LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME RECONNAIT L’IMPORTANCE DES STATISTIQUES POUR L’ELABORATION DE POLITIQUES PLUS CIBLEES D’EGALITE DES SEXES
Communiqué de presse FEM/1276 |
Commission de la condition
de la femme
2e et 3e séances – matin & après-midi
LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME RECONNAIT L’IMPORTANCE DES STATISTIQUES POUR L’ELABORATION DE POLITIQUES PLUS CIBLEES D’EGALITE DES SEXES
La Commission des statistiques prépare, pour 2005, un rapport sur la situation des femmes dans le monde qui analysera les progrès réalisés dans leur promotion et leur émancipation ainsi que les lacunes et les difficultés en la matière. Cette annonce a été faite, cet après-midi, à la Commission de la condition de la femme, par la Présidente de la Commission des statistiques, Mme Katherine Wallman. La Commission de la condition de la femme poursuivait ses travaux, entamés ce matin, par une table ronde sur les difficultés rencontrées dans l’appréciation des progrès accomplis dans la mise en œuvre du Programme d’action de la quatrième Conférence sur les femmes, qui s’est tenue à Beijing en 1995, et des résultats de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale « Les femmes en l’an 2000: égalité entre les sexes, développement et paix pour le XXIème siècle ».
Organisée, en collaboration avec la Commission des statistiques de l’ONU, la table ronde a été l’occasion pour les Ministres d’expliquer, d’une part, les activités de leurs mécanismes nationaux des statistiques et de leur relation avec les différents ministères, et de souligner, d’autre part, l’importance des données ventilées par sexe pour un meilleur ciblage des politiques d’égalité des sexes. Les réflexions de nombreuses délégations dont celles de la Namibie ou de la Finlande sur les difficultés financières et techniques liées à la collecte des données ont fait dire à un statisticien que le coût de l’ignorance est bien plus élevé pour l’avenir d’un pays.
L’importance des statistiques a néanmoins été relativisée par plusieurs délégations. Le Ministre irlandais de l’égalité entre les sexes et de la réforme juridique a ainsi argué que cet exercice ne peut être perçu comme une fin en soi mais bien comme un simple outil d’analyse. La représentante de l’Azerbaïdjan a soutenu quant à elle que, par leur nature, les statistiques ne révèlent qu’une partie du tableau puisqu’elles n’indiquent rien sur les causes des succès ou des échecs des politiques. Les chiffres sont éloquents mais ils ne suffisent pas. Nous avons besoin de la voix des femmes et des hommes concernés, a renchéri, par exemple, la Ministre canadienne de la condition féminine. Certaines délégations se sont opposées à cette manière d’appréhender les choses. Pour la représentante du Royaume-Uni, le problème ne vient pas tant de la nature des statistiques mais plutôt de leur périodicité. Elle a démontré comment la collecte de données sur toute la scolarité des filles a permis de comprendre les causes de l’écart salarial. L’échange de vues s’est achevé dans un large consensus sur la nécessité de resserrer les liens de travail entre les statisticiens et les décideurs politiques.
Ouvrant, ce matin, les discussions, la Présidente du Conseil économique et social, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales et la Conseillère spéciale du Secrétaire général pour la parité des sexes et la promotion de la femme ont énuméré les défis considérables qui restent à relever en matière d’égalité des sexes et d’émancipation de la femme ainsi que la nécessité pour la Commission de placer davantage ses travaux dans le cadre général des Objectifs de développement du Millénaire (ODM).
Arguant de la capacité des femmes à trouver des approches novatrices pour rapprocher le point de vues des parties à un conflit, le Ministre de la justice, d’égalité entre les sexes et de la réforme juridique de l’Irlande, s’exprimant au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés, a insisté, comme son homologue de la France, sur la pertinence de la résolution 1325, adoptée en octobre 2000, par le Conseil de sécurité. S’agissant du deuxième thème de la présente session, à savoir le rôle des hommes et des garçons dans l’égalité des sexes, la Ministre déléguée de la France à la parité et à l’égalité professionnelle a vu des enjeux démocratique, économique, sociétal et universel. Elle a, entre autres, annoncé la création prochaine, en France, d’une Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité ainsi que la publication, au printemps prochain, du « label égalité » qui récompensera les entreprises engagées dans un nouveau management fait de promotion des femmes, de la reconnaissance de leurs compétences et de la prise en compte de la responsabilité parentale. Au titre des mesures novatrices, il faut aussi signaler la réforme du Code de la famille marocain qui a été présenté, ce matin, par la Secrétaire d’Etat aux affaires sociales du Maroc. Outre ces personnalités, les représentants du Qatar, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, de la Finlande ainsi que le Président de la Commission des droits de l’homme ont pris part au débat.
La Commission entendra demain, mardi 2 mars à partir de 10 heures la présentation par des experts des thèmes suivants: l’égalité de participation des femmes à la prévention, à la gestion, à la résolution des conflits et à la consolidation de la paix après les conflits; le rôle des hommes et des garçons dans l’égalité entre les sexes.
Suivi de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et de la session extraordinaire de l’Assemblée générale intitulée « Les femmes en l’an 2000: égalité entre les sexes, développement et paix pour le XXIème siècle »
Déclarations liminaires
Mme MARJATTA RASI (Finlande), Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a estimé que la collaboration et la coopération entre le Conseil et ses commissions subsidiaires s’étaient accrues au cours des dernières années, notamment grâce à la mise en place d’un Bureau conjoint et de réunions associant les présidents des commissions et le Conseil. Selon Mme Rasi, l’un des défis clefs qui se pose à la Commission de la condition de la femme est d’influencer davantage la mise en œuvre des résultats des conférences internationales et des Objectifs de développement du Millénaire.
Appuyant les thèmes prioritaires choisis pour les travaux de cette session, à savoir « le rôle des hommes et des garçons dans la réalisation de l’égalité entre les sexes » et « l’égalité de participation des femmes à la prévention, à la gestion et à la résolution des conflits et à la consolidation de la paix après les conflits », Mme Rasi a rappelé que l’ECOSOC mettait l’accent sur le lien entre paix et développement. Cet effort a mené à la mise en place de Groupes ad hoc pour la Guinée-Bissau et le Burundi. Nous attendons avec impatience l’apport de la Commission dans le cadre du segment de haut niveau de l’ECOSOC consacré à la mobilisation des ressources et la création d’un environnement propice à l’élimination de la pauvreté dans le cadre du Programme d’action de Bruxelles en faveur des pays les moins développés pour 2001-2010.
M. JOSE OCAMPO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a estimé que l’efficacité et la pertinence des travaux de la Commission se constatent dans les résultats des grandes conférences des Nations Unies dont celles sur le financement du développement et la société mondiale de l’information. Le défi, a-t-il estimé, est de s’assurer que, dans la mise en œuvre et le suivi de ces résultats, la perspective sexospécifique recevra toute l’attention voulue. En dépit des progrès, les lacunes et les défis restent extrêmement importants, a-t-il rappelé en souhaitant que cette session serve à analyser les bonnes pratiques avec la participation de toutes les parties prenantes. M. Ocampo a encore souligné le lien étroit des travaux de la Commission avec le cadre général de la Déclaration du Millénaire qui a identifié la question de l’égalité entre les sexes comme l’un des objectifs du développement. Il a ajouté que l’examen du suivi de la Déclaration du Millénaire, en 2005, doit être une occasion unique d’affiner les indicateurs et les objectifs dans le domaine de l’égalité entre les sexes. La Commission doit veiller à ce que cette nécessité soit dûment prise en compte. Après s’être particulièrement félicité que la Commission ait choisi d’examiner le rôle des hommes et des garçons dans l’égalité des sexes, le Secrétaire général adjoint l’a assurée que son Département était disposée à lui fournir tout son appui.
Mme ANGELA KING, Sous-Secrétaire générale et Conseillère spéciale pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme, a relevé à quel point la session de la Commission revêtait une importance particulière au moment où la communauté internationale se prépare à entamer en 2005 l’examen du Programme d’action de Beijing et des résultats de la session extraordinaire de l’Assemblée générale. Dressant le bilan des 12 derniers mois, Mme King s’est félicitée que plusieurs conférences aient intégré l’égalité entre les sexes comme un élément de leurs documents finaux comme ce fut le cas lors du Sommet mondial de l’information organisé à Genève en décembre 2003.
Depuis la tenue de la Conférence de Beijing, 24 Etats parties ont ratifié la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, ce qui porte le nombre total d’Etats parties à 175. L’année dernière a été marquée par l’adhésion de l’Afghanistan, de Saint-Marin, la République arabe syrienne, Timor-Leste, et Sao Tomé-et-Principe. Il faut faire plus pour accroître le nombre de ratifications au Protocole facultatif qui permet à des individus de faire pétition auprès du Comité sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes.
Mme King a estimé que la tendance de la part des Etats à s’engager plus fermement en faveur des droits de l’homme se poursuit, que ce soit en amendant ou en adoptant des textes de loi. Un certain nombre de pays, comme l’Algérie, ont amendé leur Code de la famille. Certains, comme l’Ouganda, ont introduit des mesures d’action positive tandis que d’autres ont mis en place des tribunaux de famille.
Toutefois, selon le rapport du Millénaire du Secrétaire général, aucun pays n’accorde le rang de priorité adéquat aux droits de l’homme des femmes. Malgré une prise de conscience accrue, les droits des femmes sont menacés dans de nombreux pays du monde. Les actes de violence à l’égard des femmes se poursuivent même si certaines formes de violence constituent désormais des délits ou crimes. Selon le rapport 2003 de l’Organisation mondiale de la santé, entre 10 et 69% de femmes ont été victimes de violence. Une étude de fond sur ce phénomène sera menée par le Secrétariat et publiée à la soixantième session de l’Assemblée générale. La violence va de pair avec la traite des femmes et des filles, a-t-elle précisé. On estime à 700 000 le nombre de personnes victimes de la traite des êtres humains tous les ans à des fins d’exploitation sexuelle. Il faut également déployer des efforts plus déterminés pour éliminer la pauvreté chez les femmes et les fillettes. Près d’un cinquième de la population, la majorité étant des filles et des femmes, vivent avec moins d’un dollar par jour. La pandémie du VIH/sida, la mortalité maternelle, les maternités forcées, les viols pendant les conflits, sont des questions particulièrement préoccupantes.
Mme King a dressé le bilan des progrès réalisés depuis l’adoption de la résolution 1325 sur les femmes et les conflits, citant l’organisation d’ateliers de travail sur la question tout en précisant que selon le Réseau pour la paix des femmes du Fleuve Mano, les femmes continuent d’être exclues des négociations de paix et des élections. Le Secrétaire général dans son rapport insiste sur la nécessité d’impliquer davantage les femmes afghanes dans le processus de reconstruction du pays. Lors des dernières élections à la Loya Jirga, les femmes ont gagné 20% des sièges. Des violations massives des droits des femmes afghanes continent cependant d’avoir lieu, en particulier en dehors de Kabul.
Faisant état des progrès réalisés dans l’arène politique, Mme King a indiqué que selon l’Union interparlementaire, la proportion de femmes dans les parlements est passée entre 1999 à 2003 de 13% à 15,1%. Au Rwanda, les femmes occupent 48% des sièges au Parlement, suivi de la Suède avec 45,3 % des sièges. Au Pakistan, les femmes disposent de 21% des sièges et en Algérie de 24%. Quelque 60 pays dans le monde ont établi des systèmes de quotas. A cet égard, Mme King s’est félicitée de la nomination de Louise Arbour comme le nouveau Commissaire aux droits de l’homme, ce qui porte le nombre de femmes ayant rang de Secrétaire général adjoint à six sur les 32 postes existant dans le système des Nations Unies.
Mme CAROLYN HANNAN, Directrice de la Division de la promotion de la femme, a indiqué que pour préparer l’examen par la Commission du rôle des hommes et des garçons dans l’égalité entre les sexes, sa Division a convoqué un débat en ligne, avec la collaboration de l’Organisation internationale du travail (OIT), du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), et du Programme conjoint des Nations Unies pour la lutte contre le VIH/sida (ONUSIDA). Concernant l’autre thème de cette session, elle a indiqué que c’est par le biais de la collaboration avec le Département des affaires politiques que sa Division a pu organiser la réunion d’experts qui a rédigé le rapport dont est saisie la Commission. Elle a aussi attiré l’attention de la Commission sur une autre réunion qui, organisée avec le PNUD et l’UNIFEM, a eu lieu en janvier 2004 pour réfléchir à la manière d’assurer une plus grande participation dans les processus électoraux après les conflits. Mme Hannan a ensuite passé en revue les rapports dont est saisie la Commission, avant d’annoncer le lancement de l’étude globale sur la participation des femmes dans le développement qui sera présentée à la Commission économique et sociale de l’Assemblée générale. Comme première étape, elle a rappelé la tenue, en décembre 2003, d’une réunion d’experts à Malmö en Suède.
Sa Division, a ainsi indiqué Mme Hannan, a mis au point, à l’intention des Etats Membres, un questionnaire concernant l’application du Programme de Beijing et de la vingt-troisième extraordinaire de l’Assemblée générale. Précisant que la date limite du dépôt des réponses a été fixée au 30 avril 2003, elle a conclu en faisant part des efforts que sa Division déploie pour apporter un appui technique aux Etats Membres. Mme Hannan a ainsi cité les ateliers de formation sur la présentation des rapports au titre de la Convention sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes ou encore le colloque organisé à l’intention des fonctionnaires des services judiciaires. Elle a encore annoncé que conformément à la pratique, sa Division a mis à jour l’Annuaire des mécanismes nationaux pour la promotion de la femme.
Mme NOELEEN HEYSER, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour les femmes (UNIFEM), a estimé que les progrès réalisés dans le monde en faveur de l’égalité entre les sexes ont été inégaux et les gains obtenus restent fragiles. Traçant le bilan des réalisations obtenues grâce au Fonds pour l’élimination de la violence en faveur des femmes depuis son établissement en 1997, Mme Heyser a expliqué qu’un montant total de 8,4 millions de dollars a été accordé à plus de 80 pays. Ce programme cependant a montré que les gouvernements ne tracent pas de liens entre la violence basée sur le sexe et d’autres domaines d’action critique comme la pauvreté et la pandémie du VIH/sida.
Mme Heyser a souhaité que la participation des femmes aux processus de prévention et la gestion des conflits soit institutionnalisée. Les menaces auxquelles sont soumises les femmes lors des conflits dictent la nécessité d’inclure les questions sexospécifiques dans les programmes de prévention des conflits. Afin de développer les connaissances que l’UNIFEM sur cette question, le Fonds est sur le point de mettre sur pied des indicateurs d’alerte rapide aux Iles Salomon, dans la vallée de Ferghana au Ouzbékistan, au Guatemala et en République démocratique du Congo.
La Directrice de l’UNIFEM a également évoqué les projets mis en œuvre en direction des hommes et des garçons en insistant sur l’importance de partenariats stratégiques. A titre d’exemple, l’UNIFEM a lancé un portail Internet –www.WomenWarPeace.org- afin de réunir des informations émanant de diverses sources. L’année dernière, nous avons également publié un guide des bonnes pratiques pour lutter contre la violence à l’égard des femmes. L’élimination de la violence à l’égard des femmes est essentielle à a réalisation des Objectifs de développement du Millénaire.
Mme CARMEN MORENO, Directrice de l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (INSTRAW), a rappelé que 2005 marquera le trentième anniversaire de la première Conférence des Nations Unies et l’examen décennal de la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing, avant de regretter que malgré les progrès et les efforts réalisés, les femmes du monde entier continuent d’être l’objet de discriminations du simple fait d’être femme. Passant ensuite aux activités de son Institut, Mme Moreno a rappelé la constitution d’un Conseil exécutif chargé de redéfinir l’action de l’Institut. Elle a fait d’un part d’un Plan stratégique 2003-2007 qui devrait être étoffé grâce aux commentaires de la Commission. Le Plan, a-t-elle expliqué, est fondé sur la mission de l’Institut qui est de catalyser les initiatives touchant à la sexospécificité. Les principes directeurs en sont la Charte, les instruments internationaux et autres résolutions relatifs à la parité. Le Plan retient quatre domaines stratégiques, a-t-elle ajouté en citant la recherche appliquée, l’information et la communication, le renforcement des capacités, et le développement des institutions. Mme Moreno a conclu en demandant l’appui de la Commission pour la mobilisation de ressources humaines et financières nécessaires au bon fonctionnement de son Institut.
Mme AYSE FERIDE ACAR, Présidente du Comité sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, a rappelé que la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes comptait 175 Etats parties tandis que son Protocole en comptait 60. Au cours de la dernière session, la Commission a demandé aux Etats de donner une large publicité aux observations finales de ses experts auprès de la population. Le Comité a souligné le rôle central des ONG et des parlementaires en encourageant les Etats à accorder un rôle prioritaire à la diffusion de la Convention auprès des parlementaires et de la société civile. Lors de la session, le Comité a également insisté pour que les Etats fournissent des informations sur les résultats obtenus à la suite de la mise en œuvre de programmes conformément aux exigences de la Convention. Il leur a également recommandé de définir des échéanciers.
Mme Acar a également précisé que le Comité avait noté la persistance de pratiques discriminatoires influencées par des pratiques culturelles, traditionnelles et coutumières. Le Comité a indiqué clairement qu’il était de la responsabilité de l’Etat de veiller à l’élimination d’éléments discriminatoires. Il a par ailleurs adopté sa vingt-cinquième recommandation générale sur les mesures temporaires spéciales. En outre, le Comité a accordé une attention particulière à la situation des femmes en Iraq et a adopté une déclaration de soutien aux femmes iraquiennes. Il a aussi reçu trois communications émanant d’individus ou de groupes d’individus pour des violations massives des droits de l’homme. Il a été décidé que la commémoration du 25ème anniversaire de la Convention aura lieu en octobre 2004 pendant la 59ème session de l’Assemblée générale.
Débat général
M. WILLIAM O’DEA, Ministre de la justice, de l’égalité entre les sexes et de la réforme juridique de l’Irlande, s’exprimant au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés, s’est d’abord félicité de la décision de la Commission d’examiner la question de la participation des femmes aux processus de paix. Les femmes, a-t-il dit, se révèlent aussi des mesures novatrices dans la manière de rapprocher les protagonistes d’un conflit. Elles devraient donc, à ce titre, pleinement participer à la promotion et au maintien de la paix ainsi qu’aux processus de réconciliation et de reconstruction. Le Ministre a, dans ce contexte, salué, une nouvelle fois, l’adoption par le Conseil de la résolution 1325 et le rapport que le Secrétaire général a présenté en application de cette résolution. Le Ministre a aussi pleinement appuyé les recommandations de l’UNIFEM qui, selon lui, constituent une base pour tous les acteurs d’un règlement de conflit et de la consolidation de la paix.
M. O’Dea a ensuite indiqué qu’en vertu de l’Initiative européenne sur la démocratie et les droits de l’homme, plusieurs projets sont financés pour renforcer la capacité des femmes dans les processus de paix de pays ou régions aussi divers que l’Angola, la Bosnie-Herzégovine, le Sri Lanka, au Moyen-Orient ou encore en Afghanistan. Le Ministre a aussi attiré l’attention de la Commission sur les Directives sur les enfants et les conflits armés que l’Union européenne a adoptées en 2003 et qui soulignent, en particulier, la vulnérabilité des filles en période de conflit. Dans le même ordre d’idées, le Ministre a appuyé le Statut de Rome sur la Cour pénale internationale qui permet la poursuite des crimes commis contre les femmes et les filles.
Etablissant le lien entre conflit et trafic de femmes, le Ministre a souligné la nécessité d’adopter des approches spécifiques pour lutter contre la criminalité organisée. La Convention pertinente et son Protocole, a-t-il dit, sont des instruments puissants en la matière. En règle générale, le Ministre a estimé que la réalisation de l’égalité entre les sexes ne peut être acquise en axant les stratégies uniquement sur les femmes. Il s’agit, a-t-il dit, de la responsabilité de toute la société. L’Union européenne, a-t-il alors indiqué, intensifie ses efforts pour éliminer la violence contre les femmes et en protéger les victimes par le biais de programmes tels que DAPHNE II ou l’introduction d’une législation contre le harcèlement sexuel sur le lieu du travail.
L’Union européenne travaille actuellement au développement d’indicateurs sur cette question, a encore indiqué le Ministre avant d’ajouter que l’Union encourage, par ailleurs, des politiques visant à établir un équilibre entre la vie professionnelle et la vie familiale, dans les lieux de travail, en tenant compte de la position des hommes et des femmes. Le Ministre a conclu en se félicitant de la possibilité offerte par la Commission d’examiner les stéréotypes sur les femmes et les hommes et explorer les moyens de combattre le concept actuel de masculinité. Toutes les formes de violence contre les femmes doivent être combattues, a-t-il dit en ajoutant que les faux concepts de masculinité ne sauraient justifier la violation des droits des femmes et des filles. De nombreux systèmes judiciaires comprennent des dispositions discriminatoires contre les femmes, a-t-il dénoncé en saluant la détermination de la communauté internationale à défier les déséquilibres du pouvoir entre hommes et femmes comme élément essentiel de la lutte contre la violence à l’égard des femmes.
Le Ministre s’est, une nouvelle fois, félicité de la décision de l’Assemblée générale de demander au Secrétaire général de mener une étude approfondie sur toutes les formes de violence contre les femmes. Le Ministre a encore évoqué la nécessité de responsabiliser les hommes dans la lutte contre le VIH/sida et celle d’intégrer la dimension sexospécifique dans l’assistance internationale.
M. ABDULLA EID SALMAN AL-SULAITI (Qatar) a reconnu, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, que malgré les progrès réalisés dans toutes les régions du monde, les femmes sont les plus affectées lors des crises politiques et économiques. Les femmes doivent disposer d’opportunités et de ressources plus vastes. Le représentant a dit appuyer l’intégration des sexospécificités comme stratégie visant à encourager l’égalité entre les femmes et les hommes. Nous appuyons le Secrétaire général dans ses efforts visant à obtenir une réponse coordonnée de tous les programmes et les institutions des Nations Unies. L’égalité entre les sexes est une exigence fondamentale du développement et de la paix. Les deux piliers de l’égalité entre les sexes sont le travail et l’éducation. Malheureusement, l’Aide publique au développement (APD) ne suffit pas pour faire face aux défis que connaît le monde en développement. Le représentant a également souligné le rôle important que peuvent jouer les femmes dans la prévention et la résolution des conflits.
Mme NICOLE AMELINE, Ministre déléguée de la France à la parité et à l’égalité professionnelle, a dit l’attachement de son pays aux deux thèmes choisis pour la session de la Commission. Concernant la participation des femmes aux processus de paix, elle a jugé que la mise en œuvre de la résolution 1325 relève de la responsabilité collective de tous, à savoir les organisations internationales, les Etats et la société civile. Quant au deuxième thème, la représentante a affirmé qu’il s’agit d’un préalable de toutes les politiques que la France met en œuvre pour prévenir et éliminer les violences et les discriminations, combattre les images sexistes, favoriser une articulation plus harmonieuse des temps de la vie privée, familiale et sociale ou encore pour promouvoir une participation équilibrée des femmes et des hommes à la prise de décisions politiques, économiques et sociales. Tous ces objectifs, hommes et femmes doivent les poursuivre ensemble, dans un partenariat égal et harmonieux.
Quatre enjeux majeurs semblent légitimer un engagement collectif pour les droits des femmes, a-t-elle dit, en expliquant les enjeux démocratique, économique, sociétal et universel. Concernant le premier enjeu, la Ministre a annoncé la création prochaine d’une Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité. S’agissant de l’enjeu économique, elle a annoncé la parution, au printemps prochain, d’un label égalité qui distinguera les entreprises engagées dans un nouveau management fait de promotion des femmes, de la reconnaissance de leurs compétences et de la prise en compte de la parentalité. La Ministre a aussi annoncé que le 8 mars prochain, elle présentera à son Premier Ministre la Charte de l’égalité entre les hommes et les femmes qui repose sur un partenariat rassemblant acteurs publics et privés, structuré autour de cinq axes de progrès, à savoir la parité, l’égalité professionnelle, le respect de la dignité de la personne, l’articulation des temps de vie et la solidarité européenne et internationale.
Mme TARJA FILATOV, Ministre du travail de la Finlande, s’est félicitée du thème prioritaire choisi pour cette session, thème qui a été rarement débattu lors des processus intergouvernementaux. Nous sommes en faveur de politiques proactives par exemple en donnant un congé parental aux pères. Dans notre pays, les hommes ont le droit de faire appel au congé parental et donc de pratiquer une paternité active. Par ailleurs, a –t-elle relevé, la violence à l’égard des femmes provient des inégalités structurelles et des relations de pouvoir inégales.
Notre Gouvernement a adopté une stratégie nationale pour s’attaquer à la violence domestique. La Ministre a indiqué par ailleurs que les femmes ont un rôle crucial à jouer dans la prévention et la gestion des conflits ainsi que dans les processus de paix. Elle a mis en relief le processus en cours d’intégration des sexospécificités à tous les niveaux de l’administration finlandaise. Cependant, elle a prévenu que la mise à l’épreuve de l’égalité entre les sexes réside dans des résultats concrets. L’évaluation de la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing et des résultats de la 24ème session extraordinaire de l’Assemblée générale nous permettra de juger dans quelle mesure nous nous sommes rapprochés de notre objectif.
Mme YASMINA BADDOU, Secrétaire d’Etat aux affaires sociales du Maroc, s’est réjouie que la question du rôle des hommes et des garçons dans la réalisation de l’égalité entre les sexes prenne de plus en plus d’importance. En tant que cellule essentielle de la société, la famille doit, a-t-elle dit, éduquer les enfants à l’égalité entre les deux sexes. Les enfants devraient disposer de programmes scolaires débarrassés de tous les stéréotypes qui ont prévalu jusqu’ici, a-t-elle ajouté en rappelant la responsabilité des médias en la matière. Après avoir défendu une participation plus active des femmes dans les processus de paix, la Secrétaire d’Etat a indiqué que son pays, fier de ses valeurs religieuses, humanitaires et culturelles et respectueux des droits de l’homme, a fait de l’amélioration de la condition de la femme un élément essentiel de l’état de droit. Aujourd’hui, a rappelé la Secrétaire d’Etat, 35 femmes siègent au Parlement, ce qui représente une augmentation de 10% par rapport à la période avant 2000. L’événement important qu’a connu le pays a été la réforme du Code de la famille, a affirmé la Secrétaire général. Ce Code, annoncé par le Roi, le 10 octobre 2003, est le fruit d’un Comité consultatif qui a eu pour mandat de rédiger un Code conciliant les préceptes de la religion et la jurisprudence. Le Code consacre ainsi l’égalité des droits et de devoirs pour les deux conjoints. Il fait du divorce un droit et restreint la polygamie qui requiert désormais une autorisation du juge, « quasiment impossible à obtenir ». La tutelle n’est plus une condition préalable à la validation du mariage, a poursuivi la Secrétaire d’Etat avant d’attirer l’attention sur les autres dispositions « positives » du Code, celles relatives à la garde des enfants. Elle a conclu en décrivant un certain nombre de projets visant à intégrer la dimension sexospécifique dans les programmes de développement.
M. MICHAEL SMITH (Canada) Président de la Commission des droits de l’homme, a rappelé que son prédécesseur avait établi un équilibre technique entre les deux organes, une manière de s’informer des agendas respectifs. Les mandats des deux organes sont extrêmement liés et notre travail est facilité par un plan de travail commun. Abordant le thème prioritaire de la session et notamment celui sur les femmes et les conflits. M. Smith a rappelé que la violence à l’égard des femmes est un thème à l’étude de la Commission des droits de l’homme qui a nommé un Rapporteur spécial pour étudier cette question. La participation au segment de haut niveau de la Commission a compté un nombre record de dignitaires. Le domaine des droits de la femme est un domaine où leur mise en œuvre est encore un défi. La collaboration accrue entre la Commission des droits de l’homme et la Commission de la condition de la femme nous permettra de progresser davantage.
Table ronde sur les lacunes et les difficultés dans l’appréciation des progrès accomplis, au regard de l’examen et de l’évaluation de la mise en oeuvre de la Déclaration et du Programme d’action et des textes issus de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale
Comme l’a expliqué la Coprésidente de la table ronde, Mme Kyunh-Wha Kang de la République de Corée, la table ronde offre aux utilisateurs et aux spécialistes de statistiques une occasion unique de partager les expériences nationales, les bonnes pratiques et les leçons tirées de la mesure des progrès dans la mise en œuvre des deux textes. C’est aussi l’occasion d’identifier la manière de combler les disparités et de surmonter les difficultés.
Ouvrant l’échange de vues, le représentant du Botswana a expliqué la manière dont la collecte de statistiques a contribué à un meilleur ciblage des politiques dans son pays, en particulier dans le domaine de la lutte contre le VIH/sida. En la matière, il est important que les données statistiques soient portées à la connaissance de tous les décideurs politiques nationaux, a souligné la représentante du Pakistan. Les statistiques sont, en effet, un des outils les plus importants pour établir un cadre d’action en faveur de la promotion des femmes, a renchéri la représentante de la Suède en arguant qu’il s’agit, en fait, de “mettre une couleur sur le plafond de verre”. La représentante a lancé à tous les gouvernements le défi d’”oser” utiliser ces données précieuses. Adhérant à ces propos, la représentante de la Namibie a argué que seules des données précises permettent de prouver la pertinence des plaidoyers. Elle a, en conséquence, aux côtés de la représentante de la Finlande, regretté la difficulté financière et technique à recueillir de telles données.
Au nom de l’Union européenne, le représentant de l’Irlande a fait valoir l’expérience de son institution en matière de collecte de statistiques. L’apprentissage de ce processus clef est important, a-t-il dit en estimant néanmoins que la collecte de statistiques ne doit pas être perçue comme un but en soi mais bien un moyen de parvenir aux fins de l’égalité entre les sexes.
Abordant des questions plus spécifiques, la représentante de l’Arménie a estimé que l’existence de statistiques régionales permettrait de mieux lutter contre le phénomène du trafic des êtres humains.
La représentante de la Norvège a, elle aussi, insisté sur la nécessité de disposer d’indicateurs de résultats permettant de mesurer le chemin parcouru. En Norvège, nous disposons d’un barème de l’égalité entre les sexes qui met l’accent sur les bons exemples dans divers domaines, qu’ils appartiennent au secteur public ou au secteur privé. Le Bureau des statistiques classe les municipalités selon le degré de leur mise en œuvre de l’égalité entre les sexes. Notre travail d’intégration des sexospécificités a été appliqué au processus d’élaboration du budget national.
La représentante de l’Azerbaïdjan a expliqué que pour la septième fois, le rapport national sur les statistiques aide les autorités à formuler leurs politiques en faveur de l’égalité entre les sexes. Toutefois, les statistiques ne peuvent pas toujours refléter la situation sur le terrain. En effet, les données dont nous disposons ne permettent pas de cerner la réalité de la traite des êtres humains ou de la violence à l’égard des femmes.
La représentante des Philippines a souligné que les statistiques revêtent une importance critique pour suivre la mise en vigueur des lois et leurs résultats, notamment en ce qui concerne la lutte contre la prostitution et la traite des êtres humains.
Faisant état de la loi adoptée en 1997 dans le but de mettre en œuvre le Programme d’action de Beijing, la représentante du Cuba a souligné qu’il est important à cet égard de tenir compte des besoins nationaux. A Cuba, nous avons mis au point une méthodologie que nous partageons avec d’autres pays d’Amérique latine qui vise à mener des enquêtes et un recensement national permettant de cerner le quotidien de la femme cubaine. La production de statistiques dépend également des ressources nationales dans la mesure où cela implique des programmes de coopération et d’échange d’informations. La représentante a demandé qu’un degré élevé de visibilité soit accordé au processus d’évaluation du Programme d’action de Beijing.
En Chine, a expliqué la représentante de ce pays, la stratégie nationale pour le développement des femmes en Chine a bénéficié du travail d’une équipe chargée des statistiques. Cependant, les problèmes ont porté sur le manque de ressources financières, techniques et humaines.
La représentante du Canada a partagé l’expérience de son pays en matière de collecte de données statistiques. L’une des contributions importantes est de fournir une aide aux organisations de femmes. Toutefois, des lacunes subsistent en ce qui concerne la collecte de données relatives aux peuples autochtones et aux familles monoparentales.
Intervenant à son tour, la représentante de l’Australie a fait part de la relation de travail étroite entre le Bureau des statistiques et le Bureau de la Commission de la femme. Pour la première fois, en 2002, a-t-elle indiqué, le Bureau des statistiques a publié des indicateurs mettant en relief les difficultés qui subsistent dans les domaines économique, social ou écologique. Tout le problème, a-t-elle dit, est d’assurer la meilleure manière de tirer parti des analyses. En Australie, un système formel a été créé qui réunit le Bureau des statistiques et les responsables politiques. En Algérie, a indiqué pour sa part la représentante algérienne, une loi définit les principes généraux de l’information statistique. De plus, un Conseil national de la statistique et une Institution centrale des statistiques viennent compléter les efforts en matière de collecte des données. En outre, la loi sur le recensement a été enrichie de nouveaux indicateurs pour tenir compte notamment de la situation des femmes, a conclu la représentante sans cacher toutefois les lacunes et les imperfections auxquelles est confronté, comme les autres, son pays.
La représentante du Maroc a, quant à elle, fait part de l’existence du Centre des statistiques qui a été chargé dernièrement d’établir des mécanismes pour aider l’évaluation des progrès accomplis par le pays en matière d’égalité entre les sexes. Les études statistiques sont indéniablement un outil important pour un meilleur ciblage des politiques, a ajouté la représentante en annonçant des études à venir sur la représentativité des femmes dans le secteur privé et des filles dans le milieu scolaire. Les statistiques permettent, en effet, de révéler les lacunes dans des secteurs comme la santé et l’emploi, a ajouté la représentante de la Zambie en voyant dans la collecte de données ventilées par sexe un “outil puissant de persuasion” des décideurs politiques. Mais comment affiner la collecte de données dans des domaines sensibles comme la violence? Quelles sont les méthodes alternatives? a-t-elle demandé.
Apportant un élément de réponse, la représentante du Royaume-Uni a expliqué les trois pratiques en vigueur dans son pays. Elle a d’abord cité la collecte classique de statistiques et d’indicateurs quantitatifs sur la parité dans le milieu du travail ou la vie politique et même sur la violence au foyer. Actuellement, a-t-elle indiqué, un travail est en cours sur le harcèlement sexuel qui permettra aux membres de l’Union européenne de se comparer les uns aux autres. La deuxième pratique exige du Ministère des finances qu’il analyse l’impact des politiques à financer sous un angle sexospécifique. L’existence d’un tel mécanisme, s’est réjoui la représentante, encourage les responsables politiques à mieux intégrer la dimension hommes/femmes dans les mesures à prendre. La troisième pratique, a-t-elle conclu, consiste à assurer une collecte durable des données pour procéder à une analyse plus approfondie d’une situation donnée. Prenant l’exemple des statistiques sur la scolarité des filles de la maternelle à l’université, elle a expliqué qu’en tant que telles, les statistiques n’ont pas permis de comprendre l’écart salarial, qui caractérise la population active, alors même que la performance scolaire des filles est supérieure à celle des hommes. En revanche, la collecte de données sur la durée a permis d’expliquer ce phénomène. Les statistiques ont, en effet montré qu’à l’issue de leurs études secondaires, les filles ont tendance à choisir des filières qui perpétuent l’écart salarial. Cette analyse a permis de conclure qu’une partie de la solution à l’élimination de l’écart salarial réside dans un travail psychologique auprès des filles.
La représentante de l’Espagne a expliqué que le développement d’indicateurs de résultats a été constant dans son pays et ceux-ci sont publiés dans un livre “Femmes et chiffres”. De 150 indicateurs en 1998, nous sommes passés à plus de 300. L’Institut de la femme dispose de mécanismes qui jouent un rôle important dans l’élaboration d’indicateurs dans les domaines de l’emploi, de la vie de famille ou encore de la violence. Nous sommes en train de créer un Observatoire de la santé qui bénéficiera également d’indicateurs. La représentante du Guatemala a regretté que les statistiques ne permettent pas de constater les effets des mesures d’action positive ni de comprendre les différences entre les hommes et les femmes sur la base des mêmes données. Par exemple, les conséquences du sida sur les femmes ne seront pas les mêmes pour les hommes même si la proportion d’hommes et de femmes malades est la même. La représentante de l’Inde a mis en exergue le processus d’analyse du budget de l’Etat avec la coopération d’ONG dans le but de consolider les résultats et de définir des politiques publiques sexospécifiques. Grâce à ce programme, certains Etats ont vu passer le taux de participation des femmes en politique de 6% à 12%. La représentante de l’Angola a expliqué en quoi consistait la stratégie nationale d’élimination de la pauvreté en vue de consolider la paix.
Intervenant ensuite, la représentante de la République-Unie de Tanzanie a fait part des problèmes sérieux que connaît son pays en matière de collecte de données statistiques en raison de manque de ressources financières, techniques et humaines. Nous souhaitons apprendre beaucoup des autres pays. A son tour, la représentante de l’Afrique du Sud a expliqué que des enquêtes statistiques sont menées tous les cinq ans en Afrique du Sud. Ainsi, les statistiques ont fait état d’une violence endémique à l’égard des femmes, ce qui est en fait interprété de manière positive dans la mesure où cela signifie que ce phénomène n’est plus tabou et que les femmes en parlent. Son pays, a expliqué la représentante des Pays-Bas, dispose de plusieurs instruments de surveillance de l’égalité entre les sexes qui ont notamment mis en lumière récemment une augmentation des actes de violence dans les commissariats de police. Pour sa part, la représentante du Kenya a convenu que l’ancien outil statistique de son pays n’était pas conçu en vue de promouvoir l’intégration des sexospécificités. Aujourd’hui, le pays dispose d’un instrument permettant de collecter des données ventilées par sexe. Nos statistiques nous ont montré que les femmes constituent la majorité des pauvres mais nous ne savons pas combien il y en a. La représentante du Congo a expliqué comment son pays avait organisé la collecte de données statistiques en précisant que la directrice du Bureau des statistiques est une femme. Le pays tente de mieux utiliser les données statistiques pour consolider les acquis de Beijing.
A son tour, la représentante de l’Argentine a jugé important d’harmoniser les critères, au niveau régional, pour établir des statistiques pertinentes pour tout le continent. La représentante de la République de Corée, a rendu compte, pour sa part, des nouvelles initiatives visant à affiner l’impact des politiques, en particulier dans le domaine de l’emploi et en ce qui concerne la situation des femmes isolées. Intervenant également, la représentante du Rwanda a annoncé que prochainement, dans son pays, un Observatoire du genre sera appelé à jouer un rôle d’inspecteur du principe d’égalité entre les genres dont le travail sera aidé par le Bureau des statistiques. Les statistiques utilisées jusqu’ici, a ajouté la représentante, ont encouragé les responsables politiques à adopter un système de budgétisation plus sensible aux impératifs de la parité entre les sexes. La représentante du Burkina Faso est revenue sur les difficultés techniques et financières liées à la collecte des données, avant que la représentante de la Norvège ne propose comme solution de collecter systématiquement des données ventilées par sexe, dans tous les domaines. Enfin, la représentante du Bénin a annoncé la mise sur l’Internet de BEN-INFO, une banque de données nationales.
L’échange entre les délégations a été suivi de remarques faites par les membres de la Commission des statistiques des Nations Unies. Sa Présidente, Mme Katherine Wallman des Etats-Unis a expliqué que l’objectif principal des statisticiens est de produire des données pertinentes susceptibles d’aider le travail des décideurs politiques. Elle a souligné, en la matière, l’importance de la coordination avec les différents ministères pour, a-t-elle dit, harmoniser les concepts et éviter les doubles emplois. Les enceintes internationales comme la Commission des statistiques, a-t-elle ajouté, permettent aux statisticiens d’identifier dans quels domaines la comparabilité des données est possible et développer des cadres permettant ces comparabilité dans le monde. En la matière, a-t-elle concédé, il faut prendre dûment compte des différences structurelles, culturelles et financières entre les pays. La Commission des statistiques, a-t-elle annoncé, prépare pour 2005, un rapport sur le monde des femmes qui analysera les progrès réalisés dans leur promotion et leur émancipation ainsi que les lacunes et les difficultés en la matière.
Tout le monde reconnaît l’importance des statistiques mais personne ne les apprécie vraiment, a estimé un statisticien intervenant après la Présidente. Il a dénoncé ainsi la mise à l’écart des statisticiens dans la mise en œuvre des politiques. Un autre membre de la Commission des statistiques a repris l’appel lancé par la représentante de la République de Corée pour une plus grande collaboration entre statisticiens et utilisateurs. A son tour, un troisième membre de la Commission s’est félicité de ce dialogue entre producteurs de statistiques, usagers et responsables politiques qui est en général encore trop rare. La Commission devrait examiner quel est son apport professionnel en appui des politiques gouvernementales.
La représentante du Fonds des Nations Unies pour l’enfance(UNICEF) a expliqué dans quelle mesure l’apport de statistiques est une composante vitale de son travail. Une enquête mixte génératrice de nouveaux indicateurs de résultats sera menée récemment pour lutter contre les mutilations génitales. Le Fonds s’est engagé à jouer un rôle directeur pour le suivi des Objectifs du Millénaire. Le représentant du Bureau international du Travail a expliqué que lors d’une conférence sur l’intégration des statistiques, il a été souligné combien il est important de comprendre le processus statistique dans son ensemble. La représentante de l’Organisation des Nations Unies pour la science et la culture (UNESCO) a estimé que suivre les progrès ne suffisait pas mais qu’il fallait disposer de données permettant de définir les politiques adéquates. Nous nous préoccupons de l’habilitation de la femme dans le domaine des sciences. Il est important également de promouvoir l’accès des données aux femmes. Le représentant de l’Organisation mondiale de la santé a expliqué que dans de nombreux pays, il était encore impossible de dégager des données statistiques en raison de l’impossibilité de compter le nombre de morts.
La représentante de la Thaïlande a convenu que les statistiques étaient un instrument puissant mais pas suffisant. Les statistiques doivent être expliquées pour prendre toute leur signification. Le représentant de l’Indonésie a fait part des efforts de son pays pour éliminer les inégalités, notamment en luttant contre les stéréotypes par le biais de la législation et de programmes de formation. Il a précisé que la collecte de données statistiques dans un pays où le gouvernement est centralisé est difficile et exige la pleine coopération des gouvernements locaux. Le représentant de la Croatie a expliqué que son pays dispose d’une loi sur l’égalité des sexes qui spécifie que les données statistiques du Gouvernement doivent être ventilées par sexe et être accessibles gratuitement. La représentante de l’organisation DAWN a, quant à elle, insisté sur la nécessité de combiner données quantitatives et qualitatives et de mettre en œuvre de meilleurs outils pour analyser les résultats des politiques gouvernementales. Nous faisons face à de plus en plus de complexité pour analyser la mise en œuvre des droits des femmes, notamment en matière de santé reproductive. Les données statistiques sont vitales pour nos campagnes de plaidoyer. La représentante de Mahila Dkshata Samiti, a mis en garde contre les erreurs possibles induites par les statistiques. On utilise certains indices qui ne sont pas des indicateurs robustes d’inégalités. Les progrès doivent être mesurés sur les plan qualitatif et quantitatif. Intervenant à son tour, la représentante de OXFAM a dénoncé la pénurie de données réelles notamment pour ce qui est de la violence à l’égard des femmes. Elle a suggéré que face aux coûts induits par les recensements, il fallait accroître la coopération avec les membres de la société civile. Elle a aussi suggéré que des indicateurs qualitatifs soient intégrés aux processus de recensement.
Prenant à son tour la parole, la représentante de la Commission économique pour l’Asie occidentale (CESAO), a indiqué que les commissions régionales de l’ONU travaillent sur les indicateurs qualitatifs qui les a conduits à développer un indice spécifique à chaque région et déployer davantage d’efforts dans le domaine de la comparabilité des données. Enfin, une autre membre de la Commission des statistiques est revenue sur la question des coûts en convenant que si, en la matière, la rationalisation exige une ventilation systématique par sexe, il faut néanmoins garder à l’esprit que la société ne se divise pas seulement entre les hommes et les femmes, mais en classe sociale, en âge ou encore en race. Comme solution, la statisticienne a suggéré la garantie d’une certaine rentabilité de l’exercice et la recherche des partenariats nécessaires.
Informations de base
Chargée du suivi du Programme d’action de Beijing et de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale, la Commission de la condition de la femme a placé les travaux de cette session sous les thèmes « Rôle des hommes et des garçons dans l’égalité entre les sexes » et « Egalité de participation des femmes à la prévention, à la gestion et à la résolution des conflits ».
Les travaux de la Commission, qui devraient s’achever le 12 mars prochain, seront marqués, cette année, par la présence d’une délégation du Ministère afghan de la condition féminine, siégeant en qualité d’observateur. Ils seront également marqués par la commémoration, le 8 mars, de la Journée internationale de la femme qui se déroulera sous le signe « Les femmes et le VIH/sida ». Pour leurs travaux, les 45 membres de la Commission sont saisis d’une vingtaine de rapports de fonds, de séance et pour information portant sur les cinq points qu’ils entendent examiner.*
Présentés, ce matin, par les chefs des Divisions, Fonds et Instituts pertinents de l’ONU ainsi que par la Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, ces rapports servent de base au débat général qui devrait s’achever le 4 mars.
La Commission a prévu d’interrompre l’exercice du débat général en organisant, outre la table ronde organisée cet après-midi, deux réunions de groupes d’experts sur les deux thèmes de la session qui se tiendront demain, mardi 2 mars. A partir du 5 mars, elle se réunira en séances officieuses pour négocier ses textes finaux et examiner la question des communications –plaintes- relatives à la condition de la femme ainsi que celle du suivi des résolutions et des décisions du Conseil économique et social dont elle est une commission technique.
Les travaux de la Commission seront dirigés par les personnalités suivantes: Kyung-wha Kang de la République de Corée, Présidente; Lala Ibrahimova de l’Azerbaïdjan, Béatrice Maillé du Canada, Carmen Arias du Pérou et Tebatso Baleseng du Botswana, Vice-Présidents.
Documentation
Rapport du Secrétaire général sur l’examen des méthodes de travail de la Commission de la condition de la femme dans le cadre de l’application et du suivi intégré et coordonné des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées sous l’égide de l’ONU dans les domaines économique et social (E/CN.6/2004/2)
Après avoir expliqué les modifications apportées, en 1987, du mandat de la Commission de la condition de la femme, créée en 1946, et les efforts faits par elle pour assurer un meilleur suivi de l’application du Programme d’action de Beijing de 1995 et du document final de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale de 2000, le Secrétaire général fait plusieurs recommandations. Il suggère d’abord à la Commission de mettre davantage l’accent sur l’application et les résultats concrets et de trouver les moyens de s’assurer que les résultats l’examen des questions thématiques proposent des grandes orientations générales et des recommandations concrètes. La Commission pourrait aussi, poursuit le Secrétaire général, mettre encore davantage l’accent sur l’organisation de réunions débats réunissant des experts et de tables rondes de haut niveau.
Dans le cadre de l’élaboration d’un prochain programme de travail pluriannuel, la Commission pourrait définir des modalités pour intégrer plus efficacement les questions nouvelles dont l’examen peut être dicté par les circonstances. A ce propos, le Secrétaire général suggère à la Commission d’établir un lien plus étroit entre l’application du Programme d’action de Beijing, et du document final de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale, d’une part, et l’application de la Déclaration du Millénaire, d’autre part. Un resserrement des liens avec les autres commissions
techniques lui est préconisé ainsi qu’avec les commissions régionales et les organismes des Nations Unies. La Commission, suggère encore le Secrétaire général, pourrait encourager la participation encore plus active de toutes les parties prenantes aux réunions-débats et aux tables rondes afin d’améliorer les échanges de pratiques optimales, d’enseignements tirés de l’expérience et d’informations sur les obstacles rencontrés dans la mise en œuvre des textes dont elle est chargée.
Rapport du Secrétaire général sur les mesures prises et les progrès réalisés pour ce qui est du suivi et de la mise en œuvre de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et de la session extraordinaire de l’Assemblée générale, s’agissant en particulier de l’adoption par les organes et organismes des Nations Unies d’une démarche tenant compte des sexospécifités (E/CN.6/2004/3)
Après avoir décrit les activités du Réseau interinstitutions pour les femmes et la parité des sexes; les politiques et stratégies mises en œuvre par les entités des Nations Unies en vue d’assurer l’égalité des deux sexes; le degré d’intégration d’une démarche soucieuse d’égalité entre les sexes dans les activités de programme; et les mécanismes institutionnels mis en place par les entités des Nations Unies, le Secrétaire général en vient aux recommandations.
Constatant d’abord que l’égalité des sexes n’est pas encore pleinement intégrée dans les activités de l’ONU, Kofi Annan incite la Commission de la condition de la femme à prendre plusieurs mesures. Il prône, entre autres, une utilisation plus efficace du Réseau institutions pour les femmes et la parité des sexes. Il prône ensuite l’évaluation des efforts de politiques et stratégies afin de déterminer et de surmonter les obstacles qui entravent leur pleine application. Le Secrétaire général prône aussi la création de mécanismes de contrôles efficaces.
Une meilleure prise en compte des perspectives sexospécifiques dans les politiques institutionnels et les politiques et stratégies sectorielles est également préconisée par le Secrétaire général ainsi que l’intégration d’une démarche soucieuse de l’égalité des sexes dans des mécanismes tels que les documents stratégiques pour la réduction de la pauvreté (DSRP) les bilans communs de pays, le Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement, les rapports de pays sur les Objectifs de développement du Millénaire ou encore les rapports de pays sur le développement humain.
Rapport du Secrétaire général sur la situation des femmes palestiniennes (E/CN.6/2004/4)
Dans ce rapport, le Secrétaire général décrit brièvement la situation des femmes palestiniennes de septembre 2002 à septembre 2003. Après l’introduction et la description de la situation, le Secrétaire général consacre un chapitre à l’aide apportée aux femmes palestiniennes par les organismes de l’ONU. Pour ce qui est des activités économiques, il passe en revue celles de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), de la Banque mondiale, du Bureau international du travail (BIT) et de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO).
Sur le front humanitaire, le Secrétaire général fait le tour d’horizon des interventions du Programme alimentaire mondial (PAM) ou encore de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). La partie consacrée à l’éducation et à la formation décrit l’œuvre d’organismes comme le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et dans le secteur de la santé, celles du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) ou de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Enfin, dans le domaine des droits des femmes, le Secrétaire général décrit l’action du Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.
Au cours de la période considérée, souligne le Secrétaire général, les conditions de vie des Palestiniennes se sont énormément dégradées. Kofi Annan juge important que les différences entre la façon dont les femmes et les hommes sont affectés par la situation socioéconomique et politique actuelle soient prises en considération dans les travaux de recherche, dans le rassemblement des données, dans l’élaboration et l’application des politiques et des stratégies et dans le suivi des projets et des programmes sur le terrain. A cet égard, le Secrétaire général juge important d’étudier le lien entre la crise actuelle et la montée de la violence familiale. Il importe aussi que des efforts soient faits pour favoriser une participation des femmes dans les processus de prise de décisions à tous les niveaux, notamment dans le règlement du conflit, préconise encore le Secrétaire général.
Rapport du Secrétaire général sur la situation des femmes et des filles en Afghanistan (E/CN.6/2004/5)
Dans ce rapport, le Secrétaire général fournit des renseignements sur les activités menées par les organismes des Nations Unies pour appuyer l’Administration transitoire afghane dans son action visant à promouvoir les femmes et l’égalité des sexes. Le rapport contient six chapitres de fond consacrés aux progrès obtenus et aux problèmes auxquels se heurtent les femmes et les filles; aux réunions intergouvernementales et d’experts; au suivi de l’Accord de Bonn; aux difficultés liées à la reconstruction et à la consolidation de la paix; à la situation économique et sociale; et à la coordination de l’aide apporté aux femmes et aux filles par l’ONU.
En conclusion, le Secrétaire général recommande à la Commission de la condition plusieurs mesures. Selon lui, cette dernière devrait, entre autres, enjoindre l’Administration transitoire et le Gouvernement afghan de promulguer des nouvelles lois non discriminatoires et d’annuler tous les textes qui ne vont pas dans ce sens. Ces deux entités devraient aussi mettre en œuvre une budgétisation soucieuse de l’égalité des sexes. Aux gouvernements, aux organismes des Nations Unies et à la société civile, la Commission devrait, entre autres, demander de renforcer les compétences techniques et la capacité du Ministère de la condition féminine de fournir un appui technique et des services consultatifs aux ministères compétents. Ils devraient aussi appuyer les mesures visant à demander des comptes à ceux qui, par le passé, ont commis des violations flagrantes des droits fondamentaux des femmes.
Rapport du Secrétaire général sur la libération des femmes et des enfants pris en otage lors de conflits armés (E/CN.6/2004/6)
Le rapport du Secrétaire général comprend deux chapitres de fond relatifs aux informations communiquées par 11 Etats Membres –Arabie saoudite, Azerbaïdjan, Bélarus, Colombie, Liban, Malaisie, Mexique, Pérou, Sierra Leone, République arabe syrienne et Thaïlande- et à celles communiquées par le système des Nations Unies. Dans ses recommandations, le Secrétaire général suggère à la Commission d’encourager les gouvernements à faire le point sur la pertinence de la prise en otage de femmes et d’enfants dans le contexte du suivi de la résolution 1325 concernant les femmes, la paix et la sécurité, adoptée par le Conseil de sécurité, le 31 octobre 2000.
Rapport du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes (E/CN.6/2004/8)
Le Secrétaire général indique que grâce au Fonds d’affectation spécial pour soutenir les actions qui visent à faire disparaître la violence à l’égard des femmes, l’UNIFEM veille à ce que, lorsque se présente une possibilité de reproduire ou de transposer à plus grande échelle des stratégies qui se sont avérées fructueuses, il soit tiré parti des idées novatrices. Depuis sa création, explique-t-il, le Fonds d’affectation spécial a accordé des subventions d’un montant de 8,4 millions de dollars à 155 initiatives menées dans 70 pays. Le Secrétaire général donne ensuite le détail des projets qui seront financés par le Fonds, dans un avenir proche, en République démocratique populaire lao, en Croatie, en Afrique du Sud, au Botswana et en Zambie ou encore au Mexique.
S’attardant sur le bien-fondé des activités du Fonds, le Secrétaire général passe ensuite aux résultats du rapport de l’UNIFEM sur la lutte contre la violence sexiste « Pas une minute à perdre pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes ». Le rapport constate les progrès accomplis ces 10 dernières années en arguant de l’adoption de nouvelles lois et de plans d’action dans toutes les régions du monde. La reconnaissance du fait que la violence à l’égard des femmes est une violation des droits fondamentaux des femmes est peut-être le résultat le plus important de ces dernières années, dit encore le rapport avant de recenser les principaux obstacles aux initiatives prises.
Le rapport cite l’insuffisance chronique de fonds et la faiblesse des associations de défense des femmes. Il préconise donc le renforcement des partenariats soulignant qu’aucun gouvernement, aucun organisme international et aucun organisme de la société civile ne peut à lui seul suffire à la tâche. Au titre des mesures ciblées, le rapport recommande l’amélioration de la collecte des données et des travaux de recherche; la formation systématique de tous les acteurs du système judiciaire; l’élargissement de la portée des stratégies de prévention des campagnes de sensibilisation; l’appui aux initiatives communautaires; et le soutien aux mesures visant l’émancipation économique et politique des femmes. Le rapport juge indispensable la mobilisation de nouvelles ressources auprès des gouvernements, de la communauté internationale et du secteur privé.
Outre les rapports de séances, E/CN.6/2004/CRP.2 à CRP.5, la Commission était saisie pour information de rapports relatifs à l’amélioration de la situation des femmes dans les organisations des Nations Unies (A/58/374); aux travaux du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (A/58/38); à l’état de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (A/58/341); et aux activités du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (A/58/168).
* E/CN.6/2004/1.
* *** *