TAD/1964

FORTE CROISSANCE DU COMMERCE ELECTRONIQUE DANS LES PAYS DEVELOPPES

20/11/2003
Communiqué de presse
TAD/1964


FORTE CROISSANCE DU COMMERCE ELECTRONIQUE DANS LES PAYS DEVELOPPES


Il est vital que les pays en développementaient accès aux connexions à large bande, estime la CNUCED


GENEVE, 20 novembre (CNUCED) - Dans les pays développés, la croissance du commerce électronique reste forte; en revanche, des disparités apparaissent dans les pays en développement, indique le Rapport sur le commerce électronique et le développement 2003 rendu public aujourd’hui. De plus en plus de gouvernements et d’entreprises dans les pays en développement tentent d’éliminer les obstacles à l’introduction des technologies de l’information et des communications (TIC). Selon le rapport, si les effets immédiats ne sont pas forcément spectaculaires, à terme les améliorations de l’environnement du commerce électronique devraient permettre des gains de productivité dans ces pays. En même temps, beaucoup d’autres pays en développement ont encore des difficultés à cerner et à mettre à profit le potentiel offert par les TIC et l’Internet aux fins de leur développement économique.


Le nombre d'utilisateurs de l’Internet augmente plus rapidement dans les pays en développement que dans les pays développés: fin 2002, les pays en développement représentaient 32% des 591 millions d’internautes dans le monde, contre 28% l’année précédente, cette proportion pourrait passer à 50% d’ici à 2008. Ces estimations, même si elles sont loin d’être idéales, permettent de savoir si les bases d’une «économie numérique» existent dans tel ou tel pays. Les pays où ces bases existent effectivement − là où les autorités ont d’emblée impulsé le développement de la société de l’information (Etats-Unis, Japon, Malaisie et Singapour) − ont tiré profit des TIC beaucoup plus tôt.  Mais pour que les pays en développement ne soient pas distancés par l’évolution, au niveau mondial, des TIC doivent s’engager au plus haut niveau politique, prêter l’attention voulue aux questions de mise en œuvre et trouver un juste équilibre entre le rôle du secteur public et celui du secteur privé dans le développement des TIC.


Quant à l’impact des TIC sur l’économie des pays, le rapport conclut qu'elles ont un effet positif sur tous les facteurs affectant la productivité et qu’elles soutiennent la croissance dans un certain nombre de pays où elles ont réellement pénétré. On a encore peu d’informations concrètes et systématiques concernant les pays en développement, mais beaucoup d’enseignements utiles peuvent être tirés des données disponibles. Il faudrait, par exemple, que les gouvernements s’attachent à mieux expliquer quelles sont les meilleures pratiques pour l’utilisation des TIC, afin de faire les meilleurs choix.  Ils devraient mettre en œuvre des mesures propres à faciliter l’accès aux connexions Internet à large bande peu coûteuses et l’utilisation de logiciels d’un coût abordable.  Et ils devraient jouer un rôle moteur en matière de formation et d’éducation afin de développer les compétences requises. Selon les recommandations de la CNUCED, le développement et l’introduction des TIC dans les pays en développement devraient passer par une approche réunissant les diverses parties prenantes, y compris par des partenariats, alliances et consortiums associant le secteur public et le secteur privé.


Contrairement à ce que l’on pourrait attendre, on ne peut établir un lien direct entre le niveau de revenu d’un pays et le degré d’utilisation de l’Internet. Le taux de pénétration de l’Internet dans les pays en développement ayant des niveaux de revenu comparables peut varier dans une proportion de un à 25. Si ces pays doivent surmonter beaucoup de problèmes identiques pour participer à la société de l’information, certains facteurs (niveau de sensibilisation, vitalité de la société civile et degré de priorité accordé à ces problèmes par les autorités, entreprises et autres acteurs sociaux - avec les actions qu’ils décident d’entreprendre) importent tout autant que les ressources financières disponibles.


Selon le rapport, le Web se développe rapidement en termes de sites actifs, en hausse de 17% par rapport à l’année précédente.  Le nombre des adresses fondées sur le protocole Internet et utilisant une forme ou une autre d’encodage des systèmes d’écriture − indiquant des niveaux supérieurs d’interactivité − a augmenté pour sa part de 52,1%.  De même, l’accroissement de 14% du nombre des sites utilisant le protocole sécurisé de cryptage (SSL) montre que les sites d’applications commerciales nécessitant des capacités de transactions sécurisées sont en constante progression.


Les hôtes hébergeant des sites Internet sont fortement concentrés dans les régions développées: l’Amérique du Nord et l’Europe représentent 89% des hôtes existant dans le monde entier et ceux‑ci s’y développent plus vite que dans les pays en développement.  Mais les pays industriels représentent une concentration encore plus forte d’internautes. L’an dernier, on dénombrait près de 1 000 fois plus d’internautes pour 10 000 habitants en Amérique du Nord que dans l’ensemble de l’Afrique. Le contenu passant par des hôtes de pays en développement est donc restreint.  Selon la CNUCED, pour certaines entreprises de pays en développement, la meilleure solution peut consister à avoir un site Internet dans un pays développé: il peut être plus commode d’afficher des informations concernant une destination touristique, par exemple, sur un serveur proche du lieu où se trouvent les clients potentiels.


Le problème du coût des connexions


Il est particulièrement important pour les pays en développement d’avoir accès aux connexions internationales à large bande parce qu’une grande partie (de 70 à 80%) de leur trafic Internet se fait généralement au niveau international. Les liens internationaux limités disponibles servent généralement à des connexions avec les Etats-Unis ou avec l’Europe; seule une poignée de pays africains ont établi des liens avec les pays voisins, de sorte qu’une grande partie du trafic Internet intra‑africain passe par des circuits intercontinentaux coûteux. Bien que la situation en Asie et en Amérique latine soit meilleure, la participation de ces régions à l’économie mondiale de l’information reste limitée.  On a tendance à attribuer les avancées obtenues en termes d’accès aux connexions à large bande et de coûts à un cadre réglementaire favorisant la concurrence.  Selon la CNUCED, l’accès insuffisant aux connexions à large bande est peut‑être dû au coût élevé des connexions à l’Internet pour de petits pays à faible revenu (donc à faible utilisation) ou sans littoral.  Parfois aussi, l’absence d’économies d’échelle est aggravée par l’existence de monopoles publics ou privés ou d’autres arrangements anticoncurrentiels.  Le coût élevé des connexions internationales à large bande est peut-être dû aussi aux modalités de tarification au niveau international qui obligent les fournisseurs de services Internet des pays en développement à assumer le coût intégral d’une connexion Internet avec un pays développé.  Comme pour beaucoup de fournisseurs de services Internet de pays en développement le coût des connexions internationales à large bande représente une part importante de leurs coûts globaux, ils doivent le répercuter sur leurs abonnés.  Enfin, ces arrangements signifient que les utilisateurs dans les pays en développement subventionnent l’accès des utilisateurs dans les pays développés aux informations qui passent par les serveurs de pays en développement.


Mesure du commerce électronique mondial


Il ressort de la plupart des estimations que plus de 95% du commerce électronique se réalise dans les pays développés; l’Afrique et l’Amérique latine ne représentant ensemble que moins de 1% du total. Les transactions entre entreprises (B2B) comptent pour environ 95% du commerce électronique mondial.  Au niveau national, seuls quelques pays disposent de statistiques officielles sur le commerce électronique.


Selon les statistiques officielles des Etats-Unis, le commerce électronique entre entreprises est limité à un petit nombre de groupes industriels où domine le secteur manufacturier et le commerce de gros. Les mêmes sources évaluent à 995 milliards de dollars en 2001 le commerce électronique entre entreprises aux Etats-Unis, soit près de 15 % du commerce entre entreprises dans son ensemble, et elles prévoient une croissance robuste.


Le rapport ne fournit pas de chiffres officiels pour les transactions en ligne entre entreprises dans l’Union européenne, mais, selon des estimations indépendantes elles auraient représenté 185 à 200 milliards de dollars fin 2002, essentiellement concentrées en Allemagne, en France et au Royaume‑Uni. En termes d’intensité d’utilisation, les pays nordiques devraient conserver la première place.


Dans plusieurs pays de la région Asie-Pacifique, les entreprises considèrent de plus en plus le commerce électronique comme le phénomène de l’avenir. Les gouvernements de la région privilégient l’amélioration des infrastructures et le développement des compétences nécessaires pour participer effectivement à l’économie numérique. On prévoit un développement rapide du commerce électronique entre entreprises. Il devrait passer d'environ 120 milliards de dollars en 2002 à 200 milliards en 2003 et à 300 milliards en 2004, selon des estimations citées par la CNUCED.


En Amérique latine, le volume du commerce électronique entre entreprises est essentiellement imputable à l’Argentine, au Mexique et, surtout, au Brésil où la valeur de l’ensemble des transactions en ligne entre entreprises approchait 12 milliards de dollars au premier trimestre de l’année en cours. Les 30 premières entreprises brésiliennes représentent 90% du commerce électronique entre entreprises dans ce pays, et occupent donc une place significative dans la région.


Du côté de la vente au détail ou commerce électronique d’entreprise à consommateur (B2C), parmi les pays à économie de marché à revenu élevé c’est dans les pays nordiques, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis que l’on trouve la plus forte proportion d’internautes achetant en ligne. Les ventes au détail en ligne ne représentent encore qu’une part modeste, bien que croissante, de l’ensemble des ventes au détail.  Les consommateurs sont de plus en plus nombreux à utiliser le Web pour se renseigner sur des produits coûteux qu’ils achètent pour finir hors ligne. Pour certains produits (logiciels, livres, billetterie pour les spectacles et les voyages), les ventes en ligne se développent beaucoup.


Parmi les régions en développement, l'Asie-Pacifique représente 10% environ des ventes en ligne d’entreprise à consommateur réalisées dans le monde, imputables essentiellement au Japon, à l’Australie et à la République de Corée.  En Chine, bien que la communauté des internautes soit importante et se développe rapidement, une certaine méfiance et la diffusion très restreinte des cartes de crédit limitent les achats en ligne.  En Amérique latine, le Brésil, l’Argentine et le Mexique restent les plus gros marchés. Le Brésil, où le marché Internet est arrivé à un degré de maturité plus poussé, représente entre 50 et 60% de l’ensemble des ventes au détail en ligne réalisées en Amérique latine.  On ne dispose que de rares données fiables concernant l’Afrique, mais l’Afrique du Sud représente le gros du commerce électronique sur ce continent.


L’impact des connexions à large bande reste faible dans les pays en développement


Le rapport de la CNUCED examine certains problèmes technologiques auxquels il a été fait référence ces derniers mois en relation avec le commerce électronique, et qui en influenceront le développement dans les années à venir.


Les réseaux à large bande sont désormais accessibles à près de 320 millions de ménages, surtout mais pas exclusivement dans les pays à économie de marché à revenu élevé. Mais la croissance du nombre des abonnés n’a pas suivi. Le nombre des utilisateurs de connexions à large bande varie, selon les estimations, de 55 à 100 millions. Plus de 75% d'entre eux résident dans six pays seulement. Proportionnellement à la population, la République de Corée occupe la première place dans le monde avec plus de 21 abonnés pour 100 habitants.  L’utilisation des connexions à large bande est en rapide expansion dans plusieurs autres pays.


Dans la plupart des pays où le taux de pénétration des connexions à large bande reste inférieur à 10% et où les prix demeurent relativement élevés, la CNUCED estime qu’à court terme les effets de cette technologie sur la plupart des opérations commerciales resteront limités.  Des taux de pénétration élevés (supérieurs à 40%) pourraient toutefois être obtenus dans plusieurs pays à condition que le cadre réglementaire assure une concurrence suffisante entre fournisseurs à la fois entre les différentes technologies utilisées pour assurer les connexions à large bande et pour chacune de ces technologies. Dans les pays en développement en particulier, où la ligne d’abonné numérique (connexion de type DSL) n’est pas forcément en concurrence avec le câble, la fibre optique où la technologie sans fil, il serait souhaitable que les autorités chargées de la réglementation prévoient un système de licence pour les autres modes de fourniture, comme l’accès fixe sans fil.


Pour le moment, il n'y a pas d’application des connexions à large bande susceptible d’avoir un impact notablement différent de celui d’applications commerciales de l’Internet plus anciennes sur le fonctionnement des marchés ou sur la gestion des entreprises. Cela ne signifie pas que les connexions à large bande n’auront pas d’effet sur l’activité économique.  Les entreprises achètent beaucoup plus de contenu en ligne que les consommateurs et les connexions à large bande rendent ce contenu plus accessible, plus facile à utiliser et par conséquent mieux vendable, en particulier pour les petites et moyennes entreprises (PME).  Avec les connexions à large bande, plusieurs utilisateurs peuvent partager une connexion Internet et réduire ainsi le coût de chaque connexion individuelle – c’est un atout important pour les PME, qui constituent une bonne part des entrepreneurs des TIC dans les pays en développement. Pour les grandes entreprises, la possibilité de centraliser les données et les applications dans une installation de stockage unique tout en permettant à de nombreux utilisateurs à distance d’avoir accès à d’importantes quantités d’informations et d’en faire usage peut faciliter l’introduction de nouvelles formes d’organisation: le télétravail pourrait mieux se concrétiser pour de plus larges catégories professionnelles. Les opérations qui exigent une très grande quantité de données (secteurs de la finance ou les soins de santé, sous-traitance de services) pourrait prendre de l’ampleur si des transferts de données à grande vitesse deviennent possibles entre des centres de traitement à bas coûts et leurs clients.


Les problèmes de sécurité sont de plus en plus préoccupants


Autre aspect concret du commerce électronique pour un nombre croissant de personne: la sécurité. Beaucoup d’internautes tiennent le Web pour acquis et n’en attendent pas plus de risque que de l’eau ou de l’électricité. Or de tels niveaux de sécurité et de fiabilité ne sont pas encore assurés, prévient le rapport de la CNUCED.


Les problèmes de sécurité sur l’Internet peuvent revêtir des formes multiples: messages publicitaires abusifs (courriels non sollicités), virus, occupation illégale du Web, fraude, violation du droit d’auteur, atteinte à la vie privée, harcèlement, refus de service et accès non autorisé aux ordinateurs et aux réseaux de particuliers ou d’entreprises (et vol ou manipulation des informations qui y sont stockées). Certains de ces phénomènes ont pris de l’ampleur et les messages publicitaires abusifs prolifèrent désormais de manière alarmante. D'ici à la fin de l’année, il pourrait circuler sur l’Internet 50 % de courriels non sollicités. Quant aux coûts en termes de ressources technologiques gaspillées ou de productivité perdue pour les utilisateurs, ils pourraient atteindre 20,5 milliards de dollars au niveau mondial. Devant ce problème, les gouvernements sont de plus en plus nombreux à mettre en place une législation pour contrer la pratique des messages publicitaires abusifs.


L'an dernier, plusieurs pays en développement ont été notamment l’objet d’attaques informatiques. Ces pays sont en général les principales victimes des attaques dirigées contre les systèmes informatiques officiels, même si ces attaques sont moins fréquentes que celles visant les entreprises. Conséquence: avec la focalisation des médias sur ces problèmes, le risque, dans les pays où Internet suscite des réticences ou est peu connu, c'est que le public perde confiance dans le système.


Il est possible de se protéger raisonnablement contre les risques associés à l’Internet moyennant à la fois des mesures concernant les logiciels et le matériel et des stratégies de gestion du risque qui prennent en compte toutes les sources de risque potentielles. Les autorités chargées de l’application des lois devront s’adapter à ce nouvel environnement commercial et assurer le respect de la légalité sur l’Internet. Le rapport de la CNUCED recommande d’établir les risques et les vulnérabilités critiques, de renforcer la coopération transfrontière et internationale pour assurer la mise en œuvre et le respect des règles, d’éduquer les consommateurs et de promouvoir les meilleures pratiques.


* Contact: Service de presse: +41 22 907 5828, press@unctad.org, www.unctad.org/press; ou Y. Kalindaga, +41 22 907 2042, yusuf.kalindaga@unctad.org.


Le Rapport sur le commerce électronique et le développement 2003 (numéro de vente: F.03.II.D.30, ISBN 92‑1‑112602‑9) peut être obtenu au prix de 45 dollars auprès du Service des publications des Nations Unies, Two UN Plaza, Bureau DC2‑853, Dept PRES, New York, New York 10017 (Etats-Unis d’Amérique), téléphone: +1 800 253 9646 ou +1 212 963 8302, télécopieur: +1 212 963 3489, courrier électronique: publications@un.org, ou de la Section des ventes et commercialisation, Bureau E‑4, Palais des Nations, CH‑1211, Genève 10 (Suisse), téléphone: +41 22 917 2614, télécopieur: +41 22 917 0027, courrier électronique: unpubli@unog.ch, Internet: http://www.un.org/publications.


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