LES NOUVELLES APPLICATIONS INTERNET GAGNENT DU TERRAIN DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT
Communiqué de presse TAD/1965 |
LES NOUVELLES APPLICATIONS INTERNET GAGNENT DU TERRAIN DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT
GENEVE, 20 novembre 2003 (CNUCED) - Selon le Rapport sur le commerce électronique et le développement 2003, publié ce jour par la CNUCED, la sous‑traitance des services de gestion et la commercialisation en ligne des exportations agricoles, applications des technologies de l’information et de la communication potentiellement lucratives, en particulier pour les pays en développement, sont en plein essor.
La sous-traitance des services de gestion, qui consiste pour les entreprises à confier des fonctions non essentielles à des prestataires extérieurs, en général à l’étranger et en particulier via les technologies de l’information, n’est que la tendance la plus récente de l’externalisation. D’après les estimations, ce marché mondial, qui croît au rythme fulgurant de 23 % par an depuis 1999, représenterait entre 300 milliards de dollars d’ici à 2004 (Gartner Inc.) et 585 milliards de dollars d’ici à 2005 (Goldman Sachs).
Le rapport note que le transfert d’activités, telles que les centres d’appel et les centres de services à la clientèle qui opèrent à distance via Internet et d’autres applications Web vers des pays où les coûts sont moins élevés, est devenu un nouveau modèle économique pour les entreprises des pays développés. L’Inde, qui offre une main‑d’œuvre qualifiée et anglophone pour des salaires parfois inférieurs de 80 % à ceux pratiqués dans les pays développés, a réussi à attirer 80 % du marché international de la sous‑traitance. Dans ce pays, le secteur des services liés à l’informatique devrait employer jusqu’à 1,1 million de personnes d’ici à 2008. A l’échelon mondial, la sous‑traitance des services à l’étranger pourrait créer quelque 3,3 millions d’emplois d’ici à 2015, dont 2 310 000 rien qu’en Inde. Des prestataires de services de sous‑traitance apparaissent également au Bangladesh, au Brésil, en Chine, aux Philippines, en Roumanie, en Fédération de Russie, à Singapour, en Thaïlande, au Venezuela et au Viet Nam.
L’amélioration constante de l’infrastructure des technologies de l’information, la baisse du prix des télécommunications et du matériel informatique et la plus grande facilité d’accès à Internet ont permis le développement de la sous-traitance des services de gestion tant dans les pays développés que dans ceux en développement. Toutefois, si ces services se sont surtout développés dans les pays en développement, c’est que les entreprises aux Etats-Unis et en Europe cherchent de plus en plus à réduire leurs coûts. La diminution des coûts de la main-d’œuvre qualifiée et spécialisée permettrait de réduire jusqu’à 60% les dépenses opérationnelles. Les services de sous-traitance fournis par une main-d’œuvre bon marché couvrent maintenant toutes sortes de domaines (finance, banque, assurance, ressources humaines et formation, soins de santé, hypothèques et cartes de crédit, gestion d’actifs, relations avec la clientèle, logistique et distribution, ingénierie, achats, immobilier, vente et commercialisation et services liés au Web). L’internationalisation rapide de ces services offre aux pays en développement la possibilité d’exploiter de nouveaux créneaux à forte valeur ajoutée.
Le rapport montre comment, une fois mise en place une infrastructure de télécommunications de base, les services de sous-traitance peuvent se développer dans les pays en développement, y compris les pays les moins avancés (PMA), au moins sous la forme de services simples de saisie de données, qui demandent peu de compétences. Le Cambodge fait partie de ces pays où une entreprise appelée DDD (Digital Divide Data), créée grâce à des œuvres de bienfaisance, fournit des services de données à des clients tout en offrant des emplois et des possibilités de formation à des groupes défavorisés. La DDD a passé un contrat avec une entreprise indienne, Cyberdata, à qui elle fournit des clients en échange de logiciels et d’une formation dans le domaine de l’informatique et de la gestion. En 2002, DDD sous-traitait 60 % de ses activités à Cyberdata, contre seulement 30 % cette année.
Son premier client, en juillet 2001, était l’Université de Harvard. Aujourd’hui, 70 % de ses clients sont implantés aux Etats-Unis. Il s’agit essentiellement d’universités et de cabinets d’avocats pour lesquels elle numérise des documents qu’elle leur renvoie par e‑mail ou sur CD‑ROM. L’an dernier, son chiffre d’affaires a atteint 150 000 dollars et l’entreprise, qui se décrit elle-même comme une «coopérative autonome», réinvestit ses bénéfices pour offrir des salaires décents, une formation continue et des services de santé à ses employés. Le personnel, qui comprend des personnes handicapées, des victimes de la poliomyélite et des mines terrestres, des orphelins et des femmes, peut adopter un horaire de travail flexible ou travailler à mi-temps afin de poursuivre des études. La DDD, qui a démarré avec seulement 10 employés et en comptait presque 100 à la mi-2003, espère embaucher 500 personnes au cours des deux prochaines années et a recruté un représentant commercial pour le marché américain.
Maurice considère également les technologies de l’information et de la communication (TIC) comme un facteur clef de son développement et s’est lancée dans d’ambitieux programmes à long terme. Le Gouvernement compte faire du pays une «cyber-île» et une plate-forme régionale pour les TIC dans l’océan Indien. Sa stratégie repose sur la présence d’organismes de recherche et de formation, une main-d’œuvre locale − techniciens, ingénieurs et informaticiens − très qualifiée, des incitations fiscales et des incitations en matière de crédit, l’efficacité de son administration et l’excellence de son infrastructure de télécommunications. Un réseau MTA, des lignes RNIS et des services ADSL sont déjà en place et le secteur des télécommunications a été libéralisé pour stimuler l’investissement. L’utilisation des téléphones portables et d’Internet s’est considérablement développée au cours des cinq dernières années; 75% des entreprises disposent désormais d’un accès à Internet et 21% ont leur propre site Web.
L’accélération de la croissance du secteur est due en grande partie au soutien du Gouvernement, qui est à l’origine de la conclusion d’un partenariat stratégique avec l’Inde. Au titre d’un accord bilatéral, l’Inde a accordé à Maurice des facilités de crédit d’un montant de 100 millions de dollars qui lui permettront d’obtenir un appui d’institutions telles que les parcs technologiques de logiciels. La sous-traitance apparaît de plus en plus comme un créneau intéressant et IBM, Microsoft et HewlettPackard comptent parmi les entreprises qui investissent déjà dans des projets locaux de sous-traitance.
La commercialisation en ligne des produits agricoles
Les pays en développement utilisent également Internet avec succès pour commercialiser leurs produits agricoles. Le rapport de la CNUCED examine comment les ventes de thé et de café en ligne peuvent contribuer à améliorer les prix et à accroître les revenus des producteurs en réduisant les frais de transaction et en développant les marchés. Ces deux produits ont été choisis parce qu’ils sont assez représentatifs d’autres denrées agricoles produites dans toutes les régions en développement. Tous deux ont vu leurs prix chuter de façon spectaculaire ces 20 dernières années et exigent une main‑d’œuvre importante, notamment en milieu rural. Etant donné que les chaînes d’approvisionnement et de commercialisation du café et du thé donnent plus de pouvoir commercial aux importateurs qu’aux exportateurs, les prix sont en grande partie déterminés par les importateurs. En conséquence, l’écart entre les prix payés aux producteurs de thé et de café et ceux payés par les consommateurs des pays importateurs ne cesse de se creuser.
La plupart des mesures proposées jusqu’à présent pour régler ces problèmes mettaient l’accent sur la gestion de l’approvisionnement, l’amélioration de la qualité et la libéralisation des marchés. Dans le rapport, on a préféré examiner comment les producteurs peuvent vendre leurs produits sur Internet de manière à éviter les intermédiaires, à traiter avec davantage d’acheteurs sur les marchés mondiaux à des coûts moins élevés et à retirer une part plus importante des prix d’exportation. Le rapport décrit un certain nombre de stratégies adoptées par des pionniers dans plusieurs pays et dont les résultats sont impressionnants. Des pays développés comme les Etats-Unis vendent déjà en ligne des produits tels que la viande et les produits laitiers, les céréales et le coton. Dans les pays en développement, les marchés électroniques et les enchères en ligne sont de plus en plus utilisés pour vendre du café et du thé, ce qui permet aux producteurs de retirer de biens meilleurs bénéfices qu’auparavant. Les surprix tirés des enchères en ligne au Brésil ont été très élevés − jusqu’à 2,60 dollars par livre pour le café «champion» en 1999, alors que le prix sur le marché à terme de New York était compris entre 1,32 et 1,34 dollar la livre. Un nouveau record de 12,85 dollars la livre a été établi à l’occasion des enchères de l’an dernier, où les exploitations agricoles gagnantes ont remporté jusqu’à 85 % du produit de la vente. Sur la base du prix de chaque enchère, les bénéfices nets ont été répartis entre les agriculteurs, l’Association brésilienne du café et les exportateurs. Depuis que les enchères ont commencé en 1999, près de 6 000 sacs de café ont été vendus à un prix moyen trois fois supérieur au prix du marché des produits de base.
Le modèle brésilien a fait des émules au Guatemala, au Nicaragua et au Kenya. Dans ce dernier pays, en 2002, lors d’enchères en ligne, un acheteur japonais a proposé d’acheter 4,12 dollars la livre de café, soit près de 1 dollar de plus que lors des enchères classiques qui s’étaient tenues la même semaine au Kenya et les exportateurs ont versé aux agriculteurs 50% du produit des enchères dépassant le prix de réserve. Au cours d’enchères similaires organisées par l’Association nationale guatémaltèque du café en 2001, le meilleur café avait atteint le prix de 11 dollars la livre, soit un montant 20 fois supérieur à celui du marché à terme de New York.
Les enchères brésiliennes montrent comment la commercialisation en ligne peut contribuer à réduire le rôle des intermédiaires. Au cours des premières enchères en ligne, en 1999, la coopérative régionale de caféïculture avait été désignée unique exportateur pour l’ensemble du café mis aux enchères. Les soumissionnaires qui comptaient déjà parmi ses clients réguliers ont été dispensés de présenter des lettres de crédit, processus généralement complexe et onéreux. L’exportateur a ainsi pu assumer lui-même un certain nombre d’autres fonctions de la chaîne d’approvisionnement, tels le transport, les paiements, la documentation et l’expédition, qui sont confiées à de multiples intermédiaires lors d’une transaction classique. Les coûts de transaction sont donc réduits tandis que les revenus des producteurs augmentent.
Le principal site indien d’enchères de thé en ligne, Teauction.com, créé en 2000, a remporté le même succès. Ses enchères ont permis de réduire les frais de transaction d’environ 1,60 roupie par kilogramme par rapport aux enchères traditionnelles et la durée de la transaction a été réduite à une semaine, contre huit auparavant.
Autre succès, les ventes aux enchères entre entreprises organisées par Africanlion.com, société créée en 1999 par deux entrepreneurs kényens, permettent aux exportateurs d’Afrique de l’Est de vendre leur café au monde entier, en choisissant les meilleurs cafés et en les soumettant à la concurrence nationale et régionale. Des échantillons des lots retenus sont envoyés aux acheteurs potentiels à l’étranger, avec des renseignements sur la date des enchères et les modalités de soumission. L’entreprise a également noué des liens avec les principaux acteurs du secteur, en particulier les associations de café aux Etats-Unis et en Europe, afin d’élargir sa base d’action.
Ces initiatives montrent qu’il est possible de procéder à une commercialisation en ligne en utilisant des technologies relativement bon marché, ce qui est extrêmement important pour les pays en développement. D’après le rapport de la CNUCED, on pourrait envisager des expériences similaires pour des produits non agricoles intéressant les pays en développement.
Contact: Service de presse: +41 22 907 5828, press@unctad.org, www.unctad.org/press; ou Y. Kalindaga, +41 22 907 2042, yusuf.kalindaga@unctad.org.
Le Rapport sur le commerce électronique et le développement 2003 (numéro de vente: F.03.II.D.30, ISBN 92‑1‑112602‑9) peut être obtenu au prix de 45 dollars auprès du Service des publications des Nations Unies, Two UN Plaza, Bureau DC2‑853, Dept PRES, New York, New York 10017 (Etats-Unis d’Amérique), téléphone: +1 800 253 9646 ou +1 212 963 8302, télécopieur: +1 212 963 3489, courrier électronique: publications@un.org, ou de la Section des ventes et commercialisation, Bureau E‑4, Palais des Nations, CH‑1211, Genève 10 (Suisse), téléphone: +41 22 917 2614, télécopieur: +41 22 917 0027, courrier électronique: unpubli@unog.ch, Internet: http://www.un.org/publications.
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