pris fin grâce à la médiation en comparaison des deux siècles précédents.  Ce sont là des succès majeurs.


Mais nos stratégies qui visent à faire cesser la guerre doivent également s’attaquer au problème de la reprise des conflits.  Nous devons veiller à ce que les accords de paix soient mis en œuvre de façon durable.  Nous devons nous assurer que les activités de stabilisation fondamentales – comme la réintégration et la réinsertion des combattants démobilisés – sont suffisamment financées et

menées avec soin.  Nous devons aider les sociétés et les marchés commerciaux à retrouver leur vitalité.  Et nous devons renforcer les capacités des institutions sociales et de l’État afin qu’elles assurent la sécurité et la justice dans le respect de l’état de droit, domaine dans lequel l’ONU peut véritablement faire la différence et pour lequel le Secrétaire général prend des mesures pour renforcer les capacités du système des Nations Unies aux fins d’assistance en matière de primauté du droit.


Si nous voulons accroître nos succès en matière de consolidation de la paix, quatre éléments sont essentiels.  Premièrement, nous devons veiller à la consolidation des institutions et des capacités nationales existantes tant de l’État que de la société civile.  La prise en main nationale constitue la base essentielle d’une paix et d’un développement durables.


Deuxièmement, en particulier dans le cas de nos opérations sur le terrain, le système des Nations Unies doit fonctionner de façon cohérente.  Il doit également en être de même de ses organes principaux.  Ces dernières années, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social ont chacun élargi la portée de leurs activités dans les situations d’après conflit.  Tous deux ont un rôle crucial à jouer.


Troisièmement, les institutions financières internationales, les donateurs bilatéraux et les acteurs régionaux doivent tous prendre part aux efforts de consolidation de la paix des Nations Unies.  Leurs contributions sont essentielles pour que le relèvement après un conflit perdure et que les bases nécessaires à une reprise économique et une stabilité politique viables soient jetées.  C’est la raison pour laquelle je suis très heureuse que le Conseil ait décidé d’inviter M. James Wolfensohn, Président de la Banque mondiale, à participer à la séance d’aujourd’hui.


Quatrièmement, tant les besoins immédiats que le relèvement à moyen terme nécessitent plus de ressources.  Au commencement de l’après-conflit, les fonds nécessaires à la mise en place des institutions nationales, notamment les programmes relatifs à la primauté du droit, sont souvent insuffisants.  Le financement aux fins du relèvement est imprévisible.  Et après les deux ou trois premières années, alors même que les sociétés commencent à développer la capacité d’absorption des ressources financières et à en tirer le meilleur parti, les fonds tendent à décroître.  Les coupures dans le financement représentent des économies de bout de chandelle.  Lorsque nous n’investissons pas suffisamment dans la consolidation de la paix, nous nous retrouvons à payer par la suite à un prix beaucoup plus élevé le redoublement des efforts de maintien de la paix.


Dans son rapport « Dans une liberté plus grande » (A/59/2005), le Secrétaire général a proposé la création d’une commission de consolidation de la paix, ainsi que d’un bureau d’appui à la consolidation de la paix, pour contribuer à satisfaire ces besoins.  La commission comblerait un vide dans le dispositif des Nations Unies et se concentrerait sur la tâche essentielle que constitue la consolidation de la paix.  L’alliance des institutions financières internationales, des donateurs bilatéraux et des acteurs régionaux harmoniserait les activités de consolidation de la paix dans tout le système multilatéral.


La consolidation de la paix est l’une des contributions les plus directes et les plus essentielles apportées par l’ONU pour que les peuples soient à l’abri de la peur et du besoin et pour leur permettre de vivre dans une liberté plus grande.  Nous avons connu un grand nombre de succès en matière de consolidation de la paix, mais nous avons également assisté à un nombre bien trop élevé d’échecs.  Nous devons tirer les leçons du passé et nous munir des moyens nécessaires pour créer les conditions propices à une paix à long terme dans les sociétés qui sortent d’un conflit.  Et naturellement, nous devons également prêter une attention accrue à la prévention de sorte que les sociétés puissent s’attaquer aux tensions et aux problèmes par des moyens qui éviteraient avant tout de replonger dans un conflit armé.


Je me félicite donc de la tenue du présent débat sur la consolidation de la paix et espère qu’il nous rapprochera un peu plus de l’objectif qui est de délivrer un plus grand nombre de personnes du cycle mortel de la violence civile.


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