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ONG/547-PI/1610

57E CONFÉRENCE DPI/ONG: LES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE SONT RÉALISABLES À CONDITION QUE LES ÉTATS, STIMULÉS PAR LA SOCIÉTÉ CIVILE, HONORENT LEURS ENGAGEMENTS

08/08/2004
Communiqué de presse
ONG/547
PI/1610


Cinquante-septième conférence annuelle du Département       ONG/547

de l’information pour les organisations                     PI/1610

non gouvernementales                                        8 septembre 2004

matin & après-midi


57E CONFÉRENCE DPI/ONG: LES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE SONT RÉALISABLES À CONDITION QUE LES ÉTATS, STIMULÉS PAR LA SOCIÉTÉ CIVILE, HONORENT LEURS ENGAGEMENTS


À un an du Sommet d’examen à cinq ans de la mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire, l’occasion historique de mettre un terme à la pauvreté abjecte ne doit pas être manquée


Les Objectifs de développement pour le Millénaire (ODM), véritable feuille de route pour s’attaquer à la pauvreté, à la fois objectifs ambitieux et plus petit dénominateur commun à atteindre, sont réalisables dans tous les pays dans les délais impartis à la seule condition que les États, riches et pauvres, fassent preuve de la volonté politique nécessaire pour honorer les engagements pris lors des grandes conférences des Nations Unies.  Le rôle des organisations non gouvernementales (ONG) à cet égard est déterminant pour rappeler aux gouvernements leurs obligations et contribuer à leur mise en oeuvre.  C’est en substance le message qui est ressorti aujourd’hui de la première journée d’ouverture de la 57e Conférence DPI/ONG qui réunit au Siège, du 8 au 10 septembre, 2 700 représentants de 700 des 3 000 organisations non gouvernementales (ONG) associées aux Nations Unies(ONU), des hauts fonctionnaires de l’Organisation, des représentants des gouvernements et des experts, afin de définir des stratégies pour surmonter les obstacles à la réalisation des objectifs mondiaux de lutte contre la pauvreté et dépasser les résultats mitigés quoique encourageants atteints jusqu’ici*.    


Dans son allocution de bienvenue transmise par vidéoconférence, le Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, a insisté sur le rôle crucial de la société civile pour encourager leurs gouvernements à mener les réformes nécessaires pour s’attaquer avec succès à la pauvreté extrême.  La Coordonnatrice de la Campagne pour les ODM, Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Mme Eveline Herfkens, a mis l’accent sur l’importance de la mobilisation que la seule énonciation des Objectifs avait suscitée.  S’ils ne sont pas toujours respectés à la lettre ou dans leur intégralité, ces objectifs sont atteignables partout, même si les priorités de leur mise en œuvre peuvent différer d’un pays à l’autre, a-t-elle affirmé, en soulignant que grâce à la coopération avec la société civile, il était plus que jamais possible de penser au niveau mondial et d’agir au niveau local, afin de donner à la mondialisation un visage humain.  


Faisant écho aux appels lancés aux pays riches par Mme Herfkens pour qu’ils respectent leurs engagements dans le cadre de l’objectif 8 relatif à l’accroissement de l’aide, l’allègement de la dette et le commerce, la Présidente de la Conférence des ONG dotées du statut consultatif auprès du Conseil économique et social (CONGO), Mme Renate Bloem, a souligné que les progrès ne pourraient être atteints dans les délais impartis  sans « un déblocage décisif» passant par une « reformulation d’ensemble de la coopération internationale».  Tout en reconnaissant la responsabilité première des pays pauvres en ce qui concerne la mise en œuvre des sept premiers ODM concernant la réduction de la pauvreté, l’accès à l’enseignement primaire, la lutte contre la maladie et la faim, les intervenants ont insisté sur la responsabilité des pays développés pour la réalisation du huitième objectif.  Cela consiste notamment à mettre en place de règles de jeu équitables permettant aux pays en développement d’exploiter leurs avantages comparatifs en particulier dans les domaines de l’agriculture et des textiles.  Pour le Conseiller spécial du Secrétaire général pour les ODM, Jeffrey Sachs, les deux conditions préalables à la réalisation de ces objectifs sont le soutien financier et commercial des pays riches et la mise en œuvre par les gouvernements des pays en développement des réformes nécessaires.  Là encore, a-t-il souligné, la société civile doit incarner le rôle de catalyseur « de la force morale » des dirigeants maintes fois engagés, que ce soit à New York, à Monterrey, à Johannesburg, à tout mettre en œuvre pour éliminer la pauvreté.   


Dans la même veine, le Secrétaire général adjoint à la communication et à l’information, Shashi Tharoor, a encouragé les ONG à contribuer au succès du Sommet de haut niveau prévu en septembre 2005, pour examiner les progrès réalisés cinq années après le Sommet du Millénaire de 2000, et de faire comprendre à leurs gouvernements que les Nations Unies n’ont jamais davantage été pertinentes.  De son côté, le Président de l’Assemblée générale, Julian Hunte, a exhorté les ONG et les Nations Unies à maintenir l’élan vers un partenariat significatif pour accompagner l’ONU sur la voie de la revitalisation. 


0rganisée sur le thème de la contribution des organisations de la société civile à la réalisation des ODM, la 57e édition de la Conférence Département de l’information des Nations Unies/Organisations non gouvernementales (DPI/ONG) a pour but de sensibiliser le public et de catalyser, par le biais de la mobilisation de la société civile, la volonté politique des gouvernements de respecter effectivement les engagements pris dans la Déclaration du Millénaire.  Ces objectifs appellent à des progrès dans huit domaines: la misère et la faim, l’enseignement primaire, l’égalité des femmes, la mortalité infantile, la santé maternelle, les maladies, l’environnement, et le partenariat mondial pour le développement.


*Le rapport intérimaire du Secrétaire général sur les progrès dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement a été  publié sous la cote A/59/282.


Déclarations


M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, par vidéoconférence, a souligné que la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement constituait un test pour les gouvernements, les ONG et pour les Nations Unies.  C’est notre crédibilité et notre pertinence qui est en jeu, a-t-il souligné.  Le caractère spécifique de ces Objectifs vient du fait qu’ils sont mesurables, assortis de délais et bénéficient du large consensus forgé lors de leur adoption au Sommet du Millénaire.  Il a souligné le rôle important que doivent jouer les organisations non gouvernementales pour assurer le niveau de volonté politique nécessaire à leur réalisation.  Le Secrétaire général a insisté sur le fait que ces objectifs étaient réalisables, y compris dans les délais, si tous les États s’attelaient à mener les réformes internes requises et bénéficiaient du soutien extérieur adéquat.  Le Secrétaire général a dit attendre avec beaucoup d’intérêt les recommandations qui émaneront de cette Conférence et s’est dit convaincu qu’elles seront de nature à renforcer le partenariat entre les ONG et les Nations Unies et à permettre à l’Organisation de rester en phase avec les développements de la scène internationale.  Il a conclu en soulignant que s’offrait l’occasion historique de mettre fin à la pauvreté extrême et d’engager le monde dans une voie meilleure, plus sûre et plus humaine. 


M. JULIAN HUNTE, Président de l´Assemblée générale des Nations Unies, a rappelé la tâche impressionnante que la conférence s’était fixée en adoptant comme thème « Objectifs du Millénaire pour le développement: la société civile agit ».  Il s’agit en effet de déterminer  comment la société civile devrait orienter ses initiatives pour concourir aux résultats des actions menées par les gouvernements.  À partir des huit objectifs définis, la communauté internationale peut aller de l’avant pour éradiquer la pauvreté et la famine, atteindre l’éducation universelle, améliorer la santé maternelle, réduire la mortalité infantile, promouvoir l’égalité entre les sexes, lutter contre les maladies mortelles, y compris le VIH/sida, et promouvoir le développement durable, ainsi que développer les partenariats à cette fin.  Beaucoup de ce qui doit être atteint reste encore à l’état d’intentions et d’engagements, a-t-il expliqué, ce qui laisse encore beaucoup à accomplir avant 2015.


Le Président de l’Assemblée générale a déclaré apprécier l’influence positive que les Organisations non gouvernementales (ONG) exercent sur l’opinion publique à l’égard des Nations Unies et sur les actions menées par celles-ci.  Nous devons maintenir l’élan vers un partenariat significatif, a-t-il exhorté, citant à titre d’exemple les nombreuses possibilités de contribuer à la bonne tenue de la plénière de haut niveau qui se tiendra en 2005 pour examiner les résultats de plus d’une décennie.  Les ONG et les organisations de la société civile ont participé à toutes les réunions antérieures, a-t-il rappelé, et il a exprimé le souhait qu’elles continuent à s’impliquer dans ces réunions.  Il a déclaré s’attendre à ce que les ONG et la société civile jouent leur rôle dans le dixième anniversaire du Programme d’action de La Barbade pour le développement durable des petits états insulaires en développement qui doit avoir lieu en janvier 2005.


Selon M. Hunte, l’ONU doit continuer à changer en même temps que le monde évolue, dans le sens de la revitalisation de l‘Organisation.  Il a enfin salué la détermination des ONG à agir en partenariat avec les Nations Unies pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement.


MME EVELINE HERFKENS, Coordonnatrice exécutive de la Campagne pour les Objectifs du Millénaire du Programme des Nations Unies pour le développement, a salué la contribution des organisations de la société civile à la réalisation des Objectifs.  Elle a affirmé que grâce aux ONG, les statistiques abstraites disposaient d’un visage humain et les objectifs énoncés servaient les intérêts les groupes marginalisés, les exclus, pauvres, femmes, personnes handicapées et peuples autochtones.  Notant que certaines organisations non gouvernementales considéraient ces objectifs comme minimaux alors que d’autres les considéraient comme n’étant pas atteignables, elle a insisté sur l’importance de ne pas sous-estimer l’importance de la réalisation même de ces objectifs, aussi minimes ou ambitieux soient-ils, pour les millions de personnes qui sont concernées.  S’ils sont le plus petit dénominateur commun à atteindre, a-t-elle poursuivi, il est possible et en fait souhaitable de les adapter à la situation spécifique de chaque pays.  Elle a réitéré que ces objectifs étaient atteignables dans tous les pays en concédant que selon les pays, leur calendrier et leur ordre de priorité pouvaient différer.  Pour faire face au cynisme de certains, a-t-elle lancé, il faut mettre l’accent sur l’importance du niveau de mobilisation que leur énonciation occasionne et sur l’accélération des progrès que cette mobilisation accrue rend possible même si, en dernière instance, ils ne sont pas toujours respectés à la lettre dans leur intégralité. 


Mme Herfkens s’est félicitée du fait que les Objectifs du Millénaire aient changé en seulement quatre ans la face du développement et donné naissance à une action concertée sans précédent, comprenant une variété d’acteurs plus importante que jamais.  La mobilisation, a-t-elle dit, dépasse les gouvernements et la société civile pour englober par exemple les groupes parlementaires et religieux et les autorités locales.  Elle a rendu hommage à la société civile sans laquelle cette mobilisation n’aurait pas été et ne serait pas possible.  Les Nations Unies, si elles constituent un forum d’échanges et de décisions, a-t-elle souligné, n’ont que la force que ses membres, les États, lui permettent d’avoir et, comme l’a déclaré Kofi Annan, les Objectifs du Millénaire ne seront pas réalisés aux Nations Unies mais au niveau de chaque pays, grâce aux efforts conjoints des gouvernements et de leurs ressortissants.  Au-delà des discours, ce qui est nécessaire pour réaliser ces objectifs, c’est la volonté politique et celle-ci n’est rassemblée que grâce à la mobilisation de la société civile, a insisté Mme Herfkens en ajoutant qu’il est important de penser au niveau mondial et d’agir au niveau local.  Il est donc nécessaire de galvaniser les courroies de transmission permettant aux dirigeants de voir qu’il y a des voix à gagner en écoutant la société civile.  Il s’agit de faire en sorte que la mondialisation se déroule de manière équitable et prenne un visage humain. 


Mme Herfkens a par ailleurs souligné que s’il incombait aux pays pauvres de réaliser les sept premiers Objectifs du Millénaire pour le développement, ils ne pourraient le faire que si l’objectif 8, relatif à l’accroissement de l’aide et à l’allègement de la dette, est réalisé par les pays riches.  À ce titre, Mme Herfkens a insisté sur la nécessité de mettre en place une réciprocité en matière d’obligation de respect de dates butoirs pour la réalisation des objectifs.  Elle s’est félicitée des engagements assortis de délais pris par bon nombre de pays riches, notamment pour ce qui est du respect de l’engagement d’allouer 0,7% de leur PNB à l’aide publique en développement.  Elle a également souligné la nécessité de veiller par ailleurs à ce que l’aide allouée ne soit pas liée et soit dédiée au développement et non pas à la poursuite d’intérêts géopolitiques comme la lutte contre le terrorisme.  Il est également important, a-t-elle dit, de faire avancer les initiatives visant à éliminer les subventions agricoles des pays riches limitant les perspectives de développement des pays pauvres qui dépendent des débouchés disponibles pour leur production agricole.  Elle a également invité les ONG à faire campagne pour la poursuite effective des politiques d’allègement de la dette et pour l’allocation des ressources libérées par l’allègement de la dette aux politiques de développement.  D’autre part, Mme Herfkens a invité les organisations de la société civile à tenir pour responsable les dirigeants de leur pays pour les succès mais aussi et surtout pour les échecs en matière de politique de développement, notamment en matière économique et sociale, lutter contre la corruption, et évaluer les politiques mises en oeuvre pour atteindre les objectifs.  Elle a exhorté les représentants des ONG à demander aux dirigeants de rendre des comptes sur ce qu’ils ont mis en œuvre pour traduire concrètement les engagements pris au Sommet du Millénaire en mesures concrètes et effectives.  Et ce, a-t-elle insisté, dès

maintenant et sans attendre la tenue du Sommet de haut niveau prévu en septembre 2005 où seront examinés les progrès réalisés depuis 2000.  Nous sommes la première génération ayant l’occasion de véritablement mettre fin à la pauvreté, a-t-elle conclu en invitant la société civile à veiller à ce que personne ne laisse passer cette occasion.


M. SHASHI THAROOR, Secrétaire général adjoint à la communication et à l’information, a affirmé que l’organisation de la Conférence DPI/ONG n’était qu’un exemple de la coopération étroite qu’entretiennent, depuis 60 ans, les Nations Unies avec les ONG, dont quelque 3 000 sont directement associées au Secrétariat.  Il a souligné le rôle crucial de la société civile dans la réalisation effective des Objectifs du Millénaire et a insisté sur le haut rang de priorité accordé à l’engagement constructif des Nations Unies avec ses partenaires de la société civile.  Faisant référence au rapport intérimaire sur la réalisation des Objectifs du Millénaire présenté par le Secrétaire général le 7 septembre, il a insisté sur les réussites déjà atteintes et sur la nécessité d’allouer davantage de ressources au processus, aux niveaux national et international.  Il a salué le fait qu’en quatre ans seulement, les huit objectifs de développement énoncés dans la Déclaration du Millénaire aient « révolutionné la coopération mondiale en matière de développement et s’est félicité que le large consensus forgé au niveau international autour d’un ensemble d’objectifs clairs, mesurables et assortis de délais, pour le développement, ait donné naissance à une action concertée sans précédent. 


Il a invité les organisations non gouvernementales à suivre de près le débat qui s’engagera lors de la prochaine Assemblée générale sur la base du rapport du Groupe Cardoso sur les relations entre l’ONU et la société civile, du Nord et du Sud, ainsi que celui qui débutera début décembre sur la base des conclusions du Groupe de personnalités imminentes sur les menaces, les défis et le changement.  Il a insisté sur la nécessité d’engager sur la base des recommandations du Groupe une réflexion sur les moyens de traiter la question des liens entre la criminalité organisée et les crises humanitaires, y compris l’utilisation illicite des ressources des pays dévastés par un conflit, sur la problématique du renforcement de l’état de droit dans les pays sortant d’un conflit comme moyen essentiel de restaurer la paix et la sécurité internationales.  À ce titre, il a invité les ONG à faire comprendre aux dirigeants de leurs pays respectifs qu’aucun pays ne pouvait faire face seul à ces menaces et que les Nations Unies, à la veille de leur soixantième anniversaire n’avaient jamais eu davantage de pertinence. 


MME JOAN LEVY, Présidente du Comité exécutif ONG/Département de l’information, a insisté sur l’importance vitale des objectifs à atteindre.  Elle a indiqué que le projet le plus important du Comité exécutif est cette conférence annuelle qui réunit plus d’organisations non gouvernementales que jamais et a rappelé le nouveau site Internet interactif qui permet aussi à ceux qui ne peuvent y assister d’y accéder et même de participer aux sessions plénières.  Cette année, a-t-elle précisé, le site est disponible en anglais, français et espagnol, les Objectifs du Millénaire pour le développement étant quant à eux postés dans les six langues officielles des Nations Unies.  Elle a présenté les travaux de trois groupes de travail, invitant les ONG à participer davantage aux travaux des sous-comités.  Elle a évoqué les nouveautés du bulletin d’information trimestriel et celles du site internet.


Selon Mme Levy, la société civile aura une occasion unique de donner son avis lors du Sommet du Millénaire + 5 qui se tiendra en septembre 2005.  Elle a enfin rappelé l’importance essentielle à ses yeux du rapport du Groupe des personnalités sur les relations de la société civile et de l’ONU, qui a été désigné en 2003 et a présenté son rapport au Secrétaire général en juin 2004.  Elle a déclaré apprécier les réunions que les membres du groupe ont bien voulu tenir, avec les ONG seules ou avec les ONG et les gouvernements, qui ont permis de répondre aux questions et commentaires de chacun.


MME NATE BLOEM, Présidente de la Conférence des ONG dotées du statut consultatif auprès du Conseil économique et social (CONGO), a estimé que les Objectifs du Millénaire pour le développement (ODM) ne pourraient être atteints d’ici 2015 sans une implication forte et un nouvel élan de la société civile.  Elle a déclaré que ces objectifs devaient beaucoup à la contribution de société civile, en rappelant que le Forum du Millénaire de mai 2000 avait été organisé en collaboration avec différentes ONG.  Elle a précisé que l’esprit de la déclaration née de ce forum était très proche de l’esprit de la Déclaration officielle signée par 147 chefs d’État et de gouvernement, en s’appuyant sur les résultats des conférences et sommets des Nations Unies des années 90.


Au cours de ces quatre dernières années qui ont suivi l’adoption de la Déclaration du Millénaire, CONGO a apporté sa modeste contribution en aidant les ONG sur le terrain à prendre conscience des Objectifs du Millénaire pour le développement et de leur contribution potentielle à leur réalisation.  Elle a indiqué que les conclusions du Forum asiatique de la société civile qui s’est tenu à Bangkok en 2002 avec plus de 500 participants originaires de trois pays avait souligné que les Objectifs des Nations Unies ne pouvaient être atteints sans une implication et une collaboration forte de la société civile.  L’un de nos objectifs fondamental est de mettre en commun nos capacités pour analyser les budgets nationaux afin de nous assurer que nos gouvernements prennent dans ce secteur les décisions adéquates pour atteindre les ODM.  Toutefois, a-t-elle ajouté, même si nous pouvons avancer par le biais d’une distribution des ressources au niveau national, nous ne devons pas nous attendre à de réels progrès sans un déblocage décisif sur le 8ème objectif -partenariat mondial pour le développent-.  Elle a souhaité que nous nous appuyons sur les ouvertures qu’offre ce 8ème ODM et de passer à une reformulation d’ensemble de la définition de la coopération internationale.  Faisant état du séminaire tenu en Amérique latine, elle a noté l’importance de l’appropriation des actions en faveur des Objectifs du Millénaire pour le développement au niveau local, avec une adaptation aux spécificités culturelles et la création d’observatoires des politiques publiques. 


Elle a souligné la nécessité pour les ONG de trouver des moyens d’interagir au mieux dans les événements du Sommet du Millénaire + 5.  À cet égard, elle a souhaité que l’on tisse des liens entre le Sommet du Millénaire + 5 et le Sommet mondial sur la société de l’information dont la deuxième phase se tiendra à Tunis en 2005, compte tenu de l’aspect multidisciplinaire des Objectifs du Millénaire et des opportunités qu’offrent les nouvelles technologies pour accélérer la réalisation des ODM.  Nous avons encore le temps de donner un nouvel élan à la participation des ONG à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, mais il s’agit de ne pas perdre de temps.  


MME JOAN KIRBY, Présidente de la Conférence annuelle, a rappelé que, lors de la Déclaration du Millénaire, les États membres des Nations Unies avaient réaffirmé leur détermination à atteindre leurs objectifs communs de paix, de coopération et de développement, dans le sens d’une responsabilité collective en faveur de la dignité humaine et de l’égalité au niveau mondial.  Elle a exprimé le regret que les Objectifs du Millénaire pour le développement soient cependant peu connus au-delà de cette « maison commune de la famille humaine » que constitue l’ONU, engageant à sensibiliser l’opinion publique sur la signification de ces objectifs.  Rappelant le programme de cette conférence, elle en a souligné les buts principaux, à savoir assurer que les Objectifs sont présents à l’esprit des décideurs, des représentants des médias et des citoyens du monde, et que personne ne prétende ignorer le devoir commun de travailler en vue d’atteindre ces huit objectifs.  Notre travail n’est donc pas fini, a-t-elle conclu, évoquant la préparation de la Conférence du Millénaire + 5.


Progrès accomplis à ce jour dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement


Au cours de l’après-midi, une réunion-débat animé par le Conseiller spécial de la Banque mondiale, M. Zia Qureshi, a été l’occasion d’évaluer les progrès accomplis en matière de promotion des ODM, par l’ONU, les gouvernements, la société civile, en particulier les ONG.  Dans ce contexte, sont intervenus Mmes Farida Allaghi, Conseillère principale auprès du Président du Programme arabe du Golfe pour les organismes de développement des Nations Unies (AGFUND) et coauteur du Rapport sur le développement humain dans les pays arabes 2003 et Leonor Briones, Coordonnatrice de l’organisation Social Watch-Asia aux Philippines, ainsi que MM. John Richardson, Ambassadeur et Chef de la délégation de la Commission européenne auprès de l’ONU et Albert Likhanov, Président de la Fondation russe pour l’enfance qui a présenté une situation marquée par la présence de 700 000 enfants abandonnés sur le territoire russe soit plus qu’au lendemain de la 2ème guerre mondiale.  Répondant aux questions des participants, les intervenants ont notamment souligné l’importance des programmes d’éducation, l’ouverture des marchés, la place de la société civile, le droit à la reproduction et la place des femmes dans la société. 


Dans un bilan de la réunion, M. JEFFREY SACHS, Conseiller spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour les Objectifs du Millénaire pour le développement et Directeur du Earth Institute de la Columbia University de New York, a déploré que la communauté internationale finance plus volontiers la guerre que la paix et a affirmé que si tout ce qui pouvait être promis, avait été promis et était énoncé dans le Consensus de Monterrey, la Déclaration du Millénaire, le Plan de mise en œuvre de Johannesburg ou encore les communiqués du G8, c’est le suivi des engagements qui faisait défaut.  À ce titre, il a exhorté les pays industrialisés à honorer leurs engagements d’allouer 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement, ce qui reviendrait, a-t-il dit, à injecter les 60 milliards de dollars manquants.  Une fois cet argent promis versé, les Objectifs du Millénaire pour le développement seront réalisables dans tous les pays et d’ici à 2015, a-t-il lancé en ajoutant que les deux conditions préalables étaient le soutien financier et commercial des pays riches et la mise en œuvre par les gouvernements nationaux des réformes nécessaires. 


Les 11 années qui restent d’ici à 2015 suffisent pour faire des Objectifs du Millénaire une réalité qui se traduirait par le sauvetage des 3 millions d’enfants qui, chaque année, meurent du paludisme en Afrique du fait qu’ils ne disposent pas de moustiquaires, de sels de réhydratation, de médicaments valant moins d’un dollar par jour, ou encore d’eau potable.  Ce qui est nécessaire, a-t-il dit, ce sont des actions ciblées, prises sur la base des connaissances scientifiques et technologiques dont dispose la communauté internationale.  Ces actions doivent être entendues comme des investissements dans l’avenir de la planète, dans l’avenir de l’humanité.  Cet avenir requiert de penser l’aide au développement comme le moyen de créer l’indépendance et non pas de créer la dépendance comme c’est le cas des subsides agricoles versés aux agriculteurs des pays riches qui, engendrant la dépendance, n’ont aucun sens du point de vue du développement.  M. Sachs a déploré le fait qu’alors que 100 milliards sont alloués annuellement au financement de la guerre en Iraq, seul un milliard est versé pour le compte de la réalisation des Objectifs du Millénaire, faute de volonté politique.  Rien ne pourrait être plus dangereux pour la sécurité internationale qu’un monde paupérisé vivant dans la terreur.  Un milliard de personnes dans le monde luttent pour survivre, jusqu’à 10 millions de personnes perdront cette bataille cette année sans que personne ne réagisse.  L’heure est à honorer les engagements pris à maintes reprises, a-t-il dit en insistant sur la chance réelle qui se présente à la communauté internationale à l’occasion de l’examen à mi-parcours de la mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire en septembre 2005 prochain.  Les dirigeants doivent se montrer à la hauteur, faire preuve de la force morale requise pour définir un plan d’action prenant au sérieux les objectifs énoncés.  Dans ces conditions, a-t-il conclu, il n’y aura plus de pauvreté abjecte en 2025. 


De plus amples détails sur la Conférence et sur les Objectifs du Millénaire sont respectivement disponibles sur les sites dédiés www.un.org/dpi/ngosection/57conf.htm, et sur http://www.un.org/millenniumgoals/ et http://www.undp.org/mdg/.  L’adresse du site interactif de la Conférence est www.undpingoconference.org.


Pour des informations supplémentaires:


-sur les tables rondes et pour les interviews avec les participants, veuillez contacter: Tala Dowlatshahi, Section DPI/NGO, +1 212 963-1859, courriel: dowlatshahi@un.org.


- sur les ateliers de travail interactifs de la mi-journée, veuillez contacter Elisabeth Shuman, +1 646 366-7454, courriel: eshuman@earthlink.net.


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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.