LES FEMMES JOUENT UN RÔLE ESSENTIEL DANS LE DÉNOUEMENT DES CONFLITS ARMÉS, AFFIRME LA VICE-SECRÉTAIRE GÉNÉRALE
Communiqué de presse DSG/SM/232 WOM/1467 |
LES FEMMES JOUENT UN RÔLE ESSENTIEL DANS LE DÉNOUEMENT DES CONFLITS ARMÉS, AFFIRME LA VICE-SECRÉTAIRE GÉNÉRALE
On trouvera ci-après le texte de la déclaration liminaire faite aujourd’hui à New York par la Vice-Secrétaire générale, Louise Fréchette, lors de la conférence sur l’égalité de traitement des hommes et des femmes au lendemain de conflits, intitulée « La paix a besoin des femmes, et les femmes ont besoin de justice »:
Je suis heureuse de vous accueillir ici à l’ONU et de donner le coup d’envoi de cette importante conférence qui, nous l’espérons, contribuera à promouvoir la condition des femmes, la paix et la sécurité. Je remercie le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme et l’association International Legal Assistance Consortium, grâce auxquels cette conférence a pu avoir lieu.
Au cours des trois prochains jours, viendront s’exprimer des femmes qui occupent des postes juridiques importants dans le monde entier, y compris dans plus d’une douzaine de zones en proie à un conflit. Elles évoqueront les raisons pour lesquelles il est essentiel de garantir la justice pour les femmes pour l’instauration de l’état de droit et la consolidation de la paix.
Des hommes et des femmes du monde entier feront aussi des déclarations.
Ainsi, cette conférence tendra à établir un lien tangible entre les grandes stratégies et les réalités locales. Elle cherchera à faire en sorte que les négociations et les délibérations au lendemain d’un conflit tiennent compte des besoins des femmes.
D’expérience, nous savons que les conflits modernes font subir avant tout aux femmes et aux filles, des souffrances de plus en plus grandes.
D’ordinaire, les femmes ne sont pas à l’origine des guerres, et ne les font pas non plus. Pourtant, elles sont prises pour cibles. Le but en est souvent d’humilier l’adversaire, de le démoraliser, de vaincre la résistance de la société tout entière.
Des mesures ont été prises pour mettre un terme à l’impunité qui règne et qui entoure ces pratiques exécrables – dans les Tribunaux pénaux internationaux pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda, au Tribunal spécial pour la Sierra Leone et par l’adoption du Statut de Rome de la Cour pénale internationale. Elles nous ont mises sur la bonne voie, mais nous devons relayer et amplifier cet effort.
Nous devons faire plus. Le Conseil de sécurité a insisté là-dessus dans sa résolution 1325 (2000), adoptée il y a près de quatre ans: nous devons nous attaquer à la question des femmes, de la paix et de la sécurité, sur plusieurs fronts.
Les femmes sont souvent les premières victimes des conflits armés, mais il ne faut pas oublier non plus qu’elles jouent un rôle essentiel dans leur règlement. Nous devons chercher à mieux intégrer leurs préoccupations dans les processus de paix dans le monde entier et à assurer leur participation pleine et entière, dans des conditions d’égalité, à ces processus.
La résolution 1325 (2000) marque une étape historique à maints égards. Elle a souligné le renforcement mutuel des impératifs de paix et de justice au lendemain de conflits – et la nécessité pour les femmes comme pour les hommes de faire progresser la réalisation de ces objectifs et d’en bénéficier aussi.
Ella a souligné l’importance de la participation des femmes, sur un pied d’égalité, à tous les efforts visant à assurer la paix et la sécurité – à prévenir et régler les conflits et à consolider la paix.
Elle a réaffirmé la nécessité d’appliquer pleinement le droit international humanitaire et les instruments relatifs aux droits de l’homme qui protègent les femmes et les filles pendant et après les conflits.
Elle a appelé à prendre « des mesures particulières pour protéger les femmes et les filles contre les actes de violence sexiste, en particulier le viol et autres formes de sévices sexuels ».
Elle a également souligné « que tous les États ont l’obligation de mettre fin à l’impunité et de poursuivre en justice ceux qui sont accusés de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, y compris toutes les formes de violence sexiste et autres contre les femmes et les filles ».
Nous avons beaucoup progressé dans l’action que nous menons pour traduire ces principes dans les faits.
La sensibilisation à ces questions a avancé considérablement ces dernières années – à la fois dans les sociétés en proie à des conflits et au sein de la communauté internationale.
À l’ONU, nous nous employons à systématiser la consultation des femmes pendant et après les conflits, et ce, dès les premières phases du processus de paix, notamment lors des consultations sur l’élaboration d’une constitution, la réforme judiciaire et la réconciliation.
Ces consultations doivent faire intervenir des juristes qui ont une expérience directe des questions traitées, ainsi que des femmes qui ont été exclues, brimées et marginalisées par les systèmes et les institutions.
Ainsi, nous pourrons mieux répondre à la nécessité impérieuse de favoriser et de garantir l’égalité et la non-discrimination lorsque nous faisons des recommandations au Conseil de sécurité, lorsque nous établissons des mandats et structures des missions, lorsque nous élaborons des programmes d’assistance.
Sur le terrain, les sections des droits de l’homme de nos missions de maintien de la paix dans le monde entier enquêtent sur les violences à caractère sexiste, qui servent d’armes contre les femmes et les filles.
Plusieurs missions de maintien de la paix, notamment au Kosovo et en Sierra Leone, aident la police locale à lutter contre la violence familiale et la traite des femmes.
Les organismes des Nations Unies ont également apporté une assistance à des gouvernements au lendemain de conflits, y compris en Afghanistan et au Timor-Leste, pour faire ratifier et appliquer les instruments relatifs aux droits de l’homme, dont l’une des pièces maîtresses est la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, qui constitue le texte normatif fondamental pour la non-discrimination et l’égalité des sexes et un moyen d’action stratégique à l’échelon national.
Nous avons aidé des gouvernements à créer des institutions nationales ayant pour vocation de promouvoir et de protéger les droits des femmes.
Par ailleurs, nous collaborons avec des organes électoraux nationaux dans plusieurs pays pour assurer la pleine participation des femmes au processus électoral.
À l’évidence, les réalisations ont été nombreuses. Mais il reste du chemin à parcourir. Je pense que cette conférence peut constituer un jalon important à cet égard.
Parmi vous, il y a celles et ceux qui, étant des acteurs importants à l’échelle nationale, peuvent faire connaître les besoins concrets des femmes sur le terrain – qu’il s’agisse de formation juridique, d’expertise médico-légale, de l’accroissement du nombre de femmes parmi les enquêteurs, de la fourniture de conseils juridiques concernant la violence sexuelle, du renforcement de la protection des témoins et des programmes d’aide aux victimes ou d’autres formes d’assistance de la part de la communauté internationale.
Vous pouvez tous ensemble examiner et proposer des mesures permettant de mieux coordonner l’action des acteurs au sein du système des Nations Unies et ailleurs.
Vous pourrez ainsi trouver des moyens de renforcer les partenariats entre les gouvernements et la société civile dans les pays en proie à un conflit, les donateurs bilatéraux et multilatéraux, les organisations humanitaires, les organisations régionales, les organisations non gouvernementales, les établissements d’enseignement et les fondations.
Il ne faut pas se le cacher: bien souvent, mettre en commun des informations ne suffit pas. Cherchons à faire en sorte que tous les partenaires collaborent dans le cadre d’un examen commun des besoins, des capacités et des aspirations et de programmes nationaux communs de justice transitionnelle, de réforme de la justice et de mise en place de l’état de droit. Et veillons à ce que les femmes participent à cette concertation à tous les niveaux.
Au sein des Nations Unies, il nous faut aussi mieux coordonner les activités. Comme le Secrétaire général l’a déclaré dans son récent rapport sur l’état de droit et la justice transitionnelle pendant et après les conflits, il nous faut aussi examiner les pratiques optimales et proposer d’autres outils et mécanismes propres à promouvoir l’égalité de traitement des hommes et des femmes, en faisant intervenir les institutions juridiques, la société civile, les donateurs et l’ONU.
Autrement dit, Mesdames et Messieurs, nous devons tous réfléchir aux moyens pratiques de mettre en œuvre la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité et faire en sorte que la communauté internationale fasse entièrement sienne la formule « La paix a besoin des femmes, et les femmes ont besoin de justice ».
Je remercie chacune et chacun d’entre vous de sa ferme volonté de mener à bien cette mission, et j’espère que la présente conférence sera un nouveau jalon dans la réalisation de notre but commun.
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