LES PAYS EN DEVELOPPEMENT S’INQUIETENT DES CONSEQUENCES DE LA REGIONALISATION DES CENTRES D’INFORMATION SUR L’IMAGE DE L’ONU AU NIVEAU LOCAL
Communiqué de presse PI/1574 |
Comité de l’information
2ème et 3ème séances – matin & après-midi
LES PAYS EN DEVELOPPEMENT S’INQUIETENT DES CONSEQUENCES DE LA REGIONALISATION
DES CENTRES D’INFORMATION SUR L’IMAGE DE L’ONU AU NIVEAU LOCAL
La régionalisation des centres d’information des Nations Unies, élément fondamental de la réorientation en cours du Département de l’information, a occupé, aujourd’hui, la majeure partie du débat général de la vingt-sixième session du Comité de l’information. Les délégations, en particulier celles des pays en développement, ont saisi cette occasion pour réaffirmer que la mission du Département consistait principalement à faire connaître les activités et les objectifs des Nations Unies et à obtenir l’impact le plus large possible sur le public afin de s’assurer de son soutien. Elles ont également exprimé leur attachement au principe du multilinguisme.
Si l’ensemble des délégations a soutenu la réforme du Département de l’information et la rationalisation de ses activités, y compris celles relatives aux centres d’information, les délégués des pays d’Amérique latine, du monde arabe, d’Asie et d’Afrique ont émis des doutes quant à la pertinence de la fermeture des centres d’information dans les pays en développement au moment où l’ONU cherche à améliorer son image dans le public et à mobiliser les populations autour des principes et objectifs qu’elle défend. Ils ont d’ailleurs invité le Département à redoubler d’efforts pour promouvoir les Objectifs de développement du Millénaire et les opérations de maintien de la paix afin d’améliorer la perception qu’en a le grand public.
Faisant valoir le manque de moyens de ces pays en matière de technologies de l’information et de la communication et le rôle vital de diffusion et de liaison avec la société civile que jouent les centres d’information, ces délégués ont appelé le DPI à évaluer au préalable les résultats de la création du Centre régional pour l’Europe de l’Ouest à Bruxelles avant d’étendre cette expérience à d’autres régions du monde. Le représentant du Brésil, qui s’exprimait au nom du Groupe de Rio, a encouragé le Département à envisager d’autres options pour améliorer l’efficacité de la diffusion de l’information dans les pays en développement où les besoins sont les plus importants. Il a notamment proposé l’utilisation des économies réalisées par la création du Centre de Bruxelles aux fins de modernisation et de renforcement des centres d’information des pays en développement. Soulignant que le principe de la régionalisation n’était pas forcément applicable aux pays en développement, certaines délégations ont encouragé le Département à arbitrer entre les considérations budgétaires et le respect de sa mission, et à adopter une démarche consultative au cas pas cas.
Faisant valoir qu’il était indispensable de prendre en compte les spécificités culturelles et linguistiques des différentes régions du monde, les délégations ont par ailleurs insisté sur l’obligation de rendre disponible sur le site Web de l’ONU des documents de l’ONU dans les six langues officielles. A ce titre, ils se sont félicités des efforts entrepris pour assurer un service multilingue d’information. Plusieurs d’entre eux ont néanmoins jugé, à l’instar du Bangladesh, qu’il était nécessaire de développer des pages en langues locales, en particulier sur les sites des centres d’information. Le représentant des Etats-Unis a fait observer pour sa part que pour assurer l’universalité des messages communiqués par l’ONU, il convenait de traduire en langues locales certaines pages du site et les documents de référence de l’Organisation. Les six langues officielles des Nations Unies ne sont les langues maternelles que de 40% de la population mondiale, a-t-il lancé, en jugeant que la parité linguistique n’était pas justifiée au regard des priorités des Etats Membres.
Dans le même ordre d’idée, le représentant du Japon a insisté sur le rôle crucial que le centre d’information de Tokyo est amené à jouer pour obtenir le soutien de la population japonaise aux activités de l’ONU, en particulier dans le contexte de la situation actuelle en Iraq. Il a insisté sur le fait que sans un tel soutien le Japon ne serait pas en mesure de contribuer dans les mêmes termes au budget de l’ONU. Quant à la communauté lusophone, qui représente 250 millions de personnes, elle a plaidé pour la création d’un centre d’information en Angola pour servir la population de langue portugaise en Afrique. Le Vice-Ministre chargé de la communication sociale de l’Angola a d’ailleurs indiqué que son gouvernement était prêt à le prendre en charge et a insisté pour que le Comité examine cette proposition lors de la présente session. Représentant des pays en transition économique, les délégués de la Roumanie et de l’Ukraine ont insisté quant à eux sur le rôle des centres d’information pour assurer la visibilité de l’Organisation dans ces pays où les médias sont peu développés.
Les représentants des Etats-Unis, de la République de Corée et de l’Inde ont par ailleurs salué les initiatives prises par le DPI pour développer une culture de l’évaluation et de la performance au sein du Département. Le délégué indien a particulièrement insisté sur la nécessité de développer les capacités d’analyse des informations collectées dans le but d’améliorer les services et programmes développés par le Département sur la base des leçons tirées de l’évaluation.
Ont pris la parole au cours de cette journée les représentants des pays suivants: Argentine, Brésil, au nom du Groupe de Rio et de la Communauté des pays de langue portugaise, Etats-Unis, Japon, Bangladesh, République arabe syrienne, Roumanie, Venezuela, Fédération de Russie, Inde, Angola, République de Corée, Sénégal, Nigéria, République islamique d’Iran, Maroc, Yémen, Ukraine, et Colombie.
Le Comité se réunira à nouveau demain, mercredi 28 avril, à partir de 15 heures pour achever son débat général. En fin d’après-midi, le Secrétaire général adjoint à l’information et à la communication répondra aux questions soulevées par les délégations au cours du débat général.
DÉBAT GÉNÉRAL ET EXAMEN DES QUESTIONS DE FOND
Déclarations
M. CESAR MAYORAL (Argentine) a abordé en premier lieu la question de la régionalisation des centres d’information des Nations Unies qui est d’un intérêt particulier pour les pays d’Amérique latine. Rappelant les propos du Chef du département de l’information devant la Quatrième commission, le 27 octobre 2003, le représentant a admis que cette régionalisation ne pouvait pas être uniforme. Le Centre d’information de Buenos Aires, qui couvre à la fois l’Argentine et l’Uruguay, joue un rôle clef dans la diffusion d’informations et son siège a été mis gratuitement à la disposition des Nations Unies par la ville de Buenos Aires au cœur même du centre touristique, a-t-il rappelé. La Bibliothèque du Centre est ouvertes à toute la communauté, a-t-il dit ensuite, et le centre s’est avéré être un partenaire efficace dans l’organisation de rencontres et de conférences sur les activités de l’ONU. En outre, il apporte un appui logistique aux organisations non gouvernementales, a-t-il expliqué ensuite, avant de faire valoir que du point de vue économique, le maintien du Centre d’information de Buenos Aires ne devrait pas poser de problèmes dans la mesure où la dévaluation de la monnaie locale a permis de faire des économies substantielles. M. Mayoral a recommandé que le Département attende de disposer d’une évaluation de la régionalisation opérée en Europe occidentale avant de l’étendre aux autres régions, et souhaité que soient prises en compte les spécificités des régions au préalable. Il s’est en conclusion félicité des efforts déployés par le Département pour accroître sensiblement la diffusion d’informations en espagnol.
M. TOSHIRO OZAWA (Japon) a déclaré que le contexte international actuel rendait encore plus urgent pour l’ONU de disposer du soutien et de la compréhension de la communauté internationale. Il a souligné que la réforme du Département de l’information ne devait pas seulement être dictée par des considérations budgétaires mais devrait avoir comme principal objectif de rationaliser la circulation de l’information tant dans sa forme que sur le fond. Soulignant que la réforme doit être soutenue par les Etats Membres, le délégué du Japon a indiqué que son pays avait versé ces dernières années quelques 200 000 dollars par an au Centre d’information de Tokyo. Cette année, a-t-il précisé, le Japon a d’ores et déjà accordé 241 000 dollars au Centre d’information de Tokyo et prévoit d’augmenter sa contribution en 2005 à 350 000 dollars. Il a par ailleurs souligné que le centre était unique en ce qu’il permettait aux Nations Unies de communiquer en japonais. Prenant l’exemple des récentes critiques faites par l’opinion publique japonaise concernant la situation en Iraq, le délégué a souligné l’importance de continuer à informer le peuple japonais sur les activités de l’ONU et a estimé que le Centre de Tokyo devrait jouer un rôle crucial dans ce domaine. M. Ozawa a par ailleurs exprimé la satisfaction de son pays quant aux travaux du Groupe des Nations Unies pour la communication, notamment pour ce qui est de la sensibilisation accrue aux défis que rencontre l’Afrique dans ses efforts de développement et a indiqué que son pays organisait une exposition consacrée au développement durable intitulée « Expo 2005 Aichi Japan », prévue en mars 2005. S’agissant de l’amélioration du site Web de l’ONU, il a estimé que celle-ci devait se poursuivre dans les limites du budget existant.
M. MUSTAFIZUR RAHMAN (Bangladesh) a salué les réformes accomplies au sein du Département de l’information et a souhaité que les campagnes de communication avec d’autres Départements, Fonds et Programmes des Nations Unies se poursuivent. Il a ensuite souligné la qualité du site Web des Nations Unies, la pertinence du Centre des nouvelles, avant d’exhorter le DPI à mobiliser les ressources technologiques modernes pour étendre la diffusion de ses informations dans le monde. Les efforts de développement d’une stratégie d’information avec le Département des opérations de maintien de la paix doivent également se poursuivre, a-t-il dit, avant d’aborder la question de la régionalisation. A ce titre, il a estimé que les réformes proposées et la tendance à la régionalisation des centres d’informations ne contribueraient pas à améliorer l’image des Nations Unies dans le monde en développement. Les pays en développement disposent de peu de moyens dans le domaine informatique, a-t-il fait valoir, avant de recommander à son tour au DPI de procéder dans un premier temps à l’évaluation de la régionalisation en Europe occidentale. La régionalisation devrait se limiter aux régions où les coûts sont élevés, a-t-il dit, avant de demander le maintien du Centre d’information de Dhaka et l’affectation d’un Directeur à ce centre. S’agissant du multilinguisme, M. Mustafizur Rahman a estimé qu’il devait s’étendre au-delà des six langues officielles et concerner les langues locales pour ce qui est de sites Web des centres d’information.
S’exprimant au nom du Groupe de Rio, M. FREDERICO S. DUQUE ESTRADA MEYER (Brésil), a déclaré que le Groupe soutenait les efforts de réforme du Département de l’information mais estime que la régionalisation n’est pas le meilleur moyen de contribuer à la mission du DPI en matière de diffusion de l’information et de liaison avec la société civile. Soulignant qu’il est encore prématuré d’évaluer les résultats de la création du Centre régional pour l’Europe de l’Ouest à Bruxelles et de déterminer si cette expérience sera dupliquée dans d’autres régions du monde, il a invité le Département à examiner d’autres options, notamment pour les centres dont les lacunes pourraient être réglées par des ajustements administratifs. Le délégué a également invité le Département à arbitrer ses choix en matière de régionalisation en prenant en compte les spécificités des pays en développement et le coût comparatif de leur modernisation, et a fait observer que l’allocation des sommes économisées par la création du Centre régional de Bruxelles aux Centres des pays en développement constituerait un moyen d’améliorer et de renforcer ces derniers. Il a par ailleurs souligné l’attachement du Groupe de Rio au multilinguisme dans les activités de diffusion d’informations sur l’ONU, notamment dans le développement du site Web, et plaidé en faveur de l’accession au site des personnes handicapées. M. Duque Estrada Meyer a en conclusion salué les efforts faits pour améliorer la diffusion des travaux de l’Assemblée générale et du Département de maintien de la paix.
M. DAVID A. TRAYSTMAN (Etats-Unis) s’est félicité que les Etats Membres aient réaffirmé l’Article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme concernant la liberté de la presse comme « un fondement essentiel de la société de l’information » de même que les principes de la liberté, de l’indépendance, du pluralisme et de la diversité des médias. S’agissant de la modernisation et de la gestion intégrée des bibliothèques, il a regretté que le rapport sur l’état d’avancement du processus ne mentionne pas de date-butoir ou de calendrier. Appuyant le principe de la régionalisation des centres d’information, il a demandé à ce que le Secrétariat distribue une liste des Maisons des Nations Unies et des Bureaux du système des Nations Unies situés dans les pays accueillant un centre d’information. Il a félicité le Département de l’information d’avoir adopté une approche centrée sur les services aux clients, conclu des accords formels avec 24 départements-clients et formulé 30 stratégies de communication avec les Départements du Secrétariat. La délégation a également appuyé la démarche adoptée par le Département pour évaluer l’impact de ses activités, notamment l’identification de 170 indicateurs permettant aux responsables du Département d’évaluer leurs services. Il a en revanche regretté que les indicateurs identifiés pour l’évaluation des services de la Bibliothèque Dag Hammarskjöld ne couvrent que les services aux utilisateurs et s’est demandé si des indicateurs avaient été choisis pour évaluer les performances dans les autres domaines d’opération de la librairie, y compris l’indexation et de l’engagement de la libraire dans le Comité directeur. Il s’est félicité de la prochaine disponibilité de la base de donnée ODS au grand public fin 2004 et des progrès accomplis vers la création d’un Centre de nouvelles multilingue, faisant néanmoins valoir que le multilinguisme dans les six langues officielles de l’ONU ne signifiait pas l’universalité, dans la mesure où ces six langues n’étaient les langues maternelles que de 40% de la population mondiale. Dans ce contexte, il a engagé le Département à mettre sur le site les documents de référence de l’ONU dans d’autres langues.
M. ELSI (République arabe syrienne) a soutenu les efforts déployés par le Département de l’information pour s’adapter au monde contemporain par le biais d’une restructuration de ses services et d’une réorientation de ses activités. La tâche des Nations Unies doit être de communiquer davantage, notamment sur des questions telles que l’occupation étrangère, a-t-il dit, avant de plaider pour le renforcement du multilinguisme sur le site Web qui doit mieux observer le principe de parité afin d’attirer davantage de visiteurs. La progression du nombre de visiteurs sur le site Web des Nations Unies résulte en premier lieu de sa disponibilité dans les six langues officielles, a-t-il fait valoir, avant d’insister sur la nécessité de développer davantage le site Web en langue arabe. S’agissant des partenariats, le représentant a mis en garde contre le fait que les partenariats avec certains médias extérieurs ne résultaient pas toujours dans la diffusion d’une information exacte sur les activités de l’ONU.
M. FREDERICO DUQUE ESTRADA MEYER (Brésil), intervenant au nom des pays membres de la communauté des pays lusophones, a apporté son appui à la rationalisation des travaux et des structures du Département de l’information. Toutefois, a-t-il dit, la régionalisation des centres d’informations ne devrait pas porter atteinte à la diffusion d’informations en langue portugaise, a-t-il dit, avant de souligner qu’après la fermeture du centre de Lisbonne, celui de Rio de Janeiro demeure le seul centre d’information lusophone dans le monde. Invitant le Comité de l’information à considérer l’offre du Gouvernement angolais d’accueillir un centre d’information, M. Duque Estra Meyer s’est penché également sur les besoins du Timor-Leste. Les moyens consacrés par le Département de l’information à la diffusion d’information en langue portugaise devront être maintenus, a-t-il conclu.
Mme SIMONA MICULESCU (Roumanie) a souligné le rôle important du Département de l’information dans la diffusion d’informations sur les services de l’ONU et a insisté sur la qualité des services du Centre d’information de Bucarest, que le Gouvernement roumain s’est engagé à soutenir financièrement. Elle a salué les efforts déployés par le Département pour promouvoir une prise de conscience mondiale et une meilleure compréhension du travail de l’ONU. Elle a par ailleurs appuyé le projet de cadre stratégique pour 2006-2007 et a encouragé le DPI à poursuivre et à renforcer ses activités de promotion des questions relatives aux Objectifs de développement du millénaire et aux opérations de maintien de la paix. S’agissant du processus de régionalisation des centres d’information, elle a insisté sur la nécessité de prendre en compte les caractéristiques culturelles et linguistiques de chaque région. En conclusion, elle a réitéré l’attachement de son pays à la liberté de la presse.
Mme ADRIANA PULIDO (Venezuela) a insisté sur l’importance de faire comprendre au plus grand nombre la signification réelle et concrète de l’action de l’ONU. Elle a ainsi engagé le Département à redoubler d’efforts pour exécuter son mandat et obtenir le soutien du public aux objectifs de l’Organisation. Elle a réaffirmé le caractère fondamental de la liberté de la presse et a déploré les excès commis à son encontre qu’elle a qualifiés d’incompatibles avec la démocratie. A ce titre, elle s’est félicitée que la communauté internationale ait renouvelé son engagement à défendre la liberté d’expression lors de la première phase du Sommet mondial sur la société de l’information et a émis l’espoir que de nouveaux efforts seront entrepris pour combler le fossé numérique entre pays riches et pays pauvres à l’occasion de la deuxième phase de ce Sommet en 2005. Soulignant le rôle du Département pour mobiliser la communauté internationale autour des Objectifs du Millénaire, elle a encouragé le DPI à développer sa coopération avec les autres départements de l’Organisation, la société civile et le secteur privé.
M. BORIS MALAKOV (Fédération de Russie) a estimé que la restructuration du Département de l’information revêtait une importance cruciale pour adapter les Nations Unies aux enjeux contemporains des relations internationales. Toute une série de questions difficiles doivent être résolues au cours de cette session, a-t-il dit, en particulier pour ce qui est du programme de travail du DPI afin qu’il soit en conformité avec les structures issues de la réforme. Appuyant ensuite la poursuite de la redéfinition des stratégies de communication, M. Malakov a souhaité que les partenaires et les clients soient davantage consultés pour disposer de données sur leurs attentes et leurs degrés de satisfaction. S’agissant de la régionalisation des centres d’information, le représentant a souhaité que les centres qui, comme celui de Moscou, sont indispensables, soient renforcés. M. Malakov a exhorté le Département de l’information à procéder à une évaluation de la régionalisation en Europe occidentale avant d’envisager l’extension du modèle à d’autres zones, et a suggéré au Département d’intensifier ses efforts pour réformer le fonctionnement des bibliothèques. Enfin, le représentant de la Fédération de Russie a insisté sur la notion du multilinguisme, soulignant que le nombre d’utilisateurs du site Web russe de l’ONU était en progression constante.
M. VIJAY K. NAMBIAR (Inde) a exprimé l’appui de sa délégation à la réorientation du Département de l’information et les préoccupations de son pays quant à la régionalisation des centres d’information. Il a notamment estimé que les ressources libérées par la création du Centre régional pour l’Europe de l’Ouest devaient être allouées aux domaines programmatiques et opérationnels identifiés comme prioritaires. Insistant sur le fait que la régionalisation ne devait pas se limiter à l’objectif de faire baisser les coûts, il a invité le Département à procéder à une évaluation de l’expérience européenne pour identifier les bonnes et mauvaises pratiques ainsi qu’à adopter, lors de la poursuite du processus de rationalisation, une approche consultative au cas par cas. Il a encouragé le Département à collaborer davantage avec le Département de maintien de la paix pour développer une stratégie globale de communication et accroître son impact sur la perception qu’a le public de ce type d’opérations. Le représentant de l’Inde a par ailleurs encouragé le développement d’une culture de l’évaluation et de la performance au sein du Département et a insisté sur la nécessité de disposer des moyens d’analyser les données récoltées afin d’améliorer les politiques et programmes en fonction des observations. Le délégué de l’Inde a par ailleurs réaffirmé que l’effort de développement du site Web de l’ONU et du multimédia ne devait pas se faire au détriment des moyens traditionnels de communication, et il a invité le Département à utiliser davantage les moyens traditionnels de communication comme la presse, la radio et la télévision, par le biais notamment de services en langues locales.
M. MANUEL AUGUSTO, Vice-Ministre chargé de la communication sociale de l’Angola, a apporté son appui au processus de réformes initiées au sein du Département de l’information avant de souligner que les pays en développement rencontraient des difficultés dans l’accès aux nouvelles technologies, faute de ressources financières. Cette marginalisation progressive des populations des pays en développement ne pourra être inversée que par la mise en œuvre du concept de « Nouvel ordre mondial de l’information et de la communication », a-t-il dit, avant de rappeler, s’agissant du processus de régionalisation des centres d’information, que l’Angola avait proposé d’accueillir le Centre d’information pour les pays africains lusophones. Nous partageons l’idée selon laquelle la rationalisation du réseau des centres d’information des Nations Unies doit se faire en tenant compte des nouvelles réalités sur le terrain, a dit le Vice-Ministre, renouvelant l’offre du Gouvernement de Luanda d’accueillir ce centre et de le prendre en charge, et invitant le Comité de l’information à examiner cette offre au cours de la précédente session. M. Augusto a également évoqué la prochaine commémoration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le 3 mai, qui revêt une signification particulière pour les pays en développement.
M. MOON TAE-YOUNG (République de Corée) a appuyé la réforme du Département et en particulier les efforts entrepris pour développer une culture d’évaluation de l’impact de ses services. S’agissant de la régionalisation des centres d’information, il a estimé que la poursuite de ce processus devait se faire sur les directives et les critères déjà acceptés par les Etats Membres et s’opérer en pleine consultation avec les Etats concernés et les Etats limitrophes des futurs centres régionaux. Le délégué a également demandé au Département d’expliquer pourquoi 48 Etats ne bénéficient pas de centre d’information. Il a appuyé la création d’un centre régional pour les pays de langue portugaise et a appelé le Département à attacher une attention particulière à la diffusion d’information vers les populations qui ne parlent pas les langues officielles de l’ONU. S’agissant du développement du site Web, le délégué coréen a souligné l’avantage en terme de rapport coût/efficacité de l’utilisation de ce médium. Il a insisté sur l’utilité de développer un moteur de recherche multilingue permettant de localiser les informations disponibles sur le Web et a estimé que la priorité était de développer le site dans les langues faisant l’objet du plus important nombre de consultations. La diffusion d’information en temps opportun et dans les langues les plus consultées est de loin plus importante que la parité des six langues officielles, a-t-il conclu.
M. PAUL BADJI (Sénégal) a déclaré que la révolution fulgurante des technologies de l’information et des communications avait transformé le monde en un village planétaire et placé les individus dans une interaction permanente. Pour autant, dans la plupart des pays en développement, ces technologies s’apparentent à des produits de luxe, a-t-il dit, avant de souligner les retards du continent africain dans le développement du numérique. Aussi, dans la perspective de la seconde phase du Sommet mondial sur la société de l’information de Tunis, en 2005, M. Badji a plaidé pour un appui massif de la communauté internationale au développement de ces nouvelles technologies sur le continent africain. Se tournant vers le renforcement des activités du Département de l’information, le représentant du Sénégal a jugé que les Nations Unies devaient se doter d’une capacité médiatique dynamique et prospective. Il a appuyé à ce titre le renforcement des centres d’information des Nations Unies installés dans les pays en développement et soutenu leur réorganisation en pôles régionaux. Enfin, pour intensifier les activités de dissémination de l’information sur les actions de l’Organisation des Nations Unies –en particulier en appui au NEPAD-, M. Badji a recommandé la poursuite de partenariats, considérant dans un autre domaine que le DPI devait jouer un rôle central dans la diffusion d’informations sur les opérations de maintien de la paix, en particulier sur les questions de DDR.
M. CHARLES AZUBIKE ONONYE (Nigéria) a estimé que la réorientation du Département de l’information devait répondre aux attentes des pays en développement qui sont désavantagés par le fossé numérique persistant. Il a affirmé que le Département devait se concentrer sur les questions économiques et sociales cruciales pour les pays en développement. Il a salué les initiatives entreprises pour améliorer la diffusion des programmes de télévision et de radio, notamment par l’utilisation des technologies numériques. Le représentant a fait observer que les accords entre la radio de l’ONU et la radio fédérale du Nigéria permettaient à plus de 50 millions de personnes d’écouter les programmes. Il a par ailleurs insisté sur l’importance du rôle que joue la diffusion d’informations pertinentes sur le succès des opérations de maintien de la paix de l’ONU et a appuyé le déploiement d’équipe d’information dans les missions, notamment en Côte d’Ivoire et au Libéria. Soulignant que les centres d’informations constituaient la voix locale de l’ONU, M. Ononye a exprimé l’intention de son pays de coopérer avec le DPI pour permettre au futur centre régional d’Abuja d’être pleinement opérationnel et efficace.
M. HOSSEIN MALEKI (République islamique d’Iran) a apporté son appui aux efforts du Département de l’information dans la restructuration de ses services et la réorientation de ses activités. L’objectif du DPI doit être d’atteindre le public le plus large possible, a-t-il dit, en particulier sur les questions cruciales pour les Nations Unies, telles que le terrorisme, le trafic de drogues, la pauvreté, entre autres. A l’heure où la déformation de l’information est devenue une habitude dans un monde dominé par les médias de masse, le rôle du Département de l’information est d’autant plus important, a-t-il dit, plaidant pour la définition de stratégies de communication cohérentes. Nous devons aider le DPI à promouvoir et renforcer ses activités, a-t-il insisté, saluant à ce titre la régionalisation en Europe occidentale mais jugeant ce modèle inapplicable aux pays en développement. En effet, ces pays sont ceux qui souffrent le plus d’un manque d’informations et de technologies de l’information et de la communication appropriées, a-t-il ajouté, souhaitant que le processus de rationalisation consiste dans l’allocation de ressources supplémentaires aux centres d’information des pays en développement. Dans un autre domaine, M. Maleki a invité le DPI à jouer un rôle plus actif dans la diffusion d’informations concernant le dialogue entre les civilisations par le truchement de son réseau de médias et d’organisations de la société civile.
Mme SOUAD EL ALAOUI (Maroc) a souligné que toute réforme n’avait de valeur que si elle se faisait au service de la personne humaine dans sa diversité. Elle a ainsi estimé que la nouvelle stratégie de communication du Département devait reposer sur les fonctions essentielles des Centres d’information, notamment en terme de liaison avec les médias, de gestion du savoir et de liaison avec la société civile. Elle a exprimé les préoccupations de sa délégation quant aux possibles effets nocifs d’une éventuelle fermeture des centres existants dans les pays en développement sur l’effort de diffusion massive de l’information que s’est assigné l’ONU. Elle a affirmé que la fracture numérique qui existait actuellement devait se transformer en « perspective numérique » grâce à une solidarité accrue et a émis l’espoir que la deuxième phase du Sommet mondial sur les technologies de l’information de 2005 apporterait une contribution majeure à la promotion de l’accès universel des technologies de l’information. La représentante du Maroc a par ailleurs invité le DPI à réfléchir aux modalités d’une interaction avec le Bureau du Conseiller spécial du Secrétaire général pour l’Afrique en vue de renforcer l’action multilatérale en faveur du continent. Saluant les progrès accomplis en matière de développement du site Web, elle a réaffirmé la nécessité d’œuvrer pour le strict respect du multilinguisme et de l’objectif de la parité des six langues officielles de l’ONU.
M. MOHAMED ALI SALEH ALNAJAR (Yémen) a rappelé que de nombreux pays en développement dépendaient des structures du Département de l’information pour disposer d’éléments relatifs à l’action menée par les Nations Unies. Il a à ce titre insisté sur l’importance des centres d’informations dans les pays en développement et s’est félicité de la décision du Secrétaire général de maintenir le centre de Sanaa qui sert également de sources d’informations pour le Siège des Nations Unies. Abordant la question du multilinguisme, le représentant a plaidé pour un échange avec les pays plus avancés et des formations pour les journalistes de pays en développement. Dans la perspective de la seconde phase du Sommet mondial sur la société de l’information, prévue à Tunis en 2005, le Yémen a estimé que certains de ses objectifs devraient être définis au cours de cette session du Comité de l’information.
M. YURIY KHOMWNKO (Ukraine) a salué les progrès accomplis en matière d’amélioration et de développement du site Web de l’ONU dans ses six langues officielles. Il s’est félicité des services d’information du Centre de nouvelles et de la diffusion électronique d’information et a encouragé le Département à développer ces services dans toutes les langues officielles des Nations Unies. Il a par ailleurs souligné la nécessité de préserver, par le biais des centres d’information, le lien entre l’ONU et les communautés locales, et a appuyé la proposition visant à intégrer les centres d’information dans les bureaux locaux du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Le délégué de l’Ukraine a par ailleurs appuyé les initiatives du Département pour promouvoir les activités de maintien de la paix, notamment en Afrique et il a salué les démarches entreprises pour commémorer une Journée mondiale du personnel de maintien de la paix des Nations Unies.
M. ALVARO J. LONDONO (Colombie) a défendu la pertinence des centres d’information des Nations Unies nationaux et estimé que la régionalisation opérée en Europe occidentale ne pouvait être étendue à d’autres régions sans une évaluation préalable. De plus, a-t-il dit, il semblerait normal d’engager au préalable des consultations plutôt que d’annoncer des mesures de fermeture de ces centres. S’agissant du site Web des Nations Unies, M. Londono a salué les progrès réalisés dans ce domaine ainsi que les efforts visant à diffuser les principales informations dans les six langues officielles. Enfin, le représentant de la Colombie a souhaité que le principe du consensus soit de nouveau privilégié par le Comité de l’information.
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