En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/9655

TRANSCRIPTION DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ONU, KOFI ANNAN, AU SIÈGE DES NATIONS UNIES, LE 21 DÉCEMBRE 2004

21/12/2004
Communiqué de presse
SG/SM/9655


TRANSCRIPTION DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ONU, KOFI ANNAN, AU SIÈGE DES NATIONS UNIES, LE 21 DÉCEMBRE 2004


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Bonjour, Mesdames et Messieurs.  Pour l’Organisation des Nations Unies, une année d’occasions à saisir et de difficultés à aplanir touche à sa fin.  Notre mission dans le monde a progressé sur de nombreux fronts, mais les allégations au sujet du programme « pétrole contre nourriture » ont jeté une ombre sur une opération qui a aidé des milliers d’Iraquiens.  Il nous faut élucider la question dès que possible.  Je suis heureux que la Commission d’enquête indépendante dirigée par M. Volcker ait promis un rapport intérimaire d’ici à la fin janvier qu’elle compte publier en même temps que le rapport d’audit à l’intention des États Membres.  Je compte le rendre public et agir sur la base de ses conclusions.


S’agissant de l’année qui vient, je crois qu’il y a de nombreuses et importantes ouvertures pour la paix. 


Il y a eu des élections très importantes en Afghanistan.  Elles ont été l’apogée d’une transition de trois ans dans le cadre des Nations Unies.  Mais le travail est loin d’être achevé.  L’ONU concourt à la préparation des élections parlementaires de 2005 et nous allons travailler avec les États Membres et le peuple afghan à l’amélioration de la sécurité et à lutte contre l’énorme problème de la drogue.


Les prochaines élections en Iraq sont dirigées par la Commission électorale indépendante.  L’ONU a créé la Commission et le cadre législatif, dressé des listes d’électeurs, formé 6 000 agents électoraux temporaires, ouvert plus de 450 centres d’enregistrement, et nous avons recruté de nombreux employés.  Les préparatifs techniques suivent leur cours et j’espère que tous les Iraquiens exerceront leur droit de participer aux élections.  Mais nous envisagerons l’avenir à plus long terme dès les préparatifs de la constitution et des élections futures. 


Nous allons également soutenir les élections palestiniennes l’an prochain.  Une chance importante de progrès nous est offerte en 2005 pour le processus de paix au Moyen-Orient et l’ONU est prête à faire avancer ce processus par l’intermédiaire du Quatuor.


Quelques mots au sujet de la République démocratique du Congo.  Dans ce pays, le Gouvernement de transition a surmonté des défis importants avec le concours des Nations Unies.  Toutefois, il faut qu’un effort durable soit accompli pour que le pays et la population se rapprochent, surtout dans l’Est du pays, où les conflits continuent de faire rage.  Il est important d’améliorer les relations entre la République démocratique du Congo et ses voisins.  La paix en République démocratique du Congo, comme nous le savons tous, sera cruciale pour la stabilité du continent tout entier. 


Au Soudan, l’accord de paix Nord-Sud doit être conclu et cet élan doit servir à la promotion de la paix dans l’ensemble du pays.  Au Darfour, la situation sécuritaire s’aggrave.  Le Gouvernement et les rebelles doivent cesser leurs attaques et respecter leurs engagements.  Il faut améliorer la sécurité et la protection des personnes déplacées à l’intérieur du Darfour.  Il faut aussi plus d’aide humanitaire.  Le déploiement des observateurs, des troupes et des policiers de l’Union africaine doit être accéléré.  Il faut que l’Union africaine bénéficie de toute l’assistance possible.  Le Conseil de sécurité doit assumer ses responsabilités concernant le maintien de la paix et de la sécurité internationales. 


Quant à l’année qui vient, nous aurons également l’occasion de créer un cadre pour un monde plus sûr.  Le rapport du Groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement décrit une vision importante de sécurité collective et demande que des changements soient apportés en profondeur à l’ONU.  Les réactions des capitales ont été positives et j’attends à présent des actions sur la base des recommandations du rapport. 


Bon nombre des décisions les plus importantes devront être prises en septembre prochain lors d’un Sommet à New York où les dirigeants de la planète passeront en revue les progrès accomplis depuis l’adoption de la Déclaration du Millénaire.  Ce sera également le moment d’agir avec audace pour atteindre les Objectifs du Millénaire à la date cible de 2015 s’agissant de réduire la pauvreté de moitié et de freiner la propagation du VIH/sida.  En mars, je présenterai aux États Membres mes propres vues sur le chemin à suivre.


En attendant, les États Membres doivent travailler ensemble pour créer un cadre commun de sécurité collective au XXIe siècle et forger de réels partenariats mondiaux pour le développement.  J’apporterai mon concours aux Membres à travers une Organisation des Nations Unies revitalisée. 


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, au nom de l’Association des journalistes accrédités auprès de l’ONU, qu’il me soit d’abord permis de vous souhaiter de bonnes vacances, même si à la fin de cette conférence de presse vous n’aurez peut-être pas envie de nous adresser vos meilleurs vœux.  C’est probablement votre année la plus dure.  Vous êtes Secrétaire général depuis huit ans.  Etes-vous d’accord avec cette allégation? La raison en est peut-être cette campagne organisée par les néo-conservateurs de Washington qui souhaitent se débarrasser de vous.  Y a-t-il des circonstances où vous pourriez envisager une démission?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Sans aucun doute, cette année a été particulièrement difficile.  Je suis soulagé qu’elle touche à sa fin.  De nombreuses critiques ont été adressées à l’ONU en mettant particulièrement l’accent sur les allégations concernant le Programme « pétrole contre nourriture ».  Ces allégations sont graves.  Nous les prenons au sérieux.  Nous faisons de notre mieux pour approfondir ce dossier.  Je sais que certains attaquent, avec constance, l’ONU et ma personne.  Mais il y a eu des critiques constructives que nous acceptons. 


En ce qui concerne la question de ma démission, je voudrais vous dire qu’il me reste encore beaucoup de travail à faire.  Vous avez dit également que j’ai reçu la confiance et le soutien des États Membres et nous allons, ensemble, mener à bien ce programme important que j’ai énoncé concernant les réformes et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. 


Question (interprétation de l’anglais): Pensez-vous que ces critiques, qui vous sont adressées, sont associées à votre position sur l’Iraq.  Vous avez qualifié la situation d’illégale, vous avez critiqué les bombardements de Fallujah.  Est-ce que ces critiques sont fondées ou est-ce que vous pensez que vous ne devriez pas faire de commentaire?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): En tant que Secrétaire général, il faut non seulement suivre les événements de par le monde qui ont une incidence importante sur la paix et la sécurité, mais aussi assumer la responsabilité de faire des commentaires, de faire entendre son point de vue.  Souvent, je le fais pour faire avancer le processus ou pour exprimer des préoccupations au sujet de l’évolution d’une situation et dans la plupart des cas, j’essaye de rapprocher les États Membres pour qu’ils aboutissent à un consensus.  Cela fait partie, à mon avis, du rôle du Secrétaire général.  J’accepte que les États Membres ne soient pas forcément toujours d’accord avec les propos du Secrétaire général. 


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, vous vous êtes rendu à Washington.  Depuis que certains membres du Congrès ont demandé que vous démissionniez, vous avez parlé au Secrétaire d’État Powell et à Condoleezza Rice.  Deux questions : premièrement, êtes-vous convaincu que le Gouvernement des États-Unis, l’Administration Bush, ne souhaite pas que vous démissionniez? Deuxièmement, pouvez-vous faire quelques observations sur la question de Tony Jenkins.  Si le Président Bush ou Mme Rice vous appelaient et vous disaient qu’ils ne peuvent plus travailler avec vous, démissionneriez-vous?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je voudrais dire que j’ai eu des discussions très bonnes et positives à Washington.  La question de ma démission n’a pas été soulevée.  Nous avons parlé de nos projets pour l’avenir, des questions qui nous intéressent, l’Iraq, l’Afghanistan, le Moyen-Orient, la réforme de l’ONU.  Nous avons regardé de l’avant. 


En ce qui concerne votre deuxième question, celle de la spéculation, je ne veux pas m’engager sur cette voie. 


Question (interprétation de l’anglais): Au moment où les élections en Iraq approchent, dans les médias aux États-Unis, on parle beaucoup de l’éclatement de l’Iraq comme moyen de traiter cette question.  Etes-vous d’accord avec cette prescription, cette recette?


Deuxièmement, vous avez déjà dit que l’ONU étudiait la situation au-delà des élections en Iraq.  Au moment où l’armée iraquienne joue un rôle plus important dans le maintien de la sécurité interne, quel est le système politique qui va se dégager en Iraq : le système turc, par exemple, où l’armée joue un rôle important à distance, ou le système algérien, où l’armée contrôle la vie politique de très près? Envisagez-vous un troisième modèle?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je répondrai d’abord à votre première question.  Durant les discussions tenues dans ce bâtiment nous avons constaté, comme en témoignent les résolutions du Conseil de sécurité, que l’on souhaite qu’il y ait une intégrité territoriale en Iraq qui soit respectée.  Nous souhaitons un État neutre, uni, ayant retrouvé la paix à l’intérieur du pays et avec ses voisins.  Bien sûr on ne peut pas prédire l’avenir, mais nous ne comptons pas sur un éclatement de l’Iraq.  Au contraire, nous travaillons sur la base de l’unité du pays.  La plupart des voisins et des pays dans le monde souhaitent voir un pays réconcilié où les groupes peuvent mener un dialogue positif et vivre ensemble, comme par le passé. 


En ce qui concerne la question sur l’armée iraquienne et son rôle futur, c’est une question à laquelle il m’est à présent très difficile de répondre.  Tout d’abord, nous attendons que le Gouvernement iraquien prépare une constitution après ces élections.  Nous allons travailler avec lui pour organiser le référenduM.


Je ne sais pas quelle sera la teneur de cette constitution, comment elle sera rédigée et comment les Iraquiens souhaiteront organiser leur société dans l’avenir.  Je ne sais pas non plus quels seront le rôle et le statut de l’armée à l’avenir.  Mais si la situation continue d’évoluer comme elle le fait et si les civils peuvent faire entendre leur voix, alors les deux modèles que vous avez cités ne seront probablement pas ceux qui seront retenus et il y aura un autre modèle que je ne peux pas définir maintenant puisqu’on est en train de l’élaborer.  


Question (interprétation de l’anglais): Comment caractérisez-vous la volonté des États Membres d’apporter leur concours au Darfour, par exemple? Le rapport du Groupe de personnalités de haut niveau comporte des centaines de recommandations, qu’en pensez-vous?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): En ce qui concerne le Darfour, il y a eu de nombreuses bonnes intentions de la part d’États Membres.  Certains ont été très généreux et ont offert une assistance humanitaire.  D’autres ont accordé une assistance à l’Union africaine pour lui permettre de déployer ses troupes rapidement.  Et, comme je l’ai déjà dit, il faut que le déploiement de ces forces soit accéléré et l’Union africaine a besoin de plus d’aide de la part des États Membres.  Mais, dans ma déclaration, j’ai également dit clairement qu’alors que l’Union africaine a donné son accord pour dépêcher des observateurs, des troupes et des unités de police, si plus de soutien et plus d’action étaient nécessaires alors le Conseil devrait honorer ses responsabilités car après tout il est finalement responsable de la paix et de la sécurité internationales.  Nous suivons la situation attentivement et ils le font également, j’en suis sûr. 


Quant à la réforme et les 101 propositions faites, je ne suis pas sûr de vouloir indiquer une préférence à ce stade.  Il faut que les États Membres commencent d’abord à discuter entre eux en janvier en particulier, et en février, et je présenterai mes propres vues au mois de mars.  Donc je vais attendre jusqu’à ce moment-là. 


Question: Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés a été reconnu coupable par le Bureau des services de contrôle interne de harcèlement sexuel.  Est-ce que vous lui faîtes encore confiance pour diriger le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés? Ma deuxième question porte sur la République démocratique du Congo : il y a eu apparemment de nombreux actes d’abus sexuels par des employés de l’ONU et des casques bleus.  Comment pouvez-vous assurer aujourd’hui les habitants des pays d’Afrique dans lesquels il y a des missions de maintien de la paix que ce genre de choses ne se reproduira plus?


Le Secrétaire général: Effectivement, il y a eu des accusations contre M. Lubbers.  On a eu une enquête, on a donné notre avis selon lequel les accusations ne pouvaient pas être retenues.  M. Lubbers travaille comme Haut Commissaire pour les réfugiés, c’est un homme qui travaille énormément, qui travaille très étroitement avec ses collaborateurs et j’espère qu’il va continuer à faire son travail comme il faut. 


En ce qui concerne la situation en République démocratique du Congo, c’est une situation qui me préoccupe beaucoup.  On a déjà renvoyé certaines personnes chez eux, y compris des militaires, je crois qu’il y a une autre personne qui est pour plusieurs mois en prison dans son pays.  [inaudible] Le Bureau des services de contrôle interne a déjà fait une enquête, je crois que le rapport va sortir bientôt.  J’ai une deuxième équipe qui est là sur place en train de travailler avec les troupes onusiennes et mon Représentant spécial.  Mais on ne va pas en rester là.  Nous sommes en train d’élaborer un plan qui peut nous aider à contrôler ce genre de situation.  J’ai eu une réunion avec 19 États contributeurs de troupes pour discuter de ce genre de problèmes.  Comment on peut discipliner les troupes? Qu’est ce qu’on peut faire pour éviter ce genre de situation et vraiment traiter la question de fond? Donc j’espère qu’avec tous ces efforts, on peut améliorer la situation.  Je suis vraiment choqué par ce qui est arrivé au Congo.


Question: Vous faîtes confiance à M. Lubbers?


Le Secrétaire général: Je viens de dire qu’il fait un très bon travail, oui.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, encore une question en ce qui concerne les relations entre les États-Unis et les Nations Unies.  Il semblerait qu’il y a eu des critiques exceptionnelles formulées aux États-Unis et même à l’intérieur des Nations Unies à l’égard des États-Unis.  Votre fils a été cité récemment, il a parlé de chasse aux sorcières menée par les Républicains.  Ce va-et-vient, est-ce un débat normal? Ou est-ce un phénomène troublant venant de la droite américaine? Ou encore, est-ce une aggravation des rapports entre les États-Unis et l’ONU qui pourrait avoir des ramifications à long terme?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Pour commencer, je voudrais dire que l’ONU et les États-Unis ont connu des périodes agitées de temps à autre.  Mais nous avons eu de bonnes relations avec l’administration américaine, nous avons travaillé ensemble, chacun a besoin de l’autre et il nous faut trouver une façon de travailler ensemble.  Les critiques actuelles, les attaques actuelles n’ont pas privilégié ces relations, peu importe leur origine.  Et ces discussions acrimonieuses doivent appartenir au passé, nous devons aller de l’avant.  Le programme des deux années à venir qui nous attend est très lourd, il faut se concentrer là-dessus et j’espère que le rapport Volcker, lorsqu’il sera publié, tirera les choses au clair.  Et j’espère que nous pourrons tous nous calmer et nous atteler à la tâche essentielle qui nous attend. 


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, en ce qui concerne la réforme de l’ONU, le Groupe vous a fait rapport et a proposé de nombreux changements, notamment au niveau du Conseil de sécurité.  Le Japon, l’Inde, le Brésil et l’Allemagne ont réagi, et il me semble que les pays d’Afrique sont laissés pour compte.  Selon vous, si l’Afrique n’était pas bien représentée et l’Europe exagérément représentée, quelle serait alors la solution?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Les deux propositions du Groupe de personnalités de haut niveau visent à améliorer la représentativité au Conseil et à le rendre plus démocratique.  La représentation des différentes régions a été étudiée.  Si vous examinez la structure des deux options, l’intention est d’améliorer la représentation.  Oui, à ce stade, un nombre de pays ont joué un rôle actif en matière de réforme du Conseil de sécurité mais les recommandations du Groupe vont au-delà de la réforme du Conseil de sécurité.  Il y a des questions de politique générale, de réforme de fond en comble, de menaces pour la sécurité humaine.  Donc, nous allons examiner toute la panoplie des propositions, pas seulement la réforme du Conseil de sécurité.  Le fait que l’Afrique n’ait pas été mentionnée ne veut pas dire que l’Afrique soit laissée pour compte.  Le débat n’est toujours pas tout à fait lancé, les mois à venir promettent d’être importants. 


Question (interprétation de l’anglais): En ce qui concerne le programme pétrole contre nourriture, nous connaissons la démarcation des responsabilités du Conseil de sécurité et du Secrétariat.  Mais vu les faits survenus rétrospectivement pouvez-vous dire si vous auriez pu faire certaines choses, avoir plus d’auditeurs, plus de surveillance, plus de contrôle pour prévenir ce qui s’est passé? Il y a-t-il eu des erreurs commises?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je ne veux pas m’engager dans trop de détails puisque cette question fait l’objet d’une enquête.  Mais s’agissant d’opérations de cette envergure, inévitablement il y aura des erreurs, certaines choses auraient pu être mieux faites mais nous y reviendrons une fois que le rapport sera rendu public. 


Question (interprétation de l’anglais): En ce qui concerne le Moyen-Orient, vous avez dit que l’ONU compte jouer un rôle plus important en appuyant les élections en Palestine.  Quel sera votre investissement dans ce processus? Pensez-vous que l’ONU pourra jouer un rôle plus important au sein du Quatuor? Comptez-vous visiter la région? Quelles sont les perspectives de paix dans le sillage de la mort du Président Arafat?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Les élections qui vont avoir lieu seront peut-être parmi les mieux préparées qui aient jamais été faites.  Et les autorités israéliennes ont déjà signalé qu’elles allaient coopérer et qu’elles allaient supprimer certaines des barrières, certains des barrages routiers, etc., pour faciliter les choses.  Et on peut espérer que les élections se dérouleront dans de bonnes conditions et que cela permettra de faciliter une transition sans heurts – celle sur la voie de laquelle se sont engagés les Palestiniens depuis la mort du Président Arafat.


Et pour ce qui est du Quatuor, eh bien, l’ONU bien sûr est membre du Quatuor et joue son rôle de concert avec les autres membres du Quatuor, et tous les membres du Quatuor se montreront très actifs avec l’année nouvelle.  Nous savons que la situation a changé de dynamique sur le terrain et nous savons que l’on pourra donc maintenant faire avancer les choses.  Et outre les pays membres du Quatuor, il y en a beaucoup d’autres qui sont également actifs dans ce domaine: des pays d’Europe, des pays de la région avec lesquels nous collaborons. 


Et je pense donc que les perspectives de paix sont maintenant bien plus positives.  Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de difficultés qui nous attendent, mais je pense que nous aurons de bonnes occasions de voir la situation s’améliorer. 


Question (interprétation de l’anglais): À propos du programme « Pétrole contre nourriture », pensez-vous avoir personnellement une responsabilité pour ce qui s’est passé dans ce programme?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Vous avez dit que vous aviez deux questions?


Question (interprétation de l’anglais): Et est-ce que vous êtes d’accord pour dire que les examens, les allégations etc., constituent une chasse aux sorcières?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Non, je ne suis pas d’accord avec cela.  Et j’ai déjà répondu tout à l’heure à une autre question qui correspond à cela.  Il faut attendre que l’enquête soit terminée, parce que je pense qu’il ne serait pas approprié que je réponde à une question de cette nature alors qu’il y a une enquête en cours. 


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, vous l’avez dit tout à l’heure, le Conseil de sécurité doit assumer ses responsabilités face au Darfour.  Or, par le passé vous avez déjà donné votre point de vue.  Pensez-vous que le Conseil de sécurité devrait mettre en oeuvre certaines des sanctions ciblées dont il a été question, ou bien est-ce que vous pensez que cette question devrait être traitée autrement?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Le Conseil, comme nous tous, suit l’évolution de la situation au Soudan.  On nous a promis la conclusion d’un accord de paix d’ici la fin de l’année, et tout le monde espère que cela pourra permettre de renforcer les autres processus en cours.  Mais nous constatons tous également que la situation sur le terrain se détériore, et qu’il y a toutes sortes de problèmes, et que les personnes déplacées vivent dans des conditions très douloureuses.  Mais il faut voir alors quelles sont les mesures qui peuvent être prises et si les méthodes utilisées actuellement donnent des résultats - et si non, qu’est-ce que l’on peut faire pour redresser la situation, quels types de sanctions pourraient être appliquées, etc. 


L’on peut penser que, en effet, la Cour pénale internationale (CPI) pourrait avoir un rôle à jouer, mais c’est quelque chose que devrait examiner de plus près le Conseil, et je pense que ceux qui commettent des crimes dans ces circonstances ne doivent pas rester impunis. 


Question (interprétation de l’anglais): Mais peut-être pouvez-vous faire une autre proposition que les sanctions ciblées ou le recours à la CPI?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Eh bien, je pense que les propositions qui ont été avancées doivent être examinées très sérieusement par le Conseil.  Je crois que c’est à ce stade-là que nous en sommes maintenant.  L’autre option serait de trouver une façon d’amener le plus de personnel possible sur le terrain, parce que – tout le monde en convient – une présence internationale, la présence de policiers ou d’autres personnes, dissuade souvent les attaquants.  Merci.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, la situation en matière de sécurité en Iraq, enfin, comme on le voit tous les jours, il y a des gens qui meurent, de plus en plus nombreux.  Comment les Nations Unies peuvent-elles assurer la transparence, la crédibilité des élections en Iraq en janvier? Et s’il y a très peu d’électeurs qui participent, est-ce que ça ne sera pas pire que de ne pas tenir des élections? Est-ce que cela ne risque pas de compromettre totalement la crédibilité de ces élections? Et des pays comme l’Allemagne ont offert de former du personnel de sécurité iraquien à l’extérieur du pays, eh bien, pouvez-vous nous dire pourquoi cela n’est pas accepté comme proposition?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je ne peux pas répondre à votre dernière question.  Je ne vais pas rentrer dans des détails à ce sujet, mais disons que nous sommes également préoccupés par la question de la sécurité sur le terrain.  Nous conseillons la Commission électorale iraquienne, et je dois souligner que c’est elle qui organise les élections, c’est elle qui assume la responsabilité des élections.  Les Nations Unies se contentent de fournir des conseils, de jouer un rôle consultatif.  Nous fournissons une aide technique, dans la mesure de nos moyens.  Et nous encourageons également la Commission électorale à s’adresser à des personnalités extérieures au processus en cours, pour faire en sorte que les élections impliquent le plus de gens possible, pour en assurer l’équité. 


Mais le Gouvernement et la Commission électorale ont décidé de poursuivre et de tenir ces élections comme prévu.  Toute décision à ce propos relève d’eux et nous pouvons seulement donner un avis consultatif.  Et donc pour le moment il faut donc que ces élections aient lieu, et si l’on peut avoir des électeurs dans toutes les régions du pays en nombre suffisant, bien entendu ce sera la meilleure chose, parce que plus ces élections seront inclusives …assumant la participation de l’ensemble de la population, plus facilement leur résultat sera accepté par tous. 


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, la semaine dernière, à une conférence de presse, des avocats représentant la société américaine qui protège les gens qui révèlent les secrets de certaines organisations ont dit qu’ils avaient été approchés par des collaborateurs du programme « Pétrole contre nourriture », mais on leur a conseillé de ne pas prendre la parole contre l’enquête Volcker parce qu’ils ne pensaient pas que leur emploi pouvait être protégé.  Et cette question de protection des postes de ceux qui révèlent, donc, certains secrets, la question de la confiance des employés envers la haute direction, c’est là aussi un problème qui a connu … - dont on a beaucoup parlé cette année.  Nous aimerions donc que vous nous disiez quelques mots à ce sujet. 


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Pour ce qui est de la responsabilisation, du rôle de la haute direction, c’est quelque chose que je prends très au sérieux.  Nous en discutons entre nous et nous avons mis sur pied une équipe spéciale qui examine la question, et nous pensons pouvoir en annoncer la création, donc, très rapidement.  Nous avons pris également des mesures pour renforcer la protection de ceux qui révèlent certaines informations sur l’administration, et je suis d’ailleurs étonné que qui que ce soit puisse dire qu’il ne faut pas s’adresser à la commission d’enquête indépendante dirigée par M. Volcker pour donner tous les renseignements disponibles.  Et pour autant que je sache, le personnel collabore avec la Commission et fournit toutes les informations possibles.  Et je ne crois pas qu’il y ait eu de victimes de quelque mesure de rétorsion que ce soit pour avoir coopéré avec la Commission, bien au contraire : nous avons même donné des instructions à ce sujet. 


C’est pourquoi je suis surpris que certains groupes extérieurs à l’Organisation disent qu’il y a des problèmes à ce sujet.  Et je dis que si des employés, donc, diffusaient des renseignements, eh bien ils ne feraient pas l’objet de sanctions.


Question (interprétation de l’anglais): Pour poursuivre dans la même veine: alors d’abord il y a eu deux enquêtes récemment, à propos desquelles on a dit que des employés avaient été intimidés pour ne pas témoigner dans le cas des enquêtes sur Nair et sur Lubbers.  Et par ailleurs, est-ce qu’il y a des noms qui seront protégés pour ce qui est de la partie publique du rapport de la Commission Volcker, et qui prendra des décisions à ce sujet?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je vous dirai d’abord que je suis étonné que vous disiez que le personnel juge avoir été intimidé en vue de l’empêcher de faire des dépositions dans ces deux affaires.  L’enquête a été faite par le Bureau des services de contrôle interne (BSCI), et celui-ci s’est entretenu avec de nombreux membres du personnel.  Je ne crois pas qu’ils aient été intimidés et qu’on les ait empêchés de déposer. 


Pour ce qui est du rapport Volcker, je pense que M. Volcker a signalé qu’il est possible que dans certains cas, non pas pour protéger certaines personnes mais pour ne pas faire obstacle à d’éventuelles poursuites ultérieures, certains noms puissent ne pas être divulgués, mais seulement dans ces conditions.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général pensez-vous que les élections en Iraq devraient être retardées et ne pas avoir lieu fin janvier? Pourrions-nous avoir une idée de votre interprétation du niveau de violence qui sévit actuellement en Iraq, où il y a eu un terrible attentat aujourd’hui?  Est-ce un mouvement qui vient de la base même de la population ou est-ce un mouvement dirigé de l’extérieur?  Pensez-vous qu’il est bon qu’en tant que chef d’une grande organisation internationale vous preniez la parole pour vous exprimer publiquement contre cette violence?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Il y a eu hier des attentats contre des mosquées dans des lieux saints que nous avons condamnés.  Concernant ce qui se passe en Iraq, je ne pourrais pas vous donner de renseignements autres que ceux dont vous disposez.  Mais bien sûr, il y a différents groupes qui sont actifs dans ce pays.  Il y a les membres des chiites (???), des extrémistes, les Iraquiens qui résistent à l’occupation et toutes sortes de groupes qui combinent leurs activités.  Mais il y a aussi des gens en Iraq qui ne sont pas nécessairement violents et qui ont d’autres points de vue et c’est ceux-là qu’il faut essayer d’amener à s’exprimer davantage.  Mais la violence si elle continue aura des répercussions sur les élections.  Les élections n’ont pas lieu dans le vide.  Il y a un contexte politique qui est extrêmement important et il faut faire preuve de beaucoup de prudence à ce sujet.  Mais la décision de savoir si les élections doivent ou non avoir lieu est une décision qui sera prise par les autorités iraquiennes. 


Question (interprétation de l’anglais): Au niveau du Conseil de sécurité, des différents pays ou de vous-même, y a-t-il différentes choses qui peuvent être faites pour exercer des pressions et réduire les activités des insurgés et la violence?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Nous avons eu une réunion récemment, une conférence où l’on a réuni des pays de la région de l’Iraq pour discuter de la façon dont on pouvait redresser la situation, aider le Gouvernement, permettre de rétablir la confiance et faire en sorte que le processus de transition puisse se dérouler dans de bonnes conditions.  L’on a parlé également de ce qu’il fallait faire pour intégrer au processus ceux qui se tiennent jusqu’à présent à l’écart.  On a parlé d’une réunion avec l’opposition iraquienne, qu’elle soit active au sein du pays ou à l’extérieur et il y a également eu, bien entendu, une réunion à Téhéran où l’on a réuni tous les Ministres de l’intérieur des pays voisins de l’Iraq et de l’Iraq pour discuter de ce qu’ils peuvent faire pour améliorer les choses.  Il y a donc certaines initiatives qui ont été prises, mais pour ce qui est de leur efficacité, c’est une autre chose.  Mais les gens sont actifs à cet égard.


Question (interprétation de l’anglais): Depuis un bon moment, on parle de la reconnaissance du nom de l’ex-République fédérale de Yougoslavie, or ce pays a maintenant été reconnu sous son nom constitutionnel (??? ).  Pensez-vous que le processus pour l’Organisation des Nations Unies pourrait être accéléré?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Les parties se sont réunies et nous avons essayé de faire en sorte que les choses s’accélèrent.  Combien de temps cela prendra-t-il?  C’est bien difficile à dire, mais je pense que lorsque les États-Unis ont annoncé la reconnaissance de ce nom, cela a attiré notre attention et nous poursuivons les discussions à ce sujet.  Quant à savoir si cela s’avèrera utile ou non, je ne le sais pas.  Un pays a donc maintenant reconnu ce nom, mais il nous faut travailler avec les parties concernées pour voir ce qui peut être fait.  Il est important de trouver une solution qui soit acceptée par tous.


Question (interprétation de l’anglais): Pour revenir à l’Iraq, vu la situation politique et la situation en matière de sécurité et avec les éléments dont vous disposez, si c’était vous qui étiez responsable de la tenue des élections, souhaiteriez-vous qu’elles aient lieu fin janvier?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Ce n’est pas moi qui prends les décisions à ce sujet.  Ce n’est pas moi et comme je l’ai dit, la décision en incombe à d’autres autorités et nous ne pouvons donc pas répondre à cela.


Question (interprétation de l’anglais): Dimanche prochain, les habitants de l’Ukraine vont à nouveau voter et il semble que le monde entier examine la situation, de nombreux pays envoyant des observateurs, mais que fait l’ONU?  Y aura-t-il une présence de l’ONU aux élections ukrainiennes? Quelles sont vos attentes en ce qui concerne les résultats et les répercussions qu’ils pourront avoir? Quels sont les vœux que vous pourriez présenter à la population ukrainienne?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Il y a des organes (???) de l’ONU qui sont présents sur le terrain et qui sont très actifs pour appuyer le processus électoral.  J’espère que le prochain tour des élections se déroulera dans de bonnes conditions et que tous les Ukrainiens pourront exercer leur droit de vote et que la volonté populaire sera respectée.  Pour ce qui est d’un message de nouvelle année, je souhaite à l’Ukraine une nouvelle année heureuse, pacifique et démocratique.


Question (interprétation de l’anglais): En 2004, on a connu une bonne collaboration entre l’ONU et l’Union africaine.  Pouvez-vous nous dire quelles sont les réussites de l’Union africaine que vous avez constatées en 2004 et qu’est-ce qu’elle devrait pouvoir faire de plus au cours de l’année qui vient? Pourriez-vous répéter en anglais la réponse que vous avez donnée à Radio France internationale (RFI) à propos des allégations sexuelles?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je pense que ma réponse a déjà été interprétée en anglais. 


Quant à l’Union africaine, je vous dirai qu’elle est très active pour un organisme relativement jeune.  Elle commence à mettre en place des institutions.  Elle est active au Soudan.  Elle est active également dans d’autres crises en Afrique, par exemple au Burundi, en Côte d’Ivoire, en collaboration avec nous.  Il ne faut pas oublier qu’en ce qui concerne le Soudan, c’est l’Union africaine qui a des troupes sur le terrain alors que la situation est très délicate.  L’Union africaine n’a pas hésité à intervenir mais elle a besoin de l’aide de la communauté internationale.  C’est elle également qui supervise les pourparlers de paix à Abuja entre les forces gouvernementales et les rebelles.  Nous aidons l’Union africaine, à cet égard.  Mais je pense que pour une organisation relativement jeune, elle est très active et elle fait tout ce qu’elle est en mesure de faire.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, si l’on pouvait vous accorder un vœu personnel pour l’année prochaine, quel serait-il?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): J’aimerais que la situation soit telle que l’on voit moins d’assassinats, notamment d’innocents, qu’il y ait moins de personnes déplacées.  Je voudrais que le conflit dans mon propre pays se termine.  Je voudrais voir la situation s’améliorer en Iraq et au Soudan, en particulier.  Il y a trop de gens qui meurent.  Il y a trop de personnes déplacées.  Et si l’on pouvait au moins constater une amélioration dans certaines de ces zones, cela me paraîtrait bien plus satisfaisant.


Question (interprétation de l’anglais): Je voudrais revenir sur l’enquête Volcker.  Pensez-vous qu’en diffusant les documents internes du Bureau des services de contrôle interne, vous pourriez atténuer les accusations relatives au programme « Pétrole contre nourriture »? Et combien de temps avez-vous passé avec les enquêteurs de la Commission Volcker?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais):Dans l’échange de lettres que nous avons eu avec le Congrès américain, M. Volcker a dit, et nous avons dit que nous étions d’accord, que les documents seraient publiés dans de bonnes conditions.  L’un des premiers rapports à être publié le sera en janvier.  Certains documents seront publiés à ce moment et cela n’est pas nécessairement fait afin d’amortir les accusations portées contre le Secrétariat, mais cela fait partie des deux processus en cours.  A un moment donné, ces différents rapports seront diffusés. 


Pour ce qui est de votre deuxième question, j’ai eu bien des discussions avec M. Volcker et avec le Juge Goldstone, et nous avons parlé à de nombreuses reprises de la composition de la Commission. 


Je vous remercie.


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