DH/370

LES FEMMES AUTOCHTONES FONT ENTENDRE LEUR VOIX

10/05/2004
Communiqué de presse
DH/370


Instance permanente

sur les questions autochtones

1ère & 2ème séances – matin & après-midi


LES FEMMES AUTOCHTONES FONT ENTENDRE LEUR VOIX


L’Instance permanente sur les questions autochtones ouvre ses travaux


L’Instance permanente sur les questions autochtones a ouvert ce matin ses travaux qui seront placés jusqu’au 21 mai sous le thème des « femmes autochtones », dont le savoir ancestral dicte dans une large mesure la survie de plus de 500 groupes autochtones dans le monde. Pris au piège des conflits, enrôlés dans les forces armées, exposés aux exécutions sommaires et réinstallés hors de leurs terres, les peuples autochtones connaissent la misère, la maladie, la destruction de leur environnement et parfois le déplacement permanent, a déclaré le Secrétaire général, Kofi Annan, à l’ouverture de cette session. Il a demandé à la communauté internationale de réagir immédiatement face aux menaces que connaissent ces peuples qui figurent parmi les plus pauvres et les plus marginalisés au monde.  Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, Jose Antonio Ocampo, et la Présidente du Conseil économique et social, Marjatta Rasi (Finlande), ont vu dans la tenue de la troisième session de l’Instance un exemple de partenariat réussi entre les Nations Unies, ses institutions et la société civile qui devrait contribuer à un développement durable à visage humain.


Pour rendre hommage à celles qui détiennent le savoir ancestral et connaissent le pouvoir des plantes médicinales, les nations indiennes Washoe et Painte du Nevada et Anagonda du Canada ont tour à tour entamé des chants traditionnels.  Organisée dans l’après-midi, une table ronde d’experts a permis de dresser les grandes lignes de l’action nécessaire en faveur des femmes autochtones.  La lutte contre la violence domestique, l’accès aux soins de santé mais également aux ressources économiques et à la prise de décisions ont été jugés indispensables par le Président de l’Instance, Ole Henrik Magga (Norvège), pour que les femmes jouissent de tous leurs droits.  Celui-ci a été élu par acclamation pour la troisième année consécutive à la présidence de l’Instance.


Principale protectrice des langues et des cultures, la femme autochtone est cependant absente des processus décisionnels.  « Nous ne devons pas continuer à être les victimes des mauvaises décisions, a insisté Stella Tamang, Présidente du Forum des femmes autochtones de l’Asie du Sud.  La privatisation des ressources en eau et des forêts, le manque d’accès aux services de santé et à l’éducation nous rendent la vie très difficile, a-t-elle expliqué.  « Pour que les femmes soient entendues par les groupes


dominants, elles doivent être intégrées à tous les niveaux des processus de prise de décisions », a dit à son tour Mme Njuma Ekundanayo, Vice Présidente de l’Instance qui a aussi mis en garde contre une image trop simpliste et parfois romancée des peuples autochtones.  Elle a rendu hommage à toutes ses sœurs qui soutiennent leur famille malgré les obstacle liés à leur statut de femmes.


L’Instance a, le matin, adopté son ordre du jour*.  Elle a également élu par acclamation Milinani Trask (Etats Unis), Njuma Ekundanayo (République démocratique du Congo), Antonio Segundo Jacanamijoy (Colombie), Parshuran Tamang (Népal) comme vice-présidents.  Willie Littlechild remplira les fonctions de Rapporteur.


La prochaine réunion de l’Instance aura lieu mardi 12 mai à partir de 10 heures.


*le projet d’organisation des travaux est paru sous la côte E/C.19/2004/L.1



LES FEMMES AUTOCHTONES


Déclarations


Le Secrétaire général des Nations Unies, M. KOFI ANNAN, a déclaré que les espoirs et les aspirations des peuples autochtones avaient été trop longtemps ignorés, leurs terres prises, leurs cultures déconsidérées ou directement attaquées, leurs langues et leurs coutumes interdites, leur sagesse et leurs savoirs traditionnels dédaignés et leurs méthodes d’exploitation viable des ressources naturelles rejetées. Certains de ces peuples ont été menacés de disparition, a-t-il ajouté. Il a néanmoins observé un changement radical des attitudes au cours des trois décennies, la dernière, la Décennie internationale des populations autochtones, ayant été marquée à l’ONU par des succès remarquables , dont la création de la présente Instance. Selon lui, il faut que les droits d’un des groupes les plus marginalisés soient non seulement reconnus, mais soient aussi protégés et défendus.


En dépit de ces progrès, les préjudices et la malveillance persistent à l’égard des autochtones, bien souvent pris au piège des conflits, enrôlés dans les forces armées, exposés aux exécutions sommaires et réinstallés hors de leurs terres, connaissant la misère, la maladie, la destruction de l’environnement et parfois le déplacement permanent, a poursuivi M. Annan. La réponse à ces menaces exige une action immédiate. Si nous voulons que le XXIe siècle soit “l’ère de la prévention”, le reste de l’humanité doit engager un dialogue plus large et plus constructif avec les peuples autochtones. Plaidant ainsi en faveur de partenariats entre l’ONU, les gouvernements, les organisations internationales, la société civile, les entreprises privées et, surtout, les peuples autochtones eux-mêmes, il a approuvé l’inclusion des questions autochtones parmi les priorités du Groupe des Nations Unies pour le développement pour 2004. Il a indiqué que l’ONU aiderait les Etats Membres à faire que les objectifs du Millénaire pour le développement deviennent une réalité pour les autochtones.


M. Annan a enfin souhaité que tout soit fait pour que les femmes, thème de cette Instance, soient entendues, et pour que nos instruments internationaux, des mécanismes de défense des droits de l’homme aux accords de développement, promeuvent les droits des femmes autochtones et favorisent la participation accrue de celles-ci à la prise de décisions.  (Pour le texte intégral, voir notre communiqué SG/SM/9299)


La Présidente du Conseil économique et social, Mme MARJATTA RASI (Finlande), a estimé que l’Instance permanente sur les questions autochtones, créée par l’ECOSOC il y a seulement quatre ans, est devenue rapidement un élément indispensable du système des Nations Unies, un point central pour les questions autochtones ainsi qu’un lieu de rencontres pour les peuples autochtones, les Etats Membres et les autres parties prenantes du monde entier. Au cours de ses deux premières années, l’Instance a déjà permis de réaliser des progrès notables en sensibilisant à ces questions l’ensemble du système des Nations Unies et agissant comme un catalyseur pour les différentes institutions.


Selon Mme Rasi, le rôle interactif que joue l’Instance en rassemblant les vues de différentes parties est unique. La coopération manifestée ici entre les membres de l’Instance et les représentants des organisations non gouvernementales et des Etats Membres constitue l’exemple type de « partenariat en action » qui est la devise de la Décennie internationale des populations autochtones. La Présidente de l’ECOSOC a jugé encourageant de

voir également le haut degré d’intérêt montré par les institutions spécialisées, les fonds et les programmes des Nations Unies, ainsi que par la Banque mondiale pour les travaux de l’Instance. Cet intérêt, a-t-elle ajouté, est la preuve du succès du format adopté par l’Instance il y a quatre ans.


M. JOSE ANTONIO OCAMPO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a déclaré que l’Instance permanente constituait un organisme unique au sein des Nations Unies qui témoigne du partenariat extraordinaire qui s’est mis en place au niveau international.  Un partenariat que nous aimerions voir aux niveaux local, national et régional.  Cette année, nous assistons à un engagement renforcé de la part du système des Nations Unies.  Quarante-deux documents présession ont été soumis, dont 25 émanaient du système des Nations Unies.  La documentation reçue est également plus concrète que par le passé ce qui montre que les fonds et les programmes du système des Nations Unies sont réellement engagés en faveur d’un dialogue avec l’Instance.


La marginalisation, l’extrême pauvreté, la discrimination dont les autochtones sont l’objet, et qui les menacent dans leur survie, doivent cesser.  Le développement durable à visage humain, dans le plein respect des droits de l’homme, est la seule voie vers la paix et la prospérité pour tous les peuples.  Les objectifs du Millénaire ont consacré l’expression de la volonté internationale à concentrer son attention sur le problème de l’exclusion sociale.  Si nous voulons atteindre cet objectif d’ici 2015, nous devons achever d’en ériger les fondements; à savoir édifier les institutions pertinentes, mettre en place des fonds et des programmes, obtenir des sources de financement et assurer la participation des peuples autochtones.  Le travail des Nations Unies doit être concret, mesurable et visible sur le terrain.  Des idées innovantes peuvent être retenues comme celle visant à consacrer une journée de la session à une région géographique.


Réunion-débat de haut niveau


Mme NJUMA EKUNDANAYO (République démocratique du Congo), Vice-Présidente de l’Instance, a souligné que les femmes étaient les mères de l’humanité, soignantes, médiatrices, informatrices qui transmettent le savoir ancestral de génération en génération. Les femmes sont dignes de l’éloge de toutes nos sociétés, a-t-elle déclaré. Il n’y a pas de différences devant la maternité, toutes les femmes étant égales, a-t-elle indiqué. Selon elles, les femmes autochtones restent attachées à leurs valeurs culturelles, à leurs traditions. Les femmes modernes se sont détachées et négligent inconsciemment leur identité culturelle au profit de valeurs importées, et donc imposées par la société dominante, a-t-elle précisé. Elles n’ont rien à donner aux générations futures, a-t-elle assuré, estimant que dans les pays où l’émancipation de la femme était prônée, l’équilibre partenarial, quasi naturel, entre l’homme et la femme avait été cassé.


Mme Ekundanayo a rendu hommage à la force et à la sagesse de ses soeurs qui, souvent, doivent élever leurs enfants, soutenir leurs familles tout en souffrant de toutes les formes de discrimination. Nous devons essayer de surmonter la tendance dominante visant à perpétuer une image trop simpliste, et parfois romancée des peuples autochtones, a-t-elle également affirmé. Selon elle, les relations entre les sexes sont facilement stéréotypées comme étant des relations immuables, figées dans le temps et non susceptibles d’évoluer. Comme toutes les traditions culturelles, celles des peuples autochtones sont dynamiques, a-t-elle observé. Pour Mme Ekundanayo, les valeurs autochtones représentent véritablement un kaléidoscope de traditions variées, les femmes ne pouvant à ce titre être considérées un seul groupe homogène.  Il convient de compter sur la force et la détermination des femmes autochtones, basées sur la puissance de nos traditions, tout en prenant conscience des énormes défis auxquels nous devons faire face ensemble, a-t-elle par ailleurs déclaré. Investir dans les femmes autochtones signifie investir notamment dans l’environnement et le développement économique durable. Pour que les femmes soient entendues par les groupes dominants de la société, elles devraient être intégrées à tous les niveaux des processus de prise de décision, a-t-elle ajouté, affirmant que les femmes étaient là pour aider à réduire le nombre des conflits à travers le monde.


Mme KYUN-WHA KANG, Présidente de la Commission de la condition de la femme, a rappelé que le Programme d’action de Beijing aura dix ans lors de la prochaine session de la Commission.  La tâche sera d’évaluer la mise en œuvre de Beijing et de Beijing +5.  Nous mettrons l’accent sur le partage des expériences et des bonnes pratiques.  Nous identifierons les lacunes et les défis émergents.  La Commission joue également un rôle catalyseur dans le système des Nations Unies pour que les questions liées aux femmes soient intégrées dans les activités de l’Organisation.  Elle a précisé que les droits des femmes autochtones, notamment l’accès aux ressources et aux activités économiques et l’accès à la santé sont reconnus dans le Programme d’action de Beijing.  Malheureusement, peu a été réalisé sur le terrain en faveur des femmes autochtones. Il reste donc beaucoup à faire pour les femmes autochtones qui sont répertoriées comme un groupe minoritaire.  Nous suivrons de près le travail de l’Instance.


Mme STELLA TAMANG, Présidente du Forum des femmes autochtones de l’Asie du Sud et Présidente de l’International Indigenous women’s Caucus, qui appartient à la communauté autochtone Tamang du Népal, a célébré la mémoire de tous ceux qui ont donné leur vie pour la lutte et la défense -des peuples autochtones. Notre présence aujourd´hui montre que nous venons de loin, a-t-elle affirmé.  Les femmes autochtones sont les principales protectrices des langues et des cultures traditionnelles, qu’elles contribuent à transmettre. Elles sont néanmoins victimes de très nombreuses discriminations au nom de la culture, conséquence directe, a-t-elle estimé, de leur intégration dans la société dominante. Leurs droits leurs sont niés, a-t-elle considéré, et elles sont devenues très vulnérables, constituant aujourd’hui l’un des groupes les plus marginalisés de la planète. La privatisation de nos ressources en eau, de nos forêts, le manque d’accès aux services de santé et d’éducation nous rendent la vie très difficile, a-t-elle expliqué. Elle a assuré que les femmes autochtones oeuvraient activement contre la militarisation et étaient pour la construction de la paix. Afin que le monde avance sur les chemins de la paix et de la justice, les femmes doivent s'unir en une force décisive.  Nous ne devons pas continuer à être les victimes des mauvaises décisions, et nous devons pouvoir participer à la prise des décisions, a-t-elle jugé. Mme Tamang a également regretté l’invisibilité des femmes autochtones en matière des droits de l’homme dans le système des Nations Unies. Les efforts entrepris par les Nations Unies en faveur de la défense des peuples autochtones sont louables, mais ne constituent encore qu’une goutte d’eau dans un grand océan, a-t-elle ajouté, réclamant également l’appui des hommes autochtones et des peuples des autres communautés.


Mme POCATERRA a lu le message de sa sœur, NOELI POCATERRA, Deuxième Vice-Présidente de l’Assemblée nationale du Venezuela.  Elle a indiqué que le 12 décembre est le jour de la résistance autochtone au Venezuela.  Nos peuples résistent toujours pour un droit à la différence.  Tout mode de vie mérite respect et considération.  Nous demandons des alternatives justes pour tous.  C’est un défi de combiner le développement harmonieux et les tendances économiques.  Au Venezuela, le gouvernement est sensible à la lutte des peuples autochtones qu’ils vivent dans le pays ou non.  Notre Constitution actuelle est la première qui reconnaît les droits des peuples autochtones, notamment des droits politiques.  Nous disposons désormais de groupes de pression autochtones qui ont contribué à traduire les mots dans les faits.  Nous avons adopté un ensemble de lois importantes qui constituent le cadre normatif de notre action.  Mme Pocaterra a proposé de désigner une journée de résistance des peuples autochtones et de lancer des campagnes éducatives.  Elle a demandé à la société civile de promouvoir les questions touchant les peuples autochtones.


M. HENRIK-OLE MAGGA (Norvège), Président de l’Instance permanente sur les questions autochtones, a souligné l’importance d’aboutir à l’égalité entre les sexes. La discrimination est une chose terrible, a-t-il indiqué, elle est l’antithèse du potentiel humain. Selon lui, l’intégration des femmes autochtones devrait avoir lieu dans tous les domaines politiques et à tous les niveaux.  M. Magga a constaté que, de plus en plus, les hommes autochtones reconnaissent le rôle important qui leur revient dans le maintien de valeurs culturelles telles que le respect des femmes et des filles. Nous devons reconnaître notre capacité à tous de changer nos attitudes, nos relations et notre accès aux ressources et aux processus décisionnels, a-t-il ajouté. Soulignant le rôle des gouvernements en ce domaine, il a estimé qu’il fallait exercer une pression pour retirer toute référence au sexe et démanteler toute une série de programmes particuliers appliqués aux groupes vulnérables tels que les peuples autochtones, a-t-il affirmé. Il faut que les hommes et les femmes adoptent de nouveaux comportements.  M. Magga a insisté en outre sur le rôle de l’éducation, du droit et des médias dans la modification des comportements.  Il faut redire que les hommes sont la source de la violence à l’égard des femmes, a-t-il également affirmé.  Il a demandé aux hommes autochtones de travailler en partenariat avec les femmes autochtones.  Selon lui, l’égalité des sexes ne se fera pas sans le soutien des hommes.  Si nous n’avançons pas ensemble, nous n’avancerons simplement pas du tout, a-t-il conclu.


La représentante du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a relevé que les peuples autochtones connaissent des niveaux de pauvreté bien plus graves que les non-autochtones.  La malnutrition chronique, le taux élevé de mortalité maternelle, des soins prénataux inadéquats, sont parmi les raisons qui expliquent pourquoi chaque année, 30 000 enfants autochtones meurent avant d’atteindre l’âge de cinq ans. 


Mme SHIRLEY MCPHERSON (Australie) a observé qu’il existe un fossé profond entre les autochtones et les non-autochtones mais que ce fossé se comble progressivement dans son pays.  Le nombre de diplômés augmente au sein des communautés autochtones où l’éducation et la détermination personnelle sont souvent la voie vers la liberté.  Par ailleurs, le nombre de personnes autochtones ayant un emploi a augmenté de 27% cette année et les femmes autochtones ont désormais accès à des postes décisionnels.  Cela ne veut pas dire que toutes les femmes autochtones jouissent d’un niveau d’éducation supérieur.  D’autre part, leur nombre dans le système carcéral est en augmentation.  La représentante a plaidé en faveur d’un partenariat social entre les femmes et les garçons.


Mme MILILANI TRASK, membre de l’Instance, a rappelé que plusieurs agences et institutions des Nations Unies avaient rédigé des rapports identifiant les besoins des femmes autochtones.  Elle a souhaité que les experts puissent avoir connaissance de ces documents.  Elle a également proposé au Président de l’Instance la création d’un Comité de conseil pour les femmes autochtones.


La représentante de l’organisation Indigenous Women of Latin America and the Caraibean a réclamé la création d’une deuxième Décennie des peuples autochtones et a demandé aux Etats Membres des Nations Unies d’adopter rapidement une déclaration sur les droits de ces peuples. Face aux nombreux problèmes d’obtention de visa qu’ont rencontré plusieurs représentants, elle a également appuyé la proposition suggérant que la prochaine réunion de l’Instance permanente sur les questions autochtones ait lieu à Genève.


Le représentant du Fonds international pour le développement de l’Agriculture (FIDA) a observé que lorsque les femmes sont en mesure de prendre des décisions qui affectent leur vie, elles deviennent des agents puissants du changement.  Le rôle du microfinancement est extrêmement important dans la prise de décisions.  Au Viet Nam et en Inde, nous accordons des fonds directement aux femmes autochtones.  Celles-ci sont également des intermédiaires précieuses dans le règlement pacifique des conflits. 


Mme QIN XIAOMEI (Chine), Membre de l’Instance, a dit l’importance de modifier les stéréotypes dépassés concernant les femmes autochtones.  Il est également urgent de lutter contre la violence domestique dont elles sont victimes, de promulguer des lois protégeant leurs droits, de mettre en œuvre des politiques préférentielles, d’organiser des cours de formation pour qu’elles participent à la vie publique, d’établir un système de contrôle et de suivi des politiques; d’assurer la pleine participation des femmes autochtones à la prise de décisions.  La question des femmes autochtones ne doit pas être isolée mais étudiée dans le cadre des questions intéressant les peuples autochtones.


M. SINCLAIR(Canada) a estimé que les résultats des travaux de l’Instance devaient inspirer les projets et les programmes des Nations Unies. Comprendre le rôle des femmes autochtones dans la collectivité dans un monde en plein changement est l’une des questions qui mérite d’être soulevée, a-t-il affirmé.


M. FORTUNATO TURPO CHOQUEHUNANCA (Pérou), membre de l’Instance, a brièvement soulevé la question préoccupante de la violence et des agressions sexuelles dont les femmes autochtones sont victimes en Amérique latine, violences dues essentiellement à la pauvreté.  Il a également regretté que le quatrième sommet des femmes autochtones d’Amérique latine n’ait pas reçu toute la publicité nécessaire, surtout dans la région andine.


Mme LUCY MULENKEI, de la région Afrique, a estimé que peu avait été fait dans le cadre de la première Décennie internationale des populations autochtones, souhaitant ainsi que soit approuvée l’organisation d’une Deuxième décennie. Mme Mulenkei a rappelé que dans de nombreux conflits en cours, les femmes étaient les principales victimes des tueries, des viols et même d’actes de cannibalisme. Il faut que l’Instance examine les droits fondamentaux des femmes autochtones en Afrique, a-t-elle insisté. Elle a également souligné que la santé des femmes autochtones était affectée par le manque d’accès à l’eau et à l’assainissement. L’épidémie de sida en Afrique est une grande source de préoccupation. Les peuples autochtones en meurent et l’on n’en tient pas compte, a-t-elle déclaré. Elle a par ailleurs souhaité que l’on procède à un échange de connaissances entre les continents afin de tirer profit des succès enregistrés dans d’autres régions. Selon elle, il est également nécessaire que les gouvernements recommandent et appuient l’éducation des fillettes. Elle a enfin regretté que les peuples autochtones ne soient pas considérés comme des acteurs clefs dans la résolution des conflits.


Mme STELLA TAMANG, répondant aux observations et suggestions des intervenants, a indiqué qu’une des grandes préoccupations des femmes autochtones est l’accès, le contrôle et la participation des femmes à la prise de décisions.  A son tour, Mme KYUNG-WHA-KANG a estimé que la question soumise à examen était tout à fait opportune, d’autant qu’elle s’inscrit dans le processus de Beijing.  Mme NJUMA EKUNDANAYO a suggéré de revoir le système actuel appelé « neocolonialisme » qui se traduit par exemple par la création de parcs régionaux d’où les peuples autochtones ont été chassés.


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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.