ACTIVITÉS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL AU GHANA, DU 27 AU 31 JUILLET 2004
Communiqué de presse SG/T/2418 |
ACTIVITÉS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL AU GHANA, DU 27 AU 31 JUILLET 2004
Le Secrétaire général, Kofi Annan, est arrivé à Accra, la capitale ghanéenne, dans la soirée du mardi, 27 juillet. Il a immédiatement tenu des consultations avec son Représentant spécial en Côte d’Ivoire, Albert Tevoedjre, et d’autres conseillers sur le Sommet en Côte d’Ivoire prévu à Accra les 29 et 30 juillet.
Mercredi matin, il s’est entretenu avec le Secrétaire exécutif de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Mohamed ibn Chambas, sur la stratégie à adopter lors du sommet que le Secrétaire général a qualifiée de tentative de sauvetage des accords de paix entre le Gouvernement ivoirien, l’opposition et les groupes rebelles.
Dans l’après-midi, le Secrétaire général a rencontré le Premier Ministre ivoirien, Seydou Diarra, puis le Président du Ghana, John Kufuor, avec qui il coprésidera le sommet. Auparavant, lors d’une conférence de presse, Kofi Annan a dit espérer que les parties ivoiriennes se rendraient à Accra « dans un esprit d’ouverture et déterminé à résoudre les problèmes » et « qu’elles sauraient dépasser leurs intérêts et souhaits personnels et accorder la priorité à la nation ».
Après la réunion, il a déclaré à la presse qu’il « espérait que le sommet serait l’occasion de progresser sur la base des avancées d’Addis-Abeba », le mini-sommet organisé à son initiative en marge du Sommet de l’Union africaine un peu plus tôt au cours du mois de juillet. « Si les parties pensent aux intérêts de la population et de la nation, elles pourraient se surprendre », a-t-il déclaré. Le Secrétaire général a rencontré le Président de l’Afrique du Sud, Thabo Mbeki, Président en exercice du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine pour le mois de juillet. Ils ont examiné ensemble la situation actuelle en Côte d’Ivoire et le Secrétaire général a informé le Président sud-africain des derniers développements dans l’est de la République démocratique du Congo. À l’issue de cet entretien, le Secrétaire général, interrogé par un journaliste sud-africain sur les perspectives du sommet, a déclaré qu’il espérait que les dirigeants ivoiriens mettront de côté leurs ambitions pour 48 heures et travailleront ensemble pour trouver une solution ».
Jeudi matin, avant de se rendre au centre de conférence où s’est tenu le sommet, le Secrétaire général s’est entretenu avec l’ancien Président malien, Alpha Oumar Konare, qui présidait la Commission de l’Union africaine, sur les perspectives du sommet et sur la meilleure façon d’en structurer l’agenda. Ils ont également discuté de la Mission d’observation de l’Union africaine dans la région du Darfour, au Soudan. M. Annan a ensuite rencontré le Président de la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, qui l’a informé des mesures prises pour mettre en œuvre les engagements pris à Addis-Abeba. Parmi celles-ci figurent notamment des rencontres avec chacun des chefs d’État de deux de ses pays voisins, le Mali et le Burkina Faso, une réunion tripartite avec eux, ainsi qu’une réunion entre le Président et les dirigeants de son parti en vue de s’assurer de leur soutien et, enfin, une réunion avec les partis d’opposition. Le Président ivoirien a par ailleurs indiqué avoir convoqué les parlementaires, actuellement en vacances, en session extraordinaire, pour examiner les documents clefs qu’il leur a transmis concernant la réforme de la législation. Après cette entrevue, le Secrétaire général et le Président Gbagbo ont ensuite discuté en tête-à-tête des résultats de ces différentes rencontres.
Le Secrétaire général s’est ensuite rendu sur le site du sommet où il a rejoint 12 chefs d’État et de gouvernement africains pour échanger des informations et élaborer une stratégie. La séance plénière a débuté par les interventions du Président Kufuor, co-Président, du Président du Nigéria, Olusegun Obasanjo, Président de l’Union africaine, et du Secrétaire général (voir notre communiqué SG/SM/9433 - AFR/1003 du 29 juillet 2004).
Après cette séance, ils ont tenu une réunion privée avec le Président Gbagbo au cours de laquelle ils ont abordé le cœur du sujet, à savoir la façon de mettre en œuvre les Accords de Linas-Marcoussis pour résoudre les divergences sur les dispositions constitutionnelles énonçant les conditions requises pour la candidature à l’élection présidentielle. Le Président Gbagbo a indiqué qu’il consulterait les membres de son parti durant la nuit. Dans l’après-midi, ils se sont entretenus séparément avec les autres dirigeants ivoiriens pour connaître leur point de vue sur les moyens de sortir de l’impasse actuelle.
Les dirigeants africains ont également eu un emploi du temps chargé dans la journée de vendredi. Dans la matinée, le Président Obasanjo a organisé un petit déjeuner de travail, en vue de discuter de la situation au Libéria. Le Secrétaire général y était représenté par Hédi Annabi, Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix.
Les Présidents Obasanjo, Kufuor et Mbeki ont ensuite rencontré à huis clos le Président Gbagbo.
M. Annan est arrivé au centre de conférence pour une discussion en marge du Sommet, proposée par le Président Obasanjo, en sa capacité de Président en exercice de l’Union africaine, sur la réponse internationale à apporter à la situation prévalant au Darfour. Le Président de la Commission de l’Union africaine, Alpha Omar Konaré, le Président Kufuor et d’autres chefs d’État, ont pris part à cette rencontre au cours de laquelle M. Abdulsalami Abubakar, ancien Président du Nigéria, qui a récemment conduit une mission d’établissement des faits au Tchad et au Soudan, notamment au Darfour, en tant qu’Envoyé spécial du Président de l’Union africaine, a fait une présentation. Dans la déclaration qu’ils ont publiée après cette réunion, les participants à la réunion ont exprimé leur préoccupation face à la détérioration de la situation au Darfour depuis que le Gouvernement du Soudan s’était engagé au début du mois de juillet à y restaurer la sécurité. Ils ont appelé le Gouvernement soudanais à mettre fin à la violence et à protéger les populations civiles dans la région, et ont annoncé leur intention de réactiver le processus de négociation.
Les participants à cette rencontre ont débattu de la mission d’observation de l’Union africaine au Darfour, et ont convenu que cette Force africaine devait être renforcée et étendue. Indiquant qu’ils finalisaient les arrangements avec les contributeurs de troupes pour l’élargissement de la Force, ils ont lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle lui fournisse un soutien logistique et financier, ainsi que l’aide humanitaire nécessaire aux victimes du conflit.
Le sommet sur la Côte d’Ivoire a ensuite repris à huis clos. Le Premier Ministre Seydou Diarra, puis le Président Gbagbo, ont été respectivement entendus par les chefs d’État, le Secrétaire général et les autres hauts participants, sur la solution politique qui pourrait être trouvée au dilemme constitutionnel. Le Secrétaire général a ensuite eu des entretiens privés avec MM. Gbagbo et Diawara en début d’après-midi dans une autre suite. Après ces entretiens, M. Annan et le Premier Ministre Diawara ont eu une discussion avec l’ancien Président Henri Konan Bédié, qui est aujourd’hui un des principaux leaders de l’opposition. Retournant dans la salle des débats pléniers, le Secrétaire général a souhaité que certains chefs d’État l’assistent dans ses négociations et a donc demandé aux Présidents Omar Bongo Ondimba, du Gabon, et Blaise Compaoré, du Burkina Faso, de le rejoindre en présence de son Représentant spécial, Albert Tevoedjre. Ils ont ensuite rencontré en privé Guillaume Soro, le jeune chef militaire des « Forces nouvelles » qui contrôlent environ 60% du territoire de la Côte d’Ivoire, soit la moitié Nord du pays. Après de nouveaux entretiens en présence de M. Bédié, puis de M. Diawara, les pourparlers se sont accélérés.
En compagnie des Présidents Bongo et Compaoré, le Secrétaire général a ensuite rencontré M. Gbagbo. Le Président Bongo a joué un rôle particulièrement important en démontrant au dirigeant ivoirien qu’il était sage de réintégrer au sein du Gouvernement les trois leaders d’opposition qu’il avait démis en mai dernier. Ils ont convoqué les quatre figures principales de l’opposition, MM. Konan Bédié, Guillaume Soro, Alassane Ouattara et Dje Dje Mady, qui ont pris la parole au nom des sept parties du groupe connu sous l’acronyme « G-7 ». Au cours de cette rencontre, les participants ont évalué un projet d’accord que les chefs d’État et dirigeants présents au sommet avaient auparavant passé en revue avec le Président Gbagbo. À ce stade, les différences de point de vue ont commencé à se réduire.
Le Secrétaire général et les Présidents Bongo et Compaoré sont rentrés en salle plénière, suivis des leaders de l’opposition. Après avoir discuté paragraphe par paragraphe le projet de texte, les parties ont fait un certain nombre de concessions pour parvenir à un consensus qui a permis l’approbation du document. En présence de la presse, les parties sont venues l’une après l’autre signer l’Accord qui a ensuite été paraphé par les chefs d’État, témoins de l’événement. Après l’ajournement de la réunion, le Secrétaire général et le Président John Kufuor, co-hôte du sommet, ont donné une conférence de presse ouverte par le Secrétaire exécutif de la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), M. Mohamed ibn Chambas, qui a résumé les points essentiels de l’Accord.
Les questions posées par la presse reflétaient un certain scepticisme sur le respect de l’Accord, qui définit des tâches spécifiques, à remplir sur un calendrier bien défini, par les parties. Reconnaissant que certains de ces engagements avaient été pris auparavant sans ensuite être respectés par les parties, le Secrétaire général a déclaré que les temps ont changé et que les dirigeants veulent voir une issue à cette question. Par ailleurs, a rappelé M. Annan que « le premier cas dont se saisit la Cour pénale internationale est en Afrique, et c’est celui de la République démocratique du Congo, qui n’est pas loin d’ici… ». À la question de savoir si les trois leaders d’opposition démis du Gouvernement y reprendraient leur place, il a répondu qu’un accord avait été trouvé sur ce point et que « le Gouvernement reprendra son travail avec tous les membres dont il était formés jusqu’au moment où ils ont interrompu leur travail ».
Avant de quitter le lendemain Accra pour New York, le Secrétaire général a donné une interview à la chaîne CNN. À la question de savoir si le « désordre » de la Côte d’Ivoire pouvait être nettoyé, le Secrétaire général a répondu qu’auparavant, des « désordres avaient été nettoyés », citant l’exemple de la reconstruction de l’Europe et du Japon après la guerre, et la sortie de l’Afrique du Sud de la période de l’Apartheid. « Cependant, les tâches les plus complexes doivent être accomplies par les Ivoiriens eux-mêmes et leurs dirigeants, à qui je demande de se placer au-dessus de la mêlée et de mettre leurs intérêts égoïstes et personnels de côté pour travailler pour le bienfait de leur nation et de leur peuple », a dit Kofi Annan.
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