REALISATION DU PROGRAMME D’ACTION DU CAIRE: DES PROGRES CERTAINS MAIS INEGAUX ET INSUFFISANCE DES FINANCEMENTS
Communiqué de presse POP/893 |
Commission de la population
et du développement
1ère et 2ème séances – matin & après-midi
REALISATION DU PROGRAMME D’ACTION DU CAIRE:
DES PROGRES CERTAINS MAIS INEGAUX ET INSUFFISANCE DES FINANCEMENTS
La Commission de la population et du développement
ouvre les travaux de sa trente-septième session
La Commission de la population et du développement a entamé aujourd’hui ses travaux en vue d’examiner les progrès accomplis dans la mise en œuvre des objectifs établis à la Conférence du Caire de 1994 sur la population et le développement.
Dans l’ensemble, des progrès ont été relevés, mais l’insuffisance des ressources a été déplorée par la plupart des intervenants. Le soutien au Programme d’action a été largement renouvelé. Les thèmes abordés sont parmi les préoccupations les plus fondamentales de la vie humaine, a affirmé le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. José Antonio Ocampo. Les décisions prises ont une influence sur l’évolution économique et environnementale, et déterminent le bien-être de chacun. Le Programme d’action reconnaît une série de principes qui placent la personne humaine au centre de ses objectifs. L’importance fondamentale des questions traitées a été unanimement reconnue et des tendances générales ont été soulignées. Ainsi, le taux de fécondité est partout orienté à la baisse. Mais, la croissance de la population reste une donnée acquise, la population mondiale ayant atteint les 6,4 milliards. Les projections montrent qu’à cette cadence, la population mondiale devrait atteindre les 9 milliards en 2050, a indiqué M. Joseph Chamie, Directeur de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales (DESA), même si la croissance annuelle devrait être plus lente.
Les régions peu développées connaissent un accroissement plus rapide que les régions développées et le taux de croissance démographique des pays les moins avancés reste élevé. Parmi les progrès réalisés, il a été noté que l’espérance de vie atteint plus de 70 ans dans plus de 100 pays, que les taux de scolarisation augmentent et que les services de santé, notamment en matière de procréation, tendent à se développer. Une petite fille a aujourd’hui plus de possibilité qu’il y a dix ans, a déclaré Mme Thoraya Obaid, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population. Un trait saillant de l’évolution depuis 1994 est l’évolution des mentalités ces dix dernières années. Il est devenu plus facile de se procurer des contraceptifs; la tolérance à l’égard des violences contre les filles, notamment des sévices sexuels, est bien moindre, et la question de la sexualité des adolescents n’est plus taboue, a déclaré Mme Obaid, insistant sur le fait que la réalisation du Programme du Caire avait besoin de tous: jeunes, hommes, femmes, et chefs religieux soucieux de sauver des vies.
Mais il a été aussi rappelé que la situation demeure précaire dans de nombreux domaines et plusieurs régions. 90% de la croissance de la population concerne les pays en développement. M. Chowdhury, Haut représentant pour les pays les moins avancés, a souligné que d’ici à 2015, une croissance de près de 200 millions de personnes rendra presque impossible dans ces pays la réalisation des Objectifs du Millénaire. C’est notamment dans ces pays que l’accès aux services de santé est le plus difficile, maintenant des taux de mortalité maternelle anormalement élevés. Les ravages causés par le VIH/sida apparaissent comme un élément central de toute politique en matière de population, si l’on considère que dans certains pays, parmi les moins avancés, l’espérance de vie recule, pour atteindre une moyenne de 49,6 ans. Prenant la parole au nom de l’Union européenne, M. Mooney, représentant de l’Irlande, a déploré la féminisation du sida et plaidé pour que l’on prenne en compte le rôle que peuvent jouer hommes et garçons dans la lutte contre ce fléau, parallèlement à l’autonomisation des femmes. Dans les pays développés, notamment en Europe, c’est au contraire le vieillissement qui posera bientôt problème, a-t-il dit, et les politiques de migration reçoivent finalement la considération qu’elles méritent.
Il reste que sans financement adéquat, les objectifs ne seront pas atteints dans le calendrier fixé. Les financements se sont accrus en 2003, mais l’objectif de la Conférence qui consistait à réunir 17 milliards de dollars à l’horizon 2000 n’a pas été atteint. Pour atteindre l’objectif de 18,5 milliards de dollars fixé pour 2005, la communauté internationale devra consacrer une part plus importante de l’aide publique au développement aux objectifs du Programme du Caire.
En début de séance, la Commission a procédé à l’élection de son Président, M. Alfredo Chuquihuara (Pérou). Dans son allocution d’ouverture, le Président a souligné que la Conférence avait posé des objectifs fondamentaux dans la maîtrise de la croissance de la population, reconnaissant les liens entre cette dernière et les conditions économiques, dans le respect des droits fondamentaux de la personne, et prenant en compte l’importance de la santé ainsi que le rôle primordial des femmes. Surtout, a déclaré M. Chuquihuara, le Programme d’action adopté au Caire proclame le droit au développement. Comme il a été démontré lors des dernières conférences en la matière, le Programme d’action demeure à l’ordre du jour pour la majorité des pays en développement.
La Commission a par ailleurs procédé à l’élection de son Bureau. Les trois postes de Vice-Président sont occupés par M. Gediminas Serksnys (Lituanie), Mme Kitty van der Heijden (Pays-Bas) et M. Khondker Mohammad Talha (Bangladesh). M. Mohammed El-Farnawany (Egypte) a été nommé Vice-Président Rapporteur. Elle a également adopté son ordre du jour provisoire*.
Ouverture de la Commission de la population et du développement: suite donnée à la Conférence du Caire
Documentation
Examen et évaluation des progrès accomplis dans la réalisation des buts et objectifs du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (E/CN.9/2004/3)
Ce rapport du Secrétaire général expose les travaux accomplis depuis 1999 en vue de la mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement, aussi connu sous le nom de Programme d’action du Caire, adopté en 1994. C’est la Commission de la population qui a été chargée, par l’Assemblée générale, d’assurer le suivi de l’examen et de l’évaluation de la mise en œuvre de ce Programme d’action, le rapport précédent datant de 1999.
Il ressort globalement que des progrès notables ont été accomplis dans la décennie qui a suivi l’adoption du Programme d’action, mais qu’il existe encore de grandes disparités entre pays, et de nombreuses lacunes et carences, notamment dans la lutte contre le fléau du VIH/sida.
Le rapport montre que la croissance démographique n’est plus aussi rapide que par le passé. La planète compte 6,4 milliards d’habitants en 2004 et le taux d’accroissement moyen annuel atteint 1,3%, soit une nette diminution par rapport à la période comprise entre 1975 et 1990 où il était de 1,7%. Cette diminution s’explique notamment par une baisse quasi universelle de la fécondité dans les années 1990 -3 enfants par femme en 1990-1995 à environ 2,7 enfants aujourd’hui. La population mondiale devrait atteindre 7,2 milliards de personnes en 2015, mais il faut noter que 95% de l’accroissement se produit dans les régions les moins développées. L’espérance de vie globale est passée de 64 à 66 ans, mais elle demeure inférieure à 50 ans dans 36 pays, majoritairement situés en Afrique. Principal responsable de cet état de fait, on estime que le sida aura fait 32 millions de victimes d’ici à 2010-2015.
En matière de population, de nombreuses questions sont très fermement interconnectées. Ainsi la croissance et la répartition de la population ont-elles des conséquences sur les niveaux de pauvreté et de santé. En matière de pauvreté, le rapport indique que dans l’ensemble les taux de pauvreté ont été réduits, mais le nombre absolu n’a pas diminué. Concernant la répartition, près de la moitié des habitants de la planète vivent en milieu urbain, bien qu’il existe encore de vastes disparités: les citadins représentent deux cinquièmes seulement de la population en Afrique et en Asie. La proportion de jeunes de moins de 15 ans, qui représente 31% de la population dans les régions peu développées, entraîne une hausse de la demande en matière de soins de santé, d’éducation et d’emploi. Une pression très forte s’exerce en retour sur les taux d’alphabétisme et la couverture sociale des populations.
Par ailleurs, les déplacements de population affectent sans aucun doute les politiques des gouvernements, qui tentent au niveau interne de maîtriser l’exode rural. Au niveau international, les mouvements migratoires ont continué d’augmenter et affectent près de 3% de la population mondiale, soit quelques 175 millions de personnes. Ces mouvements ont conduit les gouvernements à adopter des politiques concertées, en particulier dans le cadre de la lutte contre le trafic d’êtres humains.
Par ailleurs, le rapport décrit les progrès accomplis dans le domaine des droits et de la santé en matière de procréation, entendu comme un tout portant sur le bien-être physique et mental. L’accès à ces soins passe par l’intégration des services de santé maternelle et infantile et de planification familiale et cela comprend la prévention, le dépistage et le traitement des infections sexuellement transmissibles, y compris le VIH/sida. Au niveau mondial, plus de trois cinquièmes des femmes mariées ou des femmes vivant en union libre ont recours à la contraception. L’Afrique enregistre le taux d’utilisation de la contraception le plus faible du monde (environ un couple sur quatre). Il apparaît aussi que la demande dépasse l’offre, puisque l’on estime que près de 123 millions de femmes ne disposent pas immédiatement de moyens de contraception sans danger et efficaces.
De façon générale, les dépenses de santé, qui représentent moins de 3% du PIB mondial, se heurtent à de graves difficultés avec l’apparition du VIH et de nouvelles souches pathogènes résistant aux antibiotiques disponibles actuellement, et à la réapparition de maladies comme le paludisme, la tuberculose et le choléra. Néanmoins, des progrès ont été enregistrés, par exemple en matière de mortalité juvénile et infantile. Celle-ci diminue presque partout dans le monde. Les complications liées à la grossesse et à l’accouchement restent parmi les principales causes de mortalité des femmes en âge de procréer dans de nombreuses régions du monde en développement, 40% des naissances ayant lieu en l’absence de personnel de santé qualifié.
Le rapport aborde par ailleurs, sous le titre « Programmes de population », les progrès accomplis dans la mise en œuvre des programmes nationaux. « Les progrès n’ont pas été uniformes » conclut le rapport, et « à en juger par les tendances actuelles, nombre de pays risquent de ne pas atteindre les buts fixés. Il faut donc persévérer et faire preuve de volonté pour mobiliser des ressources humaines et financières suffisantes afin de renforcer les capacités institutionnelles et de resserrer les partenariats entre les gouvernements, la communauté internationale, les organisations non gouvernementales et la société civile ».
Flux des ressources financières devant concourir à l’application du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement: examen décennal (E/CN.9/2004/4)
Ce rapport du Secrétaire général examine les progrès réalisés depuis la Conférence en ce qui concerne la mobilisation des ressources destinées à l’application du Programme d’action. Il analyse les tendances de l’aide bilatérale, multilatérale et de l’aide consentie par les organisations non gouvernementales et les fondations de 1994 à 2002 et les dépenses intérieures présentées par les pays en développement de 1997 à 2001.
Selon un premier constat, l’objectif de la Conférence du Caire pour 2000 n’a pas été atteint. On avait en effet estimé que dans les pays en développement et les pays en transition, la mise en œuvre des programmes relatifs à la santé de la procréation, y compris la planification familiale et la santé maternelle coûterait 17 milliards de dollars. Pour atteindre l’objectif de 18,5 milliards de dollars fixé pour 2005, la communauté internationale devrait consacrer une part plus importante de l’aide publique au développement (APD) aux activités en matière de population.
Toutefois le montant total de l’APD a diminué passant de 59,2 milliards de dollars en 1994 à 52,3 milliards de dollars en 2001. Lors de l’adoption de la Déclaration du Millénaire en 2000, le niveau d’APD n’avait jamais été aussi faible. Malgré le nouvel élan donné par la Conférence de Monterrey qui s’est traduit par une hausse de 5% des montants d’APD soit 57 milliards de dollars, le niveau actuel reste en deçà des montants nécessaires pour atteindre les Objectifs de développement du Millénaire.
Des chiffres sont cependant encourageants, l’aide fournie par les pays donateurs étant passée à 3 milliards de dollars en 2002 et devrait augmenter en 2003. Une première estimation des ressources mobilisée par les pays en développement fait ressortir un chiffre de 11,7 milliards de dollars pour 2003. Par ailleurs, l’aide privée a augmenté considérablement passant de 117 millions de dollars en 1994 à 299 millions de dollars en 2000. En 2002, l’aide privée a atteint 470 millions de dollars mais elle devrait tomber à 393 millions de dollars en 2003.
Il est conclu cependant que les niveaux de mobilisation des ressources sont insuffisants pour appliquer intégralement le Programme d’action du Caire, d’autant qu’un certain nombre de problèmes ont vu le jour. Mais le relèvement de 5% de l’APD survenu en 2002 montre qu’il est possible d’accroître sensiblement les ressources pour atteindre les objectifs fixés, certains pays consacrant déjà 4% de l’aide au développement aux questions de population.
Au titre des domaines clefs nécessitant une attention particulière figure la nécessité de renforcer la volonté politique et de mobiliser des ressources additionnelles durables en vue d’appliquer intégralement les objectifs de la conférence du Caire. Il s’agit également d’instaurer entre les donateurs et les pays bénéficiaires un partenariat effectif fondé sur la confiance mutuelle et renforcer le rôle du secteur privé dans la mobilisation des ressources.
Rapport sur l’exécution du programme et bilan des activités menées dans le domaine de la population en 2003: Division de la population du Département des affaires économiques et sociales (E/CN.9/2004/5)
Ce rapport du Secrétaire général fait le point des progrès réalisés par la Division de la population dans l’exécution de son programme de travail dans divers domaines tels que la fécondité et la planification familiale; la mortalité et la santé; les migrations internationales; le vieillissement de la population et le développement. Le rapport résume également les activités menées par la Division dans le cadre du suivi des tendances démographiques et des politiques en matière de population. Il rend compte de la mise en œuvre du programme d’assistance technique visant à renforcer les capacités des centres de recherche sur la population dans les pays en développement.
La Commission est également saisie du rapport suivant: Rapport du Bureau de la Commission de la population et du développement sur sa réunion intersessions tenue à Vilnius les 13 et 14 novembre 2003 (E/CN.9/2004/2).
Déclarations liminaires
M. José Antonio OCAMPO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a rappelé que la Commission, fondée en 1946, avait joué un rôle central dans la Conférence du Caire comme dans celles qui s’étaient déroulées précédemment sur le thème de la population. La Commission a également été désignée comme l’organe chargé d’assurer le suivi du Caire, notamment l’évaluation de la réalisation du Programme d’action. Dans le cadre de ces travaux, M. Ocampo a salué la présence de nombreux observateurs des fonds et institutions des Nations Unies ainsi que de la société civile. Nombre d’entre eux, a-t-il indiqué, étaient présents lors de l’adoption du Programme d’action.
Les thèmes abordés sont parmi les préoccupations les plus fondamentales de la vie humaine, a poursuivi le Secrétaire général adjoint. Les décisions prises ont une influence sur l’évolution économique et environnementale, et déterminent le bien-être de chacun. Le Programme d’action reconnaît une série de principes qui placent la personne humaine au centre des objectifs adoptés, affirmant par exemple que la population d’un pays est sa principale ressource. Le Programme comprend des recommandations relatives aux enfants, aux populations autochtones et à la lutte contre la pauvreté. D’autres questions reçoivent à l’heure actuelle une attention plus soutenue, telles que les migrations, le VIH/sida, la santé et l’égalité entre hommes et femmes. Le Programme traite également des ressources nécessaires pour faire face aux difficultés qui se posent.
Des progrès ont été enregistrés dans de nombreux domaines, mais nous sommes encore loin des objectifs fixés. M. Ocampo a rappelé que la population mondiale a continué à augmenter, essentiellement dans les pays les moins avancés, où le taux de croissance est le plus rapide. Dans le monde développé le vieillissement de la population pose problème. Les migrations ont des implications importantes en matière économique. Dans le domaine de la santé en matière de procréation, de nombreux pays ont établi des programmes mais les besoins de millions de personnes ne sont pas satisfaits. Le taux de mortalité pendant l’accouchement demeure bien trop élevé. 100 pays, représentant près de la moitié de la population mondiale, ont atteint une espérance de vie supérieure à 70 ans, mais 36 autres, la plupart en Afrique subsaharienne, ont des niveaux inférieurs à 50 ans, certains connaissant une stagnation voire une décroissance de l’espérance de vie. M. Ocampo a plaidé pour l’accroissement des ressources allouées à la mise en œuvre du Programme du Caire.
Mme Theraya OBAID, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population, a noté qu’au cours des dix dernières années, une évolution s’est faite dans la façon d’appréhender les questions relatives à la population, les efforts étant désormais dirigés vers l’amélioration de la qualité de vie des populations.. Le Programme du Caire n’est pas centré sur les femmes uniquement, a-t-elle déclaré, c’est un programme global qui profite à tous, pauvres et riches, hommes et femmes. Il mêle toutes les forces à même de façonner notre monde.
« Nous faisons des progrès », a déclaré Mme Obaid. Une petite fille née aujourd’hui dans le monde en développement a plus de possibilités qu’il y a dix ans; les taux de scolarisation augmentent, l’espérance de vie augmente. Mais dans de nombreux domaines on constate une dégradation des conditions. Dans un monde de concurrence et un monde d’injustices sociales, le Programme d’action offre un espoir. Les chances d’obtenir des services de santé en matière de procréation sont plus grandes; la question des migrations a reçu une véritable considération; la tolérance à l’égard des violences contre les filles, notamment des sévices sexuels, est bien moindre. La question de la sexualité des adolescents n’est plus taboue, notamment au regard de la diffusion du VIH/sida.
Certains domaines restent dramatiquement ignorés ou reçoivent une attention insuffisante, a déclaré Mme Obaid. Il est essentiel de fournir des services d’urgence dans le domaine de la santé en matière de procréation; en matière de lutte contre le VIH/sida, et de redoubler d’efforts pour enrayer le trafic à des fins sexuelles dont de bien trop nombreuses jeunes filles sont victimes. Mme Obaid a indiqué que le Fond des Nations Unies pour la population publierait son rapport sur la question en juin prochain, à Genève. Elle a rappelé que l’accomplissement de cette mission avait besoin de tous, jeunes, hommes, femmes, et chefs religieux soucieux de sauver des vies.
M. Anwarul CHOWDHURY, Haut représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits Etats insulaires en développement, a souligné que depuis sa création en 2002, c’était la première fois que le bureau du Haut représentant participait formellement aux délibérations de la Commission de la population.
M. Chowdhury a rappelé que le Programme d’action pour le développement des pays les moins avancés (PMA), adopté à Bruxelles en mai 2001, contenait une section complète consacrée à la population. Les pays les moins avancés, a-t-il indiqué, sont déterminés à renforcer les ressources qu’ils consacrent à la santé et notamment à la santé reproductive. Le Secrétaire général adjoint a rendu hommage au FNUAP pour ses travaux en la matière. Les PMA, a-t-il rappelé, connaissent une croissance de population bien plus élevée que dans le reste du monde. D’ici à 2015, leur population aura augmenté de près de 200 millions, ce qui rendra pratiquement impossible pour ces pays de parvenir aux Objectifs de développement du Millénaire. L’avancée galopante du VIH/sida, depuis 1994, a été encore plus dramatique dans les PMA, imposant sa marque sur l’espérance de vie, estimée à 49,6 ans dans les PMA. M. Chowdhury a indiqué que son Bureau avait organisé une série de quatre symposiums sur le thème « Population et Objectifs du Millénaire ».
M. JOSEPH CHAMIE, Directeur de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales, a souligné que l’objet de la présente session était d’examiner la mise en œuvre du Programme d’action du Caire ainsi que d’étudier les mesures à adopter pour relever les défis posés par la croissance de la population mondiale -actuellement de 6,4 milliards de personnes- et le développement. M. Chamie a passé en revue les données connues qu’il convient de prendre en compte telles que la croissance de la population, ses variantes géographiques, le taux de fertilité, l’espérance de vie, l’impact du VIH/sida, le vieillissement, l’urbanisation et les migrations internationales.
A cet égard, il a précisé que selon les projections de variantes moyennes, la population mondiale devrait augmenter de 3 milliards d’ici à 2050 pour atteindre 9 milliards. Ceci étant, a-t-il poursuivi, la croissance de la population sera plus lente et représentera 29 millions de personnes par an ce qui correspond à un tiers du taux de croissance actuelle. Le Directeur de la Division de la population a également indiqué que la croissance de la population mondiale serait concentrée dans les pays les moins développés, 90% du taux de croissance de la population mondiale concernera les pays les moins développés. S’agissant du taux de fertilité, M. Chamie a expliqué que la baisse de ces taux s’accentuerait pendant la première moitié du XXIème siècle pour être proche du taux de renouvellement de deux enfants par couple, les caractéristiques de la famille évoluant ainsi vers une nucléarisation. Ce siècle correspondra aussi pour un nombre croissant de pays à une diminution de leur population nationale notamment en Fédération de Russie, en Ukraine, au Japon et en Italie. On estime actuellement que ces diminutions devraient s’élever à 143 millions résidant dans 43 pays.
Au sujet de l’espérance de vie, M. Chamie a indiqué que celle-ci tendrait à augmenter dans la plupart des pays pour atteindre 76 ans au plan mondial. La population des plus de 65 ans devrait doubler pour passer de 7% à 16% au niveau mondial et 1 personne sur quatre dans 46 pays d’ici à 2050. Il a également insisté sur l’aggravation de l’impact de la pandémie du VIH/sida dans certaines régions même si le risque d’être touché par l’épidémie devrait diminuer au cours de ce siècle. Enfin, il a souligné l’importance de la croissance de la population dans les zones urbanisées des pays les moins développées, la population urbaine de ces pays devrait doubler d’ici 25 ans pour passer de 1,9 milliards à 3,9 milliards en 2030. Il a également insisté sur l’accroissement des migrations internationales en volume et en impact, projeté à 2 millions par an. Concluant, il a indiqué que la population mondiale devrait se stabiliser pour atteindre un pic de 9 milliards à la fin du XXIème siècle.
Déclarations
M. AL-MAHMOUD (Qatar), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a insisté sur la nécessité de dynamiser la mobilisation des ressources et de renforcer les partenariats. En dépit des progrès, a-t-il souligné, il est reconnu que davantage doit être fait pour relever les défis posés par l’accroissement de la population dans les pays les plus pauvres et les migrations internationales. Il a réaffirmé l’engagement des pays du Groupe des 77 et de la Chine à l’égard du Programme d’action du Caire et leur attachement aux Objectifs du Millénaire. Il a insisté sur la nécessité de promouvoir la solidarité internationale pour corriger les inégalités de développement ainsi que sur celle de se conformer aux objectifs fixés au Caire en matière de financement. Il a souligné l’importance de concentrer les efforts sur l’accès à la santé, y compris reproductive. Il a ajouté qu’il était important de mettre en place un environnement économique propice au développement et de corriger les déséquilibres des échanges commerciaux, notamment pour ce qui est des produits de base. Il a dit l’importance que donne son Groupe aux questions liées à la pandémie du sida, de son lien avec la pauvreté et a suggéré que la prochaine session de la Commission de la population et du développement se penche sur les migrations internationales.
M. TOM MOONEY (Irlande) a pris la parole au nom de l’Union européenne, des pays associés et des pays candidats. Il a rappelé la tenue du récent Forum européen pour la population de 2004, au sein de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe et souligné le soutien apporté par l’Union européenne aux objectifs de la Conférence du Caire et de Caire +5. Nous reconnaissons pleinement notre responsabilité d’assurer le financement d’une proportion appropriée des actions, reflétée dans un Règlement adopté en juillet 2003 par la Commission européenne sur l’aide aux politiques et mesures en matière de droits et de santé génésique dans les pays en développement.
Les Objectifs de développement du Millénaire ne pourront être réalisés si l’on n’atteint pas les objectifs de la Conférence du Caire +5 et il sera notamment impossible d’éliminer la pauvreté. M. Mooney a rappelé que dans de nombreux domaines clefs, des progrès étaient indispensables: le ratio de mortalité maternel demeure inacceptablement élevé; les avortements non médicalisés sont responsables de nombreux décès et la lutte contre le VIH/sida passe par l’autonomisation des femmes et l’octroi de services adaptés. L’inégalité entre les sexes est marquée à présent par la féminisation du VIH/sida. Parallèlement, une attention plus marquée doit être apportée au rôle des hommes et des garçons dans l’amélioration des droits et de la santé reproductive. La prévention de l’infection par le VIH, y compris par l’usage des préservatifs, doit être au centre des mesures prises aux niveaux national, régional et international dans la lutte contre le VIH/sida.
M. Mooney a plaidé pour que les donateurs soulignent l’importance des droits et de la santé en matière de reproduction dans leur dialogue avec les autorités nationales. Il a par ailleurs déploré le sous-financement en vue de la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire et de ceux du Programme du Caire. L’Europe sera directement confrontée au problème de la réduction de sa population, a déclaré le représentant de l’Irlande, et à son vieillissement. Si la tendance actuelle se poursuit, la population des 25 pays de l’Union européenne baissera de 452 millions d’habitants en 2000 à moins de 400 millions en 2050, la proportion de la population de plus de 65 ans doublant pour atteindre le tiers de la population. Cette question sera étroitement liée à celle des migrations.
M. SIV (Etats-Unis), a déclaré que sa délégation prenait note de la nécessité de faire des progrès dans les domaines de la mortalité maternelle et de la morbidité, de la violence à l’égard des femmes, de l’épidémie de VIH/sida, et de l’accès universel à l’éducation, en particulier des fillettes. Il a insisté sur la nécessité de relever les défis grandissants que présente l’urbanisation croissante, notamment l’amélioration des infrastructures de fourniture de services de base aux groupes les plus pauvres des zones urbaines. A cet égard, il a souligné que pour combler le fossé entre les riches et les pauvres en termes d’accès à la santé, il convenait de renforcer la collecte de données, d’assurer l’accès des pauvres et des exclus à la santé reproductive et à la planification familiale. Il a souligné que son pays, premier pays contributeur pour appuyer la réalisation du Programme d’action du Caire, avait consacré environ 400 millions de dollars par an depuis 1994 au financement de services de planification familiale et de santé reproductive et que pour l’année 2003, il avait consacré plus de 1,8 milliard de dollars à des programmes de santé, programmes VIH/sida, transmission mère/enfant, santé reproductive, et maladies sexuellement transmissibles compris.
S’agissant de la réponse apportée à l’épidémie de VIH/sida, il a précisé que 15 milliards avaient été alloués au plan américain de lutte contre le sida en vue de traiter 2 millions de personnes infectées, d’apporter des soins de santé à 10 millions d’individus infectés et aux orphelins du sida et de prévenir 7 millions de nouvelles infections. Il a insisté sur le fait que les efforts de prévention ciblant les jeunes devaient se concentrer sur le message selon lequel l’abstinence est le meilleur choix pour les adolescents non mariés. Il a par ailleurs souligné l’importance du rôle de la famille dans la prévention et l’éducation et a estimé que les parents devaient être impliqués dans la prise de décisions par leurs enfants en matière de santé reproductive. Il a également souligné le rôle des institutions confessionnelles dans la prévention des comportements à risque et la promotion de conduites saines.
M. NEBENZIA (Fédération de Russie) a souligné l’insuffisance et les inégalités des progrès enregistrés dans la mise en application du Programme du Caire. Il a souligné la nécessité de mettre en place des partenariats, d’améliorer la base normative des questions de population et promouvoir les transferts de connaissances. Il a indiqué le rôle important des données étudiées dans le cadre du Groupe européen sur les populations. Il a évoqué les défis posés par les migrations internationales pour les pays de départ, de transit et de destination et a insisté sur la nécessité d’œuvrer pour atténuer les conséquences négatives de celles-ci, notamment sur le plan économique. Il a conclu en précisant que la communauté internationale devait redoubler d’efforts pour atteindre les objectifs de financement pour l’application du Programme d’action du Caire.
M. Zafiliza (Madagascar) a indiqué que depuis 10 ans, son pays avait lancé des programmes dans certains secteurs prioritaires, notamment dans ceux de la santé en matière de procréation, de l’alimentation et de la nutrition, de l’éducation, de la culture, l’environnement et l’emploi. Ces programmes ont été définis dans le cadre de son Document de stratégie de lutte contre la pauvreté, sous la forme d’un Programme national de population. Le souci d’apporter l’éducation à tous a conduit à établir une politique d’alphabétisation. D’autres actions ont permis d’améliorer le statut juridique de la femme. En matière de santé, les services sociaux de base ont pu être diffusés grâce à des antennes chirurgicales. L’impact contraignant de la fécondité toujours élevée préoccupe le Gouvernement, a déclaré M. Zafiliza. La population croît à un rythme de 2,9% en raison d’un taux de fécondité de 5,65 enfants par femme. Parallèlement, la prévalence contraceptive n’est que de 13,3%. Le représentant a rappelé la lourde pression qui pèse sur le pays, alors que 69% de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté et que 48,8% de la population a moins de 14 ans.
M. LØVALD (Norvège) a réitéré l’engagement de son pays à la mise en œuvre des objectifs du Programme d’action du Caire qu’il a qualifiés d’essentiels pour atteindre les Objectifs de développement du Millénaire. Il a souligné la nécessité d’éviter de politiser les questions relatives à la population et de redoubler d’efforts pour améliorer la situation de tous les groupes, y compris les fillettes, notamment en matière d’éducation, et les victimes du VIH/sida. Il a regretté que le montant des ressources consacrées aux activités en vue de la mise en œuvre du Programme du Caire demeure en deçà de l’objectif de la Conférence. Il a indiqué que son pays consacrait 4% du total de son aide publique au développement aux questions de population et a encouragé les autres acteurs du développement à engager de nouveaux partenariats et davantage de ressources aux questions cruciales de la population.
M. TOSHIRO OZAWA (Japon) a insisté sur la gravité du problème du vieillissement dans les pays développés et de l’obstacle que constitue la forte croissance démographique pour la lutte contre la pauvreté dans les pays en développement. Soulignant l’importance qu’accorde son pays au concept de la sécurité humaine, il a précisé que ce concept couvrait la protection des vies humaines, de la dignité et de l’autonomie des populations et également la fourniture de services de santé, d’éducation, la parité entre hommes et femmes ainsi que l’amélioration de la production agricole. Il a évoqué le programme « Education de base pour la croissance », mené en coopération avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et qui met l’accent sur la promotion de l’éducation des fillettes et l’amélioration des services de santé fournis aux enfants. S’agissant de la pandémie de VIH/sida, qu’il a qualifiée de plus important défi se posant à la communauté internationale, il a cité le programme adopté lors du G8 d’Okinawa en 2000 pour lequel le Japon a alloué quelques 3 milliards de dollars pour 5 ans. Il a également indiqué que son pays avait contribué à hauteur de 265 millions de dollars au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme ainsi qu’au Fonds d’affectation spéciale pour la sécurité humaine. Le Japon, a-t-il poursuivi, réserve 11% de son aide technique et 25% de ses subventions à des organisations de terrain et à des programmes visant à promouvoir la parité entre les hommes et les femmes. S’agissant de la situation au Japon, M. Ozawa a indiqué que s’il y avait des raisons de s’enorgueillir du fait que son pays détient le record d’espérance de vie, il faut également prendre en compte le risque inhérent de diminution de la population en âge de travailler et de ses conséquences sur la croissance économique et le système de sécurité sociale.
Mme Maria Luiza Ribeiro Viotti (Brésil) a rappelé que son pays avait récemment réitéré son appui aux objectifs de la Conférence du Caire, par le biais de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC). La Constitution fédérale de 1988 a établi le cadre juridique reconnaissant la santé comme un droit pour tous, et comme un devoir pesant sur l’Etat. Les mesures prises à l’heure actuelle en matière de lutte contre le sida ont permis de fournir des médicaments antirétroviraux à près de 120 000 personnes. En 1995, la création de la Commission nationale de la population et du développement a permis d’établir un cadre de mise en œuvre des mesures dans ce domaine. Par ailleurs, l’égalité entre les sexes a été introduite dans le nouveau Code civil, et la loi sur la planification familiale a permis de fournir l’accès à l’avortement sans danger dans les limites prévues par le texte.
M. Cesar Rodriguez RABANAL (Pérou), a rappelé que la politique de son pays trouve sa source dans la relation inaliénable existant entre toute politique de population et le développement. Il a ajouté que la lutte contre la pauvreté se faisait dans le cadre du strict respect des droits de l’homme. Il est impensable, a-t-il déclaré, de laisser de côté un quelconque de ces éléments. Le Pérou aspire à l’accès universel à l’information, à l’éducation et aux services de santé, notamment en matière sexuelle et reproductive, en prenant en compte les progrès scientifiques en la matière. Toutefois, le Pérou fait face à des défis considérables. 54% de la population vit en-dessous du seuil de la pauvreté; le taux de mortalité maternelle est un des plus élevés de la région et le nombre de mères adolescentes est aussi considérable, notamment à l’issue de sévices sexuels. Dans les groupes victimes de l’exclusion sociale, la maternité adolescente serait la deuxième cause d’abandon scolaire, et la prévention et le traitement du VIH/sida restent insuffisants.
M. GEORGE TALBOT (Guyana) a réitéré l’engagement de son pays à la mise en œuvre du Programme d’action du Caire qu’il a qualifié de complémentaire à la stratégie nationale d’élimination de la pauvreté et du développement durable. En dépit des progrès enregistrés dans les domaines de la mortalité infantile, des droits des femmes, de l’éducation, notamment des fillettes, il est nécessaire de redoubler d’efforts pour mettre en œuvre les objectifs du Programme d’action du Caire et par extension les Objectifs de développement du Millénaire. Parmi les domaines dans lesquels des efforts supplémentaires doivent être déployés, le représentant du Guyana a cité la lutte contre l’épidémie de VIH/sida, l’émancipation des femmes, l’accès à la santé reproductive et la lutte contre la pauvreté. A cet égard, il a souligné la nécessité d’accorder davantage d’attention à la problématique des migrations et de leur impact sur le développement. Il a souligné qu’une coopération internationale renforcée, davantage de ressources et de partenariats à tous les niveaux étaient des conditions pré-requises nécessaires pour mettre en œuvre le Programme du Caire. Il a insisté sur l’importance de prendre en compte les capacités de financement et les ressources techniques et humaines limitées des pays en développement et a souligné la nécessité de prendre d’urgence des mesures pour promouvoir la collecte de statistiques et l’adoption de politique de planification économique et sociale ainsi que le développement de capacité de suivi. Il a conclu en appelant la communauté internationale à faire preuve de la volonté politique requise pour atteindre les objectifs financiers, engager les partenariats et renforcer les capacités en vue de contribuer à la réalisation d’un développement centré sur l’humain.
M. MARC BICHLER (Luxembourg) a déclaré que les Objectifs de développement du Millénaire et la Déclaration du Millénaire posaient clairement les objectifs de la communauté internationale en vue de la réalisation d’un développement durable. Il a insisté sur les obstacles que constituent la mortalité infantile, les lacunes en matière de santé maternelle et reproductive, et les ravages du VIH/sida pour le développement, en particulier des pays les moins avancés. Il a souligné la nécessité de renforcer les partenariats et les capacités ainsi que d’améliorer la mobilisation des ressources humaines et financières aux fins de mise en œuvre du Programme d’action du Caire, autant de vecteurs permettant de réaliser les objectifs en matière de la population et du développement. Il a noté l’importance de l’éducation et de la formation professionnelle dans le développement. Selon lui, l’exclusion et l’ignorance sont les causes premières de la pauvreté, aussi faut-il mettre en œuvre des partenariats, une coordination entre les acteurs nationaux et internationaux ainsi que procéder à une harmonisation des outils de travail.
M. Azanaw Tadesse ABREHA (Ethiopie) a rappelé que le taux de croissance de la population était le plus élevé dans les pays les moins avancés, où il se combine avec un fort taux de fécondité et un fort taux de pauvreté. L’Ethiopie fait face à la plupart des défis qui se posent aux pays les moins avancés. Le taux de mortalité maternelle et le taux de mortalité infantile sont très élevés. Plus grave encore, la diffusion du VIH/sida a fait reculer les progrès durement acquis en matière d’espérance de vie et de développement économique. La croissance de la population, associée à des politiques de gestion des terres inappropriées, exerce une forte pression sur les moyens de subsistance, et en retour sur la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté. La couverture des services de santé s’élève à peine à 52%. M. Abreha a déploré l’absence de financement suffisant pour répondre aux objectifs de la Conférence du Caire.
M. KAZEMI KAMYAB (République islamique d’Iran) a évoqué les mesures prises par son pays pour améliorer l’accès aux services de santé, à une meilleure nutrition, à l’eau potable, à l’assainissement et à la planification familiale de l’ensemble de la population. Il a indiqué que le taux d’infection au VIH est très faible en Iran et lié à la consommation de drogues. Il a souligné les efforts entrepris par son gouvernement pour promouvoir l’éducation, notamment primaire. Il a indiqué que son pays voyait la croissance de sa population diminuer depuis les années 70 en raison des progrès sociaux. Le niveau du taux de fécondité devrait permettre de stabiliser la population. Le représentant a rappelé que son pays accueille une grande population réfugiée. Il a indiqué que son Gouvernement s’emploie à donner à cette population les mêmes opportunités de développement, tant social qu’économique. Il a notamment insisté sur la problématique spécifique aux populations réfugiées restant sur le territoire iranien depuis de longues années. Il a insisté sur l’importance de centraliser et de moderniser la collecte des statistiques de population grâce à des partenariats et à la mobilisation de davantage de ressources.
M. Jin Xiaotao (Chine) a indiqué que le consensus sur les Objectifs de développement du Millénaire avait créé un environnement plus favorable, et une détermination supplémentaire en vue de la réalisation des objectifs du Programme d’action du Caire. La clef en est la population et la santé en matière de procréation. Ce n’est qu’ainsi que l’on pourra alléger la misère et la famine, que l’on pourra lutter contre le VIH/sida et que la condition de la femme pourra s’améliorer. La planification familiale est donc au cœur de la santé en matière de reproduction. Celle-ci doit être intégrée avec la lutte contre le VIH/sida et la réduction de la mortalité maternelle et infantile. Le représentant de la Chine a plaidé pour l’établissement de partenariats et la mobilisation des ressources. Il est important que les pays donateurs accroissent leurs contributions, et que les pays bénéficiaires améliorent pour leur part la gouvernance.
M. HUSSEIN SABBAGH (République arabe syrienne) a souligné l’importance de la réalisation du programme du Caire pour les Objectifs de développement du Millénaire et a insisté sur la nécessité de redoubler d’efforts pour éradiquer la pauvreté. Il a insisté sur la nécessité de respecter les caractéristiques religieuses, historiques, et culturelles de chacun des pays. Il a insisté sur la nécessité de renforcer les capacités des pays en développement et de mobiliser des ressources supplémentaires pour contribuer à la réalisation des objectifs du Programme du Caire. Il a attiré l’attention sur le caractère crucial de la lutte contre le sida vu son impact sur les pays en développement et s’est félicité que la Commission ait prévu de se pencher sur la problématique des migrations.
M. HAUG (Suisse) a rappelé que la Conférence de Genève avait participé à la synergie créée par la Conférence du Caire. Parmi les préoccupations principales de la Suisse, et mentionnées par l’Irlande au nom de l’Union européenne se trouvent les violences à l’égard des femmes, le rôle à jouer par les hommes et les garçons, et la lutte contre le VIH/sida. La lutte contre la pauvreté passe par la mobilisation de ressources. Le représentant de la Suisse a rendu hommage au FNUAP dans la mise en œuvre du Programme d’action. Le travail du Fonds complète les travaux de la Commission, et ses activités sont essentielles au niveau des pays.
Mme ZUNIGA HERRERA (Mexique) a estimé qu’il était indispensable que la Division de la population continue à apporter sa contribution essentielle aux différentes problématiques liées à la population. Elle a évoqué la politique sociale du Mexique qui vise à mettre en application le Programme d’action du Caire.
M. Jyoti Shankar Singh, Partenaires pour la population et le développement, a indiqué que la définition large de la santé en matière de reproduction, qui a fait l’objet d’un consensus à la Conférence du Caire, avait été largement reprise par les Etats au niveau national. Ceci a conduit à l’intensification des efforts pour intégrer les programmes de planification familiale avec ceux concernant la survie des enfants, la santé maternelle et des adolescents, et la prévention du VIH/sida. Dans de nombreux pays, les questions d’accessibilité et de disponibilité des services ne reçoivent souvent pas de réponse adéquate. Le manque de ressources financières fait peser un fardeau énorme sur les pays qui fournissent ces informations et ces services. A l’heure actuelle, il ne sera pas possible d’atteindre les objectifs de mortalité infantile fixés pour 2015. De même, le financement de la lutte contre le VIH/sida demeure inadéquat.
Mme VILLAREAL, Fonds des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, (FAO) a souligné les avancées apportées par le Programme d’action du Caire dans le domaine des différentes problématiques démographiques. Elle a souligné qu’il était impossible de ne pas trouver de solutions aux défis, notamment les épidémies, le vieillissement, les migrations, sans une perspective de développement. La FAO, a-t-elle dit, a pris conscience du fait que les stratégies de développement sont mieux à même de réussir si elles tiennent compte des caractéristiques démographiques à moyen et long terme. Elle a qualifié la faim, qui concernait 798 millions de personnes en 1999-2001, de problème crucial de ce siècle et a souligné le rôle de la nutrition dans le développement. Pour parvenir à un développement véritablement durable, a-t-elle poursuivi, les pays doivent saisir les tendances démographiques actuelles et définir les besoins de leur population à moyen et long termes afin de pouvoir y faire face. Ces dernières années, a-t-elle précisé, la FAO a concentré une grande partie de son activité sur la pandémie de VIH/sida et son lien avec la pauvreté.
M. JASPER FAIJER, Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes, (CEPALC) a rappelé les activités de la Commission régionale liées au Programme d’action du Caire, notamment en matière d’information dans le domaine de la santé en matière de procréation et du VIH/sida. Le thème des migrations internationales a également été abordé. Un document technique a été élaboré pour commémorer les dix ans de la Conférence du Caire, et recenser les réalisations accomplies en Amérique du Sud et dans les Caraïbes. En Janvier 2004 une réunion a été organisée à Santiago du Chili, dont le document final a réitéré l’engagement de ses membres aux objectifs du Programme du Caire.
Le Président du Comité spécial sur la population et le développement de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes,M. JUAN CARLOS ALFONSO,(Cuba),a évoqué le processus d’évaluation de l’application du Programme d’action en particulier de l’inclusion de ses dispositions dans les politiques de développement, et ce en vue de la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire. Ce faisant, il a passé en revue les dispositions de la Déclaration adoptée par le Comité à Santiago au début du mois. Il a notamment souligné l’importance des engagements pris à Monterrey pour la lutte contre la pauvreté et les inégalités.
M. Werner Haug,(Suisse), a pris la parole en tant qu’hôte du Forum européen pour la population organisé par la Commission économique pour l’Europe et le FNUAP. Il a rappelé que la Conférence avait réuni des spécialistes et des représentants gouvernementaux ainsi que d’organisations non gouvernementales. L’Europe fait face à une nouvelle situation en matière de population, avec un faible taux de fécondité. Cela est favorable de façon générale, mais pose des problèmes en termes de vieillissement. La Conférence a noté avec préoccupation que les engagements des donateurs n’avaient jamais été entièrement honorés. La question de la fécondité pose un problème aigu, mais la Conférence n’est pas parvenue à proposer des solutions en ce domaine. L’importance de mettre en œuvre des politiques nationales encourageant la famille et le rôle des hommes, a été soulignée. Le niveau de fécondité demeure assez élevé lorsqu’il existe une égalité entre hommes et femmes, et lorsqu’une flexibilité suffisante peut être obtenue dans le rôle de chacun.
Liste des orateurs:
Ont fait des déclarations le Président de la Commission; le Secrétaire général aux affaires économiques et sociales; la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP); le Haut représentant pour les pays moins avancés, les pays sans littoral, et les petits Etats insulaires en développement; le Directeur de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales; le Chef du Service des études, Division de la population; le Chef du Service de la population et du développement (FNUAP).
Les représentants des pays suivants ont pris la parole: le Qatar (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), Irlande (au nom de l’Union européenne et des pays associés), Etats-Unis, Fédération de Russie, Madagascar, Norvège, Japon, Brésil, Pérou, Guyana, Luxembourg, Ethiopie, République islamique d’Iran, Chine, République arabe syrienne, Suisse, Mexique.
Les représentants des organisations et groupes suivants ont pris la parole: Partenaires pour la population et le développement (IGO), Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), Comité spécial sur la population et le développement de la CEPALC, Forum européen de la population de la Commission économique pour l’Europe et du FNUAP.
* Les documents y relatifs sont publiés sous les cotes E/CN.9/2004/1, E/CN.9/2004/L.1/ et E/CN.9/2004/2.
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