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FEM/1277

MALGRE LA RESOLUTION 1325 DU CONSEIL DE SECURITE, LES FEMMES SONT SOUVENT ABSENTES DES PROCESSUS DE PAIX

02/03/2004
Communiqué de presse
FEM/1277


Commission de la condition

de la femme

4e et 5e séances – matin & après-midi


MALGRE LA RESOLUTION 1325 DU CONSEIL DE SECURITE, LES FEMMES SONT SOUVENT ABSENTES DES PROCESSUS DE PAIX


Malgré l’attention accrue portée aux femmes dans les situations de conflits armés depuis l’adoption par le Conseil de sécurité de sa résolution 1325 en octobre 2000, celles-ci sont encore bien souvent très absentes des processus de paix.  C’est le constat dressé ce matin par les participants à la table ronde d’experts organisée par la Commission de la condition de la femme sur le thème de « l'égalité de participation des femmes à la prévention, à la gestion et à la résolution des conflits et à la consolidation de la paix après les conflits ».  Un rapport du Secrétaire général révèle que dans la majorité des 264 rapports présentés au Conseil de sécurité de janvier 2000 à septembre 2003, on ne se préoccupait guère, sinon pas du tout, des femmes ou des questions d’égalité entre les sexes.


Le bilan général dressé ce matin par plusieurs experts a montré que si la résolution 1325 a fourni un instrument de plaidoyer supplémentaire aux défenseurs des droits de l’homme, elle n’a pas permis de surmonter les nombreux obstacles qui se posent à la pleine participation des femmes au relèvement des sociétés après la guerre.  La résolution adoptée par le Conseil de sécurité demandait pourtant à toutes les parties prenantes à la mise en œuvre d’accords de paix d’adopter une démarche soucieuse d’équité entre les sexes et de tenir compte des besoins particuliers des femmes et des fillettes lors de phases de rapatriement et de réinstallation.  Elle leur demandait également d’adopter des mesures garantissant le respect de leurs droits fondamentaux.


Spécialiste de la prévention des conflits au Département des affaires politiques des Nations Unies, M. Youssef Mahmoud a rappelé que depuis l’adoption de la résolution 1325, quatre missions de maintien de la paix disposent désormais de conseillers spéciaux sur les questions de parité.  Toutefois, a-t-il insisté, une plus grande visibilité et un plus grand soutien au niveau politique doivent être accordés aux conseillers pour la parité entre les sexes nommés au sein des Nations Unies.  Il faut également assurer la durabilité financière des actions en faveur de la parité.  D’autres experts comme Ariane Brunet, représentante de l’organisation Rights and Democracy, a dressé un constat plus sévère en dénonçant « la manipulation des droits des femmes par certains pays pour justifier le recours à la force et développer des objectifs de politique étrangère ».  Bien que nous disposions de structures et de normes juridiques, la situation reste en deçà de ce qui est acceptable, a-t-elle ajouté.


Outre ceux déjà cités, les experts suivants ont pris la parole: Mme Nancy Rocio Tapias Torredo, avocate et consultante sur les questions de parité au Conseil consultatif présidentiel pour l’égalité des femmes de la Colombie, Mme Lois Lewis Bruthus, Directrice générale de l’Organisation des enfants et des filles-mères de Monrovia au Libéria, Mme Amal Adib Sabbagh, Secrétaire générale de la Commission nationale pour les femmes de la Jordanie.  Les représentants des pays et institutions suivants sont également intervenus: Namibie, Norvège, Sénégal, Croatie, Canada, Cuba, Irlande, Ghana, Pays-Bas, Suède, Nigéria, Japon, République du Congo, Azerbaïdjan, et Organisation internationale pour les migrations.


      Dans l’après-midi, une autre table ronde d’experts sur le rôle des hommes et des garçons dans l’égalité entre les sexes a permis de mettre l’accent sur le rôle complémentaire des hommes et des femmes dans la recherche de la parité.  Après les exposés de M. Connell, professeur à l’Université de Sydney en Australie, M. Jorge Lyra, Coordonnateur de l’Institut Papai du Brésil, Mme Njoki Wainaina, Conseillère pour les questions de parité du Réseau pour la parité en Afrique, et de M. Bertil Lindblad, Directeur adjoint du Programme conjoint des Nations Unies sur la lutte contre le VIH/sida (ONUSIDA), les représentants des pays et organisations suivants ont engagé un dialogue: Suriname, Mauritanie, Norvège, Malaisie, Inde, République islamique d’Iran, Pakistan, Canada, Israël, Botswana, Ghana, Philippines, République du Congo, Mexique, Sénégal, Rwanda, Chine, Pays-Bas, Suisse, Fonds des Nations Unies pour les femmes (UNIFEM), Commission nationale des femmes du Royaume Uni, Human Rights Advocates, et Conseil international des femmes.


La Commission reprendra son débat général, demain mercredi 3 mars à partir de 10 heures. 


égalité de participation des femmes à la prévention, à la gestion et à la résolution des conflits et à la consolidation de la paix après les conflits


Rapport du Secrétaire général (E/CN.6/2004/10)


      Ce rapport, élaboré par un groupe d’experts qui s’est réuni à Ottawa du 10 au 13 novembre 2003, commence par expliquer les récentes initiatives des Nations Unies consacrées aux femmes, à la paix et à la sécurité; ainsi que le rôle des accords de paix dans la promotion de l’égalité entre les sexes et la participation des femmes.  Il passe ensuite aux recommandations adressées d’abord aux médiateurs des processus de paix.  Les mesures préconisées tournent de la nécessité de veiller à ce qu’hommes et femmes soient représentés équitablement dans l’équipe de médiation ainsi que dans les délégations des parties aux négociations.  Les mesures portent aussi sur la nécessité d’informer l’équipe de médiation des dispositions des instruments juridiques et de politiques internationaux qui traitent des aspects sexospécifiques du conflit armé et des processus de paix.


Aux organismes bilatéraux et multilatéraux de financement, les experts recommandent de prévoir des fonds en vue de la nomination d’un conseiller spécial sur les questions de parité entre les sexes auprès du médiateur ou encore d’alimenter un fonds central destiné à renforcer les capacités des organisations de femmes issues de la société civile.  Les experts élaborent, par ailleurs, des recommandations visant à ce que tous les acteurs œuvrant en vue de la conclusion d’un accord de paix veillent à ce que les droits, les préoccupations et les besoins des femmes soient pleinement pris en compte dans ces accords, en y incluant des mesures concrètes et en usant d’une formulation qui répondent à cette obligation.  


Les accords doivent également comprendre des dispositions visant à encourager l’adoption par les forces de sécurité de mesures en faveur des femmes, ajoutent les experts en élaborant les mesures qu’ils préconisent.  Ils explicitent aussi des mesures visant à ce que les accords de paix tiennent compte de la vulnérabilité accrue des femmes durant les conflits et par la suite.  Enfin, les experts préconisent des mesures liées à l’obligation qui serait faite aux acteurs de la mise en œuvre d’un accord de paix de rendre compte du rôle qu’ils jouent pour promouvoir l’égalité entre les sexes et la participation des femmes ainsi que des mesures qu’ils ont prises pour mettre en œuvre les dimensions sexospécifiques de l’accord.


Exposés et dialogue


      Mme NANCY ROCIO TAPIAS TORREDO, avocate et consultante sur les questions de parité au Conseil consultatif présidentiel pour l’égalité des femmes de la Colombie, a rendu hommage à la force de caractère des femmes colombiennes malgré l’adversité.  Il est aujourd’hui nécessaire de mener une révolution structurelle.  La guerre est le fait de l’homme alors que la paix est féminine, a-t-elle fait observer.  Nous sommes parvenues à établir une égalité dans les normes mais l’égalité devant la loi n’existe pas.  Sur le marché du travail en Colombie, 28% des postes de direction sont désormais entre les mains des femmes, ce qui explique le renforcement du mouvement social des femmes au cours des années.  Mais les stéréotypes sexistes sont malheureusement ancrés dans les structures sociales de la Colombie.


Les mouvements de femmes colombiennes ont toutefois permis la signature du premier accord humanitaire du pays.  Le 25 juillet 2002, la plus grande marche des femmes de Colombie a eu lieu à Bogota pour marquer leur opposition à la guerre.  Les mouvements de femmes ont été d’importance vitale pour obtenir un pouvoir d’action même si l’efficacité des stratégies politiques doit être accrue et les discriminations au sein même des mouvements féministes doivent être éliminées.  Les femmes ont donné un visage à la douleur et une voix à l’espoir.  L’accord national pour la parité a été signé le 14 octobre 2003.  La mise en œuvre d’un programme de paix unifié des femmes constitue un autre objectif de notre Gouvernement, a indiqué Mme Rocio Tapias Torredo, soulignant la nécessité d’unifier et de placer sous l’égide du Gouvernement les processus de paix initiés par les femmes du pays. 


Mme LOIS LEWIS BRUTHUS, Directrice générale de l’Organisation des enfants et des filles-mères de Monrovia au Libéria, a d’abord souligné que la question de la parité des sexes est une question complexe et exige une réflexion dépassionnée.  Les preuves des obstacles en la matière sont visibles, a-t-elle dit en citant le fait que de nombreuses femmes sont toujours privées des droits de vote, à la santé ou à l’éducation.  Elle a aussi cité le fait que l’on n’ait pu obtenir jusqu’ici la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité dans les accords de paix.  Mme Bruthus a, en conséquence, énuméré les conclusions de la réunion du groupe d’experts qui s’est tenue à Ottawa et qui sont présentées dans le rapport dont est saisie la Commission.  Ces conclusions concernent la participation des femmes aux processus de paix, la prise en compte de leurs droits dans les mesures de désarmement, de démobilisation et de réintégration; et leur participation à la prise de décisions dans le domaine de la sécurité économique et sociale.  Ni la démocratie ni l’égalité ne peuvent survivre dans la pauvreté, a reconnu Mme Bruthus en encourageant les femmes à faire valoir leurs droits dans les processus de développement économique et social.  Au Libéria, a-t-elle affirmé, les femmes, après avoir été des laissées-pour-compte, détiennent désormais la clef de plusieurs institutions importantes.  


Mme ARIANE BRUNET, représentante de l’organisation Rights and Democracy, a évoqué la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes et les conflits qui a marqué un tournant important dans la participation des femmes aux processus de paix.  Cette résolution a permis aux activistes de l’invoquer comme instrument de plaidoyer.  En même temps, le Protocole facultatif à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes est entré en vigueur, permettant ainsi aux individus de porter plainte auprès des Nations Unies pour des violations massives des droits de l’homme.  A sa cinquante-huitième session, l’Assemblée générale a adopté la résolution 142 sur les femmes en politique.  La mise en œuvre de ces normes sera la preuve de notre engagement.  Toutefois, le fait que la Commission de la condition de la femme et que l’Assemblée générale n’aient pas été en mesure d’adopter une résolution sur la violence et les femmes est un échec et reflète l’obsession de sécurité de certains pays. 


Sans processus de paix, il n’existe pas de cadre de garantie explicite de protection des droits fondamentaux des femmes.  Parfois, ces droits sont manipulés pour justifier le recours à la force et faire avancer des objectifs de politique étrangère sans lien avec le bien-être des femmes.  En 2004, bien que nous disposions de structures et de normes juridiques établies par le Statut de Rome, la situation reste en deçà de ce que l’on peut accepter.  Pour que les besoins des femmes soient pris en compte, il faut que celles-ci soient parties prenantes aux négociations de paix.


Mme AMAL ADIB SABBAGH Secrétaire générale de la Commission nationale pour les femmes de la Jordanie, a rendu compte de la réunion du Groupe d’experts sur le renforcement de la participation des femmes dans les processus électoraux après les conflits, qui s’est tenue à New York du 19 au 22 janvier 2004.  Les experts, a-t-elle indiqué, se sont penchés sur les questions du cadre juridique, de la représentation politique, de l’éducation civique, de l’administration électorale et de l’observation des élections.  Concernant la première question, les experts ont convenu que la priorité est d’assurer que les lois et les instruments intègrent pleinement les droits des femmes tels qu’énoncés dans les instruments internationaux.  La priorité est aussi, ont encore convenu les experts, de créer des mécanismes pour assurer le respect de ces droits.  S’agissant de la représentation politique, les experts ont, par exemple, proposé aux gouvernements de conditionner le statut légal des partis politiques au strict respect de certaines mesures visant l’inclusion des femmes.  Pour ce qui est de l’éducation civique, les experts ont appelé les gouvernements à mobiliser les fonds nécessaires pour assurer une éducation civique neutre et adéquate.  Venant à l’administration électorale, ils ont préconisé la création de procédures électorales non discriminatoires.  Enfin, concernant l’observation des élections, la priorité identifiée par les experts est de faciliter des processus d’observation qui tiendraient dûment compte des questions sexospécifiques.   


M. Youssef MAHMOUD, Département des affaires politiques, a affirmé que l’égalité entre les sexes doit également être l’affaire des hommes.  Les quatre éléments constitutifs du succès sont les suivants: un objectif clairement réalisable; doter les femmes et les hommes de moyens dans la poursuite d’un objectif commun; nommer des femmes à des postes de direction aux niveaux national et international; former et informer les responsables et les praticiens engagés en faveur de l’égalité entre les sexes; garantir l’existence d’une institution de surveillance des objectifs énoncés.  Sur le plan international, beaucoup a été fait.  Nous disposons de conseillers pour l’égalité entre les sexes au sein du Secrétariat et des opérations de maintien de la paix à la suite de l’adoption de la résolution 1325.  Des progrès ont donc été réalisés.  Toutefois, une plus grande visibilité et un plus grand soutien au niveau politique doivent être accordés aux conseillers pour la parité entre les sexes.  Il faut également assurer la durabilité financière des actions en faveur de la parité.


      Lançant la discussion, la représentante de la Croatie a souligné qu’il est important de prévoir, dans les accords de paix, la création de mécanismes nationaux pour l’égalité entre les sexes et le renforcement des capacités en la matière.  Il serait également utile, a-t-elle estimé, d’exiger des Etats un rapport sur la mise en œuvre de telles clauses.  Si toutes ces questions avaient été posées au moment où la Namibie a accédé à l’indépendance, beaucoup de problèmes auraient pu être évités, a renchéri la représentante namibienne.  Les Nations Unies doivent absolument inclure la dimension sexospécifique dans les négociations de paix, a-t-elle insisté en s’attardant sur la question de la participation des femmes aux négociations de haut niveau.  Elle a fait observer, en l’occurrence, qu’étant donné que les femmes ne parviennent presque jamais à un tel niveau dans les parties belligérantes, leur participation ne peut résulter que d’une obligation faite aux parties par les Nations Unies.  Enfin, sur le processus électoral, la représentante de la Namibie a jugé important de doter les femmes de moyens de faire pression et d’imposer leur participation. 


En la matière, la représentante de la Norvège a assuré la Commission que son pays continuera d’insister sur l’inclusion d’unités chargées de la sexospécificité dans les opérations de maintien de la paix.  Dans le même ordre d’idées, la représentante du Sénégal a indiqué combien son Président a usé de son influence auprès de ses pairs pour que la composition du mécanisme de gestion des conflits de l’Union africaine respecte la parité entre les sexes.  Elle a aussi fait part des efforts déployés par l’Union africaine pour revitaliser sa Commission des femmes en faveur de la paix.  Au titre des questions, le représentant du Chili a souhaité en savoir plus sur le poids de la société civile dans la promotion de la participation des femmes aux processus de paix. 


Répondant à cette question, Mme Torredo, l’experte de la Colombie,a fait observer que l’expérience a montré que les organisations civiles travaillent bien au-delà du cadre humanitaire et lancent, bien souvent, un processus plus large pour donner aux femmes d’entreprendre des activités productrices.  Elle a, en outre, convenu avec la représentante du Sénégal de l’importance d’institutionnaliser la participation des femmes dans les processus de prise de décisions.  En la matière, il n’y a pas de philanthropie, les femmes doivent elles-mêmes se battre pour faire reconnaître leurs droits, a prévenu Mme Bruthus, l’experte du Libéria,en jugeant utile que dans cette lutte, les femmes y impliquent les hommes, en tant qu’«autre pan de la société et détenteur du pouvoir en place».  A son tour, l’experte de Rightsand Democracy, Mme Brunet a rappelé à la Croatie qu’une des recommandations du Groupe d’experts vise la création de commissions nationales qui, composées d’expertes et d’ONG locales, seraient chargées d’examiner l’applicabilité des accords sous tous leurs aspects.  


Depuis la fin de la guerre froide, a souligné la représentante du Canada, l’affectation des femmes aux postes de commandement et de combattants est essentielle si nous voulons apporter d’autres réponses aux situations de conflits.  Elle a demandé aux experts des recommandations concrètes permettant de faire avancer la mise en œuvre des accords de paix.  De l’avis de la représentante de Cuba, la communauté internationale devrait en premier lieu agir pour prévenir les conflits.  Les ressources employées pour la course aux armements devraient être allouées aux programmes d’élimination de la pauvreté dont la majorité des victimes sont des femmes et des enfants.  La représentante de l’Irlande, a déclaré au nom de l’Union européenne, qu’il fallait trouver des stratégies différentes à tous les niveaux.  Il faut trouver des structures et des mécanismes qui aident à la participation des femmes.  Est-ce que les experts pourraient identifier les obstacles principaux à la participation des femmes au règlement des conflits?  Comment les Nations Unies peuvent-elles améliorer la mise en œuvre de leurs propres résolutions?


Il ne peut pas y avoir de parité, a estimé la représentante du Ghana, quand les femmes sont pauvres et dépendent de leur mari pour leur survie.  Au Ghana, grâce à la participation des femmes au processus de prise de décisions, nous avons décentralisé nos pouvoirs au profit des assemblées de district pour les questions touchant à la santé et à l’éducation.  Il s’agit d’une première étape avant l’accession des femmes au parlement.


La représentante de Plaidoyer pour les droits de l’homme, a abordé la question de l’exploitation sexuelle des femmes et des fillettes qui perdure dans la période postconflit avec la complicité des autorités locales.  Ce silence perpétue la traite des êtres humains.


Répondant à cette série de questions, Mme Torredo, a expliqué qu’une loi en Colombie garantit un taux de participation de 30% des femmes à la vie politique.  La traite des êtres humains est une question préoccupante en Colombie qui a été intensifiée par le conflit armé.  Nous devons accroître la coopération internationale pour lutter par exemple contre la traite des femmes colombiennes au Japon. 


A son tour, Mme BRUTHUS a estimé que les femmes ne sont pas nées dans l’inégalité mais deviennent soumises en vertu de lois et de pratiques coutumières.  Les traditions qui entravent la participation égale des femmes doivent être revues.


De l’avis de Mme Brunet, ce n’est pas le nombre de recommandations mais la volonté politique qui fait défaut.  Ceux qui militent en faveur de la paix ne sont pas pris en compte dans les processus de paix car ils ne parlent pas le même langage que ceux qui pratiquent la guerre.  Il est fondamental de prendre au sérieux ces militants.


Le cadre institutionnel des Nations Unies, a indiqué M. Mahmoud, souffre d’un manque de compréhension commune de l’impact de la résolution 1325 sur le travail de l’Organisation, de l’absence des femmes au niveau de la prise de décisions, notamment aux postes de Représentants spéciaux, Conseillers et Envoyés du Secrétaire général et d’un manque de volonté politique.  Il existe cependant un nombre de possibilités qui pourraient être immédiatement utilisées comme l’élaboration d’un module de formation à l’égalité pour tous les Représentants et Envoyés spéciaux du Secrétaire général.  On pourrait également organiser des réunions entre Représentants spéciaux sur le thème de la parité.


Intervenant de nouveau, la représentante des Pays-Bas a demandé aux experts s’ils convenaient avec elle de la nécessité d’accorder davantage d’attention à la question des violations des droits de l’homme telles que la traite et l’exploitation sexuelle.  En la matière, il serait utile de mettre en place un Code de conduite à l’intention tant des belligérants que des Nations Unies comprenant une obligation de rendre compte aux femmes et aux enfants dans les zones de conflits, a renchéri la représentante des Philippines


Soulevant la question des mesures pour garantir la participation des femmes aux processus de paix, la représentante de la Suède s’est demandée comment la Commission de la condition de la femme, qui ne peut même pas s’entendre sur des conclusions relatives aux droits des femmes, peut défendre la participation des femmes aux processus de paix et la mise en œuvre du 1325 du Conseil de sécurité.  Si nous ne pouvons pas le faire, qui le fera à notre place? a-t-elle insisté.  C’est vrai qu’en la matière, les problèmes résultent souvent de la réticence des femmes elles-mêmes, a dit, en écho, la représentante du Nigéria interrogeant les experts sur les mesures incitatives qu’il conviendrait de prendre. 


Répondant à cette série d’observations, Mme Torredo a prôné l’adoption de mesures graduelles en citant le cas de son pays où le Gouvernement s’est contenté, dans un premier temps, de renforcer les mesures en vigueur plutôt que d’imposer des mesures trop novatrices.  La volonté politique ne peut suffire.  Ce qu’il faut, c’est changer les mentalités et sortir de l’équation « femme = paix » et « hommes = guerre » et insuffler dans les esprits un réel sentiment d’égalité.  L’éducation est à l’origine de l’inhibition des femmes, a ajouté Mme Bruthusen estimant néanmoins que lorsqu’elles comprennent que l’égalité et la participation sont porteuses d’avancées positives pour tous -hommes, femmes et enfants-, elles n’hésitent pas à s’impliquer.  Concernant la question de la violation des droits de l’homme, MmeBrunet a préconisé l’inclusion d’ombudsman dans toutes les missions de maintien de la paix.  Il faut déployer beaucoup d’efforts pour faire admettre la nécessité d’assurer aux membres d’une opération de maintien de la paix une formation en matière sexospécifique, a convenu, à son tour, M. MAHMOUD. 


Lançant une autre série de questions et d’observations, la représentante du Japon a voulu en savoir davantage sur la dimension « développement national à long terme ».  Elle a indiqué que le problème que son pays rencontre dans son programme d’aide à la revitalisation des ministères des affaires étrangères dans les pays postconflit est qu’il est difficile de convaincre des fonctionnaires mal payés de consacrer du temps à l’intégration de la dimension sexospécifique dans les politiques nationales.


La représentante de l’Organisation internationale pour les migrations a estimé, quant à elle, que les questions de parité n’ont jamais été autant présentes qu’aujourd’hui.  Comment peut-on garantir une présence effective des femmes dans les processus de paix qui fasse réellement une différence?  Elle s’est demandée également pourquoi au sein même des Nations Unies, très peu de femmes occupent des postes à responsabilité.  Rappelant le rôle important joué par la femme africaine dans le règlement traditionnel des conflits, la représentante de la République du Congo, soutenue par la représentante de l’Azerbaïdjan, a suggéré une plus grande manifestation de solidarité entre femmes à l’appui de celles victimes de conflits armés. 


Le rôle des hommes et garçons dans l’égalité entre les sexes


Rapport du Secrétaire général (E/CN.6/2004/9)


      Dans ce rapport, le Secrétaire général explique d’abord la problématique dans cinq sous-chapitres consacrées à l’attention portée au rôle des hommes et des garçons; à la socialisation et à l’éducation des garçons et des jeunes gens; aux hommes en tant qu’agents de changement sur le marché du travail et le lieu de travail; aux possibilités et aux difficultés du partage des obligations familiales; à la promotion d’une participation accrue des hommes et des garçons à la fourniture des soins; et à la lutte contre le VIH/sida grâce à l’action des hommes et des garçons. 


Le Secrétaire général fait ensuite plusieurs recommandations aux Etats, aux organisations internationales, aux ONG, au secteur privé, aux médias et aux autres parties prenantes.  Il leur demande, en élaborant des mesures précises, de promouvoir l’égalité des sexes en tant qu’objectif éducatif essentiel, au même titre que l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul.  Le Secrétaire général élabore aussi les mesures liées aux textes législatives, réglementaires et administratives qu’il faut prendre pour lutter contre la ségrégation sexuelle dans la vie professionnelle, tant dans les secteurs publics que privé.  Les mesures préconisées par le Secrétaire général portent aussi sur la nécessité d’encourager les médias, les groupes de théâtre, les services de consultation et d’information et autres influents à mieux faire connaître le problème du VIH/sida et à sensibiliser les hommes, les adolescents et les garçons au fait que leur attitude et leur comportement sexuel ont une incidence sur la propagation du virus.


Exposés et dialogue


M. CONNELL, professeur à l’Université de Sydney en Australie, a estimé que le thème choisi lors de cette session est relativement nouveau et amène à repenser la structure des politiques en matière de sexospécificité.  Les hommes et les garçons doivent être considérés comme des partenaires du changement et non plus comme les auteurs d’abus.  Les conclusions des programmes de recherche menés précédemment montrent la diversité de la masculinité que ce soit à travers les cultures ou les époques ou même moment.  Les politiques adéquates doivent reconnaître la palette d’identités qui existe chez les garçons.  Il a également été conclu que malgré cette diversité, il existe un modèle dominant qui peut être à l’origine de la résistance à l’égalité entre les sexes.  Une autre conclusion est qu’un changement culturel est en cours qui favorise la parité entre les sexes.  Rien dans le cerveau de l’homme ne l’empêche de vivre sur un pied d’égalité avec les femmes, a encore insisté M. Connell.  Celui-ci a ajouté que l’égalité entre les sexes est une juste cause et offre des bénéfices pour l’ensemble de la communauté.  La Commission peut contribuer à ce débat en proposant des politiques générales permettant d’équilibrer la vie de famille et la vie professionnelle, en recommandant la mise en place de programmes spécifiques comme dans le domaine de l’éducation ou encore renforcer les changements culturels en favorisant la prise de conscience.


M. JORGE LYRA, Coordonnateur de l’Institut Papai du Brésil, a abordé la question de la paternité dans la perspective de la sexospécificité.  Les femmes, a-t-il estimé, sont éduquées pour s’occuper des autres et non pas d’elles-mêmes, ce qui a pour résultat la persistance de situations de soumission dans bien des domaines de la vie quotidienne.  Pour les hommes, c’est le contraire, a-t-il tranché en voyant pour résultat l’émergence de modes de vie destructrices et autodestructrices tant dans la sphère privée que professionnelle.  Dans ce contexte, en a-t-il conclu, le père est réduit à un rôle de prestataire financier et non pas de prestataire d’affectation.  L’expérience de l’Institut a montré toute la palette des possibilités d’action dont la création de groupes de jeunes pères ou encore le lancement de campagnes de sensibilisation.  Ce qu’il faut faire, a-t-il insisté, c’est aller à la rencontre des hommes là où ils se trouvent, à savoir dans l’armée, au travail ou dans les bars.  Il a reconnu, en l’occurrence, que le nœud du problème demeure la mobilisation des ressources nécessaires.  Pourquoi, a-t-il suggéré, ne pas réaffecter aux projets sociaux les fonds destinés à l’armement.  Il ne s’agit pas, a-t-il rassuré, de prôner un travail uniquement orienté vers les hommes mais d’unir les efforts pour, en collaboration avec la population féminine, les sensibiliser aux questions liées aux droits sexuels et génésiques.


Mme NJOKI WAINAINA, Conseillère pour les questions de parité du Réseau pour la parité en Afrique, a expliqué que l’expérience du travail avec les hommes en Afrique a montré que nombreux sont ceux qui sont engagés en faveur de la parité.  Les hommes sont actifs en Afrique pour lutter contre les violences sexuelles.  La pandémie du VIH/sida est une menace sans précédent et les femmes en situation de vulnérabilité sont particulièrement menacées.  L’inégalité entre les sexes, que ce soit sur un plan économique et politique est responsable du degré élevé d’infection chez les femmes.  Alors que le sida ravage la vie des femmes, des familles et des communautés, peu d’hommes ont revu leur comportement.  Lorsque les femmes sont trop malades pour s’occuper de la famille, les jeunes filles quittent l’école pour reprendre le relais de leur mère.  Face aux ravages de la pandémie, les hommes, notamment ceux qui sont au pouvoir, doivent s’impliquer pleinement dans cette lutte.


M. BERTIL LINDBLAD, Directeur adjoint du Programme conjoint des Nations Unies sur la lutte contre le VIH/sida (ONUSIDA), a estimé que l’épidémie du VIH/sida est un défi sanitaire mais aussi une occasion unique de promouvoir l’égalité des sexes.  La lutte en la matière, a-t-il dit, relève, en effet, d’une responsabilité qui doit être partagée entre hommes et femmes.  La vulnérabilité des hommes et des garçons augmente, en effet, chez les femmes le risque d’être infecté.  S’il est fondamental de mettre en place des services de santé qui répondent aux besoins, il est tout aussi fondamental de créer des espaces de dialogue entre les hommes et les femmes sur la sexualité ou le rôle que chacun d’eux peut jouer dans la lutte contre l’épidémie.  Il faut, a-t-il poursuivi, encourager une prise de conscience chez les hommes et chez les garçons, ce qui met en exergue le rôle des médias.  A cet égard, M. Lindblad a rappelé la promesse, faite au Secrétariat, il y a quelques mois, par les grands patrons de l’audiovisuel.  Il a aussi souligné l’importance de l’éducation pour combler le « fossé d’information » en matière de VIH/sida.  M. Lindblad a aussi mentionné la nécessité de sensibiliser l’armée.


L’homme ne doit pas devenir le contributeur oublié de l’épanouissement de l’enfant, a souhaité le représentant du Suriname avant de s’attarder sur la question de la lutte contre le VIH/sida.  Il a engagé tous les hommes à mettre fin à la violence contre les femmes et à agir à être responsables.  Adhérant entièrement aux propos sur la responsabilité partagée entre hommes et femmes face à la lutte contre le VIH/sida, la représentante de la Mauritanie a regretté que dans « nos pays africains », ce concept ne soit pas accepté.  Les femmes atteintes du VIH/sida sont encore considérées comme des « femmes de peu de vertu». 


Les hommes sont plus enclins à s’ouvrir à de nouvelles attitudes lorsqu’ils participent à la gestion quotidienne de leur foyer, a assuré la représentante de la Norvège.  Elle a donc affirmé que la possibilité offerte aux hommes de prendre un congé parental est une mesure qui va dans la bonne direction.  On ne peut, a-t-elle prévenu, réaliser l’égalité entre les sexes sans la coopération des hommes.  Il faut les persuader de ce qu’ils peuvent gagner mais aussi les mettre au fait du prix à payer, à savoir la renonciation aux privilèges, et pour les femmes, à leur pré carré.  Comment faire? a-t-elle demandé aux experts.  Nous voulons apprendre des autres pays, a renchéri la représentante de la Malaisie en pensant surtout au rôle de l’école, des matériels didactiques ou de la publicité.


La représentante de l’Inde a rappelé que la Constitution indienne définit les droits et devoirs des garçons et des filles qui comprend le respect de la dignité de la femme.  Le Parlement est dominé par les hommes mais s’apprête à voter une loi sur la parité.  Il existe également une commission nationale de la parité et nous avons mis sur pied des campagnes de sensibilisation sur la parité, a-t-elle indiqué, convaincue qu’une plus grande participation des garçons à l’égalité profiterait à tous.  Pour la Présidente de la Commission nationale des femmes du Royaume Uni, l’égalité ne peut être obtenue qu’avec la participation égale des hommes.  Ceux-ci doivent comprendre qu’un comportement sexuel irresponsable est à l’origine de la diffusion du VIH/sida.  Il est impératif qu’ils assument davantage de responsabilité pour leur action.  L’éducation est un autre outil clef qui arme les filles et crée des attentes. 


Répondant à cette série de questions, M. Connell a expliqué qu’en raison des coûts économiques, ce sont les hommes qui travaillent.  Le droit à la paternité responsable tend à corriger ce déséquilibre.  En matière d’éducation, il importe de penser de manière holistique car le choix des filières scolaire est à l’origine de la ségrégation sur le marché du travail.  De son côté, Njoki Wainaina a insisté pour que les ressources soient allouées de manière à ce que les programmes en faveur de la parité deviennent la norme. 


Le représentant d’ONUSIDA a mis en relief des domaines clefs d’action: la prévention de la propagation du sida, la lutte contre la violence à l’égard des femmes, l’égalité des droits de succession et l’accès égal aux soins et traitements médicaux, l’éducation universelle.  La représentante de la République islamique d’Iran a jugé impératif pour tous les acteurs de la société civile de mettre en place des programmes afin de changer les attitudes stéréotypées des garçons.  Cela révolutionnera non seulement les mentalités et les attitudes sociales, mais également les politiques, car ce sont les hommes qui élaborent les politiques.  Intervenant à son tour, la représentante du Pakistan a expliqué comment son père, qui était natif d’un petit village rural du Pakistan, avait décidé d’envoyer sa fille étudier aux Etats-Unis malgré l’opposition du village entier, y compris son propre oncle.  Les hommes et les femmes doivent travailler main dans la main à l’égalité entre les sexes.  La représentante du Canada a, elle aussi, estimé que les hommes et les garçons doivent être les auteurs du changement.  La Commission doit penser aux moyens de concrétiser cet objectif. 


La représentante de Human Rights Advocates a rappelé que la traite des femmes et des enfants est une industrie qui génère des milliards de dollars.  Elle a tracé un lien entre le développement de la prostitution et les opérations de maintien de la paix comme au Cambodge ou en Bosnie.  Elle a demandé de préciser le type de formation que recevait le personnel de maintien de la paix des Nations Unies aux questions relatives à l’exploitation sexuelle des femmes et des enfants.


Répondant d’abord au Guatemala,M. Connell a dit douter de l’existence d’une garantie absolue quant à l’adhésion des hommes aux exigences de la parité entre les sexes.  Toutefois, a-t-il précisé, les programmes qui ont connu les meilleurs résultats sont ceux qui s’adressaient aussi aux hommes, en particulier lorsque ces derniers ont participé à leur élaboration.  De même pour ce qui du leadership nécessaire au changement de l’organisation sociétale, les résultats pour la parité sont les plus plausibles lorsque les hommes composent ce leadership.  Elaborant sur cette question, M. Lyra a préconisé l’abandon de l’idée selon laquelle l’accession des femmes au pouvoir signifie la destitution des hommes car, de toutes façons, dans la situation actuelle, hommes et femmes sont perdants.  En faisant valoir les droits et les obligations de la masculinité, on peut changer l’homme, a-t-il affirmé. 


Le pouvoir n’est pas une denrée.  Plus on le partage, plus il se multiplie, a ajouté MmeWainaina.  Les communautés ont, en effet, des modèles de partage du pouvoir qui peuvent inspirer les initiatives nationales, a-t-elle dit.  Le leadership est un des facteurs clefs pour renverser les tendances de l’épidémie du VIH/sida, a affirmé M. Lindblad.  ONUSIDA, a-t-il dit en réponse à la question d’une ONG, a participé à la mise au point des mesures prises par le Département des opérations de maintien de la paix à l’intention du personnel déployé sur le terrain. 


Ouvrant une nouvelle série de questions, la représentante d’Israël a fait part d’un programme de formation au leadership à l’intention des jeunes filles auxquels participent également les garçons « pour qu’ils appréhendent mieux la féminité ».  Tirant les enseignements de cette initiative, elle a jugé important de trouver la façon adéquate de toucher les jeunes.  Elle a demandé aux experts s’ils convenaient avec elle de la nécessité de sortir d’une atmosphère de cours magistraux au profit d’une ambiance plus informelle où les jeunes peuvent réellement participer aux discussions.  Comment trouver l’espace adéquat pour éviter aux hommes engagés aux côtés des femmes le mépris de leurs congénères, s’est demandée, à son tour, la représentante de la Malaisie.  Proposant un élément de réponse, le représentant du Botswana a estimé que par opposition à la promotion de la femme, il est plus judicieux, comme c’est le cas dans son pays, de parler de la promotion de la parité entre les sexes.  En réalité, il faut savoir à l’avance comment la perte des privilèges sera vécue par les hommes pour éviter qu’ils ne se retirent du processus, a argué la représentante de l’UNIFEM.  Par ailleurs, la représentante israélienne a évoqué la lutte contre le VIH/sida en voulant en savoir davantage sur l’efficacité du travail, en la matière, des Ambassadeurs de bonne volonté de l’ONU. 


La représentante du Conseil international des femmes a déclaré que même si des progrès importants ont été réalisés, il est important d’évaluer le degré d’égalité de jure comme de facto des femmes.  L’inégalité entre les hommes sape la base des droits de l’homme et des libertés fondamentales et n’est au bénéfice de personne.  Pour changer les coutumes, il faut dans un premier temps modifier les textes de lois nationaux en y incorporant les normes internationales comme celles de la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  Le système d’éducation, a relevé M. Connell, est largement influencé par les normes de la société.  L’éducation est aussi le domaine le plus propice au changement.  C’est sur cette voie que l’on trouvera une solution au problème de la participation des hommes et des garçons à la parité.  De l’avis de M. Lyra, on ne peut pas obliger les homes à remplir leurs obligations mais plutôt les sensibiliser à certaines valeurs.  Il faut également donner un sens nouveau à la notion de foyer notamment au regard de la paternité.  Mme Wainanaina a pour a part souligné que l’analyse est un mot clef lorsque l’on se penche sur les nouvelles méthodes de travail afin d’intégrer les hommes.


Après les observations des experts, la représentante du Sénégal a expliqué que les initiatives lancées dans son pays ont permis de conclure que l’implication des femmes dans les rôles traditionnellement dévolus aux hommes ne peut se faire sans l’association de ces derniers aux tâches dites féminines.  Les initiatives ont aussi permis de déceler deux risques.  Le premier est de voir les hommes récupérer les initiatives dès qu’elles s’avèrent porteuses et le deuxième, de voir leur rôle se renforcer, plus particulièrement dans les contextes socioculturels comme celui qui prévaut au Sénégal.  Proposant des remèdes, la représentante a estimé que le premier doit consister à renforcer les mécanismes nationaux d’égalité des sexes pour formaliser les stratégies et veiller à l’intégration des hommes dans les cadres de réflexion pour, a-t-elle précisé, qu’ils puissent donner leur vision mais surtout devenir des militants à part entière de l’égalité des sexes.


Pour ce faire, il faut détruire le concept « parité égale femmes », a préconisé le représentant du Ghana.  S’attardant sur le rôle des médias en la matière, la représentante des Philippines s’est inquiété des messages à lancer pour contrecarrer la culture de sexe et d’agression véhiculée par les médias.  Le rôle que pourraient jouer les médias dans la lutte contre les stéréotypes sexistes, a été souligné par la représentante du Congo.  Au Mexique, a expliqué la représentante de ce pays, des ateliers sont organisés à l’intention des journalistes et des spécialistes de la communication au sein du Gouvernement.  Elle a aussi attiré l’attention de la Commission sur l’importance de la formation à la parité entre les sexes qui, dans son pays, commence dès l’école primaire et se prolonge auprès de la population active, en particulier les fonctionnaires.  Dans ce cadre, le pays a lancé un programme pour sensibiliser l’opinion publique au partage du travail au foyer. 


La représentante du Rwanda s’est dit convaincue que l’homme doit participer au développement de la famille.  Evoquant le processus constitutionnel qui vient de prendre fin dans son pays, elle a expliqué qu’un quota de 30% de femmes en politique a été établi.  Les violences à l’encontre des femmes ont été combattues et désormais le viol fait partie des infractions de première catégorie.  Il existe toutefois des pratiques socioculturelles ayant trait au genre qu’il ne faut pas perdre de vue.  Elle a demandé d’indiquer les stratégies à mettre en œuvre pour transmettre des valeurs positives.  Depuis la Conférence de Beijing, a fait observer la représentante de la Chine, la parité entre les sexes est une réalité reconnue dans presque tous les pays du monde.  L’égalité des sexes est une responsabilité partagée entre l’homme et la femme.  L’éducation et la sensibilisation à la parité revêtent la plus grande importance.  La représentante des Pays-Bas a expliqué que la Ministre de la condition féminine a lancé une initiative utilisant les technologies de la communication qui bénéficie aussi bien aux hommes comme aux femmes.  Nous avons lancé une campagne interactive pour une paternité responsable et pour la nomination de femmes à des postes clefs.  A son tour, la représentante de la Suisse a fait part des initiatives lancées en faveur de l’égalité entre les sexes au foyer et sur le lieu du travail.  L’argument économique est celui qui a le plus d’impact pour convaincre les décideurs des avantages qu’apporte la parité.


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