LE CONSEIL DE SECURITÉ ÉVALUE LES CHANCES DU TIMOR-LESTE D’ASSURER SON AUTOSUFFISANCE ÉCONOMIQUE, SOCIALE ET EN MATIÈRE DE SÉCURITÉ
Communiqué de presse CS/2730 |
Conseil de sécurité
5024e séance – matin
LE CONSEIL DE SECURITÉ ÉVALUE LES CHANCES DU TIMOR-LESTE D’ASSURER SON AUTOSUFFISANCE ÉCONOMIQUE, SOCIALE ET EN MATIÈRE DE SÉCURITÉ
Saisi du rapport trimestriel du Secrétaire général sur la Mission d’appui des Nations Unies au Timor oriental (MANUTO), le Conseil de sécurité a entendu aujourd’hui 23 interventions sur La situation actuelle et l’avenir de cette jeune République qui a accédé à l’indépendance le 20 mai 2002. En présentant le rapport, le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, Hédi Annabi, a indiqué que dans le pays, la situation est demeurée essentiellement pacifique. Après avoir, à la grande satisfaction des intervenants, comptabilisé les progrès enregistrés dans l’administration publique, la justice, le maintien de l’ordre, la sécurité, le processus électoral et les relations avec l’Indonésie, il a expliqué les tensions des 19 et 20 juillet dernier par le fait que les anciens combattants se sentent marginalisés et appellent donc à des mesures urgentes. Les progrès sont là mais beaucoup reste à faire, a-t-il dit avant d’énumérer les problèmes qui subsistent et de souligner le besoin réel d’aides bilatérales et multilatérale. Le Sous-Secrétaire général a rappelé que les discussions sur l’adaptation du mandat de la Mission aux nouveaux défis seront lancées au mois d’octobre prochain.
Le Conseil de sécurité avait, par la résolution 1543 du 14 mai dernier, prorogé le mandat de la MANUTO pour une période de six mois, avec pour objectif de le proroger ensuite de nouveau pour une dernière période de six mois, jusqu’au 20 mai 2005. Par la même occasion, le Conseil avait réduit les effectifs de la Mission et révisé son mandat. Dans le cadre de cette phase dite de consolidation, la Mission est chargée de trois programmes, à savoir l’appui à l’administration publique et à la justice, l’appui au renforcement du maintien de l’ordre, et l’appui à la sécurité et à la stabilité.
Participant au débat aujourd’hui, le représentant du Timor-Leste a d’abord informé le Conseil des décisions prises par son Gouvernement à la suite des manifestations des 19 et 20 juillet dernier. Pour faire face à ces difficultés tout comme pour renforcer les capacités institutionnelles, a-t-il souligné, le Gouvernement compte sur l’appui continu de la MANUTO et de la communauté internationale. De nombreux intervenants ont regretté que les responsables des crimes graves commis en 1999 n’aient toujours pas été traduits en justice. A cet égard, plusieurs propositions ont été faites, dont celle du représentant des États-Unis qui préconise la création d’une commission internationale « vérité et réconciliation ».
Sur le plan du développement économique et social, plusieurs orateurs ont estimé que la signature d’accords sur les frontières terrestres avec l’Indonésie et sur les frontières maritimes avec l’Australie constitue une condition préalable pour lancer au plus vite l’exploitation des ressources minérales. Quant à l’après-MANUTO, le représentant du Pakistan a, par exemple, suggéré la création d’un mécanisme analogue à ceux établis par le Conseil économique et social pour la Guinée-Bissau et le Burundi. Ces deux pays, qui sortent d’un conflit, font l’objet de Groupes consultatifs spéciaux qui travaillent en étroite collaboration avec le Conseil de sécurité.
Outre les quinze membres du Conseil, les représentants des pays suivants ont pris la parole: Timor-Leste, Indonésie, Australie, Pays-Bas (au nom de l’Union européenne), Japon, Portugal, Nouvelle-Zélande et Malaisie.
LA SITUATION AU TIMOR-LESTE
Rapport intérimaire du Secrétaire général sur la Mission d’appui des Nations Unies au Timor oriental (pour la période du 29 avril au 13 août 2004) (S/2004/669)
Ce rapport, établi en application de la résolution 1543 (2004), fait le point sur les activités menées par la Mission d’appui des Nations Unies au Timor oriental (MANUTO), du 29 avril au 13 août.
Dans ses observations, le Secrétaire général note que le Timor-Leste a progressé de manière sensible vers l’autosuffisance. Il a adopté plusieurs textes de loi et assumé avec succès la responsabilité de sa sécurité intérieure et extérieure, tandis que l’administration, la police, et les forces armées ont continué à se développer et à acquérir de l’expérience, déclare Kofi Annan. Toutefois, poursuit-il, il est clair, qu’il restera encore beaucoup à faire au cours des derniers mois du mandat de la MANUTO, et que l’importance des progrès accomplis dépendra des efforts entrepris en commun par le Gouvernement du Timor-Leste, la MANUTO et la communauté internationale.
Les préparatifs des premières élections depuis l’indépendance ont bien progressé, mais la relative fragilité des relations entre les nouvelles institutions est devenue apparente lors de la préparation du budget. Si les manifestations des anciens combattants à Dili, les 19 et 20 juillet dernier, ont clairement montré que des tensions persistaient, elles ont également montré qu’il fallait poursuivre les efforts destinés à renforcer les compétences techniques et les valeurs professionnelles des organismes de sécurité timorais, fait observer le Secrétaire général, en recommandant la promotion, par les responsables timorais, d’une culture de dialogue politique, aussi bien entre institutions publiques qu’avec la population.
Après avoir souligné que la MANUTO ne peut répondre qu’aux besoins les plus urgents, Kofi Annan estime que des efforts bilatéraux complémentaires sont essentiels pour renforcer l’administration publique, la force publique, la police et les forces armées, afin qu’elles acquièrent durablement et dans de bonnes conditions les capacités dont elles ont besoin. Concernant l’Indonésie et le Timor-Leste, le Secrétaire général estime que l’accord, conclu entre les deux pays sur leur frontière commune, peut être un pas en avant crucial dans le développement de leurs relations bilatérales. Pour finaliser cet accord et gérer la zone frontalière, Kofi Annan exhorte les dirigeants des deux pays à faire tout leur possible au cours des prochains mois. À cet égard, la MANUTO et l’ONU sont, indique-t-il, prêts à les assister. Par ailleurs, le Secrétaire général lance à nouveau un appel aux États Membres pour qu’ils coopèrent pleinement, afin que les responsables des crimes commis en 1999 ne restent pas impunis.
Au 31 juillet, la MANUTO est composée de 604 personnes, soit 465 pour la composante militaire et 139 pour la police civile.
Exposé
M. HEDI ANNABI, Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, a présenté au Conseil de sécurité le rapport intérimaire du Secrétaire général sur la Mission d’appui des Nations Unies au Timor-Leste (MANUTO). Ce rapport est le premier soumis au Conseil depuis l’entrée de la MANUTO dans sa phase de consolidation, le 20 mai dernier, a dit M. Annabi. La situation au Timor-Leste est calme, a-t-il ajouté en mentionnant cependant que les évènements qui se sont produits il y a quelques temps sur le territoire timorais montraient l’importance de mettre en oeuvre des programmes en faveur de la réinsertion des anciens combattants du Timor-Leste. Il est essentiel que des mesures soient prises pour répondre aux besoins des anciens combattants timorais, a dit M. Annabi en souhaitant que les familles des anciens combattants de l’indépendance du Timor oriental soient prises en charge. Des affrontements entre groupes de pratiquants d’arts martiaux ont également eu lieu ces derniers jours, a relevé M. Annabi. Cependant, ces évènements n’ont pas de motivation politique et résultent essentiellement du désoeuvrement dans lequel vivent les membres de ces groupes.
L’inscription des électeurs sur les listes électorales en vue du choix de chefs de villages et sur les autres scrutins visant à pourvoir des sièges au sein des institutions locales se fait de manière encourageante, a dit M. Annabi. Concernant la nomination d’un procureur national, les trois candidatures examinées n’ont pas permis d’aller au bout du processus, et le Parlement timorais devra de nouveau examiner cette question, a précisé M. Annabi. Le bon déroulement des négociations relatives à l’exploitation des réserves d’énergie, qui se poursuivent entre l’Australie et le Timor-Leste, est source d’espoir, a-t-il indiqué.
Le processus de recrutement des 58 conseillers dont le Timor-Leste a besoin en matière de soutien à l’administration se poursuit et 51 de ces postes ont déjà été pourvus. En revanche, le manque de ressources financières n’a pas encore permis de recruter les 120 cadres nécessaires au renforcement des services publics sur l’ensemble du territoire. Les pays donateurs devraient continuer à soutenir la mise en place d’un État de droit au Timor-Leste, a dit le Sous-Secrétaire général. Par ailleurs, la MANUTO fournit 15 conseillers juridiques sur la cinquantaine dont le pays a besoin pour améliorer le fonctionnement de son système judiciaire. La composante de police de la MANUTO a pour sa part continué à soutenir la formation des forces de police timoraises, a poursuivi M. Annabi. La contribution de la force de police timoraise actuelle à l’arrêt des violences qui se sont produites le mois dernier entre groupes d’arts martiaux a démontré ses capacités d’interventions, mais aussi ses insuffisances. Il est nécessaire d’améliorer la formation en matière de respect des droits de l’homme de la police de Timor-Leste.
Faisant référence à la question de la frontière du Timor-Leste avec l’Indonésie, M. Annabi a indiqué que la composante militaire de la MANUTO opère en ce moment une surveillance des points les plus sensibles de la frontière. La MANUTO s’efforcera de faire le maximum en ce qui concerne la sécurité du Timor-Leste jusqu’à la fin de son mandat actuel.
Déclarations
M. HERALDO MUNOZ (Chili) s’est dit encouragé par les progrès enregistrés malgré les contraintes actuelles. Il s’est particulièrement félicité de ce que le Gouvernement du Timor-Leste ait assumé la responsabilité de la sécurité, approuvé plusieurs lois organiques et pris des mesures pour ce qui est des inscriptions électorales. Venant au fonctionnement de la MANUTO, le représentant a jugé nécessaire qu’elle se dote du personnel approprié pour les postes de rang intermédiaire, s’agissant du premier programme. Le travail accompli par l’équipe de conseillers civils est fondamental pour ce qui est de l’encadrement des fonctionnaires timorais. Ce pays, a-t-il dit, a une possibilité unique de former des fonctionnaires avec une vocation de services. Le représentant a aussi partagé les préoccupations concernant les retards enregistrés dans l’administration de la justice et les carences dans le domaine des droits de l’homme. Il s’est ainsi félicité des mesures prises par le Conseil de coordination des affaires judiciaires avant d’annoncer que le Groupe sur la démocratie, qui s’est rendu au Timor-Leste et dont son pays fait partie, publiera son rapport en septembre prochain.
Le représentant a poursuivi en se félicitant des progrès réalisés pour les deux autres programmes, tout en s’inquiétant, s’agissant du dernier programme, des trafics qui ont cours et de l’impact des tensions du 19 et 20 juillet dernier. Un appui plus grand de la communauté internationale est nécessaire pour faire face aux défis économiques et sociaux, a-t-il conclu en disant attendre des progrès marquants dans l’exploitation des ressources minérales. Le représentant a réservé son dernier mot à l’état des relations entre le Timor-Leste et l’Indonésie. Il est impératif de traduire en justice les responsables des crimes graves perpétrés en 1999. Le Chili, qui accompagne le pays depuis le début, souhaite que la jeune République est-timoraise constitue un exemple international de réussite et d’espoir, a-t-il affirmé.
M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a déclaré que son pays appuyait la mission menée par la MANUTO, qui accomplit des tâches fondamentales pour renforcer le fonctionnement des institutions du Timor-Leste. Il est nécessaire que les relations entre le Timor-Leste et l’Indonésie s’améliorent, et que les questions touchant à la démarcation de la frontière soient réglées de manière satisfaisante pour les deux pays. Il en est de même de la question touchant à la frontière maritime entre le Timor-Leste et l’Australie. L’exploitation des ressources énergétiques dont les gisements se trouvent le long de la frontière avec l’Australie est indispensable au développement du Timor-Leste, et le Pakistan souhaite que cette question soit réglée de manière consensuelle et équitable. Nous proposons que soit créé un comité de l’ECOSOC semblable aux groupes consultatifs sur la Guinée-Bissau et le Burundi, en vue d’harmoniser l’aide que les États Membres doivent apporter au Timor-Leste.
M. STUART W. HOLLIDAY (États-Unis) s’est, à son tour, félicité de l’adoption de lois essentielles relatives au cadre institutionnel et juridique. Il a salué les progrès dans la mise en place des structures de l’administration publique. Il est nécessaire, a-t-il dit, que la MANUTO procède à un transfert des compétences avant l’échéance de mai 2005. Notant que le rapport du Secrétaire général indique que le secteur de la justice accuse un manque de personnel, il a félicité la Mission d’avoir créé un centre de formation pour le personnel de l’administration de la justice. Il a estimé que la mise sur pied d’une commission internationale « vérité et réconciliation » serait de la plus grande utilité. Il a conclu en se disant encouragé par la stabilité de l’environnement sécuritaire.
M. ABDALLAH BAALI (Algérie) s’est félicité des progrès enregistrés en matière de préparation des prochaines élections locales, de l’administration publique, en particulier dans le domaine de la justice et du maintien de l’ordre, de la sécurité, de la police et de la défense. Il a par ailleurs souligné les lacunes en matière d’administration de la justice et de fonction publique et insisté sur la nécessité pour les donateurs de continuer à appuyer le Gouvernement et le peuple du Timor-Leste. Faisant observer que la faiblesse des revenus du pays et la pauvreté continuent de compromettre les efforts de reconstruction et de développement, il a invité l’Australie et le Timor-Leste à conclure dans les meilleurs délais un accord sur l’exploitation des ressources minières. Il s’est félicité de l’amélioration constante des relations entre l’Indonésie et le Timor-Leste et les a encouragés à régler les problèmes en suspens, tels que la délimitation et la gestion de leur frontière commune et le renforcement de la coopération mutuelle. Il a également souligné combien il était important que la communauté internationale fournisse une assistance conséquente au développement du Timor-leste et à sa reconstruction économique.
M. HENRIQUE R. VALLE (Brésil) a déclaré que sa délégation était sensible aux observations contenues dans le rapport du Secrétaire général. Le Brésil salue les progrès accomplis dans l’organisation des premières élections locales qui doivent se tenir au Timor-Leste depuis son accession à l’indépendance. Cependant, le Timor-Leste a besoin de l’appui bilatéral de tous ses partenaires et du soutien multilatéral que la communauté internationale doit lui apporter à travers les institutions internationales. Le Brésil appelle à la conduite de négociations justes entre le Timor-Leste et l’Australie en ce qui concerne les ressources énergétiques de la Passe de Timor, et demande que l’Indonésie et le Timor-Leste parviennent à un accord sur le tracé de leur frontière commune. Nous demandons également aux deux gouvernements de déployer tous les efforts nécessaires pour que les auteurs des crimes commis en 1999 sur le territoire de Timor-Leste soient punis selon les règles reconnues par la communauté internationale.
M. MICHEL DUCLOS (France) a félicité les Timorais pour les progrès « à certains égards » remarquables qui ont été accomplis ces derniers mois. Il s’est attardé sur les mesures concernant les responsabilités en matière de sécurité, les lois relatives à l’administration, à la justice et aux élections. Le représentant a aussi souligné les progrès accomplis dans les relations entre le Timor-Leste et les pays voisins. Il a appelé l’attention sur l’importance d’accords concernant les frontières maritimes avec l’Australie et les frontières terrestres avec l’Indonésie, condition préalable au développement économique du pays. Le représentant s’est également dit satisfait du fonctionnement de la MANUTO. Quant à l’avenir, il s’est dit conscient qu’il reste encore beaucoup à faire, en particulier pour la lutte contre l’impunité et les mesures à prendre, au niveau international, à l’expiration du mandat de la Mission.
M. JULIAN KING (Royaume-Uni) a dit que son pays se félicitait des mesures prises par la MANUTO pour renforcer les institutions judiciaires et de police du Timor-Leste. Mais, comme l’indique le rapport du Secrétaire général, des moyens supplémentaires sont nécessaires pour aider le Timor-Leste à renforcer ses capacités humaines et institutionnelles. Le Royaume-Uni regrette les récentes décisions rendues par les tribunaux indonésiens à Djakarta, qui ont acquitté les responsables présumés de certains crimes graves commis au Timor-Leste en 1999.
M. LAURO L. BAJA, JR. (Philippines) a regretté que l’administration publique au Timor-Leste manque encore de ressources humaines qualifiées dans les domaines de la planification et de la gestion économique, de la justice et des infrastructures. Nous somme d’avis avec le Secrétaire général que le temps et les ressources financières pourraient venir à manquer pour juger les crimes les plus sévères. Les problèmes continus que connaissent les forces de police nationale dictent également la nécessité d’améliorer leurs formation et compétences, en particulier dans le domaine des droits de l’homme. Le représentant s’est toutefois félicité du fait que la réduction des effectifs militaires de la Mission n’ait pas déstabilisé le pays.
Le représentant s’est toutefois dit inquiet du taux élevé de chômage et de la pauvreté généralisée qui peuvent constituer des menaces sérieuses à la sécurité et à la stabilité du pays. Nous demandons instamment au Gouvernement de Timor-Leste d’investir dans des projets essentiels comme les routes et les infrastructures afin de créer des emplois et de contribuer au développement social et économique du pays. Il est clair que les problèmes associés à l’édification d’une nation ne seront pas tous réglés au moment du retrait de la Mission et c’est pourquoi, il faudrait envisager une stratégie de sortie.
À son tour, M. JULIO HELDER DE MOURA LUCAS (Angola) a salué les progrès accomplis par les Est-Timorais pour jeter les fondements d’un État autosuffisant. Il a jugé essentiel de fournir aux pays les moyens de relever les défis économiques et sociaux. Les institutions financières internationales, les partenaires bilatéraux et multilatéraux doivent redoubler d’efforts pour garantir l’émergence d’un État et d’une société modernes et économiquement viables. Il a mis en garde contre le fait que les progrès enregistrés jusqu’ici peuvent être compromis par des retards dans les domaines économique et social. Il s’est, par ailleurs félicité, du niveau de coopération établi entre le Timor-Leste et l’Indonésie et entre ce premier et l’Australie. Le pays, a-t-il conclu, est arrivé à une étape cruciale de sa jeune histoire mais il reste fragile. Il a conseillé au Conseil de sécurité de réfléchir à une présence internationale soutenue dans le pays jusqu’à ce qu’il parvienne à une véritable autosuffisance.
M. YISHAN ZHANG (Chine) a déclaré que la MANUTO avait encore beaucoup de travail à accomplir avant la fin de son mandat afin d’aider le Timor-Leste à devenir réellement autonome. La Chine demande à la communauté internationale, et notamment au PNUD et à la Banque mondiale d’aider le Timor-Leste dans son développement social et économique.
M. JEAN-FRANCIS RÉGIS ZINZOU (Bénin) a salué la détermination des dirigeants timorais à bâtir une nation stable et démocratique, en tirant parti de la présence de la MANUTO. Il s’est réjoui de la coopération entre le Timor-Leste, l’Australie et l’Indonésie. Il a espéré que leur volonté politique s’inscrira dans la durée pour consolider le respect de l’intégrité territoriale de chacun d’eux. Il s’est donc félicité des progrès accomplis en matière de délimitation des frontières maritimes et terrestres, condition préalable à une exploitation judicieuse des ressources naturelles. Le représentant a également salué la prise en charge par les dirigeants timorais des questions de sécurité et de maintien de l’ordre. Il ne fait aucun doute, a-t-il ajouté, que le pays a encore besoin de temps pour combler les espoirs suscités lors de l’accession à l’indépendance. La paix, la justice et la démocratie sont des éléments essentiels, a-t-il souligné en se félicitant que les dirigeants timorais l’aient compris. S’il est vrai que le pays continue de rencontrer des problèmes au niveau du fonctionnement des institutions publiques, il est tout aussi vrai que ce qui importe est la manière de régler ces problèmes.
Le représentant a donc appelé à l’instauration d’une culture de dialogue politique entre les institutions et avec les populations. Il a aussi souligné les progrès à faire dans le renforcement de la capacité de l’armée et de la police et dans la consolidation de la justice. Les pays qui abritent les auteurs des crimes graves de 1999 doivent les mettre à la disposition de l’État timorais afin qu’ils puissent être jugés, a-t-il dit en soulignant qu’il s’agit là d’une obligation internationale. De manière générale, le représentant a appelé la communauté internationale à rester engagée aux côtés du Timor-Leste, sur les plans bilatéral et multilatéral.
M. WOLFGANG F. H. TRAUTWEIN (Allemagne) a déclaré qu’il fallait féliciter le Gouvernement du Timor-Leste pour les progrès accomplis dans la gestion du pays et dans la mise en place des fondements de la démocratie. Le Timor-Leste a cependant besoin d’aide, a constaté le représentant en mentionnant notamment pour la sécurité, les relations du Timor-Leste avec l’Indonésie, et l’exploitation des ressources de gaz et de pétrole, qui doit être négociée avec l’Australie. Refusant l’impunité, l’Allemagne souhaite que les auteurs des crimes graves commis en 1999 contre la population et les biens du Timor-Leste soient poursuivis et sanctionnés, a dit le représentant.
M. GHEORGHE DUMITRU (Roumanie) a, à son tour, exprimé la satisfaction de son pays devant les progrès accomplis par les Est-Timorais qui, a-t-il estimé, sont le résultat d’une coopération étroite entre les dirigeants du pays, les Nations Unies et les institutions internationales. La MANUTO a fait des contributions concrètes pour le renforcement des capacités dans tous les secteurs du jeune État, a-t-il dit avant de souligner que dans plusieurs domaines, le processus en est encore à un stade précoce notamment dans le domaine de la justice. Il a donc encouragé une très grande implication de la communauté internationale pour veiller à ce que les auteurs des crimes graves ne jouissent pas de l’impunité. Il a aussi évoqué les questions liées aux frontières maritimes et terrestres du pays avant de conclure sur ce qu’il convient de faire avant l’expiration du mandat de la MANUTO. Il s’est dit convaincu que la Mission fera la différence.
M. JUAN ANTONIO YANEZ-BARNUEVO (Espagne) a déclaré que son pays était préoccupé par les retards accumulés dans la formation et le recrutement de fonctionnaires de rang intermédiaire, et dans le renforcement des structures judiciaires du Timor-Leste. La communauté internationale ne doit donc pas faillir dans sa détermination à soutenir le Timor-Leste, dont les institutions sont encore fragiles. Il est nécessaire qu’elle soutienne ce pays afin de renforcer son autosuffisance avant la fin du mandat de la MANUTO. L’Espagne souhaite que les négociations menées entre le Timor-Leste et l’Australie sur la démarcation de leur frontière maritime et l’exploitation des ressources de gaz et de pétrole qui s’y trouvent aboutissent de manière équitable. Notre pays, a dit le représentant, souhaite également que le Timor-Leste et l’Indonésie parviendront à un accord sur la délimitation de leur frontière terrestre.
M. ANDREY DENISOV (Fédération de Russie) a estimé que depuis quelques mois, les autorités timoraises ont pu réaliser des progrès importants dans les domaines législatif et institutionnel. Compte tenu de l’insuffisance de ressources propres et de cadres qualifiés, il a averti qu’il reste encore beaucoup à faire pour parvenir à une autosuffisance réelle avant la fin du mandat de la Mission au mois de mai 2005. Après avoir commenté les préparatifs électoraux et la nécessité de respecter les droits de l’homme, le représentant s’est attardé sur la question des frontières communes entre d’une part le Timor-Leste et l’Indonésie et d’autre part le Timor-Leste et l’Australie.
M. JOSE LUIS (Timor-Leste) a déclaré qu’à la suite des manifestations du mois dernier, le Président Gusmao et le Premier Ministre avaient reconnu que certains officiers de la police nationale avaient abusé de leurs pouvoirs et de l’usage de la force contre les manifestants. Le Gouvernement timorais a donc demandé à la MANUTO et aux États Membres de l’aider à renforcer les capacités de sa police, en vue d’en faire une force réellement professionnelle. Des lois ont été adoptées par le Parlement timorais, en vue de satisfaire les demandes des anciens combattants de la lutte pour l’indépendance, mais leur mise en oeuvre requiert des ressources financières dont notre pays ne dispose pas, a dit le représentant. Timor-Leste est en négociation ave la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement en vue de mettre en valeur ses ressources énergétiques. Les relations entre notre pays et l’Indonésie s’améliorent, a dit le représentant en indiquant qu’il y avait beaucoup de bonne volonté de part et d’autre. Le représentant a souhaité que les négociations en cours avec l’Australie sur le tracé de la frontière maritime s’achèvent par un accord équitable.
Nous lançons un appel au Conseil de sécurité et à tous les États Membres pour qu’ils aident le Timor-Leste à trouver des solutions aux problèmes que soulève le Secrétaire général dans son rapport intérimaire, a conclu le représentant.
M. REZLAN ISHAR JENIE (Indonésie) a affirmé que son pays a toujours souhaité que la MANUTO aide le Timor-Leste à atteindre l’autosuffisance dans les plus brefs délais. L’année dernière, a-t-il ainsi indiqué, l’Indonésie a rehaussé le niveau de sa représentation diplomatique à Dili. De même, le 30 juin 2004, les Ministres des affaires étrangères des deux pays ont discuté des efforts visant le renforcement de la coopération bilatérale, notamment concernant la délimitation des frontières. Le Sous-Comité chargé de la question a d’ailleurs réalisé des progrès notables, identifiant plus de 900 points géographiques partagés les deux pays. Aussi, seuls 10% de la frontière doivent-elles encore faire l’objet d’études. Un projet d’accord sera présenté aux ministres concernés très prochainement. Le représentant a aussi attiré l’attention du Conseil sur la déclaration du Ministre timorais des affaires
étrangères concernant l’île de Batek. Le Ministre a ainsi déclaré que cette île relève de la souveraineté de l’Indonésie, précisant qu’elle entend accueillir de pèlerins timorais. Soulignant l’amélioration de la situation en matière de sécurité dans la région frontalière, le représentant a espéré d’autres progrès. L’Indonésie et le Timor-Leste, a-t-il affirmé, sont résolus à mettre en oeuvre des politiques visant l’intérêt de leurs peuples et leur développement. Dans ce contexte, la MANUTO et la communauté internationale doivent continuer de soutenir les liens bilatéraux entre ces deux pays, a-t-il conclu.
M. JOHN DAUTH (Australie) a déclaré que plus que tout autre, son pays était conscient de l’importance du règlement de la question de la démarcation de sa frontière maritime avec le Timor-Leste. À ce sujet, le Ministre australien des affaires étrangères, Alexander Downer, a rencontré M. Ramos-Horta le 11 août dernier, afin d’en discuter. Des progrès ont été accomplis dans les négociations en cours, et nous sommes proches d’une solution finale, a dit le représentant en estimant que tout accord sur la frontière devra respecter les intérêts nationaux des deux parties. L’Australie, a-t-il indiqué, pense que sa position sur ce dossier est juridiquement bien fondée et solide.
M. DIRK JAN VAN DEN BERG (Pays-Bas), s’exprimant au nom de l’Union européenne, a reconnu les défis énormes auxquels est confronté le Timor-Leste depuis son accession à l’indépendance en 2002. Il s’est donc félicité des progrès accomplis jusqu’ici, s’agissant en particulier des négociations sur les frontières maritimes et terrestres. Il s’est dit convaincu que les Nations Unies continueront à jouer un rôle dans le domaine du renforcement des capacités nationales. Il s’est tout de même montré préoccupé par les retards pris dans la lutte contre l’impunité. Il a considéré que le processus déraille gravement. Il a lancé un appel à tous les États Membres de l’ONU pour qu’ils accordent de leur pleine collaboration et fassent en sorte que les responsables de crimes graves ne jouissent pas de l’impunité. Le représentant a également noté avec préoccupation l’annulation récente de condamnations par la Cour spéciale des droits de l’homme à Djakarta. Il a espéré que le Gouvernement indonésien fera tout pour assurer la crédibilité de la procédure judiciaire. Il a fait part de l’intention de l’Union européenne d’appuyer toutes les actions lancées par les personnes concernées, y compris le Secrétaire général.
M. KOICHI HARAGUCHI (Japon) a déclaré que la MANUTO devrait achever son mandat au Timor-Leste conformément au calendrier défini par la résolution du Conseil de sécurité. Le Japon est préoccupé par le retard accumulé concernant le règlement de la question de la délimitation de la frontière entre le Timor-Leste et l’Indonésie. Notre délégation exhorte ces deux pays à faire plus d’efforts en vue de parvenir à un accord définitif. Les manifestations qui ont eu lieu le mois dernier à Dili soulignent la nécessité de réintégrer dans la société, dans les meilleures conditions, les anciens combattants de la lutte pour l’indépendance du Timor-Leste, a estimé le représentant. Le Japon, a-t-il souligné, contribue largement à la reconstruction du pays. Le Gouvernement du Japon a ainsi versé 60 millions de dollars à la consolidation de l’Etat du Timor-Leste depuis son accession à l’indépendance, et a contribué à hauteur de 57 millions de dollars à la construction d’infrastructures dans la zone de Dili. Le Japon a rappelé le groupe d’ingénieurs qu’il avait envoyé au Timor-Leste pour soutenir sa reconstruction, a indiqué le représentant en précisant que son Gouvernement avait fait don au Timor-Leste des équipements dont se servaient les ingénieurs japonais.
M. RUI MACIERA (Portugal) s’est félicité des progrès réalisés par le Timor-Leste, dans les domaines de la législation, du maintien de la sécurité interne et externe, de l’administration publique, de l’administration de la justice et des forces armées. Beaucoup reste néanmoins à faire en matière de sécurité et pour le développement viable et durable du Timor-Leste, a-t-il souligné en ajoutant qu’il était temps de finaliser la délimitation des frontières du Timor-Leste avec l’Australie et l’Indonésie. Il a insisté sur la responsabilité de la communauté internationale et du Conseil de sécurité vis-à-vis du Timor-Leste en matière de lutte contre l’impunité, d’établissement des responsabilités et de transparence. La communauté internationale compte sur l’Indonésie pour qu’elle honore son engagement de juger les auteurs des crimes graves commis au Timor-Leste. Il a regretté les difficultés qui entravent la justice ainsi que l’échec apparent des mécanismes ad hoc mis en place à cet effet.
M. DON MACKAY (Nouvelle-Zélande) a estimé que dans les trois mois à venir, il serait possible d’identifier les domaines exigeant une attention particulière avant le dernier renouvellement du mandat de la MANUTO en novembre. Il s’est félicité des développements positifs enregistrés en matière de délimitation de la frontière entre le Timor-Leste et l’Indonésie, de législation relative aux droits de l’homme et à l’administration de la justice et de préparation des élections parlementaires de 2006. S’agissant du secteur de la sécurité, il a reconnu que les besoins étaient encore importants en matière d’infrastructures, en particulier dans le domaine de l’intervention rapide et a souhaité que le Secrétaire général fasse des recommandations sur la formation de la police et des forces de sécurité. Il a vivement appuyé l’Unité chargée des infractions graves et s’est dit encouragé par l’adoption de la stratégie d’achèvement des travaux adoptée par l’Unité en vue de respecter les délais impartis dans la résolution 1543. Il a à nouveau insisté sur l’importance de traduire en justice, conformément aux normes internationales reconnues, les auteurs des crimes perpétrés en 1999 et a déploré l’échec apparent du mécanisme ad hoc prévu à cet effet. Si les mécanismes nationaux ne sont pas en mesures de garantir la justice, l’ONU, a-t-il souligné, et le Conseil de sécurité, devront veiller à ce que les responsabilités soient établies et la justice rendue. Il a encouragé l’ONU à évaluer les besoins restant en matière d’appui au développement et d’en informer les donateurs.
M. RASTAM MOHD ISA (Malaisie) a déclaré que son pays se félicitait de l’adoption de cadres juridiques et institutionnels visant à promouvoir la culture du dialogue politique au Timor-Leste. La Malaisie se félicite que les négociations entre le Timor-Leste et l’Australie sur l’exploitation des ressources pétrolières et gazières de la région se poursuivront le mois prochain. Notre pays espère que leurs résultats permettront au Timor-Leste de disposer des sources de revenu dont il a besoin pour soutenir son développement et le renforcement de son Etat. L’idéal serait que les deux parties parviennent rapidement à un accord équitable, a souhaité le représentant. La Malaisie, a-t-il également souligné, soutient la poursuite du dialogue entre l’Indonésie et le Timor-Leste en vue de régler les questions touchant à la délimitation de leur frontière et au renforcement de leurs liens bilatéraux. Notre pays note que le Secrétaire général indique que beaucoup reste à faire avant la fin du mandat de la MANUTO. La Malaisie poursuivra sa coopération avec le Timor-Leste. Dans le passé, le Gouvernement de la Malaisie a aidé le Timor-Leste à renforcer ses ressources humaines et ses institutions, a indiqué M. Mohd Isa.
Répondant aux observations formulées par les délégations, le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, a souligné la gravité des conséquences de la décision de la Cour d’appel indonésienne d’annuler le jugement des auteurs des crimes graves perpétrés en 1999. Il a assuré les membres du Conseil que le Secrétaire général est déterminé à demander au Haut Commissaire aux droits de l’homme d’établir un rapport détaillé sur la question d’ici à la fin septembre. Il entend tout faire pour que l’impunité ne l’emporte pas.
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