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SG/SM/9653

DEVANT LE CONSEIL DE L’EUROPE, KOFI ANNAN PLAIDE POUR UNE SOLIDARITÉ PLANÉTAIRE POUR RÉPONDRE AUX MENACES DU XXIème SIÈCLE

17/12/2004
Communiqué de presse
SG/SM/9653


DEVANT LE CONSEIL DE L’EUROPE, KOFI ANNAN PLAIDE POUR UNE SOLIDARITÉ PLANÉTAIRE POUR RÉPONDRE AUX MENACES DU XXIème SIÈCLE


On trouvera ci-après le texte de la Déclaration du Secrétaire général, Kofi Annan, au Conseil de l’Union européenne, « l’Organisation des Nations Unies et l’Union européenne: notre programme commun », à Bruxelles, le 17 décembre 2004:


Je vous remercie de votre aimable introduction et de votre soutien personnel.


C’est avec plaisir que j’ai accepté votre invitation à prendre la parole à un moment si important dans la vie de la communauté mondiale et de nos deux institutions.


Ces dernières années, la coopération entre l’Europe et l’Organisation des Nations Unies a connu un développement régulier dont on ne peut que se féliciter. Nous avons beaucoup fait pour donner un contenu réel à nos relations.


Aujourd’hui, nos fonctionnaires travaillent côte à côte en Afghanistan, dans les Balkans, en Afrique et ailleurs.  Le soutien de l’Europe en matière de déploiement rapide est déterminant dans la gestion des crises et le maintien de la paix par l’Organisation.  L’Europe contribue activement aux efforts entrepris pour atteindre les objectifs de développement du Millénaire.  Dans le cadre du Quartet, nous continuons ensemble à faire pression sur les Israéliens et les Palestiniens pour qu’ils prennent les mesures qui pourraient relancer le processus de la feuille de route.  En Iraq enfin, nous avons les uns et les autres intérêt, je dirais même un intérêt pressant à édifier un pays stable, unifié et démocratique, en paix avec lui-même dans une région elle-même paisible.


La solidité de ces relations me donne à espérer que nous pourrons dorénavant avancer d’un grand pas dans un domaine tout aussi urgent mais bien plus vaste: la préparation aux menaces du XXIe siècle.


Vous disposez maintenant du rapport du Groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement.  Avec une grande lucidité, les auteurs ont proposé une nouvelle vision globale de la sécurité collective, dans un monde où les menaces se conjuguent et où les riches et les pauvres, les forts et les faibles sont mutuellement vulnérables.  Ils ont également expliqué, pourquoi aucun pays ne peut se permettre d’affronter isolément les menaces du monde contemporain, et pourquoi aucune de ces menaces ne peut être écartée si l’on ne s’oppose pas aux autres en même temps.


La vision proposée par le Groupe est essentiellement axée sur la prévention, sur le renforcement des moyens qu’ont les États de faire face aux menaces et d’assumer leurs responsabilités.  Le rapport fixe des principes précis pour le recours à la force.  Il donne du terrorisme la définition que l’on recherchait depuis longtemps.  Il offre des idées inédites pour revivifier les organes de l’ONU.  Prises ensemble, les 101 recommandations qu’il contient portent l’espoir de politiques mondiales efficaces et d’une Organisation des Nations Unies rénovée.  Elles mettent à notre portée plus que jamais auparavant la réponse à certaines des questions les plus brûlantes de notre temps.


Maintenant c’est à nous d’agir.


Certaines de ces recommandations sont de mon ressort, et j’entends leur donner suite rapidement.  J’ai notamment l’intention de mener le mouvement qui aboutira à une nouvelle stratégie générale de lutte contre le terrorisme.


Mais nous ne pourrons réussir que si vous, États Membres des Nations Unies, êtes disposés à jouer le rôle qui vous revient.


Comme vous le savez, l’Assemblée générale a convoqué pour le mois de septembre prochain une réunion au sommet pour faire le point sur la Déclaration du Millénaire.  D’ici là, vous disposerez pour alimenter vos délibérations du rapport du Projet du Millénaire sur ce qu’il faudrait faire pour réaliser les objectifs de développement du Millénaire, et de mon propre rapport sur les progrès réalisés en cinq ans dans tous les domaines couverts par la Déclaration.


J’espère que vous arriverez au sommet prêts à prendre une décision sur les questions politiques les plus importantes.


J’espère également que tout ne va pas s’arrêter en attendant septembre. S’il y a des points sur lesquels on peut s’entendre et intervenir entre-temps, il ne faut pas hésiter à le faire.


En septembre de l’an passé, je disais que nous étions à la croisée des chemins.


D’un côté, il y a le chemin qui conduit au démembrement d’un système qui garantit notre sécurité depuis 1945, c’est-à-dire aux réactions unilatérales improvisées, cas par cas, face aux nouveaux défis dont nous connaissons déjà l’existence; c’est un chemin qui conduit en fait à un monde plein de dangers et de chaos.


L’autre chemin, qui n’est pas facile mais qui me semble mériter qu’on s’y engage, mène à une solidarité planétaire, fondée sur des doctrines et des engagements communs, à une architecture mondiale de la sécurité qui aura le respect et l’adhésion de tous les États.


Plus nous avancerons, plus l’engagement de l’Europe nous sera nécessaire.  Il y a des décennies maintenant que les nations européennes poursuivent un destin commun.  Renaissant des cendres de la tyrannie, de la division et de la guerre, vous vous êtes voués à la réconciliation et à la coopération et avez édifié une union économique et politique ouvrant pour vos citoyens une ère sans précédent de paix et de prospérité.  Vous avez prouvé à vos propres yeux et au reste du monde que les rivaux et les ennemis d’antan pouvaient faire succéder l’espoir à l’horreur.


C’est ce succès qui explique que le monde se tourne dorénavant vers vous pour la mise en place d’un cadre multilatéral mondial.  Votre soutien n’est nulle part plus nécessaire que dans la préparation aux périls de demain.  Nous avons besoin que vous jouiez votre rôle non seulement à la réunion au sommet de septembre prochain, mais aussi dans les travaux qui la précéderont en conciliant les divergences et en réalisant un large consensus.


Si 2003 était une année de profondes dissensions, et 2004 une année de réflexion sans complaisance, 2005 doit être l’année de l’audace.  Il est possible de réaliser des progrès de fond, des progrès historiques.  Il y a beaucoup à faire et je ne sous-estime pas les difficultés.  Mais nous devons réussir.  Nous pouvons et nous devons édifier ensemble un monde prospère, plus sûr et plus juste.


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