SOC/NAR/852

LA PRODUCTION ET LE COMMERCE DE DROGUES ILLICITES, IDENTIFIES PAR L’OICS, COMME UN FREIN A LA CROISSANCE ECONOMIQUE ET AU DEVELOPPEMENT DURABLE

26/02/2003
Communiqué de presse
SOC/NAR/852


            SOC/NAR/852

            26/02/2003


LA PRODUCTION ET LE COMMERCE DE DROGUES ILLICITES, IDENTIFIES PAR L’OICS, COMME UN FREIN A LA CROISSANCE ECONOMIQUE ET AU DEVELOPPEMENT DURABLE


VIENNE, 20 février (Service d’information des Nations Unies) -- Les gains énormes du trafic illicite des drogues ne profitent pas aux pays producteurs mais bien aux pays où les produits finis sont vendus et consommés.  Telle est la conclusion à laquelle est parvenu l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) dans son dernier rapport annuel.  C’est la première fois que cet organe d’experts indépendant, basé à Vienne, s’attache à évaluer l’impact de la production, du commerce et de la consommation de drogues illicites sur le développement économique global. 


L’OICS brise le mythe selon lequel le trafic des drogues ouvrirait la voie à la prospérité.  Bien au contraire, l’organe d’experts indépendants démontre que la production illicite de drogues freine la croissance économique et, à long terme, le développement durable.  Selon le rapport de l’OICS, les cultivateurs des pays en développement ne reçoivent qu’un pour cent des sommes dépensées par les consommateurs de drogues.  Les autres 99% sont répartis entre les divers maillons de la chaîne du trafic.


Le rapport souligne donc l’effet déstabilisateur de la production illicite de drogues sur l’Etat, l’économie et la société civile et son impact négatif sur le développement économique.  L’OICS conclut qu’à long terme, le développement économique n’est possible qu’en présence d’un système efficace de contrôle des drogues.


Afghanistan: Nécessité d’une stratégie globale et cohérente


L’OICS invoque souvent l’exemple de l’Afghanistan pour illustrer le lien entre développement économique et trafic de drogues et démontrer l’effet déstabilisateur sur un pays du commerce des drogues illicites.  Comme il le dit dans son rapport, l’augmentation importante de la production d’opium au début des années 1990 a permis d’alimenter le conflit et de conduire ainsi à un déclin de la croissance économique et à une aggravation des conditions de vie.


S’agissant de la situation actuelle, l’OICS estime que l’Afghanistan doit développer une stratégie nationale globale et cohérente de contrôle des drogues visant toutes les drogues qui font l’objet d’un trafic illicite.  Le développement durable et pacifique de l’Afghanistan restera vain sans un règlement définitif du problème des drogues, prévient l’OICS.  Conscient des efforts du Gouvernement actuel, il appelle la communauté internationale et les pays de la région à fournir leur appui et leur coopération au plus vite et sans restriction.  L’OICS souligne aussi que les cultures illicites de pavot à opium ne pourront être éradiquées que si les lois pertinentes sont rigoureusement respectées et appliquées et si d’autres moyens durables de substance sont proposés aux agriculteurs.


Morphine: Surproduction et faiblesse de l’offre


      Compte tenu du déséquilibre entre l’offre et la demande, l’OICS attire l’attention sur le fait que le marché mondial des opiacés destinés à la fabrication des anti douleurs pourrait échapper à tout contrôle.  Les niveaux de culture et de production de ces opiacés étant bien supérieurs à la demande médicale, les risques sont grands de voir les stocks détournés vers le marché illicite des drogues.  L’OICS ajoute que malgré les surplus existants, ces opiacés sont souvent absents dans de nombreux pays en développement.  La consommation médicale de la morphine a augmenté dans les pays développés.  Aujourd’hui, 10 pays consomment à eux seuls 80% de la morphine disponible à l’échelle mondiale.


Les drogues synthétiques: le contrôle chimique


Les drogues synthétiques comme l’ecstasy seront les principales drogues illicites de demain, prévient l’OICS.  Le contrôle de ces drogues est rendu difficile en raison du faible coût de leur production et de leur présence répandue n’importe où dans le monde.  L’OICS a lancé une initiative de taille pour réduire l’accès des laboratoires clandestins aux produits chimiques.  Le «Project Prism» vise à couper l’offre de précurseurs chimiques et à identifier et arrêter les trafiquants.  Des programmes identiques, lancés à l’échelle internationale et coordonnés par l’OICS, se sont déjà concentrés sur le contrôle international des précurseurs utilisés dans la production clandestine d’héroïne et de cocaïne. 


Survol régional


En Afrique, la culture illicite de cannabis continue à s’étendre, en particulier au Maroc.  Les autorités judiciaires africaines arguent d’ailleurs que la tendance à la libéralisation, voire à la légalisation de la consommation non médicale du cannabis ne pourra que compromettre les efforts des pays africains dans la lutte contre la culture, le trafic et la consommation illicites de cannabis. 


En Amérique du Nord, la diminution de l’offre de cocaïne et d’héroïne a provoqué une augmentation des prix.  Au Canada et aux Etats-Unis, la baisse des saisies de drogues dans les aéroports ou aux frontières est imputable au renforcement des contrôles frontaliers décidé après le 11 septembre 2001.


En Amérique latine, le problème des drogues est de plus en plus lié aux questions politiques et de sécurité nationale.  La guérilla et les groupes paramilitaires en Colombie, qui contrôlent le trafic des drogues et les laboratoires, échangent volontiers leurs produits contre des armes à feu. 


L’Asie de l’Est et du Sud-Est, en particulier la Chine et la Thaïlande, détient le record mondial de saisies d’amphétamines avec 70%.  La Chine est devenue la destination et le point de transit du trafic d’héroïne.  Ces cinq dernières années ont été le témoin d’une augmentation substantielle des saisies d’héroïne.


S’agissant de l’Europe, l’OICS appelle à davantage de coopération internationale entre les autorités judiciaires pour s’attaquer au trafic, à grande échelle, de l’ecstasy qui continue à être produite sur ce continent à l’intention du marché mondial.


La Fédération de Russie est devenue le point de passage pour les drogues d’Asie vers l’Europe.  En 2001, les autorités chargées de l’exécution de la loi ont confisqué plus de 75 tonnes de narcotiques, dont 3,5 tonnes d’héroïne.


Pour l’OICS, les répercussions dans le monde de la décision du Royaume-Uni d’alléger le contrôle du cannabis sont préoccupantes.  Les experts indépendants se félicitent néanmoins de l’intention de Londres de ne pas légaliser ou réguler la consommation non médicale de toute drogue faisant l’objet d’un traité international. 


Pour plus d’informations, veuillez contacter OICS au 00-43-1-26060-4163; Site Web: www.incb.org  ou UNIS, tel: 00-43-1-26060-4666; fax: 00-43-1-26060-5899; courrier électronique: UNIS@un.vienna.org; Site Web: www.unis.unvienna.org 


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