SG/SM/9292

TRANSCRIPTION DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE DU QUATUOR DU MOYEN-ORIENT (NATIONS UNIES, ETATS-UNIS, FÉDÉRATION DE RUSSIE ET UNION EUROPÉENNE) AU SIÈGE DE L’ONU À NEW YORK, LE 4 MAI 2004

04/05/2004
Communiqué de presse
SG/SM/9292


TRANSCRIPTION DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE DU QUATUOR DU MOYEN-ORIENT (NATIONS UNIES, ETATS-UNIS, FÉDÉRATION DE RUSSIE ET UNION EUROPÉENNE) AU SIÈGE DE L’ONU À NEW YORK, LE 4 MAI 2004


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Bonjour Mesdames et Messieurs.  Merci d’avoir attendu.  Je voudrais maintenant vous lire ce que le Quatuor a décidé.  Nous réaffirmons notre attachement à la vision commune de deux Etats vivant côte à côte dans la paix et la sécurité.  L’un de ces Etats sera Israël; l’autre sera une Palestine viable, démocratique, souveraine et d’un seul tenant.  Nous engageons vivement les deux parties à prendre les mesures nécessaires pour remplir leurs obligations découlant de la Feuille de route, comme demandé dans la résolution 1515 (2003) du Conseil de sécurité et dans nos déclarations antérieures.  Nous leur demandons également de respecter les engagements qu’elles ont pris récemment lors des Sommets d’Aqaba et de Charm al-Cheikh.


A cet égard, nous nous félicitons de ce que le Gouvernement israélien a récemment réaffirmé sa volonté d’appliquer certaines obligations de la Feuille de route, notamment en direction de la suspension des activités d’implantation.  Nous prions instamment le Gouvernement israélien d’honorer ces engagements et de s’acquitter pleinement des obligations qui lui incombent en vertu de la Feuille de route.


Nous considérons d’un œil très inquiet la situation qui prévaut actuellement au Moyen-Orient.  Nous condamnons la poursuite des attentats en Israël et demandons instamment à l’Autorité palestinienne de prendre des mesures immédiates contre les groupes et les individus terroristes qui projettent et exécutent ces attaques.


Tout en reconnaissant le droit légitime à l’autodéfense d’Israël face aux attentats terroristes perpétrés contre ses citoyens, nous engageons vivement le Gouvernement israélien à faire le maximum pour éviter les victimes civiles, conformément au droit international humanitaire.  Nous demandons également au Gouvernement israélien de prendre dès maintenant toutes les mesures envisageables et compatibles avec les besoins légitimes d’Israël en matière de sécurité afin d’alléger le sort des Palestiniens sur les plans humanitaire et économique, notamment en permettant une plus grande liberté de circulation des personnes et des marchandises tant à l’intérieur qu’en provenance de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, en démantelant les barrages routiers, et en prenant toutes les mesures nécessaires pour respecter la dignité des Palestiniens et améliorer leur qualité de vie.


Le Gouvernement israélien doit s’abstenir de tout acte érodant la confiance, telle que les déportations, la conduite d’attaques contre des civils, les saisies et la démolition de résidences et de biens palestiniens.  Il doit s’abstenir également de prendre l’une des autres mesures mentionnées dans le plan Tenet.  Le Quatuor demande instamment que l’on redouble d’efforts pour obtenir un cessez-le-feu total, étape préalable au démantèlement des capacités et des infrastructures terroristes, et que l’on avance sur le chemin de la paix à travers la mise en œuvre de la Feuille de route.


Nous notons que le Gouvernement israélien a promis que la barrière serait une barrière de sécurité plutôt qu’une barrière politique et qu’elle serait temporaire, non permanente.  Nous constatons avec une vive inquiétude que le tracé proposé de la barrière implique la saisie de terres palestiniennes, coupe les voies de circulation des personnes et des marchandises et ébranle la confiance des Palestiniens à l’égard de la Feuille de route en préjugeant des frontières définitives du futur Etat palestinien.


Nous avons pris note de l’intention du Premier Ministre Sharon de se retirer de toutes les colonies de Gaza et de certaines parties de la Cisjordanie.  Cela devrait être une occasion unique dans la quête de la paix au Moyen-Orient.  Cette initiative qui doit conduire à un plein retrait israélien et à une cessation complète de l’occupation à Gaza peut être une étape dans la direction de l’établissement ou de la réalisation de la vision de deux Etats et pourrait permettre de relancer le processus de la Feuille de route.


Nous notons que toute initiative unilatérale du Gouvernement israélien devrait être entreprise en conformité avec la Feuille de route et en fonction également de la vision de deux Etats, qui est à la base de la Feuille de route.  Nous réaffirmons l’appel lancé par le Président Bush le 24 juin 2002 afin que l’on mette un terme à l’occupation israélienne qui a commencé en 1967, par le biais d’un règlement négocié entre les deux parties.  Nous notons également qu’aucune partie ne devrait prendre de mesures unilatérales qui chercheraient à prédéterminer certaines questions qui ne peuvent être résolues que par le biais de négociations et d’accords entre les deux parties.  Tout règlement final sur des questions telles que les frontières et les réfugiés doit faire l’objet d’un accord conjoint entre Israéliens et Palestiniens fondé sur les résolutions 242, 338, 1397 et 1515 du Conseil de sécurité, sur le mandat du processus de paix de Madrid, les accords antérieurs et l’initiative du Prince héritier saoudien Abdallah, approuvée par le Sommet de la Ligue arabe de Beyrouth.  Il faut également qu’il y ait conformité avec la Feuille de route.


Nous avons convenu de prendre les mesures suivantes avec des mécanismes appropriés qui seraient créés pour suivre les progrès et les actions de toutes les parties.  Tout d’abord, nous agirons d’urgence en conjonction avec la Banque mondiale, avec le Coordonnateur spécial des Nations Unies et avec le Comité spécial de liaison sur la base d’une étude d’évaluation du Coordonnateur pour la sécurité des Nations Unies et de la Banque mondiale pour veiller à ce que l’on tienne compte des besoins humanitaires palestiniens afin que l’infrastructure palestinienne soit rétablie et qu’une activité économique soit relancée.


Deuxièmement, nous sommes prêts à engager un dialogue avec une direction palestinienne responsable attachée à la réforme et la sécurité.  Les membres du Quatuor entreprendront de suivre les progrès réalisés dans ces domaines.


Troisièmement, nous nous efforcerons de faire en sorte que des arrangements soient pris pour assurer la sécurité des Palestiniens et des Israéliens et pour assurer également la liberté de mouvement et une plus grande mobilité aux Palestiniens.  Nous soulignons la nécessité d’arrangements transparents entre toutes les parties s’agissant de l’accès à la mobilité et à la sécurité pour les organisations internationales, les donateurs bilatéraux et leurs personnels.  Au fur et à mesure du retrait d’Israël, le contrôle de l’infrastructure israélienne et des terres évacuées par Israël devrait être transmis par le biais d’un mécanisme approprié à une autorité palestinienne réorganisée en coordination avec le Représentant de la société civile palestinienne, le Quatuor et les autres représentants de la Communauté internationale aussi rapidement que possible détermineront des arrangements équitables et transparents en vue de l’établissement d’arrangements pour ces zones le plus rapidement possible.


Les arrangements en matière de sécurité continuent d’être cruciaux pour obtenir de quelconques progrès.  Les services de sécurité palestiniens devraient être restructurés en conformité avec la Feuille de route pour assurer la sécurité et l’ordre pour les Palestiniens.


Enfin, nous réaffirmons notre engagement à l’égard d’un règlement juste et durable du conflit en vertu des résolutions 242 et 338.  Nous demandons aux parties de bien vouloir considérer les conséquences à long terme de leurs actions et leur obligation de progresser rapidement dans la direction de la reprise du dialogue politique.


Un mécanisme de contrôle approprié sera établi sous l’égide du Quatuor.  Nous demandons à tous les Etats de la région de déployer tous les efforts possibles pour promouvoir la paix et combattre le terrorisme.


Je vous remercie.  Nous allons maintenant répondre à vos questions.


Question  (interprétation de l’anglais): La question s’adresse au Secrétaire d’Etat Powell.  Quel est le but de ce groupe puisque Sharon et Bush ont des arrangements entre eux qui semblent ôter au travail de ce groupe toute sa pertinence?


M. Powell (Etats-Unis) (interprétation de l’anglais) : Je ne pense pas que l’échange de lettres entre le Premier Ministre Sharon et le Président Bush ait eu cet effet.  Si vous regardez de près les lettres échangées entre le Président Bush et le Premier Ministre Sharon, vous verrez qu’il y a l’engagement de ne pas préjuger des questions relatives au statut définitif.  Il y a la volonté de voir un règlement à l’amiable entre les deux parties.  Il y a aussi l’engagement de respecter les résolutions 242 et 338 et les autres résolutions pertinentes.  Il y a un engagement vis-à-vis de la Feuille de route.  Rien de ce qui se fera ne sera incompatible avec la Feuille de route.  Si vous regardez de près la lettre du Président adressée au Premier Ministre Sharon, vous verrez que c’est tout à fait cohérent avec ce que nous faisons ici.


Effectivement, ce que nous avons fait aujourd’hui, c’est prendre note de l’occasion de progresser au Moyen-Orient, car, pour la première fois, le Premier Ministre israélien a dit qu’il voulait évacuer les colonies de peuplement : 21 à Gaza et quatre en Cisjordanie.  Monsieur Sharon a bien sûr essuyé un revers avec le Likoud, l’autre jour, mais il a dit qu’il restait attaché à son objectif d’évacuation.  Je note que d’après tous les sondages, la majorité des citoyens israéliens souhaitent un mouvement dans ce sens.


En débattant de cette question avec les Israéliens, le Président et le Premier Ministre ont tenu compte de certaines réalités dont nous pensions qu’il fallait tenir compte pour ce qui est du droit au retour et de l’alignement des lignes d’armistice.  On savait déjà, lors des négociations précédentes, que de tels éléments devraient être pris en compte, que ces réalités devraient être prises en compte, et que toutes négociations futures devraient les prendre en compte.  Le Président l’a dit clairement.


Je pense qu’il faut maintenant voir comment avancer.  C’était le but de la réunion du Quatuor d’aujourd’hui : comment saisir cette nouvelle occasion d’évacuation des colonies de peuplement.  Non plus compter uniquement sur les déclarations du passé, mais sur quelque chose qui peut vraiment se réaliser : l’évacuation des colonies de peuplement; et comment pouvons-nous préparer les Palestiniens à saisir cette occasion, revenir à la Feuille de route et reprendre le processus de paix.


M. Eckhard (interprétation de l’anglais) : Je voudrais rester sur le sujet du Moyen-Orient.  Nous passerons aux autres sujets plus tard.


Question (interprétation de l’anglais): [inaudible] l’Autorité palestinienne ou s’agit-il de renforcer les forces de sécurité? Êtes-vous en faveur d’une réorganisation de la direction palestinienne afin qu’il y ait une possibilité de trouver un arrangement avec Israël?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Essentiellement oui, la sécurité en faisait partie, mais nous ne nous sommes pas centrés uniquement sur la sécurité.  Par le passé, quand on parlait de la réforme de l’Autorité palestinienne, on a parlé aussi de responsabilités à donner au Premier Ministre pour qu’il puisse travailler avec la communauté internationale, en réformant le secteur de la sécurité.  Beaucoup a été fait avec les Palestiniens, notamment du côté de l’Union européenne, en ce qui concerne le secteur économique et financier, et aussi avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international.  Voilà donc, un ensemble de réformes à prendre en compte qui donnera aux Palestiniens les capacités voulues et un gouvernement, une autorité qui peut assumer ses responsabilités, avec tous les moyens voulus.


Question (interprétation de l’anglais) : Je voudrais compléter cette question.  Que voulez-vous dire par mécanisme approprié quand vous expliquez qu’une fois qu’Israël aura évacué certains sites, il faudra déterminer à qui transférer le pouvoir.  M. Powell, pourquoi ne pas donner au Roi de Jordanie une lettre d’assurances?  Pourquoi refuser de le faire, alors que vous avez envoyé une lettre similaire à M. Sharon?  Ne risquez-vous pas de saper les efforts du Roi de Jordanie?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Concernant la première question, je voudrais dire que la situation est évolutive.  Comme le Secrétaire d’Etat américain Powell l’a dit, le parti Likoud a voté contre le plan.  Le Premier Ministre a réitéré sa volonté d’avancer.  Nous suivons la situation et nous attendons de voir comment les choses évoluent.  Nous adapterons nos plans et nos mécanismes en conséquence.  C’est pourquoi, nous n’avons pas dit : « voilà ce que l’on va faire ».  Il faut attendre de voir comment la situation évolue.


M. Powell (Etats-Unis)(interprétation de l’anglais) : Ce que je voudrais dire c’est que des responsables jordaniens sont à Washington aujourd’hui pour parler de la situation avec nous.  Nous allons évoquer la possibilité d’un texte et d’un libellé éventuel.  Mais je souhaite que les discussions aient lieu à Washington avant d’en dire plus.  J’en resterai donc là pour l’instant, puisque pour l’heure, je suis ici et non à Washington.


Question (interprétation de l’anglais) : Ma question concerne également la réorganisation et le plan de réorganisation.  Il y a un effort qui est déployé au sein de la Banque mondiale pour mobiliser des fonds en faveur des Palestiniens.  Est-ce une condition?  Va-t-on faire participer davantage la communauté internationale à l’économie palestinienne?  Ne risque-t-on pas d’avoir un nouveau programme « Pétrole contre nourriture » en quelque sorte?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : La Banque mondiale participe à ces dossiers depuis pas mal de temps déjà.  Comme je l’ai indiqué, il y a eu une assistance importante fournie à l’Autorité palestinienne.  Bien entendu, lorsque l’on parle des obligations des Palestiniens et des mesures à prendre, il faut que ces derniers aient les moyens de le faire, qu’ils puissent organiser leur société et aller de l’avant.  Il ne faut pas que la situation humanitaire et économique reste comme elle est actuellement.  Il faut renforcer les capacités si l’on veut améliorer la situation économique et humanitaire.


Question (interprétation de l’anglais) : Je voudrais poser une question au Ministre des affaires étrangères russe et au Ministre des affaires étrangères irlandais.  Quelle est leur impression?  La Feuille de route est-elle remise sur les rails après la réunion d’aujourd’hui?


M. Lavrov (Fédération de Russie)(interprétation du russe) : Je pense que la Feuille de route n’a jamais disparu en tant qu’élément de progrès.  La déclaration d’aujourd’hui du Quatuor, que vient de citer le Secrétaire général, prouve justement cette position unie du Quatuor.


M. Cowan (Irlande)(interprétation de l’anglais) : Le Quatuor a réaffirmé sa volonté d’obtenir un engagement complet et négocié entre les deux parties.  L’appui à la solution des deux Etats a été réitéré et la Feuille de route est un outil pour ce faire.  En ce qui concerne le tracé des frontières et les réfugiés, il faut un accord entre les parties elles-mêmes.  Les colonies de peuplement ne seront pas imposées et cela est encourageant.  Des mesures positives ont été prises et des initiatives immédiates sont également nécessaires pour mettre fin au terrorisme, aux activités d’implantation et éliminer la barrière de séparation.  Nous pensons qu’un retrait complet de Gaza pourrait marquer une étape importante pour la mise en œuvre de la Feuille de route et la réalisation d’un Etat palestinien.  Le Quatuor est prêt à soutenir ce processus avec l’assistance de la communauté internationale, pour réaffirmer notre attachement à cet objectif.


Question (interprétation du russe) : M. Lavrov, la Fédération de Russie était à l’instigation de la convocation de cette réunion, êtes-vous satisfait des résultats?


M. Lavrov (Fédération de Russie) (interprétation du russe) : Les membres du Quatuor souhaitaient que cette réunion ait lieu le plus rapidement possible.  Nous avons effectivement demandé la réunion mais il s’agit quand même d’initiative collective.  Je voudrais souligner les éléments qui ont été évoqués à l’instant par le Secrétaire général.  Le Quatuor maintient et renforce sa position dans la mesure où, comme cela a déjà été dit, nous avons décidé de créer un mécanisme de suivi de la situation, dès que les deux parties auront rempli leurs obligations en vertu de la Feuille de route, en particulier dès qu’elles auront pris les mesures qu’elles ont promises d’adopter et auxquelles elles ont souscrit.


Nous notons l’importance toute particulière non seulement du maintien de la Feuille de route et de toutes les résolutions du Conseil de sécurité et de tous les accords signés entre les parties, comme base de règlement, mais également la nécessité de parvenir à un tel règlement par le biais de négociations portant, y compris, sur toutes les questions relatives au statut final.  Voilà déjà qui souligne l’importance de la réunion d’aujourd’hui.  J’ajouterai que le Quatuor est favorable à ce que toute initiative des parties aille dans le sens du plein respect et de la pleine mise en œuvre de la Feuille de route.  De cette manière, la Feuille de route aidera les parties, par le biais du mécanisme dont j’ai parlé, de même que les donateurs qui apporteront une assistance à la Palestine et continueront à soutenir son processus de réforme, de façon à ce que les Palestiniens puissent eux-mêmes disposer de leur terre.


Question (interprétation de l’anglais) : M. Powell, sans revenir directement sur la lettre au Roi de Jordanie, on a l’impression que le Président Bush a fait beaucoup de concessions sur la lettre à M. Sharon.  Pourquoi ne pas faire une déclaration de contrepartie pour définir les concessions que les Palestiniens pourraient recevoir d’Israël?  Une telle déclaration semble-t-elle appropriée à l’heure actuelle?


M. Powell (Etats-Unis) (interprétation de l’anglais) : Nous sommes actuellement en discussion avec des dirigeants arabes, avec le Roi Abdullah et ses collaborateurs, ainsi qu’avec le Président Moubarak.  Nous sommes aussi en contact avec le Premier Ministre Abou Ala.  Je lui ai parlé la semaine dernière et je lui ai expliqué notre position.  Nous avons publié aujourd’hui une déclaration au nom du Quatuor, qui rassemble l’Organisation des Nations Unies, la Fédération de Russie, l’Union européenne et les Etats-Unis, et je crois qu’il s’agit là d’une assurance donnée au monde arabe, et au reste du monde, quant au fait que nous sommes attachés aux fondements de ce processus et aux résolutions pertinentes de l’ONU.  Nous voulons que les parties s’entendent entre elles sur le statut final, sans que celui-ci ne soit imposé.  Dans une certaine mesure, notre déclaration d’aujourd’hui pourrait donner des assurances au monde arabe et aux Palestiniens.  Nous sommes en discussion avec d’autres amis du monde arabe pour voir quelles assurances, quels commentaires, ils souhaiteraient que nous fassions, afin que chacun sache que le Président Bush ne les abandonne pas, qu’il ne renonce pas à la création d’un Etat palestinien.  Il a défini sa vision en juin 2002 et il y est attaché.  Mais comment faire avancer le processus?  Voilà la question.  Il y a quelques semaines, on attendait une rupture, un changement des termes de l’équation et c’est le cas maintenant.  Nous avons maintenant cette déclaration d’intention du Premier Ministre Sharon, avec l’appui du peuple israélien pour aller dans cette direction.  Voilà une base, et nous voulons saisir cette occasion.  C’est ce qu’a fait le Quatuor aujourd’hui.  C’est ce que le Président Bush a fait il y a quelques semaines en entérinant l’intention annoncée par le Premier Ministre Sharon.  Le moment est venu de regarder ce qui est possible au lieu de se lancer dans des discussions inutiles.


Il faut saisir l’occasion, travailler avec les parties pour reprendre la Feuille de route.  Les deux parties sont censées remplir leurs obligations au terme de la Feuille de route et les colonies de peuplement seront évacuées.  Elles ne seront plus là.  Il n’y aura plus d’occupation israélienne et les biens seront transférés en avoirs qui feront partie du territoire où les Palestiniens pourront aller créer leur propre société, refaire leur vie à partir de là, et aussi en évitant que les terroristes ne profitent de cette liberté des Palestiniens.


Donc pour nous, c’est une occasion à saisir.  C’est ce qu’a dit le Quatuor aujourd’hui.  La déclaration publiée aujourd’hui doit être interprétée de cette manière par nos amis et collègues du monde arabe.


Question  (interprétation de l’anglais) : Ma question s’adresse au Secrétaire général tout d’abord.  Elle est simple.  L’annonce du Président Bush pendant la conférence de Sharon et l’échange de lettres entre les dirigeants respectent-ils l’esprit et la lettre des résolutions 242 (1967), 338 (1973) et de la 194 (III) sur le retour des réfugiés?


Et ma question au Secrétaire d’Etat Powell : le Président Bush a commencé une guerre.  La résolution 194 (III) préserve le droit au retour des Palestiniens.  Les résolutions 242 (1967) et 338 (1973) également parlent de la ligne d’armistice de 1949.  N’étions-nous pas à la bonne tribune pour modifier les règles du jeu ici à l’ONU et au Conseil de sécurité plutôt que par le biais d’un échange de lettres entre deux dirigeants?



Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Je crois que pour votre première question, je peux dire que le Quatuor, qui comprend les Etats-Unis, a réaffirmé la base du processus de paix, y compris les résolutions que vous avez citées – 242 (1967) et 338 (1973) – et également nous avons fait référence à l’initiative arabe du Prince héritier Abdallah, qui a été approuvée par la Ligue arabe.  Donc, la base de progrès et le principe « terre contre paix », tout cela est accepté par tous, et le Secrétaire d’Etat Powell a indiqué que c’était la base que nous acceptions tous, y compris Washington.


M. Powell (Etats-Unis) (interprétation de l’anglais) : Les résolutions 242 (1967), 338 (1973) 1397 (2002) et 194 (III) sont bien connues et nous comprenons que toutes les parties elles-mêmes doivent s’entendre avant que ces questions puissent être réglées, en particulier sur le statut final.  C’est ce que dit l’échange de lettres entre les deux dirigeants.  Chaque paragraphe confirme cela.  Je pense donc que nous avons une base solide.


Le Président a également dit – et c’est là le cœur de votre question – que nous devons considérer certaines réalités sur le terrain.  Les parties doivent les considérer avant d’entamer les discussions sur le statut final.  Mais en fin de compte, toutes les questions que vous avez évoquées, ce sont des questions qui doivent être résolues par les parties elles-mêmes et nous n’avons pas à préjuger de quoi que ce soit.  Nous avons fait une déclaration sur ce que nous estimons approprié, sur ce qui est nécessaire pour arriver à un règlement final, mais en fin de compte, le règlement final dépend des parties elles-mêmes qui doivent négocier entre elles avec l’assistance de la communauté internationale conformément à la Feuille de route, et le Quatuor est prêt à appuyer ce processus.


Question  (interprétation de l’anglais) : M. Powell, le Premier Ministre d’Israël révise ses plans en raison du vote du Likoud, et on parle d’un retrait partial.


J’ai une question pour le Secrétaire général, le Ministre Lavrov et M. Solana.  Vous avez parlé la dernière fois de mesures audacieuses nécessaires de la part de la communauté internationale.  Est-ce que vous trouvez que le plan de M. Sharon est audacieux ou envisagez-vous d’autres choses en fait ?


M. Powell (Etats-Unis) (interprétation de l’anglais) : Comme je ne sais pas ce que le Premier Ministre Sharon pourrait faire -il y aura peut-être des modifications– il vaudrait mieux attendre ce qu’il va dire au lieu de spéculer sur cette question hypothétique.


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais) : Je crois, pour votre deuxième question, que je vais dire la chose suivante : lorsque vous considérez le communiqué d’aujourd’hui, vous voyez que nous avons pris des initiatives nouvelles.  J’ai pu dire également, dans ce bâtiment, lorsque l’on m’a demandé si la Feuille de route était morte, qu’elle connaissait peut-être des difficultés mais qu’elle n’était pas morte.  Et aujourd’hui, vous avez vu les efforts déployés par les membres du Quatuor pour aller de l’avant relativement au processus et pour travailler avec les parties afin qu’elles honorent leurs objectifs et leurs engagements et mettent en œuvre l’Accord.



M. Solana (interprétation de l’anglais) : Je voudrais dire que je suis sûr que vous serez d’accord avec moi sur un point.  Ce document est très important.  Il énonce clairement que l’objectif du Quatuor et celui de la Feuille de route est de mettre fin à l’occupation, qui a commencé en 1967, en établissant deux Etats, un Etat israélien et un Etat palestinien.  Voilà l’essence du document, mais en plus de cela, des mécanismes sont proposés pour parvenir à ce but, des mécanismes qui, comme le Secrétaire d’Etat Powell et le Secrétaire général, M. Kofi Annan, l’ont dit, correspondent à la déclaration faite par le Premier Ministre Sharon sur le retrait.  Nous parlons donc d’un retrait total et de la fin de l’occupation dans ce territoire.  Nous pensons que c’est un document très important et nous pensons que cette déclaration replace le Quatuor au cœur du processus de paix.


M. Lavrov (Fédération de Russie)(interprétation du russe) : J’ajouterai qu’effectivement nous considérons les intentions annoncées par Israël de se retirer comme un pas très important qui contribuerait au début du processus qui, de façon générale, est dans l’impasse depuis longtemps.  C’est une mesure importante, mais ce n’est qu’un premier pas sur la voie d’un règlement complet et sur la voie de la cessation de l’occupation par Israël.  C’est la position commune du Quatuor.  C’est pourquoi j’y souscris entièrement, et dire qu’elle est audacieuse ou nom, cela dépend des goûts des journalistes.


Question  (interprétation de l’anglais) : J’adresse cette question au Secrétaire d’Etat Powell, mais les autres membres du Quatuor pourront peut-être y répondre également.  Je pense qu’ainsi nous aurons examiné la question de la réunion de façon approfondie.


Je voudrais revenir à la question de l’Iraq, à propos des sévices, des photographies des sévices, que vous avez vous-même critiqués.  Cela a provoqué une indignation au niveau international.  Vous avez donc adressé des messages aux Américains à l’étranger.  Il y aurait apparemment des menaces proférées contre les Américains et je voudrais parler des suggestions qui ont été faites par vos bureaux de renseignements.  Pour ce qui est de la réputation des Etats-Unis à l’étranger, comment allez-vous combattre cela et craignez-vous que cela ne complique les efforts dans le monde diplomatique?  Et pensez-vous également que cela pourrait affecter tout futur gouvernement iraquien du point de vue de sa confiance à l’égard des Etats-Unis à l’avenir?


M. Powell (Etats-Unis) (interprétation de l’anglais) : Les photos que nous avons tous vues la semaine dernière et cette semaine ont choqué tous les Américains.  C’étaient là des actes méprisables.  Le Président en a parlé.  C’est absolument contraire à ce que nous attendons de nos hommes et de nos femmes en uniforme.  Ce qu’ils ont fait est illégal; au vu de toutes les règles et de toutes les normes, c’était immoral.


Quand nos commandants militaires ont appris ce qui s’était passé, en quelque 24 heures, ils avaient ouvert des enquêtes.  Les enquêtes ont abouti assez rapidement à des conclusions quant aux responsables.  Le Secrétaire d’État Rumsfeld a maintenant ouvert des enquêtes additionnelles relatives à la formation de nos troupes, aux responsabilités de nos commandants et entend faire toute la lumière sur ces questions.


En effet, je suis profondément préoccupé par la terrible image que cela a projetée dans le monde entier, mais, en même temps, je tiens à rappeler au monde que c’est un petit nombre de militaires qui a agi de façon illégale et inappropriée.  Nous laisserons le système judiciaire militaire suivre son cours – et cela n’a rien à voir avec moi et dépend d’un autre ministère.  Je le dis car la conformité au droit devra, en fin de compte, être déterminée par le Ministère de la défense.  Mais il ne s’agit que d’un petit nombre de militaires en comparaison des dizaines de milliers, des centaines de milliers d’hommes et de femmes qui ont combattu en Iraq et dans le monde pas seulement actuellement mais aussi dans le passé, qui sont venus construire des hôpitaux, des écoles et restaurer la société civile, qui ont reconstruit des nations dévastées en Europe et en Asie et qui font de même en Afghanistan aujourd’hui mais aussi en Iraq.  Ces jeunes hommes et femmes formidables sont consternés par le fait que certains de leurs compagnons d’armes se soient comportés de la sorte.


Une chose dont nous pouvons être certains est que la justice sera rendue.  Nous sommes une nation de justice.  Ces actes ne sont pas tolérés et ces personnes seront traduites devant des tribunaux militaires et seront sanctionnées au vu et au su du monde entier.  Et je peux vous assurer qu’aucun effort ne sera épargné pour veiller à ce que justice soit faite et pour que cela ne se reproduise jamais plus.


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