En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/9144-DC/2906

KOFI ANNAN PRECONISE UNE APPROCHE EQUILIBREE DE TOUS LES ASPECTS DE LA SECURITE ET DES BESOINS DE L’ETRE HUMAIN

10/02/2004
Communiqué de presse
SG/SM/9144
DC/2906


KOFI ANNAN PRECONISE UNE APPROCHE EQUILIBREE DE TOUS LES ASPECTS

DE LA SECURITE ET DES BESOINS DE L’ETRE HUMAIN


On trouvera ci-dessous le texte des observations formulées par le Secrétaire général, Kofi Annan, devant le Conseil consultatif pour les questions de désarmement le 4 février, à New York :


C’est pour moi un grand plaisir que de vous accueillir au Siège des Nations Unies. Permettez-moi de vous féliciter, M. Harald Mueller, de votre désignation en tant que Président du Conseil consultatif pour l’année 2004. J’aimerais également souligner à quel point je me réjouis à l’avance du dynamisme et de l’expérience que les neuf nouveaux membres du Conseil vont apporter, en particulier en cette période cruciale du calendrier du désarmement.


Au moins, votre domaine de compétence ne souffre pas du désintérêt du public. Au contraire, les questions de désarmement revêtent de plus en plus d’importance dans l’actualité internationale. Les attaques terroristes du 11 septembre; la guerre en Iraq telle que nous l’a décrite le Président; la situation dans la péninsule coréenne; les événements récents en Iran et en Libye sont autant d’éléments qui ont fait les gros titres avec une fréquence que nous n’avions pas connue depuis de nombreuses années – et ce, d’une façon qui fait ressortir on ne peut plus clairement les liens qui existent entre les questions de désarmement et la paix et la sécurité internationales.


Il n’est pas surprenant que les questions dont vous allez traiter à cette session occupent également une place importante dans le programme de travail du Groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement, que j’ai nommé en novembre dernier afin qu’il me transmette des recommandations ultérieurement cette année.


Ce groupe a été qualifié par certains de groupe sur la réforme de l’ONU. Il se peut qu’il propose des modifications des règles et mécanismes des Nations Unies. Mais si c’est le cas, ces modifications seront un moyen au service d’une fin et non une fin en soi. Le but de l’exercice est de trouver une réponse collective crédible et convaincante aux défis de notre temps.


La Charte des Nations Unies est extrêmement claire. En cas d’attaque, les États ont le droit de se défendre – et de défendre les autres. Mais le but premier des Nations Unies, tel que énoncé à l’Article 1 de la Charte, est de « prendre des mesures collectives efficaces en vue de prévenir et d’écarter les menaces à la paix ».


Il nous faut montrer que les Nations Unies sont capables d’assumer cette mission, mais pas seulement au profit des membres les plus privilégiés de l’Organisation qui, actuellement, se préoccupent – de façon compréhensible – du terrorisme et des armes de destruction massive. Les Nations Unies doivent également protéger les millions d’hommes et de femmes des menaces plus familières que sont la pauvreté, la faim et les maladies mortelles. Il nous faut comprendre qu’une menace pour certains est une menace pour tous et qu’elle doit être traitée en conséquence.


Je me félicite que le Conseil consultatif soit prêt à contribuer aux travaux du Groupe concernant, en particulier, les menaces liées aux armes, auxquelles nous sommes confrontés, sur la façon de renforcer les mécanismes de désarmement et de non-prolifération et d’améliorer les structures dans le domaine du désarmement.


Le Groupe étudie de près le terrorisme et, en particulier, la possibilité que des armes de destruction massive puissent tomber entre de mauvaises mains, avec les conséquences dévastatrices que cela représente. Ce n’est que l’une des raisons pour lesquelles la Déclaration du Millénaire a fait de l’élimination de l’ensemble de ces armes un objectif clef.


Les approches multilatérales constituent toujours un moyen efficace à cette fin – non seulement grâce aux efforts de renforcement des normes existantes et de ratification des traités, mais également dans la lutte contre le terrorisme lui-même. Ainsi, par exemple, le Conseil de sécurité et les organismes opérationnels compétents tels que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OPCW) collaborent étroitement aux efforts visant à interdire aux groupes terroristes l’accès aux matériaux et aux technologies touchant aux armes de destruction massive.


Mais il existe au plan international d’importantes insuffisances et tout particulièrement pour ce qui est des normes ou instruments internationaux régissant la mise au point, les essais, la production, l’acquisition, le transfert, le déploiement ou l’utilisation de types de missiles balistiques ou autres. Je sais que le Conseil consultatif va se pencher sur la façon dont les armes de destruction massive pourraient être « livrées » et je suis impatient de connaître votre opinion sur cette question.


La possibilité, d’un scénario terrible mettant en jeu des armes nucléaires, chimiques et biologiques a dominé les récentes discussions sur le désarmement. Mais la violence au quotidien des conflits mettant en jeu des armes légères fournies – souvent légalement et parfois illégalement – par des marchands d’armes fréquemment sans scrupules est une menace bien plus directe qui pèse sur de nombreuses personnes à travers le monde.


Nous devons faire plus pour lutter également contre cette menace. De tels efforts pourraient impliquer que l’on assure des débouchés ou des emplois aux anciens combattants désarmés dans les pays sortant d’un conflit. Ils pourraient englober la suppression de l’exploitation illicite des ressources naturelles. Ils pourraient également viser à une plus grande transparence, notamment par un échange d’informations entre États à propos des armements et des questions militaires en général. Ceci aiderait à établir une plus grande confiance et des relations plus stables en les États et à minimiser le risque de méprise ou de mauvais calcul. De toutes ces façons, le travail de désarmement pourrait contribuer à la prévention des conflits. Nous devons faire le maximum pour veiller à ce que l’attention requise soit accordée à cet aspect, ainsi qu’aux autres facteurs économiques et sociaux, lorsqu’il s’agit de traiter des causes profondes et des symptômes des conflits.


J’ai déclaré ces dernières semaines que l’attention politique internationale s’était dangereusement écartée des objectifs de développement du Millénaire et j’ai souligné que le monde ne pouvait se permettre de négliger ces soi-disant menaces légères que sont la pauvreté, la faim et la maladie. Mais ne croyez pas pour autant que je sous-estime les difficultés auxquelles nous sommes confrontés en matière de prolifération et de désarmement. Ce que je préconise, c’est une approche équilibrée de l’ensemble des aspects de la sécurité et des besoins de l’être humain. J’attends de vous une analyse, des conseils et, par-dessus tout, des recommandations concrètes sur la façon d’améliorer nos efforts collectifs dans cette direction. Je vous remercie encore de votre dévouement aux Nations Unies et vous prie d’accepter mes voeux de réussite pour cette session.


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