En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/9387-ECO/71

LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ENCOURAGE LES PARTIES PRENANTES À RECONFIGURER LE PACTE MONDIAL AFIN D’ÉLARGIR SON CHAMP D’APPLICATION

24/06/2004
Communiqué de presse
SG/SM/9387
ECO/71


LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ENCOURAGE LES PARTIES PRENANTES À RECONFIGURER

LE PACTE MONDIAL AFIN D’ÉLARGIR SON CHAMP D’APPLICATION


Vous trouverez ci-après le texte du discours de clôture du Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, au Sommet des dirigeants du Pacte mondial, au Siège à New York, le 24 juin :


Nous venons de vivre une journée extraordinaire.


Et elle s’achève comme il se doit dans la salle de l’Assemblée générale, où tous les peuples du monde entier, tous les gouvernements et les autres parties prenantes qui forment la communauté internationale se réunissent pour relever les défis qui leur sont communs et y chercher des solutions communes.


Ce symbolisme est certes important mais ce qui importe plus encore ce sont les résultats concrets. Et je pense que nous avons accompli aujourd’hui d’importants progrès sur des points concrets.


Nous achevons cette journée avec des engagements renouvelés à l’égard du Pacte mondial et du civisme responsable des entreprises, et en comprenant mieux cette initiative commune dans laquelle nous nous sommes engagés, ainsi que les objectifs que nous espérons atteindre grâce à elle.


Nous avons examiné les défis auxquels se heurte le Pacte mondial en partenaires, transformant nos différences et nos tensions en stratégies d’action constructives. Vous avez montré que, même à une époque marquée par l’incertitude et la peur, les entreprises, les travailleurs, la société civile et les gouvernements peuvent surmonter leurs divergences et tirer parti de leurs points communs pour aller de l’avant.


La communauté des investisseurs s’est jointe à nous pour la première fois aujourd’hui, montrant que les secteurs qui souhaitent que le marché récompense les entreprises adoptant de bonnes pratiques sont de plus en plus nombreux. Cela donne encore un argument de poids supplémentaire à ceux qui ont démontré, au moyen de preuves solides, qu’il est dans l’intérêt des entreprises d’agir correctement.


Aujourd’hui, nous avons ajouté un dixième principe au Pacte, la lutte contre la corruption. Les longues consultations que vous avez tenues pour adopter cet amendement ont montré non seulement qu’une majorité écrasante de participants souhaitaient renforcer ainsi le Pacte mais elles ont fourni aussi l’illustration d’un processus délibératif exemplaire. De ce fait, le Pacte est désormais mieux en mesure de venir à bout d’un des obstacles les plus pernicieux à la croissance et au développement, et de coopérer plus activement avec des groupes tels que Transparency International.

Aujourd’hui, vous avez aussi pris toute une série d’engagements précis : mettre en œuvre les principes énoncés dans le Pacte dans vos chaînes d’approvisionnement; défendre les droits de l’homme dans les zones de conflit; assurer des conditions de travail décentes; investir dans les technologies non polluantes; appliquer des politiques de lutte contre la corruption, combattre les maladies telles que le sida, développer les petites entreprises dans les pays les moins avancés. Vous avez montré que les principes et les projets sont les deux faces de la même pièce et que les efforts normatifs et opérationnels peuvent et doivent se compléter mutuellement. J’espère que vous continuerez à faire ainsi votre part pour atteindre les objectifs de développement du Millénaire.


Enfin, et ceci est peut-être le plus important, l’Organisation des Nations Unies elle-même est désormais fermement déterminée à incorporer en son sein les principes du Pacte mondial. Dès le départ, une des réalisations remarquables du Pacte a été d’insuffler une vigueur nouvelle à l’Organisation de l’intérieur. En adoptant ces principes dans nos processus internes, nous faisons encore un nouveau pas dans cette voie.


De grands progrès ont été réalisés mais il reste encore beaucoup à faire. Dans certains domaines importants, notre voyage vient à peine de commencer.


Notre expérience du Pacte mondial au cours des quatre dernières années a montré sans conteste que les initiatives bénévoles peuvent marcher et marchent. Mais nous avons aussi appris qu’il faut faire en sorte qu’elles marchent. Les gouvernements doivent faire ce qu’il faut : à savoir bien gouverner, dans l’intérêt de tous. Le secteur des entreprises doit se garder de retirer, par les campagnes qu’il mène, ce qu’il offre dans le cadre de la responsabilité civique des entreprises et de l’action philanthropique. En outre, il faut que les acteurs de la société civile admettent que ce secteur n’est pas un bloc monolithique : certains sont plus audacieux que d’autres, et les audacieux doivent être encouragés lorsqu’ils prennent des mesures positives, même s’il leur arrive de commettre des erreurs, et ne devraient pas être dissuadés de tenter de nouvelles expériences.


Il faut dans l’immédiat définir les caractéristiques précises de la nouvelle conception stratégique du Pacte mondial et élaborer une nouvelle structure de gouvernance correspondant à l’élargissement de son champ d’application.


Les avantages comparatifs fondamentaux du Pacte résident dans l’universalité de ses principes, dans la légitimité internationale que seule l’Organisation des Nations Unies incarne et dans le fait qu’il peut être un programme de portée véritablement mondiale présentant un grand attrait non seulement dans les pays industrialisés mais aussi dans le monde en développement. La nouvelle conception stratégique du Pacte doit donc mettre particulièrement l’accent sur les possibilités de liens, de synergies et de complémentarité entre nos activités aux échelons mondial et local.


Il nous faut aussi élaborer une nouvelle structure de gouvernance pour le Pacte. Pour parler en termes d’entreprise, la mission principale du Bureau du Pacte mondial devrait désormais être la gestion des marques et l’assurance de la qualité. Nous devons éviter la bureaucratisation. La maîtrise des initiatives de même que le pouvoir d’initiative doivent être partagés beaucoup plus largement entre tous les participants, y compris les entreprises, les travailleurs et la société civile, les organismes des Nations Unies qui sont les garants des principes et la famille en expansion rapide de réseaux nationaux qui ont surgi presque spontanément. Deux tiers d’entre eux sont dans les pays en développement où sont sises à peu près la moitié de nos entreprises participantes.


Une telle reconfiguration du Pacte ne sera pas une tâche aisée et nous avons besoin de votre aide pour y parvenir. J’ai demandé à mon Conseiller spécial pour le Pacte mondial, M. John Ruggie, et au Chef de secrétariat du Bureau du Pacte mondial, M. Georg Kell, de coordonner un processus de consultations approfondies et de présenter, dans un an au plus tard, des recommandations fondées sur vos idées les plus intéressantes. Vous pouvez vous attendre à ce que nombre d’entre vous soient invités à participer à des séances de réflexion, des groupes de travail et des consultations bilatérales.


Nous continuerons aussi à compter sur vous pour montrer la voie à suivre. Nous avons besoin de vous pour motiver, recruter et plaider en faveur de cette cause et bien plus encore, afin que nos propres efforts portent leurs fruits et que d’autres se joignent à nous. Les gouvernements ont, pour leur part, beaucoup fait pour que le Pacte voit le jour, grâce à leur soutien politique et à leur financement volontaire du Bureau du Pacte mondial. Je les remercie de leur contribution.


Le village mondial dans lequel nous vivons ne saurait prospérer si nous ne renforçons pas nos valeurs et liens communs. Notre sort est lié dans les réseaux complexes du commerce, des investissements et de la technologie. Toutefois, si nous savons que nous avons des aspirations communes et un destin commun, il nous faut encore comprendre pleinement ce que cela signifie. Pour la plupart des gens, et pour les gouvernements qu’ils élisent, le village mondial demeure une notion lointaine et abstraite même si la vie de chacun est profondément façonnée par lui. Nous continuons de nous accrocher à des notions archaïques et à des comportements et des institutions qui se trouvent dépassées par les événements.


Votre voix compte pour toutes les questions qui sont au cœur des préoccupations de la communauté internationale. Vous avez véritablement le pouvoir de construire l’ordre mondial fondé sur des règles dont dépend notre avenir commun. Je vous félicite de faire abstraction des considérations tactiques à court terme et de continuer à nous accorder votre soutien actif. Restons unis dans ce voyage, soyons de véritables citoyens du monde. Ne baissons pas les bras tant que nous n’avons pas vraiment réussi à apporter des changements positifs dans la vie des peuples, ni jeté les bases de sociétés pacifiques, fonctionnelles et viables dans le monde entier.


Je vous remercie de votre présence. Je vous remercie aussi de votre engagement et je me réjouis à la perspective de travailler avec vous dans les mois et années à venir.


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