« ASSURER LA COHÉRENCE ENTRE LES VISIONS NATIONALE ET INTERNATIONALE DU COMMERCE ET DU DÉVELOPPEMENT », THÈME PRINCIPAL DE LA CNUCED XI
Communiqué de presse CNUCED/276 |
Communiqué de base
« ASSURER LA COHÉRENCE ENTRE LES VISIONS NATIONALE ET INTERNATIONALE DU COMMERCE ET DU DÉVELOPPEMENT », THÈME PRINCIPAL DE LA CNUCED XI
Les 192 États membres de la Conférence de l’ONU sur le commerce et le développement (CNUCED), représentés à haut niveau, sont attendus à Sao Paulo du 13 au 18 juin
Comment renforcer la cohérence entre les stratégies nationales de développement et les processus économiques dans le monde afin de favoriser la croissance économique et le développement? C’est la question à laquelle sont invités à répondre les délégations de haut niveau des 192 États, dont une vingtaine de chefs d’État, qui participent à la onzième Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED XI). Attendus du 13 au 18 juin prochain à Sao Paulo au Brésil, ces responsables célèbreront, par la même occasion, le 40ème anniversaire d’une CNUCED qui, convoquée pour la première fois en 1964 et ensuite tous les quatre ans, s’attache aujourd’hui à renforcer la capacité des pays en développement à sortir de leur rôle de figurant de la mondialisation pour se hisser à la hauteur des pays développés.
Cohérence, mot clef de la CNUCED XI
L’approche à « taille unique » du développement a montré ses limites, note la CNUCED dans ses dernières analyses. Le multilatéralisme est en crise et la contradiction entre les intérêts nationaux et les objectifs plus vastes d’un système commercial international semble se confirmer. Les pays qui ne disposent pas des biens et services capables d’en faire des concurrents sérieux dans le commerce mondial n’ont rien à gagner des négociations multilatérales en cours. La cohérence est donc indispensable et elle doit s’installer entre les visions nationales et internationales du commerce et du développement. Une telle cohérence, dit encore la CNUCED, dépendra de la mise en place d’un système commercial multilatéral « ouvert, équitable, fondé sur des règles, prévisible et non discriminatoire » conforme aux préceptes de la Déclaration du Millénaire, signée en 2000 par les dirigeants politiques du monde entier. La cohérence nécessite aussi non seulement la prise en compte des différences entre les pays développés et les pays en développement, mais également entre ces derniers.
Les pays en développement présentent, en effet, une image frappante de diversité économique. La part de l’Afrique dans les marchés mondiaux a chuté sensiblement en raison de phénomènes tels que la volatilité des cours des produits de base, la baisse des revenus agricoles consécutive à la politique des subventions pratiquée dans les pays du Nord, les conflits armés, l’épidémie du VIH/sida, la sécheresse et le fardeau de la dette extérieure. La situation de l’Afrique est d’autant plus préoccupante qu’elle compte le plus grand nombre de pays les moins avancés (PMA) dont les économies sont fortement dépendantes du commerce des biens à faible valeur ajoutée et des services.
Si la situation est nettement meilleure pour les pays d’Amérique latine et des Caraïbes, force est de constater que leur performance commerciale, certes impressionnante, n’a toutefois pas réussi à juguler l’impact de la croissance négative qu’ils ont connue durant six ans. C’est ainsi que la région accuse 20 millions de pauvres de plus depuis 1997, 44% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté.
Seule l’Asie peut se prévaloir d’un « miracle économique » avec un taux de croissance moyen de 5,3%, l’année dernière, grâce au développement accéléré de ses capacités d’offre qui ont facilité son entrée dans la production à haute valeur ajoutée et dans les chaînes de distribution des marchés mondiaux.
Que peut faire la CNUCED XI?
La CNUCED n’est pas un organe de négociations commerciales, aime à rappeler son Secrétaire général, le Brésilien Rubens Ricupero, en reconnaissant ainsi les prérogatives exclusives de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le Secrétaire général de la CNUCED n’a pourtant pas hésité, lors d’une conférence de presse donnée le 27 avril dernier, à établir un lien entre la CNUCED XI et l’OMC. Convoquée dans le cadre des efforts visant la reprise des négociations de l’OMC, après l’échec des négociations de Cancun, en septembre 2003, sur les modalités de négociations des questions concrètes, CNUCED XI offre aux pays en développement l’occasion unique de faire pression pour que le « Cycle de développement » lancé à Doha par la même OMC en 2001, demeure d’actualité.
Rubens Ricupero a poursuivi dans ce sens en déclarant que l’amélioration de la situation économique mondiale et le regain de confiance des pays en développement en leur potentiel, notamment la Chine et l’Inde dont les taux de croissance respectifs sont de 8,5% et 6%, a créé un climat salutaire pour les négociations sur le commerce et le développement qui occupent, de manière différente, a-t-il précisé, la CNUCED et l’OMC. Par son attachement au multilatéralisme, la CNUCED peut être une force promotrice de l’interdépendance des économies et en tant que telle, ouvrir la voie au succès après l’échec de Cancun.
La CNUCED s’attaque par ailleurs à des questions cruciales qui échappent au domaine commercial dont les fluctuations des cours des produits de base, l’érosion des régimes préférentiels et l’augmentation de l’offre dans les pays en développement par le renforcement des capacités de production et de création de biens et services dans les pays en développement, a aussi rappelé son Secrétaire général. Par le biais de la recherche, de l’analyse, d’efforts visant à dégager un consensus entre ses membres et de la coopération technique, la CNUCED couvre des domaines tels que la concurrence, la diversification de la production, la participation aux négociations commerciales multilatérales, l’investissement ou encore les défis du commerce électronique.
Foisonnement d’idées à Sao Paulo
C’est dans une grande variété de cadres de discussions, auxquels participeront le Secrétaire général de l’ONU, les chefs d’État et de gouvernement, les ministres concernés ainsi que les représentants des fonds et programmes des Nations Unies, de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international, de l’OMC, du secteur privé et de la société civile, que seront examinés le thème principal de la CNUCED XI et ses quatre sous-thèmes, à savoir les stratégies de développement dans une économie mondialisée; la capacité de production et la compétitivité internationale; la faculté du système commercial international et des négociations commerciales à générer des progrès dans le développement; et le partenariat pour le développement.
Lancés depuis le 7 juin dernier, les évènements précédant la Conférence, dont la célébration, au niveau ministériel, du 40ème anniversaire du Groupe des 77, seront suivis, à partir du 14 juin, de déclarations générales, de tables rondes, de sessions thématiques, d’évènements parallèles, de forums de la société civile, d’expositions et de foires ou encore d’évènements spéciaux.
Les chefs d’État et de gouvernement et leurs ministres discuteront, dans le cadre de tables rondes, des questions multisectorielles relatives aux quatre sous-thèmes. Parmi ces questions, il faut signaler la coopération Sud-Sud dans un monde de plus en plus interdépendant; le lien entre commerce, croissance et pauvreté; la participation des pays en développement dans les systèmes de production des sociétés transnationales; la dynamique du commerce mondial ou encore le rôle des nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC) dans la promotion de la croissance et de la compétitivité des pays en développement.
Ce foisonnement d’idées donnera lieu à deux documents finaux, à savoir un plan d’action et une déclaration politique. Négocié à Genève, le plan d’action sera finalisé à Sao Paulo au sein du Comité plénier de la Conférence. La déclaration politique sera soumise aux États membres de la CNUCED par le Brésil en sa qualité de pays hôte. D’autres documents émaneront des ONG et de la société civile.
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