En cours au Siège de l'ONU

CS/8395

DANS LEURS INTERVENTIONS DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ, LES DÉLÉGATIONS APPUIENT LA PROPOSITION DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE CRÉER UNE COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX

26/05/2005
Communiqué de presse
CS/8395


Conseil de sécurité

5187e séance – matin & après-midi


DANS LEURS INTERVENTIONS DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ, LES DÉLÉGATIONS APPUIENT LA PROPOSITION DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE CRÉER UNE COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX


Une déclaration présidentielle

« prend note avec intérêt » de cette proposition


Face aux crises récurrentes comme celles d’Haïti, les 15 membres du Conseil de sécurité et leurs 24 invités ont fermement appuyé aujourd’hui, dans leur discours, la proposition du Secrétaire général de l’ONU de créer une commission de la consolidation de la paix.  Ils ont toutefois émis des avis divergents sur le fonctionnement et le financement des décisions d’une commission dont l’idée est explicitée dans le rapport de Kofi Annan sur la réforme des Nations Unies, « Dans une liberté plus grande ». 


Les intervenants répondaient à l’appel du Ministre des affaires étrangères du Danemark, dont le pays assume la présidence du Conseil pour le mois de mai.  Per Stig Møller les a invités à examiner les aspects institutionnels, financiers et de politique générale des activités actuelles de consolidation de la paix, pour renforcer la cohérence et la logique de l’action du Conseil de sécurité, « dans la période délicate de transition entre l’arrêt du conflit et le lancement des activités de développement durable »*.  La plupart des idées exprimées sur ces questions ont été reprises dans une Déclaration présidentielle qui, lue à l’issue du débat, prend note avec intérêt de l’importance que revêt la proposition du Secrétaire général.  Dans cette Déclaration, les membres du Conseil constatent que la commission proposée peut établir un lien entre le maintien de la paix et de la sécurité internationales, et les activités d’assistance humanitaire et d’aide au développement économique. 


L’urgence de doter l’ONU d’un mécanisme institutionnel capable de s’attaquer à ce qui a été décrit comme « un des problèmes les plus complexes qui se posent à la communauté internationale », a été soulignée par la Vice-Secrétaire générale de l’ONU.  Louise Fréchette a dit clairement qu’un relâchement de la communauté internationale dans le domaine de la consolidation de la paix conduit droit à un retour au conflit et aux coûteux efforts de maintien de la paix.  Elle a ainsi établi, avec d’autres délégations, un lien étroit entre consolidation de la paix et prévention des conflits.  Une commission de la consolidation de la paix qui éunirait les institutions financières internationales, les donateurs bilatéraux et les organisations régionales viendrait à point nommé pour assurer des stratégies d’ensemble efficaces. 


Les délégations ont, en effet, jugé crucial que les fonds, programmes et institutions spécialisées de l’ONU, les institutions financières internationales, les donateurs bilatéraux et les pays fournisseurs de contingents travaillent sur une base commune.  Le représentant du Royaume-Uni a préconisé que tous les efforts soient regroupés sous une direction unique.  Emyr Jones Parry a néanmoins douté que les représentants spéciaux actuels aient la formation et l’expérience requises pour assumer une telle tâche.  Il est revenu sur la nécessité d’établir un fichier regroupant les experts civils les plus compétents dans le monde.


En matière de consolidation de la paix, l’investissement humain et financier est considérable, ont admis les délégations et le Président sortant de la Banque mondiale, James Wolfensohn, qui est intervenu par le biais d’une déclaration vidéo.  Ils ont reconnu l’énormité d’une tâche qui porte sur des domaines aussi divers que la protection des civils; le désarmement, la démobilisation, le rapatriement, la réinsertion et la réadaptation des ex-combattants; la réforme des secteurs de la sécurité et celle des secteurs économiques et sociaux; la lutte contre l’impunité; la mise en place des institutions gouvernementales, de l’état de droit, de la justice transitionnelle et du respect des droits de l’homme; et la revitalisation économique. 


Pour tous ces domaines, le caractère essentiel de l’appropriation nationale et par conséquent, du renforcement des capacités locales, a paru évident.  L’effort de consolidation de la paix, ont argué les délégations, doit notamment avoir pour objectif de promouvoir la mise en place d’autorités nationales autonomes; le but étant, a simplifié le représentant de l’Argentine, de les rendre capables de gérer les tensions sans recourir aux armes.  Dans sa déclaration présidentielle, le Conseil de sécurité a aussi reconnu le rôle du secteur privé. 


* S/2005/316


CONSOLIDATION DE LA PAIX APRÈS UN CONFLIT


Déclarations


Présidant cette séance du Conseil, le Ministre des affaires étrangères du Danemark, M. PER STIG MØLLER, a déclaré que sa délégation avait soumis un texte contenant des propositions sur le thème du débat.  L’objectif final des opérations de maintien de la paix est d’assurer une transition douce entre la cessation des hostilités et la paix, la reconstruction et le développement tout en prévenant la réémergence des combats.  Malheureusement, les efforts déployés en phase post-conflit ont bien souvent été trop lents, entraînant de ce fait la reprise des hostilités comme on l’a vu de nombreuses fois en Afrique.  Concernant les politiques de maintien de la paix, il est indispensable de s’assurer que les autorités et les populations locales s’approprient le processus de conception et de mise en œuvre des stratégies de renforcement de la paix et de reconstruction afin de les rendre durables.  Les Nations Unies devraient s’engager dans des dialogues participatifs avec les parties prenantes locales, pour que ces dernières comprennent que les pays et les peuples sont les premiers responsables de leur propre avenir.  Cela conduirait les autorités locales à coopérer avec la communauté internationale.


La communauté internationale devrait reconnaître et encourager l’implication des organisations régionales dans le maintien de la paix, a poursuivi le Ministre.  Nous avons été témoins de l’action de l’Union européenne.  Aujourd’hui, l’Union africaine doit être soutenue dans ses efforts au Soudan.  Les organisations régionales devraient être encouragées à jouer un rôle de leadership.  Concernant l’aspect institutionnel, il faut s’assurer une contribution des organismes humanitaires et de développement de l’ONU  dans le Processus de planification de missions intégrées pour les situations post-conflit, qui opère sous les auspices du Département des opérations de maintien de la paix, a recommandé le représentant.  Le Conseil doit profiter du savoir et de l’expérience des Équipes de pays de l’ONU, qui opèrent sur le terrain.  Enfin, rien ne se fera sans financement adéquat.  Les conflits reprendront toujours dans les zones où les ex-combattants n’auront pas été démobilisés, désarmés et réintégrés dans le monde civil.  Les programmes de formation dont ils ont besoin et les politiques de reconversion économique devront être conçus et menés en collaboration avec les institutions financières internationales et les fonds et programmes des Nations Unies.


Mme LOUISE FRÉCHETTE, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a rappelé que les Nations Unies étaient intervenues deux fois en Haïti au cours des 10 dernières années pour souligner la nécessité pour l’Organisation, d’améliorer sa stratégie en matière de consolidation de la paix.  Il faut s’assurer, a-t-elle estimé, qu’après un conflit, les activités essentielles de stabilisation -telles que la démobilisation et la réintégration des anciens combattants- sont financées de manière adéquate et soigneusement mises en œuvre.  Nous devons, a-t-elle souligné, aider les sociétés et les marchés à recouvrer leur vitalité, et renforcer la capacité des institutions publiques et sociales à assurer la sécurité et une justice fondée sur l’état de droit.  Elle a estimé qu’en la matière, les Nations Unies peuvent faire la différence.  Le Secrétaire général prend d’ailleurs des mesures pour renforcer la capacité du système des Nations Unies en matière d’état de droit. 


Mme Fréchette a ensuite mis l’accent sur quatre éléments dont dépend le succès dans le domaine de la consolidation de la paix.  Elle a d’abord cité la nécessité de renforcer les institutions et les capacités nationales, arguant que l’appropriation nationale est un fondement essentiel de la paix et du développement durables.  Elle a ensuite mentionné la nécessité pour l’ONU de fonctionner de manière cohérente, avant de s’attarder sur celle d’impliquer activement les institutions financières internationales, les donateurs bilatéraux et les acteurs régionaux.  Enfin, Mme Fréchette a souligné que les besoins immédiats et à moyen terme requièrent davantage de ressources.  Lorsque nous n’investissons pas suffisamment dans la consolidation de la paix, a-t-elle prévenu, nous finissons par opérer un retour coûteux vers le maintien de la paix.  


La Vice-Secrétaire général a rappelé que dans son rapport, le Secrétaire général a proposé la création d’une commission de consolidation de la paix et d’un Bureau d’appui.  Elle a estimé que la commission comblerait le vide opérationnel au sein de l’ONU.  En réunissant les institutions financières internationales, les donateurs bilatéraux et les acteurs régionaux, la commission harmoniserait les activités de consolidation de la paix dans le système multilatéral. 


M. PHIL GOFF, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Nouvelle-Zélande, a déclaré que le succès en matière de consolidation de la paix passait par une intervention à long terme s’appuyant sur de véritables projets de développement.  Il a cité l’exemple du Timor-Leste et le temps qu’il a fallu pour mettre en place des capacités capables de prendre le relais de l’administration transitoire.  Il faut se rappeler que l’expérience nous montre que dans 50% des cas, cinq ans après la signature d’un accord de paix, les conflits reprennent.  Différents types de ressources doivent être consacrés à l’armée, la police et la justice, sans oublier les droits de l’homme.  Une réintégration des anciens combattants, a ajouté le Ministre, impose la mise en place d’une véritable aide au développement. 


À Bougainville, a-t-il précisé, nous avons appris que payer en échange de la remise d’armes pouvait être contreproductif, car allant à l’encontre des pratiques coutumières en matière de réconciliation.  Le rythme et la nature des politiques de maintien de la paix doivent être conformes à la culture des acteurs de cette politique sur le terrain.  Le Ministre a insisté sur le rôle déterminant de la participation des groupes de la société civile dans les processus de paix.  Notant l’interdépendance du maintien de la paix et des politiques de développement, il a apporté le soutien énergique de son pays à la création d’une commission de consolidation de la paix proposée par le Secrétaire général.


M. JAMES WOLFENSOHN, Président sortant de la Banque mondiale, dans une déclaration vidéo, s’est dit convaincu de l’urgence qu’il y a à modifier l’équilibre entre le maintien et la consolidation de la paix.  Il a estimé qu’aujourd’hui l’accent est trop mis sur l’intervention militaire et la prévention et pas suffisamment sur la bataille de la paix durable.  Une stratégie de consolidation de la paix, s’est-il expliqué, exige, une approche globale sur le court et le long terme. 


Le Président sortant a cité les quatre éléments qui pour lui sont essentiels.  Il a avant cela souligné que globalement les situations des pays pauvres et des pays sortant d’un conflit requièrent des efforts similaires.  La seule différence est que, dans le deuxième cas, la situation a été rendue particulièrement difficile par les dégâts causés par le conflit.  Citant alors les quatre éléments essentiels, il a mis l’accent sur le renforcement des capacités nationales, le rétablissement de l’ordre juridique, la mise en place d’un cadre financier et la lutte contre la corruption.  Il faut, a-t-il insisté, une approche d’ensemble du développement.  Il a ensuite cité un cinquième élément qui est de s’attaquer aux causes du conflit.  Du point de vue du financement de ces activités, le Président sortant de la Banque mondiale a souligné que le problème vient de la perte d’attention de la communauté internationale.  Il a estimé, à cet égard, que la commission de la consolidation de la paix prônée par le Secrétaire général pourrait remédier à ce problème.


M. MICHAEL AMBÜHL, Secrétaire d’État de la Suisse, a insisté sur la nécessité d’assurer une meilleure convergence entre les approches sécuritaire, humanitaire et du développement, qui coexistent aujourd’hui dans une certaine incompréhension mutuelle et en tout cas sans une interaction suffisante.  Il a également insisté sur la nécessité pour les Nations Unies de mieux rassembler et tirer parti des expériences faites par l’ensemble des opérateurs onusiens aux niveaux local, national et international.  Enfin, il a souhaité que cette nouvelle architecture puisse renforcer la visibilité, la transparence et la responsabilité dans la conduite des activités de consolidation de la paix. 


Le Secrétaire d’État a mis l’accent sur quatre questions: la nécessité d’une approche multidimensionnelle et coordonnée; la participation des acteurs nationaux et locaux; les partenariats avec les institutions spécialisées; et l’importance d’une approche fondée sur le droit.  Notant que la communauté internationale était confrontée à des défis stratégiques et institutionnels, il a estimé que le rendez-vous de septembre prochain constituera une occasion unique de créer un nouvel organe consultatif sur la consolidation de la paix.  Cette commission prévue dans le rapport du Secrétaire général « Dans une liberté plus grande », a-t-il estimé, aidera à résoudre des défis stratégiques en contribuant aussi à clarifier la terminologie, les concepts et les instruments utilisés dans la consolidation de la paix.  Elle pourra fournir des conseils sur la définition des mandats et faciliter la coordination des acteurs impliqués aux différents stades du processus de consolidation de la paix et de la reconstruction.  Ce faisant, a-t-il conclu, elle contribuera à combler une lacune importante, à savoir le manque de cohérence dans les politiques poursuivies en matière de consolidation de la paix et de la reconstruction.


M. TUVAKO N. MANONGI (République–Unie de Tanzanie) a déclaré que les liens étroits entre la sécurité, le développement et les droits de l’homme ont montré l’importance d’adopter une approche intégrée quant à la consolidation de la paix.  Il a indiqué qu’il fallait construire la paix en renforçant la bonne gouvernance, en répondant aux besoins humains élémentaires et en encourageant l’harmonie sociale.  Il a estimé qu’alors que les Nations Unies avaient obtenu des bons résultats en matière d’établissement et de maintien de la paix, l’Organisation ne possède pas, dans sa forme actuelle, de cadre institutionnel efficace pour répondre aux défis des pays sortant d’un conflit.  Il a ainsi soutenu la recommandation du Secrétaire général de créer une commission intergouvernementale pour la consolidation de la paix, incluant un Bureau d’appui au sein du Secrétariat.  Il a affirmé que cette commission devrait comporter trois éléments intégrés: la formulation de politique, le partenariat institutionnel et la mobilisation de ressources. 


S’agissant de la coordination des politiques, il a souhaité que la consolidation de la paix soit introduite dans les accords de paix et les opérations de maintien de la paix en impliquant à la fois les acteurs au niveau national ainsi qu’à ceux régional et international.  En ce qui concerne le partenariat institutionnel, il s’est dit en accord avec le Secrétaire général, notant que pour allier efficacité et légitimité, la commission pour la consolidation de la paix proposée devrait rendre compte au Conseil de sécurité et à l’ECOSOC, selon la phase du conflit.  À l’extérieur des Nations Unies, a-t-il poursuivi, il s’agit de construire un partenariat efficace entre le système des Nations Unies et les acteurs régionaux et internationaux afin d’obtenir une bonne coordination dans la consolidation de la paix.  Pour ce qui est de la mobilisation de ressources, il a rappelé que les activités de consolidation de la paix dépendaient actuellement des contributions volontaires, résultant dans un manque de prévisibilité.  Dans ce contexte, il a salué la proposition d’un fonds permanent pour la consolidation de la paix, précisant que celui-ci ne devait pas être une alternative aux donateurs internationaux et bilatéraux.  Il a également souhaité que ce fonds soit en contact avec les institutions financières régionales et internationales, particulièrement les institutions de Bretton Woods.  Enfin, il a insisté sur l’attention particulière que portent les Nations Unies sur les conflits africains. 


M. CÉSAR MAYORAL (Argentine) a estimé que le concept de consolidation de la paix vient, à juste titre, compléter l’idée traditionnelle de maintien de la paix.  Il a aussi, souligné la relation étroite entre ce concept et celui de prévention du conflit.  Il a, à son tour, souligné le caractère prioritaire du renforcement des capacités nationales pour permettre au pays concerné de gérer les tensions sans revenir au conflit.  Il a voulu, en l’occurrence que toute approche tienne compte des spécificités de chaque pays. 


La consolidation de la paix est un processus qui exige de la communauté internationale un engagement durable, a-t-il dit en appelant le Conseil à coordonner les activités des multiples acteurs qui participent à ces processus.  En ce sens, il a jugé que la coordination entre le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social peut jouer un rôle fondamental dans la consolidation de la paix et du développement durables.  Il a souligné qu’en toutes circonstances, les principes directeurs de toute action doivent être le respect des décisions du gouvernement concerné et l’appui à ses initiatives.


M. JEAN-MARC DE LA SABLIÈRE (France) a rappelé que la France avait déjà mené dans les années 90 des actions visant à consolider la paix retrouvée notamment au Cambodge et en Bosnie.  Depuis, a-t-il constaté, des progrès réels ont été accomplis pour affiner les actions sur le terrain.  Il a déclaré que la France soutenait pleinement la création d’une commission de consolidation de la paix.  Il a mis l’accent sur deux conditions estimées essentielles pour la réussite de la consolidation de la paix: tout d’abord la disponibilité immédiate du financement apporté par les États Membres, qu’il s’agisse des contributions volontaires ou obligatoires, et ensuite la réussite des opérations de désarmement, démobilisation et de réintégration (DDR).  Il a estimé que les programmes de DDR ne donnaient pas encore les résultats attendus.  


Le représentant a souhaité que la commission de la consolidation de la paix, dont la création a été proposée par le Secrétaire général, puisse faciliter une meilleure coordination entre les acteurs impliqués dans les activités de DDR.  Tout en soulignant la nécessité pour la communauté internationale de réaffirmer son devoir d’assistance aux peuples dans le besoin, il a rappelé que la responsabilité première de la consolidation de la paix incombait aux populations locales et à leurs dirigeants eux-mêmes. 


Rappelant que la pauvreté, la faim, les maladies infectieuses et le sous-développement représentaient autant de menaces à la paix que les guerres, M. HENRIQUE VALLE (Brésil) a estimé qu’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) signifiait participer à la prévention des conflits.  Il a déclaré que les efforts de maintien de la paix après les conflits étaient essentiels. Mais les pays qui combattent la pauvreté doivent également être aidés financièrement, a-t-il estimé, et la communauté internationale doit travailler main dans la main avec ceux qui accueillent des forces internationales du maintien de la paix. Par ailleurs, la plupart des pays qui sont le théâtre ou qui sortent d’une guerre civile sont riches en ressources naturelles mais ont du mal à les exploiter et ceci devrait être pris en compte dans les efforts de consolidation de la paix.  Nous avons besoin d’un système commercial international basé sur le développement, sans barrière, afin que tous les pays qui sortent d’un conflit armé aient la possibilité de rivaliser avec les autres, en particulier dans le secteur de l’agriculture a déclaré M. Valle.


Parallèlement aux mesures de maintien de la paix, les pays doivent aider les ex-combattants à se réinsérer économiquement, et en particulier les enfants et les femmes, qui représentent une vraie force de changement.  Il faut pour cela promouvoir la création d’entreprises, le petit commerce et l’artisanat.  Parfois, ces mesures devraient même commencer avant les efforts de maintien de la paix, comme par exemple au Darfour, parce que chaque situation demande une solution propre.  M. Valle a conclu en estimant que la proposition du Secrétaire général des Nations Unies de créer une commission de consolidation de la paix était une étape essentielle du programme de réforme.  Un tel organe, dont la composition comme l’action refléterait un équilibre entre le Conseil de sécurité et l’ECOSOC,et avec la participation active du pays intéressé, pourrait rapidement parvenir à des résultats.


M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a déclaré que la consolidation de la paix englobe la recherche de solutions équitables, fiables et crédibles aux problèmes politiques, économiques et sociaux qui sont à l’origine des conflits.  Compte tenu du caractère unique de chaque situation et de l’absence d’un mécanisme permettant de formuler une stratégie globale, il nous paraît indiqué que toute stratégie de consolidation de la paix s’inscrive dans le cadre d’un programme soutenu par les Nations Unies qui vise la reconstruction du pays, l’établissement d’institutions politiques viables et crédibles ou leur réhabilitation.  Pour donner une chance à cette stratégie, a ajouté M. Baali, les Nations Unies devraient intensifier leurs efforts pour nouer des dialogues véritablement participatifs avec les parties prenantes locales s’appuyant sur un partage des pouvoirs et la consolidation des pratiques démocratiques et créer les capacités appropriées pour faire face aux circonstances uniques qui entourent chaque situation de conflit.  Ceci signifie aussi, lorsque les États voisins sont impliqués, que leur adhésion est nécessaire. 


Le représentant a ajouté que l’inclusion d’éléments de consolidation de la paix après les conflits dans les mandats des opérations de maintien de la paix devrait être envisagée comme une mesure à caractère opérationnel.  Il est à cet égard préoccupant de noter que le financement  de la consolidation de la paix n’a pu jusque là faire l’objet de financement fiable et permanent.  La mobilisation des ressources financières et techniques des institutions financières internationales devrait être encouragée.  Si pour des exigences opérationnelles, notamment la prise de décision rapide, le Conseil s’est vu assigner un rôle de première importance, il convient d’observer que les activités de consolidation de la paix ne sont et ne peuvent être du ressort du Conseil, a estimé le représentant.  L’Assemblée générale a un rôle à jouer de même que le Conseil économique et social.  Le représentant dans ce contexte a émis l’idée d’un organe intermédiaire entre le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social mandaté par l’Assemblé générale qui pourrait sans doute mieux prendre en charge la problématique de la consolidation de la paix.


M. MIHNEA MOTOC (Roumanie) a souligné l’énormité de la tâche de la consolidation de la paix à accomplir, de manière conjointe, par les acteurs locaux et la communauté internationale.  Il s’est dit favorable à des efforts intégrés dès les premiers stades de l’après-conflit.  Il faut une coordination de l’action des différents acteurs, a-t-il dit en soulignant l’importance pour le Conseil de sécurité de recevoir des conseils stratégiques d’ensemble sur les mesures à prendre.  À cet égard, il s’est félicité de la proposition du Secrétaire général de créer une commission de consolidation de la paix.  Le représentant a aussi souligné le rôle fondamental des organisations régionales et sous-régionales qui ont une meilleure connaissance des situations locales. 


Appelant au renforcement de leurs capacités, il a cité, à son tour, les éléments essentiels de la consolidation de la paix.  Il a mis l’accent sur la mise en place d’institutions démocratiques, le rétablissement de l’état de droit et le respect des droits de l’homme, et la promotion de la reconstruction économique et sociale.


Mme ANNE PATTERSON (États-Unis) a souligné les efforts des États-Unis pour mieux coordonner leur contribution au renforcement de la paix après des conflits.  Elle a déclaré qu’une meilleure coordination des actions de la communauté internationale était indispensable pour éviter que les pays sortant de crise deviennent des terreaux pour le terrorisme ou des catastrophes humanitaires.  C’est pourquoi, elle s’est félicitée de la proposition du Secrétaire général de créer une commission de la consolidation de la paix dans le souci d’améliorer la coordination entre les organismes des Nations Unies ainsi que les politiques et les opérations menées dans chaque pays dès le début des opérations de maintien de la paix jusqu’à la réussite complète des efforts de reconstruction et activités de développement.  Les États-Unis estiment que la commission devrait être un organe consultatif travaillant sur la base du consensus et offrant une expertise et une capacité de coordination aux principaux organes des Nations Unies. 


La représentante a indiqué que le Gouvernement des États-Unis avait créé un bureau de la coordination de la reconstruction après un conflit pour assurer une meilleure efficacité de ses initiatives sur le terrain en matière de transition entre le maintien de la paix et la reconstruction.  Elle a reconnu le rôle fondamental des centaines d’ONG présentes sur le terrain compte tenu de leur expérience.  La dynamique du développement, a-t-elle insisté, doit venir du pays et de la région et de la volonté de paix des populations locales elles-mêmes.  La démocratie et la liberté ne peuvent venir que de l’intérieur.  La paix, a-t-elle ajouté, vient de l’esprit et de la volonté des peuples de mettre définitivement un trait sur un passé sombre.  Les États-Unis qui demeurent le premier contributeur au budget ordinaire des Nations Unies et le principal donateur en ce qui concerne l’aide au développement restent engagés à fournir, de manière attentive et coordonnée, les ressources nécessaires à tous les aspects du processus de consolidation de la paix.


M. EMYR JONES PARRY (Royaume-Uni) a estimé qu’à ce jour, seul le Mozambique peut être cité comme un succès de la consolidation de la paix alors que Haïti, qui a reçu, 1,5 milliard de dollars d’aide internationale, n’est toujours pas sorti de la crise.  Pour le représentant, la communauté internationale doit mieux fixer les priorités stratégiques à la fin d’un conflit et tenant dûment compte du lien entre sécurité, développement et droits de l’homme.  Le représentant a regretté qu’à ce jour, le système des Nations Unies n’ait pas un plan stratégique unique lorsqu’elles opèrent dans un pays sortant d’un conflit.  Tous les acteurs, a-t-il prescrit, doivent travailler sur une base commune.  Or, les missions intégrées ne sont pas encore une réalité.  Les plans intégrés doivent être menés à bien par un seul et unique responsable, par exemple le Représentant spécial.  Il faut qu’il ait un droit de regard sur le travail des institutions spécialisées.  Le représentant s’est alors demandé si les Représentants spéciaux ont réellement la formation et l’expérience requises.  Sont-ils recrutés de manière à disposer des meilleurs talents?  Ont-ils une vision claire des objectifs fixés par le Siège de l’ONU?  À toutes ces questions, le représentant a répondu « non ». 


Il a aussi appelé à une bonne conjugaison des efforts entre les autorités locales et la communauté internationale.  Pour qu’elle soit durable, la paix doit être gérée par le peuple du pays concerné, à savoir le Gouvernement et la société civile.  Il faut aussi, a-t-il poursuivi, une plus grande coordination et une plus grande cohérence au sein de la communauté internationale.  Il faut éviter les doubles emplois et les concurrences malsaines sur le terrain.  Pour ce faire, le représentant a prôné, à l’instar, du Secrétaire général, la création d’une commission de consolidation de la paix qui, a-t-il insisté, permettra de travailler ensemble et de proposer des stratégies communes.  Il a aussi souligné la nécessité de mobiliser le financement adéquat dès la fin d’un conflit avant de mettre l’accent sur l’importance des ressources humaines.  La contribution des experts civils est fondamentale, en particulier dans un domaine aussi essentiel que la primauté du droit.  Le représentant a rappelé que le Secrétaire général travaille à une liste d’experts et que l’Union européenne développe sa capacité de déploiement rapide d’experts civils.  Au titre du dernier ingrédient dans le succès de la consolidation de la paix, le représentant a cité la volonté politique durable.  La communauté internationale a-t-elle la détermination de résoudre les conflits et de faire l’effort nécessaire pour rétablir la paix dans un pays? s’est-il demandé.  Il a estimé que le Sommet de septembre sera l’occasion de renouveler l’engagement à aider les pays à devenir pacifiques, à obéir à la règle de droit, à mettre en place des Etats démocratiques et à s’acheminer vers la prospérité économique.


M. JEAN-FRANCIS RÉGIS ZINSOU (Bénin) a souligné la nécessité d’opérations de maintien de la paix axées sur les questions de sécurité et d’accès à l’assistance humanitaire.  Il a également insisté sur l’importance vitale d’asseoir des institutions nationales solides et de s’attaquer aux causes profondes des conflits internes.  Il s’est inquiété des conséquences des limites structurelles imposées par le cloisonnement des institutions et programmes des Nations Unies. 


Les performances de la communauté internationale ont été de fortunes diverses, a-t-il noté, faute d’un appui adéquat ou de l’impossibilité d’enclencher les étapes successives en matière d’aide au développement économique.  Il faut saisir l’occasion de ce débat pour tirer les limites de l’approche séquentielle.  Il faut une coordination accrue des partenaires extérieurs au processus de consolidation de la paix et de la reconstruction.  Il faut mobiliser les institutions financières internationales pour les intégrer dès le départ à la planification et à la définition des stratégies.  Il faut que les mandats des opérations de maintien de la paix mettent en place ce type de coopération pour exploiter les possibilités de synergie accompagnant le recours accru à des partenaires sur le terrain notamment dans le domaine des opérations de DDR.  Sur le plan de l’appropriation par les acteurs locaux du processus de maintien de la paix, a-t-il ajouté, il importe que l’action des Nations Unies, et de la communauté internationale dans son ensemble, s’oriente vers le renforcement des capacités.  Le représentant a indiqué que, compte tenu du caractère transfrontalier des conflits en Afrique de l’Ouest, il fallait renforcer la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales.


M. LAURO BAJA (Philippines) a déclaré qu’il était nécessaire pour toute opération de consolidation de la paix après un conflit de disposer d’un mandat et d’une politique clairs pour réussir.  Seul un mandat bien défini du Conseil de sécurité peut donner le sceau de la légitimité aux actions qui sont menées sur le terrain et peut permettre de stabiliser la situation dans les zones sortant de conflits.  Ensuite, a dit M. Baja, il est essentiel de disposer d’une stratégie cohérente et globale qui permette de gérer la période qui va de la cessation immédiate des hostilités jusqu’à ce qu’une stratégie de sortie puisse être mise en place.  Se fondant sur le mandat de la mission, la stratégie globale devrait être conçue de manière à faire face à la période d’instabilité qui suit la fin des combats.  Elle devrait accorder en temps opportun toute la place à des programmes de désarmement, démobilisation et de reconstruction (DDR) efficaces.  Elle devrait d’autre part assurer une bonne coordination de la participation des institutions, agences, fonds et programmes de l’ONU, ainsi que des actions du Conseil de sécurité, de l’ECOSOC, de l’Assemblée générale et des autres intervenants. 


Quant à la stratégie de sortie, elle devrait être inscrite dans la stratégie générale de gestion de la période post-conflit et se préoccuper de la période au cours de laquelle l’engagement des Nations Unies doit se terminer.  La stratégie de sortie ne doit être lancée que quand les populations de la zone sortant de conflit ont été suffisamment équipées et disposent d’un soutien financier et administratifs et des capacités humaines et techniques qui permettront à leur pays de voler de ses propres ailes, a recommandé M. Baja.  L’octroi de ressources financières adéquates et un soutien substantiel de toutes les parties prenantes sont indispensables, a-t-il dit.  Les Philippines pensent que la commission de consolidation de la paix, dont la création a été proposée, et à l’ordre du jour de l’Assemblée générale, pourrait combler les insuffisances qui existent en ce moment dans les mécanismes de maintien de la paix de l’ONU.      


M. ADAMANTIOS TH. VASSILAKIS (Grèce), s’associant à la déclaration de l’Union européenne, a affirmé que le concept de consolidation de la paix a servi à lier la sécurité et le développement durable et offre une approche intégrée pour aborder les questions relatives à la paix, la sécurité et le développement.  Il a indiqué que cette approche qui vise à consolider la paix après la fin des hostilités et à reconstruire et développer les sociétés déchirées par les conflits constitue le seul moyen de s’assurer qu’elles ne retombent pas dans la violence.  Il a estimé que les conflits contemporains exigeaient une consolidation de la paix plus efficace qui s’attaque aux causes de ces conflits, tout particulièrement en intégrant les éléments clefs de la sécurité humaine, d’une stabilité politique basée sur l’état de droit et la bonne gouvernance, de la réconciliation sociale et de la reconstruction économique.  Il s’est dit convaincu que la réussite de la consolidation de la paix repose sur l’appropriation locale du processus de reconstruction et a estimé qu’il fallait, à cet effet, renforcer les capacités des acteurs locaux.  Ce processus hautement politique, a-t-il poursuivi, doit être soutenu par les acteurs internationaux, tels les Nations Unies, les organisations régionales et les donateurs.  Il a insisté sur la nécessité de mieux coordonner les efforts de ces acteurs afin de développer des stratégies plus efficaces et à long terme pour répondre aux besoins locaux, allouer les ressources et définir les priorités. 


Par ailleurs, il a souligné les besoins financiers aux stages initiaux de la reconstruction et a noté que les fonds existants et ressources disponibles n’étaient pas adéquats.  Il a ainsi souhaité un soutien financier ciblé, coordonné et en temps opportun ainsi qu’une assistance plus prévisible.  Il a également déclaré que, selon son pays, la reconstruction durable de la paix bénéficierait d’une interaction et d’une coordination entre le Conseil de sécurité et l’ECOSOC.  Le représentant de la Grèce a enfin soutenu l’idée d’établir une commission pour la consolidation de la paix, estimant qu’un tel organe encouragerait la paix, la sécurité et le développement dans le monde.


M. ZHANG YISHAN (Chine) a également établi le lien entre consolidation de la paix et prévention du conflit.  Il a prôné la mise au point d’une stratégie d’ensemble qui s’appuie sur les besoins particuliers du pays concerné.  Cette stratégie devra être conçue de façon à ce que tous les domaines de consolidation de la paix soient mis sur un pied d’égalité.  L’ONU a un rôle essentiel à jouer et doit le jouer entièrement.  Elle doit pouvoir coordonner les efforts des institutions financières, des organisations régionales et sous-régionales, de la société civile ou encore des pays fournisseurs de contingents.  L’ONU, a poursuivi le représentant, doit aider les organisations régionales et sous-régionales à mettre au point leur propre capacité de consolidation de la paix, en particulier en Afrique.  Le représentant a, à son tour, appuyé la proposition du Secrétaire général de créer une commission de consolidation de la paix et d’un bureau d’appui.


M. KONSTANTIN DOLGOV (Fédération de Russie) a déclaré que la paix durable et le règlement des conflits dépendaient de notre capacité de combiner la diplomatie des efforts de maintien de la paix et la reconstruction des États émergeants des crises.  Il a noté que les opérations de maintien de la paix devenaient de plus en plus complexes et multidisciplinaires dans le contexte de conflits à dimension régionale et transfrontalière.  L’expérience de l’ONU en Haïti, au Timor-Leste, au Libéria, en RDC et en Sierra Leone a démontré l’importance du lien entre le rétablissement de la paix et la reconstruction économique et sociale des pays sortant d’un conflit.  Le représentant a souligné la nécessité de promouvoir la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales en saluant l’exemple positif que constitue la coopération entre l’ONU et l’Union africaine dans le cadre du règlement de la crise au Soudan.  Il a appuyé la proposition de création d’une commission de consolidation de la paix pour améliorer l’efficacité de la coordination de l’appui apporté aux pays sortant de crise.    


M. KENZO OHSHIMA (Japon) a affirmé que la consolidation de la paix et l’édification de l’État dans les pays émergeant d’un conflit constituaient des priorités de son pays en matière d’aide internationale.  Il a rappelé l’importance que son Gouvernement attachait à une approche intégrée, et particulièrement à l’inclusion de la consolidation de la paix dès les premières phases de la résolution de conflit.  Enumérant les différents types d’implication des Nations Unies au Timor-Leste, en Afghanistan et sur le continent africain, il a déclaré que le rôle de l’Organisation dans la consolidation de la paix devait être flexible et défini par les situations spécifiques des conflits.  Il a insisté sur la nécessité d’encourager et de renforcer l’appropriation des acteurs locaux pour assurer le succès des accords et de la consolidation de la paix.  Toutefois, a-t-il poursuivi, si l’État n’est pas en mesure de fonctionner, la communauté internationale doit jouer un rôle de leader en insistant sur les projets de renforcement des capacités au niveau local afin d’éviter une dépendance envers l’assistance internationale.  De plus, il a expliqué que les gouvernements nationaux n’étaient pas considérés comme les seuls partenaires par son pays, citant le rôle crucial des communautés et groupes civils.


Par ailleurs, il a souligné la nécessité d’intégrer toutes les activités des acteurs concernés, et ce, avec la coopération et la coordination des parties prenantes internationales.  Pour les missions complexes de maintien et de consolidation de la paix, il a estimé important d’intégrer les activités sous la direction du représentant spécial du Secrétaire général.  En dehors des missions, il a souhaité qu’on donne à ce Représentant spécial l’autorité pour coordonner les activités des fonds, programmes et institutions spécialisées de l’ONU.  Il a également souligné le rôle de la Banque mondiale et des autres institutions financières internationales dans la consolidation de la paix.  Notant que le maintien de la paix bénéficiait d’une stabilité grâce à un financement par contributions obligatoires, le représentant du Japon a toutefois indiqué que ce même recours, s’agissant de la consolidation de la paix, pourrait entraver l’allocation optimale des ressources et l’appropriation de la consolidation de la paix par les acteurs locaux.  Il ainsi souhaité que certaines activités soient financées par des contributions volontaires et d’autres, par celles obligatoires, sur une base du cas par cas.  Rappelant le concept de « sécurité humaine », lancé par le Japon, et qui a trait aux menaces à la vie et à la dignité humaine, il a soutenu avec force la proposition de créer une commission pour la consolidation de la paix et s’est dit prêt à n’épargner aucun effort pour que celle-ci soit établie sans délai.


Intervenant au nom de l’Union européenne (UE) et des pays associés, M. JEAN-MARC HOSCHEIT (Luxembourg) a déclaré que l’UE était convaincue qu’il fallait combler le vide existant entre la fin des conflits et la reprise d’un développement durable par le biais de la consolidation de la paix.  Il a précisé que les expériences du passé avaient montré que les actions de consolidation de la paix étaient fondamentales si l’on voulait éviter que les pays émergeant de la guerre ne sombrent à nouveau dans la violence et les hostilités.  Il faut donc les accompagner dans leur transition vers une paix durable et un développement à long terme.  Si une assistance extérieure peut s’avérer indispensable pour créer un environnement sûr, a-t-il ajouté, il est tout aussi indispensable que les pays prennent en main leur propre destin.  Le représentant a estimé essentiel d’associer dès la phase de planification, les acteurs locaux et nationaux aux actions de consolidation de la paix et de les responsabiliser quant au développement à long terme.  Il a souhaité que les efforts internationaux se fondent sur les potentialités locales, en mobilisant le plus tôt possible les ressources existantes.  Dès le départ, a-t-il insisté, il convient de veiller à éviter les doubles emplois entre les activités réalisées sur le terrain par les institutions et programmes des Nations Unies (ONU) et d’impliquer rapidement les Institutions financières internationales. 


Par ailleurs, il a estimé que l’UE -qui fournissait 55% de l’aide au développement, 66% de l’aide sous forme de dons et environ 55% de l’assistance humanitaire- devait jouer un rôle moteur face aux défis post-conflits.  Il a souligné la nécessité d’une assistance continue dans le cadre des programmes de DDR.  Dans le domaine de la gestion civile des crises, a-t-il précisé, l’UE est active dans les domaines suivants: la formation de la police, la promotion de l’état de droit, le renforcement de l’administration civile, la protection civile et la réforme du secteur de sécurité.  Il a précisé que cinq opérations de l’UE mobilisant 1 300 personnes sur le terrain étaient actuellement en cours concernant la formation de la police en Bosnie-Herzégovine (MPUE Bosnie), dans l’ex-République yougoslave de Macédoine (EUPOL Proxima), en République démocratique du Congo (EUPOL Kinshasa), une mission dans le domaine de l’État de droit en Géorgie (EUJUST Themis) et enfin une autre  formation policière en RDC (EUSEC RDCongo).  Il a également précisé qu’une mission intégrée « État de droit » pour l’Iraq (EUJUST LEX) sera lancée en juillet 2005, consistant en la formation de quelque 770 personnes et que d’autres opérations éventuelles étaient en cours de discussion. 


En outre, il a mis l’accent sur la volonté de l’Union européenne de se donner les moyens de travailler davantage avec l’ONU en s’attachant à établir un lien entre l’aide d’urgence, la réhabilitation et le développement.  Nous sommes également déterminés, a-t-il précisé, à accroître notre coopération avec l’Union africaine (UA) et ses organisations sous-régionales.  C’est dans ce contexte que le Plan d’action de l’UE relatif au soutien à la paix et à la sécurité en Afrique est axé sur un certain nombre d’actions pratiques visant dans une large mesure à la consolidation de la paix.  En conclusion, il a estimé que la création d’une commission de la consolidation de la paix proposée par le Secrétaire général constituait la meilleure opportunité de combler le vide entre la fin d’un conflit armé et le développement durable.  Un mécanisme institutionnel, a-t-il précisé, dont l’objectif sera de parvenir à définir une stratégie complète et cohérente en matière de consolidation de la paix associant tous les acteurs pertinents.


M. NIRUPAM SEN (Inde) a rappelé que son pays fournissait de nombreux contingents aux opérations de maintien de la paix et était un nouveau donateur pour les activités de reconstruction.  En ce qui concerne la création d’une commission pour la consolidation de la paix, il a soutenu l’approche du Secrétaire général donnant la préférence à un mandat plus restreint concentré sur les activités nécessaires après la cessation du conflit, par rapport à celui plus large envisagé par le groupe de personnalités éminentes.  Selon le représentant, une telle commission pourrait ainsi concentrer ses ressources, à la fois financières et humaines, de manière optimale.  Il a affirmé que cette commission devrait assurer une meilleure coordination entre la communauté internationale et les pays donateurs d’une part, et les autorités nationales d’autre part, qu’elle devait promouvoir l’appropriation des politiques par les autorités nationales et fournir un financement stable.  Il a toutefois déclaré que la proposition concernant les « membres principaux » de cette commission portait à confusion.  Le représentant a souhaité qu’une telle commission rende des comptes à l’Assemblée générale, et non seulement au Conseil de sécurité et à l’ECOSOC.  Par ailleurs, il a dit attendre le résultat des consultations du Secrétaire général quant à la participation des institutions financières internationales, rappelant que dans le passé les meilleures intentions de consolidation de la paix avaient été affaiblies par un manque de ressources. 


Notant qu’un fonds permanent pour la consolidation de la paix offrirait une solution, il s’est toutefois interrogé sur ses mécanismes de prévisibilité financière et la responsabilité des contributions.  Par ailleurs, il a insisté sur l’importance d’utiliser l’expertise des autorités nationales, dans le cadre de la commission envisagée, afin d’établir les priorités que la communauté internationale soutiendra.  Il a aussi déclaré que la commission devra assurer une cohérence globale du système, incluant les Nations Unies, les donateurs bilatéraux, les pays fournissant des contingents, les organisations régionales ou encore les institutions financières internationales.


M. JOHN DAUTH (Australie) a estimé que la consolidation de la paix n’était que le début d’un long processus devant ramener le pays touché sur le chemin de la prospérité.  Selon lui, il faut reconnaître que la consolidation de la paix commence alors que le maintien de la paix n’est pas encore terminé.  Il a défini la consolidation de la paix comme un exercice polyvalent couvrant de manière commune et coordonnée les questions de paix, de développement et de droits de l’homme.  Il a mis l’accent sur le développement des capacités locales et l’appropriation des objectifs de consolidation de la paix par les autorités et les populations concernées.  La réforme du système de sécurité comprend la réforme de la police et la mise en place de structure juridiques adéquates.  Le représentant a insisté sur le caractère vital de la consolidation de la paix au niveau régional.  À titre d’exemple, il a indiqué qu’un forum des îles du Pacifique avait été organisé en 2003 en réponse à une demande directe d’assistance présentée par les Iles Salomon.  Il s’agissait d’un véritable test en matière de consolidation de la paix, test auquel les pays ont répondu avec une détermination collective, a expliqué le représentant.  L’Australie, a-t-il conclu, soutient la proposition du Secrétaire général de créer une commission pour la consolidation de la paix, un instrument qui, s’il est créé, a-t-il dit, pourrait, à travers une coopération étroite avec le Conseil de sécurité, jouer un rôle crucial pour faire en sorte que les Nations Unies soient mieux placées pour aider les pays sortant de conflit. 


M. MOHAMED BENNOUNA (Maroc) a déclaré que le soutien de la communauté internationale était essentiel sur le court et moyen terme pour réussir la période  délicate de transition de l’arrêt des hostilités à la construction d’un consensus social avec la participation de tous les partenaires concernés.  L’effort de reconstruction, a-t-il insisté, est donc long et devrait tenir compte d’une série de facteurs complexes et interdépendants tels que la démobilisation, le désarmement, la réintégration et la réhabilitation (DDRR), la réforme du secteur de la sécurité, l’instauration de l’état de droit et une bonne gestion des ressources naturelles.  Il a estimé que le premier défi à relever lorsqu’un pays sortait d’un conflit était celui de l’état de droit, à savoir l’élaboration de normes adéquates et cohérentes pour rendre la justice la plus appropriée.  La démocratisation et la bonne gouvernance constituent un défi qui se dresse devant tout le processus de consolidation de paix, un objectif qu’il faut atteindre en tenant compte des facteurs historiques et culturels.  Le représentant a souhaité que la phase de reconstruction se focalise sur le démantèlement des économies de guerre et la gestion des ressources naturelles dans l’intérêt de l’ensemble de la population, notant que de nombreux conflits gravitaient autour de la maîtrise de ces ressources.  Dans la relation des pays concernés avec les États voisins, citant principalement le cas de la RDC, on peut instaurer la certification de certaines matières précieuses et créer un mécanisme de contrôle pour mettre fin aux trafics. 


Sur le terrain des opérations de maintien de la paix, il a noté une pluralité des intervenants et leur diversité qui complique l’élaboration d’une réelle stratégie.  Il a déclaré que les interventions des différentes institutions des Nations Unies, chacune dans le domaine de sa compétence, la Banque mondiale, le FMI, les donateurs bilatéraux et autres ONG, manquaient souvent de cohérence.  Notant que les activités de consolidation de la paix n’étaient pas coordonnées avec celles de coopération pour le développement, il a estimé qu’il s’agissait d’un domaine où l’ONU devait gagner en efficacité.  Il s’est inquiété d’un rythme trop lent de la mobilisation des ressources pour les programmes de consolidation de la paix, qui ne répond pas à l’urgence ressentie sur le terrain.  Il a suggéré que de tels problèmes soient résolus par l’élaboration de meilleures stratégies permettant la participation de l’ensemble des intervenants dès la phase initiale de consolidation de la paix.  Il a souhaité l’organisation de rencontre fréquentes entre les principaux bailleurs de fonds, les pays contributeurs de troupes, les Institutions financières et les gouvernements concernés à des fins d’évaluation et de définition de stratégie.  Il a souligné l’importance de la coopération sud-sud notamment sous la forme d’assistance technique et de l’envoi d’experts.  Il a estimé que la proposition du Secrétaire général de créer une commission de consolidation de la paix, attachée à la fois au Conseil de sécurité et à l’ECOSOC, apporterait une première réponse à ces questions en tant que cadre institutionnel permettant aux différents acteurs d’intervenir de concert. Il a également appuyé l’idée d’un fonds de consolidation de la paix qui devrait permettre, s’il est créé, de répondre de manière appropriée à la question de l’imprévisibilité des ressources.


M. HJALMAR W. HANNENSSON (Islande) a évoqué le lien complexe entre les conflits, la paix et le développement qui exige une approche multisectorielle et multidimensionnelle dans le contexte de la consolidation de la paix.  En traitant les causes des conflits par le biais de la réconciliation, l’édification de la nation et une transformation à la fois politique et économique, une paix durable peut être établie.  Le représentant a également souligné l’importance pour les populations locales de s’approprier le processus de consolidation de la paix, ainsi que de la coordination des efforts internationaux et de l’harmonisation des procédures.  Le représentant a insisté sur le déploiement rapide d’experts civils dans le cadre des missions de maintien et de consolidation de la paix.  Nous encourageons fortement le Département de maintien de la paix à explorer cette voie, a-t-il précisé.  Le représentant a ensuite rappelé les principes qui doivent guider le déploiement des missions à savoir qu’elles doivent disposer de mandats clairs et bien définis; qu’il est souhaitable d’impliquer les populations locales; qu’il est indispensable de procéder à des transferts technologiques.  Les partenaires doivent coordonner et coopérer ensemble à tous les niveaux tandis qu’il est important de développer une perspective à long terme.


M. DUMISANI KUMALO (Afrique du Sud) a déclaré qu’au-delà du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration, la consolidation de la paix implique aussi la revitalisation des économies, la reconstruction des infrastructures, le renforcement de l’État de droit et la création d’institutions démocratiques.  Le problème auquel font face les initiatives africaines pour la paix viennent surtout de la nécessité de bénéficier du soutien politique, moral et matériel de la communauté internationale, afin d’assurer une transition de la phase de satisfaction immédiate des besoins humanitaires et de sécurité, à celle du développement à long terme indispensable à une paix durable, a dit M. Kumalo. 


Au cours des dernières années, le Conseil de sécurité et l’ECOSOC ont reconnu l’importance de stratégies globales de longue durée pour la consolidation de la paix.  La création par l’ECOSOC de groupes consultatifs spéciaux sur les pays sortant de conflits, a permis la création de ce type de groupes de travail au profit de la Guinée-Bissau, du Burundi et d’Haïti.  Comme nous l’avons appris au Burundi et en Guinée-Bissau, pour que la résolution des conflits soit efficace et aboutisse, il faut y impliquer des acteurs importants comme les institutions de Bretton Woods, qui ont déjà des programmes de soutien au renforcement de la paix.  Le défi à relever est d’assurer, de manière précoce, la coordination des actions de tous les intervenants, a dit M. Kumalo.


L’Afrique du Sud pense que la création d’une commission de consolidation de la paix permettrait de combler certaines des lacunes qui existent actuellement.  Nous soutenons donc la proposition du Secrétaire général d’établir ce genre de mécanisme.  Les Nations Unies ont un rôle fondamental et vital à jouer dans les situations d’après-conflit.  C’est la seule organisation ayant l’expérience qu’il faut pour aider les peuples à reconstruire leurs pays et leurs communautés après une guerre. 


M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ (Égypte) a salué les propositions contenues dans le rapport du Secrétaire général qui reflètent la réalité des conflits en Afrique.  En matière de consolidation de la paix, il a estimé que l’élément le plus important est que toutes les parties montrent la même volonté politique.  Il faut ensuite, a-t-il dit, s’attaquer aux causes socioéconomiques du conflit.  Ce faisant, la coordination des différentes entités concernées est critique de même qu’un calendrier précis sur le passage à la phase du développement durable.  Voulant éviter une confusion des mandats en matière de consolidation de la paix, le représentant a, à son tour, appuyé la création d’une commission à cette fin.  Il a précisé que selon lui, lorsque cette commission verra le jour, l’initiative de travaux reviendra au pays concerné et les modalités de son intervention devront se décider en coopération avec ledit pays.  Le représentant a également jugé important que le mandat de la commission soit limité impérativement à la consolidation de la paix. Il faudra  éviter les doubles emplois et répartir les ressources de manière équitable.  Le représentant a conclu en souhaitant que, dans la lancée des réformes, l’on considère aussi les programmes, fonds et institutions spécialisées du système dont le travail est lié au maintien et à la consolidation de la paix. 


M. VALERIY KUCHINSKY (Ukraine) a jugé essentiel d’aider les pays sortant d’un conflit à édifier un environnement propice à un développement durable.  Il faut préserver les résultats obtenus et empêcher que les conflits éclatent à nouveau en tenant compte de l’interdépendance entre la paix durable, la sécurité et le développement, a-t-il ajouté, en souhaitant un partage équitable des efforts entre tous les partenaires concernés, qu’il s’agisse des organismes des Nations Unies, des institutions financières internationales ou des ONG et des représentants locaux.  Il faut encourager la participation locale dès les premières phases de la planification en associant les organisations régionales et sous-régionales.  Le représentant a salué la proposition du Secrétaire général de créer une commission de consolidation de la paix qu’il a présentée comme le meilleur moyen de combler les lacunes institutionnelles actuelles et de relever de nombreux défis existants.  Il a espéré que le Sommet qui doit se tenir en septembre prendrait une décision en ce sens.  


M. RASTAM MOHD ISA (Malaisie) a déclaré que les Nations Unies devaient jouer un rôle dans la consolidation de la paix afin de prévenir la reprise du conflit, aider les États à reconstruire les bases d’une vie normale et mener les sociétés vers une paix durable.  Il a estimé que ceci demandait une cohérence et une coordination incluant les Nations Unies, les parties sortant du conflit, les parties prenantes locales, les institutions internationales, les donateurs et autres acteurs.  Il a de plus jugé intéressante l’approche régionale pour répondre aux défis de la consolidation de la paix.  Affirmant que chaque situation post-conflit avait des circonstances uniques, il a souhaité que les Nations Unies adaptent ses activités sur la base du cas par cas.  Soulignant l’importance de l’appropriation du processus de consolidation de la paix par les acteurs locaux, il a demandé qu’on porte attention aux valeurs et traditions culturelles et religieuses.  Les Nations Unies et la communauté internationale ont suffisamment d’expérience pour identifier les meilleures pratiques du passé afin de faire face aux nouveaux défis, a-t-il ajouté.  Par ailleurs, il a estimé que les possibles modalités d’une commission pour la consolidation de la paix ainsi que d’autres propositions de réforme pourraient aider à répondre au déficit institutionnel concernant la formulation d’une stratégie globale dans ce domaine.  Il a toutefois indiqué que, selon son pays et sans faire préjudice à la compétence des autres organes principaux des Nations Unies, l’Assemblée générale devait avoir le rôle cléf dans l’élaboration des activités de consolidation de la paix.  Leur application exige la consultation et l’accord des parties concernées et doit être basée sur les principes du droit international et de la Charte des Nations Unies.


M. JOHAN LOVALD (Norvège) a déclaré que la commission de consolidation de la paix, dont la création a été proposée et le Bureau d’appui à la consolidation de la paix qui l’accompagnerait pourraient combler certaines des insuffisances qui existent en matière de maintien de la paix.  La nouvelle commission pourrait d’autre part améliorer la coordination les échanges entre les pays donateurs.  Concernant les insuffisances existant en matière de maintien de la paix, M. Lovald a cité le manque de planification cohérente des grandes opérations de maintien de la paix; le manque de clarté sur les activités de terrain des différents intervenants et leur éventuelle coopération; l’absence de cohérence entre les actions des parties engagées dans le maintien de la paix, l’humanitaire et le développement à long terme; et le manque de coordination à l’intérieur du système même de l’ONU.  Afin de forger des liens de coopération plus forts entre les organismes de l’ONU, il faut s’attaquer aux questions qui se posent dans les domaines de la gestion et du leadership, a estimé le représentant.  Les mandats des Représentants spéciaux du Secrétaire général doivent être clarifiés.  Le rôle, les fonctions et les modalités de coopération entre les fonds et programmes de l’ONU sur le terrain doivent eux aussi être clarifiés.  Au niveau des pays, les programmes des organismes de l’ONU doivent être plus intégrés et combinés afin de refléter les différences conceptuelles et opérationnelles entre les actions de type militaire, politique ou humanitaire.


Nous devons aussi aller au-delà des capacités de la seule ONU, a dit le représentant.  Il n’est pas réaliste pour les Nations Unies de vouloir être le seul fournisseur d’expertise technique en ce qui concerne des opérations de maintien de la paix de plus en plus lourdes.  Un rôle important devrait être confié aux organisations régionales et on devrait opérer un partage du travail entre ces organisations et l’ONU de manière à déléguer certaines tâches.  Dans ce cadre, les donateurs devraient revoir leurs formats de financement afin de faciliter la coopération à long terme au niveau régional.    


M. ROBERT TACHIE-MENSON (Ghana) a affirmé que malgré certains succès, le maintien de la paix dans le passé n’avait pas été si fabuleux dans l’ensemble, témoignant du fait que le Conseil de sécurité avait parfois manqué d’exécuter ses responsabilité efficacement.  Dans ce contexte, il a salué la recommandation du Secrétaire général de créer une commission pour la consolidation de la paix.  Notant le large soutien dont bénéficie cette proposition parmi les États Membres, il a déclaré qu’il s’agissait là de la reconnaissance du besoin de répondre aux manquements dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU, particulièrement en ce qui concerne la période suivant le conflit.  Il a souligné la nécessité d’assurer, dès le début des initiatives de paix, la coordination, cohérence et continuité entre les opérations de maintien de la paix et celles de consolidation de la paix.  Il a indiqué que les efforts pour assurer une paix durable à la suite de conflits exigeaient le soutien de l’ONU et de ses partenaires humanitaires et de développement ainsi qu’une étroite coopération entre les fonds, programmes et agences de l’ONU concernés, les organisations régionales et sous-régionales et le secteur privé. 


Rappelant le lien entre sécurité et développement, il s’est dit d’accord avec la proposition de mettre la commission de consolidation de la paix sous l’autorité conjointe du Conseil de sécurité et de l’ECOSOC, souhaitant que son rôle soit consultatif et qu’elle n’ait pas de pouvoir de décision.  Par ailleurs, il a indiqué que la création d’un fonds permanent pour la consolidation de la paix pourrait jouer un rôle crucial et appuyer la mise en place des programmes de DDR.  Il a également insisté sur la contribution vitale des femmes dans la consolidation de la paix et a encouragé toutes initiatives visant leur pleine participation.  Il a déclaré que le Libéria, la Sierra Leone ou la Guinée-Bissau auraient pu bénéficier d’un mécanisme institutionnalisé de consolidation de la paix et s’est associé au Conseil de sécurité en faveur d’une approche intégrée de prévention des conflits et de consolidation de la paix.  Enfin, il a souligné l’importance d’une action internationale concertée pour renforcer la capacité des gouvernements et améliorer les relations entre civils et militaires dans les pays émergeants d’un conflit.  


M. HERALDO MUNOZ (Chili) a estimé qu’en matière de consolidation de la paix, il faut d’abord et avant tout cerner les causes profondes du conflit et trouver une solution dans le cadre d’une approche multidimensionnelle permettant de jeter les bases de la reconstruction.  Les missions de consolidation de la paix doivent être dotées d’un mandat à long terme et de ressources suffisantes pour venir en aide aux gouvernements en transition.  Il est indispensable, dans ce cadre, a poursuivi le représentant, de rechercher la participation de tous les secteurs de la société.  Il faut donc lancer un dialogue national qui fait intervenir toutes les forces politiques compétentes.  Les racines des conflits, a-t-il aussi estimé, sont souvent le sous-développement faisant de la sécurité et du développement des éléments indissociables.  La communauté internationale doit être présente et en l’occurrence, a estimé le représentant, le Conseil économique et social et ses groupes consultatifs spéciaux, peuvent être des outils efficaces.  Le représentant a appuyé la création d’une commission de consolidation de la paix ainsi que la mise en place, au sein du Secrétariat, d’un bureau de l’assistance à l’état de droit.  Une participation de la population locale et des organisations régionales dès l’élaboration des politiques après-conflit est un élément fondamental, a-t-il conclu en insistant aussi sur le caractère indispensable de ressources humaines et financières suffisantes.


M. PETER BURIAN (Slovaquie) a rappelé que l’Europe de l’Est avait connu des bouleversements politiques majeurs après novembre 1989 et la fin de la guerre froide en ajoutant que ces changements n’auraient pu être conclus de progrès durables sans la contribution de formations et organisations régionales.  En addition des contributions de l’Union européenne et de l’OTAN, il a notamment mentionné le rôle de l’Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe (OSCE) dans le domaine de l’organisation d’élections libres, la mise en place d’institutions démocratiques et les réformes de l’administration publique.  Il a estimé que l’expérience éclairée des bonnes pratiques de l’OSCE pouvait être utile partout dans le monde notamment en Afrique.  Il a salué le rôle de la société civile dans la consolidation de la paix, car elle est la mieux placée pour assurer la participation au niveau local et le renforcement des capacités.  Ainsi, la Slovaquie a, dans les années 90, favorisé l’émergence d’une vibrante société civile, ce qui a permis de préserver les acquis démocratiques et d’éviter tout retour en arrière.


Le représentant a souligné la contribution de son pays à la promotion de l’état de droit en rappelant que c’est la capitale de la Slovaquie  qui a accueilli le “Processus de Bratislava” qui a offert une opportunité unique d’unir l’opposition démocratique de la Serbie.  La semaine dernière, a-t-il ajouté, Bratislava a accueilli une autre conférence internationale sur le développement des Balkans de l’Ouest, ajoutant que l’avenir de cette région reposait sur le renforcement de la collaboration avec ses voisins et le renforcement de la confiance.  A cet égard, il a particulièrement souligné la contribution de la formation régionale baptisée les Quatre de Visegrad (Visegrad Four) composée de la République tchèque, de la Hongrie, de la Pologne et de la Slovaquie et qui encourage le dialogue politique dans la région.  Il a notamment souligné les efforts de son pays en matière de coopération économique ou encore d’échanges d’étudiants et d’enseignants.  Il a estimé que les risques les plus sérieux que les pays sortant d’un conflit ne sombrent de nouveau dans la violence étaient liés au sous-développement de la société civile.  Il a fait valoir que la Slovaquie qui était un pays récipiendaire d’aide dans les années 90 accorde aujourd’hui une aide au développement à 14 pays à travers le monde. 


M. JOE R. PEMAGBI (Sierra Leone) a qualifié les activités de consolidation de la paix d’efforts visant à traiter des causes profondes des conflits et à jeter les bases d’une paix et d’un développement durables.  Il s’agit aussi d’une phase, a-t-il poursuivi, qui est caractérisée par des attentes énormes qui, si elles ne sont pas satisfaites, peuvent mener à la reprise du conflit.  Malheureusement, a donc regretté le représentant, la communauté internationale n’attache pas l’importance requise à la consolidation de la paix.  Faire taire les armes sans s’assurer qu’elles resteront muettes à jamais, n’est pas réaliser la paix, a-t-il tranché.  Il a accueilli avec une grande satisfaction la proposition du Secrétaire général de créer une commission de consolidation de la paix.  Le représentant, rappelant que son pays abrite une Mission de l’ONU qui procède à son retrait, a dit apprécier le rôle des organismes des Nations Unies dans les efforts de reconstruction tout en regrettant qu’ils ne soient pas encore plus présents.  Remerciant la communauté internationale pour sa générosité, il l‘a prévenu que le pays aura besoin de plus pour maintenir l’élan vers la réalisation d’une paix et d’une stabilité durables.


Soulignant la grande efficacité des mesures déjà arrêtées par le Conseil de sécurité dans le cadre de la consolidation de la paix, M. PHILIPPE DJANGONE-BI(Côte d’Ivoire) a affirmé qu’il s’agissait maintenant d’en renforcer la cohérence globale, de veiller constamment à la convergence des actions des parties prenantes ainsi qu’à la complémentarité et la coopération étroite de tous les acteurs, nationaux et internationaux.  Il a estimé que tout programme de maintien de la paix devait comporter un volet prioritaire de contrôle de fournitures des armes, arguant que la prolifération et la circulation incontrôlée des armes légères constituaient un important facteur qui complique et prolonge les conflits, en particulier en Afrique.  Dans ce contexte, il a insisté sur le soutien de la communauté internationale pour venir à bout de ce phénomène.


Il a indiqué que son pays, épuisé et ébranlé du fait de la guerre, était à l’évidence résolument sur la voie de la restauration de la paix, une situation qui gagnerait à être entretenue et renforcée par les mesures en cours d’examen au sein du Conseil de sécurité.  Il a dit compter sur l’appui de la communauté internationale, affirmant que sans investissements conséquents les risques d’une nouvelle crise étaient évidents.  C’est au prix de tels investissements que la paix peut être consolidée de façon durable, a-t-il insisté.  Par ailleurs, il a estimé que les opérations de maintien de la paix ne pouvaient seules garantir un retour à la paix et devaient aller de pair avec des activités de développement menées de façon adaptée par les institutions spécialisées et les programmes de l’ONU, en appui aux efforts des autorités du pays concerné.  Enfin, il a réaffirmé le désir de la Côte d’Ivoire de continuer de bénéficier de l’assistance de l’ONU dans l’organisation et la conduite des prochaines consultations générales, notamment les présidentielles d’octobre 2005.


M. SIMEON A. ADEKANYE (Nigéria) a estimé que la consolidation de la paix constitue une partie intégrante des efforts de paix de la communauté internationale.  En Afrique, les difficultés rencontrées dans la consolidation de la paix sont importantes en raison de la nature poreuse des frontières, de la mobilité des populations et du fait que l’usage des technologies de l’information a transformé la notion traditionnelle des conflits.  En fait, la plupart des conflits contemporains ont une composante extranationale d’où la nécessité de revoir nos priorités.  Pour les populations, en particulier les femmes et les groupes vulnérables, la mise en place de programmes de réhabilitation et de réintégration qui bénéficient de financements adéquats serait un gage de la fin du conflit. 


Pour que la consolidation de la paix soit effective, a ajouté le représentant, il faut accorder une attention particulière aux groupes clés et aux activités stratégiques.  Parmi ces groupes figurent les acteurs non étatiques- mercenaires et rebelles - les enfants soldats mais également les femmes et les enfants.  Il est également indispensable que les efforts de consolidation de la paix prévoient la création d’emplois, la formation des ex-combattants, le relèvement du système judiciaire, la promotion des droits de l’homme et de la réconciliation nationale.  Nous devons résister à la tentation d’imposer des solutions de l’extérieur mais plutôt exploiter les capacités locales.  Les organisations régionales et sous-régionales ont un rôle à jouer dans la consolidation de la paix.


M. SHIN KAK-SOO (République de Corée) s’est dit convaincu que la prévention des conflits, le maintien de la paix et la consolidation de la paix étaient tellement interdépendants qu’elles gagneraient en efficacité si elles étaient menées simultanément et non plus séquentiellement.  Il a salué la proposition du Secrétaire général de créer une commission de consolidation de la paix qui serait le meilleur moyen de combler les lacunes institutionnelles actuelles du système des Nations Unies pour ce qui est de la coordination des activités permettant de passer de la phase de la fin du conflit à une paix et un développement économique durables.  Il a déclaré que la consolidation de la paix exigera une coopération étroite entre le Conseil de sécurité et l’ECOSOC.  Il a proposé que la commission de consolidation de la paix soit composée de deux membres permanents et trois membres non permanents du Conseil de sécurité ainsi que de six membres de l’ECOSOC afin de garantir un véritable équilibre.  Il a souhaité que cette commission collabore de façon étroite avec les fonds et programmes des Nations Unies, les Institutions de Bretton Woods, et les banques régionales de développement en leur accordant un statut d’observateur à ses délibérations.        


M. AIZAZ AHMAD CHAUDHRY (Pakistan) a d’abord souligné que la paix ne peut devenir durable que si elle repose sur le développement durable.  En matière de consolidation de la paix, a-t-il poursuivi, aucun organisme des Nations Unies ne peut opérer seul.  Il a donc prôné une approche globale et intégrée, une meilleure cohérence au sein du système des Nations Unie, une coordination accrue et un engagement réel de tous les acteurs concernés.  Établissant, à son tour, le lien entre consolidation de la paix et prévention des conflits, il a argué qu’en la matière, la solution réside dans les efforts de développement.  En conséquence, il a appelé à une complémentarité du travail des trois principaux organes de l’ONU pour promouvoir la synergie nécessaire.  Après avoir souligné le caractère fondamental de l’appropriation nationale des efforts, le représentant a voulu que le vide institutionnel soit comblé.  Il a préconisé, pour ce faire, la mise en place d’un organe intergouvernemental qui, doté de la souplesse nécessaire, réunirait tous les acteurs pertinents.  A cet égard, il a appelé les institutions financières internationales à se montrer souples dans les politiques qu’elles préconisent et les négociations qu’elles mènent avec les pays concernés.  Les donateurs ne devraient pas, a-t-il insisté, changer leurs objectifs en cours de route.  Il a donc jugé louable la proposition visant à créer un Fonds permanent.  Revenant à la proposition de créer une commission de consolidation de la paix, il a rappelé qu’en 2003, son pays avait appelé à la mise sur pied de comités ad hoc composés des membres des trois principaux organes de l’ONU.  Voyant une similarité entre l’idée du Secrétaire général et celle de son pays, le représentant a attiré l’attention sur les propositions que son pays a faites sur la Commission de consolidation de la paix.


M. OSWALDO DE RIVERO (Pérou) a estimé important que les efforts et les ressources de la communauté internationale soient mobilisés à des fins préventives pour apporter une aide aux pays en difficulté, ceux qui courent le risque d’implosion.  Le fait que la communauté internationale n’ait pas attaché l’importance requise à ces activités a conduit à l’éclatement d’une trentaine de guerres civiles depuis la guerre froide.  Les dégâts économiques, sociaux et psychologiques de ces conflits compliquent d’autant les tâches de consolidation de la paix, a constaté le représentant.  Les efforts de consolidation doivent donc comprendre une forte composante de prévention des conflits.  En la matière, il convient d’abord d’asseoir une économie viable.  La reconstruction ne doit pas revitaliser les structures qui étaient à l’origine de l’effondrement de l’état mais viser la mise en place d’une économie nouvelle capable de trouver son créneau dans l’économie mondiale.  Cela implique des mesures urgentes visant l’allègement de la dette, l’octroi de crédits nouveaux, une aide ciblée aux secteurs de l’eau, de l’agriculture ou encore de l’énergie.  Doivent venir ensuite les mesures structurelles pour stimuler, par exemple, les exportations, d’où l’importance du secteur privé.  Plus que des économistes, des bureaucrates et autres fonctionnaires d’organisations internationales, il faut des patrons d’entreprises. 


Ce faisant, a poursuivi le représentant, les entreprises doivent accepter les dix principes énoncés dans le Pacte mondial.  Tout en revitalisant l’économie, a-t-il aussi estimé, il faut lancer un processus de reconstruction politique et créer des institutions démocratiques efficaces.  Il faut un véritable pacte social efficace qui soit garanti par les forces de maintien de la paix de l’ONU.  Ces dernières doivent veiller au transfert du pouvoir aux autorités nationales.  Les efforts doivent aussi viser la création d’un service public qui réponde aux besoins sociaux de base de la population.  Le plus important, en matière de consolidation de la paix, est de mettre en place des gouvernements démocratiques, à l’échelle locale. 


Mme ADIYATWIDI ADIWOSO ASMADY (Indonésie) a souligné l’importance de renforcer l’effort international pour assurer la consolidation de la paix.  Il s’agit d’une exigence politique qu’il faut ajuster en fonction des situations.  Elle a estimé que la consolidation de la paix ne pourra réussir que dans le cadre d’une perspective multidimensionnelle globale.  Comme elle suit généralement une mission de maintien de la paix elle bénéficie d’un temps de préparation.  Il faut une participation locale aussi large que possible, a ajouté la représentante, de façon à créer des synergies et marquer les activités entreprises du sceau de la légitimité.  Parmi celles-ci, elle a estimé prépondérantes celles concernant l’état de droit.  Il existe des preuves de plus en plus nombreuses des risques d’émergence de réseaux économiques illégaux dans les environnements post-conflits.  Elle a notamment cité le commerce illicite des armes légères qui vient miner les efforts de DDR au niveau local. 


M. ROBERT G. AISI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a présenté le processus de paix en cours à Bougainville, une île ravagée par une guerre civile qui aurait fait 20 000 morts et des milliers de blessés.  Il a rappelé que l’Accord de paix, signé en août 2001, est intervenu trois ans après le cessez-le-feu entre l’Armée révolutionnaire de Bougainville et le Gouvernement de Papouasie-Nouvelle-Guinée en 1998.  Il a précisé que 26 accords avaient été signés depuis l’accord politique de septembre 1989.   Il a indiqué qu’un groupe régional représentant l’ensemble du Pacifique avait été constitué pour suivre la mise en oeuvre des accords.  Il a explique que le Gouvernement souhaitait donner à la population de Bougainville l’occasion de participer pleinement aux efforts de consolidation de la paix, ce qui s’est traduit par l’organisation d’élections pour déterminer du gouvernement autonome de Bougainville.  En décembre 2004, le Parlement de Papouasie-Nouvelle-Guinée a adopté la constitution de Bougainville.  Les premières élections pour constituer le gouvernement local de Bougainville sont en cours et les dirigeants locaux ont même risqué leur vie pour permettre un retour à la normale.  Bougainville est un bon exemple pour l’instauration d’une paix dont les Nations Unies ont été l’intermédiaire.  Constatant l’enthousiasme des habitants de Bougainville pour l’élection d’un gouvernement autonome, il a formé le voeu que cette expérience serve d’exemple à d’autres régions ayant eu la même expérience.  Il s’est félicité de l’engagement décisif des dirigeants de la population de Bougainville pour permettre le succès de ces élections.  Enfin, il a également remercié les pays amis qui ont financé l’organisation de ces élections en précisant notamment que les résultats des élections seront présentés officiellement le 9 juin 2005 alors que le Premier Ministre du pays est attendu pour l’inauguration du Parlement local le 25 juin.


Déclaration présidentielle


Le Conseil de sécurité réaffirme son attachement aux buts et principes inscrits dans la Charte des Nations Unies et rappelle que la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales lui incombe. Il considère que les activités de consolidation de la paix sont étroitement liées à ses responsabilités principales.


Le Conseil estime que les conflits internes et la situation des États qui relèvent d’un conflit comptent parmi les problèmes les plus complexes qui se posent à la communauté internationale et qu’ils ne peuvent être résolus, dans la plupart des cas, que par la mise en place d’un ensemble cohérent et coordonné d’activités de consolidation et de maintien de la paix comprenant des activités politiques, militaires, civiles et humanitaires et des activités de développement.


Le Conseil est conscient qu’il est indispensable d’accorder toute l’attention voulue à la consolidation à long terme de la paix, sous tous ses aspects, et qu’un appui suffisant apporté aux activités de consolidation de la paix peut contribuer à empêcher la reprise des conflits.


Le Conseil souligne qu’après un conflit les priorités devraient, selon le cas, porter sur les domaines suivants : protection des civils; désarmement, démobilisation, rapatriement, réinsertion et réadaptation des ex-combattants; réforme du secteur de la sécurité et réformes économiques et sociales; lutte contre l’impunité; mise en place ou rétablissement des institutions gouvernementales, de l’état de droit, de la justice transitionnelle et du respect des droits de l’homme; revitalisation économique.


Le Conseil de sécurité prend acte du rôle primordial que le système des Nations Unies, y compris les fonds, programmes et institutions spécialisées, joue dans la consolidation de la paix aux côtés des institutions financières internationales, en particulier la Banque mondiale, des donateurs bilatéraux et des pays qui fournissent des contingents. Il reconnaît également le rôle que le secteur privé peut jouer dans des pays qui relèvent d’un conflit. Il souligne que le succès des activités de consolidation de la paix après un conflit est tributaire de la détermination constante de tous les acteurs intéressés à mener à bien le processus, de la participation de ces acteurs et de la coordination de leurs activités à toutes les étapes, depuis la planification jusqu’à l’exécution. À ce sujet, le Conseil souligne également qu’il est important de faire preuve de cohérence dans les politiques adoptées et la répartition des ressources entre les organes des Nations Unies compte tenu de leurs mandats respectifs. Le Conseil rappelle le rapport du Groupe d’étude sur les opérations de paix des Nations Unies (A/55/305) en date du 21 août 2000 et les recommandations qui y sont formulées, et se félicite des progrès accomplis depuis la publication de ce rapport, en ce qui concerne en particulier la planification des opérations de maintien de la paix.


Le Conseil souligne que les pays qui relèvent d’un conflit doivent disposer d’une aide internationale importante pour leur réorganisation et leur reconstruction économiques et sociales. À ce sujet, il prend acte du rôle joué par le Conseil économique et social, notamment dans la promotion du développement durable, et réaffirme qu’il est prêt à améliorer la coopération avec les organismes et les organes des Nations Unies directement concernés par la consolidation de la paix.


Le Conseil de sécurité souligne qu’il importe que les pays prennent en main le processus de transition à partir du moment où un conflit s’achève et jusqu’à ce qu’une paix durable soit instaurée et un développement viable assuré, et que la communauté internationale doit appuyer les priorités nationales en matière de consolidation de la paix. Il reconnaît le rôle constructif que jouent les parties prenantes locales et encourage le dialogue entre l’Organisation des Nations Unies et certains acteurs nationaux compétents. Il encourage aussi la création des capacités voulues pour faire face aux circonstances propres à chaque conflit. Cet effort – et la consolidation de la paix en général – devrait notamment avoir pour objectif de promouvoir la mise en place d’autorités nationales autonomes et, partant, d’aider à ce que l’assistance internationale passe du stade de l’appui à la paix à celui d’un développement à plus long terme.


Le Conseil de sécurité reconnaît que les organisations régionales et sous-régionales ont un rôle crucial à jouer dans la consolidation de la paix le plus tôt possible. Il est conscient qu’une perspective régionale explicite est nécessaire dans la mesure où la plupart des conflits ont des dimensions politiques, humanitaires, économiques et de sécurité étroitement imbriquées transcendant les frontières. Le Conseil souligne à cet égard qu’il faut renforcer la coopération et, le cas échéant, la coordination entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales, dans le domaine de la consolidation de la paix, en se fondant sur une approche plus intégrée et en visant à exploiter au mieux les ressources et capacités disponibles.


Le Conseil souligne qu’il est nécessaire d’aborder la question du désarmement, de la démobilisation et de la réinsertion des anciens combattants dans une perspective internationale et régionale globale qui loin de se limiter aux aspects politiques et sécuritaires du problème, puisse également englober ses dimensions sociales et économiques, notamment les besoins particuliers des enfants soldats et des femmes.


Le Conseil insiste sur les besoins particuliers de l’Afrique dans les situations d’après conflit et encourage la communauté internationale à accorder une attention toute particulière à ces besoins. Il se félicite des liens de partenariat de plus en plus étroits que l’Union africaine, les organisations sous-régionales africaines et l’Organisation des Nations Unies ont tissés dans le domaine du rétablissement et du maintien de la paix, et il insiste sur la nécessité d’étendre ce partenariat à la consolidation de la paix.


Le Conseil de sécurité souligne l’importance de la coopération entre les opérations de maintien de la paix des Nations Unies et les fonds, programmes et institutions spécialisées du système des Nations Unies. Il insiste sur la nécessité de veiller à ce que la planification et l’exécution au niveau national des activités humanitaires, politiques, de maintien de la paix et de développement des Nations Unies soient bien coordonnées à l’échelle du système, notamment grâce à l’élaboration d’objectifs stratégiques communs. Le Conseil souligne que l’Organisation des Nations Unies devrait, dans le domaine de la consolidation de la paix après les conflits, fonctionner comme une seule entité intégrée placée sous une direction d’ensemble efficace.


Le Conseil de sécurité souligne qu’il est nécessaire d’assurer un financement rapide et adéquat pour les priorités en matière de consolidation de la paix, à tous les stades du processus de paix, et consacrer des investissements financiers durables à ces efforts lors des phases de redressement à moyen et à long terme. Le Conseil note que les activités de consolidation de la paix doivent être mises en place avec célérité pour répondre aux besoins immédiats et il encourage la création de capacités qui pourraient être intégrés rapidement dans ces activités.


Le Conseil se félicite de la présentation du rapport du Secrétaire général intitulé « Dans une liberté plus grande : développement, sécurité et respect des droits de l’homme pour tous » (A/59/2005), ainsi que du rapport du Groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement portant le titre suivant : « Un monde plus sûr : notre affaire à tous ». Le Conseil est conscient des lacunes identifiées dans le rapport dont souffre la structure institutionnelle des Nations Unies, quant à la possibilité d’aider de manière efficace, cohérente et complète à passer d’une situation de conflit à une paix et à un développement durables.


Le Conseil prend note avec intérêt de l’importance que revêt la proposition du Secrétaire général tendant à ce qu’une commission de consolidation de la paix soit créée, et il souscrit à l’objectif qui consiste à vouloir améliorer l’aptitude des Nations Unies à coordonner son action avec celle des donateurs et des pays fournisseurs de contingents et à mener des activités de consolidation de la paix, notamment durant la phase qui va du début des opérations de maintien de la paix jusqu’au stade de la stabilisation, de la reconstruction et du développement. Il constate que cette commission peut contribuer pour une part importante à établir un lien entre le maintien de la paix et de la sécurité internationales et les activités d’assistance humanitaire et d’aide au développement économique.


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