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DSG/SM/218

LA SOUVERAINETE NE SIGNIFIE PAS SEULEMENT POUVOIR MAIS AUSSI LA RESPONSABILITE DE PROTEGER UN PEUPLE SUR SON TERRITOIRE, DECLARE LOUISE FRECHETTE

13/04/2004
Communiqué de presseDSG/SM/218
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

LA SOUVERAINETE NE SIGNIFIE PAS SEULEMENT POUVOIR MAIS AUSSI LA RESPONSABILITE

DE PROTEGER UN PEUPLE SUR SON TERRITOIRE, DECLARE LOUISE FRECHETTE


Vous trouverez ci-dessous les observations liminaires prononcées par la Vice-Secrétaire générale à l’occasion de la table ronde sur le thème: « Dix ans après le Rwanda: l’ONU et la responsabilité de protéger » à New York, le 7 avril 2004:


Je vous remercie de vous être joints à nous à l’occasion de cette Journée mondiale de commémoration du dixième anniversaire du génocide rwandais.


En ce jour solennel, nous devons nous tourner vers le passé, honorer la mémoire des victimes et reconnaître que nous avons été impuissants à prévenir et arrêter le massacre d’au moins 800 000 hommes, femmes et enfants sans défense.


Nous devons également nous tourner vers l’avenir, et réfléchir à ce que nous pourrions faire pour mieux nous préparer à agir de façon décisive face à l’éventualité d’un nouveau génocide. Ne nous abusons pas, cependant : comme le Secrétaire général le rappelait aujourd’hui même, à Genève, le génocide demeure hélas une menace par trop réelle. Partout où éclate la guerre, où sévit l’intolérance, où d’inqualifiables crimes se commettent dans l’impunité, nous devons en épier les signes avant-coureurs. C’est pourquoi le Secrétaire général a annoncé tout à l’heure, devant la Commission des droits de l’homme, un plan d’action de prévention du génocide avec la participation de l’ensemble du système des Nations Unies.


Nous avons tout de même accompli quelque progrès au fil de ces 10 ans. C’est ainsi que nous menons une action plus énergique et efficace dans le domaine du maintien de la paix, que nous avons renforcé les mécanismes d’alerte rapide et de protection des droits de l’homme, que nous avons établi le Tribunal pénal international. De telles initiatives, parmi d’autres, nous autorisent à croire en la volonté plus ferme qu’a la communauté internationale de prévenir les catastrophes et d’y faire échec.


Je tiens également à saluer les travaux de la Commission internationale de l’intervention et de la souveraineté des États qui en réorientant le débat, qu’elle ne fait plus porter sur le « droit d’intervention » mais bien plutôt sur la « responsabilité de protéger », franchit un saut conceptuel majeur dans son rapport. Souveraineté ne signifie pas seulement pouvoir mais aussi responsabilité, responsabilité de protéger un peuple sur son territoire. Or, lorsque cette responsabilité n’est pas assumée, le défi qu’il nous incombe à tous, qu’il incombe à la communauté internationale de relever, est de déterminer ce qu’il faut faire.


Il va de soi que la souveraineté n’est pas le seul obstacle à la protection de la vie humaine. La simple indifférence, l’intérêt national égoïste, et l’absence de volonté politique se conjuguent de telle manière que rien n’est fait, ou pas assez, et trop tard. Il nous reste donc beaucoup à faire.


Nous avons l’honneur d’accueillir aujourd’hui autour de cette table ronde, un groupe de personnalités qui ont su – malgré leurs horizons très divers, militaire, politique, diplomatique et journalistique – travailler ensemble et avec enthousiasme pour convaincre la communauté internationale de prendre plus au sérieux la menace de génocide et d’agir en vue de l’écarter. Sachons leur gré du temps qu’ils consacrent aujourd’hui à cette rencontre. J’attends avec intérêt d’entendre leurs exposés et me réjouis de participer au débat ouvert qui y fera suite.


Permettez-moi de vous les présenter:


Le général de division Henry Anyidoho est une grande figure de l’armée ghanéenne. Aujourd’hui à la retraite, il a servi dans les forces armées de son pays pendant 41 ans, et a participé à quatre opérations de maintien de la paix de l’ONU. Alors que le Conseil de sécurité réduisait les effectifs de la MINUAR pendant les heures les plus sombres du génocide rwandais, ne conservant que 270 hommes sur 2 500, et qu’il exerçait lui-même les fonctions de commandant adjoint de la Force des Nations Unies, il décidait sans hésiter de rester sur place avec un petit bataillon ghanéen.


M. Lloyd Axworthy a été Ministre des affaires étrangères du Canada de 1995 à 2000. Connu pour avoir aidé à faire prévaloir le concept de sécurité humaine, il est un fervent partisan du Traité d’Ottawa, qui interdit les mines antipersonnel. Il a joué un rôle majeur dans la création de la Commission internationale de l’intervention et de la souveraineté des États. Il doit prendre ses fonctions de président et recteur de l’Université de Winnipeg, dont il est diplômé, le 1er mai prochain.


M. Mohamed Sahnoun a mené une carrière diplomatique exemplaire au cours de laquelle il a été Ambassadeur d’Algérie dans plusieurs pays – Allemagne, États-Unis, France, Maroc –, de même qu’auprès de l’ONU. Ancien Coprésident de la Commission internationale de l’intervention et de la souveraineté des États, il est actuellement Conseiller spécial du Secrétaire général pour l’est de l’Afrique.


Mme Samantha Power est maître de conférence en science politique de l’Université de Harvard (John F. Kennedy School of Governement). De 1993 à 1996, elle a été correspondante de guerre dans l’ex-Yougoslavie pour le US News and World Report, le Boston Globe et The Economist. Le prix Pulitzer 2003 lui a été décerné pour « A Problem from Hell: America and the Age of Genocide ».


M. Bacre Waly Ndiaye n’a malheureusement pu se joindre à nous aujourd’hui. Rapporteur spécial de la Commission des droits de l’homme sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, au moment du génocide, il est aujourd’hui responsable du Bureau du Haut Commissaire aux droits de l’homme à New York. Il dirige actuellement une mission d’enquête au Tchad, sur la crise très grave qui sévit au Darfour. Il regrette de ne pouvoir se joindre à nous et attend avec intérêt le compte rendu de nos discussions.


J’ai le plaisir de donner la parole à notre premier intervenant: le général Anyidoho.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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