DH/376

POUR UN DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE QUI PROTÈGE LES VALEURS ET LES RESSOURCES NATURELLES DES PEUPLES AUTOCHTONES

18/05/2004
Communiqué de presse
DH/376


Instance permanente

sur les questions autochtones

12e et 13e séances – matin et après-midi


POUR UN DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE QUI PROTÈGE LES VALEURS

ET LES RESSOURCES NATURELLES DES PEUPLES AUTOCHTONES


Objectifs de développement du Millénaire et mondialisation, les défis qui attendent les peuples autochtones en matière de développement économique présentent bien des difficultés dans la mesure où la notion même de développement dans les communautés autochtones obéit à une manière de penser distincte.  Ce matin, alors que l’Instance permanente sur les questions autochtones poursuivait sa deuxième semaine de travail, le Président de l’Instance, Ole Henrik Magga, a plaidé en faveur d’un développement économique qui respecte et défende les valeurs et traditions autochtones.


« Pour nous, la pauvreté c’est d’être privé de nos terres, de nos ressources naturelles et de nos droits et libertés », a expliqué le Président, qui est lui–même issu des peuples sami de Norvège.  Le développement économique est compris par les peuples autochtones comme un mécanisme qui renforce les libertés et les valeurs traditionnelles, a-t-il expliqué.  Tour à tour, les représentants autochtones ont revendiqué la gestion de leur environnement naturel, source de vie, mettant en avant la connaissance unique qu’ils en ont.  Ils ont également exigé que le principe du « consentement préalable, libre et éclairé » soit appliqué systématiquement dans le contexte des projets et plans de développement touchant leurs terres, leur culture et leur savoir.  Ce principe privilégie le partenariat avec les peuples autochtones fondé sur la transparence et la participation.


A cela se greffe le phénomène de la mondialisation qui, comme l’ont souligné les représentants d’organisations autochtones et d’institutions des Nations Unies, n’a fait qu’aggraver la marginalisation et la paupérisation de ces peuples, en particulier des femmes.   « Les femmes autochtones sont très nombreuses à participer aux flux migratoires urbains.  N’ayant pas suivi de cursus scolaire, elles sont sous-payées et sont extrêmement vulnérables », a signalé Noeleen Heyser, Directrice du Fonds de développement des Nations Unies pour les femmes (UNIFEM).


De nombreuses recommandations ont été adressées ce matin aux gouvernements et institutions du système des Nations Unies.  Il a été suggéré une nouvelle fois de tenir compte de la Déclaration de Kimberley adopté en 2002 en Afrique du Sud, lors du Sommet sur le développement durable des peuples autochtones.  Ce texte réaffirme le droit des peuples de déterminer les priorités et les stratégies en matière de développement tout en soulignant la place centrale qu’occupent les terres et ressources naturelles pour leur survie.  La Banque mondiale et le Conseil économique et social et les institutions de Bretton Woods ont également été vivement invitées à traiter les peuples autochtones comme des partenaires égaux de développement.


L’Instance poursuivra son débat demain mercredi 19 mai sur le thème de la santé, à partir de 10 heures.

Débat sur les droits de l’homme (suite)


Le représentant de International Indian Treaty Council a demandé à l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) d’organiser des consultations régionales avec les groupes autochtones pour que les vues et perspectives de ces peuples soient pris en compte.  Des coordinateurs doivent être identifiés dans chaque région.  Il faut organiser une conférence internationale sur la sécurité alimentaire et des consultations devraient avoir lieu avec les femmes et les jeunes. 


La représentante de Indigenous Media Association a évoqué les souffrances que connaissent les peuples autochtones qui se voient niés de la jouissance de leurs territoires et ressources naturelles.  Le Gouvernement canadien procède à des référendums sur des questions relatives à nos terres, ce qui est contraire à nos modes de prise de décisions qui privilégient le consensus.


Développement économique et social


M. OLE HENRIK MAGGA, Président de l’Instance,a rappelé que l’ONU avait adopté les Objectifs de développement du Millénaire qui revêtent une importance vitale pour les peuples du monde entier.  Il est important de planifier nos travaux de façon à répondre à l’appel de l’Assemblée générale des Nations Unies.  La notion même de développement n’est certainement pas définie de la même manière dans le monde, pour certain il s’agit d’un simple processus de développement économique et pour d’autres il s’agit d’un processus qui renforce les libertés effectives des peuples leur permettant ainsi de défendre leurs propres valeurs.  Il s’agit en fait d’un système de choix.  La notion de développement s’inspire de cette manière de penser.  La notion de pauvreté doit être comprise dans ce contexte.  Même si la pauvreté est définie par le PNUD de manière scientifique, elle ne parle pas de la pauvreté sous un angle culturel.  Les peuples ayant accès à leurs ressources naturelles ne se sentent pas pauvres.  Pour nous la pauvreté c’est d’être privé de nos terres, de nos ressources naturelles et de nos droits et libertés.  Il faut s’attaquer aux racines même de ce mal.  L’Instance insiste pour que la Banque mondiale organise des consultations avec les peuples autochtones.  Les peuples sont invités à participer à la réalisation des Objectifs du Millénaire.  Le Forum parallèle au Sommet de l’information organisé par les peuples autochtones a constitué un des évènements les plus importants.  Pendant le Forum, il a été signalé que le manque d’infrastructures, de technologies modernes est un obstacle à la participation des peuples autochtones à cette révolution, d’où la nécessité d’un renforcement des capacités autochtones. 


M. ANTONIO JACANAMIJOY TRISOY, membre de l’Instance, a rappelé que celle-ci a suggéré de revoir la définition du développement.  Elle a recommandé que les Institutions des Nations Unies tiennent compte de la Déclaration de Kimberley sur les peuples autochtones et le développement durable, ainsi que de celles de la Commission du développement durable.  Elle a aussi souhaité que le Conseil économique et social intègre les communautés autochtones dans les processus d’élaboration des politiques.  Elle a recommandé qu’ONU-Habitat soumette un rapport tenant compte de l’accélération de la migration des peuples autochtones vers les zones urbaines.  Il a également été recommandé de reconnaître le droit coutumier des peuples autochtones pour ce qui est en particulier du droit à l’accès à la terre.  Deux années se sont écoulées depuis la formulation de ces recommandations et les institutions du système, a souligné l’intervenant.


Mme NOELEEN HEYZER, Directrice exécutive du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme, s’est déclarée consciente du fait que les femmes autochtones devront relever des défis bien particuliers si l’on veut parvenir aux Objectifs du Millénaire.  En tant que femmes, elles sont surreprésentées parmi les pauvres et ne participent pas aux processus décisionnels qui les concernent, a-t-elle souligné.  Elles sont victimes d’actes violents au sein et en dehors de leur communauté, a-t-elle ajouté.  Mme Heyser a indiqué avoir participé en 2002 au premier Sommet des femmes autochtones, au Mexique, au cours duquel celles-ci ont abordé la question de l’impact de la mondialisation sur leur communauté.  Les femmes autochtones sont très nombreuses dans les flux de migration, a-t-elle affirmé.  Elles se rendent dans les villes d’autres pays, travaillent extrêmement longtemps et sont très peu payées.  N’ayant pas suivi de cursus à l’école, elles sont très vulnérables, a ajouté Mme Heyser.  Selon elle, les bénéfices de la mondialisation ne vont qu’à ceux qui ont des moyens.  Il faut donc améliorer non seulement leur accès à l’éducation, mais aussi réformer l’éducation, et ce, à l’échelle mondiale.  Les gouvernements devraient également s’atteler à enrayer la féminisation de la pauvreté, en intégrant la sexospécificité dans leur politique de développement, a-t-elle également estimé.


M. JOHAN LUND OLSEN, Ministre de l’industrie, de l’agriculture, du marché du travail du Gouvernement du Groenland (Danemark), qui intervenait pour marquer le 25e anniversaire de son gouvernement autonome, s’est félicité que l’Instance permanente ait entrepris une action pour promouvoir les droits des femmes ainsi que l’égalité des sexes. Le thème choisi cette année par l’Instance fait partie intégrante du travail réalisé par le Gouvernement du Groenland, sa législation visant à encourager l’égalité entre les sexes dans la société et dans les entreprises.  Des problèmes sociaux demeurent, a-t-il souligné, précisant que les changements rapides de la société étaient à la source de tensions.  Il faut parvenir à utiliser de manière efficace les ressources humaines du Groenland, a-t-il dit.  Il a également affirmé que son Gouvernement luttait contre les abandons scolaires, qui sont très nombreux et dus essentiellement aux problèmes socioéconomiques.  Le Gouvernement prend des mesures pour surmonter le retard en matière d’éducation et de formation, a-t-il indiqué.


Mme MALIA NOBREGA, du Caucus du Pacifique, a suggéré que l’Instance permanente demande à la Banque mondiale d’assurer la formation des peuples autochtones du Pacifique afin qu’ils sachent comment avoir accès aux différentes bourses offertes.  Elle a proposé également que l’Instance demande au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et à la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED) d’aider les organisations autochtones à présenter des propositions au Forum en 2006 et de demander des informations aux États, en particulier aux États-Unis et au Canada, sur les clauses d’exemption des peuples autochtones en ce qui concerne les accords de libre-échange.  Les cultures du Pacifique s’effacent, a-t-elle mis en garde.


Le représentant du Canada a souligné que depuis plusieurs années son pays s’attachait à améliorer les conditions de vie des femmes autochtones.  Tous les efforts sont déployés pour inclure les femmes dans la prise de décisions dans le cadre de programmes qui les visent.  Il a recommandé que l’Instance permanente poursuive son plaidoyer en faveur de la connectivité entre les peuples autochtones.  Il a précisé que le Gouvernement canadien suivait une approche intégrée et multidimensionnelle pour faciliter le développement des communautés autochtones.


Le représentant du Caucus des peuples autochtones de l’Amérique latine et des Caraïbes a demandé aux organisations compétentes du système des Nations Unies de fournir l’aide nécessaire à la création d’un cadre stratégique pour le développement des peuples autochtones.  À Sainte-Lucie, sur les 20 collectivités autochtones les plus pauvres, 18 d’entre elles sont des communautés autochtones.


La représentante du Programme des Nations Unies pour le développement a évoqué l’initiative lancée il y a un an qui vise à promouvoir une plus grande interaction avec le PNUD.  En septembre 2003, nous avons lancé une initiative en matière des droits des peuples autochtones du Cambodge, de la Thaïlande et du Viet Nam.  Un autre projet pilote sera lancé en Équateur.


La représentante de la Nouvelle-Zélande a indiqué que dans son pays, les femmes maories jouent un rôle économique important dans les communautés, dans le développement économique régional et dans la reconnaissance de la langue et la culture maories.  Les femmes maories ont cependant le taux d’emploi à plein temps le plus faible de tous les groupes sociaux et ont deux fois plus de risque d’être au chômage. 


Mme INA HUME, du Caucus autochtone asiatique, a exhorté tous les organismes des Nations Unies et les institutions de Bretton Woods à traiter les peuples autochtones comme des partenaires égaux de développement et de mobiliser les ressources financières pour faciliter une représentation équitable dans les processus de développement.  Nous prions le Haut Commissariat aux droits de l’homme de donner la priorité à la question du consentement préalable.


M. BILL YOTIVE (Département de l’information des Nations Unies) a indiqué que du matériel pédagogique scolaire sur les peuples autochtones avait été élaboré.  Sur le site Web destiné aux écoles du monde entier, les écoliers sont invités à mobiliser des fonds pour leur venir en aide.  Nous tentons de donner la parole à la jeunesse autochtone.  Nous avons réalisé des films sur la jeunesse autochtone au Pérou et en Australie.


Mme PALOMA BONFIL (Mexique) a indiqué que le développement des populations autochtones est une des priorités de son Gouvernement. Il faut mettre au point des mécanismes de coresponsabilité financière au niveau international qui permettent de progresser dans le règlement des questions en suspens.  Il faut promouvoir des actions spécifiques en faveur du développement économique des femmes autochtones.  Il faut par exemple promouvoir la participation des femmes aux processus de prise de décisions pour briser le cercle vicieux de l’exclusion.


Le représentant du Bangladesh Indigenous People Forum a dressé un tableau sombre de la situation des peuples autochtones dans son pays.  Le Forum de développement du Bangladesh demande la mise en œuvre intégrale de l’Accord de 1997 et la reconnaissance du contrôle des groupes autochtones sur leurs terres et ressources.  Il faut mettre un terme aux programmes ecoparc dans les zones autochtones, lutter contre la mainmise des terres, assurer la démilitarisation des zones autochtones, ainsi que le respect du principe du consentement libre préalable et concerté.


La représentante de l’Organisation mondiale du Travail a estimé que les réformes économiques ont été un échec en ce qu’il faut davantage intégrer les dimensions sociales du développement économique.  Les politiques doivent respecter les droits spécifiques des peuples autochtones dans une approche de développement attentive à la culture et aux traditions autochtones. 


La représentante de la Banque interaméricaine de développement a souligné que la femme autochtone était victime d’une triple discrimination en tant qu’autochtone, que femme et victime de la misère.  Les peuples autochtones nous apprennent jour après jour que le développement durable ne peut être accompli que s’il respecte le patrimoine naturel et leur participation aux stratégies de développement, a-t-elle considéré.  L’objectif principal est de promouvoir le développement des peuples autochtones en garantissant leur propre identité et leur autonomie, a-t-elle ajouté.  Elle a assuré que la Banque interaméricaine de développement voulait appuyer l’économie des peuples autochtones et leurs droits.  Il faut tout faire pour surmonter la triple discrimination dont souffrent les femmes autochtones, a-t-elle conclu.


M. STEEN LAU JORGENSEN, de la Banque mondiale, a souligné que les peuples autochtones devaient bénéficier du développement économique et social à tous les niveaux.  Il faut mettre au point des politiques qui soient avantageuses pour les peuples autochtones, a-t-il estimé, précisant que la Banque mondiale lançait des projets qui associent les peuples autochtones.  Il a invité les États à reconnaître que la participation des autochtones était indispensable au développement de leurs pays.  Nous devons convaincre les peuples autochtones de notre désir de collaborer avec eux, a-t-il également observé.


Le représentant du Conseil Innu Nitassinan a souligné qu’il fallait améliorer les conditions socioéconomiques des peuples autochtones.  Il s’est déclaré préoccupé par le fait que le Canada, un pays qui, a-t-il estimé, se veut le champion des droits de l’homme, ne respecte pas ses obligations découlant des traités.  Il a en outre regretté l’absence lors de cette session de l’Instance permanente de représentants de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), car, a-t-il précisé, l’impact de ses mesures est certain sur nos populations.  Il a demandé à l’Instance que soit assuré le suivi de la recommandation 7 du rapport de sa deuxième session.


Le représentant des Jeunes autochtones a suggéré que l’Instance permanente demande au PNUD d’effectuer des formations technologiques permettant le développement de petites entreprises gérées par des jeunes.  Il a en outre demandé à l’Instance permanente d’inviter le PNUD à fournir des fonds pour le développement des peuples autochtones.


M. AQQALUK LYNGE, du Conseil Saami et de la Conférence circompolaire Inuit, a estimé que le concept de développement devait être repensé afin de tenir compte des peuples autochtones.  Il a plaidé pour que les différentes institutions internationales procèdent à un changement véritable du concept de développement.


Le représentant de l’Organisation de développement Masai a proposé à l’Instance permanente de créer un bureau des femmes autochtones au sein du secrétariat, à encourager les agences de l’ONU à étudier la situation des femmes autochtones.  L’Instance permanente doit demander à ce que tout soit fait pour que les droits des peuples autochtones soient respectés, a-t-il estimé, souhaitant également que des bureaux de l’Instance soient ouverts dans tous les pays où se trouvent des peuples autochtones afin que ceux-ci puissent y avoir accès.


M. HASSAN IDBALKASSM, de l’IPACC, a estimé que le but du développement était le respect de la culture de l’homme.  Tout projet qui ne prend pas en compte la situation des peuples autochtones mine ces peuples et entraîne leur marginalisation, a-t-il souligné.  Il a suggéré que l’Instance permanente demande à l’ECOSOC de se pencher sur la situation des peuples autochtones en Afrique du Nord.  Tous les peuples autochtones doivent être pris en compte dans les projets de développement, a-t-il considéré.  Il a en outre proposé que l’Instance permanente prie l’ECOSOC d’inciter l’Algérie à cesser le conflit avec la communauté amazigh, à appeler le Gouvernement du Mali à respecter le rythme de vie des Touaregs et le Gouvernement du Niger à protéger la santé publique des autochtones dans l’utilisation de l’uranium, et à permettre aux peuples autochtones de gérer les ressources naturelles.


La représentante de l’Association des femmes autochtones du Centre-Est de Sao Paulo, a estimé qu’il fallait accroître la capacité productive des femmes autochtones et assurer leur participation dans les appareils de décision des collectivités locales et de l’État.


M. FORTUNATO TURPO CHOQUEHUANCA, membre de l’Instance permanente, a affirmé 4que l’Instance devait formuler des recommandations pour éviter les actes de corruption dans le cadre de projets de développement qui doivent bénéficier aux populations autochtones.


La représentante des Femmes autochtones du Venezuela a affirmé que les femmes autochtones devaient participer à l’administration et à la planification des projets concernant le développement des peuples autochtones.  Elle a recommandé à l’Instance permanente de demander la création d’un fonds de soutien en faveur des femmes dirigeantes autochtones et d’inviter les organismes des Nations Unies à encourager l’action des femmes autochtones.


M. NDININI KIMESERA, Conclave autochtone d’Amérique latine, a demandé que les droits des peuples autochtones soient reconnus par les institutions du système des Nations Unies, en insistant sur le droit au consentement libre et préalable.  Ces institutions doivent respecter notre droit à ne pas être réinstallés de force.  Il faut recommander à l’ECOSOC de présenter un rapport sur l’incidence des traités de libre-échange, qui ont été passés sans la participation des intéressés.


M. MARCO PERDUCA, Parti radical transnational, a évoqué la production de la feuille de coca, mode de subsistance des populations andines.  Les efforts d’élimination de cette culture ont été vains.  L’Instance devrait traiter de cette question et formuler des recommandations à l’ECOSOC.  Il convient aussi de faire figurer la culture du coca dans les délibérations de l’Instance.  De nombreuses stratégies d’élimination de cette culture sont violentes et mettent en danger la subsistance des communautés autochtones.  Les cultures de substitution n’ont jamais permis aux peuples autochtones de survivre dans la mesure où souvent il s’agit de produits excédentaires


M. KENNETH DEER, Indigenous collectivity Survey, a évoqué le fait qu’actuellement il n’existe pas de droits de propriété industrielle ne permettant pas de protéger les connaissances traditionnelles autochtones.  Il faut combattre le racisme qui sévit en matière d’accès aux technologies de l’information tout en précisant que celles-ci peuvent contribuer à la promotion des connaissances traditionnelles.


M. MONI MAU, Fédération Kampuchea-Krom, a demandé au Gouvernement vietnamien de cesser d’occuper les terres arables des Khmers-krom, d’ouvrir des écoles et centres de formation, d’enrayer la baisse du prix du riz, de permettre aux groupes comme Amnesty International et Human Rights Watch d’avoir accès à nos terres.


La représentante de l’Association des peuples autochtones du Nord, de la Sibérie et de la Russie, a expliqué que les peuples autochtones en Russie connaissent une période difficile en raison de l’extraction des richesses naturelles sur leurs territoires.  Le chômage des femmes autochtones est de 70 à 90%.  La législation doit reconnaître les droits des peuples autochtones sur leurs ressources naturelles.  Il faudrait faire la promotion de l’artisanat traditionnel. 


Le représentant de l’Italie a déclaré que la pauvreté, la sécurité alimentaire, la régression la diversité culturelle devraient attirer davantage d’attention.  Les communautés connaissent bien les écosystèmes dans lesquels elles vivent et ils sont souvent les mieux placés pour lutter contre la désertification.  La diversité culturelle est une garantie du savoir.


Le représentant du Mouvement pour la survie du peuple Ogoni, a affirmé que le Gouvernement du Nigéria ne respectait pas les décisions prises par les organisations internationales de défense des droits de l’homme.  Il y a, au Nigéria, un véritable racisme en matière de développement, a-t-il ajouté.  Il a par ailleurs critiqué l’action du PNUD qui, selon lui, est en train d’établir un partenariat avec ceux qui détruisent l’environnement.  L’Instance permanente devrait examiner plus en détail l’activité des agences des Nations Unies, a-t-il estimé.


M. ATHUR MANUAL, de l’Union des chefs indiens de Colombie-Britannique, a estimé que, face à l’activité des multinationales qui tentent de s’approprier le savoir des peuples autochtones, l’Instance permanente pouvait jouer un rôle important pour la conservation et la protection des droits de propriété intellectuelle des peuples autochtones.  Le système économique actuel met en danger le développement des peuples autochtones, leurs ressources étant utilisées de manière intensive, a-t-il souligné, précisant que les accords multilatéraux constituaient dans ce domaine une véritable menace.


Mme LUCY MULENKEI, de l’Organisation africaine des femmes autochtones, a rappelé qu’en Afrique, le VIH/sida continuait de progresser.  Elle a suggéré à l’Instance permanente de demander aux agences des Nations Unies d’appuyer des études, auxquelles participeraient des autochtones, sur des questions clefs comme celle de la pauvreté, de demander aux organisations non gouvernementales et à toutes les parties prenantes que les femmes autochtones puissent accéder à des activités génératrices de revenus leur permettant de pouvoir faire vivre leurs familles.


Le représentant de la Foundation for Aboriginal and Islanders Research Action a affirmé qu’en Australie les peuples autochtones représentaient 2,5% de la population.  Il sont disséminés sur l’ensemble du territoire et n’ont pas accès aux structures de santé, à l’emploi et au logement, a-t-il insisté, ajoutant qu’ils étaient victimes de racisme.  Il a en outre prié l’Instance permanente de demander à la Nouvelle-Zélande de respecter ses obligations internationales en matière de droits de l’homme.


Débat sur l’environnement


M. PETER JANUS, du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a reconnu le rôle de la société civile, avec laquelle le PNUE collabore, dans le développement durable.  Il faut des solutions novatrices pour assurer une durabilité environnementale, a-t-il estimé.  M. Janus a mis l’accent sur le rôle que peut jouer la femme autochtone dans l’élimination de la pauvreté, la gestion de la biodiversité, la santé, l’environnement, les partenariats pour l’eau, la gestion de la terre, les changements climatiques et le droit sur l’environnement. Le développement durable de la région arctique doit en outre être à l’ordre du jour mondial des priorités, a-t-il considéré.  Il a indiqué qu’une étude avait été réalisée par le PNUE sur l’Arctique et les peuples autochtones de la région.  Cette étude montre le rôle utile joué par ces derniers.


M. CHRIS MCCORMICK, de l’Association des Iroquois et des Indiens alliés, a souligné la nécessité d’intervenir à l’échelle internationale pour tenter de convaincre le Canada de respecter ses obligations à l’égard des peuples autochtones.  L’Instance permanente devrait mener une étude sur les pratiques foncières au Canada, a-t-il souligné.  Des plaintes sont lancées depuis 35 ans, mais rien n’a été fait, a-t-il ajouté, notant que le Canada était à la fois juge et partie.  La plupart des plaintes traitées sont mineures ou de nature technique, a—t-il poursuivi, si bien que les tensions entre les Premières Nations et le Canada s’aggravent.


M. PARSHURAM TAMANG (Népal), membre de l’Instance permanente, a rappelé que l’environnement était confronté aujourd’hui à des éléments destructeurs.  Les collectivités autochtones ont une connaissance unique de l’environnement et ont mis en place des solutions pratiques, en symbiose avec la nature, aux problèmes qui se posent.  Les peuples autochtones, considérés comme des gardiens de la planète, qui considèrent la Terre comme leur mère, celle qui donne la vie, doivent donc, selon lui, assurer de grandes responsabilités dans la gestion de l’environnement.  La communauté internationale ne respecte toujours pas les engagements qu’elle a pris, a ajouté M. Tamang.  Les 10 dernières années ont été consacrées à l’élaboration de programmes, a-t-il noté, soulignant qu’aujourd’hui, les Nations Unies et les États Membres devaient s’attacher à appliquer ces programmes. M. Tamang a encouragé le système des Nations Unies et les États Membres à collaborer avec les organisations autochtones pour intégrer le souci d’équité entre les sexes dans toutes les politiques liées à l’environnement.


LE représentant du Myanmar a rappelé que la terre et les forêts répondent aux besoins spirituels des peuples autochtones.  Un programme de restauration de la forêt est en cours, dans la mesure où 15% des forêts ont été endommagées.


M. OLIVIER JALBERT, Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique, a indiqué que des travaux se poursuivaient pour dresser un répertoire des connaissances traditionnelles.  La Conférence des parties a prévu de mener des études afin d’évaluer l’impact qu’ont les projets de développement en terres autochtones sur les cultures, l’environnement et la société.  Elle a demandé que le Groupe de travail en charge de la question des connaissances traditionnelles se penche sur des questions clefs comme la mise au point d’un système spécifique pour la protection des connaissances traditionnelles.  Il a été décidé de créer un fonds d’affectation spéciale pour financer la participation de représentants autochtones aux travaux de la Conférence des parties.  La Conférence a également chargé le Groupe de travail de lancer l’élaboration d’un code déontologique sur la bioprotection et bioprospection.  Le Groupe de travail est chargé de négocier un régime établissant les modes d’accès aux ressources génétiques.


M. TOM GOLDTOOTH, Conseil international du Traité indien, a déclaré que la destruction de l’environnement porte atteinte à la culture et à la santé des peuples autochtones.  L’Instance, a-t-il estimé, devrait recommander à la Conférence des parties à la Convention sur les changements climatiques d’assurer la participation des peuples autochtones.  Elle devrait aussi inciter le Haut Commissaire aux droits de l’homme à mener des consultations sur les conséquences des changements climatiques en y associant les peuples autochtones.


Mme ANN KERR, Division du développement durable au Département des affaires économiques et sociales, a évoqué la douzième session de la Commission du développement durable.  Pour la première fois, nous avons procédé à des discussions thématiques avec la participation d’experts.  L’absence de protection des autochtones, pour ce qui est de l’accès aux ressources naturelles, est revenue sur le devant de la scène.  La privatisation de l’eau se traduisant par exemple par de fortes inégalités, cette question a fait l’objet d’un vif débat. 


M. ALBERT DETERVILLE, Conclave des peuples autochtones des Caraïbes et des Antilles, a fait part de sa grave préoccupation quant à la mise en œuvre partielle des recommandations faites lors de la deuxième session de l’Instance. Les organes des Nations Unies devraient aider les États de la région à mettre en œuvre des politiques de protection de l’environnement.


La représentante du Guatemala a souligné que les femmes autochtones guatémaltèques considéraient la Terre comme la base de la vie.  Elle a recommandé à l’Instance permanente de demander aux organismes des Nations Unies et aux États Membres de veiller à la protection de l’environnement en empêchant que la terre soit pillée.


M. JORGE ILLUECCA, du Secrétariat du Forum des Nations Unies sur les forêts, a souligné qu’un lien existait entre les travaux effectués par l’Instance permanente et le Forum.  Le Forum constitue un processus non contraignant, a-t-il souligné, ajoutant que les négociations avaient pour but un accord sur l’élaboration d’une convention sur les forêts.  Il a précisé que le Forum continuerait de travailler en collaboration étroite avec l’organe de la Convention sur la biodiversité.


M. ARTHUR MANUEL, de l’Union de chefs indiens de la Colombie-Britannique, a affirmé que le savoir traditionnel des peuples autochtones, leurs valeurs, leurs activités constituaient les fondements mêmes de la protection de l’environnement.  Les droits des peuples autochtones, liés à la terre, doivent être reconnus par les gouvernements lorsqu’ils traitent de l’environnement, a-t-il observé.


Mme JANIE LASIMBANG, du Conclave Asie, a souhaité la mise en place d’une équipe spéciale sur l’environnement qui collaborerait avec les diverses agences des Nations Unies concernées, afin de formuler des recommandations.  Les autochtones, en particulier les femmes, sont les gardiens du savoir et de la sagesse en matière d’environnement et devraient assurer le contrôle des ressources, a-t-elle estimé.


M. LES MALEZER, de la Fondation pour la recherche et l’action autochtone et insulaire, a suggéré que l’Instance permanente prie l’ECOSOC de demander au Gouvernement australien de mettre un terme à la construction d’une usine de traitement de déchets nucléaires et qu’elle interdise à l’avenir toute construction de ce genre partout sur le territoire de l’Australie.


La représentante du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a déclaré que l’application du principe de consentement préalable aux populations autochtones se faisait de manière ad hoc et conformément aux principes généraux qui guident les travaux d’une institution donnée.  Les institutions des Nations Unies ont fait valoir qu’elles étaient de plus en plus sensibles, dans la mise au point de leurs programmes, aux besoins culturels des peuples autochtones, et qu’elles accordaient une grande importance à la question de leur représentation.


La représentante du Conclave international des femmes autochtones, a réaffirmé leur culture et perspective de la création et leur façon d’être qui est indispensable pour garantir la biodiversité.  Notre connaissance de la chasse et de la pêche est notre contribution au monde.  Notre réseau, créé en 1998, attire l’attention sur notre rôle dans la protection de la biodiversité et l’utilisation durable des ressources génétiques.


M. SARO PYAGBARA, Mouvement pour la survie du peuple Ogoni a regretté que les politiques néolibérales en cette ère de mondialisation contribuent à la détérioration de l’environnement.  Toutes les phases de la prospection pétrolière endommagent l’environnement.  Il faut déclarer un moratoire dans le développement de l’industrie pétrolière dans le delta du Niger. 


Le représentant de Land is Life a demandé aux organismes internationaux de respecter la vision du développement qu’ont les peuples autochtones et de  reconnaître l’environnement comme source de vie.  Un autre représentant a évoqué un groupe autochtone de la forêt amazonienne qui est encore complètement coupé du monde.  Nous devons respecter leur choix.  L’Instance doit mettre en place un programme de protection de ces derniers peuples coupés de la civilisation.


M. AQQALUK, Conseil sami et Conférence circumpolaire inuit, s’est réjoui de l’adoption récente de la Convention de Stockholm sur les toxines et rappelé que les peuples autochtones avaient été associés aux négociations ayant abouti à ce texte.  L’Instance devrait faire rapport régulièrement sur la mise en œuvre de la Convention.  L’épuisement des glaciers au pôle Nord mènera à l’extinction des espèces polaires dont nous dépendons pour notre survie.  La Convention sur les changements climatiques est également essentielle.


M. OLE SIMEI, Conseil de toutes les terres et Conseil international sur la biodiversité, a recommandé à l’Instance de participer activement à la mise au point d’un plan d’action de protection des connaissances traditionnelles. 


Mme TEODORA DE SOUZA, du Conclave des peuples autochtones du Brésil, a suggéré à l’Instance permanente de demander au Gouvernement brésilien de mettre davantage l’accent sur la lutte contre le déboisement dans les territoires autochtones, de renforcer les capacités des agriculteurs autochtones et de continuer à investir dans les projets de développement qui assurent aux peuples autochtones des moyens de développement tout en protégeant l’environnement.


Mme TARCILA RIVERA ZEA, d’Enlace Continental de Mujeres Indígenas, a recommandé à l’Organisation internationale du Travail (OIT) d’entreprendre des efforts pour que les peuples autochtones, en particulier les femmes, participent directement à ses réunions annuelles afin d’instaurer un dialogue direct et actif, sans l’intermédiaire, comme jusqu’à présent, des associations, des corporations ou des syndicats.


M. JEBRA RAM MUNCHAHARY, de la Confédération indienne des peuples autochtones et tribaux de la zone Nord-Est et du Conseil territorial du Bodo Land, a indiqué que le Gouvernement indien, qui, selon lui, prend une part active à la mondialisation, préparait le transfert de terres autochtones aux multinationales pour leur activité minière.  Les gouvernements d’Assam et de Kerala utilisent des buldozers et des éléphants pour démolir des établissements autochtones, a—t-il précisé.  Il a souhaité que soit reconnus les droits autochtones et tribaux des peuples de l’Inde, notamment celui de gérer leurs propres terres.


M. CARLOS MORALES, du Conclave de l’Amérique du Sud, a notamment proposé à l’Instance permanente, par le truchement de l’ECOSOC, de demander à la Banque mondiale d’adopter une politique transparente sur les peuples autochtones et l’environnement.  Il a en outre suggéré que l’Instance demande à l’ECOSOC à ce que les grandes multinationales prennent en considération les peuples autochtones quand leurs territoires sont pollués.


M. DOUGALS S. ANDERSON, de Haudenosaume Ska-Roh-Reh, a demandé à tous les États Membres des Nations Unies de contribuer à protéger les territoires autochtones.


M. ADRIEN SINAFASI, du Centre d’accompagnement des autochtones pygmées et minoritaires vulnérables (CAMV), a indiqué qu’un programme gouvernemental congolais visait à concéder à des entreprises d’exploitation des millions d’hectares de forêts.  Il a jugé inacceptable qu’un programme appuyé par une grande institution comme la Banque mondiale ne tienne pas compte des peuples autochtones et de leur culture.  Il a prié la Banque mondiale de revoir sa stratégie en République démocratique du Congo et l’Instance permanente d’entamer des démarches avec le Gouvernement congolais et la Banque mondiale sur cette question.


M. THENBA SMUTS, du Conclave des jeunes autochtones, a appelé les États Membres et les agences des Nations Unies à reconnaître les droits des peuples autochtones sur leurs ressources naturelles.  Il n’y a pas de santé et de développement durable sans un environnement sain.


Le représentant du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a convenu que pour atteindre les Objectifs de développement du Millénaire, il fallait associer les peuples autochtones aux actions prises à cet effet.  Nous jouons un rôle de coordination national pour ce qui est de promouvoir le dialogue avec les peuples autochtones.


La représentante du Centre de ressources de la région pacifique a dénoncé la surexploitation des ressources marines et estimé que le Département des affaires économiques et sociales doit jouer un rôle actif pour faire respecter le Traité de Rarotonga et la Convention de Tokyo.  Les institutions des Nations Unies doivent aider les peuples autochtones à renforcer leurs capacités de manière conforme à leur identité culturelle.  Aujourd’hui la désignation de sites comme patrimoine de l’humanité par l’UNESCO se fait sans consulter les peuples autochtones alors que ces sites sont souvent sur des terres autochtones.  Beaucoup de bureaux de pays du PNUD ne consultent pas les populations autochtones.


Mme PIILANI SMITH, Conclave d’organisations hawaïennes, qualifiant les activités menées sur Hawaï, a affirmé le droit de remettre en cause les traités qui régissent leurs terres et leurs sites sacrés.  La biodiversité détermine notre identité, a-t-elle dit.  La terre d’Hawaï n’est pas à vendre.


La représentante du Forum collectif des femmes autochtones a demandé la création d’un régime international pour protéger l’accès aux terres autochtones.  A son avis, la création d’une base de données sur les connaissances autochtones est une violation de leurs droits et du principe du consentement préalable donné en connaissance de cause.


M. GIAP TRAN, Fédération Khmers Kampuchea-Krom, a évoqué les conséquences négatives de l’industrialisation sur la santé des Khmers–Kroms.  Les rivières sont polluées par les engrais, déchets et pesticides.  Les Khmers-Kroms sont donc privés de leurs aliments de base.  Les arbres qui délimitent les sites des temples bouddhistes sont abattus, les rivières sont canalisées et les eaux détournées.


Mme OFELIA RIVAS, First Nation North and South, a expliqué que depuis 1977, une société pétrolière a obtenu l’autorisation d’exploiter des terres dans le Chiapas en violation du Pacte international sur les droits civils et politiques.  Des dommages graves ont été causés tandis que des manifestations pacifiques ont été dispersées par la violence.


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