POPULATION: LA RECONNAISSANCE JURIDIQUE DES DROITS PROCLAMES DANS LA DECLARATION DU CAIRE DOIT S’ACCOMPAGNER D’UNE MISE EN ŒUVRE CONCRETE
Communiqué de presse POP/900 |
Commission de la population
et du développement
5ème et 6ème séances – matin & après-midi
POPULATION: LA RECONNAISSANCE JURIDIQUE DES DROITS PROCLAMES DANS LA DECLARATION DU CAIRE DOIT S’ACCOMPAGNER D’UNE MISE EN ŒUVRE CONCRETE
La poursuite de l’accroissement considérable
dela population des villes conduira à une crise de vaste ampleur
La difficile conciliation de la reconnaissance des droits des populations, de l’évolution des mentalités et de l’insuffisance des ressources a été mise en lumière aujourd’hui à la Commission de la population et du développement, tant au cours du débat général sur la mise en œuvre du Programme d’action du Caire qu’au cours des discussions centrées sur la question « le consensus du Caire a-t-il perdu son élan? » qui ont suivi une déclaration de Barbara Crossette, l’ancienne Chef du bureau du New York Times aux Nations Unies. « La Conférence du Caire, tenue en 2004, a permis de passer de l’analyse des statistiques à celle des besoins de l’être humain et de placer ce dernier au centre des politiques de développement », a déclaré la journaliste. Elle a affirmé que l’un des acquis majeurs de la Conférence du Caire, la reconnaissance de la centralité des femmes dans toutes les questions relatives à la population, ne saurait être surévaluée. « Cela paraît évident, puisque ce sont les femmes qui font les enfants, mais ce n’est qu’au terme de débats ardus que ce principe essentiel s’était imposé lors des négociations », a noté Mme Crossette.
Selon Barbara Crossette, l’heure du bilan décennal est à double tranchant. C’est l’occasion de noter les progrès et de faire ressortir les retards, mais certains pourraient être tentés derevenir sur les acquis de ces dix dernières années. La révolution des esprits conduit à d’improbables alliances, a prévenu Mme Crossette, par exemple celle des pays conservateurs du Moyen-Orient, des Etats-Unis et du Vatican. La question des droits et des principes est apparue aujourd’hui comme un trait saillant des débats. De nombreux Etats ont présenté leurs efforts en matière législative, pour promouvoir l’accès aux soins de santé en matière de procréation et de lutte contre le VIH/sida d’une part, et pour réprimer les violences contre les femmes d’autre part. A cet égard, l’évolution des mentalités n’apparaît pas comme une donnée mineure lorsque l’on apprend d’une étude du Fonds des Nations Unies pour l’enfance que 34% des filles âgées de 15 à 19 ans déclaraient que leur première expérience sexuelle n’avait pas reçu leur plein consentement, et qu’une proportion importante de femmes estimait normal que leur mari ait le droit de les battre.
Plusieurs pays ont expliqué que la réaffirmation des engagements du Programme du Caire s’est accompagnée de la défense d’une approche « fondée sur la défense des droits » et sur le caractère volontaire de sa mise en œuvre. La proclamation des droits, sous forme de loi -ou même dans la Constitution, pour l’Argentine- constitue un grand progrès. Mais la transposition de ces droits dans la réalité pose encore problème. L’Australie a fait part de la condition nettement défavorable de sa population autochtone par rapport à la moyenne nationale, et le Pérou a montré que les populations autochtones étaient souvent les plus pauvres et les plus démunies en matière de services sociaux. La Suède a fait part de sa campagne contre les mutilations génitales, qui se poursuit désormais sur son territoire du fait des migrations internationales, et rappelé que son action dans le monde entendait défendre « le droit de chacun à prendre librement les décisions liées à sa propre vie, à son corps, à la reproduction et à la sexualité ».
C’était la position défendue aussi par Mme Crossette, qui exposait qu’une position idéologique médiane, empreinte de pragmatisme, serait sans doute la meilleure solution à la mise en œuvre du Programme du Caire –ou en tout cas la plus efficace. Citant l’exemple de l’Egypte, de l’Ouganda et du Sénégal, qui ont adopté des lois interdisant l’excision, elle a montré que la résistance des milieux les plus conservateurs et les plus traditionalistes pouvait être vaincue dans le domaine des mutilations génitales. De leur côté, le représentant des Philippines a affirmé que son pays avait démontré que les milieux religieux eux-mêmes pouvaient apporter une aide capitale à la promotion de la santé génésique, ceux-ci ayant édicté en 2004 une fatwah affirmant une fois pour toutes que la promotion de la santé génésique et de la planification familiale n’était pas contraires à l’Islam. Récemment, a déclaré l’organisation non gouvernementale IPAS, le Conseil de la Paix, une association de dignitaires religieux musulmans, juifs, protestants, catholiques, hindous et bouddhistes a demandé la décriminalisation de l’avortement. Parallèlement, a précisé Mme Crossette, de nombreuses organisations non gouvernementales ont fini par admettre que la promotion du modèle occidental absolument égalitariste avait autant de pertinence dans certains villages que des visiteurs de l’espace.
En définitive, face à la réalité vécue par les populations les plus démunies, les choix ultimes dépendent des moyens accordés et des priorités, ont convenu les délégations. Quel est le choix naturel que peut opérer une jeune femme anémique et filiforme, mal nourrie et mère de plusieurs enfants, lorsqu’on lui annonce qu’une nouvelle grossesse pourrait mettre en péril sa vie, se sont-ils interrogés. Les questions relatives à la population ont des conséquences directes sur la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire. « Il n’est pas possible d’atteindre les Objectifs de développement du Millénaire si les objectifs du Programme d’action du Caire ne sont pas réalisés; il n’est pas possible de sortir de la pauvreté sans la liberté d’assurer la maîtrise de la reproduction » a déclaré la représentante de la Coalition internationale sur les droits reproductifs et sexuels.
En exposant que 924 millions de personnes, soit 32% de la population urbaine mondiale, vivait dans des bidonvilles en 2001, UN-HABITAT est venu directement illustrer le rapport de cause à effet entre la maîtrise de la population et la pauvreté. A elle seule, l’Afrique subsaharienne compte parmi sa population 72% d’habitants vivant dans des bidonvilles et le Sud de l’Asie centrale, 58%. D’ici à 2030, si le mouvement se poursuit, la population des bidonvilles devrait passer de 1 à 2 milliards, soit 41% de la population urbaine estimée. Dans ce contexte, les projections signifient que l’ensemble de la croissance de la population mondiale sur la période 2001-2030 se ferait dans les zones urbaines, ayant pour conséquence d’augmenter la pauvreté dans ces zones, pendant que la population des zones rurales resterait stable. Les conséquences en termes d’établissements humains, d’emploi et de services urbains pourraient entraîner une crise sans précédent.
La Commission a par ailleurs abordé la question des futurs travaux du Secrétariat dans le domaine de la population. Elle poursuivra ses travaux demain à partir de 11 heures.
Application du Programme d’action du Caire sur la population et le développement
Déclarations
M. Tomas M. Osias (Philippines) s’est associé à la déclaration faite par le Groupe des 77 et de la Chine. La population des Philippines s’élève à 76,5 millions, et elle connaît un accroissement de 2,36%. Les Philippines ont pris des initiatives pour défendre et faire connaître les droits sociaux ainsi que pour améliorer la qualité et les normes de fourniture des services et la collecte des données, tant au niveau national que local. Des efforts législatifs récents ont porté sur la violence contre les femmes et les enfants. La loi récemment adoptée impose des peines plus sévères et comprend des mesures pour venir en aide aux victimes. Une loi contre le viol, la création des tribunaux de la famille, et une loi sur la paternité, qui encourage les hommes à assumer la responsabilité de leurs comportements sexuels et reproductifs, participent également de cette politique. En mars 2004, un décret religieux, ou fatwah, a été édicté, rappelant une fois pour toutes que la santé en matière de procréation et la planification familiale ne sont pas contraires à l’Islam. Cela facilitera l’accès à ces services par les couples musulmans. M. Osias a souligné l’importance de la question des migrations.
M. RICHARD MUGA (Kenya) a réaffirmé la valeur du Programme d’action du Caire en tant que feuille de route pour l’amélioration des conditions de vie de tous les Kényens. Le Plan d’action kényen, a-t-il expliqué, a mis l’accent sur le bien-être des individus plutôt que sur les objectifs démographiques. Il s’est concentré sur la planification stratégique en vue du développement durable et sur l’élaboration de politiques à destination des enfants, des jeunes, des personnes âgées, des femmes. Le plan d’action, a-t-il poursuivi, a été mis en œuvre avec la participation de toutes les parties prenantes, y compris le secteur privé et la société civile. Il a indiqué que pour répondre à une situation sanitaire caractérisée notamment par un taux de prévalence du virus VIH/sida de 6,7%, en dépit des services de soins et de traitements déjà mis en place en adoptant une approche centrée sur les droits, davantage de ressources étaient nécessaires. L’éducation primaire est gratuite et tous les efforts sont faits pour encourager la scolarisation des fillettes. Le Gouvernement qui a décidé d’une Stratégie nationale de santé génésique, a lancé des programmes de planification familiale et engagé des campagnes de plaidoyer pour lutter contre les mariages précoces, a fait valoir le représentant. Le dernier recensement, qui a révélé une augmentation de la mortalité et l’inversion de la transition démographique, a mis à jour de nouveaux défis, a-t-il expliqué. Il a regretté que le Fonds des Nations Unies pour la population ait réduit de 50% les ressources du sixième programme pays, et ce alors que beaucoup reste à faire pour réaliser le Programme d’action du Caire, notamment en matière de santé maternelle et infantile, de santé génésique et sexuelle, de lutte contre la pauvreté, et de ressources humaines et financières.
Mme SUSANA RIVERO (Uruguay) s’est associée à la déclaration faite au nom du Groupe des 77 et de la Chine. L’Uruguay réitère son appui inconditionnel au Programme du Caire. Il a apporté son soutien à la Déclaration de Santiago adoptée par la Commission spéciale sur la population et le développement de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes. Des progrès récents ont été accomplis avec l’incorporation, dans les services de santé publique, de prestations gratuites de planification familiale. Au point de vue législatif, ont été adoptées des lois d’accompagnement de la grossesse, une loi de protection en matière de droit du travail pour assurer le contrôle gynécologique, une loi sur la violence domestique et sexuelle, et une loi sur la protection de la santé reproductive. D’autres mesures ont été adoptées pour la prévention et le traitement des maladies sexuellement transmissibles, en particulier le VIH/sida, qui affecte surtout la population jeune, féminine et pauvre. La représentante a déploré la diminution de l’appui financier à la région.
M. GUSTAVO AINCHIL (Argentine) a indiqué qu’à la suite de la crise intervenue fin 2001, la priorité du Gouvernement en matière sociale était la sécurité alimentaire et le développement socioéconomique au niveau local, en se concentrant sur la personne et la famille ainsi que sur les groupes vulnérables, personnes handicapées, autochtones, femmes rurales. Il a indiqué que lors de la réforme de la Constitution de 1994, les instruments juridiques relatifs aux droits de l’homme s’étaient vus octroyer le statut constitutionnel. Il a précisé que 49,4% des enfants scolarisés au niveau primaire étaient des fillettes, ce pourcentage étant de 53,2% au niveau secondaire. S’agissant de la santé génésique et sexuelle, il a indiqué que l’objectif poursuivi par le Gouvernement était l’accès universel à l’information et aux soins et qu’une attention particulière était accordée à la sensibilisation aux comportements sexuels responsables, en particulier des jeunes. Différentes lois ont été adoptées pour garantir leurs droits aux femmes, notamment à celles qui ont été victimes de violence, y compris de sévices sexuels, et d’une manière générale, améliorer leur participation politique, leur accès à l’emploi et leur représentation syndicale ainsi que les prestations sociales auxquelles elles ont droit. Le Gouvernement s’emploie également à répondre aux défis posés par l’épidémie de VIH/sida et les migrations internationales.
Mme SUE KELLY (Australie) a indiqué que le principal défi posé à son pays était le vieillissement de sa population, qui bénéficie d’un niveau de santé très élevé. Elle a toutefois précisé que la santé des populations autochtones, qui représente 2% de la population, est sensiblement moins bonne. Leur espérance de vie est en moyenne inférieure de 20 ans, la population est plus jeune, et le taux de fécondité est plus élevé. La mortalité infantile a décru rapidement mais elle reste plus élevée que la moyenne dans le pays. La politique sur les migrations est très importante, puisque près d’un quart des 19 millions d’habitants de l’Australie est née à l’étranger. Le Gouvernement australien a fixé à 100 000 environ le quota de l’immigration pour les quatre prochaines années. La représentante a rappelé que les Objectifs de développement du Millénaire ne contenaient pas de disposition spécifique sur la santé en matière de reproduction, mais que la mise en œuvre du Programme du Caire constituait un préalable à la réalisation de ces objectifs.
M. CESAR RODRIGUEZ RABANAL (Pérou) a passé en revue les mesures normatives et politiques prises par son Gouvernement pour mettre en œuvre le Programme d’action du Caire. Il a notamment indiqué que des actions avaient été lancées ou sont à l’étude pour renforcer la lutte contre la traite, le VIH/sida ainsi que pour promouvoir l’égalité des chances en matière de santé sexuelle et génésique. Il a également indiqué que des mesures avaient été prises pour répondre aux besoins des groupes vulnérables comme les femmes chefs de famille, les groupes les plus pauvres, les enfants, les mères adolescentes. Le Pérou, a-t-il dit, doit faire davantage pour traiter les disparités entre les zones rurales et urbaines, la pauvreté, la précarité et pour garantir la parité et la qualité et l’accès universel aux soins de santé, la formation des personnels sanitaires et sociaux, la planification familiale, et ce dans un contexte caractérisé par des ressources limitées.
M. WILLIAMS (Jamaïque) a déclaré que les objectifs du Programme du Caire avaient été intégrés dans les politiques nationales. En vue de parvenir à l’éducation pour tous, le Gouvernement a accru le budget de ce secteur. De nombreux efforts ont été accomplis pour centraliser les décisions en matière sociale et éducative, et pour intégrer à tous les niveaux de l’administration la préoccupation de l’égalité entre les sexes. Les services sociaux ont été réorganisés pour inclure les stratégies en matière de droits reproductifs. La politique de lutte contre le VIH/sida prend en compte les droits de la personne. Une difficulté majeure reste de satisfaire à la nécessité de donner aux adolescents l’accès aux services de santé en matière de procréation. La violence contre les femmes et les filles, mais aussi les garçons, reste au centre des préoccupations. Le représentant a souligné la faiblesse des ressources disponibles, notamment pour pallier les effets négatifs des catastrophes naturelles.
Mme VIRGINIA OFOSU-AMAAH (Ghana) a expliqué qu’en dépit des 3,4% de prévalence du VIH/sida dans son pays, la prise de conscience et les changements de comportements évoluaient très lentement. Le Gouvernement, a-t-elle dit, en collaboration avec la société civile, les organisations confessionnelles et le secteur privé, met donc l’accent sur l’information et l’éducation à des comportements responsables, notamment chez les adolescents. Un des objectifs des campagnes, a-t-elle précisé, est de lutter contre la discrimination et d’encourager le dépistage précoce, notamment des groupes cibles comme les travailleurs du sexe. Une attention particulière est accordée à l’amélioration des services de santé, reproductive et génésique notamment, dans les zones les plus pauvres ou enclavées. Grâce aux mesures prises dans le domaine de la santé maternelle pré et postnatale, notamment la gratuité des soins anténataux, et dans certaines régions des accouchements, les indicateurs de mortalité infantile et maternelle ont été améliorés. Le Ghana, a expliqué la représentante, est en cours de transition démographique et des mesures sont prises pour améliorer la planification, réduire le taux de croissance démographique et lutter contre la pauvreté. Concluant, elle a indiqué que les défis auxquels faisait face le Ghana étaient notamment la réduction de la mortalité infantile et maternelle et de la fécondité, la définition de stratégies prônant la prévention et les comportements sexuels responsables prenant en compte les caractéristiques culturelles, la lutte contre le VIH/sida, la prise en charges des victimes du virus et la gestion des conséquences démographiques de l’épidémie.
M. Ulrika CRONENBERG-MOSSBERG (Suède) a indiqué que des progrès notables avaient été réalisés en dix ans. La Suède consacre 0,7% de son PNB à l’Aide publique au développement, et elle entend porter ce chiffre à 1%. La Suède a mis la santé en matière de reproduction et la lutte contre le VIH/sida au premier rang de ses priorités, a-t-elle déclaré, soulignant la nécessité de répondre aux besoins des populations pauvres, en particulier des jeunes femmes. La politique de la Suède est principalement axée sur une perspective qui, fondée sur le respect des droits, est orientée vers les besoins des populations pauvres, afin d’identifier des moyens de lutter contre la pauvreté et de parvenir à la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire. La représentante a insisté sur le droit de chacun à prendre librement les décisions liées à sa propre vie, à son corps, à la reproduction et à la sexualité. Mme Cronenberg-Mossberg a rappelé que la lutte contre les mutilations sexuelles était menée dans son propre pays. Elle a rappelé que l’interdiction de l’avortement ne conduisait pas à une réduction des pratiques, mais ne faisait qu’accroître la mortalité liée à des pratiques dangereuses. Ce n’est que par l’information et la promotion de l’égalité et du respect dans les relations sexuelles que l’on peut agir à cet égard. L’action pour la promotion du statut des femmes ne peut se concentrer uniquement sur les femmes. En Suède, les hommes prennent de plus en plus souvent un congé de paternité.
M. AUGUSTINE P. MAHIGA (République-Unie de Tanzanie) a souligné la corrélation évidente existant entre la réalisation du Programme d’action du Caire et celle des Objectifs de développement du Millénaire. Il a expliqué que les insuffisances de son pays en matière de mise en œuvre du Programme découlaient des ressources limitées à disposition et de la diminution de l’aide apportée par les donateurs partenaires. Il a indiqué que le taux de prévalence du VIH/sida, déclaré catastrophe nationale en décembre 1999, était de 12% parmi la population des 15-49 ans et que par conséquent l’espérance de vie devrait, si des traitements antirétroviraux ne sont pas distribués aux malades, diminuer pour passer de 56 ans à 47 ans en 2010. Face à cette situation, le Gouvernement a lancé des campagnes de sensibilisation et a mis en place des services de santé génésique et des programmes de lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme. Le représentant de la République-Unie de Tanzanie a appelé les partenaires du développement à soutenir les initiatives de son Gouvernement en matière de prévention, de conseil, de fourniture de traitements antirétroviraux à des prix abordables, et de soutien aux orphelins du Sida. Elle a appelé les donateurs à augmenter leurs contributions au Fonds des Nations Unies pour la population pour lui permettre de respecter ses engagements à l’égard du Plan d’action du Caire.
M. Gonçalo de Santa Clara GOMES (Portugal) a déclaré que son pays avait accompli des progrès dans divers domaines, notamment concernant le vieillissement, la planification familiale, la santé reproductive, la maternité et la paternité. Un plan est mis en œuvre pour la protection de la famille, et pour lutter contre le VIH/sida. Le dépistage est encouragé et des soins prénataux sont mis à disposition. L’éducation sexuelle est développée. Une commission a été créée pour la promotion de l’égalité des sexes, notamment des chances. Le Portugal maintient une politique et une approche constructives à l’égard des migrations et lutte contre le trafic des personnes. La législation prévoit le libre accès des migrants aux services de santé, y compris ceux de santé reproductive. Le Portugal contribuera à hauteur de 1 million de dollars au Fonds mondial contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme.
Déclaration liminaire de l’ancien Chef du bureau du quotidien The New York Times auprès de l’ONU, sur « Le Consensus du Caire a-t-il perdu son élan: Le point de vue d’une journaliste »
Mme Barbara CrosSette, journaliste, ancienne Chef du Bureau du New York Times à l’ONU, a précisé qu’elle n’était pas un expert sur la question de la population et qu’elle présentait son point de vue personnel. Elle a rappelé que la Conférence du Caire avait présenté un théâtre de négociations ardu, mais qu’une révolution avait eu lieu, en mettant fin à l’idée que l’établissement de cibles chiffrées pouvait permettre de réduire la croissance de la population. Au contraire, il a été reconnu que les femmes étaient au centre de la question, et ce fait ne saurait être surévalué. Selon la Banque mondiale, l’octroi d’une seule année supplémentaire d’éducation aux femmes a des conséquences extrêmement importantes: une croissance du PNB par habitant de 700 dollars par an, une réduction du travail des enfants, et une croissance de 4,3% de la proportion de filles bénéficiant de l’éducation secondaire. L’utilisation des contraceptifs s’accroît de 4,5%, et hommes et femmes vivent un an de plus.
L’ONU a souvent été critiquée pour avoir tendance à convoquer un trop grand nombre de conférences, mais il faut souligner l’importance de définir des objectifs. L’anniversaire de la Conférence du Caire, qui sera l’occasion de dresser un bilan, risque d’attirer des opinions contrastées. Une association paradoxale des pays conservateurs du Moyen-Orient, des Etats-Unis et du Vatican, partira à l’assaut des politiques du Programme en vue d’atténuer le vocabulaire employé, et la portée des dispositions. Certains craignent que des efforts ne soient menés pour faire reculer les acquis du Caire. Mais l’espoir n’est pas perdu, et de nombreuses voix s’élèvent pour montrer l’actualité de ces objectifs. Il existe de nombreux exemples des bénéfices de la promotion des droits des femmes.
Dans un monde interconnecté, les femmes du monde entier peuvent s’informer et savoir ce qui se passe ailleurs. Il n’est plus nécessaire d’être riche pour avoir accès à cette information. Les préoccupations des femmes ne sont pas hypothétiques. L’UNICEF rapporte que 34% des filles entre 15 et 19 ans déclaraient que leur première expérience sexuelle était le résultat de manœuvres, d’un viol ou d’une persuasion. Dans de nombreux pays, les femmes estiment que leur mari a le droit de les battre.
Les politiques gouvernementales ne sont pas forcément le facteur principal dans la réduction de la fécondité. Les femmes ont besoin d’aide directe. 100 millions de dollars sont nécessaires pour envoyer des préservatifs et d’autres contraceptifs dans le monde en développement, et les promesses du Caire connaissent un déficit de l’ordre de 3 milliards de dollars.
Il existe une voie médiane entre les deux extrêmes, des mouvements conservateurs et des réformateurs. Dans un grand nombre de villages pauvres dans le monde, les promoteurs de l’égalité sexuelle seraient certainement considérés comme aussi pertinents que des visiteurs de l’espace. Les mentalités peuvent évoluer. Par exemple, les gouvernements de pays africains, de l’Egypte à l’Ouganda et au Sénégal, ont réussi à transformer les mutilations génitales, d’une tradition acceptée, à une pratique inacceptable. Il en est de même pour le trafic des femmes et la prostitution.
La prochaine étape consistera à examiner la question du statut des femmes dans le cadre des politiques nationales et internationales en matière de sécurité. Une transition démographique pourrait effectivement réduire la violence et les conflits civils. Mais cela n’est possible que si l’on donne aux femmes les moyens de dire non et si on leur permet de faire des choix.
Débat interactif
Répondant aux observations des représentants sur l’évolution de la couverture médiatique des questions de population, Mme Barbara Crossette a expliqué que la multiplication des acteurs parties prenantes aux négociations, notamment l’émergence de nouveaux acteurs comme les organisations non gouvernementales, a permis aux journalistes de diversifier la couverture des questions démographiques pour ne plus seulement reporter l’état des négociations diplomatiques.
Elle a par ailleurs appelé les Etats Membres à ne pas être absolutiste en matière de spécificités culturelles et d’admettre que l’application des documents internationaux se fait par le biais d’un processus de négociations au niveau national permettant de dégager un compromis acceptable dans le contexte particulier de la culture et de l’identité nationales. Chaque pays doit décider lui-même de ses priorités et des modalités de mise en œuvre des programmes d’action, y compris pour ce qui est de la participation des organisations non gouvernementales, a déclaré Mme Crossette. Elle a noté qu’à l’heure du bilan décennal, il convenait de prendre en compte l’évolution du mandat et de son interprétation compte tenu des évolutions démographiques intervenues comme l’épidémie de VIH/sida.
Reconnaissant que le Programme du Caire a initié l’adoption d’une approche holistique des questions de population, le représentant de l’Inde a mis en garde contre le risque de trop centrer les programmes d’action nationaux sur les droits aux dépens des contraintes liées au contexte particulier dans lequel les mesures pratiques devront être mises en œuvre. La représentante de l’Ouganda a souligné que si la dynamique du Caire « battait de l’aile », cela s’expliquait en grande partie par le manque de ressources, ajoutant que les contraintes financières mettaient en péril la transposition des dispositions des instruments internationaux au niveau national.
Les représentants ont insisté sur l’importance du rôle des médias dans l’évolution de la société, et notamment en matière de sensibilisation aux problématiques de santé sexuelle et génésique comme par exemple les risques encourus par les femmes lors des avortements effectués dans des conditions déplorables. Tout en reconnaissant la responsabilité des médias en la matière, Mme Crossette a appelé les Etats Membres à garder un sens de la réalité et à ne pas être intransigeant. Citant l’exemple d’une femme émaciée mise en danger par une grossesse dans une région où il est impossible de subir un avortement dans les conditions optimales, elle a insisté sur la prise en compte de la disparité des vécus à l’intérieur d’une société et entre les différents pays.
Reconnaissant que la couverture des Nations Unies se limite souvent aux seules activités du Conseil de sécurité alors que les Nations Unies traitent d’un vaste ensemble de sujets touchant directement la vie des gens, elle s’est dit consciente que le niveau de compétences et de connaissances sur les sujets qui font l’actualité, comme par exemple sur les taliban en Afghanistan, est souvent ignoré par les journalistes et les décideurs. S’agissant de la couverture, le représentant du Kenya a souligné que les médias ne couvraient pas suffisamment les progrès sociaux et autres dans les pays comme le sien, se bornant au « sensationnel » et contribuant à faire perdurer les stéréotypes voire les problèmes eux-mêmes par manque d’honnêteté et de mise en perspective. « Une information à propos d’une mutilation génitale aura le haut du pavé alors que l’augmentation de la scolarisation des fillettes n’est pas couverte, a-t-il déploré. Mme Crossette a insisté sur l’importance des médias à l’échelon local, notamment de la radio et de la télévision qui peuvent toucher les populations illettrées ou qui ne lisent pas les journaux, dans l’évolution de la société. Ce faisant, elle a regretté que la couverture des informations soit effectivement dépendante de leur caractère événementiel.
Poursuite des déclarations
M. TALADRID (Cuba) a déclaré que le modèle de développement de son pays conjuguait les caractéristiques économiques et sociales de la société. Des mesures législatives ont été prises en faveur des femmes, des personnes âgées, des jeunes notamment, a-t-il souligné. Les indicateurs sociaux ont progressé de manière sensible grâce à la planification familiale et la promotion de la santé sexuelle et génésique. Le taux de fécondité est de 1,5%, 15% de la population a plus de 60 ans et à terme Cuba comptera parmi les pays dont la population sera la plus vieille. L’éducation représente une part significative du budget de l’Etat et en ce domaine, l’accent est mis sur l’accès universel à l’éducation, en particulier des fillettes. Le représentant a rappelé que son pays disposait de très peu de ressources naturelles et était depuis de longues années victime d’un blocus compromettant le développement. En sus des ressources financières nationales, Cuba a engagé de nombreux partenariats et programmes de coopération technique en matière d’éducation et de santé.
M. PRASANNA K. KOTA (Inde) a indiqué que pour la première fois en quarante ans le taux de croissance de la population était en dessous de la barre des 2% au-dessus de laquelle il se situait entre 1961 et 1991. Dans de nombreux Etats du Sud de l’Inde, a-t-il précisé, le taux de croissance a atteint le niveau de renouvellement qui assurera une croissance nulle de la population indienne. Dans les Etats du Nord, a-t-il ajouté, ce phénomène prendra encore plusieurs décennies. La différence des indicateurs entre les différentes régions étant identique en matière de mortalité, et en particulier de mortalité infantile. Ces dix dernières années, a-t-il souligné, l’Inde a fait des progrès significatifs dans l’application du Plan d’action du Caire. Elle a engagé, au niveau régional, des programmes de santé génésique centrés sur les besoins de la population. L’objectif de la politique nationale en matière de population est la stabilisation tout en garantissant le libre choix des citoyens en matière de reproduction, notamment grâce à des programmes de sensibilisation. Le Gouvernement a initié, avec la coopération de la société civile et des partenaires privés et locaux, un programme global de santé de l’enfant. L’interdiction d’utiliser des technologies médicales à mauvais escient est inscrite dans la loi, de même que l’égalité entre les sexes. Le système politique indien, a déclaré le représentant, compte un million de femmes élues à tous les niveaux de représentation. Le Gouvernement s’emploie à intégrer les problématiques liées à l’évolution démographique dans la stratégie de développement et met notamment l’accent sur l’alphabétisation, l’enseignement, la santé des jeunes et la prise en charge des besoins des personnes âgées. Reconnaissant la pertinence du Programme d’action, le représentant a affirmé que l’Inde estimait que sa mise en œuvre devait être assortie d’objectifs à court et à moyen termes et s’adapter aux priorités définies par les besoins de sa population. Il est nécessaire d’identifier les domaines prioritaires, notamment le secteur de la santé, qui doivent faire l’objet d’un financement immédiat comme de prendre en compte les disparités des besoins selon les régions et les caractéristiques culturelles ou encore d’étudier les capacités de financement aux niveaux national et international et les besoins en ressources humaines.
M. SOLORZANO (Nicaragua), a déclaré que son pays avait enregistré des progrès mais devait encore faire face à de graves problèmes -notamment la pauvreté et les migrations. La population de moins de 15 ans est passée de 48% en 1950 à 43% en 2000. Le taux de croissance annuel s’élève à 2,6%, mais elle n’affecte pas de manière égale tous les groupes sociaux: la fécondité des femmes en milieu urbain est de 2,6 enfants alors qu’elle est de 4,4 enfants en milieu rural. Un plan national de développement a été mis en place couvrant la dynamique démographique, les migrations, la santé sexuelle et reproductive, et l’éducation. Le Nicaragua a connu des déplacements importants de sa population, à l’intérieur du territoire en raison de l’exode rural, et à l’extérieur, en particulier vers les Etats-Unis. Il est important d’éliminer les facteurs négatifs dus à l’exode des forces vives du pays.
M. John Jackson (Irlande), s’est associé à la déclaration faite au nom de l’Union européenne. L’Irlande a connu une croissance continue de l’économie et de l’emploi. Un des facteurs déterminants a été une augmentation de 3% de la force de travail, due à la croissance naturelle de la population, à l’immigration et à la participation accrue des femmes. Des modifications importantes ont eu lieu dans les schémas familiaux, puisqu’un tiers des naissances a maintenant lieu en dehors du mariage. Le taux de fécondité, bien qu’un des plus hauts d’Europe, est en deçà du taux de renouvellement. Le taux de mortalité continue à poser problème. L’Irlande a substantiellement accru son aide publique au développement, avec l’objectif d’y consacrer 0,7% de son PNB en 2007. En 2004, l’Irlande contribuera au FNUAP à hauteur de 2,6 millions d’euros.
Mme PATRICIA C. KONDOLO (Zambie) a indiqué que le fait que 44% de la population de son pays soit regroupée dans des zones urbaines posait d’importants défis en matière de soins de santé, d’approvisionnement en eau, d’emploi, de fourniture d’énergie. Toutefois, a–t-elle précisé, le Gouvernement a également la responsabilité de répondre aux besoins similaires des populations rurales. Le taux de mortalité inacceptablement haut s’explique par différents facteurs ayant comme dénominateur commun la pauvreté. La Zambie, a-t-elle déclaré, compte sur la communauté internationale pour soutenir et compléter les efforts entrepris en matière de santé, notamment en matière de santé génésique et de lutte contre le VIH/sida. L’épidémie de VIH/sida a entraîné une crise humanitaire en Afrique australe et inversé les indicateurs de développement socioéconomique. L’espérance de vie a chuté et la baisse du taux d’activité de la population en âge de travailler pèse significativement sur la croissance économique et la productivité. La féminisation de la pauvreté a accru la vulnérabilité des femmes et rend encore plus aiguë la mise en œuvre de programmes de prévention et de soutien.
M. Rimantas Sadzius (Lituanie) s’est associé à la déclaration de l’Union européenne. L’appui de la Lituanie au Programme du Caire est reflété dans un certain nombre de textes législatifs sur la population, le vieillissement, le développement durable, la stratégie de réduction de la pauvreté, l’égalité des chances pour tous. Les problèmes démographiques les plus graves sont le vieillissement. En 2030, la population aura décru de 9%. La proportion des enfants de moins de 14 ans n’est que de 18%. La fécondité n’est plus liée au mariage: en dix ans le nombre d’enfants nés en dehors du mariage a doublé. Un programme de promotion de la santé en matière de reproduction est mis en place. La Lituanie accorde une grande importance à l’activité de la population active, y compris la population plus âgée, et a pris notamment des mesures incitatives à l’emploi au-delà de l’âge de la retraite.
M. Fatimah Saad (Malaisie), a indiqué que la promotion du développement durable avait toujours fait partie intégrante de la planification du développement socioéconomique de son pays. La Malaisie a déjà réussi à atteindre six des huit Objectifs de développement du Millénaire. Elle est notamment parvenue à réduire le taux de pauvreté de 17,1% en 1990 à 5,1% en 2002; ce chiffre devrant atteindre 0,5% en 2005. Les femmes ont accompli de grands progrès ces trente dernières années. Le ratio de mortalité maternelle est d’environ 20 pour 100 000, et l’espérance de vie des femmes a augmenté pour atteindre 75 ans, contre 70 ans pour les hommes. L’éducation primaire est presque universelle, et le taux d’alphabétisation approche 93,9% pour les filles de plus de 10 ans et les femmes. La participation des femmes à la population active a augmenté, passant de 41,9% en 1991 à 46,7% en 2002. La sensibilisation au VIH/sida et à la santé reproductive de l’adolescent a été intégrée aux programmes d’éducation. La Malaisie a pris des mesures de lutte contre le VIH/sida, notamment par le dépistage gratuit, et pour aider les mères atteintes par la maladie à donner naissance à des enfants sains.
M. HAUG (Suisse) a insisté sur les méthodes de travail de la Commission et notamment sur le suivi de l’application du Programme d’action. La délégation de la Suisse estime que les activités intersessions pourraient être renforcées si le Bureau se réunissait à deux reprises entre deux sessions. Il est de l’avis que la légitimité du Bureau serait plus grande si son élection intervenait en fin de session, lui permettant de travailler activement au suivi des questions institutionnelles en prévision de la prochaine session. S’agissant du programme multiannuel de travail, il serait bon, a-t-il poursuivi, d’opérer un regroupement thématique. Alors que la Commission doit continuer à être un forum où les experts démographes échangent leurs points de vue, elle devrait élargir le cercle de compétence au domaine du développement pour s’adapter à son nouveau mandat et profiter des avantages comparatifs de chacun. S’agissant du mandat, la Suisse qui reconnaît la complémentarité des deux, mandats scientifique et de suivi, estime que la Commission et la Division de la population devraient organiser leur travail selon deux vecteurs, l’un étant le travail d’analyse, de recherche et d’échange d’informations, l’autre étant le processus de suivi mené sous l’égide du Fonds des Nations Unies pour la population. Cette organisation devrait bénéficier à l’ECOSOC et assurer une meilleure visibilité de la Commission de la population et du développement.
M. SANDOVAL BERNAL (Colombie) a déclaré que son pays avait obtenu des succès importants dans la maîtrise de la croissance de sa population. Il a par ailleurs fait valoir que le taux de fréquentation des écoles est passé de 83,2% à 86,3%. Le chômage a diminué et la participation des femmes a cru de façon notable. La Colombie est convaincue qu’il existe un lien entre la situation en matière de santé reproductive et la pauvreté. Elle a mis en place un cadre éthique des droits, qui vise à préserver la continuité des politiques en la matière. Concernant les migrations internationales, la Colombie a toujours considéré que ce phénomène était positif. La protection des droits des migrants et des mesures destinées à faciliter leur intégration fait partie des actions que notre société devrait bientôt promouvoir.
M. HUSSEIN SABBAGH (République arabe syrienne) a passé en revue les lois qu’a adoptées son pays pour promouvoir les droits des femmes et des petites filles, ceux des enfants, des personnes âgées. La population est relativement jeune et le pourcentage relativement élevé des adolescents pose de nombreux défis. Des progrès en matière de scolarisation ont pu être réalisés, de même que dans les services de santé. Le Gouvernement a initié la planification familiale et a accordé une attention particulière à l’hygiène et aux comportements sains. Il s’emploie à renforcer sa contribution au secteur de la santé afin d’assurer la mise en œuvre du Programme d’action du Caire.
Mme Sonia Elliott, Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) a rappelé que le VIH/sida touchait près de 40 millions de personnes, fait près de 20 millions de victimes, et réduit l’espérance de vie dans plusieurs pays. Elle a fait part des initiatives dans l’établissement de partenariats, de renforcement des capacités et de mobilisation des ressources. Elle a rappelé qu’une coalition mondiale sur les femmes et le sida avait été lancée en février dernier. La coalition rassemble des activistes, des représentants des gouvernements et des travailleurs communautaires. Par ailleurs, une coopération a été instaurée avec la Banque mondiale et le Fonds mondial pour la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Cette coopération permet d’optimiser la distribution des rôles et d’améliorer l’efficacité des ressources au niveau national. Elle comprend: un cadre unique d’action sur le VIH/sida, une autorité nationale sur le sida, et un système national d’évaluation et de suivi. Mme Elliott s’est félicitée de la décision de la Commission de se concentrer sur le thème « Population, développement et VIH/sida, centré sur le thème de la pauvreté ». 2005 constitue l’échéance des objectifs principaux de la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida, et l’Assemblée générale tiendra une conférence de haut niveau pour en assurer le suivi. Le Sommet de suivi du Millénaire aura également lieu en septembre 2005, a-t-elle rappelé.
Exécution du programme et futur programme de travail du Secrétariat dans le domaine de la population
Déclarations
M. WAY (Etats-Unis) a salué la qualité et la quantité du travail d’analyse des tendances démographiques et de suivi de la mise en œuvre du Programme d’action du Caire au cours de l’année 2003. La compréhension et la connaissance des concepts liés à la population, des tendances démographiques et des succès des politiques en matière de population doit beaucoup au travail de la Division de la population, a-t-il poursuivi. Il a particulièrement félicité la Division pour la publication du Rapport mondial sur la fécondité 2003, pour la réalisation de la base de données sur l’utilisation des contraceptifs à travers le monde, et l’organisation du Séminaire sur le VIH/sida et la mortalité des adultes dans les pays en développement. Les projections démographiques faites par la Division, et notamment la publication des Révisions 2002 et du Rapport sur l’impact du sida, confirment le caractère de chef de file de celle-ci dans le domaine de l’analyse démographique. Il s’est félicité de la poursuite du développement de bases de données mondiales, de la publication de CD-ROM et de l’enrichissement du contenu du site de la Division.
Mme XIAOMEI RU (Chine) a rendu hommage aux observations formulées dans le rapport sur le VIH/sida. Cette maladie représente un fléau d’une vaste ampleur. La Conférence interparlementaire de 2002 sur l’intégration des activités relatives au VIH/sida et en matière de santé génésique a été très importante. Il est urgent d’intégrer les services de santé et les services de planification familiale. Trop souvent, les adolescents et les jeunes de 16 à 24 ans sont dépourvus de tout accès à l’information en matière de reproduction. Trop de femmes meurent encore à l’accouchement du fait du VIH/sida, et restent des victimes ignorées. La Chine et l’Inde constituent à elles seules le tiers de la population mondiale, a-t-elle noté, et il est essentiel qu’elles accomplissent tous les efforts possibles à cet égard.
Mme AXUMITE GEBRE-EGZIABHER, Fonds des Nations Unies pour les établissements humains, (UN-HABITAT) a centré son intervention sur l’urbanisation et la paupérisation urbaine. Selon le Rapport global UN-HABITAT 2003, 924 millions de personnes soit 32% de la population urbaine mondiale vivait dans des bidonvilles en 2001 et ce chiffre s’élève à 43% si l’on compte seulement la population de l’ensemble des pays en développement, et à 78% si l’on ne compte que celle des pays les moins avancés. L’Asie prise dans son ensemble comptait en 2001 quelques 550 millions d’habitants vivant dans des bidonvilles, le chiffre le plus élevé au monde représentant 60% de la population mondiale vivant dans des bidonvilles. L’Afrique compte 187 millions d’habitants vivant dans des bidonvilles soit 20% du total, l’Amérique latine et les Caraïbes en comptent 128 millions soit 14% du total et l’Europe en compte 54 millions soit 6% du total. A elle seule, a-t-elle poursuivi, l’Afrique subsaharienne compte parmi sa population 72% d’habitants vivant dans des bidonvilles et le Sud de l’Asie centrale, 58%, les chiffres étant compris entre 6 et 36% pour les autres régions.
D’ici à 2030, toutes choses égales par ailleurs la population des bidonvilles devrait augmenter d’un milliard pour atteindre les 2 milliards, soit 41% de la population urbaine estimée. La population urbaine mondiale devrait augmenter pour passer de 48% de la population mondiale en 2001 à 60% en 2030. Cela signifie que chaque année, la population urbaine mondiale augmentera de 70 millions ce qui correspond à sept nouvelles mégalopoles de 10 millions d’habitants. Dans ce contexte, a-t-elle précisé, les projections signifient que l’ensemble de la croissance de la population mondiale sur la période 2001-2030 se ferait dans les zones urbaines, ayant pour conséquence d’augmenter la pauvreté dans ces zones, pendant que la population des zones rurales resterait stable. Les conséquences en termes d’établissements humains, d’emploi et de services urbains pourraient entraîner une crise sans précédent. Pour éviter cette crise, il convient dans un premier temps d’améliorer les bidonvilles existants et de prévenir leur création. Au niveau national, il est nécessaire de procéder à une décentralisation urbaine stratégique pour assurer le développement égal des migrations entre les zones rurales et les zones urbaines ce qui sera plus acceptable et plus efficace que de contrôler les migrations elles-mêmes.
M. NEBENZIA (Russie) a remercié le Secrétariat pour la documentation fournie; notamment pour les résumés établis dans toutes les langues. Le représentant a souhaité que le rapport principal préparé par le Secrétariat soit plus volumineux. Les renseignements qu’il contient sont très intéressants, a-t-il précisé. Nous savons que le Secrétaire a préconisé la limite des rapports à 16 pages, a-t-il déclaré, mais cette disposition ne doit pas se faire au détriment de la qualité. Il a demandé à ce que cette demande soit prise en compte.
M. JERROLD W. HUGUET, Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) a précisé que les Etats membres de la CESAP représentaient 3,9 milliards de personnes soit 62% de la population mondiale. Le taux de fécondité de l’ensemble de la région a diminué entre 1980 et 2000, passant de 3,8 enfants par femme à 2,6. Par conséquent, la croissance moyenne de la population est passée de 1,9% à 1,2%. Selon les estimations de l’ONU, le taux de renouvellement devrait être atteint dans les seize prochaines années et la croissante de la population devrait atteindre 1,0% en 2010. A l’heure actuelle, la population urbaine représente 41% de la population totale de la région Asie–Pacifique mais 80% de la croissance de la population prévue entre 2000 et 2010 devrait avoir lieu dans les zones urbaines. M. Huguet a insisté sur l’importance que prennent les migrations internationales pour le développement économique et social dans la région, notamment en terme d’emploi. En 2000, on a dénombré 2,4 millions de travailleurs migrants partant de la région et 5 millions de travailleurs étrangers employés, dont 2 millions à titre illicite. La CESAP, a-t-il poursuivi, fournit des services d’assistance technique, de formation, de recherche et de diffusion des connaissances. Ces quatre prochaines années, elle s’emploiera avec la collaboration du Fonds des Nations Unies pour la population à répondre aux besoins émergents de la région Asie–Pacifique, et ce conformément au Programme d’action du Caire.
M. VILLA, Centre de démographie d'Amérique latine et des Caraïbes, a résumé ses activités pour 2003. Une activité de suivi du Programme d’action du Caire a été assurée, en collaboration avec le FNUAP. Une conférence intergouvernementale régionale a eu lieu sur le thème du vieillissement en novembre 2003. Une Conférence a été convoquée sur le trafic des êtres humains, dans le cadre des activités relatives aux migrations. Le représentant a mentionné la diffusion des données relatives à la population, et la démocratisation de ces données, accessibles sur Internet. Le CELADE a également assuré une formation à la question population et le développement, et poursuivi des études sur les relations entre les dynamiques démographiques et le développement.
Mme CARMEN BARROSO, Fédération internationale de la planification familiale (IPPF), a appelé la Commission à réaffirmer son engagement envers les objectifs du Programme d’action du Caire en matière d’accès universel aux services de santé génésique et de promouvoir l’accès des jeunes à l’information, à l’éducation et aux services de santé. Elle l’a également invitée à prendre toutes les mesures possibles pour réduire la mortalité maternelle, et en particulier à réduire le taux des avortements effectués dans des conditions dangereuses. Elle a souligné l’importance du Programme d’action du Caire pour la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire.
La Fédération, a–t-elle déclaré, est particulièrement concernée par le fossé grandissant entre la demande de contraceptifs et leur disponibilité, en particulier dans les pays en développement. Elle s’est dite alarmée par la rétraction des donateurs principaux en matière de fourniture de biens de première nécessité. Les familles ne peuvent pas échapper à la pauvreté avant de contrôler leur reproduction, a-t-elle affirmé en soulignant que les dirigeants mondiaux ne devaient pas revenir sur les objectifs du Plan d’action du Caire.
M. JOHN CASTERLINE, Union internationale d’études scientifiques sur la population, (UIESP) a rappelé que la Conférence de Rome née de la collaboration de l’UIESP avec les Nations Unies avait précédé celle du Caire. Il a évoqué les séminaires qu’organise l’UIESP sur tous les thèmes relevant de la population, et a particulièrement insisté sur le récent séminaire organisé à Mexico sur les liens entre la croissance démographique et la pauvreté. L’UIESP prévoit d’organiser en 2005 la 25ème conférence internationale sur la population ou Conférence générale de l’IUESP. Ce sera l’occasion d’examiner les tendances et les enjeux des dynamiques démographiques mondiales.
Mme Elizabeth Maguire (IPAS) a rappelé que le Programme du Caire proclamait que lorsque l’avortement n’était pas interdit, il devait être sans danger. Or trop souvent le recours à des officines conduit au décès de milliers de femmes et les séquelles sont ressenties par un grand nombre. L’Organisation mondiale de la santé a estimé que plus de 19 millions d’avortements dangereux sont pratiqués chaque année, conduisant au décès de 68 000 femmes. Récemment, le Conseil de la Paix, une association de dignitaires religieux musulmans, juifs, protestants, catholiques, hindous et bouddhistes a demandé la décriminalisation de l’avortement. Dans dix ans, les décideurs continueront-ils à être hésitants avant de parler de l’avortement? Les femmes continueront-elles de rencontrer d’énormes obstacles à l’accès à l’avortement? et des femmes mourront-elles encore de ce fait?
Liste des orateurs
Ont participé au débat les représentants des pays suivants: Philippines; Kenya, Uruguay, Argentine, Australie, Pérou, Jamaïque, Ghana, Suède, République-Unie de Tanzanie, Portugal, Cuba, Inde, Nicaragua, Irlande, Zambie, Lituanie, Malaisie, Suisse, Colombie, République arabe syrienne, Etats-Unis, Chine, Fédération de Russie.
Mme Barbara Crossette, ancienne Chef du Bureau du New York Times à l’ONU, a fait une intervention et participé à un débat interactif.
Les représentants des organismes et organisations suivants ont également pris la parole: Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), Fonds des Nations Unies pour les établissements humains (UN-HABITAT), Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), Centre de démographie d’Amérique latine et les Caraïbes (CELADE), Fédération internationale de la planification familiale (IPPF), Union internationale d’études scientifiques sur la population (UIESP) et IPAS.
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