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TAD/1948

VERS UN DÉCOLLAGE DE L’INVESTISSEMENT ÉTRANGER DIRECT EN RUSSIE?

16/05/2003
Communiqué de presse
TAD/1948


VERS UN DÉCOLLAGE DE L’INVESTISSEMENT ÉTRANGER DIRECT EN RUSSIE?


GENÈVE, 16 mai -- La société British Petroleum (BP) a récemment annoncé qu’elle allait détenir 50% du capital d’une nouvelle entreprise pétrolière en Fédération de Russie. De par sa taille exceptionnelle (6,5 milliards de dollars), cet investissement, le plus vaste investissement étranger direct (IED) réalisé en Russie depuis 1991, devrait doper les entrées d’IED dans le pays, jusqu’ici modestes. Avec ses capacités technologiques et les compétences de sa main-d’œuvre, la Russie a en main des atouts appréciables, encore inexploités, pour attirer des IED et devenir une plate-forme technique internationale, d’après la CNUCED. Mais saura-t-elle les mettre à profit et intéresser durablement les investisseurs? La réponse à cette question dépend dans une large mesure de la possibilité qu’auront les investisseurs étrangers d’acquérir des participations minoritaires, voire majoritaires, dans des entreprises locales.


L’affaire conclue par BP est de bon augure pour les investisseurs étrangers potentiellement intéressés par l’exploitation des ressources naturelles du pays, secteur où les participations étrangères ne sont généralement pas autorisées. La partie russe de la nouvelle coentreprise sera constituée par la société Tyumen Oil, quatrième compagnie pétrolière russe par ordre d’importance, y compris sa filiale Sidanco, dont BP détenait déjà 25% du capital. La valeur de l’opération représente plus du double de la moyenne des entrées totales d’IED des trois dernières années (2000-2002) et dépasse de 33% le précédent record annuel de l’IED, atteint en 1997 (voir la figure 1 ci-après et la page http://r0.unctad.org/en/subsites/dite/fdistats files/WID.htm).


Avec un stock intérieur d’IED de plus de 20 milliards de dollars en 2001, la Russie accueille déjà un certain nombre de projets d’investissement, mais la crise financière qu’elle a traversée en 1998 a fait chuter les entrées de capitaux, sans qu’une reprise intervienne au cours des quatre années suivantes. En 2001 et 2002, les sorties ont même dépassé les entrées, si bien que le pays, devenu exceptionnellement exportateur net de capitaux, s’est trouvé manquer de ressources financières au moment précis où il en avait le plus besoin pour moderniser son appareil de production.


La Russie a toujours exercé un attrait sur les investisseurs s’intéressant à l’exploitation des ressources naturelles ou en quête de nouveaux marchés et de gains d’efficience. Selon la CNUCED, les ressources naturelles du pays, notamment les combustibles et les produits pétrochimiques, offrent un immense potentiel en matière d’investissement étranger direct pour autant que les investisseurs étrangers soient autorisés à acquérir des parts dans les entreprises et ne soient pas condamnés à se satisfaire de contrats de partage de la production ou d’autres arrangements contractuels qui les empêchent de participer au capital des sociétés (voir la figure 2).


La capacité d'attirer des projets sur les ressources naturelles se reflète dans la répartition du stock des IED  en Russie. Au deuxième rang des bénéficiaires d'IED, La région de Sakhalin, en extrême orient, (14%); elle est devancée par Moscou (44%) et suivie de loin par Saint-Pétersbourg (8%). Ce niveau, inhabituellement élevé, est du au fait que l'on a permis aux investisseurs de prendre des parts dans l'extraction du pétrole et du gaz naturel.


Les investissements motivés par la recherche de nouveaux marchés ont principalement concerné l’alimentation (Cadbury, Mars, Stollwerck), les boissons (Baltika Brewery, Efes Brewery), le tabac (Philip Morris, Liggett) et les télécommunications (investissement du consortium Mustcom, qui a son siège à Chypre, dans Svyazivest et participation de Deutsche Telekom au capital du fournisseur de téléphonie mobile MTS). La faiblesse du pouvoir d’achat de la population russe, dont témoigne le niveau du PIB par habitant, limite toutefois la portée de tels investissements. Compte tenu de la concentration de la population, les projets d'investissements motivés par la recherche de nouveaux marchés sont mis en œuvre dans la capitale, Moscou, ou en banlieue. La deuxième grande ville du pays, Saint-Pétersbourg, accueille des projets moins grands (comme Baltika Brewery, une filiale de Philip Morris).


Récemment, le pays a attiré des projets à plus forte intensité de technologie, visant davantage des gains d’efficience, principalement dans l’industrie automobile (projet d’usine d’assemblage de Volvo Truck dans la région de Moscou, coentreprise General Motors Avto VAZ pour la production et l’exportation de véhicules tout-terrain, et projet de production de voitures de Renault à Moscou).


Les perspectives qui se dessinent pour les différents types d’IED sont liées à toute une série de facteurs. Comme indiqué plus haut, la capacité du pays d’attirer des IED dans le secteur des ressources naturelles est largement fonction à la fois de la volonté du Gouvernement d’autoriser des participations étrangères et de la volonté des sociétés (privées) russes d’accepter que des étrangers détiennent des parts minoritaires, voire majoritaires, dans leur capital. S’agissant des investissements motivés par la recherche de nouveaux marchés, l’avenir dépendra du rythme auquel l’économie nationale se redressera et de l’incidence que la reprise aura sur le revenu de la population, sans oublier le rôle que peuvent jouer une évolution positive du climat économique général, l’expansion de secteurs tels que celui des produits pharmaceutiques et les avancées en matière de protection de la propriété intellectuelle.


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