LES RÉSIDUS DE PESTICIDES, UNE BOMBE À RETARDEMENT DANS LES PAYS PAUVRES
Communiqué de presse SAG/288 |
LES RÉSIDUS DE PESTICIDES, UNE BOMBE À RETARDEMENT DANS LES PAYS PAUVRES
La FAO à court de financements pour les éliminer; appel aux bailleurs de fonds
(Publié tel que reçu)
ROME, 9 septembre (FAO) -- D'importantes quantités de déchets chimiques toxiques dérivés de pesticides inutilisés ou périmés représentent une menace durable et de plus en plus sérieuse pour les populations et l'environnement en Europe de l'Est, Afrique, Asie, Moyen-Orient et Amérique latine, met en garde la FAO.
L'Ukraine détiendrait, par exemple, environ 19 500 tonnes de produits chimiques périmés, la Macédoine 10 000 tonnes, la Pologne 15 000 tonnes et la Moldavie 6 600 tonnes. En Asie, les stocks s'élèvent actuellement à 6 000 tonnes, sans compter la Chine où le problème des résidus de pesticides serait très étendu. Les pays du Moyen-Orient et de l'Amérique latine ont déclaré environ 10 000 tonnes et réclament l'aide de la FAO.
"Les pays touchés nous demandent de plus en plus fréquemment et avec une urgence croissante une aide pour les débarrasser de leurs stocks de pesticides périmés et prévenir une nouvelle accumulation des déchets toxiques", a déclaré Mark Davis, chef du Programme de la FAO sur la prévention et l'élimination des pesticides périmés, à l'occasion d'une consultation d'experts à Rome (8-9 septembre).
"Malheureusement, à défaut de financements supplémentaires de la part des bailleurs de fonds, la FAO ne sera pas en mesure de répondre aux besoins d'aide des États membres car les fonds de son programme sur la prévention et l'élimination des pesticides périmés seront épuisés d'ici la fin de l'année", a-t-il ajouté.
Des déchets dangereux
Les pesticides périmés sont des résidus des campagnes de lutte phytosanitaire. Ils se sont accumulés car un grand nombre de produits ont été interdits pour des raisons sanitaires ou environnementales et n'ont jamais été déplacés ou éliminés.
Les stocks restent en place et se détériorent souvent jusqu'à contaminer l'environnement et mettre les populations en danger.
Les plus touchées sont souvent les communautés rurales pauvres qui ne sont parfois même pas conscientes de la nature toxique des produits chimiques auxquels elles sont quotidiennement exposées.
Les décharges contiennent quelques-uns des plus dangereux insecticides tels que les polluants organiques persistants (POPs) aldrine, chlordane, DDT, dieldrine, endrine et heptachlore.
L'état des stocks de pesticides varie de produits bien emmagasinés encore utilisables sur le terrain à des produits qui se sont entièrement déversés des fûts métalliques corrodés et autres conteneurs dans le sol. L'empoisonnement par pesticide est répandu dans les lieux proches des sites de décharge.
En Afrique
La quantité de pesticides périmés dans 53 pays africains est estimée à 50 000 tonnes, selon la FAO. Cette dernière participe au programme Africa Stockpiles (ASP), une initiative multi-partenariale visant à éliminer tous les stocks de pesticides périmés des pays africains et à mettre en place des mesures de prévention.
Néanmoins, plusieurs pays africains, ne pouvant pas bénéficier du programme dans sa première phase d'activité, se tournent vers la FAO pour une aide immédiate.
"Des pays comme l'Algérie, le Cameroun, la Somalie, l'Erythrée et le Sénégal sont particulièrement concernés par les impacts durables sanitaires et environnementaux de leurs stocks de pesticides périmés", selon M. Davis.
Grâce au soutien financier du Japon, la FAO a récemment identifié quelque 600 tonnes de pesticides périmés au Mozambique, malgré un précédent nettoyage. Le Japon a apporté 850 000 dollars à ce projet et a promis un million de dollars supplémentaires pour les opérations de nettoyage et la prévention.
Les Pays-Bas ont contribué à hauteur de 8,9 millions de dollars environ au Programme de prévention et d'élimination des pesticides périmés de la FAO et se sont engagés à verser 2 millions de dollars supplémentaires pour aider le programme Africa Stockpiles.
"Cela montre qu'il est urgent de combiner les mesures de nettoyage et de prévention. Il est urgent de convaincre plusieurs pays qu'une utilisation ciblée et limitée des pesticides, respectueuse de la santé humaine et de l'environnement, est essentielle. De plus en plus de pays montrent une volonté de s'attaquer au problème de la gestion et de l'utilisation des pesticides", a déclaré M. Davis.
Le nettoyage d'une tonne de pesticides périmés coûte environ 3 500 dollars. La plupart des pays en développement ne disposent pas des équipements nécessaires pour éliminer de façon sûre les déchets dangereux.
L'actuelle recrudescence acridienne en Afrique nécessite des mesures de lutte de vaste envergure. Les pays touchés et la FAO déploient d'intenses efforts pour éviter d'une part, que la campagne de lutte contre les criquets n'entraîne plus tard une augmentation des stocks de pesticides périmés et, d'autre part, pour en réduire l'impact sur l'environnement.
La FAO est l'agence phare dans la gestion des pesticides périmés dans les pays en développement depuis 1994. Elle initie et coordonne les inventaires nationaux, coordonne et suit les projets d'élimination, publie des directives sur la prévention, la gestion et la sensibilisation du public. Elle soutient et encourage des programmes de protection intégrée et des contrôles de pesticides rigoureux.
Pour de plus amples informations, veuillez contacter Erwin Northoff, Relations médias, FAO, email: erwin.northoff@fao.org, tél:(+39) 06 570 53105.
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