En cours au Siège de l'ONU

HR/4801-PI/1626

LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL JUGE INDISPENSABLE UN ENGAGEMENT EXEMPLAIRE DES INSTANCES DIRIGEANTES ET DES AUTORITÉS PUBLIQUES FACE À L’ISLAMOPHOBIE

07/12/2004
Communiqué de presse
HR/4801
PI/1626


LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL JUGE INDISPENSABLE UN ENGAGEMENT EXEMPLAIRE DES INSTANCES DIRIGEANTES ET DES AUTORITÉS PUBLIQUES FACE À L’ISLAMOPHOBIE


Il souligne également, lors d’un séminaire du Département

de l’information, la nécessité de désapprendre les stéréotypes et la xénophobie


Le Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, a souligné la nécessité, lors d’un séminaire sur le thème « Face à l’islamophobie: enseigner la tolérance et la compréhension d’autrui », au Siège de l’ONU, aujourd’hui à New York, d’un « engagement exemplaire » de la part des instances dirigeantes et des autorités publiques pour non seulement condamner l’islamophobie, mais aussi pour veiller « à ce que les promesses de non-discrimination se réalisent dans l’application des lois et les pratiques sociales ».  « Le poids de l’histoire et les répercussions des événements récents font qu’aujourd’hui beaucoup de musulmans se sentent blessés et incompris, qu’ils s’inquiètent de voir rogner leurs droits et qu’ils craignent même pour leur personne », a-t-il déclaré.


Ce séminaire, animé par M. Shashi Tharoor, Secrétaire général adjoint à la communication et à l'information, était ouvert aux délégations des États Membres des Nations Unies, aux organisations non gouvernementales accréditées auprès de l’ONU, aux représentants des médias et au public.  Il était le deuxième d’une série appelée « Désapprendre l’intolérance », organisée par la Section de l'action éducative de la Division de l’action du Département de l’information des Nations Unies (DPI).  Cette série a pour objectif d’examiner différentes manifestations d’intolérance, d’explorer les moyens de promouvoir le respect et la compréhension entre les peuples, et de discuter de la façon dont l’intolérance peut être « désapprise » grâce à l’éducation, l’intégration et l’exemple.


Dans son discours d’ouverture du séminaire, M. Annan a identifié huit éléments à prendre en compte dans toute stratégie visant à combattre l’islamophobie: le droit, l’éducation, la limitation du pouvoir et de l’influence des médias qui servent à répandre la haine, l’autorité, une intégration dans les deux sens des cultures et des peuples, le dialogue entre les confessions, la compréhension du contexte politique et le combat contre la violence et le terrorisme menés au nom de l’Islam ou de toute autre religion.


« Il faut d’abord désapprendre les stéréotypes qui se sont profondément gravés dans les esprits et aussi dans les médias », a déclaré M. Annan.  « L’Islam est souvent perçu comme une tradition monolithique alors qu’elle est aussi variée que les autres et que ses fidèles représentent toutes les nuances qui vont du modernisme au traditionalisme », a-t-il affirmé, estimant que les principes de l’Islam étaient « présentés déformés, en dehors de leur contexte » et que certaines pratiques étaient « isolées comme si elles représentaient ou exprimaient à elles seules une religion pourtant riche et complexe ».


« Il faut aussi désapprendre la xénophobie », a ajouté le Secrétaire général.  « Parfois la haine s’apprend » et « parfois, on y est amené par les manipulations de dirigeants qui exploitent la peur, l’ignorance et le sentiment d’infériorité », a-t-il dit.  Selon lui, « la lutte contre l’islamophobie doit suivre une stratégie qui s’appuie largement sur l’éducation, sur l’ouverture des esprits à l’Islam et à toutes les autres religions et traditions, afin que les mythes et les mensonges soient perçus pour ce qu’ils sont ».


Il est « de la plus grande urgence » de s’attacher à la « restauration de la confiance entre les peuples de foi et de culture différentes », a également considéré M. Annan.  « Sinon, la discrimination continuera de corrompre de nombreux esprits innocents et la défiance nous empêchera peut-être de réaliser les ambitions de notre programme international de paix, de sécurité et de développement. »  Selon le Secrétaire général, « nous n’avons qu’une planète pour vivre » et nous devons ainsi « nous comprendre et nous respecter, vivre en paix les uns aux côtés des autres et illustrer ce que nos traditions respectives nous offrent de meilleur ».


L’intolérance est difficile à désapprendre, a observé pour sa part M. Seyyed Hossein Nasr, Professeur au département des études islamiques de l’Université George Washington.  Le concept d'islamophobie ne comprend pas seulement la peur mais également la haine, a-t-il expliqué, notant que la plupart des gens qui redoutaient l'Islam savaient très peu de choses à son sujet.  L'islamophobie n'existerait cependant pas si les Musulmans n'avaient jamais commis d'erreurs, a-t-il estimé, soulignant l'importance des problèmes de la Palestine, du Cachemire et de la Tchétchénie.  M. Nasr a par ailleurs battu en brèche la plupart des préjugés sur lesquels se base l'islamophobie, expliquant que l'Islam ne cherchait pas à dominer l'Occident, et ne s'érigeait pas en ennemi du judaïsme ou du christianisme.


Lors des trois panels de discussion (« Perspectives sur l'islamophobie aujourd'hui », « L'éducation pour la tolérance et la compréhension » et « Faire face à l'islamophobie ») organisés au cours de la journée, différents intervenants ont mis en avant une série de propositions, dont la création d'un groupe d'universitaires sous l'égide des Nations Unies, qui serait chargé de rédiger un article sur les points de convergence et de divergence des religions.


Le rôle joué par les médias dans la propagation de l'islamophobie a également été fréquemment évoqué, de même que le besoin d'assurer une approche plus équilibrée de l'Islam et l'importance de faire entendre la voix des musulmans.  S’agissant des liens faits avec le terrorisme, plusieurs orateurs ont affirmé que l’Islam ne devait pas être jugé sur la base d’actes d'extrémistes et que la communauté musulmane se devait de mettre en valeur les aspects positifs de la foi islamique, en particulier ceux qui concernent la démocratie et le respect des droits de l'homme.


« Chacun de nous a plusieurs identités », a relevé à son tour M. Tharoor dans des remarques de clôture.  « Parfois, la religion nous oblige à refuser la vérité sur notre propre complexité en oblitérant la multiplicité inhérente à nos identités. »  Il a par ailleurs constaté que de nombreux gens ordinaires avaient intériorisé l’islamophobie pour avoir associer l’Islam au terrorisme.  Cette culpabilité par association a condamné des millions d’individus pour des actions commises par quelques-uns et avec qui ils ont peu de choses en commun, a souligné l’intervenant.  Le terrorisme et la bigoterie ont émergé tous deux de la haine aveugle d’un « autre », qui était de son côté le produit de trois facteurs: la crainte, la fureur et l’incompréhension, des éléments qui doivent être combattus intégralement, a ajouté M. Tharoor.


Le Département de l’information a lancé la série « Désapprendre l’intolérance » à mi-parcours de la Décennie internationale pour la culture de paix et la non-violence pour les enfants du monde, proclamée par l’Assemblée générale en 1998.  Le premier séminaire, sur le thème « Affronter l’antisémitisme: éducation à la tolérance et à la compréhension », s’est tenu le 21 juin 2004.


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