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DSG/SM/228-ECOSOC/6117

L’INTERVENTION DES NATIONS UNIES PEUT FAIRE LA DIFFÉRENCE ENTRE LA VIE ET LA MORT DANS LES PAYS LES PLUS PAUVRES DU MONDE, DÉCLARE LA VICE-SECRÉTAIRE GÉNÉRALE

28/6/2004
Communiqué de presse
DSG/SM/228
ECOSOC/6117


L’INTERVENTION DES NATIONS UNIES PEUT FAIRE LA DIFFÉRENCE ENTRE LA VIE ET LA MORT DANS LES PAYS LES PLUS PAUVRES DU MONDE, DÉCLARE LA VICE-SECRÉTAIRE GÉNÉRALE


On trouvera ci-après le discours prononcé par la Vice-Secrétaire générale, Louise Fréchette, le 28 juin à New York, à l’occasion de l’ouverture du débat de haut niveau du Conseil économique et social:


C’est un grand plaisir pour moi que d’être ici avec vous pour l’ouverture du débat de haut niveau du Conseil économique et social.  Je suis très contente que le Président Kérékou du Bénin et un grand nombre de ministres de plusieurs pays soient des nôtres aujourd’hui.  Le Secrétaire général regrette de ne pas pouvoir vous accueillir lui-même: il vient de partir pour un long voyage en Afrique et en Asie.  Mais il m’a chargée de vous dire combien il était satisfait que cette année, le Conseil se penche sur les problèmes de développement qui se posent aux 50 pays les moins avancés.


Afin que le multilatéralisme ne soit pas un vain mot, la coopération internationale pour le développement doit figurer au premier rang de l’ordre du jour mondial et personne ne ressent mieux l’importance d’une telle coopération que les plus de 700 millions de femmes, d’hommes et d’enfants qui habitent les pays les moins avancés.  Pour eux, les décisions que prend l’ONU et la mesure dans laquelle ces décisions sont suivies d’actions concrètes peuvent littéralement faire la différence entre une possibilité à exploiter et la pauvreté, la paix et la guerre, la vie et la mort.


Pour eux, aucune question inscrite à l’ordre du jour de l’ONU n’est aussi importante que de véritables progrès dans la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement.  Et pour la communauté internationale dans son ensemble, il est indispensable d’œuvrer à la réalisation de ces objectifs si nous voulons tenir notre promesse et promouvoir les buts de la Charte.


Bien entendu, une croissance économique soutenue est la condition sine qua non de l’aboutissement de ces efforts.  Il est encourageant de constater que l’économie mondiale donne des signes de redressement –le taux de croissance mondial devait avoisiner les 4 % cette année– et que les perspectives de croissance à court terme se sont améliorées pour certains pays en développement.


Mais le climat économique mondial demeure incertain, et cette incertitude est encore aggravée par le niveau élevé du prix de l’énergie.  En outre, les tendances sont très disparates d’un pays en développement à l’autre et nous ne pouvons pas tabler sur la poursuite de la croissance que viennent de connaître certains d’entre eux –en particulier ceux qui dépendent lourdement de l’agriculture et doivent importer des ressources énergétiques.


Quoi qu’il en soit, les pousses vertes de la croissance économique ne porteront pas magiquement leurs fruits en ce qui concerne la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement si elles ne mettent pas avantages et débouchés à la portée des pauvres.  Et cela ne se passera pas tout seul.  Il faut également que des politiques et programmes en faveur des pauvres soient en place pour que ces objectifs soient atteints.


Comme il ressort du rapport sur les tendances actuelles dont vous être saisis, il est probable qu’un très petit nombre de pays parmi les moins avancés atteindront les objectifs de réduction de la pauvreté contenus dans le Programme d’action de Bruxelles et la Déclaration du Millénaire.  Ces prévisions ne font que mieux ressortir la nécessité d’aménager les politiques de façon soutenue, de mettre davantage l’accent sur les investissements sociaux et de mobiliser les ressources de façon plus efficace.


Évidemment, la très grande pauvreté des pays les moins avancés n’est pas seulement une des conséquences de la stagnation économique; elle en est également une des causes.  Les États pauvres ne doivent épargner aucun effort pour renforcer l’efficacité, la transparence et la responsabilisation dans la gestion des affaires publiques.  Il est vital qu’ils investissent davantage dans la santé, l’éducation et l’infrastructure de base.  Ils doivent faire leur possible pour appuyer les entrepreneurs nationaux, mettre à profit les fonds qu’envoient les immigrants et attirer l’investissement direct étranger.


Mais leurs efforts ne porteront leurs fruits que s’ils s’accompagnent d’efforts équivalents de la part des partenaires du développement.


Il est indispensable d’augmenter aussi bien la quantité que la qualité de l’aide étrangère au développement.  Dans le Programme d’action de Bruxelles, les pays donateurs se sont engagés à augmenter les courants d’aide aux pays les moins avancés jusqu’à atteindre 0,2 % de leur produit national brut.  Tenir cette promesse est le meilleur investissement que puissent faire les pays riches.  Et à Monterrey, les donateurs ont reconnu l’importance qu’il y avait à aligner l’aide sur les stratégies de développement nationales, tout en améliorant la coordination et en réduisant l’imprévisibilité de ses courants.  Si les donateurs acheminent une part plus importante de l’aide par l’intermédiaire des processus de budgétisation nationaux et veillent à la viabilité à long terme des courants d’aide, leur aide sera beaucoup plus efficace.


Il faut également prêter davantage attention au fardeau écrasant que représente la dette pour nombre de pays pauvres.  De véritables progrès ont été réalisés dans le cadre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés. Mais les rouages de cette initiative tournent lentement et seul un nombre relativement restreint de pays parmi les moins avancés sont arrivés au terme du processus.  Même pour eux, la viabilité de la dette à long terme demeure problématique.  Il faut accélérer l’Initiative et dans certains cas, la pousser plus avant.  Si l’on peut envisager de remettre la dette de l’Iraq, pourquoi ne pas faire de même pour les pays les plus pauvres?


Il ne servira à rien de donner d’une main aussi longtemps que le monde reprendra de l’autre – or c’est exactement ce qui se passe avec les quotas, les subventions et les tarifs qui retardent la croissance dans les pays pauvres et constituent un obstacle à leurs relations commerciales.  Je rends hommage aux initiatives qui ont été prises pour égaliser un peu les chances – notamment l’initiative « Tout sauf des armes » de l’Union européenne, la loi sur la croissance et les potentialités de l’Afrique (African Growth and Opportunity Act) des États-Unis et des initiatives bilatérales semblables du Japon, du Canada, de l’Australie et d’autres encore.  Il est important également de renforcer la coopération et l’intégration du commerce Sud-Sud.  Mais rien ne saurait remplacer la relance du programme de Doha pour le développement, en particulier la suppression ou tout au moins l’atténuation substantielle de l’effet paralysant des subventions agricoles sur les pays les moins avancés.  Sans cela, nous ne pouvons pas parvenir à la cohérence qui est un élément tellement important de notre approche du développement en général et du commerce en particulier, comme l’a souligné récemment la CNUCED à sa onzième session.


J’espère que ce débat de haut niveau du Conseil économique et social débouchera sur le renouvellement des engagements pris au titre des objectifs du Millénaire pour le développement et du Programme d’action de Bruxelles.  Ce serait peut-être un premier pas dans les préparatifs de la rencontre de haut niveau de l’année prochaine, qui examinera les progrès de la réalisation des objectifs du Millénaire.


Cet examen de 2005 sera également pour nous l’occasion de nous pencher sur la façon dont nous pouvons renforcer nos institutions multilatérales, et notamment bien sûr le Conseil.  Il est particulièrement important que le Conseil soit mieux à même de promouvoir la cohérence de l’action et de coordonner les efforts visant à mettre la mondialisation au service de tous.


Mais n’attendons pas l’année prochaine pour nous attaquer à nouveau avec vigueur et détermination à la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement.  Commençons immédiatement.  Après tout, nous avons des objectifs clairs et convenus, et nous nous sommes engagés solennellement à œuvrer à leur réalisation.  Nous devons aux peuples du monde –en particulier ceux des nations les plus pauvres– de tenir notre parole.


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