À LA VEILLE DES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES, LA SÉCURITÉ, LA RÉCONCILIATION NATIONALE ET LA RECONSTRUCTION DEMEURENT DE RÉELS DÉFIS, AFFIRME IBRAHIM GAMBARI DEVANT LE CONSEIL
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Conseil de sécurité
5325e séance – après-midi
À LA VEILLE DES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES, LA SÉCURITÉ, LA RÉCONCILIATION NATIONALE ET LA RECONSTRUCTION DEMEURENT DE RÉELS DÉFIS, AFFIRME IBRAHIM GAMBARI DEVANT LE CONSEIL
À la veille des élections législatives en Iraq, le Conseil de sécurité a été informé de la situation sur le terrain par le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, le représentant des États-Unis et celui de l’Iraq. Le premier, Ibrahim Gambari, a souligné que les élections du 15 décembre, qui « donneront la mesure de la confiance que les Iraquiens sont prêts à placer dans l’avenir de leur pays», seront loin de sonner la fin de la transition politique. La résolution 1546 du 8 juin 2004 parle, en effet, d’un dialogue et d’une réconciliation nationale qui auraient un impact positif sur la situation en matière de sécurité.
Ibrahim Gambari a donc appelé la Mission des Nations Unies en Iraq (MANUI) à appuyer les efforts de la Ligue des États arabes visant à créer un forum au sein duquel les divergences pourront être assainies. À l’intention du futur Conseil des représentants, il a identifié deux tâches importantes, à savoir la création d’une Commission efficace de révision de la Constitution et la satisfaction des besoins des Iraquiens. Le processus d’examen de la Constitution prévoit un examen approfondi de ce texte, adopté le 13 octobre dernier, après la convocation du nouveau Parlement et du Conseil des représentants et après les élections du 15 décembre.
Concernant la situation préoccupante en matière de sécurité, le Secrétaire général adjoint s’est félicité de l’Accord du 8 décembre dernier, signé entre les États-Unis et les Nations Unies sur les modalités d’application des arrangements en matière de sécurité dont les Nations Unies bénéficient déjà en Iraq. La situation en matière de sécurité ne doit pas faire oublier le succès de la transition politique en Iraq, a insisté le représentant des États-Unis, John Bolton. Il a toutefois reconnu que les attaques se poursuivent dans quatre des 18 provinces du pays, dont Bagdad. La Force multinationale, dont l’un des défis est de « neutraliser les actions de pays comme la Syrie et l’Iran qui offrent leur appui aux terroristes et aux ennemis de la démocratie en Iraq », reste la première cible des attaques d’insurgés. Toutefois, a regretté le représentant, c’est la population civile qui accuse 80% des pertes. John Bolton a démontré le « rejet de plus en plus grand » des insurgés parmi la population iraquienne, qui appuie sans équivoque les 214 000 hommes de ses forces de sécurité. Avec l’aide de la Force multinationale, ces forces, composées de représentants de toutes les communautés iraquiennes et qui assurent déjà la plus grande partie des combats et des opérations de suivi, seront opérationnelles dès août 2007, a assuré le représentant des États-Unis.
Sans l’appui de la Force multinationale, de tels progrès n’auraient pu être enregistrés, a renchéri le représentant de l’Iraq, avant de souligner que la présence des Nations Unies reste en deçà du niveau requis. Pour lui, la première tâche du futur gouvernement sera de vaincre le terrorisme, qui est appuyé aujourd’hui par la criminalité organisée, ce qui exige l’appui de la communauté internationale et des pays voisins. Concluant après avoir demandé le déblocage des fonds promis pour la reconstruction, Samir Shakir Mahmood Sumaida’ie a demandé au Conseil de sécurité de clore le chapitre des armements, en fermant la page de la Commission de contrôle, de vérification et d’inspection (CCVINU). L’Iraq d’aujourd’hui n’est plus celui de Saddam Hussein, a-t-il insisté.
LA SITUATION CONCERNANT L’IRAQ
Rapport présenté en application du paragraphe 30 de la résolution 1546 (2004) (S/2005/766)
Dans ce rapport, le Secrétaire général rend compte du travail effectué par la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) depuis le 7 septembre 2005. Il signale qu’au cours de la période considérée, le processus de transition politique a été centré sur l’élaboration du texte final du projet de constitution, l’organisation et la tenue du référendum constitutionnel du 15 octobre et les préparatifs des élections au nouveau Conseil des représentants, qui se tiendront le 15 décembre. C’est la troisième fois en moins d’un an que le peuple iraquien exercera son droit démocratique de voter sur l’avenir du pays, remarque le Secrétaire général, qui estime que le fait que ce processus politique a continué de respecter un calendrier ambitieux est en soi une réalisation importante.
Le Secrétaire général indique néanmoins que l’Iraq demeure aujourd’hui confronté à d’importants défis dans les domaines sécuritaire, politique et économique. Il explique que les prochaines élections et la formation d’un nouveau gouvernement permanent ne marqueront pas la fin de la transition politique du pays, mais plutôt le début d’une nouvelle phase au cours de laquelle des démarches politiques et des dirigeants responsables feront la différence entre le succès et l’échec. Il estime que la rédaction d’une nouvelle constitution a donné l’occasion aux principaux groupes politiques iraquiens d’élaborer un cadre national définissant la configuration et l’évolution politiques futures de l’Iraq, et signale que le fait qu’un si grand nombre de personnes aient participé activement au référendum et à l’actuelle campagne politique constitue un signe encourageant du soutien populaire que les Iraquiens apportent au processus démocratique.
Le Secrétaire général juge toutefois que les seules élections ne permettront pas de résoudre tous les problèmes politiques de l’Iraq, stipulant que les résultats du référendum, qui ont exposé les dangereuses divisions sectaires qui caractérisent le pays, ont souligné à quel point il importait que les communautés iraquiennes continuent à se tendre la main. À cet égard, il espère que tous les groupes politiques iraquiens saisiront l’occasion que leur offre le processus de révision constitutionnelle pour résoudre les questions constitutionnelles en suspens grâce à un véritable dialogue national, et indique que la conclusion d’un pacte national offre les meilleures perspectives de mettre en œuvre avec succès une constitution qui servira les intérêts de tous les Iraquiens.
Le Secrétaire général s’estime par ailleurs préoccupé par la situation des droits de l’homme en Iraq, qui risque de compromettre les efforts de dialogue et de réconciliation nationaux, ainsi que par le nombre élevé de victimes, tués et blessés, causées parmi la population civile par les opérations menées par des terroristes, des insurgés, des paramilitaires et des militaires. Il explique également que le nouveau gouvernement iraquien sera confronté à la tâche importante de répondre concrètement aux besoins et aspirations du peuple iraquien en matière d’infrastructure, de services de base et d’emplois, et engage la communauté internationale à faire en sorte que l’Iraq puisse continuer à compter sur une assistance soutenue à long terme grâce aux mécanismes existants mis en place par les donateurs.
Saluant les efforts déployés sur le terrain par la MANUI, le Secrétaire général rappelle que le prochain transfert échelonné des responsabilités de la Force multinationale aux forces de sécurité iraquiennes créera un nouvel environnement en matière de sécurité qui aura d’importantes répercussions sur les opérations de la MANUI. Les dispositions à prendre pour assurer les conditions de travail et d’hébergement des membres de la Mission et leur approvisionnement devront être examinées attentivement compte tenu de toute l’évolution de la situation en matière de sécurité, a-t-il conclu.
Déclarations
M. IBRAHIM GAMBARI, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, a estimé que les élections législatives qui doivent avoir lieu demain donneront la mesure de la confiance que le peuple iraquien est prêt à placer dans son propre avenir au moment où il continue à faire face à des défis formidables dans les domaines sécuritaire, politique et économique. Le processus de transition politique est loin d’être achevé. La résolution 1546 parle en effet d’un dialogue et d’une réconciliation nationale qui devraient avoir un impact positif sur la situation en matière de sécurité. Revenant sur la réunion du Caire du 19 au 21 novembre, à laquelle ont participé des dirigeants politiques, sociaux et religieux iraquiens, Ibrahim Gambari a estimé que tout en étant préliminaire, ce rassemblement a montré que les représentants iraquiens peuvent contribuer substantiellement à un processus politique qui place ce que les Iraquiens ont en commun avant les identités ethniques et sectaires.
Le Secrétaire général adjoint a donc encouragé le chef de la Mission des Nations Unies en Iraq à appuyer les efforts de la Ligue des États arabes visant à créer un forum au sein duquel les divergences réelles peuvent être discutées de manière constructive. Quant à la période post-électorale, il a lancé un appel aux futurs élus et aux dirigeants politiques pour qu’ils fassent tout leur possible pour accélérer la formation d’un gouvernement de manière à ce que l’élan positif créé par les élections se concrétise dans un nouveau gouvernement souverain. Une des tâches les plus importantes du futur Conseil des représentants sera de créer la Commission de révision de la Constitution et de lui permettre de travailler de manière efficace.
S’attardant sur la situation des droits de l’homme, le Secrétaire général adjoint a estimé qu’elle exige non seulement une attention continue mais aussi et surtout une action urgente de la part des autorités iraquiennes et de la Force multinationale. Il s’est donc félicité de l’engagement de cette dernière de prendre des mesures pour corriger la situation, en ce qui concerne, en particulier, les détenus. Tout aussi importante, a poursuivi Ibrahim Gambari, est la nécessité pour le futur gouvernement d’être en mesure de répondre rapidement aux attentes de la population. Il est dans l’intérêt de la région, en particulier, les voisins de l’Iraq, et de la communauté internationale de continuer de fournir un appui à ce pays.
Concluant sur les activités de la Mission de l’ONU, le Secrétaire général adjoint a annoncé que le 8 décembre dernier, un Accord avait été signé entre les États-Unis et les Nations Unies sur les arrangements en matière de sécurité dont les Nations Unies bénéficient déjà en Iraq. Toutefois, pour pouvoir étendre ses activités en dehors de Bagdad, la Mission a besoin de l’appui continu des États Membres et de ressources adéquates, a insisté Ibrahim Gambari.
M. JOHN BOLTON (États-Unis), qui s’est exprimé au nom des 30 pays de la Force multinationale, a estimé que si l’on ne pouvait passer sous silence la violence et l’instabilité en Iraq, il fallait néanmoins reconnaître le succès de la transition politique dans le pays, ainsi que les progrès réalisés en matière de formation et d’équipement des forces de sécurité iraquiennes. Il a expliqué que les attaques d’insurgés avaient augmenté lors de la période précédant les élections du 15 décembre, comme cela avait été le cas au cours de la période précédant le référendum constitutionnel d’octobre dernier. Alors qu’environ 80% de ces attaques visaient la Force multinationale, a fait remarquer M. Bolton, la principale victime de ces attaques restait la population iraquienne, qui représente 80% des pertes en vies humaines. De même, alors que les attaques visant les infrastructures iraquiennes ne constituent qu’une petite portion du total des attaques, elles continuent néanmoins d’avoir un impact considérable sur les revenus pétroliers du Gouvernement iraquien, a-t-il observé.
Les opérations de la Force multinationale, qui sont coordonnées en collaboration avec des représentants locaux, des tribus et des dirigeants religieux, ont permis d’entraver les activités de cellules importantes, a indiqué M. Bolton, signalant que plusieurs régions du pays avaient été arrachées au contrôle des terroristes, grâce à la Force multinationale et aux Forces de sécurité iraquiennes. La Force multinationale continue d’assurer la formation et l’équipement des Forces de sécurité iraquiennes, a expliqué le représentant des États-Unis. Il a remarqué que malgré les attaques répétées dont ont été victimes les recrues des Forces de sécurité iraquiennes, le recrutement de ces dernières continuait de croître, indiquant par ailleurs que les recrues des Forces de sécurité iraquiennes n’étaient pas exclusivement chiites et kurdes, mais également sunnites. Les Forces de sécurité iraquiennes, dont les effectifs s’élèvent actuellement à 214 000 hommes, sont désormais responsables du maintien de la sécurité à Najjaf et à Kerbala, a souligné M. Bolton.
En dépit des progrès réalisés, M. Bolton a reconnu que les forces iraquiennes n’étaient pas encore prêtes pour mener seules des opérations indépendantes, sans l’aide de la Force multinationale. Il a estimé que la contribution de l’ONU en Iraq, principalement la préparation des élections de demain, était essentielle, jugeant par ailleurs qu’il fallait élargir la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) afin qu’elle puisse remplir son mandat, notamment en matière d’aide humanitaire. M. Bolton a également évoqué les défis auxquels restaient confrontés la Force multinationale et ses partenaires iraquiens en matière de sécurité. Parmi ces défis, il a notamment jugé nécessaire de neutraliser les actions de pays comme la Syrie et l’Iran, qui offrent leur appui aux ennemis de la démocratie en Iraq, de comprendre la composition des réseaux terroristes et leurs relations avec d’autres réseaux ennemis, et de constituer des forces de sécurité iraquiennes représentatives, ainsi que des institutions loyales au Gouvernement iraquien.
M. Bolton a enfin souhaité à l’Iraq que les élections de demain se déroulent dans un climat de sécurité et soient couronnées de succès. Soulignant l’importance que les élections soient transparentes et inclusives, il a exhorté l’ensemble des Iraquiens à participer aux élections afin qu’ils soient en mesure d’exprimer leurs vues concernant l’avenir de l’Iraq.
M. SAMIR SHAKIR MAHMOOD SUMAIDA’IE (Iraq) a d’abord souligné que la présence des Nations Unies reste en deçà du niveau requis avant d’estimer que le processus politique se déroule de manière tout à fait conforme à la résolution 1546. Les progrès enregistrés, au cours des derniers temps, n’auraient pu être réalisés sans
le sacrifice des Iraquiens et de la Force multinationale, a estimé le représentant en dénonçant la guerre civile menée par certains dans le seul but de bloquer le processus politique et démocratique. Depuis la Conférence du Caire, a-t-il poursuivi, davantage de partis seront inclus dans le processus politique pour rendre plus efficace la lutte contre la violence.
La première tâche du nouveau gouvernement sera, en effet, de vaincre le terrorisme qui est appuyé aujourd’hui par la criminalité organisée. L’Iraq, a-t-il prévenu, ne pourra rien sans l’appui de la communauté internationale et des pays voisins. Il a donc défendu la prorogation du mandat de la Force multinationale. Parlant des mesures prises pour répondre aux attentes des populations en matière économique, le représentant a rappelé que les ressources de son pays sont très limitées. Les forces « ténébreuses » de Saddam Hussein ont bloqué le développement de l’Iraq qui, aujourd’hui, a besoin d’un soutien international important. Il a donc appelé à une accélération des mécanismes d’aide pour développer plus rapidement l’économie et ne pas gaspiller les ressources.
Commentant aussi la situation en matière des droits de l’homme, le représentant iraquien a voulu que les choses soient inscrites dans leur propre contexte. Il ne s’agit en aucun cas d’un comportement systématique des forces iraquiennes mais de cas isolés. Un comité a été créé pour enquêter sur les violations dénoncées et le Gouvernement iraquien souhaite d’ailleurs un appui de la communauté internationale pour développer ce type d’institutions. Aujourd’hui, une nouvelle étape commence. Le moment est venu de tourner la page des armements et de fermer la page de la COCOVINU, a encore dit le représentant en souhaitant que le Conseil de sécurité adopte une décision claire et reconnaisse que l’Iraq d’aujourd’hui n’est plus celui de Saddam Hussein.
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