En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/9185

« IL EST IMPORTANT DE FAIRE COMPRENDRE A L’OPINION PUBLIQUE MOYEN-ORIENTALE L’ACTION DES NATIONS UNIES », SOULIGNE LE SECRETAIRE GENERAL

09/03/2004
Communiqué de presse
SG/SM/9185


« Il est important de faire comprendre a l’opinion publique moyen-Orientale l’action des Nations Unies », souligne le Secretaire general


    On trouvera ci-après le texte des observations formulées par le Secrétaire général Kofi Annan devant des journalistes arabes chevronnés à New York, le 5 mars:


    Veuillez m’excuser d’être quelque peu en retard pour vous accueillir ici, au Siège de l’Organisation des Nations Unies, vous qui avez presque achevé votre séjour d’une semaine ici. Permettez-moi néanmoins d’accueillir chaleureusement chacun d’entre vous.


    L’Organisation des Nations Unies doit faire face à de nombreuses crises en de nombreux endroits du monde, mais dans aucune autre région que les pays arabes l’ONU n’est engagée depuis aussi longtemps et de façon aussi intensive. Cela signifie que là plus que partout ailleurs, il est important que nous veillions à ce que notre action soit clairement comprise par l’opinion publique et à ce que notre message soit exposé aussi clairement que possible. Pour cela, nous nous appuyons sur notre message et beaucoup également sur les amis que nous comptons dans les médias arabes, aussi parler devant un groupe de distingués représentants expérimentés des médias arabes qui sont fort respectés dans l’ensemble du monde arabe est à la fois un honneur et une chance pour nous.


    Durant cette semaine, vous avez eu l’occasion de rencontrer ce que j’appellerai les deux composantes de l’ONU : les représentants des gouvernements et les hauts fonctionnaires du Secrétariat. Cela vous a donc permis de voir comment l’ONU fonctionne, en tant qu’instance où les gouvernements peuvent se réunir pour adopter des décisions communes et en tant que mécanisme chargé d’exécuter les décisions ainsi adoptées.


    On m’a informé que durant vos discussions avec des hauts fonctionnaires de l’Organisation, l’Iraq et la Palestine avaient été les sujets les plus populaires et les plus souvent abordés, ainsi que ceux donnant lieu aux discussions les plus animées. Cela n’est point surprenant. La Palestine est inscrite à l’ordre du jour de l’Organisation depuis le tout début de son existence et nous nous occupons de l’Iraq d’une façon ou d’une autre depuis 1980.


    De fait, l’Organisation a participé à la recherche d’un règlement pacifique de la question de Palestine depuis le jour où le plan de partage a été adopté par l’Assemblée générale en 1947, adoptant notamment au niveau du Conseil de sécurité les résolutions 242 (1967) et 338 (1973) et d’autres résolutions qui ont conduit à la résolution 1397 (2002) prônant la coexistence de deux États, ainsi qu’aux efforts en cours du « Quatuor » dont je suis membre.


    Je suis profondément attristé et révolté, comme sans doute chacun d’entre vous, par les actes de violence et de terreur qui apportent mort et souffrance à tant de personnes innocentes, aussi bien palestiniennes qu’israéliennes. Maintes fois, j’ai souligné que le seul espoir réaliste de mettre un terme à la violence dans le territoire occupé et en Israël est de s’attaquer aux causes profondes du problème, c’est-à-dire rechercher un règlement pacifique juste et global incluant la Syrie et le Liban ainsi que le reste de la région.


    En Iraq, comme vous le savez, le Conseil de sécurité n’a pas accepté d’autoriser l’intervention militaire entreprise par les États-Unis d’Amérique et le Royaume-Uni l’an passé, mais il est uni dans les efforts qu’il déploie pour aider le peuple iraquien à reprendre en main sa destinée, à maintenir son unité et son intégrité territoriale et à constituer un gouvernement démocratique légitime fondé sur l’état de droit, garantissant les libertés, l’égalité des droits et la justice à tous les Iraquiens.


    Fort tristement, l’ONU elle-même a été la cible directe du terrorisme en Iraq. Nous avons payé un très lourd tribut le 19 août dernier, perdant 22 personnes, dont mon Représentant spécial, Sergio Vieira de Mello, ainsi que Nadia Younes d’Égypte, que vous connaissiez, j’en suis sûr, Reham El-Farra de Jordanie, et neuf Iraquiens, ainsi que d’autres collègues.


    Après une deuxième attaque au mois de septembre, puis l’attaque contre le Comité international de la Croix-Rouge en octobre, nous avons été contraints de redéployer nos fonctionnaires internationaux vers d’autres pays de la région, mais les membres de notre personnel local iraquien, courageux et résolus, ont continué à aider leurs concitoyens dans le cadre du programme des Nations Unies.


    La politique suivie par l’ONU en Iraq vise à forger un consensus et à faciliter l’action, non à donner des recettes ou à accepter des responsabilités dont elle ne pourrait pas s’acquitter. Nous sommes convaincus que le meilleur mécanisme pour la transition vers la souveraineté est celui choisi par les Iraquiens eux-mêmes. Il est important que le peuple iraquien nous perçoive clairement tels que nous sommes : un organisme mondial impartial qui n’a qu’un objectif en la matière : aider le peuple iraquien.


    Malgré les terribles attaques de cette semaine à Bagdad et à Kerbela, nous pensons que les Iraquiens de toute appartenance religieuse sont capables de se rassembler dans un esprit d’unité nationale. Cela est essentiel pour que le pays puisse aller de l’avant. L’Iraq compte de nombreuses personnes pleines de qualités et des gens ayant un esprit créatif et d’entreprise qui, j’en suis sûr, dans un environnement stable et avec l’appui de la communauté internationale, pourraient aider le pays à progresser.


    L’ONU est déjà prête à aider les Iraquiens à prendre en main leur propre destinée dans un contexte de paix et de stabilité. Mais les voisins de l’Iraq, et de fait tous les pays de la région, devraient aussi apporter une contribution en fonction de leurs moyens. La réussite de la reconstruction de l’Iraq est dans l’intérêt de l’ensemble de la région, je dirais même du monde entier.


    J’ai hâte de rencontrer les dirigeants arabes lors de leur sommet à Tunis ce mois-ci et d’avoir l’occasion d’échanger idées et opinions avec eux.


    Entre-temps, au Secrétariat, nous continuerons à faire de notre mieux au service de tous les peuples des Nations Unies, notamment les peuples arabes. Je suis particulièrement fier des rapports sur le développement humain arabe publiés par le Programme des Nations Unies pour le développement, car ils constituent une plate-forme permettant aux universitaires arabes d’effectuer un diagnostic clair des problèmes dans le monde arabe et de prescrire certains remèdes.


    Mais à présent je souhaiterais entendre vos observations, et je ferai de mon mieux pour répondre à vos questions.


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