LE SUPPLEMENT AUX REGLES SUR L’EGALISATION DES CHANCES DES HANDICAPES SOUTENU A LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT SOCIAL
Communiqué de presse SOC/4639 |
Commission du développement social
6e et 7e séances – matin & après-midi
LE SUPPLEMENT AUX REGLES SUR L’EGALISATION DES CHANCES DES HANDICAPES
SOUTENU A LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT SOCIAL
La Rapporteuse spéciale sur la question des personnes handicapées, Mme Hessa Al-Thani, a plaidé ce matin pour l’adoption du Supplément aux Règles pour l’égalisation des chances des personnes handicapées, groupe qui compte 386 millions d’individus dans le monde. Ce texte, a-t-elle expliqué aux membres de la Commission du développement social, permettrait l’amélioration des Règles qui avaient été adoptées en 1993 en jetant un éclairage particulier sur les autres questions qui n’avaient alors pas reçu suffisamment d’attention, à savoir la pauvreté des personnes handicapées, le logement, les soins de santé, les enfants ou encore les violences et les abus.
La Commission du développement social, qui a lancé ses travaux le 4 février dernier sur le thème principal de l’amélioration de l’efficacité du secteur public, entamait aujourd’hui l’examen de la situation des groupes sociaux que sont les personnes handicapées, la famille et les personnes âgées.
L’élaboration d’une convention internationale sur les droits des personnes handicapées étant en cours, le Supplément aux Règles a été perçu par certains Etats Membres et les membres de la société civile comme une étape supplémentaire vers la reconnaissance des droits de ces personnes. D’autant que, comme l’a dit le représentant de la Chine, des modifications ont eu lieu dans l’arène internationale qui dictent la nécessité de changer certaines règles qui ne répondent plus aux exigences actuelles.
Pour la Rapporteuse spéciale, il s’agira dans un premier temps d’améliorer la visibilité des Règles comme instrument du mécanisme de mise en œuvre de certains instruments des droits de l’homme comme la Convention relative aux droits de l’enfant. Elle s’est dite en faveur de mesures favorisant la collaboration entre les gouvernements et les organisations de personnes handicapées sur toutes les questions qui les touchent.
Les préparatifs de la célébration du Dixième anniversaire de l’Année internationale de la famille ayant été lancés, les délégations ont insisté sur le rôle de la cellule familiale comme unité de base de la société qu’il convient de protéger. Il a également été question de renforcer la base normative et juridique de la protection familiale, dans un souci de renforcement des valeurs familiales.
Toujours dans le cadre du débat général, les Etats ont également décrit leur politique nationale et les obstacles rencontrés dans la mise en œuvre du Programme d’action de Madrid sur le vieillissement qu’ils avaient adopté en 2000. Trois orientations prioritaires avaient été définies, à savoir les personnes âgées et le vieillissement, la promotion de la santé et du bien-être et la création d’un environnement porteur et favorable.
La Ministre adjointe du travail et des politiques sociales de la Bulgarie a pris la parole ainsi que les représentants des pays suivants: Irlande, Zambie, Chine, Mexique, Bangladesh, Japon, République centrafricaine, Kazakhstan, Algérie, Venezuela, Fédération de Russie et Jamaïque. L’Observateur du Saint-Siège a fait une déclaration.
Les organisations non gouvernementales suivantes ont pris la parole: World Blind Union, Inclusion International, Conseil consultatif sur les problèmes de l’alcoolisme et des toxicomanies, Child Welfare League of America, Fédération mondiale des sourds, Réhabilitation internationale, Organisation mondiale des personnes handicapées.
La Vice-Présidente de la Commission, Ivana Grollova, a présenté le projet de texte sur l’amélioration de l’efficacité du secteur public. Ce texte a pour but de répertorier les idées clés débattues au cours de la session actuelle et devrait être adopté à la fin de la session.
Deux conseillers interrégionaux de la Division des politiques sociales et du développement social ont fait des exposés sur les activités de la coopération technique.
La Commission poursuivra son débat général sur la situation des groupes sociaux à partir de 10 heures lundi 9 février. Elle tiendra une table ronde consacrée à l’examen et à l’évaluation du Plan d’action de Madrid sur le vieillissement.
SUIVI DU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL: EGALISATION DES CHANCES DES HANDICAPÉS
Déclarations
Présentant un rapport sur la situation des handicapés, Mme HESSA AL-THANI, Rapporteuse spéciale de la Commission du développement social sur la question des personnes handicapées, a insisté sur la nécessité d’assurer à ces dernières une égalité de chances dans la société. Elle a précisé que le rôle du Rapporteur spécial des Nations Unies sur la question était de promouvoir la mise en œuvre des Règles pour l’égalisation des chances au niveau national, notamment en matière d’accès à l’éducation et à l’emploi. Elle s’est félicitée du processus d’élaboration en cours d’une convention sur le droit des handicapés. A son avis, cette démarche doit se traduire à la fois par une intégration de la problématique du handicap dans le système des Nations Unies et par le maintien d’un processus continu de maintien des règles et de leur amélioration. Elle a souligné le caractère décisif des partenariats avec la société civile pour faire avancer la cause des handicapés.
La Rapporteuse spéciale a expliqué que le projet de supplément aux «Règles pour l’égalisation des chances» vise à pallier la faiblesse de la prise en compte des besoins des handicapés notamment dans des domaines comme l’accès à l’environnement social, la communication, la formation, les abus et la violence, les personnes âgées. Elle a proposé trois priorités pour l’année à venir. Tout d’abord l’adoption du «Supplément aux Règles standards» en se concentrant sur les quatre points suivants: les enfants handicapés, l’égalité entre les sexes, l’amélioration du niveau de vie et la réduction de la pauvreté et les handicaps psychiatriques. Ensuite, elle a insisté sur la nécessité d’améliorer la visibilité des Règles comme instrument du mécanisme de mise en œuvre de la Convention relative aux droits de l’enfant et de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes. Enfin, elle a souligné la nécessité de mettre en œuvre des mesures favorisant la collaboration entre les gouvernements et les organisations de personnes handicapées sur toutes les questions qui touchent aux handicapés.
M. RICHARD RYAN (Irlande) a déclaré, au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés, que la célébration du dixième anniversaire de l’Année internationale de la famille devrait mener à une reconnaissance renouvelée du rôle de la famille et de sa contribution au développement en général. Il faut que cet événement soit l’occasion d’analyser de quelle manière la structure familiale a été affectée par de profondes modifications sociales, économiques, politiques, démographiques et culturelles. Il faut que nous débouchions sur un débat permettant d’identifier comment adapter les politiques aux changements. Il nous faut également intégrer les questions familiales dans toutes les stratégies nationales et internationales. La Présidence irlandaise de l’Union européenne accueillera une conférence internationale majeure à Dublin les 13 et 14 mai prochains sur la famille dans le contexte du changement et des politiques européennes.
Sur la question des personnes âgées, le représentant a souligné l’importance de lutter contre la pauvreté de ce segment de population tout en plaidant pour l’inclusion de ces questions dans les politiques nationales et les programmes internationaux de développement. L’Union européenne est d’avis que les processus d’examen des stratégies gouvernementales d’élimination de la pauvreté devraient comprendre des éléments clés de la Conférence de Madrid. Le représentant a insisté sur l’importance de collecter des données ventilées par âge et par sexe, la formation de partenariats et de l’échange d’information. Le représentant a rappelé que l’année 2003 était l’Année des personnes handicapées dans les pays de l’Union, celle-ci disposant d’un plan d’action en leur faveur. Ce plan accorde une importance considérable à l’emploi des personnes handicapées. Les Règles pour l’égalisation des chances des handicapés sont importantes mais elles devraient être mises à jour sur la base de l’expérience acquise et il serait utile que la Commission se penche sur cette question lors de cette session.
M. MUELA C. MUSAMBACHIME (Zambie) a souligné le rôle central de la famille au sein de la société. Il a fait savoir que la Zambie avait renforcé la famille par le biais des services de protection sociale, la mise en place de microcrédit et des dispositions en faveur des personnes âgées. Il faut donner aux femmes des congés de maternité suffisants sans perte de rémunération, a-t-il dit. A l’heure du 10ème anniversaire de l’Année internationale de la Famille en 2004, il est vital d’appliquer des programmes nationaux accompagnés de campagnes d’information. La Zambie a besoin d’aide pour le renforcement de ses capacités en matière de services sociaux. La communauté internationale se doit de renouveler son engagement au profit de la famille. Tout en se disant conscient que le « Supplément de règles pour l’égalisation des chances des handicapés » ne pourrait être adopté par consensus en l’état, il a souhaité que la Commission fasse tous les efforts possibles pour avancer sur cette question. Il a appuyé l’idée d’un rôle énergique des Nations Unies par une assistance technique au renforcement des capacités des pays en développement.
M. XIE BOHUA (Chine) a rappelé l’importance que la Chine accorde à la famille. Une campagne de plaidoyer active a permis de mettre en œuvre une « moralité et une culture de la famille ». Cette année, la Chine entreprendra de nombreuses activités pour marquer le dixième anniversaire de l’Année internationale de la famille. Depuis 1993, a indiqué le représentant, les Règles pour l’égalisation des chances des personnes handicapées jouent un rôle important dans la promotion des droits et intérêts de ces personnes. Avec le passage du temps, des modifications ont eu lieu dans l’arène internationale, d’où la nécessité de changer certaines règles qui ne répondent plus aux exigences actuelles. Au niveau national, nous avons incorporé nombre de leurs composantes dans notre 10ème plan quinquennal. Par ailleurs, la Conférence de Shanghai sur le suivi de la Conférence mondiale sur le vieillissement est un gage de notre engagement en faveur des personnes âgées qui bénéficient d’une solide couverture sociale dans notre pays.
Mme ARANDA (Mexique) a souligné toute la pertinence du programme et du plan d’action de Copenhague sur la question du secteur public. Nous avons mis en place des actions pour favoriser une bonne gouvernance participative. Nous cherchons de nouvelles manières de faire les choses et d’optimiser les processus ayant une valeur ajoutée pour la société. Dans le cadre du 10ème anniversaire de l’Année internationale de la Famille, elle a suggéré la réalisation de politiques visant à renforcer les relations familiales. Nous combattons la violence domestique et la malnutrition en promouvant le droit des enfants dans la famille, a-t-elle poursuivi. Cette année le Mexique organisera le 19ème congrès panaméricain pour l’enfance. Elle s’est félicitée de l’avancée des négociations en faveur d’une convention internationale pour le droit des handicapés. L’alliance entre les acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux est plus que jamais indispensable pour parvenir à des instruments sensibles à la cause des handicapés et le processus de négociation doit s’enrichir de la réflexion de tous les organismes compétents dans un souci d’efficacité. Elle s’est dite très favorable à la proposition du Secrétaire général de voir le Conseil économique et social (ECOSOC) inclure la question du vieillissement à la liste de ses questions thématiques intersectorielles. Elle s’est réjouie de l’entrée en vigueur en 2003 de la Convention internationale pour la protection des droits des migrants et de leur famille, qu’elle a présenté comme un instrument très complet.
M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a expliqué que dans son pays, la famille constitue la cellule sociale de base à qui incombe un rôle de tout premier plan. Alors que nous nous apprêtons à célébrer le Dixième Anniversaire de l’Année internationale de la famille, nous devons déployer davantage d’efforts de promotion des valeurs familiales à l’échelle nationale et internationale. Abordant les questions relatives aux personnes handicapées, le représentant a estimé que le projet de texte préparé par le Groupe de travail ad referendum peut servir de base aux négociations futures. Le Bangladesh a adopté une politique nationale en faveur des handicapés ainsi qu’un programme d’action. En 2001, une loi sur les personnes handicapées a été adoptée et une fondation a été établie. Le représentant a également précisé que son gouvernement a mis en place des programmes spécifiques pour les personnes âgées et que les politiques nationales sont conformes aux engagements pris à Madrid, notamment au regard de l’élimination de la pauvreté des personnes âgées vivant dans des zones rurales..
Mme AKIKO TEJIMA (Japon) a déclaré que le Japon doit adapter ses systèmes de soins médicaux, de retraite et d’assurances sociales aux changements démographiques sans précédent. Ceci passe par une amélioration du secteur public, indispensable à la mise en place des réformes nécessaires. A cet égard, elle a présenté la décentralisation, le partenariat public-privé et la privatisation comme autant de moyens pour parvenir à offrir des services sociaux de qualité. Le Japon fait partie des pays dont la population vieillit rapidement. Les personnes de plus de 65 ans représenteront 26% de la population en 2015 et 35,6% en 2050. Nous avons mis sur pied des politiques facilitant le bien-être des personnes âgées et leur autonomie. S’agissant des personnes handicapées, nous nous sommes engagés à développer une société sans barrière notamment dans les bâtiments et transports publics et l’éducation. Dans ce contexte, elle a notamment salué les progrès en cours pour la mise en œuvre d’une convention internationale sur le droit des handicapés.
M. POUKRE-KONO (République Centrafricaine) revenant lui aussi au thème du débat général sur l’amélioration de l’efficacité du secteur public, a indiqué que dans son pays, 67% de la population vit avec moins de 1 dollar par jour. Cette situation illustre bien la devise « pas de paix sociale sans la justice sociale ». Le secteur public qui constitue la cheville ouvrière de la vie en société est tombé en déliquescence en République centrafricaine en raison des contraintes économiques que nous connaissons. La transparence dans les procédures de recrutement du secteur public est essentielle pour lutter contre le clientélisme et le népotisme. Le principe de « l’Homme qu’il faut à la place qu’il faut » est désormais un leitmotiv de notre secteur public. Nous sommes guidés par des objectifs qui doivent permettre le retour à la légalité constitutionnelle. Le renforcement de la coopération internationale est importante tant le pays n’est pas en mesure de mener seule cette tâche pour l’instant.
Mme GRIBENKO (Kazakhstan) a souligné les efforts de son pays pour améliorer le cadre législatif de la protection sociale et le droit du travail. Elle a insisté sur la réforme de la sécurité sociale en tant qu’instrument de lutte contre la pauvreté. Elle a affirmé la volonté de son Gouvernement de répondre aux besoins des personnes âgées qui sont 400 000 au Kazakhstan. Ainsi, une des mesures principales a été de fixer un minimum pour le niveau de la pension de tous les retraités. Par ailleurs, elle a indiqué que son Gouvernement avait augmenté les pensions de solidarité depuis quatre années. Il est prévu de relever l’âge de départ à la retraite des femmes, compte tenu de l’augmentation constante de la durée de vie. Dans le cadre du programme de réintégration des handicapés nous prévoyons de nouvelles normes étatiques avec des services gratuits pour les plus nécessiteux. Parmi les initiatives de son pays en faveur des handicapés, elle a notamment souligné la création d’écoles spéciales et de centres d’adaptation aux réalités du marché du travail.
M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a précisé que le dernier rapport sur la situation sociale dans le monde (2003) indiquait dans des termes clairs que les espérances générées par la dynamique de Copenhague n’avaient pas eu les effets positifs escomptés. Pire, le monde connaît aujourd’hui une aggravation sans précédent des problèmes sociaux et le premier objectif de développement du Millénaire qui est de réduire de moitié, d’ici à 2015, la proportion de la population mondiale dont le revenu est inférieur à 1 dollar par jour semble déjà hors de portée. Il a estimé que la réalisation du droit au développement était une responsabilité collective. A cet égard, il a rappelé que la Commission des Droits de l’Homme (CDH) a reconnu l’urgence de coordonner tous les efforts qui tendent vers une atténuation des retombées négatives de la mondialisation. Il a exhorté les pays riches à aider les plus démunis à faire face à leurs défis socioéconomiques.
Le représentant a indiqué que l’Algérie s’était engagée dans de vastes et profondes transformations sociales qui ont permis des avancées considérables en matière d’éducation, de formation, de santé, de nutrition, d’habitat et d’emploi. Il a précisé que plus de 1 100 000 emplois avaient été créés par les employeurs publics et par l’investissement privé national et étranger alors que le taux de chômage est tombé de 29,3% à 23,3% en 2003. En même temps plus de 1 200 000 équivalents emplois ont été offerts aux chômeurs par les différents mécanismes sociaux financés par l’Etat. Dans le même temps 8 hôpitaux et près de 150 polycliniques et centres de santé ont été livrés au secteur de la santé. L’Algérie qui s’est pleinement investie dans la réussite du Sommet mondial pour le développement social de Copenhague en 1995 et de l’Assemblée mondiale sur le vieillissement à Madrid en 2002 s’est attelée, malgré le coût social des réformes, les dégâts causés par le terrorisme et les catastrophes naturelles, à prendre les mesures qui s’imposaient pour honorer ses engagements. Il a invité la Commission à réfléchir lors de ses prochaines sessions aux implications du terrorisme sur le développement social.
Mme IVANKA HRISTOVA, Ministre adjoint du travail et des politiques sociales de la Bulgarie, a fait part de l’engagement de son pays à mettre en œuvre les Règles pour l’égalisation des chances des personnes handicapées. Cet engagement s’est traduit par l’adoption de lois tandis le Gouvernement a adopté une Stratégie nationale en faveur de l’égalité des chances des personnes handicapées ainsi qu’un Programme d’action pour la période 2003-2005. Un projet de loi sur l’intégration sociale des personnes handicapées devrait être adopté la semaine prochaine. Nous avons amélioré l’accès des personnes handicapées aux espaces publics, mis en place des programmes de microcrédit. La qualité des services qui leur sont offerts a également progressé sur le plan qualitatif.
Mme ADRIANA PULIDO (Venezuela) a estimé que les gouvernements sont les premiers responsables des politiques sociales. Dans ce contexte, a-t-elle poursuivi, nous attachons une importance considérable à l’échange des expériences nationales au sein de la Commission du développement social. Nous ne pouvons pas garantir la réalisation des engagements souscrits au niveau international si les efforts nationaux se noient dans la bureaucratie. Passant à l’expérience de son pays, elle a expliqué que l’Etat a pour mission de construire une société juste dans un contexte de gouvernance démocratique. Les nouvelles structures de notre système social sont fondées sur la justice et l’élimination de la pauvreté. Le Gouvernement centre son action sur les couches de la société les plus vulnérables. Nous avons créé un espace pour la participation des citoyens. Soixante neuf pour cent du budget social vise la participation et l’habilitation des citoyens. Nous avons attaché une importance considérable à la remise en état des centres médicaux et nous avons garanti l’approvisionnement en vivres et en produits de première nécessité par le biais de marchés populaires accessibles aux groupes les plus défavorisés. Nous allons lancer un programme de formation dans l’élevage pour augmenter la production et limiter les importations. La représentante a souhaité que cette session donne un élan à la coopération pour le développement social.
Mme SAMARINA (Fédération de Russie) a souhaité que la Commission du développement social reste l’organe de coordination des activités relatives au vieillissement, à l’égalité des chances pour les handicapés et au rôle de la famille. La fourniture de services sociaux aux personnes âgées occupe une place particulière dans la politique sociale russe. Nous essayons de relever leur niveau de vie, et en quatre ans la croissance réelle de leurs revenus a augmenté de 82%. En ce qui concerne les handicapés, la représentante s’est félicitée des avancées constatées vers l’adoption d’une convention internationale protégeant leurs droits. Elle a assuré que les questions de protection des handicapés font l’objet d’une attention particulière du Président Poutine qui a rencontré à plusieurs reprises ces dernières années les représentants des organisations des personnes handicapées. A l’heure du 10ème anniversaire en 2004 de l’Année internationale du droit de la famille, nous avons réformé la base normative et juridique de la protection familiale, dans un souci de renforcement des valeurs familiales.
Monseigneur CELESTINO MIGLIORE, Observateur du Saint-Siège, a déclaré que la famille devait jouer le rôle central dans la mise en place d’une société saine. Il a défini la famille comme une communauté d’amour et de solidarité, ce qui la rend particulièrement apte à réaliser l’intégration de tous les membres qui la composent, qu’ils soient jeunes, âgés ou handicapés. L’Observateur a insisté sur l’urgence d’adopter des politiques familiales à la hauteur des exigences actuelles, ajoutant que la promotion de la famille et son renforcement au sein de la société contribueront certainement à améliorer l’efficacité du secteur public et à améliorer le développement social. Les politiques familiales et les législations dans lesquelles ces politiques prennent formes doivent répondre à un devoir de justice, en s’inspirant du principe de solidarité entre les divers secteurs de la société et entre les générations. Aujourd’hui plus que jamais, la famille a besoin d’une protection spéciale de la part des autorités publiques. Les Etats ont la responsabilité de défendre la souveraineté de la famille car cette dernière constitue le noyau fondamental de la structure sociale. En définitive, défendre la souveraineté de la famille, c’est contribuer à la souveraineté des nations. Ainsi, a-t-il conclu, la reconnaissance des droits de la famille constitue-t-elle un aspect fondamental de la promotion des droits de l’homme.
M. PAGE, Organisation internationale du travail (OIT), a décrit les actions menées par l’OIT dans le monde en faveur des handicapés qui sont au nombre de 386 millions dans le monde. Dès 1955, nous avons adopté une recommandation sur la formation professionnelle des travailleurs handicapés, ce qui a constitué le premier texte en faveur de ce groupe de personnes. Deux autres textes adoptés à la suite par l’OIT ont définit les bases de l’action en faveur des personnes handicapées. Des activités ont été conçues pour améliorer les connaissances sur le handicap, stimuler la coopération et les partenariats. L’accent est mis sur les stratégies d’emploi et de formation. Nous avons lancé un projet en Ethiopie de création d’entreprises à l’attention des femmes handicapées et un projet de même type a été mis en place dans les Etats de la Baltique.
S’exprimant au nom de l’Alliance des handicapés, Mme NORSTRØM, World Blind Union, a appelé la Commission du développement social des Nations Unies à une action rapide en ce qui concerne l’adoption du « Supplément des Règles » pour l’égalisation des chances des handicapés. Elle a déclaré que ces règles et son supplément ne peuvent en aucun cas se substituer à une convention internationale à caractère contraignant. Nous ne devons pas attendre que la Convention soit signée et ratifiée, mais avancer sur la question des règles pour que celles-ci puissent servir de modèles aux futures législations et normes nationales des Etats Membres. En conclusion, la représentante a rappelé que 600 millions de personnes handicapées à travers le monde attendaient beaucoup de l’action de la Commission de développement social, en estimant que l’adoption du « Supplément de Règles » susmentionné était le meilleur moyen de répondre immédiatement à ces attentes.
M. MARTIN, Inclusion International, qui est une fédération d’organisations de personnes handicapées, a dit souscrire aux recommandations du Secrétaire général visant l’adoption du Supplément aux Règles pour l’égalisation des chances des handicapés. Il a demandé à la Commission d’adopter le Supplément qui permettra aux personnes handicapées de vivre avec un maximum d’autonomie. Il a également demandé à la Commission de garder à l’esprit les Objectifs de développement du Millénaire dans le cadre de l’action en faveur des personnes handicapées.
Thème prioritaire: Amélioration de l’efficacité du secteur public
Mme IVANA GROLLOVA, Vice-Présidente de la Commission, a présenté le projet de texte sur l’amélioration de l’efficacité du secteur public. Ce texte a pour but de répertorier les idées clés débattues au cours de la session actuelle. L’objectif étant de faire en sorte que tous les gouvernements trouvent un mode de fonctionnement idéal de leur secteur public qui puisse fournir des services à tous ses citoyens. Nous souhaitons que le texte soit finalisé et adopté par consensus à la fin de la session.
Examen des plans et programmes d’action pertinents des organismes des Nations Unies concernant la situation des groupes sociaux
Exposés et débat avec les experts
M. PETER GUDGEON, conseiller interrégional, Division des politiques sociales et du développement social, abordant le cadre conceptuel de la coopération technique, a expliqué que la Division dispose d’un mandat très vaste qui va de l’élimination de la pauvreté à la gestion des conflits. Toutefois, sa tâche principale est le suivi du Sommet social mondial. Nous avons pour objectif de renforcer la coopération internationale dans le cadre de la déclaration de Copenhague et des autres textes internationaux pertinents. Des objectifs sociaux ont été intégrés aux objectifs du Millénaire, ce qui a eu également des incidences sur notre travail. Sur le terrain, les droits et libertés sont les concepts sous-tendant notre approche. La Division a des méthodes de travail précises par le biais, de programmes de formation et de recherche, et de programmes de renforcement des capacités locales.
L’approche intersectorielle nous permet également de tenir compte des questions de développement mais aussi d’autres comme les sexospécificités ou les droits de l’homme. Le manque de ressources tant au Siège que dans les pays est un défi que nous devons relever. Nous devons mobiliser tous les acteurs de la société, ce qui implique de modifier notre vision des choses. Il est également important d’avoir recours aux experts nationaux et non pas aux consultants extérieurs. Soulignant l’importance de l’approche participative, il a insisté sur le rôle que joue la famille dans les stratégies de lutte contre la pauvreté. Il a reconnu que l’élaboration des programmes d’action au niveau national pour mettre en œuvre le Programme d’action de Madrid sur le vieillissement a été insuffisante dans les pays en développement en raison d’un manque d’intérêt et d’un manque de financement. La nouvelle méthode de travail de notre Division vise le développement des capacités nationales qui permettront d’intégrer la question du vieillissement dans les politiques nationales. Lors de l’atelier de travail organisé en Tanzanie, il a été reconnu que les personnes âgées sont de plus en plus visibles et nombreuses parmi les pauvres du monde. Un document final a été élaboré qui contient une série de recommandations sur la coopération technique.
Mme FATIAH SEROUR, Conseillère interrégionale de la Division des politiques sociales et du développement social sur les activités de coopération technique, a présenté les activités opérationnelles de sa Division qui œuvre aux niveaux national et régional, de l’élaboration des politiques jusqu’à la réalité du terrain. Elle a défini la coopération technique comme un cycle qui est un phénomène en constante évolution en fonction des questions émergentes. Le but de cette coopération technique est de renforcer et d’accroître les capacités des Etats membres dans le souci de parvenir à la réalisation des objectifs internationaux de développement économique et social. A titre d’illustration, elle a présenté les tenants et aboutissants d’un atelier organisé pour renforcer les capacités de sept pays dans le souci de leur permettre d’intégrer le Plan d’action de Madrid sur le vieillissement dans les priorités nationales et d’un séminaire régional organisé à Beyrouth sur la jeunesse et l’emploi dans des zones post-conflit. S’agissant de la question des handicapés, nous cherchons à accroître la sensibilisation à la situation de ces personnes.
En ce qui concerne la pandémie du VIH/sida nous avons examiné ses conséquences sur la structure familiale. Nous nous sommes rendus compte que ceux qui mourraient étaient d’abord les parents. Même si les enfants disposaient du soutien de grands-parents, ce soutien ne répondait pas à leurs besoins. Evoquant un autre exemple de coopération technique, la représentante a indiqué que sa Division avait l’année dernière sur demande du Gouvernement sénégalais lancé une mission d’évaluation avant de faire des recommandations au Ministre du développement social du Sénégal sur la conduite à tenir et sur les objectifs à atteindre.
Mme FAITH INNERARITY (Jamaïque) a rendu hommage au travail réalisé par le Département des affaires économiques et sociales qui a fourni un soutien en Jamaïque à la mise en œuvre des Programmes d’action et des engagements pris sur la scène internationale. L’approche communautaire et l’idée de cycle de programmation des activités, mis en œuvre et donnant lieu à une évaluation est un processus qui peut aller de l’avant. Le fait que la société civile et les ONG s’impliquent davantage est encourageant.
Les représentants de la Zambieet duSénégal ont fait valoir l’expertise des experts des Nations Unies sur le terrain qui chez eux ont contribué avec les autorités locales à jeter les cadres d’une politique de référence et à lancer une politique sociale.
Débat général
Mme FAITH INNERARITY (Jamaïque) a estimé que le 10ème anniversaire en 2004 de l’Année internationale de la famille sera une occasion unique de débattre de cette cellule, de cette véritable pierre angulaire que constitue la famille. Des études ont montré que la famille jouait un rôle important en matière de lutte contre la pauvreté dans les Caraïbes. C’est pourquoi, la réforme de la sécurité sociale de la Jamaïque cible les foyers pauvres dans le souci d’apporter un soutien aux enfants de la naissance à l’âge de 17 ans, mais aussi aux femmes enceintes ou qui allaitent, aux personnes âgées et aux personnes handicapées. Ce programme a pour ambition de promouvoir le capital humain et nous essayons de bien cibler les bénéficiaires. Les enfants de 6 à 17 ans doivent être scolarisés. Notre intention est de rompre le cycle de la pauvreté et les jeunes enfants et les femmes enceintes ou qui allaitent doivent régulièrement se rendre dans les dispensaires.
La représentante a également souligné l’incidence de la migration sur la stabilité familiale, les parents allant chercher un emploi à l’étranger laissant leurs enfants à la charge des grands-parents ou des frères ou sœurs aînés. Elle a également insisté sur le sort de ces jeunes qui se retrouvent à l’étranger sans papier et donc sans protection sociale. En ce qui concerne l’égalité des chances pour les personnes handicapées, elle a assuré que son Gouvernement faisait tout ce qui est en son pouvoir pour éviter la discrimination à tous les niveaux de la société. Pour ce qui est des modalités de mise en œuvre du plan de Madrid de 2002 sur le vieillissement, elle a précisé que son pays disposait depuis 1976 d’un Conseil national pour le troisième âge et depuis 1997 d’une politique nationale. Nous souhaitons que les personnes âgées soient protégées et traitées comme une ressource et non un fardeau. C’est pourquoi nous incluons systématiquement les problématiques liées au vieillissement à nos programmes de développement économique et social.
Le représentant du Conseil international sur les problèmes de l’alcoolisme et de la toxicomanie a déclaré que la famille constituait l’unité sociale essentielle de toutes les sociétés. Elle constitue la base de la société et joue un rôle clé en matière de développement social. Il faut par conséquent une méthode d’approche fondée sur la famille en matière de promotion de développement social. Il s’est inquiété des conséquences de la pandémie du VIH/sida et de la migration sur les familles. Nous comptons que le 10ème anniversaire en 2004 de l’Année internationale de la famille sera l’occasion de réaffirmer la permanence des questions familiales au centre même des débats de la Commission du développement social.
Le représentant de Child Welfare League of America, au nom d’un groupe de douze ONG, a déclaré que pour maintenir l’intégrité de la famille, de nombreuses ONG ont fourni leur appui aux efforts des gouvernements dans les domaines suivants: élimination de la pauvreté, accès à l’éducation, amélioration des conditions de vie, accès aux soins de santé, accès à l’emploi, habilitation des femmes et des handicapés et intégration économique et sociale des individus.
La représentante de la Fédération mondiale des sourds, a souligné que les activités de plaidoyer en faveur des sourds ont toujours porté sur le respect de leurs droits, notamment le langage des signes comme langue naturelle pour les sourds. Le langage des signes est décisif pour l’évolution de l’individu tant il est étroitement lié à l’exercice des droits civiques et politiques. Le langage des signes n’est pas un moyen de communication mais une langue. Il peut exister plusieurs langages de signes dans un pays donné, tout comme il existe plusieurs langues. La représentante a souhaité que le supplément aux Règles d’égalisation des chances des personnes handicapées soit adopté rapidement.
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