L’IMPACT DE LA MONDIALISATION INDUITE PAR LES FORCES DU MARCHE SUR LE DEVELOPPEMENT MONTRE QU’IL EST URGENT DE REPENSER LA POLITIQUE ECONOMIQUE, CONCLUT UNE ETUDE DE LA CNUCED
Communiqué de presse TAD/1954 |
L’IMPACT DE LA MONDIALISATION INDUITE PAR LES FORCES DU MARCHE SUR LE DEVELOPPEMENT MONTRE QU’IL EST URGENT DE REPENSER LA POLITIQUE ECONOMIQUE, CONCLUT UNE ETUDE DE LA CNUCED
Depuis 20 ans, pour fonder leur croissance économique sur des bases saines, les pays pauvres n’ont eu qu’un objectif: abandonner la stratégie de croissance orientée vers le marché intérieur et définie par les pouvoirs publics au profit d’une stratégie orientée vers l’extérieur et déterminée par les forces du marché. Cette stratégie devait être la clef du succès, mais d’après le Rapport sur le commerce et le développement, 2003¹, publié aujourd’hui par la CNUCED, les politiques menées pour éliminer l’inflation et réduire l’importance du secteur public ont souvent eu pour effet de freiner la croissance et de gêner le projet technologique. De ce fait, «la situation économique des pays en développement ressemble étrangement à celle qui existait au début des années 80», alors que de nombreux pays s’enfonçaient dans une crise profonde, écrit le Secrétaire général de la CNUCED, Rubens Ricupero, dans l’aperçu du Rapport.
La plupart des pays qui se sont engagés dans des réformes rapides n’ont pas réussi à atteindre le niveau d’investissement nécessaire – qui d’après le rapport serait de l’ordre de 20 à 25% du PIB – pour que leur rythme de croissance leur permette de rattraper les autres pays. En revanche, la politique de continuité menée en Asie de l’Est après la crise de la dette s’est traduite par un niveau élevé d’investissements, une progression de la valeur ajoutée manufacturière et de l’emploi et un accroissement de la part des exportations de produits manufacturés. Du fait du comblement rapide de l’écart qui les séparait sur le plan de la productivité et de la technologie des principaux pays industrialisés, l’intégration s’est faite en position de force. D’après le Rapport, la situation dans le reste du monde n’est pas aussi encourageante:
Dans la plupart des pays en développement, l’industrialisation s’est interrompue. Sur les 26 pays passés en revue dans le Rapport, seuls huit ont réussi à faire progresser la part de la valeur ajoutée manufacturière et de l’investissement dans le PIB entre les années 80 et les années 90;
Dans les pays en retard d’industrialisation et où les investissements sont en recul, la part des produits manufacturés dans les exportations a stagné ou diminué; pour soutenir la balance commerciale, ces pays ont dû passer par une dépréciation monétaire et des restrictions salariales;
Dans la plupart des pays d’Amérique latine et d’Afrique, la structure de production a sensiblement évolué au détriment des secteurs présentant les plus grandes possibilités de croissance de la productivité et au profit des secteurs de production et de transformation des matières premières;
Dans les pays où la croissance du commerce et des investissements s’est inscrite dans le cadre de réseaux internationaux de production, la tendance étant à un accroissement du contenu technologique des exportations sans accroissement correspondant de la valeur ajoutée interne.
La CNUCED montre que la situation de l’industrie varie très sensiblement d’une région en développement à l’autre. En Asie, une poignée de pays dont l’industrialisation est parvenue à maturité sont entrés dans une phase de développement tirée par les hautes technologies et les services, laissant aux pays voisins davantage de possibilités d’utiliser leurs ressources naturelles et leur main-d’œuvre à l’appui d’une industrialisation rapide. En revanche, dans de nombreux pays d’Amérique latine et d’Afrique, la rapidité de la libéralisation s’est accompagnée d’une baisse de la part de la production manufacturière et de l’emploi (c’est‑à‑dire d’une désindustrialisation). Ce paysage est parsemé «d’enclaves» d’industrialisation liées à des chaînes internationales de production mais dans la plupart des cas sans que cela se traduise par une croissance plus générale de l’investissement, de la valeur ajoutée et de la productivité.
Le Rapport montre que les pays d’Asie de l’Est ont appliqué une vaste gamme de politiques macroéconomiques, financières et commerciales afin de stimuler l’investissement, de développer l’industrie et d’encourager les exportations. A l’inverse, dans la plupart des pays d’Amérique latine et d’Afrique, la libéralisation subite s’est traduite par des contradictions entre politiques macroéconomiques, commerciales et financières comme dans le domaine des investissements étrangers directs, ce qui a faussé l’évolution structurelle et bloqué le progrès technologique. Le Rapport constate également qu’en Amérique latine, c’est précisément le type d’intervention sélective totalement étranger au modèle néolibéral qui explique certaines des réussites sectorielles les plus marquées.
Le Rapport doute qu’une «deuxième génération» de réformes néolibérales, pas plus d’ailleurs que le retour aux politiques d’industrialisation facile du passé, permettront de remettre les économies sur la voie de la croissance. Comme l’écrit Rubens Ricupero dans son aperçu du Rapport, «pour repenser les orientations, il faut procéder à une évaluation objective du bilan économique des deux dernières décennies et de l’expérience des pays qui ont le mieux réussi à s’industrialiser et à se développer. Il faut aussi se garder des généralisations pour s’adapter à la diversité des situations et des difficultés des pays en développement.».
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[1] Le Rapport sur le commerce et le développement, 2003 (numéro de vente F.03.II.D.7, ISBN 92‑1‑212293‑0) peut être obtenu au prix de 39 dollars, et au prix préférentiel de 19 dollars dans les pays en développement et en transition, auprès du Service des publications des Nations Unies, Two UN Plaza, Room DC2‑853, Département PRES, New York, NY 10017, États‑Unis; téléphone: +1 800 253 9646 ou +1 212 963 8302, télécopie: +1 212 963 3489, courrier électronique: publications@un.org, ou auprès de la Section des ventes et commercialisation, bureau E‑4, Palais des Nations, CH‑1211 Genève 10, Suisse, téléphone: +41 22 917 2614; télécopie: +41 22 917 0027, courrier électronique: unpubli@unog.ch, Internet: http://www.un.org/publications
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