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SG/SM/9177-OBV/406-WOM/1436

KOFI ANNAN SALUE LE ROLE HEROIQUE DES FEMMES DANS LA LUTTE CONTRE LE VIH/SIDA ET PLAIDE POUR UN CHANGEMENT SOCIAL LEUR DONNANT POUVOIR ET ASSURANCE

02/03/2004
Communiqué de presse
SG/SM/9177
OBV/406
WOM/1436


KOFI ANNAN SALUE LE ROLE HEROIQUE DES FEMMES DANS LA LUTTE CONTRE LE VIH/SIDA ET PLAIDE POUR UN CHANGEMENT SOCIAL LEUR DONNANT POUVOIR ET ASSURANCE


On trouvera ci-après le texte du message du Secrétaire général, Kofi Annan, à l’occasion de la Journée internationale de la femme, célébrée le 8 mars:


Cette année, nous célébrons la Journée internationale de la femme en mettant l’accent sur les ravages causés par l’épidémie mondiale de VIH/sida parmi les femmes et sur le rôle majeur qu’elles jouent dans la lutte contre ce fléau.


Au début de l’épidémie, beaucoup ont cru que les hommes étaient les principales victimes du sida.  Il y a seulement 10 ans, les statistiques indiquaient que les femmes étaient moins touchées.  Mais les tendances qui se sont dessinées depuis sont terrifiantes.  Partout dans le monde, les femmes sont de plus en plus nombreuses à être touchées par l’épidémie.  En Afrique subsaharienne, plus de la moitié des adultes vivant avec le VIH/sida sont des femmes.  Chez les jeunes, les taux d’infection sont plus élevés parmi les filles que parmi les garçons.  À l’échelle mondiale, les femmes représentent la moitié au moins des nouveaux cas d’infection et les femmes et les jeunes filles comptent désormais pour près des deux tiers des jeunes de moins de 24 ans vivant avec le sida.  Si ces tendances perdurent, les femmes constitueront bientôt la majorité de la population infectée dans le monde.


En s’en prenant aux femmes, le sida détruit les fondements de la société, déclenchant un cercle vicieux.  À cause du sida, les femmes pauvres se retrouvent dans une situation économique encore moins sûre.  Elles sont souvent privées de leurs droits en matière de logement, de propriété ou d’héritage, voire d’accès à des services de santé adéquats. Dans les zones rurales, le sida est responsable de l’effondrement des réseaux de soutien traditionnels qui ont des siècles durant aidé les femmes à nourrir leur famille en période de sécheresse et de famine – effondrement qui a entraîné à son tour l’éclatement des familles, des mouvements migratoires et un risque encore accru d’infection par le VIH.  Forcées d’abandonner leurs études pour soigner un parent malade, s’occuper du ménage ou aider leur famille, les filles sombrent dans une pauvreté encore plus grande. Leurs propres enfants ont à leur tour moins de chances d’aller à l’école et courent davantage de risques d’être infectés.  Les effets dévastateurs du sida sur les femmes coûtent très cher à la société.


Alors, pourquoi les femmes – et généralement pas celles qui ont le plus grand nombre de partenaires sexuels en dehors du mariage, ou les toxicomanes par voie intraveineuse – sont-elles plus exposées à l’infection?  Parce que, très souvent, les inégalités sociales les rendent vulnérables. De nombreux facteurs entrent en jeu, notamment la pauvreté, les mauvais traitements et la violence, le manque d’information, les pressions exercées par les hommes plus âgés et le fait que certains hommes ont plusieurs partenaires.  Aussi de nombreuses méthodes de prévention traditionnelles ne sont-elles pas viables, comme, par exemple, celles qui reposent sur le principe de l’abstinence, de la fidélité et de l’utilisation de préservatifs.  Là où la violence sexuelle est chose courante, les femmes et les filles n’ont guère la possibilité de demander l’abstinence ou d’exiger l’utilisation de préservatifs.  Le mariage n’apporte pas toujours non plus de solution.  Dans de nombreuses régions du monde en développement, la majorité des femmes sont mariées avant l’âge de 20 ans, et leur taux d’infection par le VIH/sida est supérieur à celui des autres femmes du même âge non mariées et sexuellement actives – souvent parce que leurs maris ont plusieurs partenaires.


Ce qu’il faut, c’est un véritable changement social qui donne aux femmes et aux filles davantage de pouvoir et d’assurance, et transforme les relations entre les femmes et les hommes à tous les niveaux de la société.


Il faut renforcer la protection juridique des droits des femmes en matière de propriété et d’héritage, et leur permettre d’avoir pleinement accès aux moyens de prévention – notamment aux microbicides et aux préservatifs féminins.


Il faut obliger les hommes à assumer leurs responsabilités – que ce soit en veillant à ce que leurs filles reçoivent une éducation; en s’abstenant de comportements sexuels qui mettent les autres en danger; en renonçant à avoir des relations avec des filles et des femmes très jeunes; ou en prenant conscience que rien ne peut justifier la violence contre les femmes.


Pour cela, ONUSIDA a lancé, le mois dernier, la Coalition mondiale sur les femmes et le sida, une initiative axée sur l’autonomisation des femmes qui vise à tirer parti du rôle majeur que celles-ci jouent déjà dans la lutte mondiale contre le VIH/sida.  Dans la plupart des pays et des communautés où je me suis rendu, les militants et les défenseurs les plus actifs et les plus efficaces de la lutte contre le sida sont les femmes.  Partout où l’épidémie fait des ravages, des groupes et des collectivités de femmes héroïques font un travail remarquable en termes de prévention et de soins.  Encourager ces femmes et en inciter d’autres à suivre leur exemple, telle doit être notre stratégie pour l’avenir.  C’est parmi elles que se trouvent les véritables héros de cette guerre.  Nous devons les soutenir, en leur fournissant les ressources nécessaires et en leur redonnant espoir.


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