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DH/371

L’ÉDUCATION, UNE PRIORITÉ POUR LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS DONT SONT VICTIMES LES FEMMES AUTOCHTONES

11/05/2004
Communiqué de presse
DH/371


Instance permanente

sur les questions autochtones

3ème & 4ème séances – matin & après-midi


L’ÉDUCATION, UNE PRIORITÉ POUR LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS DONT SONT VICTIMES LES FEMMES AUTOCHTONES


Les femmes autochtones, exclues parmi les exclues, ne sortiront de la misère, de la servitude et de l’oubli que grâce à l’éducation. C’est le message fort qu’ont unanimement lancé, aujourd’hui, les participants à la deuxième journée de travaux de l’Instance permanente sur les questions autochtones.


Experts, membres de l’Instance, représentants de groupes autochtones et d’agences des Nations Unies se sont notamment penchés sur les moyens de permettre aux femmes autochtones, lesquelles constituent le thème de la troisième session de l’Instance permanente, d’accéder plus largement à l’éducation, seule façon de lutter efficacement contre toutes les formes de discrimination dont elles sont victimes.


Les femmes autochtones occupent les échelons les plus bas dans leurs sociétés, ont rappelé les experts. Les chiffres fournis par Linda King, de l’UNESCO, montrent l’inégalité des femmes en général face à l’accès au savoir et ses conséquences sur le développement économique d’un pays ou d’une communauté. Une année d’étude supplémentaire améliorerait le revenu des femmes d’environ 10%, a-t-elle souligné. Aujourd’hui, 104 millions d’enfants dans le monde, dont 60 millions de filles, ne vont pas à l’école. De plus, 100 millions de filles abandonneront l’école avant le cycle primaire. L’éducation des filles est importante car elle améliore non seulement leur qualité de vie mais aussi celle de tous les autres membres de la société. Selon Mme Qin Xiaomei, Membre de l’Instance, l’éducation est ainsi un droit de l’homme fondamental qui doit être reconnu aux peuples autochtones. Elle permet non seulement la réalisation des droits individuels des peuples, mais elle constitue aussi un véritable stimulant pour leur développement économique.


Un enseignement bilingue est en outre un élément à prendre en compte. Selon Mme Tove Skutnabb-Kangas, chercheur au Département de langues et de la culture à l’Université Roskilde au Danemark et au Département de l’éducation à l’Université Vasa en Finlande, l’immersion dans une langue dominante au détriment de la langue maternelle comporte des risques d’atrophie du développement cognitif. Tant qu’on a une langue, on a une culture et tant que l’on dispose d’une culture, on est en mesure de protéger les terres ancestrales. Ainsi, le multilinguisme est la clef de la préservation de la biodiversité. La langue ne doit pas être un instrument de division mais de solidarité, a affirmé de son côté la représentante de l’UNICEF, institution qui appuie les programmes de renforcement des langues autochtones, ces dernières, à ses yeux, ne devant pas être présentées comme des langues étrangères.


Les groupes autochtones ont également mis l’accent sur les violences physiques infligées aux femmes autochtones à travers le monde. Les femmes et les enfants sont les premières victimes des conflits armés, ont rappelé bon nombre de représentants, qui ont en outre évoqué les viols, la stérilisation forcée, la prostitution et les trafics qui en découlent.


LES FEMMES AUTOCHTONES


Débat sur l’éducation


Mme OTILIA LUX GARCIA DE COTI (Guatemala), membre de l’Instance, a estimé que les femmes du monde entier commençaient à être les propres actrices de leur histoire. Les femmes luttent pour sortir de la pauvreté, de la servitude, de l’abandon et de l’oubli, a-t-elle souligné.  Les femmes autochtones occupent les échelons les plus bas dans leurs sociétés, a-t-elle poursuivi.  Ce sont les exclues parmi les exclues, les pauvres parmi les plus pauvres, a-t-elle dit, ajoutant : « J’admire les femmes qui, au milieu de la misère, élèvent leurs enfants et ont le courage d’aller de l’avant. L’avenir dépend des femmes. Les femmes luttent pour la paix, meurent et ne mourront que pour la vie. Elles s’efforcent de bâtir un monde nouveau. »


Selon elle, il conviendrait de demander notamment aux Etats de ratifier la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, ainsi que plusieurs autres conventions qui protègent les femmes et les enfants.


M. MARCOS MATIA ALONSO (Mexique), membre de l’Instance, a constaté une absence de politique publique pour renforcer, sous l’angle des femmes autochtones, les processus de développement. Le débat sur la question des femmes autochtones devrait accorder la priorité au développement économique, a-t-il estimé. M. Alonso a également évoqué le rôle central des femmes dans les mouvements autochtones en Amérique latine. Selon lui, les recommandations qui sont formulées lors de cette réunion de l’Instance permanente doivent permettre d’aboutir à une coopération tripartite entre les institutions de l’ONU, les gouvernements et les peuples autochtones eux-mêmes. L’Instance a les capacités pour produire plus d’une centaine de recommandations constructives, a-t-il affirmé. Faut-il continuer avec la même dynamique ou réorienter notre stratégie, en dressant, par exemple, un bilan des mesures appliquées? s’est-il interrogé. Selon lui, il serait nécessaire d’établir des priorités avec la participation des organes de l’ONU.


M. ANTONIO JACANAMIJPY (Colombie), membre de l’Instance, a souhaité que la question des femmes autochtones soit insérée dans tous les programmes des organes et des institutions des Nations Unies, ceci, dès la phase de l’élaboration des politiques.


Mme IDA NICOLAISEN (Danemark), membre de l’Instance, a regretté le fait que les besoins et préoccupations des femmes, qui constituent la moitié de la population mondiale, ne soient pas pris en considération dans l’élaboration des programmes et stratégies.  Nous devons dans un premier temps fournir un effort de collecte de données sur les femmes autochtones et identifier les facteurs culturels spécifiques à prendre en compte dans les politiques, mettre en place un cadre participatif pour les femmes autochtones et intégrer les questions autochtones dans toutes les activités du système des Nations Unies, promouvoir la place des femmes dans les processus de prise de décisions au plan national.  Il nous faut aussi recueillir des données et élaborer des programmes pour les femmes autochtones migrantes.


Un autre membre de l’Instance, M. PARSHURAM TAMANG (Népal), a souligné que les Etats sont le rouage clef pour la mise en oeuvre des politiques en faveur des peuples autochtones.  Il a également souhaité savoir ce que faisaient les organisations autochtones en faveur des femmes.


Mme NJUMA EKUNDANAYO (République démocratique du Congo), membre de l’Instance, a attiré l’attention sur la marginalisation des femmes autochtones dans le monde.  Elle a regretté le manque de statistiques et de connaissances sur ces peuples en précisant que certaines pratiques se perpétuent en raison de la discrimination dont elles sont victimes.  Ainsi, les mariages précoces existent parce que les petites filles autochtones ne vont pas à l’école.  Elle a plaidé en faveur de l’autodétermination des femmes autochtones sans pour autant les dépouiller de leurs cultures et traditions.  Elle a regretté que les questions relatives aux femmes autochtones soient gérées par des systèmes qui leur sont étrangers


Table ronde d’experts sur l’éducation


Mme QIN XIAOMEI (Chine), membre de l’Instance, a estimé que les valeurs traditionnelles et culturelles qui sont uniques ainsi que les langues des peuples autochtones étaient en train de disparaître. L’éducation est le moyen le plus efficace de protéger la culture et les traditions des peuples autochtones, a-t-elle affirmé. L’éducation est un droit de l’homme fondamental qui doit être reconnu aux peuples autochtones, a-t-elle répondu.  Sans éducation, a-t-elle dit, il est  impossible de jouir de ses droits politiques, économiques et sociaux. Par l’éducation, ceux qui sont marginalisés peuvent sortir de la pauvreté, participer à la vie sociale, accéder à la liberté et à une  vie de meilleure qualité. Non seulement l’éducation permet la réalisation des droits individuels des peuples, mais elle constitue en outre un véritable stimulant pour le développement économique de ces peuples.


Mme Xiaomei a également souligné la nécessité d’oeuvrer en faveur de la non-discrimination à l’égard des étudiants autochtones, lesquels ne devraient plus voir leurs droits niés. Les écoles doivent se trouver dans un lieu pratique et accessible, a-t-elle précisé. Il faut, a-t-elle ajouté, que le contenu des programmes soit acceptable pour les autochtones et que le choix des écoles, en fonction des cultures et des sensibilités, soit possible.  Selon elle, grâce aux échanges mutuels, la culture autochtone pourrait se défendre contre les impacts négatifs de la mondialisation. Les gouvernements et les peuples autochtones devraient communiquer sur la base de la confiance pour assurer l’égalité de tous devant l’éducation, rappelant ainsi l’objectif de l’UNESCO qu’il convient de réaliser : éducation pour tous avec le même traitement. Mme Xiaomei a par ailleurs souhaité que l’éducation soit incluse comme priorité dans les différents programmes des agences de l’ONU. Elle s’est également penchée sur la situation des femmes autochtones face à l’éducation. Selon elle, les femmes autochtones souffrent en effet de discrimination dans ce domaine également. D’une part, les taux d’alphabétisation des femmes autochtones demeurent faibles, les filles quittent souvent très tôt l’école. Il est urgent d’éliminer tous les stéréotypes dans l’éducation, a-t-elle insisté. Il faut assurer le droit à l’éducation des femmes afin de permettre le développement des communautés autochtones.


Mme TOVE SKUTNABB-KANGAS, chercheur au Département de langues et de la culture à l’Université Roskilde au Danemark et au Département de l’éducation à l’Université Vasa en Finlande, a insisté sur l’importance de dispenser un enseignement bilingue aux enfants autochtones et de disposer pour cela d’enseignants bilingues.  Une étude sur les minorités migrantes en provenance du Mexique a été réalisée.  Le bon sens voudrait que les enfants ayant été exposés exclusivement à la langue anglaise obtiennent de meilleurs résultats non seulement en anglais mais dans d’autres matières.  En fait, les résultats ont montré le contraire de ce qui avait été prévu car l’acquisition de la langue maternelle détermine le niveau de réussite scolaire, bien plus que ne le fait d’autres facteurs comme le statut économique.  L’immersion dans une langue dominante au détriment de la langue maternelle comporte des risques d’atrophie du développement cognitif. 


L’approche, qui repose sur le principe de l’assimilation, constitue un génocide linguistique.  En Papouasie-Nouvelle-Guinée où vivent 7 millions d’habitants et où plus de 400 langues sont parlées, le droit à être éduqué dans sa langue maternelle est appliqué.  L’uniformité est un handicap dans nos sociétés.  Il est prouvé que le multilinguisme produit de meilleurs résultats que le monolinguisme en terme d’apprentissage et de créativité.  Tant qu’on a une langue, on a une culture et tant que l’on dispose d’une culture, on est en mesure de protéger les terres ancestrales.  Ainsi, le multilinguisme est la clef de la préservation de la biodiversité.


La représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO)et ancienne directrice adjointe de l’Institut pour l’éducation, un centre de recherche de l’UNESCO, a rappelé que l’éducation des filles est importante car elle améliore non seulement la vie des filles mais aussi celle de tous les autres membres de la société. Diverses enquêtes réalisées dans le monde montrent qu’une année supplémentaire d’études améliore le revenu des femmes d’environ 10%. L’éducation permet de réduire la mortalité des filles, a-t-elle ajouté. S’appuyant sur les statistiques, elle a souligné qu’à mesure qu’augmentait le nombre des filles à l’école, le produit intérieur brut augmentait lui aussi. Outre les bénéfices économiques, l’impact de l’éducation sur la santé est largement positif. Les enfants qui vont à l’école apprennent à se protéger contre les maladies, en particulier contre le VIH.


La représentante a prôné l’adoption d’une approche fondée sur les droits qui assure un accès à l’éducation égal aux hommes et aux femmes. Elle a affirmé que 104 millions d’enfants dans le monde n’allaient pas à l’école, dont 60 millions de filles. Elle a ajouté que 100 millions de filles abandonneront l’école avant le cycle primaire. Elle a également insisté, plus encore que sur la quantité, sur la qualité de l’enseignement dispensé. Il faut intégrer la totalité des droits des peuples autochtones dans les processus d’enseignement, a-t-elle souligné, rappelant que l’UNESCO travaillait en permanence en faveur des droits de l’homme des peuples autochtones.


La représentante du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a précisé que l’enseignement dans la langue maternelle est un droit pour les enfants autochtones tel que reconnu par les articles 29 et 30 de la Convention de l’UNESCO.  Il est important de renforcer les langues autochtones qui ont été reléguées aux foyers.  Nous appuyons les programmes de renforcement des langues autochtones qui ne doivent pas être présentées comme des langues étrangères.  La langue ne doit pas être un instrument de division mais de solidarité. 


La représentante de la Commission économique pour l’Afrique a estimé que le concept évoqué par l’UNICEF est occidental et ne fait pas référence aux moyens d’acquisition du savoir autochtone qui ne passe pas forcement par la lecture et l’écriture.


Mme ERICA-IRENE DAES, Rapporteur spécial de la Sous-Commission des droits de l’homme, a rappelé que l’UNESCO dispose d’un programme sur six mois pour l’enseignement autochtone.


M. WILLIE LITTLECHILD (Canada), Rapporteur de l’Instance, a évoqué le génocide linguistique en cours qui a des implications vastes, notamment sur les modes de prières autochtones.


La représentante de l’UNESCO est revenue sur la nécessité de dispenser une éducation de qualité. Elle a également souligné que l’UNESCO avait mis en oeuvre des projets concrets en matière d’éducation autochtone, en Amérique latine ou en Asie, projets exécutés sur le terrain avec les organisations non gouvernementales et les peuples autochtones.


Suite du débat de haut niveau sur les femmes autochtones


Mme PELPINA SAHREKA, Caucus du Pacifique, a attiré l’attention sur la situation dans les Moluques, où, selon elle, depuis 1999, l’armée indonésienne et les forces indonésienne du Djihad se livrent à des atrocités, notamment contre les femmes et les enfants, les plus vulnérables. La situation équivaut à un génocide du peuple des Moluques, a-t-elle affirmé. Le but, en assassinant des femmes enceintes et des enfants, est clairement d’éliminer le peuple des Moluques, a-t-elle ajouté. Elle a prié l’Instance permanente sur les questions autochtones de demander immédiatement au Conseil de sécurité qu’il déploie une force de maintien de la paix aux Moluques et qu’il exige un retrait total et immédiat de toutes les troupes indonésiennes, de la milice, des forces du Djihad; de saisir la Commission des droits de l’homme pour qu’elle envoie sur place une équipe chargée d’enquêter sur ces crimes, d’inculper et d’appréhender les auteurs; et d’exiger que les Etats Membres observateurs, comme l’Australie et les Etats-Unis, exercent leur influence sur le gouvernement indonésien.


La représentante de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture a dit reconnaître le rôle fondamental des femmes autochtones dans la préservation de l’agriculture et la durabilité des ressources.  Elle a décrit les programmes mis en place par la FAO qui associent les peuples autochtones et qui tiennent compte du partage des rôles entre les hommes et les femmes autochtones tout en insistant sur la nécessité de promouvoir l’accès des femmes à la propriété foncière.


M. REHREN (Chili) a regretté la rigidité des politiques internationales et s’est demandé comment mettre au point des mécanismes de résistance face à la suprématie de l’homme dans les sociétés autochtones.  Il faut garantir la protection des peuples autochtones et des femmes qui doivent garder le contrôle sur les ressources.


M. GOMEZ-ROBLEDO (Mexique) a expliqué que la Commission nationale des peuples autochtones a été créée en 2003 pour évaluer les actions publiques pour le développement des communautés autochtones du Mexique.  Des mesures particulières ont été prises en faveur des femmes autochtones dans divers domaines comme l’accès aux soins de santé et à l’éducation. 


Mme TERRY BROWN, Présidente de l’Association des femmes autochtones du Canada, a souligné que les femmes autochtones au Canada souffraient de très nombreux maux culturels, sociaux et politiques qui donnaient naissance à toutes formes d’inégalités et de racisme. Le racisme est une des causes premières de la violence, a-t-elle précisé. Selon elle, environ 500 femmes aborigènes ont été victimes de violences extrêmement sérieuses au cours des 30 dernières années. Des dizaines de jeunes femmes autochtones, tombées dans le cycle de la prostitution, disparaissent, a-t-elle ajouté. Elle a indiqué que son association avait demandé au Gouvernement canadien de lancer un programme de 10 millions de dollars destiné à combattre la violence dont sont victimes  les femmes autochtones. Mme Brown a demandé à l’Instance permanente d’user de son influence sur les Etats membres pour faire appliquer les droits des femmes autochtones.


La représentante du Danemark a souligné qu’en 2003, le Gouvernement du Greenland avait adopté une loi sur l’égalité entre les sexes afin de renforcer les droits des femmes. Elle a rappelé la nécessité d’une coopération étroite entre les Etats et les peuples autochtones et celle d’assurer la participation des femmes.


Mme TARCILA RIVEIRA, d’Enlace Continental de Mujeres Indigenas, a affirmé que la défense de la terre, du territoire était la première recommandation à faire au niveau international. Elle a également estimé nécessaire de renforcer le droit des femmes autochtones à l’éducation. L’éducation doit être de qualité, a-t-elle précisé. Elle a enfin plaidé pour une participation active des hommes dans les efforts pour parvenir à un monde plus juste et équitable.


M. KOMAR (Indonésie) a fait part de ses objections au sujet de la déclaration faite par l’ONG du Forum du Pacifique dans la mesure où cette Instance devrait suivre son mandat qui est de se pencher sur le domaine socioéconomique et de créer des partenariats.  Il ne s’agit pas de faire des déclarations politiques qui ne feraient que saper la crédibilité de l’Instance.  Nous vous demandons donc de prendre les mesures nécessaires pour que cela ne se reproduise pas à l’avenir.


La représentante du Forum des peuples autochtones du Bangladesh a attiré l’attention sur la situation grave que connaissent ces derniers.  Elle a demandé qu’une étude spéciale soit menée sur les pratiques génocidaires et a souhaité qu’une recommandation générale sur les femmes soit élaborée.  Ces dernières sont en effet discriminées au sein de leur propre communauté où leur sphère d’influence est limitée à la famille.  En août 2003, a-t-elle-expliqué, les militaires ont pris contrôle des villages autochtones qu’ils ont détruits.  Ils ont violé les femmes et semé la terreur.


La représentante du Réseau des femmes autochtones d’Asie a évoqué les opérations militaires importantes menées en Asie en réponse au terrorisme ainsi que la traite des êtres humains dont un grand nombre de femmes autochtones sont victimes. Elle a demandé à l’Instance de contribuer aux efforts tendant à ce que les individus et les Etats qui commettent des exactions envers les femmes soient poursuivis en justice. Nous demandons qu’un Rapporteur spécial soit nommé pour enquêter sur les cas de trafic de femmes autochtones.  Elle a également dénoncé la violence domestique qui s’exerce à l’encontre de la femme autochtone.  La représentante a également plaidé en faveur du consentement préalable et bien informé des communautés autochtones pour les projets les concernant.


Mme MARILYN BUFFALO, du Caucus international des femmes autochtones, a demandé à ce que l’Instance permanente prête une attention particulière aux discriminations dont sont victimes les femmes autochtones. Elle a recommandé l’organisation d’une conférence générale sur les femmes autochtones afin que puisse être développé un programme mondial sur cette question. Il convient également de soutenir le recrutement de femmes autochtones à des postes clés des institutions de l’ONU afin qu’elles participent comme décideuses. Elle a souhaité enfin que le rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme examine les conséquences des conflits armés sur les femmes autochtones.


Mme WHITE FACE, de Tetuwan Oyate, a insisté sur les conséquences négatives de la destruction de l’environnement sur les peuples autochtones. La pollution ne connaît pas la couleur de la peau, a-t-elle affirmé.


Mme MARGARET KOILEKEN, des Femmes Massai pour l’éducation et le développement économique, a affirmé qu’au Kenya les femmes autochtones avaient été privées de toute possibilité d’émancipation en tant que citoyennes productives car le gouvernement n’avait pas reconnu leurs droits en matière économique et politique. Tous les organes et agences des Nations Unies devraient disposer de bases de données concernant les femmes autochtones, a-t-elle estimé, ajoutant que l’Instance permanente devait faire pression sur les Etats nations pour qu’ils évitent toute violence à l’égard des femmes autochtones.


Mme MARY SIMAT, Comité de coordination pour l’Afrique, a déclaré que les femmes africaines autochtones ne jouissent pas de leurs droits.  Elles sont victimes d’une double discrimination tout simplement parce qu’elles sont des femmes.  Cette Instance permanente, en choisissant les femmes comme thème de cette session, est sur la bonne voie.  Dans les communautés autochtones, les femmes transmettent les connaissances d’où l’importance de les habiliter sur le plan politique.  Elles doivent participer à la planification et à la mise en œuvre de projets liés aux terres ou ayant des conséquences sur leurs moyens de subsistance.  Il faut également que ces femmes aient accès sur un pied d’égalité à l’éducation.  L’Instance doit faire en sorte que les droits des femmes autochtones soient défendus au plan international mais également au sein de leurs propres communautés.  La représentante a également expliqué que certaines communautés autochtones sont ravagées par le VIH/sida. Elle a demandé à l’OMS et l’UNESCO de prendre en compte la situation de ces femmes dans leurs programmes de lutte contre la pandémie.


Mme ELSA ENRIQUEZ, Organisation de la femme autochtone du Pérou, a expliqué que les femmes péruviennes autochtones sont déterminées à participer au développement socioéconomique de leur pays.  Nous proposons la consolidation de nos idées dans un document final qui devrait servir de fil directeur aux Etats.


Mme JACQUELINE JUBITANA, Association des dirigeants autochtones de villages du Suriname, a rappelé que le Suriname est le seul pays à n’avoir pas reconnu légalement les droits des peuples autochtones, notamment le droit à l’accès à la terre et aux ressources.  En mai 2004, le Comité des droits de l’homme des Nations Unies a conclu que de tels droits n’étaient pas reconnus et étaient constamment violés.  Le Rapport sur les droits des personnes autochtones est arrivé à la même conclusion.  Malheureusement, le gouvernement fait la sourde oreille. Nous demandons à l’Instance de recommander que le Comité contre la discrimination raciale utilise son mécanisme de suivi afin d’intensifier son dialogue avec le Suriname.  Nous demandons que le Bureau du Haut Commissaire aux droits de l’homme fournisse une aide au Suriname dans l´élaboration d’une loi cadre sur les droits des populations autochtones. 


Mme SAPHA SON, de la Fédération Khmer Krom, qui représente un peuple autochtone du delta du Mékong, dans la partie sud du Vietnam, a souhaité que l’Instance permanente demande à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qu’elle effectue une étude sur la santé des Khmer Krom et que les questions telles que celles relatives aux trafics des femmes et à la stérilisation forcée fassent l’objet d’enquêtes. Plus de 75% des femmes khmer krom ne sont pas allées à l’école, a-t-elle ajouté, précisant qu’elles étaient considérées comme des femmes de second rang Leur accès aux soins prénatals n’existe pas, a-t-elle notamment indiqué.


La représentante du Conseil national des femmes autochtones du Brésil a souhaité une participation plus importante des femmes au sein de l’instance. Il faudrait que l’on entende beaucoup plus de femmes autochtones, a-t-elle affirmé. Elle a également souligné la nécessité pour les Etats de tenir compte des valeurs autochtones dans leurs plans d’éducation.


Le représentant du Réseau des peuples autochtones et tribaux d’Asie a souligné que les femmes autochtones étaient les victimes principales des conflits. Selon lui, la majorité des victimes des trafics de femmes, dont les droits sont violés, sont des jeunes filles autochtones. L’Instance permanente pourrait faire des recommandations aux agences spécialisées des Nations Unies pour qu’elles se concentrent sur les femmes autochtones, a-t-il observé.


La représentante de l’Union des femmes Zeliangrong a rappelé que les femmes ont toujours été des citoyennes de deuxième classe.  La violation de leurs droits fondamentaux est monnaie courante dans  le monde quel que soit leur niveau d’avancement économique.  Les femmes autochtones ne font pas exception.  Elles souffrent de discrimination au sein de leur famille et de leurs communautés dont le fonctionnement repose sur des lois coutumières discriminatoires.  Elles n’ont pas le droit de prendre la parole en leur propre nom, d’être représentées au sein de l’administration villageoise et n’ont pas celui d’hériter de la propriété de leurs parents.   L’Etat considère également les femmes comme des citoyennes inférieures même si la Constitution indienne consacre l’égalité entre les sexes.  Dans les faits, aucune sanction n’est imposée en cas de discrimination.  Nous demandons à l’Instance de faire pression auprès du Gouvernement indien pour qu’il modifie toute loi discriminatoire, protège les droits de ces femmes, développe les possibilités de formation et encourage la création d’institutions de femmes autochtones.


M. RAMZI ILYASOV, Peuple tatar de Crimée, a évoqué la lutte des peuples tatars pour la reconnaissance de leurs traditions et du rôle particulier joué par les femmes tatares.  Nous sommes confrontés à d’importants problèmes économiques, 60% des femmes tatares étant au chômage, et à des problèmes socioculturels dans la mesure où nos jeunes ont été élevés dans le système soviétique.  Les Tatars de Crimée connaissent également des problèmes de santé car leur faible pouvoir économique ne leur permet pas d’avoir accès aux soins de santé.


M. HASSAN ID BALKASSM, au nom de l’IPAAC, groupe d’organisations autochtones en Afrique, a insisté sur la nécessité de reconnaître les langues autochtones.  L’Afrique est malade de sa marginalisation en général et de la marginalisation des femmes autochtones.  Cependant, au cours des deux dernières années, un arrêt royal a reconnu la langue Amaric.  Mais malgré cela, une politique d’assimilation se poursuit.


Mme AKUTHI OKOTH, de l’Anywaa Survival Organization, a dénoncé le génocide commis selon elle depuis décembre 2003 par les forces éthiopiennes contre son peuple, coincé entre l’Ethiopie et le Soudan. Les viols et les assassinats se poursuivent aujourd’hui, a-t-elle ajouté. Les femmes et les enfants sont traumatisés par les violences et vivent dans la crainte des tortures et des massacres. Beaucoup de femmes et d’hommes sont emprisonnés sans faire l’objet d’accusations, a-t-elle affirmé, précisant que le Gouvernement éthiopien ne saurait continuer en toute impunité ces violences. Elle a notamment réclamé la constitution d’une commission d’enquête indépendante.


Mme NELLYS PALOMO SANCHEZ, du Groupe international de travail pour les affaires autochtones, a souhaité l’organisation par l’OMS, appuyée par d’autres institutions pertinentes, d’une conférence sur la mortalité des femmes dans les communautés autochtones, en prêtant une attention particulière aux connaissances traditionnelles des autochtones.


Mme TERESA ZAPATA, du Bureau de défense des femmes autochtones du Guatemala, a souhaité que l’Instance permanente exige de chaque Etat Membre son engagement à investir un pourcentage substantiel de son budget national pour le développement des femmes autochtones. Elle a en outre plaidé pour la participation de ces dernières dans les instances internationales et l’organisation immédiate de sommets régionaux sur la question.


Mme ANG DAWA SHERPAL, de l’Association Sherpa du Népal, a affirmé que le Népal était aujourd’hui un des pays les plus violents au monde. Les femmes et les enfants sont particulièrement affectés et souffrent beaucoup plus que d’autres, a-t-elle déclaré. Les enfants sont enlevés ou tués ou utilisés pour porter des armes et des bombes au lieu de crayons et de livres, a-t-elle ajouté.


M. NICOLAS CHANGO, Bureau de défense des peuples autochtones de l’Equateur, a dénoncé la corruption de son gouvernement et de ses institutions.  Il a également dénoncé les discriminations dont sont victimes les femmes immigrantes autochtones, notamment celles qui arrivent aux Etats-Unis, et dont on ne permet pas aux enfants d’accéder à l’université.  Le représentant a demandé que des programmes scolaires soient adaptés aux immigrants ayant une culture autochtone.


Mme ROSE SADDLEBACK, Samson Cree Nation, a déclaré que les femmes et enfants autochtones ont des droits en vertu des traités et a demandé aux Etats d’honorer l’esprit de ces traités.  Les femmes Cree en sont les gardiennes et nous sommes donc conscientes des violations de nos droits.


M. PRAJNALANKAR BHIKKHU, Groupe de campagne pour la paix, a expliqué que dans son pays, le gouvernement ne reconnaît même pas l’existence de peuples autochtones sur son territoire, alors que 45 peuples distincts cohabitent.  La politique d’islamisation encourage les transferts de populations, la confiscation des terres.  Le Bangladesh signe les traités internationaux, mais les peuples autochtones n’en voient jamais la couleur.


Mme PEGGY BIRD, Clan Star, a expliqué que cette organisation travaille avec les femmes autochtones de plus de 300 nations indiennes des Etats Unis.  Elle a demandé à l’Instance de recommander au Comité contre toute forme de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) de créer un Groupe de travail sur les femmes autochtones. Le Rapporteur spécial sur la violence à l’égard des femmes devrait publier un rapport le plus tôt possible sur cette question.  Elle a regretté que l’UNIFEM n’ait pas été sensible aux préoccupations des femmes autochtones alors que cette institution des Nations Unies est censée travailler en faveur de toutes les femmes.


M. WILLIAM REDEL, Institut pour les peuples autochtones, a expliqué qu’un cursus sur quatre ans permet aux représentants de peuples autochtones de trouver un emploi.  La grande question qui se pose est comment élaborer un instrument normatif international pour la défense des droits des peuples autochtones.  L’esclavage des peuples autochtones se poursuit et quand ils décident de prendre la route de l’immigration, c’est souvent pour le pire.  Un membre de l’organisation, JAMES NAKADA, a évoqué la politique d’assimilation pratiquée sur l’île d’Okinawa par le Japon.  Les habitants d’Okinawa ne sont d’ailleurs pas considérés comme des citoyens japonais par le Japon et ne leur octroie aucun droit.


La représentante du Conseil du Fonds volontaire des Nations Unies pour les peuples autochtones a indiqué que le Conseil avait recommandé au Secrétaire général des Nations Unies d’approuver l’allocation de nombreuses bourses à l’Instance permanente sur les questions autochtones. Lançant un appel aux donateurs pour qu’ils contribuent  généreusement au Fonds, elle a souligné que celui-ci, au cours des dix dernières années, avait pu aider plus de 870 représentants de peuples autochtones. Le Fonds est devenu un modèle de bonne pratique et de bonne gestion, utilisé par d’autres instances intergouvernementales qui souhaitent créer leurs propres fonds, s’est-elle félicitée. Le Fonds a permis la réalisation de certains objectifs dans le cadre de la première Décennie internationale sur les populations autochtones, a-t-elle également assuré.


La représentante du Conclave des femmes autochtones a demandé l’adoption du projet de déclaration sur les droits des peuples autochtones qui languit depuis dix ans.  Les femmes souffrent de la pauvreté la plus abjecte en raison d’un manque d’accès à l’éducation.  Nous demandons aux Nations Unies de proroger de dix ans la Décennie sur les peuples autochtones.  Elle a demandé à l’Instance d’œuvrer en faveur d’un accès gratuit à l’éducation pour les femmes autochtones, la promotion des langues autochtones et un soutien financier pour les femmes autochtones.


M. GALLEGOS-CHIRIBOGA (Equateur) a déclaré que les peuples autochtones en particulier les femmes, se heurtent à d’importants obstacles.  Mais aujourd’hui, les femmes gagnent du terrain dans la mesure où elles ont davantage accès à l’éducation formelle.  Elles ont également renforcé leur pouvoir de négociations au sein non seulement de la famille mais auprès des législateurs.  En 1998, nous avons créé le Conseil national pour les peuples autochtones et les peuples noirs en Equateur.  Nous considérons que l’éducation est un facteur fondamental de démarginalisation.


Mme PELPINA SAHREKA, Caucus du Pacifique, a formulé une série de recommandations, notamment que l’UNESCO finance un forum sur les populations autochtones et les pratiques pédagogiques.  L’Instance devrait demander l’adoption immédiate du projet de déclaration sur les droits des peuples autochtones.  L’éducation formelle ne répond pas aux attentes et besoins de la population autochtone mais s’adresse à une minorité infime. 


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