LE CONSEIL DE SÉCURITÉ ENTEND UN EXPOSÉ DE KIERAN PRENDERGAST SUR SA VISITE À CHYPRE, EN GRÈCE ET EN TURQUIE DU 30 MAI AU 7 JUIN
Communiqué de presse CS/8422 |
Conseil de sécurité
5211e séance – matin
LE CONSEIL DE SÉCURITÉ ENTEND UN EXPOSÉ DE KIERAN PRENDERGAST SUR SA VISITE À CHYPRE, EN GRÈCE ET EN TURQUIE DU 30 MAI AU 7 JUIN
Le Conseil de sécurité a entendu ce matin M. Kieran Prendergast, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, qui exposait les opinions des parties concernées sur la question de Chypre, recueillies lors de sa récente visite à Chypre, en Grèce et en Turquie, du 30 mai au 7 juin. Il a reconnu que des développements positifs étaient intervenus dans la mesure où toutes les parties souhaitent la reprise des négociations. Cependant, un fossé important existe toujours entre les positions des parties, de même qu’un manque de confiance de chaque côté.
Le Secrétaire général adjoint, qui a rencontré plusieurs personnalités politiques des deux côtés, dont Tassos Papadopoulos, leader chypriote grec, et Mehmet Ali Talat, leader chypriote turc, a jugé important d’encourager les parties à accorder une attention particulière à leurs intérêts communs, soulignant la nécessité de parvenir à un accord sur les révisions à apporter au plan de règlement des Nations Unies.
Une semaine après l’adoption de la résolution du Conseil de sécurité qui a prorogé le mandat de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre pour une nouvelle période de six mois*, M. Prendergast a informé le Conseil que le Secrétaire général invite à procéder de manière prudente. Il serait prématuré, a-t-il considéré, de lancer à ce stade un nouveau processus pour Chypre. Le Secrétaire général a l’intention de mener une réflexion approfondie sur le futur de sa mission de bons offices, a-t-il précisé.
* Le rapport du Secrétaire général sur l’opération des Nations Unies à Chypre (S/2005/353) a été présenté dans notre communiqué de presse CS/8412 du 15 juin 2005
LA SITUATION À CHYPRE
Exposé
M. KIERAN PRENDERGAST, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, a exposé les opinions des parties concernées par la question de Chypre, qu’il a recueillies lors de son récent voyage à Chypre, en Grèce et en Turquie, du 30 mai au 7 juin. Il a indiqué avoir rencontré plusieurs personnalités politiques des deux parties, notamment le dirigeant chypriote grec, M. Tassos Papadopoulos, et le dirigeant chypriote turc, M. Mehmet Ali Talat. En Grèce et en Turquie, a-t-il précisé, il a rencontré le Ministre des affaires étrangères de chaque pays ainsi que d’importantes personnalités grecques et turques. Concernant la partie chypriote grecque, M. Papadopoulos a déclaré être prêt à reprendre les négociations sous les auspices du Secrétaire général. Pour M. Papadopoulos, il ne devrait pas y avoir de limitation dans le temps pour la procédure à suivre et seul un accord sur un plan de règlement devrait faire l’objet d’un référendum. En même temps, il a reconnu que les négociations ne devraient pas rester ouvertes indéfiniment. Aux yeux de M. Papadopoulos, le plan établi par le Secrétaire général l’année dernière a satisfait la partie chypriote turque au-delà de ses besoins et de ce qui était juste. C’est pour cela, à son avis, que la majorité des Chypriotes grecs a rejeté le plan, tandis que la majorité des Chypriotes turcs l’a accepté.
Les points les plus importants pour les Chypriotes grecs portent notamment sur la gouvernance, la sécurité, la citoyenneté, la résidence, la propriété, le territoire, les questions économiques et financières. En dépit de la demande formulée par M. Prendergast, M. Papadopoulos a refusé de préciser la hiérarchie de ses priorités, indiquant que cela pourrait se faire au cours des négociations.
Du côté chypriote turc, M. Mehmet Ali Talat a déclaré qu’il souhaitait parvenir à un plan de règlement aussi tôt que possible, en se basant sur le plan des Nations Unies. Pour ce qui est de la procédure, il est favorable à un arbitrage des Nations Unies avec un calendrier précis, afin d’éviter qu’elles ne durent indéfiniment. M. Talat a aussi considéré que le Conseil de sécurité n’a pas pris les mesures qui s’imposaient après le rapport du Secrétaire général du 28 mai 2004. En particulier, il a estimé que le Conseil n’a pas encouragé la levée de restrictions superflues affectant les Chypriotes turcs.
Pour M. Talat, les Chypriotes turcs ont accepté le plan de l’ONU parce qu’il représente un compromis. Les questions de l’égalité politique, du partenariat, et celles relatives à l’aspect bicommunautaire sont essentielles et ne devraient pas être remises en question. M. Prendergast a rappelé à M. Talat que le Secrétaire général avait été surpris par l’absence de réaction du Conseil de sécurité après la présentation de son rapport. Il lui a aussi rappelé que le plan de règlement avait été rejeté à 76% par le Chypriotes grecs, et à cet égard, M. Talat s’est déclaré prêt à accepter des changements mineurs.
M. Prendergast a souligné le manque de confiance entre les deux camps, les leaders reconnaissant l’importance de gagner la confiance, tout en recherchant un accord. À Athènes, le Gouvernement grec a souhaité que la mission de bons offices du Secrétaire général soit poursuivie. Il reconnaît que certains aspects du plan reflètent les peurs du passé.
À Ankara, le Gouvernement turc a exprimé le souhait qu’un règlement soit basé sur le plan des Nations Unies. La Turquie accueillerait favorablement un processus intense mené sous les auspices des Nations Unies mais pour cela, elle estime aussi qu’il est important que la partie chypriote grecque fournisse une liste claire et exhaustive des modifications que cette dernière souhaite apporter au plan de règlement.
Passant à une évaluation de la situation, M. Prendergast a reconnu que des développements positifs étaient intervenus dans la mesure où toutes les parties souhaitent la reprise des négociations. Les acteurs politiques de chaque partie maintiennent des relations cordiales afin de promouvoir une compréhension mutuelle. Toutefois, il existe un fossé important entre les positions des parties. On observe également un manque de confiance important de chaque côté. Le Secrétaire général estime que le respect de la décision prise par les participants au référendum du 24 avril 2004 doit être le point de départ de toute action menée par les Nations Unies. De même, le plan de règlement mis au point par le Secrétaire général est conforme aux dispositions des résolutions du Conseil de sécurité sur cette question.
M. Prendergast a rappelé que la partie chypriote grecque avait rejeté le plan des Nations Unies, que ce fait ne pouvait pas être écarté et qu’il fallait se pencher sur les sujets de préoccupation étant à l’origine de ce vote négatif. Dans ce contexte, il est de la plus grande importance de disposer d’une liste de propositions concrètes à aborder dans le cadre de négociations. En même temps, a prévenu le Secrétaire général adjoint, il serait contre-productif de chercher une solution sur la base des préoccupations de la partie chypriote grecque si cela devait mener à perdre l’appui majoritaire de la partie chypriote turque au plan de règlement des Nations Unies. De même le niveau de confiance du côté chypriote turque est à la baisse dans la mesure où les chypriotes turques n’ont pas l’impression que leurs efforts en vue de parvenir à une solution sont reconnus.
Il est important, a ajouté M. Prendergast, d’encourager les parties à accorder une attention particulière à leurs intérêts communs, notamment la nécessité de parvenir à un accord sur les révisions à apporter au plan de règlement. Dans ce cadre, le Secrétaire général a souligné qu’il incombait aux parties de faire preuve d’un esprit visionnaire, de courage et de volonté politique. Un règlement ne sera possible que si les parties agissent de manière à susciter le respect mutuel et une compréhension commune et la volonté de parvenir à une solution rapide. Les gouvernements grec et turc sont également responsables. Outre le soutien important qu’ils ont accordé aux missions de bons offices du Secrétaire général, ils devront être disposés à revoir leurs positions sur certains aspects de la question.
Le Secrétaire général est déterminé à continuer d’aider les parties à parvenir à un règlement d’autant que le maintien du statu quo est inacceptable. À l’heure actuelle, le Secrétaire général estime qu’il faut procéder de manière prudente et qu’il serait à ce stade prématuré de lancer un nouveau processus. Le Secrétaire général a l’intention de mener une réflexion approfondie sur le futur de sa mission de bons offices. Selon l’évolution de la situation sur l’île, il sera peut-être bienvenu d’envisager la nomination d’un Conseiller spécial.
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