LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME ENCOURAGE LA PARTICIPATION DES FEMMES AUX PROCESSUS DE PAIX, LE ROLE DES HOMMES DANS L’EGALITE DES SEXES, ET LA LUTTE CONTRE LE VIH/SIDA
Communiqué de presse FEM/1285 |
Commission de la condition de la femme FEM/1285
16e séance – après-midi
LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME ENCOURAGE LA PARTICIPATION DES FEMMES AUX PROCESSUS DE PAIX, LE ROLE DES HOMMES DANS L’EGALITE DES SEXES, ET LA LUTTE CONTRE LE VIH/SIDA
Réunis depuis le 1er mars dernier, les 45 Etats Membres de la Commission de la condition de la femme ont mis fin, cet après-midi, aux travaux de leur quarante-huitième session en adoptant leurs « conclusions concertées »* et une série de projets de résolution et de décision. Les « conclusions concertées » portent sur les deux thèmes de la session, à savoir « la participation des femmes aux processus de paix » et « le rôle des hommes et des garçons dans la promotion de la femme ». Si ces thèmes ont été abondamment commentés au cours du débat général, qui se concentre conformément au mandat de la Commission sur le suivi du Programme de Beijing de 1995 et des textes issus de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale, ils ont permis un riche dialogue avec des experts le 2 mars.
« La réalisation d’une paix durable a, pour conditions essentielles, la pleine et égale participation des femmes et des filles et l’intégration d’une perspective sexospécifique dans tous les aspects de la prévention, de la gestion et de la résolution des conflits ainsi que dans les efforts de consolidation de la paix après les conflits ». C’est ce qu’a estimé, dans ses conclusions concertées, la Commission de la condition de la femme qui a dicté, en conséquence, une série de 15 mesures aux Gouvernements, au système des Nations Unies et aux autres acteurs internationaux, régionaux et nationaux pertinents dont la société civile.
La question de l’intégration d’une perspective sexospécifique est revenue dans le projet de résolution que la Commission a adoptée sur les programmes et politiques des organismes des Nations Unies. Par ce texte, la Commission a voulu exprimer sa préoccupation face à l’appui insuffisant apporté aux politiques et stratégies concernant l’égalité des sexes et le suivi inadapté dans ces programmes et politiques; à l’utilisation inadéquate qui est faite de l’analyse des sexospécificités; au caractère inapproprié des mécanismes de suivi; et à un certain nombre de contraintes institutionnelles majeures.
La Commission a donc édicté neuf mesures aux organismes de l’ONU dont celle visant à améliorer les capacités permettant de procéder à une analyse des sexospécificités aux niveaux tant des politiques que des programmes et d’en faire meilleur usage. Au Conseil économique et social, la Commission a recommandé d’incorporer dans son évaluation de la mise en œuvre, à l’échelle du système, de ses conclusions concertées de 1997, les lacunes à combler au niveau des orientations de base des politiques et des stratégies en faveur de l’égalité des sexes et dans l’intégration d’une démarche en ce sens. Le diagnostic de la Commission a déjà été posé dans le résumé, dont elle a pris note, de la table ronde, organisée le 1er mars, sur « les disparités et les difficultés dans l’évaluation des progrès relatifs à l’application du Programme d’action de Beijing et des textes issus de la session extraordinaire de l’Assemblée générale ».**
« En tant qu’individus, membres de familles, de groupes sociaux ou de communautés, les hommes et les garçons peuvent faire des contributions considérables à la réalisation de l’égalité entre les deux sexes ». Le contenu de ces deux conclusions concertées va plus loin et précise que la participation des hommes et garçons dans la réalisation de cette égalité doit être conforme aux efforts d’émancipation de la femme et viser à éliminer la sous-évaluation du travail, des compétences et des rôles associés aux femmes. En adoptant ces conclusions concertées, la Commission a assigné aux Gouvernements, aux fonds et programmes pertinents de l’ONU ainsi qu’aux institutions spécialisées de son système, 26 tâches qui couvrent les domaines de l’éducation et des médias en passant par le renforcement des capacités des hommes comme des femmes.
Nul autre domaine que celui de la lutte contre le VIH/sida ne requiert davantage la pleine participation des hommes et des garçons, a encore estimé la Commission. Dans sa résolution sur « les femmes et les filles face au VIH/sida », la Commission s’est d’abord déclarée vivement préoccupée par le fait que l’épidémie mondiale du VIH/sida frappe de façon disproportionnée les femmes et les filles. Elle a donc souligné que l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles sont des éléments fondamentaux des efforts visant à réduire leur vulnérabilité. Pour revenir au rôle des hommes et des garçons, la Commission a encouragé la conception et la mise en œuvre de programmes permettant aux hommes, y compris les jeunes hommes, d’adopter un comportement prudent et responsable dans le domaine de la sexualité et de la procréation et d’utiliser des méthodes efficaces pour prévenir la propagation.
Sa prochaine session marquant le dixième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, le vingtième anniversaire des Stratégies prospectives d’action de Nairobi pour la promotion de la femme et le trentième anniversaire de la Conférence mondiale de l’Année internationale de la femme, la Commission de la condition de la femme a recommandé que l’Assemblée générale tienne une séance de haut niveau, au mois de mars 2005, en lieu et place du débat général qu’elle tient traditionnellement sur l’application du Programme d’action de Beijing et des textes issus de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale.
La Commission a également adopté une décision sur ses méthodes de travail et sur les travaux de son Groupe de travail chargé des communications –plaintes- qu’elle est habilitée à recevoir. Elle a d’ailleurs élu les nouveaux membres de ce Groupe qui sont la Chine, le Guatemala, le Royaume-Uni et la Slovénie; le poste réservé au Groupe des Etats d’Afrique sera pourvu à une date ultérieure.
Les représentants des pays suivants ont expliqué leur position sur certains des textes: Inde, Tunisie (au nom du Groupe des Etats d’Afrique), Argentine, Qatar (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), Irlande (au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés) et Pays-Bas.
A l’instar de la Présidente de la Commission, El Salvador (au nom du Groupe des Etats d’Amérique latine et des Caraïbes), l’Irlande, les Etats-Unis, le Qatar, la Tunisie et le Japon (au nom des Etats-Unis et du CANZ -Canada, Australie et Nouvelle-Zélande-) se sont félicités du déroulement des travaux de la Commission et de la capacité de ses membres à aplanir les divergences et à faire preuve de souplesse pour assurer le succès de la session.
Une autre étape a été franchie au sein de la Commission, s’est réjouie, à son tour, la Conseillère spéciale pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme. Angela King, qui participait pour la dernière fois aux travaux de la Commission avant son départ à la retraite, a reconnu que les négociations étaient très complexes. Elle a attribué cette complexité à la qualité des débats et au large éventail des questions abordées. Soulignant la diversité des objectifs que l’ONU s’est fixés, la Conseillère spéciale a argué que la commémoration du dixième anniversaire du Programme d’action de Beijing doit être l’occasion de placer la femme au centre des préoccupations identifiées dans la Déclaration du Millénaire ou du Consensus de Monterrey.
Tout comme lors de cette session, les travaux de la Commission seront dirigés jusqu’en 2006 par Mmes Kyung-wha Kang de la République de Corée, Présidente; et Carmen-Rosa Arias du Pérou, Tebatso Baleseng du Botswana, Lala Ibrahimova de l’Azerbaïdjan, Béatrice Maillé du Canada, Vice-Présidentes. Mme Ibrahimova assumera aussi les fonctions de Rapporteur.
SUIVI DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET DE LA SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITUTLÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »
Adoption de projets de résolution ou décision
Consacrant une résolution à la question des femmes et des filles face au VIH/sida (E/CN.6/2004/L.4/Rev.1), la Commission a adopté sans vote plusieurs propositions qui ont été présentées par l’Angola, au nom des pays de la Communauté pour le développement de l’Afrique australe (SADC). Elle se déclare d’abord vivement préoccupée par le fait que l’épidémie mondiale de VIH/sida frappe de façon disproportionnée les femmes et les filles et que la majorité des nouveaux cas d’infection touchent les jeunes. En conséquence, la Commission souligne, entre autres, que l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles sont des éléments fondamentaux des efforts visant à réduire leur vulnérabilité face au VIH/sida. Elle réaffirme aussi que les gouvernements doivent redoubler d’efforts sur le plan national et renforcer la coopération internationale dans l’application des mesures énoncées dans la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida et s’employer à réellement prendre en compte dans leurs politiques et stratégies nationales l’inégalité des sexes devant la pandémie.
Par ailleurs, la Commission prie instamment les gouvernements de renforcer les mesures visant à accroître les capacités des femmes et des adolescentes à se protéger du risque de l’infection à VIH, principalement grâce à la prestation de soins et services de santé, et à une éducation préventive qui tend à promouvoir l’égalité entre les sexes dans un cadre tenant compte des facteurs culturels et des besoins particuliers des femmes. Elle engage les gouvernements à redoubler d’efforts pour éliminer toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et des filles dans le contexte de la lutte contre le VIH/sida, notamment en luttant contre les stéréotypes, la stigmatisation, les attitudes discriminatoires et les inégalités entre les sexes, et à encourager la participation active des hommes et des garçons à cet égard.
La Commission accueille, en outre, avec satisfaction l’engagement de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) de collaborer avec la communauté internationale pour aider les pays en développement à atteindre l’objectif consistant à fournir des médicaments antirétroviraux à 3 millions de personnes infectées par le VIH/sida d’ici à la fin de 2005. Elle encourage également la conception et la mise en œuvre de programmes permettant aux hommes, y compris aux jeunes hommes, d’adopter un comportement prudent et responsable dans le domaine de la sexualité et de la procréation et d’utiliser des méthodes efficaces pour prévenir la propagation du VIH/sida.
La représentante de l’Inde a souligné l’importance de cette résolution devant l’ampleur de la pandémie dans son pays. Elle a ensuite rappelé la proposition de son pays de changer le terme communément utilisé par « sida et/ou VIH » et ce, a-t-elle expliqué, pour tenir compte de la situation sur le terrain, en particulier en Inde.
S’agissant de l’intégration d’une démarche soucieuse de l’égalité des sexes dans tous les programmes et politiques des organismes des Nations Unies (E/CN.6/2004/L.6), le Conseil économique et social devrait, selon la Commission, se déclarer préoccupé par les obstacles qui continuent d’entraver la pleine intégration d’une perspective sexospécifique dans l’ensemble des politiques et programmes, notamment l’appui insuffisant apporté aux politiques et stratégies concernant l’égalité des sexes et le suivi inadapté; l’utilisation inadéquate qui est faite de l’analyse des sexospécificités; le caractère inapproprié des mécanismes de suivi; et un certain nombre de contraintes institutionnelles majeures. La Commission recommande au Conseil l’adoption de neuf mesures à l’intention des organismes de l’ONU. Le Conseil devrait donc les inviter, entre autres, à renforcer les échanges de données d’expérience, de bonnes pratiques, d’instruments et de méthodes concernant l’intégration d’une perspective sexospécifique. Il devrait aussi les inviter à améliorer les capacités permettant de procéder à une analyse des sexospécificités aux niveaux tant des politiques que des programmes et en faire meilleur usage; et veiller à ce que les spécialistes et les coordonnateurs des questions liées aux sexospécifités aient accès à l’information et à des ressources adéquates, et bénéficient du soutien explicite des cadres. Selon la Commission, le Conseil économique et social devrait incorporer dans son examen et son évaluation de la mise en œuvre à l’échelle du système de ses conclusions concertées 1997/2, une évaluation des lacunes à combler au niveau des orientations de base des politiques et des stratégies en faveur de l’égalité des sexes et dans l’intégration d’une démarche soucieuse de l’égalité des sexes.
Soulignant l’importance de sa quarante-neuvième session, qui marquera le dixième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, le vingtième anniversaire de l’adoption des Stratégies prospectives d’action de Nairobi pour la promotion de la femme et le trentième anniversaire de la Conférence mondiale de l’Année internationale de la femme, tenue à Mexico du 19 juin au 2 juillet, la Commission de la condition a adopté sans vote un projet de résolution sur les préparatifs de sa quarante-neuvième session (E/CN.6/2004/L.12), présenté par le Pérou. Dans ce texte, la Commission décide de mettre l’accent sur l’application de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing et des textes issus de la vingtième session extraordinaire de l’Assemblée générale. Pour ce faire, elle aura largement recours à un dialogue interactif auquel participeront des délégations gouvernementales largement représentatives exerçant les plus hautes responsabilités et dotées des plus hautes compétences, ainsi que des membres de la société civile et des organismes du système des Nations Unies, compte tenu de la nécessité d’intégrer une démarche soucieuse d’égalité entre les sexes dans l’application de la Déclaration du Millénaire.
La Commission décide également de mettre l’accent sur les échanges de données d’expérience et de pratiques optimales pour surmonter les difficultés qui continuent d’entraver l’application de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing et des textes issus de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale. Elle décide, en outre, de recommander au Conseil économique et social de proposer à l’Assemblée générale de tenir une séance plénière de haut niveau, à laquelle elle transmettra son débat général sur l’application de la Déclaration et des textes issus de la session extraordinaire.
Concernant ses méthodes de travail (E/CN.6/2004/L.13), la Commission a adopté sans vote un projet de décision, présenté par le Pérou, aux termes duquel elle décide de recourir davantage, lors de ses sessions annuelles, à des manifestations interactives ainsi qu’à l’échange de données d’expérience et au partage des bonnes pratiques. Elle décide aussi d’explorer plus avant les possibilités qui s’offrent pour le programme de travail annuel et à ce sujet, d’envisager de réduire le nombre de questions thématiques et de conclusions concertées par session. La Commission décide enfin d’étudier les modalités permettant de mieux utiliser le cadre offert par le point inscrit à son ordre du jour concernant les questions nouvelles, sur la base de procédures de sélection et d’examen transparentes et convenues par les Etats Membres.
Conclusions concertées sur les deux thèmes prioritaires de la session*
La représentante de l’Argentine a commenté essentiellement les conclusions concertées sur la participation des femmes aux processus de paix. Rappelant l’expérience de son pays, elle a donc rendu hommage aux femmes argentines pour les sacrifices auxquels elles ont consenti pour défendre la démocratie. Le maintien de la paix exige le respect des droits de l’homme et de la personne humaine, en particulier dans la période postconflit quand le tissu social doit être reconstruit.
Le représentant du Qatar, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, s’est félicité de l’adoption par consensus des conclusions concertées.
Faisant de même, la représentante de l’Irlande, au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés, a toutefois regretté que la Commission n’ait pu réaffirmer la pertinence du Programme d’action de Beijing.
COMMUNICATIONS RELATIVES A LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME
La Commission a décidé de reporter l’examen des travaux du Groupe de travail sur les communications à sa cinquantième session.
Regrettant que le projet de résolution dont il est coauteur n’ait pu être adopté, le représentant des Pays-Bas a souligné qu’il s’agit d’une question inscrite à l’ordre du jour depuis de nombreuses années. Ce projet de texte aurait contribué à clarifier le mandat du Groupe de travail, a-t-il précisé avant d’appeler toutes les délégations à prendre une décision finale à la 50ème session de la Commission de la condition de la femme et à éviter de reporter indéfiniment cette question car « l’objectif ultime est de promouvoir et de protéger le droit des femmes ».
Le représentant de la Tunisie, au nom du Groupe des Etats d’Afrique, s’est dit conforté dans sa conviction et son évaluation de la situation réelle s’agissant de cette question. Il a expliqué que la demande initiale de reporter l’examen de cette question est essentiellement justifiée par la nécessité de disposer de plus de temps en vue de mieux appréhender cette question tant au niveau national qu’au niveau international et de tenter de réduire les divergences de vue. Or, aujourd’hui, a-t-il dit, aucun accord n’était possible.
* Les conclusions concertées paraîtront prochainement en français.
** Le résumé paraîtra prochainement en français sous la cote E/CN.6/2004/CRP.11.
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