LA PANDEMIE DU VIH/SIDA: UNE QUESTION DE SANTE PUBLIQUE ET DE DROITS DE L’HOMME
Communiqué de presse FEM/1281 |
Célébration de la journée
internationale de la femme
LA PANDEMIE DU VIH/SIDA: UNE QUESTION DE SANTE PUBLIQUE ET DE DROITS DE L’HOMME
La Journée internationale de la femme,
célébrée aujourd’hui au Siège des Nations Unies
Le VIH/sida a coûté la vie à 3 millions de personnes en 2003 et 5 millions d’autres ont contracté le virus au cours de la même période, la majorité d’entre elles étant des femmes. Face au tribut énorme que les femmes et fillettes paient face à la pandémie, la Journée internationale des femmes a été célébrée aujourd’hui au Siège des Nations Unies sur le thème « Les femmes et le VIH/sida ». C’est l’occasion de rappeler que la pandémie, qui touche désormais 40 millions d’individus, est non seulement une question de santé publique mais également de droits de l’homme.
Pour vaincre la vulnérabilité particulière dont souffrent les femmes et fillettes, en particulier dans les pays en développement, il faut un changement véritable et positif des mentalités qui donne le pouvoir aux femmes et aux filles et qui transforme les relations entre hommes et femmes à tous les niveaux de la société, a souligné le Secrétaire général, Kofi Annan. Là où la violence sexuelle est répandue, l’abstinence et l’utilisation des préservatifs ne sont pas des options réalistes pour les femmes et les filles, a-t-il précisé. Il en va de même pour le mariage dans la mesure où les maris, qui ont plusieurs partenaires, ramènent le virus à la maison.
Aujourd’hui, en Afrique subsaharienne, la moitié au moins des personnes infectées sont des femmes. Chez les moins de 24 ans, les filles et les jeunes femmes représentent désormais près des deux tiers de ceux qui vivent avec le virus. Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, a expliqué la Reine Noor de Jordanie, le sens de la famille et les traditions religieuses préviennent les comportements à risque mais ces mêmes traditions empêchent la diffusion des informations sur l’état réel de la pandémie. Il s’agit, a-t-elle ajouté, d’une culture où les femmes, en particulier, courent plus de risques à la seule évocation d’un comportement sexuel réprouvé par la famille. Le défi le plus important est donc d’assurer l’accès des femmes aux ressources et à l’information.
Les effets dévastateurs de la pandémie ont également été décrits par des experts et membres du système des Nations Unies. La Directrice générale ajointe de l’Organisation internationale des migrations (OIM), Ndioro Ndiaye, a montré comment le manque d’informations et certaines croyances avaient contribué à l’augmentation de la traite des êtres humains. Ainsi, des milliers de petites filles ont été vendues ou enlevées, les relations sexuelles avec des vierges étant considérées comme un moyen de guérir l’infection. Pour sa part, la Conseillère spéciale pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme, Angela King, a indiqué que dans des pays comme le Zimbabwe, le produit intérieur brut a baissé de 30%.
Selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et ONUSIDA, 10 milliards de dollars sont nécessaires pour mettre en œuvre des programmes de prévention et de traitement permettant de prévenir 29 millions d’infections sur les 45 millions prévues en 2010. Le Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Lee Jong Wook, dont l’intervention était retransmise par vidéo depuis Genève, a demandé à l’ensemble de la communauté internationale de soutenir « l’initiative 3 par 5 », qui vise à traiter 3 millions de personnes d’ici à 2005.
Les orateurs suivants ont également pris la parole: Noreen Kaleeba, ONUSIDA; Dean Peacock, EngenderHealth (Afrique du Sud); George Alleyne, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le VIH/sida dans les Caraïbes; et Linda Distlerath, Vice-Présidente pour la politique mondiale de santé, Merck and Co, Inc.
CÉLÉBRATION DE LA JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA FEMME
M. KOFI ANNAN, Secrétaire général de l’ONU, a souligné que cette année, l’Année internationale de la femme a pour thème l’une des questions les plus importantes de notre temps. Nous sommes ici, a-t-il dit, pour attirer l’attention sur l’impact considérable que la pandémie mondiale du VIH/sida a sur les femmes et sur le rôle essentiel qu’elles jouent dans la lutte contre cette pandémie. Il a attiré l’attention sur la tendance terrifiante qui a émergé depuis la pandémie. Dans le monde entier, les femmes assument de plus en plus le fardeau de l’épidémie, a rappelé Kofi Annan, précisant qu’aujourd’hui, en Afrique subsaharienne, la moitié au moins des personnes infectées sont des femmes. Parmi les populations de moins de 24 ans, les filles et les jeunes femmes représentent désormais près des deux tiers de ceux qui vivent avec le virus.
Insistant sur le cercle vicieux que crée cette situation, le Secrétaire général a expliqué que les femmes pauvres sont devenues plus économiquement vulnérables. Elles sont privées de leurs droits au logement ou à l’héritage ou même de services de santé adéquats. Expliquant aussi l’impact du VIH/sida sur les femmes des zones rurales, Kofi Annan a conclu que « la société paie très cher l’impact du sida sur les femmes ». Pourquoi, s’est-il interrogé, les femmes sont les plus vulnérables devant l’épidémie alors qu’elles ont habituellement moins de partenaires sexuels en dehors du mariage et qu’elles se droguent moins que les hommes?
Le Secrétaire général a répondu à cette question en invoquant la pauvreté, les abus et la violence, le manque d’informations, la coercition par des hommes plus âgés et le fait que les hommes aient plusieurs partenaires. C’est la raison pour laquelle, a-t-il estimé, les stratégies de prévention habituelle telles que l’abstinence, la fidélité et l’utilisation d’un préservatif sont inapplicables. Là où la violence sexuelle est répandue, l’abstinence et l’utilisation des préservatifs ne sont pas des options réalistes pour les femmes et les filles. Il en va de même pour le mariage étant donné que les maris, ayant plusieurs partenaires, ramènent le virus à la maison.
Le Secrétaire général a plaidé pour un changement véritable et positif qui donne le pouvoir aux femmes et aux filles et qui transforment les relations entre hommes et femmes à tous les niveaux de la société. Il a réclamé des changements susceptibles de renforcer la protection juridique des femmes dont leur droit à la propriété et à l’héritage et de leur assurer le plein accès total aux options préventives comme les microbicides et les préservatifs féminins. Des changements, a-t-il insisté, qui font que les hommes assument leurs responsabilités. Dans ce cadre, il a rappelé la création par ONUSIDA de lancer la Coalition mondiale sur les femmes et le VIH/sida qui encourage hommes et femmes à prendre des engagements. La Coalition entend ainsi tirer parti du rôle essentiel que les femmes jouent déjà dans la lutte contre le VIH/sida.
Le Secrétaire général a aussi espéré que les recommandations de l’Equipe spéciale sur les femmes, les filles et le VIH/sida en Afrique australe dont les travaux sont menés par la Directrice exécutive de l’UNICEF sera une source d’inspiration pour accélérer l’action des Gouvernements et de leurs partenaires. Partout dans le monde, a conclu le Secrétaire général, ce sont les femmes qui s’impliquent le plus dans la lutte contre le VIH/sida. Appuyer ces femmes héroïques et inciter les autres à suivre leur exemple doit être la stratégie de l’avenir.
M. LEE JONG-WOOK, Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), dont l’intervention était retransmise par vidéo depuis Genève, a mis en lumière l’inégalité et les discriminations dont sont victimes les femmes face à la pandémie. Cette inégalité empêche les femmes d’obtenir des traitements quand elles sont malades et de se protéger contre l’infection. Il nous faut développer d’autres stratégies pour surmonter cette injustice. Souvent, au plan économique, elles ne détiennent pas les cordons de la bourse du ménage et ne sont pas en mesure d’acheter les médicaments ou d’avoir recours à des soins de santé. L’éloignement des centres de traitement constitue également un obstacle. Des cliniques prénatales peuvent contribuer dans une grande mesure à la prévention de la transmission du sida de la mère à l’enfant. « L’initiative 3 par 5 », que je vous demande de soutenir, nous donne l’occasion de combler ces inégalités. Si d’ici à 2005, nous assurerons un traitement antirétroviral à davantage d’hommes que de femmes, alors nous aurons échoué et la société entière aura échoué.
Sa Majesté, la Reine NOOR de JORDANIE, a jugé important de reconnaître l’importance considérable des femmes dans chaque sphère du progrès de l’humanité et de la sécurité humaine. La sécurité mondiale requérant bien plus que des armes, des frontières et des traités, elle a estimé que ce n’est qu’en travaillant sur le concept plus large de sécurité humaine que nous trouverons la solution aux iniquités qui alimentent les conflits et la terreur. Les femmes sont un élément central, en particulier dans la lutte contre le VIH/sida. Elle a estimé que si, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, le sens de la famille et les traditions religieuses préviennent les comportements à risque, ces mêmes traditions empêchent néanmoins la diffusion des informations sur l’état réel de la pandémie. Les experts, a-t-elle souligné, ont remis en question l’exactitude des taux d’infection dans ces régions, compte tenu de la stigmatisation qui peut frapper les personnes concernées. Beaucoup de personnes infectées préfèreraient mourir plutôt que d’être confrontées au rejet de leur famille, de leurs amis ou de leur communauté.
Il s’agit, a-t-elle ajouté, d’une culture où les femmes, en particulier, courent le plus de risques à la seule évocation d’un comportement sexuel réprouvé par la famille. Le défi le plus important, a-t-elle conclu, est donc la lutte contre la stigmatisation et les tabous culturels, et pour ce faire, il est important de s’appuyer sur les femmes. Assurer l’accès des femmes aux ressources, à l’information et à liberté de choisir peut les faire passer du statut de victime à celui d’agents de lutte contre la pandémie. Cette pandémie n’est pas simplement une crise de santé publique mais aussi une question des droits de l’homme, en particulier les droits des femmes. Il faut donc se concentrer sur les besoins et les capacités des femmes. Il est temps de placer la femme au centre des efforts, aujourd’hui et demain, jusqu’à ce que la sécurité humaine, réclamée par tous soit réalisée, a encore dit la Reine Noor.
Mme ANGELA KING, Conseillère spéciale pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme, a rappelé que cette Journée de la femme est l’occasion, non seulement de parvenir à une plus grande égalité mais également à une plus grande influence sur les politiques. Un long chemin a été parcouru depuis la Conférence de Mexico en 1975, a rappelé Mme King, en rendant hommage à des nombreuses personnalités ainsi qu’aux travaux de la Commission de la condition de la femme qui a pu, grâce à la négociation et au compromis, mettre sur la table des négociations des sujets tabous comme les crimes d’honneur, le viol marital, ou la violence domestique. L’impact de la pandémie du VIH/sida sur les femmes a été particulièrement souligné au cours de nombreuses manifestations.
Aujourd’hui, une troisième vague d’épidémie a des effets dévastateurs sur les femmes. Une étude de la Banque mondiale a montré que dans des pays comme le Zimbabwe, le produit intérieur brut a baissé de 30% tandis que l’espérance de vie au Botswana est passée de 69 à 44 ans. La Zambie perd 1 000 enseignants par an des suites de la pandémie et plus d’un million d’enfants n’ont plus d’enseignants. Selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et ONUSIDA, 10 milliards de dollars sont nécessaires pour mettre en œuvre des programmes de prévention et de traitement permettant de prévenir 29 millions d’infections sur les 45 millions prévues en 2010. Les dépenses militaires, a fait remarquer Mme King, comptabilisent 840 milliards de dollars par an.
Mme NOERINE KALEEBA, Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), elle-même veuve en raison du sida, a appelé la communauté internationale à réaliser qu’elle est confrontée à une pandémie dont la caractéristique principale est son impact sur les femmes et les enfants. Il y dix-sept ans, a-t-elle raconté, le sida a frappé à ma porte. Relatant la maladie et les souffrances « les plus indicibles » qui l’accompagnent, Mme Kaleeba a estimé que le plus éprouvant a été la stigmatisation dont a été victime sa famille. Elle a alors fait part de ses efforts pour constituer le Groupe de soutien qu’est devenu «TASO » (The AIDS Support Organization). L’objectif était de rompre le silence, de vivre de façon positive et de mourir avec dignité. Aujourd’hui, TASO est une agence chef de file dans le continent africain et ailleurs.
L’expérience a montré, a-t-elle poursuivi, que la meilleure stratégie consiste à mettre une voix et un visage sur le VIH/sida. Grâce à cet effort, en Ouganda, le taux d’infection parmi les femmes enceintes est passé de 40%, au début de l’épidémie, à 6% aujourd’hui%. TASO représente la voix et le visage des femmes qui ont survécu à cette pandémie. Ces femmes, a-t-elle souligné, doivent comprendre que cette survie, elles la doivent à leur capacité à s’élever et à relever les défis, au nom de leurs enfants. Mme Kaleeba a toutefois prévenu que la route est encore longue. Nous devons, a-t-elle dit, nous engager, à titre individuel, et assumer concrètement nos responsabilités. En la matière, l’information ne suffit pas. Ce dont les femmes ont besoin, ce sont des options pratiques, à savoir un emploi, un accès aux soins médicaux et des programmes accessibles.
La Coalition mondiale est exactement cela, s’est-elle réjouie en précisant qu’il ne s’agit pas d’un nouveau programme mais d’un moyen de galvaniser ce qui se fait déjà en matière de lutte contre la violence, de la protection de la propriété, d’accès égal aux traitements. Lançant un dernier appel, Mme Kaleeba a estimé qu’en matière de lutte contre la pandémie, la solution pratique la plus facile à prendre au niveau individuel est d’aider les filles à rester aussi longtemps que possible à l’école, jusqu’à leur maturité biologique et l’acquisition de véritables compétences. Soulignant aussi que soigner les femmes séropositives revient à assurer la survie d’enfants, Mme Kaleeba a conclu que « la pandémie du VIH/sida a un visage nouveau, celui de la vulnérabilité des femmes ».
M. GEORGE ALLEYNE, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le VIH/sida dans la région des Caraïbes, a rappelé que par opposition à d’autres épidémies comme celle de la peste qui tue sans discrimination, celle du VIH/sida est sélective et touche en particulier les jeunes femmes. Il a insisté sur l’aspect social de la pandémie qui touche cinq fois plus de jeunes filles âgées entre 19 et 25 ans que les garçons du même âge même si ces derniers sont beaucoup plus actifs sexuellement que les filles. On ne demande jamais aux hommes comment ils ont contracté la maladie alors que les filles sont accusées d’infidélité. M. Alleyne a également expliqué que, contrairement à certaines analyses, les filles disposent pourtant d’un niveau d’éducation supérieure à celui des hommes mais cela ne leur permet pas d’échapper à des rapports sexuels forcés. L’épidémie peut-être jugulée, a encore indiqué M. Alleyne, qui a cité des initiatives locales.
Mme NDIORO NDIAYE, Directrice générale adjointe de l’Organisation internationales pour les migrations (OIM), a indiqué qu’une des préoccupations majeures pour le développement de la politique et des programmes de l’OIM est le lien toujours plus évident entre la traite des êtres humains pour l’exploitation sexuelle et l’exposition aux infections sexuellement transmissibles, y compris le VIH/sida. Le facteur commun liant la transmission du VIH et la traite est l’incapacité de négocier et l’absence de choix. C’est ce « lien de vulnérabilité » qui rapproche les deux phénomènes. Les stéréotypes et le manque d’information sur les méthodes de traitement du VIH/sida ont aussi contribué à l’augmentation de la traite des êtres humains, a poursuivi la Directrice générale en indiquant encore que la croyance que les relations sexuelles avec des vierges, souvent des enfants, peuvent guérir l’infection a conduit des milliers de petites filles à être vendues ou enlevées.
En conséquence, les projets de l’OIM examinent la prévention du phénomène de la traite et y répondent par les soins médicaux et par une offre de services constituée de diverses prestations qui permettent une approche cohérente et complète du problème. La stratégie de l’OIM pour combattre la traite repose sur trois piliers principaux, à savoir la prévention grâce à la recherche et à la collecte de données, aux campagnes de sensibilisation, aux programmes de coopération technique et de renforcement des capacités à travers la formation et les conseils; la protection directe et l’assistance aux victimes dans des centres de réception où l’OIM offre un conseil médical, social et juridique; et enfin l’assistance au retour volontaire dans les pays d’origine et la réintégration. Un développement important du travail, a ajouté la Directrice générale, a été la mise sur pied par l’OIM d’une base de données pour le personnel médical qui travaille avec les victimes de la traite.
M. DEAN PEACOCK, EngenderHealth (Afrique du Sud), a plaidé en faveur d’un partenariat entre les hommes et les femmes sans lequel il ne sera pas possible de vaincre la pandémie du VIH/sida. Notre programme « les hommes comme partenaires » nous donne de bonnes raisons de penser que nous pouvons faire une différence et que les hommes sont prêts à modifier leur comportement et reconnaître leur responsabilité face à la propagation du VIH/sida. Aujourd’hui en Afrique du Sud, le risque pour un garçon de 15 ans de mourir de la maladie est de 70%. Il est dans l’intérêt des hommes et des garçons d’adopter des attitudes courageuses qui permettront de briser les stéréotypes et de montrer leur engagement en faveur de l’égalité entre les sexes. Il faut créer des partenariats forts entre organisations de femmes et d’hommes, avec le secteur privé, l’industrie des sports et du divertissement et les institutions religieuses.
Mme LINDA D. DISTLERATH, Vice-Présidente pour la politique mondiale de santé de Merck&Co., Inc., a, elle aussi, mis l’accent sur le phénomène de féminisation du VIH/sida avant d’aborder du rôle de l’industrie pharmaceutique, en la matière. Ce rôle, a-t-elle dit, est axé sur approche à trois volets concernant la recherche, l’accès aux nouvelles technologies et la constitution de partenariats. Dans ce cadre, l’industrie pharmaceutique reconnaît sa responsabilité de s’assurer que ses efforts traitent particulièrement des besoins des femmes. En matière de recherche, elle a indiqué que plus de 77 médicaments sont désormais disponibles sur le marché et que plus de 90 sont en cours de mise au point. Pour ce qui de l’élaboration d’un vaccin, elle a souligné le rôle important des femmes puisqu’elles constituent près de la moitié des volontaires. Pour ce qui est de l’accès aux nouvelles technologies, Mme Distlerath a précisé qu’aujourd’hui en Afrique, 76 000 personnes ont désormais accès au traitement antirétroviral, ce qui est peu mais cela représente tout de même huit fois plus de personnes qu’en mai 2000. Mme Distlerath a affirmé que sa société a renoncé à ses profits dans de nombreux pays du monde. En tant qu’employeur, la société traite également des besoins de ses employés. Enfin, concernant le partenariat, elle a souligné que l’industrie a besoin d’infrastructures politiques adéquates pour faire avancer la recherche et l’accès des personnes aux traitements. Grâce à des partenariats public/privé, des programmes ont pu être mis en place dont celui très important du Botswana, impliquant le Gouvernement et la Fondation Bill et Melinda Gates. En résumé, la Vice-Présidente a estimé qu’en matière de lutte contre le VIH/sida, il faut fixer des objectifs précis et élevés, se concentrer sur les besoins des femmes, et donner l’espoir aux femmes et aux hommes d’avoir une vie plus longue. La tâche est énorme mais l’échec n’est pas une option, a-t-elle conclu.
Répondant aux questions des délégations, la représentante de Merck & Co., Inc., a souligné qu’en matière d’investissements, de nombreuses sociétés pharmaceutiques ont affecté des sommes importantes à la recherche et à la fabrication de microbicides. En outre, a-t-elle affirmé, Merck a investi bien plus dans le domaine des vaccins que dans celui des traitements. A cet égard, elle a souligné l’importance des partenariats public/privé. Le chemin est long, a-t-elle prévenu en parlant particulièrement de la nécessité de renforcer les capacités dans les pays. L’important, dans ce domaine, est de se documenter et de partager l’expérience entre les pays et entre les secteurs public et privé.
Le représentant de EngenderHealth, répondant à une question relative à l’éducation, a attiré l’attention des participants sur un article du New York Times portant sur l’efficacité des programmes d’éducation génésique, en particulier pour inciter les jeunes garçons à modifier leur comportement. A ce propos, le Conseiller spécial du Secrétaire général a jugé important que les efforts d’éducation ne se limitent pas à la santé génésique. Le représentant de EngenderHealth a ensuite convenu avec le public du fardeau disproportionné que subissent les femmes lorsqu’elles sont confrontées au diagnostic sur leur maladie, et de la meilleure capacité des hommes à mobiliser des fonds pour la lutte contre le VIH/sida.
A son tour, la représentante de l’OIM a relevé avec le public les lacunes persistantes dans les domaines des partenariats, de l’accès aux soins de santé ou encore de l’implication des hommes dans la lutte pour la promotion de la femme. La priorité, en matière de VIH/sida comme d’autres domaines, est d’assurer aux femmes la jouissance de leurs droits.
Pour sa part, la représentante d’ONUSIDA a répondu à une question sur la faculté qu’ont les Nations Unies d’assurer, dans les pays concernés, une bonne utilisation des ressources allouées à la lutte contre le VIH/sida. Elle a invoqué, à cet égard, l’axe à trois éléments sur lequel se base l’assistance de l’ONU « un seul plan d’action national, une seule autorité de coordination et un seul cadre de surveillance ». Ce dernier élément, a-t-elle précisé, permet à l’ONU de mieux cibler son assistance. Concernant la stigmatisation, elle a estimé que la meilleure façon de lutter serait d’offrir aux personnes concernées les soins appropriés en arguant que plus on paraît malade plus on est stigmatisé.
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